:
Merci, monsieur le président.
Je suis ravi de comparaître devant le Comité pour discuter du lien entre les mesures d'immigration du gouvernement du Canada et les langues officielles.
[Traduction]
Je prononcerai une brève allocution, puis je répondrai avec plaisir à vos questions.
Comme les membres du Comité le savent sans doute, à la fin de 2017, notre gouvernement a annoncé un plan destiné à atteindre les niveaux d'immigration les plus ambitieux de l'histoire récente du Canada, parce que nous savons que l'immigration apporte une contribution positive à l'économie et à la société canadiennes. Nous avons un plan pour augmenter graduellement nos niveaux d'immigration.
[Français]
Ce plan comprend des efforts particuliers relativement à l'immigration francophone, qui joue un rôle important dans l'avenir du Canada.
À cette fin, le gouvernement fédéral compte soutenir et aider à augmenter la population des collectivités francophones hors Québec en contribuant à l'immigration francophone et en prenant des mesures en faveur de celle-ci.
[Traduction]
Monsieur le président, nous continuons à prendre des mesures en vue d'atteindre la cible de 4,4 % d'immigration francophone d'ici 2023.
[Français]
Pour donner suite à cet engagement, IRCC a déjà apporté des modifications à ses programmes destinés aux immigrants d'expression française.
[Traduction]
En 2016, nous avons rajusté le système Entrée express afin de faciliter l'obtention de la résidence permanente pour tous les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants étrangers. Nous prévoyons que les immigrants francophones vont profiter de ces changements. En 2017, en vue d'augmenter la proportion d'immigrants francophones qui viennent au Canada par le truchement de programmes économiques, nous avons octroyé des points supplémentaires, dans le cadre du système Entrée express, aux candidats à l'immigration qui possèdent une solide maîtrise du français.
Nous observons déjà des tendances positives par suite de ces changements, bien qu'ils n'aient été apportés que très récemment. Le nombre de francophones invités à présenter une demande pour immigrer au Canada dans le cadre du système Entrée express a maintenant doublé. C'est un résultat remarquable rendu possible grâce aux changements apportés au système Entrée express.
En 2016, nous avons également mis en oeuvre le volet Mobilité francophone, qui permet aux employeurs hors Québec d'embaucher des travailleurs francophones étrangers pour occuper des emplois spécialisés. Les employeurs qui acceptent de prendre un risque avec ces travailleurs peuvent être exemptés de l'exigence relative à l'étude d'impact sur le marché du travail. En 2017, nous avons adapté ce volet afin de faciliter le recrutement d'encore plus de travailleurs francophones temporaires.
[Français]
De plus, nous avons poursuivi nos efforts de promotion et de recrutement afin de vendre le Canada comme destination de choix pour les immigrants d'expression française. Cela comprend la participation à des initiatives ciblées, comme les foires Destination Canada, qui sont très efficaces en Europe, et d'autres événements semblables en Europe et en Afrique.
[Traduction]
Le 28 mars dernier, la a présenté le plan d'action global du gouvernement en matière de langues officielles pour 2018 à 2023. Dans le cadre de ce plan, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada s'est engagé à soutenir la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire.
Je suis ravi de souligner aussi que le budget de 2018 a prévu l'affectation de 40,8 millions de dollars en nouveaux crédits sur cinq ans à IRCC.
[Français]
IRCC compte consolider ce que nous appelons les parcours d'intégration francophone dans les collectivités de langue officielle en situation minoritaire et renforcer la collaboration ainsi que la responsabilisation au sein du ministère.
[Traduction]
Notre travail dans le cadre du parcours d'intégration francophone permettra notamment de renforcer les liens entre les immigrants d'expression française, d'améliorer la prestation des services d'établissement en français, et de renforcer la capacité du secteur de l'établissement francophone. Cette initiative aidera les nouveaux arrivants d'expression française à obtenir les renseignements dont ils ont besoin sur les collectivités francophones et sur les services des organismes d'établissement francophones.
Pour ce faire, l'initiative couvrira le spectre complet de l'intégration, de l'étape préalable à l'arrivée jusqu'à la citoyenneté.
[Français]
Je suis ravi de souligner qu'une partie de ce parcours d'intégration francophone comprend le renforcement de la présence de fournisseurs de services francophones dans certains aéroports internationaux au Canada. Nous commencerons par l'Aéroport international Lester B. Pearson-Toronto, un point d'intérêt majeur pour les immigrants au Canada.
[Traduction]
Le parcours d'intégration francophone s'emploiera aussi à augmenter la disponibilité et l'accessibilité de la formation linguistique adaptée aux besoins des immigrants d'expression française. Par exemple, il augmentera le nombre d'outils d'apprentissage en ligne de façon à ce que les nouveaux arrivants d'expression française puissent avoir accès aux possibilités d'apprentissage dont ils ont besoin pour réaliser leurs objectifs d'établissement.
[Français]
De plus, nous augmenterons la disponibilité du perfectionnement professionnel en français pour les fournisseurs de services d'établissement francophones, y compris pour les réseaux qui coordonnent la prestation de services, les Réseaux en immigration francophone. Nous comptons 13 de ces réseaux d'un bout à l'autre du pays, dans chaque province et territoire, sauf au Québec et au Nunavut.
[Traduction]
Une nouvelle initiative, les Communautés francophones accueillantes, annoncée dans le plan d'action, est un autre élément du parcours d'intégration francophone. L'initiative aidera des collectivités ciblées à renforcer leur capacité d'aider de nouveaux arrivants d'expression française à s'intégrer à la collectivité et à y rester, grâce à des services et à des programmes bonifiés. Nous voulons aussi augmenter l'accessibilité aux examens de français à un coût moins élevé. Nous collaborons actuellement avec des organismes indépendants d'évaluation des compétences linguistiques en vue d'offrir ces services aux immigrants économiques éventuels.
Enfin, nous comptons améliorer la coordination des services d'immigration francophones à IRCC au moyen d'une consultation horizontale accrue sur les politiques et la création d'un centre de politiques en immigration francophone au sein du ministère. Ce centre renforcera la capacité du ministère d'examiner et de modifier des activités relatives à l'immigration francophone.
[Français]
IRCC collabore aussi avec plusieurs partenaires, dont les provinces, les territoires et les collectivités francophones, en vue d'élaborer une nouvelle stratégie d'immigration francophone globale. Nous allons améliorer ainsi la cohérence des activités destinées à soutenir les nouveaux arrivants d'expression française et nous contribuerons à l'atteinte des cibles fixées pour l'immigration francophone hors Québec.
Ces mesures seront aussi un complément à notre plan destiné à renforcer nos mesures de responsabilisation, de rapport et de rendement ainsi que notre capacité à évaluer l'effet des mesures du ministère en matière de langues officielles.
[Traduction]
Cette année, à l'occasion du deuxième forum sur l'immigration francophone qui s'est tenu à Toronto, j'ai rencontré les ministres provinciaux et territoriaux responsables de l'immigration et de la francophonie canadienne. Nous y avons discuté des initiatives qui encouragent les immigrants francophones à s'établir dans les communautés francophones en situation minoritaire à l'extérieur du Québec, au Canada, et qui aident ces immigrants à rester dans ces communautés.
Les ministres présents ont approuvé le tout premier Plan d'action fédéral-provincial-territorial visant à accroître l'immigration francophone à l'extérieur du Québec. Ce plan définit des mesures concrètes que peuvent prendre nos différentes administrations, par exemple faire connaître les occasions et les voies d'immigration francophone ainsi que la prestation de services d'établissement en français aux immigrants d'expression française potentiels; accroître la mobilisation des employeurs relativement au recrutement et à l'embauche d'immigrants d'expression française; accroître la disponibilité et l'accessibilité des services offerts en français ainsi que la sensibilisation à ce sujet; favoriser la diversité et le caractère inclusif des collectivités francophones.
Grâce à ces mesures, ce plan contribuera à l'accroissement du nombre d'immigrants francophones qui s'établissent au Canada à l'extérieur du Québec.
Il devrait également y avoir une hausse du taux de participation des immigrants francophones aux marchés du travail locaux, de même que dans l'ensemble des communautés et des réseaux sociaux. Il me faut ajouter qu'après le forum, un symposium réunissant les administrations publiques et des organismes communautaires a eu lieu le 22 mars 2018 à Calgary. L'événement a permis de jeter les bases d'une collaboration entre les administrations publiques et les collectivités afin de renforcer l'immigration francophone au Canada, notamment dans le cadre du plan d'action.
Avant de terminer, monsieur le président, je dois souligner que j'ai récemment signé avec l'honorable Laura Albanese, ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration de l'Ontario, trois nouvelles annexes à l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration. Parmi celles-ci, l'Annexe sur les immigrants francophones permettra au Canada et à l'Ontario de cerner des possibilités d'augmenter le nombre d'immigrants d'expression française qui viendront au Canada et en Ontario. J'ai déjà signé une annexe semblable avec mon homologue du Nouveau-Brunswick.
Ce n'est que l'un des modes de collaboration entre les gouvernements fédéral et provinciaux qui permettent de maximiser les avantages économiques, sociaux et culturels de l'immigration. La priorité que nous accordons à l'accroissement de l'immigration francophone à l'extérieur du Québec contribuera à relever ces défis et à favoriser la vitalité de nos collectivités francophones.
Notre gouvernement reconnaît que la nature bilingue du Canada renforce l'économie et la société. Nous continuerons à faire des progrès considérables à l'appui des immigrants d'expression française, mais nous avons du travail à faire ensemble pour réaliser cet objectif.
[Français]
Grâce aux nouvelles mesures prévues dans le Plan d'action pour les langues officielles, nous accordons directement des fonds aux collectivités francophones en situation minoritaire et nous renforçons leur capacité à intégrer et à retenir des immigrants d'expression française.
Nous voulons que toutes les collectivités du Canada bénéficient de l'immigration, et nous voulons encourager les immigrants d'expression française à s'installer et à s'établir dans toutes les collectivités de notre pays.
Merci, monsieur le président.
Nous répondrons maintenant avec plaisir à vos questions.
:
Monsieur le ministre, j'ai fait partie de ce gouvernement de 2009 à 2011. Les décisions que nous avons eu à prendre à ce moment, tant celles au sein du ministère que vous gérez maintenant que celles dans l'ensemble de l'appareil gouvernemental, n'ont pas été prises par manque de compassion, mais par nécessité.
Sincèrement, je dois dire que, cet après-midi, je me suis senti très insulté, tout comme l'ensemble des mes collègues, quand vous avez dit que nous avions manqué de compassion parce que nous avions supprimé des fonds budgétaires ou, plus précisément, diminué les sommes d'argent attribuées à certains endroits. Je dois dire sincèrement que cela est inacceptable.
Cela dit, j'ai lu votre plan de huit pages sur l'immigration francophone au Canada, et j'ai des questions à vous poser concernant le grand nombre d'immigrants illégaux qui traversent la frontière et qui proviennent particulièrement du Nigeria.
Vous étiez de passage à Montréal ce matin. J'ai entendu à la radio, juste après votre entrevue, qu'une très grande majorité de ces immigrants étaient anglophones. En fait, environ 95 % d'entre eux parlent anglais, contre 5 % qui parlent français.
Qu'entendez-vous faire de ces demandeurs d'asile qui traversent illégalement notre frontière depuis l'an dernier? L'année dernière, plus de 20 000 personnes ont traversé illégalement la frontière. Cette année, on s'attend à ce que ce nombre soit plus élevé.
Inévitablement, plusieurs de ces personnes vont demeurer au Canada et vont devoir choisir un lieu de résidence. Comme la majorité d'entre eux parlent anglais, cela ne permettra pas d'améliorer le pourcentage de citoyens francophones qui pourraient s'installer dans les autres provinces.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, j'aimerais à mon tour vous féliciter de vos efforts constants. Dans la mesure du possible, vous vous exprimez en français, et vous vous améliorez de jour en jour. Je vous tire mon chapeau.
Il y a environ un an, nous avons reçu des gens du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. C'est à cette occasion que nous avons appris à quel point il était difficile de recruter des immigrants francophones. Je pense que tous les membres de ce comité, tous partis confondus, étaient extrêmement peinés d'entendre que, bien que l'objectif d'immigration francophone hors Québec soit établi à 4,4 %, on était arrivé à atteindre à peine 2 %. En fait, je ne sais même pas si on a atteint 2 %. Même si on ne s'en félicitait pas, c'était comme si ce fait était accepté. Vous n'avez pas idée à quel point cela touche en plein coeur un Canadien français, un Acadien comme moi, dont la famille est établie au Canada depuis 12 générations. Il m'est très douloureux d'entendre qu'on réussit difficilement à atteindre un taux de 2 % et qu'on ne pourra même pas atteindre l'objectif de 4,4 %.
À force d'entendre des témoignages, nous avions compris que la machine était difficile à faire fonctionner. Je parle du financement, de l'immigration, des investissements dans les milieux culturels. Dans votre présentation, vous venez de nous donner la réponse, et je vous en félicite. Les investissements du ministère des Finances sont de l'ordre de 40,8 millions de dollars. À cela s'ajoutent la contribution de votre ministère et celle du ministère de la . Ces efforts concertés viennent répondre à nos inquiétudes. Je suis certain que cela portera ses fruits, du moins je l'espère.
À la page 31 du fameux Plan d'action pour les langues officielles 2018-2023, il est question de renforcer la coordination à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada grâce à la création d’un centre de politiques publiques en matière d’immigration francophone.
Quelle forme ce centre va-t-il prendre? Est-ce qu'on parle ici d'une espèce de sous-ministère ou d'un ministère parallèle où des spécialistes se concentrent uniquement sur l'immigration francophone?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, j'ai bien aimé votre présentation. Merci également à vos collègues, bien sûr.
L'an dernier, il y avait beaucoup d'endroits au pays où les cibles d'immigration francophone étaient loin d'être atteintes, comme mes collègues l'ont souligné. Aujourd'hui, je me sens très bien, car vous avez présenté une façon de faire ou une approche multilatérale que j'aime beaucoup pour répondre aux grands problèmes sur le terrain.
Premièrement, il y a eu cette rencontre entre les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables de l'immigration à propos de l'immigration francophone. C'est une avancée majeure qu'il faut souligner. À la suite de cela, des ententes ont commencé à se conclure avec des provinces. L'Ontario et le Nouveau-Brunswick en ont signé une. Souhaitons que les autres provinces avancent également dans ce sens. Je sais que la Nouvelle-Écosse est très intéressée également. On parle donc des problèmes et des solutions propres à la province en question. Les provinces réalisent que le gouvernement fédéral se concentre vraiment sur l'augmentation de l'immigration francophone. C'est majeur.
Le deuxième problème que nous avions soulevé l'année dernière, c'était le besoin d'avoir un centre consacré à l'immigration francophone. Mon collègue a d'ailleurs posé une question là-dessus, et je vais la pousser un peu plus loin.
Troisièmement, j'aimerais parler des centres qui accueillent les immigrants. Je sais que vous êtes de Toronto, où l'on retrouve le Centre francophone de Toronto, mais les autres provinces offriront-elles un service semblable? Je pense au Musée canadien de l'immigration du Quai 21, en Nouvelle-Écosse, et à des projets dans d'autres provinces. Que fait-on dans les autres provinces pour accueillir les immigrants francophones? L'accueil est un élément crucial.
M. le sous-ministre a dit que des personnes étaient présentes dans plusieurs pays pour faire des efforts en ce sens. Ces mêmes personnes étaient-elles là il y a deux ans? Si oui, je vous souligne que l'objectif de 4,4 % n'a pas été atteint. En quoi les actions seront-elles différentes, cette fois-ci, en vue d'atteindre cet objectif?
:
J'ai organisé des tables rondes en Alberta sur l'immigration. J'en ai donné une à Calgary et une autre à Edmonton. Tout d'abord, nous avons veillé à ce qu'il y ait dans la pièce des défenseurs d'organismes francophones d’aide à l’établissement, d'employeurs francophones et ainsi de suite et nous avons discuté de ce que nous pourrions faire de plus.
Eh bien, une des idées avancées consistait à ouvrir un deuxième centre d'accueil de réfugiés au Canada. Il n'y en a qu'un, à Winnipeg. Comme vous le savez, un grand nombre de réfugiés qui viennent au Canada sont originaires d'un pays francophone. Notre approche consiste donc en partie à nous assurer d'avoir une stratégie pour eux.
L'autre idée, qui est vraiment importante, non seulement pour le Canada atlantique, mais pour tout le Canada, concerne les étudiants étrangers. J'ai été vraiment déçu dernièrement, lorsque j'ai eu une réunion avec quelque 26 leaders de la communauté canado-arabe, de constater qu'un seul d'entre eux avait entendu parler de Mobilité francophone.
Ils étaient tous des employeurs. J'ai donc été catégorique avec eux. Je leur ai dit: « Il existe un excellent programme qui s'appelle Mobilité francophone. Vous venez de pays dont certains sont francophones. Pourriez-vous utiliser ce programme? » Cela les a beaucoup encouragés, mais il n'en avait pas suffisamment entendu parler.
Je parle souvent de ces programmes. Je parle des points supplémentaires dans le système Entrée express. Je parle de Mobilité francophone. Je parle du Projet pilote en matière d’immigration au Canada atlantique. Je parle du programme d'études et de séjour.
[Français]
Je parle du plan d'action.
[Traduction]
Je parle des investissements supplémentaires.
[Français]
Je parle des projets entrepris par et pour les francophones.
[Traduction]
Je parle de toutes ces choses, mais je pense que vous êtes aussi des ambassadeurs à cet égard et que vous devriez parler de ces possibilités, car ce sont bien des possibilités. Il y a d'ailleurs une entreprise qui a investi en Alberta précisément parce qu'elle y a trouvé une communauté bilingue.
Nous devons faire notre travail et nous poursuivrons nos efforts pour attendre les cibles. Nous avons déjà fait beaucoup, mais cela ne signifie pas forcément que les gens sur le terrain sont conscients des progrès réalisés.
:
Bonjour. Je vous souhaite la bienvenue.
J'aimerais poser deux questions très simples. Elles ont déjà été posées, mais, pour une raison ou pour une autre, nous n'avons pas eu le temps d'entendre les réponses.
Ma première question est la suivante. Des 38 % d'immigrants d'expression française de la catégorie économique que le Canada a reçus de 2015 à 2017 dans le cadre des programmes d'immigration provinciaux ou territoriaux, quel pourcentage de gens travaillent maintenant en français dans les provinces où il y a des minorités francophones?
Ma deuxième question porte sur le test conçu à Paris. Nous avons appris ici, à notre comité, que ce test coûtait deux fois plus cher que le test en anglais. Selon nous, c'est un non-sens. Ce que nous voulons savoir, c'est pourquoi le Canada, tous gouvernements confondus, n'a jamais pensé de concevoir le test ici, au Canada. Comme nous avons nos propres expressions canadiennes, cela devient de plus en plus difficile de s'y retrouver. Quelqu'un de mon bureau de circonscription m'a offert de subir le test, il y a nombre d'années. Je pense que j'aurais dû être déportée, parce que je ne l'ai pas réussi du tout.
Ces deux questions sont très importantes pour moi: j'aimerais savoir quel pourcentage des 38 % d'immigrants de langue française qui sont arrivés de 2015 à 2017 travaillent maintenant en français dans les provinces, et pourquoi le test en français n'est pas rédigé au Canada.
N'importe qui peut répondre à mes questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup de votre présentation et de l'information que vous nous avez fournie.
Je tiens d'abord à vous féliciter. Ce n'est pas tous les jours que je lance des fleurs à quelqu'un quand il est question des minorités. Au moins, vous avez porté attention à la situation, l'année dernière. Vous saviez que nous vivions beaucoup de frustration, autour de cette table, à cause du très pauvre et inacceptable taux de réussite que nous avions pu observer au fil des ans. Il fallait faire des changements majeurs. Nous voyons que des changements majeurs se font et c'est très intéressant.
Je veux revenir sur la question de mon ami M. Choquette au sujet de la loterie. Je vais vous raconter une histoire rapidement et je vais ensuite vous faire part de la solution que j'aimerais vous voir intégrer dans votre stratégie.
Il y a 30 ans, quand je débutais dans l'enseignement, j'enseignais dans une communauté anglophone, entre autres à quatre Acadiens qui ne savaient plus parler le français. Comme ils étudiaient en français avec moi, je les ai encouragés à soumettre une demande de bourse en vue de suivre des cours de français pendant l'été. Tous les quatre ont soumis une demande, mais aucune n'a été retenue parmi le bassin de demandes. En Nouvelle-Écosse, comme la population est à 4 % francophone et à 96 % anglophone, la probabilité que des anglophones soient choisis est énorme. Ces francophones, qui avaient été assimilés, n'ont donc pas reçu de bourse pour apprendre le français. En revanche, les anglophones disposaient de ressources pour l'apprendre. Nous avons alors établi deux programmes.
Je ne dis pas que vous devriez faire la même chose. Par contre, nous avons un objectif d'immigration francophone fixé à 4,4 %. Je suggère que, une fois que 80 % des demandes ont été tirées au sort, on arrête le processus et qu’on détermine combien de francophones jusque-là ont été choisis. Si cela représente 2,4 %, c'est donc dire qu'il en manque encore 2 %. Dans ce cas, les prochains tirages au sort serviront à combler ces 2 % de francophones qu’il reste à tirer, et ce, jusqu'à ce que le taux de 4,4 %, au minimum, soit atteint. Ensuite, on reprend le processus pour tirer au sort les 8, 10 ou 12 % qu’il reste à tirer pour atteindre l'objectif de demandes. Vous pourrez alors dire non seulement qu'il y a une loterie, mais qu'en plus elle est alignée sur la cible de 4,4 % d’immigration francophone. C'est ma suggestion, et j'espère que vous allez l'appliquer dès demain matin.
Il y a une autre question très importante, dont j'ai parlé au ministre plus tôt aujourd'hui et au cours des derniers jours. On investit des fonds pour accueillir des immigrants francophones dans les communautés. Cela se fait par et pour un groupe dans la province. C'est variable d'une province à l'autre. Certaines provinces travaillent mieux que d'autres. En Nouvelle-Écosse, c'est assez bien, même si la réussite n'est pas fameuse. On investit dans l'accueil et l'intégration, mais en matière d'emploi, les fonds ne sont pas dirigés vers les bons organismes. C'est du moins le cas en Nouvelle-Écosse; je ne peux pas parler pour les autres. Je parle ici du CDENE, soit le Conseil de développement économique de la Nouvelle-Écosse, dans le cas de ma province, et du RDEE, c'est-à-dire le Réseau de développement économique et d'employabilité, dans le cas des communautés francophones des autres provinces. Comme ils se spécialisent en employabilité, ce sont eux qui doivent recevoir les fonds destinés à cette fin. Je suis d'accord pour ce qui est des autres aspects, mais pour l'employabilité, ce sont eux qui doivent recevoir les fonds. Ils ont fait une demande afin d'obtenir un poste, mais n'ont pas encore réussi à l'obtenir. Nous aimerions que cela se fasse.
Ma dernière question concerne les annexes, que j'adore. Vous avez déjà rencontré les gens des ministères dans l'ensemble du Canada. Des annexes ont été élaborées pour le Nouveau-Brunswick et l'Ontario. Avez-vous l'intention de discuter avec les ministres des autres provinces pour établir des ententes sur les annexes?
Merci.
:
Il me reste peu de temps. De toute façon, nous avons fait suffisamment le tour, je crois, mais je veux insister sur ce que M. Généreux vient de mentionner.
Comme je le disais dès le départ, je trouve intéressant le Plan d'action fédéral-provincial-territorial visant à accroître l'immigration francophone à l'extérieur du Québec afin d'appuyer les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Nous l'avions demandé la première fois que le ministre a comparu, et nous l'avons maintenant obtenu. C'est un pas dans la bonne direction. Cependant, c'est une première ébauche et nous voyons qu'il y a encore beaucoup de travail à faire.
Vous avez mentionné, monsieur Denis, l'élaboration d'indicateurs. C'est un peu ce que nous voulons savoir, nous aussi: nous voulons savoir quels sont ces indicateurs et quels seront vos objectifs l'an prochain ainsi qu'en 2020. Nous souhaitons de cette façon suivre l'évolution de votre travail.
Je déplore une seule chose, et c'est à propos de la création de ce centre de politiques publiques en immigration francophone. Comme M. Arseneault l'a également mentionné, nous aurions aimé pouvoir compter sur davantage qu'un centre. Nous cherchions plutôt à ce qu'une section complète du ministère soit consacrée entièrement à l'immigration francophone dans des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Je crois que le centre ne répond qu'en partie à cette demande.
Il suffit de penser que le pourcentage d'immigrants francophones s'établira à 2 % l'année prochaine, alors que, pour conserver notre poids démographique actuel, il faudrait viser un minimum de 4,4 %. Autrement, nous allons continuer à voir le poids démographique des francophones diminuer, ce qui aura malheureusement pour résultat d'amoindrir leur vitalité.
Comme vous pouvez le constater, monsieur le président, je n'ai pas vraiment de question.