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Merci, monsieur le président.
Au nom des 622 340 Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens, je veux remercier le Comité permanent des langues officielles de nous recevoir aujourd'hui pour nous donner l'occasion de parler d'un sujet d'une très grande importance: la survie et l'épanouissement de nos médias de langue en situation minoritaire. Aujourd'hui, je suis accompagné de Bryan Michaud, l'analyste politique de notre organisme.
Au cours des dernières années, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario a conçu quatre livres blancs, afin de dresser un état des lieux et de proposer des recommandations sur les enjeux complexes nécessitant une réflexion approfondie. Un de ces livres blancs s'est intéressé aux médias franco-ontariens.
Le monde des médias traditionnels est en pleine mutation, le modèle d'affaires est chancelant et celui des médias en ligne, incertain. Alors que la situation institutionnelle franco-ontarienne s'est améliorée au cours des 30 dernières années, la réalité de nos médias, elle, s'est fortement fragilisée. De plus, selon les dirigeants des médias franco-ontariens, les plateformes numériques occasionnent des coûts additionnels, mais très peu de revenus. Nos médias souffrent, car ils sont constamment en mode survie.
Nos médias francophones communautaires privés et sans but lucratif contribuent grandement à élargir l'espace francophone, et ce, partout au pays. Ils participent à la vitalité économique de notre pays en employant 550 professionnels d'un océan à l'autre. Ce chiffre ne représente que les emplois directs. Il ne tient pas compte des emplois de pigistes, d'imprimeurs et de vendeurs générés par ces médias.
Notre population s'informe couramment sur les affaires municipales, régionales, provinciales et fédérales, sur l'actualité francophone et sur ce qui se passe dans ses quartiers par l'entremise de nos médias franco-ontariens. Sans ces médias, on priverait nos concitoyennes et nos concitoyens d'une information d'importance capitale au fonctionnement de leurs communautés en français. Ils font partie de l'enveloppe sociale et communautaire de la francophonie en Ontario.
Ainsi, j'aimerais vous poser une question. Quel serait l'impact de la disparition de nos médias franco-ontariens? Il ne faut pas se le cacher, c'est là que nous nous dirigeons: une autoroute vers l'assimilation.
Dans le cadre de ce témoignage, j'aimerais aborder trois thèmes centraux liés à la survie et à l'épanouissement de nos médias: la publicité gouvernementale, le virage numérique et les programmes d'appui aux médias de langue en situation minoritaire.
La baisse draconienne des placements publicitaires provenant des gouvernements du Canada et de l'Ontario rend nos médias extrêmement vulnérables sur le plan financier. Cette année, les dépenses en publicité numérique du gouvernement du Canada ont représenté plus de la moitié de l'enveloppe destinée aux placements publicitaires, et ce, pour la première fois.
Selon le commissaire aux langues officielles du Canada, au cours de la période allant de 2006-2007 à 2014-2015, les journaux francophones ont vu leurs placements publicitaires fédéraux baisser de 78 %, et les radios communautaires, de 73 %. En 2016-2017, cette dégringolade s'est poursuivie. Le gouvernement du Canada a dépensé 6 millions de dollars de moins en placements publicitaires dans les médias traditionnels que l'année précédente. Avec cette perte importante de revenus, il est difficile pour nos médias de procéder à leur transition vers le virage numérique et de se doter d'effectifs journalistiques permettant une couverture médiatique complète.
Pour pallier ce problème, le livre blanc « Les médias francophones en Ontario » propose deux recommandations au gouvernement du Canada.
Premièrement, le gouvernement du Canada doit faire un suivi rapide au rapport du commissaire aux langues officielles, afin d'assurer le retour des placements publicitaires dans les plus brefs délais.
Deuxièmement, le gouvernement du Canada doit investir 5 % du budget de placements publicitaires vers les médias francophones de l'Ontario, si la campagne ne vise que notre province, et de 15 % s'il s'agit d'une campagne visant la francophonie dans son ensemble.
Le passage vers le numérique représente un défi pour nos médias. Bien qu'il soit essentiel, il comporte peu d'avantages financiers. Notre livre blanc recommande que le gouvernement accorde un financement d'appoint équivalent à un salaire à mi-temps pour tous les médias communautaires, privés et sans but lucratif, afin qu'ils puissent offrir un contenu numérique constamment mis à jour et enrichi.
De plus, nous appuyons la demande commune de l'Association de la presse francophone du Québec, le Quebec Community Groups Network et l'Alliance des radios communautaires du Canada, qui veulent également des investissements du gouvernement du Canada dans le développement de l'infrastructure numérique et de la formation.
La veut mettre le Canada créatif à l'ère numérique. Le gouvernement canadien pourrait aider le pays à atteindre cet objectif en procédant à de tels investissements.
Finalement, l'AFO et ses membres souhaitent que le gouvernement du Canada mette sur pied un fonds d'aide qui permettra à nos médias non pas de survivre, mais bien de s'épanouir. Nous recommandons la création, d'ici trois mois, d'un fonds d'aide géré par et pour les communautés franco-canadiennes et anglo-québécoises.
Nous croyons à un investissement annuel minimal de 1,85 million de dollars pour venir en aide aux médias communautaires de langue en situation minoritaire, tant privés que sans but lucratif.
De plus, il nous apparaît essentiel que le gouvernement du Canada crée un programme permanent pour les médias communautaires de langue officielle assorti d'un financement annuel d'environ 4 millions de dollars.
Au moyen de ce programme, le gouvernement du Canada pourrait donner suite à une recommandation de notre livre blanc, qui demande la mise en place d'un programme d'appui financier d'une durée garantie de 10 ans avec possibilité de renouvellement pour nos radios communautaires.
Ce fonds permettrait aux radios existantes de bénéficier d'une somme annuelle et indexée de fonctionnement de 50 000 $. Pour les projets des radios émergentes, il s'agirait d'une somme de 100 000 $ pour la première année, et de 50 000 $ pour les années suivantes.
Les médias franco-ontariens et en situation de langue minoritaire sont un service essentiel pour notre communauté; ce n'est pas un luxe. Si les placements publicitaires destinés aux communautés francophones du Canada sont remis aux médias sociaux et régionaux, qu'on les aide dans leur transition vers le numérique et qu'on crée des fonds d'aide. Ils auront ainsi une base solide qui leur permettra de contribuer à l'épanouissement de nos communautés et au débat social.
Je vous remercie de votre attention.
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Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui à participer à cette réflexion, que je considère très importante. Je suis doctorante en sociologie à l'Université d'Ottawa. Mes travaux portent sur les communautés de langue officielle, les médias en milieu minoritaire au Canada, ainsi que sur les minorités et la façon dont elles utilisent les médias pour se mobiliser.
Comme nous le savons tous, c'est dans une période de grands changements que subsistent les médias d'aujourd'hui. Qu'ils soient francophones ou anglophones, ils font tous face à des défis. Or cette situation difficile est exacerbée en milieu minoritaire. En effet, en plus de faire face aux mêmes défis que tous les autres médias, ceux des milieux minoritaires sont aux prises avec des défis supplémentaires. Les lectorats et les auditoires de ces journaux et de ces stations radiophoniques sont à la fois plus petits et dispersés sur un plus vaste territoire. Ces médias ont en général moins de moyens et de ressources que d'autres médias. Les communautés qu'ils tentent d'appuyer ont elles-mêmes grandement besoin d'appui pour assurer leur vitalité et leur épanouissement. Enfin, dans certaines régions, ces médias sont parmi les derniers médias indépendants à subsister dans un contexte où la concentration médiatique est de plus en plus forte et commune.
Tel David contre Goliath, ils se battent pour garder leur place dans le paysage médiatique. Ces médias jouent des rôles très importants et particuliers à l'égard des communautés. J'en mentionnerai trois. Le troisième me semble particulièrement important dans le cadre de notre réflexion.
Premièrement, ils représentent ces communautés. Ils permettent à ces dernières de se voir, de se rappeler qu'elles existent, qu'elles vivent en français et que le fait français est réel.
Deuxièmement — et c'est lié au premier rôle —, ils rassemblent ces communautés. En effet, ils unissent des individus qui, dans bien des cas, sont éloignés géographiquement, mais qui sont conscients de faire partie d'une communauté grâce à leurs médias. Le matin en se levant, des milliers ou des dizaines de milliers de personnes tournent la première page de leur journal en même temps, en prenant leur café, ou elles allument la radio et savent que des milliers ou des dizaines de milliers d'autres personnes font la même chose en même temps. En d'autres mots, pour les gens qui vivent dans une région où leur culture est minoritaire, un journal ou une station de radio sont une façon de maintenir un lien fort avec leur communauté, soit avec « leur monde » et leur culture.
Troisièmement, on a tendance à oublier que les médias communautaires, à l'instar des grands médias, jouent le rôle de chien de garde de la démocratie. Comme vous le savez, la démocratie s'appuie sur trois pouvoirs formels, soit l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Rappelons-le, les médias forment le quatrième pouvoir. En milieu minoritaire, ce quatrième pouvoir se concentre beaucoup sur le fait français. Ces médias sont le chien de garde des droits des francophones.
Les médias en milieu minoritaire sont donc un instrument de combat pour ces groupes. Pour utiliser une image ou une métaphore, disons qu'ils sont à la fois les oreilles et la voix de la communauté. Je dis qu'ils sont leurs oreilles parce que c'est en lisant le journal ou en écoutant la radio que les minorités apprennent que leurs droits ont été bafoués. Ils sont leur voix, parce que lorsque les minorités décident de s'organiser et de se mobiliser, c'est en passant par les médias qu'elles le font. Elles font circuler l'information au sein de la communauté par l'entremise de la radio et du journal. C'est encore une fois en passant par leurs médias que les minorités s'adressent au gouvernement, attirent l'attention des politiciens et dialoguent avec les représentants du pouvoir. Si ces médias ne sont pas forts, la capacité de mobilisation de la communauté n'est pas forte.
En ce qui concerne les solutions, je ne suggérerai rien de spécifique, étant donné que d'autres sont mieux placés que moi pour le faire, dont les médias eux-mêmes. Par contre, j'aimerais proposer des balises pour encadrer les solutions choisies, soit des concepts ou des notions qui devraient guider la réflexion.
La première balise est le respect de la Loi sur les langues officielles du Canada. On sait qu'il est important, en démocratie, d'avoir des médias forts et indépendants. Dans un pays bilingue où il y a deux communautés linguistiques dont l'une est en situation minoritaire, le rôle des médias francophones est doublement important. Ceux-ci permettent que l'identité bilingue du pays ainsi que la Loi sur les langues officielles soient respectées.
Les solutions choisies doivent respecter de façon plus précise la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Si le gouvernement veut favoriser l'épanouissement et le développement des communautés francophones en milieu minoritaire, il doit s'assurer que ces communautés ne perdent pas leur capacité de se mobiliser et d'agir. Il doit se rappeler qu'à cet égard, ces médias sont leurs instruments. Ce sont leurs oreilles et leur voix.
La Loi sur les langues officielles implique aussi un devoir de consultation. Il faut évidemment s'assurer que les solutions proposées prennent réellement en compte les besoins des communautés en consultant les médias, comme vous le faites.
La deuxième balise est le respect du concept d'égalité réelle. Le concept d'égalité réelle a été mis en avant par l'affaire CALDECH. L'égalité formelle implique qu'il faut donner à deux groupes exactement la même chose, tandis que l'égalité réelle implique qu'il faut parfois donner quelque chose de différent à un des deux groupes afin de réellement atteindre l'égalité entre les deux groupes.
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Le fait que les médias communautaires jouent un rôle aussi spécifique et le fait que leur situation soit aussi particulière sont deux raisons qui font qu'on ne peut pas les évaluer de la même façon qu'on évaluerait le rendement d'autres médias. Il faut prendre en considération leur situation particulière et proposer des solutions qui permettent de pallier leurs défis particuliers.
La troisième idée que j'aimerais aborder est celle d'une analyse comparative entre les langues. Quand on instaure une nouvelle politique ou un programme lié aux médias, il faut se demander si les effets de cette politique sont les mêmes pour les médias francophones que pour les médias anglophones, ou s'ils sont les mêmes pour les médias en contexte majoritaire et pour ceux en contexte minoritaire.
Par exemple, le Fonds du Canada pour les périodiques, qui aidait financièrement les médias grâce à un rabais lors de la livraison des journaux par Postes Canada, a changé ses critères au cours des dernières années pour inclure d'autres périodiques qui ne sont pas nécessairement livrés par Postes Canada.
À la base, on pourrait dire que c'est bien de subventionner davantage de médias, mais ce changement a eu un effet différencié négatif particulier sur les périodiques francophones en milieu minoritaire. Si on avait fait une analyse comparative entre les langues, on aurait pu voir que cette mesure avantageait un certain nombre de publications anglophones québécoises au détriment de périodiques francophones en milieu minoritaire qui avaient un urgent besoin de fonds, un besoin incomparable à ceux des autres médias. Dans l'absolu, ce n'est pas une mauvaise chose de financer les autres médias, bien entendu, mais il s'agit d'un exemple de politique qui a un effet différencié négatif important sur les médias en milieu minoritaire.
Une idée du gouvernement a beaucoup circulé dans les médias. Elle visait à ne pas appuyer des entreprises dont le modèle d'affaires n'est pas viable. Je pense qu'on fait ici référence au virage numérique. Dans le milieu des médias communautaires, tout le monde est d'accord pour dire qu'il est essentiel d'aller vers le numérique et tout le monde a entamé ce virage, bien que tout le monde ne soit pas capable de le faire avec succès, pour la simple et unique raison que très peu de médias font de l'argent en suivant ce modèle, et ils n'ont pas nécessairement les moyens de le faire.
De plus, en milieu minoritaire, dans plusieurs cas, le lectorat ne suit pas. Soit le lectorat est plus âgé et n'est pas intéressé par le numérique, soit il vit dans des endroits où l'accès à Internet haute vitesse n'est pas disponible.
Décider de financer les médias qui ont déjà démontré leur capacité à entamer le virage Web avec succès, ne tiendrait pas compte de la situation particulière de ces médias et ne respecterait pas la Loi sur les langues officielles et le principe de l'égalité réelle. Au lieu de financer les médias qui ont déjà entamé ce virage avec succès, on devrait plutôt financer toutes les entreprises médiatiques en milieu minoritaire pour qu'elles puissent entamer le virage numérique avec succès. Cela permettrait de s'assurer que le gouvernement contribue à l'épanouissement et au développement des communautés francophones en milieu minoritaire en accord avec la Loi sur les langues officielles.
Voici un autre exemple. Quand le gouvernement décide de concentrer la vente de publicités fédérales en ligne, outre le fait qu'il ne prend pas en compte l'effet de sa décision sur l'épanouissement des médias, il semble oublier que ces médias rejoignent vraiment des populations. Prenons l'exemple des annonces qu'on a faites au cours des dernières années en lien avec la grippe H1N1. Quel est le groupe le plus à risque de souffrir de cette grippe? C'est probablement les populations âgées. On se dit qu'on va faire de la publicité en ligne parce qu'on rejoint plus de monde ainsi. C'est peut-être vrai qu'on rejoint plus de gens en ligne, je ne connais pas les chiffres, mais on n'a peut-être pas rejoint la bonne population. Il ne faut donc pas oublier que ces médias communautaires rejoignent des populations qu'on ne peut pas simplement ignorer parce qu'elles ne font pas partie de la majorité.
Je vais m'arrêter ici. Je vous remercie.
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Quand notre consultant travaillait à l'élaboration du livre blanc, il est allé voir quelles étaient les conditions financières dans lesquelles chacun des organismes se retrouvait, tant ceux de la presse écrite, ceux de la télévision que ceux des radios communautaires. Il a discuté avec ces gens de leur financement et de ce dont ils auraient besoin pour pouvoir offrir leurs services, de faire le virage et de faire leur travail, afin d'assurer la vitalité des communautés. C'est bien beau d'avoir une radio communautaire, mais si elle ne tient qu'à un fil et qu'il n'y a personne au secrétariat, qu'il ne reste que quelques animateurs qui vendent de la publicité, qui font de l'animation et qui doivent répondre au téléphone, c'est difficile de se concentrer sur ce qu'on a à faire.
Pour la vitalité des communautés, nous avons besoin de cela. Nous voulons améliorer la qualité de l'information que nous donnons et qu'elle soit uniforme un peu partout. Les radios communautaires veulent être capables de travailler ensemble à cela.
L'organisme MICRO a dû remercier sa secrétaire. La directrice générale a réduit ses heures de travail et travaille maintenant à partir de son sous-sol parce que cette association ne peut pas se payer ne serait-ce qu'un petit local.
Il est essentiel d'avoir des structures efficaces et qui permettent à la communauté francophone d'être vibrante. Chaque fois qu'un média se retrouve dans une situation difficile ou disparaît, on vient de faire un pas de plus vers l'assimilation.
J'ajoute que, dans une communauté, trois éléments travaillent ensemble: le système scolaire, les organismes communautaires et les médias. Il faut que ces trois éléments puissent le faire de façon constante pour garder la communauté vibrante et informée. Les écoles organisent toutes sortes de choses, et les organismes communautaires en font autant. Les médias sont alors essentiels, car ce sont eux qui lient le tout, qui font vibrer la communauté et l'amènent à participer.
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Je comprends que le gouvernement, comme tout le monde, veuille entreprendre le virage numérique. Personne n'est en désaccord avec cela.
Tout d'abord, la notion de virage numérique peut désigner plusieurs choses. Les médias ont tous au moins un site Web, mais il leur faut faire un pas de plus pour amorcer un véritable virage. D'autres ont déjà bien entamé le processus, notamment L'Acadie Nouvelle et Le Droit, si je ne me trompe pas. Toutefois, le modèle ne se serait pas révélé rentable pour ceux-ci.
À mon avis, le modèle actuel n'est pas viable pour les médias en général. Je ne pense pas qu'il y ait un média dans le monde qui obtienne beaucoup de succès sur le Web et qui en tire des profits. Au Canada, les médias gagnent leur revenu grâce à la version papier, en partie à cause du coût des publicités. En effet, le coût des publicités en ligne diffère énormément de celui des publicités destinées à la version papier.
Alors, au lieu de décider d'investir dans les médias ayant prouvé leur capacité à entreprendre le virage numérique, donnons plutôt l'appui nécessaire à tous ceux qui souhaitent le prendre.
Il ne faut pas non plus mettre sur un même pied les médias s'adressant aux communautés en situation minoritaire et tous les autres. Il remplissent des rôles très précis au sein de ces communautés afin de répondre à des besoins particuliers. Encore une fois, l'idée est d'offrir une aide — qui peut être asymétrique — pour faire en sorte que ces médias survivent et de contribuer ainsi à l'épanouissement des communautés en situation minoritaire.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être avec nous. L'information que vous nous transmettez est vraiment très intéressante.
Madame Eddie, vous avez dit tantôt être doctorante à l'Université d'Ottawa et que vos travaux portent sur les communautés de langue officielle. Vous n'avez pas beaucoup parlé de situations touchant les anglophones. Il est beaucoup question de celles visant les francophones, et avec raison, mais je représente une communauté qui vit dans la banlieue située au Nord de Montréal et qui comprend aussi des anglophones.
Dans ma circonscription, le nombre d'anglophones vivant à Deux-Montagnes s'élève probablement à 5 000, et à Rosemère, à environ 2 500. Les anglophones sont aussi présents à Boisbriand et à Laval. Ils ne sont pas tous à Montréal, ils sont aussi à l'extérieur.
Pouvez-vous nous en dire un peu là-dessus? Avez-vous étudié la situation de ces communautés anglophones en ce qui concerne les journaux locaux? J'ai appris de ces derniers que leur situation est difficile.
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Avec votre permission, nous allons reprendre la séance.
Conformément à l'article 108(3) du Règlement, nous poursuivons notre étude de l'examen des programmes d'appui pour la littératie et la numératie au Canada.
Nous avons le plaisir de recevoir Mme Monika Bertrand, directrice générale de la Direction de l'élaboration de la conception de politiques des programmes d'emploi au ministère de l'Emploi et du Développement social, ainsi que M. Éric Perreault, gestionnaire, Bureau de l'alphabétisation et des compétences essentielles.
Madame, monsieur, je vous souhaite la bienvenue au Comité.
Nous allons procéder comme à l'habitude en vous accordant une dizaine de minutes pour que vous fassiez votre présentation. Ensuite, nous ferons un tour de table pour que les membres du Comité puissent vous poser des questions et formuler des commentaires.
Madame Bertrand, vous avez la parole.
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Bonjour et merci beaucoup, monsieur le président et membres du Comité.
C'est un grand plaisir pour mon collègue et pour moi-même d'avoir aujourd'hui le privilège de prendre la parole devant le Comité permanent des langues officielles, surtout sur un sujet aussi important que le développement des compétences dans les communautés linguistiques officielles en situation minoritaire, les CLOSM.
Je suis accompagnée de M. Éric Perreault, qui est l'expert, au ministère, en ce qui touche la programmation, l'alphabétisation et les compétences essentielles et aussi dans l'engagement avec nos partenaires, incluant les CLOSM. D'ailleurs, comme vous pouvez le constater par l'engagement du ministère dans la Feuille de route 2013-2018, la vitalité des communautés linguistiques officielles en situation minoritaire est un enjeu très important.
Aujourd'hui, j'aimerais bien vous parler un peu de l'engagement de notre ministère dans la feuille de route, mais surtout de celui de notre direction générale, de l'importance des compétences essentielles pour le marché du travail et la vitalité des CLOSM, des changements stratégiques au fil des années, ainsi que des prochaines étapes.
Le ministère a investi environ 80 millions de dollars sur cinq ans, afin de soutenir trois initiatives qui font partie de la feuille de route: le Fonds d'habilitation pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire, l'Initiative de partenariat social dans les CLOSM et — ce qui nous intéresse un peu plus aujourd'hui, c'est notre expertise — l'Initiative d'alphabétisation et d'acquisition des compétences essentielles dans les CLOSM.
Les programmes d'alphabétisation et les compétences essentielles visent à reproduire des bonnes pratiques pour le perfectionnement des compétences. Nous faisons aussi des investissements dans des approches novatrices pour améliorer la qualité de l'emploi et des mesures de soutien à la formation. Nous ne occupons pas de fournir des services. Dans le cadre de la plus récente feuille de route, les activités financées par cette initiative sont axées sur les compétences en emploi.
J'aimerais parler de l'importance du lien entre l'emploi et les compétences essentielles. La majorité des Canadiens, soit les deux tiers, travaillent et participent au marché du travail. Ce sont des gens qui travaillent ou qui souhaitent travailler. Selon le Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes, le seul programme qui évalue le niveau des compétences des individus, les Canadiens ayant un emploi ont un meilleur niveau de littératie que les gens sans emploi, et ces derniers obtiennent aussi un meilleur résultat que les Canadiens qui ne font aucunement partie la population active.
Nous parlons beaucoup du niveau 2. Le niveau 2 de littératie, c'est le minimum souhaitable pour apprendre et pour travailler. Il y a donc une très forte corrélation entre l'emploi et le niveau des compétences.
En ce qui concerne les Canadiens qui font partie de la population active, on sait aussi que ceux qui ont un niveau élevé des compétences essentielles ont de meilleurs résultats sur le marché du travail. On sait que les gens ayant un niveau élevé de compétences essentielles parviennent mieux à trouver un emploi. Leurs revenus sont plus élevés. On sait aussi que certains emplois nécessitent de plus en plus de compétences essentielles. D'un autre côté, les travailleurs qui ont un faible niveau de compétences risquent davantage de perdre leur emploi et d'être au chômage à long terme. Ils ont aussi de la difficulté à obtenir des nouvelles compétences pour s'orienter vers d'autres emplois.
L'alphabétisation et les compétences essentielles sont des enjeux importants pour tous les Canadiens, mais il le sont encore plus dans le contexte des CLOSM. Les populations de langue officielle en situation minoritaire ont tendance à ne pas obtenir d'aussi bons résultats que le reste des Canadiens.
Au niveau national, selon la situation géographique, presque 52 % des francophones vivant hors du Québec obtiennent le niveau 2 ou moins en littératie.
Il y a cependant aussi des différences régionales. Quelques différences sont plus marquées que d'autres. Au Nouveau-Brunswick, par exemple, il y a des différences importantes comparativement au niveau national. Les facteurs comme l'âge, le sexe et le niveau d'éducation en général augmentent l'écart entre les deux groupes linguistiques.
L'engagement du gouvernement du Canada en vertu de la feuille de route vise à renforcer la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Je pense que nous pouvons nous entendre pour dire que le développement économique est un élément clé pour développer et maintenir cette vitalité. Les efforts pour stimuler l'économie et tirer profit des possibilités économiques dépendent en grande partie de la capacité à attirer des employeurs et à développer l'entrepreneuriat. Le point de départ de cette équation est l'accès à une main-d'oeuvre qualifiée et son développement. C'est aussi la qualité de vie pour cette communauté et ses membres. La vitalité est renforcée si les membres de cette communauté travaillent et ont des revenus suffisants et une bonne éducation.
En ce qui nous concerne, l'alphabétisation et les compétences sont essentielles au travail et au soutien du développement de programmes de formation et de compétences essentielles. Ces compétences sont à la base des besoins des employeurs pour qu'ils puissent prospérer et croître.
[Traduction]
Depuis quelques années, les gouvernements mettent de plus en plus l'accent sur l'atteinte de résultats. Compte tenu de cette insistance croissante sur les résultats, le gouvernement en général, y compris Emploi et Développement social, délaisse le financement de base au profit du financement par projet pour bon nombre de programmes.
Nous l'avons fait en 2014. Nous avons pris la décision de passer du financement de base au financement par projet qui permet à un plus large éventail d'organisations d'être prises en considération pour le financement. Cela améliore la transparence, parce que vous devez évidemment présenter une demande de financement. Cela évite aussi de donner aveuglément des fonds à des organisations sur une base continue.
Vient ensuite la communication des résultats. Lorsque nous avons recours au financement par projet, nous définissons très clairement les attentes dans les accords. Nous définissons les résultats attendus. Nous avons des indicateurs de rendement dans nos accords, et il y a toujours une communication des résultats.
L'élimination du financement de base faisait partie d'une démarche à l'échelle du gouvernement du Canada axée sur les résultats et l'exécution, et cela ne visait pas une organisation en particulier. Bien entendu, lorsque nous avons mis fin au financement de base, une importante plainte a été déposée auprès du Commissariat aux langues officielles. La plainte avançait qu'EDSC ne répondait pas aux besoins en matière d'alphabétisation des communautés de langue officielle en situation minoritaire, parce que le ministère ne reconnaissait pas les réalités et les défis propres à ces communautés et la façon dont ils diffèrent de ceux des communautés de langue officielle en situation majoritaire. Le rapport final du Commissariat aux langues officielles a été reçu en octobre.
EDSC est d'accord avec les recommandations. Les recommandations étaient de réévaluer l'orientation et les critères d'admissibilité du ministère quant au financement en matière d'alphabétisation et d'acquisition des compétences essentielles pour mieux tenir compte des besoins et des priorités propres aux communautés de langue officielle en situation minoritaire dans ce domaine, évaluer les conséquences de l'élimination du financement de base pour le RESDAC et son réseau dans les provinces et les territoires et prendre les mesures adéquates pour en atténuer les conséquences.
Nous avons dans le cadre de ce rapport et dans le cadre des constatations qui sont tirées de nos évaluations régulières... C'est évidemment un rapport très important, mais nous évaluons continuellement nos programmes. Notre plus récente évaluation nous a permis de constater, en ce qui concerne nos programmes d'alphabétisation et d'acquisition des compétences essentielles, que le rôle du gouvernement fédéral est très important, que de tels programmes sont nécessaires et que les résultats de nos projets sont positifs, mais que nous pouvons en faire davantage.
Nous pouvons en faire plus, et nous devons le faire. Nous avons déjà commencé à collaborer avec l'Université d'Ottawa à cet égard. Nous avons demandé aux chaires de recherche sur la francophonie canadienne de l'Université d'Ottawa de cerner les besoins en alphabétisation et en compétences essentielles des adultes vivant dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Le rapport final est attendu bientôt.
Nous collaborons avec le RESDAC qui mène le projet d'impact collectif. Une présentation a été faite.
Nous collaborons avec le RESDAC et d'autres intervenants des communautés de langue officielle en situation minoritaire pour échanger de l'information sur nos initiatives de recherche respectives.
Madame Bertrand, ce que je retiens surtout de vos commentaires, c'est qu'on peut faire plus. C'est ce que vous avez dit. Au moins, vous faites preuve d'ouverture. Cependant, je remets énormément en question la philosophie de votre ministère ou sa stratégie d'arrêter le financement et de procéder à une réévaluation par la suite. Habituellement, on fait cela pendant que l'organisme offre des services, et non pas quand les services n'existent plus.
L'ancienne directrice générale du RESDAC occupe désormais un autre emploi. Le RESDAC doit alors recommencer à zéro et embaucher une autre personne. Le problème du financement par projets, c'est qu'on embauche des gens pour travailler à un projet, mais on doit repartir à zéro une fois que celui-ci a pris fin.
À mon avis, c'est une stratégie qui n'assure pas de continuité. Pour les communautés en situation minoritaire, la pire chose, c'est qu'il n'y ait pas de continuité et qu'on rompe l'approbation et le soutien. Il faut savoir cela, comprendre la réalité des communautés en situation minoritaire et devenir leurs champions dans différents secteurs. Je trouve cela vraiment dommage. À mon avis, votre stratégie est aberrante, et j'espère qu'il sera possible de trouver une bien meilleure approche.
J'aimerais soulever une dernière chose...
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Ce seront trois minutes utilisées de façon très efficace.
Vous avez mis le doigt sur le problème. Vous avez indiqué qu'il vient du fait que les ententes sont conclues entre le gouvernement fédéral et les différentes provinces et que ces dernières distribuent les fonds comme elles le veulent. Par le passé, jamais un gouvernement fédéral n'a voulu demander des comptes aux provinces. C'est extraordinaire. Le gouvernement fédéral verse de l'argent aux provinces et reconnaît leur compétence en éducation, mais comme c'est son argent, il devrait pouvoir déterminer comment il sera dépensé jusqu'à un certain point. Les provinces qui refuseraient cela ne devraient pas recevoir de fonds. On n'a jamais fait cela, par le passé.
Peut-être votre ministère devrait-il le faire maintenant. Je peux vous dire que cela vient d'être fait par le en ce qui a trait aux fonds destinés à la petite enfance. Une entente bilatérale a été signée avec les provinces et elle prévoit qu'un certaine partie des fonds doit aller à la communauté. Or, quand il a été question d'ajouter cette disposition, il y a 12 mois, certains ont dit que ce n'était pas possible et qu'on ne pouvait pas empiéter sur les compétences des provinces. On peut empiéter sur les compétences. On l'a fait.
Permettez-moi de vous raconter une petite histoire. En Nouvelle-Écosse, il y a le Centre provincial de ressources pédagogiques. Je lis ce que quelqu'un du Centre m'a écrit:
Il y a plus de 20 ans que le Centre provincial de ressources préscolaires (CPRPS) en Nouvelle-Écosse essaie d'accéder à un financement accordé à plusieurs centres de ressources à la famille partout au Canada [...] depuis 1993.
Le Centre a déposé une plainte auprès du commissaire aux langues officielles, en 2012. Le commissaire a découvert que 2,1 millions de dollars avaient été dépensés dans les communautés, mais que rien n'était allé aux communautés en situation minoritaire. Dans son rapport d'enquête, voici ce que le commissaire déclare:
Sur les millions de dollars déjà dépensés depuis la création du PACE, les francophones ont reçu très peu: très peu de services, très peu également d'aide visant précisément à soutenir leur épanouissement et leur développement. En se butant à des services à la petite enfance offerts uniquement en anglais, il est probable que les jeunes francophones et leurs familles aient été exposés à un risque accru d'assimilation.
Le commissaire a dit cela en 2012. La situation est grave. Vous voulez une consultation, vous en avez reçu une bonne, ici, aujourd'hui. Prenez ce qui a été dit et faites-en part à la . Encore une fois, ce n'est absolument pas vous que je blâme, mais vous suivez les règles du jeu.
De notre côté, nous avons la responsabilité d'assurer que les règles du jeu sont égales, parce que « égales » ne signifie pas « équitables ». L'un des témoins précédents a utilisé un exemple que j'ai beaucoup aimé. Il y a trois personnes de différente grandeur. Celle qui mesure 6 pieds peut voir un match de baseball par-dessus une clôture d'une hauteur de 5 pieds et demi. Celle qui mesure 5 pieds ne peut pas voir, ni celle qui mesure 3 pieds. L'égalité demande qu'on leur fournisse des bancs pour qu'ils puissent tous voir.
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Merci beaucoup, monsieur Samson.
Avant de terminer, j'aimerais faire quelques remarques.
On ne parle pas beaucoup d'alphabétisation, mais on parle de compétences essentielles, entre autres.
Je sais qu'il y a des années, le nombre de gens analphabètes au Canada était très élevé. J'aimerais que vous nous fournissiez le pourcentage actuel d'analphabètes au pays. Vous pouvez transmettre cette information à Mme la greffière.
Quel est, à peu près, le pourcentage d'analphabètes au Canada, et quel est le pourcentage d'analphabètes dans les communautés en situation minoritaire? J'aimerais que nous puissions comparer les deux taux d'analphabétisme.
Par ailleurs, la sonnerie retentit pour indiquer la tenue d'un vote. Je vais donc vous demander la permission de poursuivre la séance quelques minutes de plus.
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Oui, mais nous avons encore une demi-heure.
Est-ce que cela convient?
D'accord, nous allons donc continuer.
J'aimerais donc connaître le taux d'analphabètes au Canada en général. Les chiffres dont je me souviens étaient très élevés. J'aimerais aussi pouvoir comparer le taux national d'analphabétisme à celui dans nos communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Enfin, j'aimerais aussi que vous fournissiez au Comité les textes des ententes bilatérales que vous avez avec les provinces et les territoires — vous avez mentionné, tout à l'heure, ce genre d'ententes —, ainsi, bien sûr, que les plans d'action des provinces et territoires, de façon à ce que nous puissions compléter notre étude. Cela va?
Envoyez cela, s'il vous plaît, à Mme la greffière. En attendant, je vous remercie beaucoup de votre comparution, aujourd'hui.
Monsieur Choquette, vous avez quelque chose à ajouter?