INDY Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY
COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 12 mars 1998
[Traduction]
La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): La séance est ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions la préparation de la technologie de l'information en vue de l'an 2000.
Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui M. Paul Rummell, dirigeant président de l'information, et M. Grant Westcott, membre de l'équipe d'examen des SMA principaux sur l'état de préparation à l'an 2000. Il représente le Conseil du Trésor du Canada. De Jager & Company Limited, nous entendrons également M. Peter de Jager
Nous entendrons les témoins selon l'ordre de la liste. Chacun d'eux dispose d'environ cinq minutes pour faire sa déclaration. Commençons donc par M. Rummell.
M. Paul E. Rummell (dirigeant principal de l'information, Conseil du Trésor du Canada): Bonjour, madame la présidente, monsieur de Jager, monsieur Westcott, mesdames et messieurs du comité.
[Français]
Je m'appelle Paul Rummell et je suis le dirigeant principal de l'information au Conseil du Trésor du Canada.
[Traduction]
Au Secrétariat du Conseil du Trésor, c'est mon bureau qui est chargé de surveiller les travaux de conversion à l'an 2000 au sein des ministères du gouvernement fédéral. Pour commencer, je tiens à vous remercier sincèrement de l'intérêt que vous portez à cette question extrêmement importante.
Le gouvernement canadien a entrepris d'adapter les systèmes fédéraux bien avant la plupart des autres pays, et nous nous en félicitons. En 1988, le Secrétariat du Conseil du Trésor a mis en place une norme de datation à quatre caractères. C'est à cette époque que bon nombre de ministères ont entrepris leurs travaux de conversion.
Aujourd'hui, le Canada est reconnu comme l'un des chefs de file dans ce domaine. Il en est de même de l'Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni. Par le truchement du bureau principal de l'information, que je dirige, le gouvernement a appliqué une double approche. Au Secrétariat du Conseil du Trésor, nous avons créé un poste d'agent de projet dont le titulaire est chargé de surveiller, d'évaluer et de faciliter la conversion des systèmes du gouvernement fédéral.
M. Grant Westcott, sous-ministre adjoint principal du ministère de la Justice, était membre du groupe de travail de l'an 2000 et a fait partie de l'équipe principale d'examen. Il pourra répondre aux questions que vous pourriez avoir à la suite du récent examen de l'état de préparation du gouvernement fédéral.
Parallèlement aux activités entreprises au sein du Secrétariat du Conseil du Trésor, nous avons également entrepris de collaborer avec Industrie Canada pour sensibiliser l'industrie canadienne au problème. J'ai eu le plaisir d'être membre d'office du groupe de travail de l'an 2000. J'y ai présidé un groupe de travail composé de dirigeants principaux de l'information. Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec Industrie Canada pour voir à ce que toutes les industries canadiennes travaillent de concert à régler le problème.
[Français]
Je voudrais prendre quelques instants pour vous faire part des éléments principaux des activités du groupe de travail.
[Traduction]
En septembre 1997, le ministre Manley a invité les dirigeants principaux de l'information des principaux secteurs de l'industrie et des services du Canada à faire partie du groupe de travail sur l'an 2000. J'ai été très heureux de constater que cette initiative a remporté un vif succès.
Le mandat du groupe de travail était d'évaluer la nature et la portée du défi électronique qui se pose au Canada ainsi que l'état de préparation de l'industrie et au problème de l'informatique de l'an 2000, de jouer un rôle de leadership ainsi qu'un rôle consultatif quant à la façon d'atténuer ces risques. Le groupe de travail était présidé par M. Jean Monty, président-directeur général de Bell Canada.
L'une des premières mesures prises par le groupe de travail a consisté à demander à Statistiques Canada de faire une évaluation quantitative de l'état de préparation des entreprises canadiennes. Les résultats de cette enquête nous ont beaucoup surpris. L'enquête, qui a pris fin en novembre 1997, montrait clairement qu'un grand nombre de dirigeants d'entreprises canadiennes ne donnaient pas au problème de l'an 2000 toute l'attention qu'il mérite. En fait, moins de 10 p. 100 des entreprises canadiennes avaient adopté des plans sur l'an 2000.
Le groupe de travail a également demandé au Conference Board du Canada d'examiner les effets du problème de l'an 2000 sur l'économie canadienne et la capacité de l'industrie canadienne de soutenir la concurrence internationale. Les conclusions préliminaires du Board sont que le règlement du problème de l'an 2000 est une question de compétitivité fondamentale pour chaque entreprise. Les conclusions préliminaires montraient, je le répète, qu'il est essentiel de résoudre le problème de l'an 2000 pour que les entreprises puissent continuer d'être compétitives.
La gravité de la situation a amené le groupe de travail à avancer la date de son rapport au ministre de l'industrie—ce qui est plutôt exceptionnel—et ses recommandations ont été présentées au début de février 1998.
En outre, le groupe de travail a lancé sa campagne «Appel à l'action» en février 1998. J'espère que vous avez lu le rapport qui a été préparé. C'est un excellent document dans lequel on trouve une liste de 18 recommandations très importantes pour tous. Également, Statistique Canada fera pour nous une autre enquête pour garder nos données à jour.
Nous croyons que le groupe de travail a acquis un élan suffisant pour encourager les entreprises et les industries du Canada à relever le défi de l'an 2000 avant qu'il ne soit trop tard.
[Français]
En résumé, beaucoup de travail a été accompli.
[Traduction]
Toutefois, ni les gouvernements, ni l'industrie, ni les organisations du pays n'ont lieu d'être remplis d'aise. Au Secrétariat du Conseil du Trésor, de concert avec Industrie Canada, notre objectif est d'accélérer le rythme et de travailler davantage en collaboration avec l'industrie canadienne et les ministères du gouvernement. J'ai participé à une réunion de deux jours avec les représentants des provinces, et le problème de l'an 2000 était l'un des principaux sujets à l'ordre du jour.
J'encourage les membres de votre comité et les autres parlementaires à s'intéresser très activement à cette question. Nous avons bon espoir qu'avec votre aide, nous pourrons aider les Canadiens à relever le défi de l'an 2000.
Thank you.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Rummell.
Monsieur Westcott.
M. Grant Westcott (membre, Équipe d'examen des SMA principaux sur l'état de préparation à l'an 2000, Conseil du Trésor du Canada): Merci beaucoup.
Si je comparais devant vous aujourd'hui, c'est que j'ai codirigé une équipe de cadres supérieurs et de consultants du secteur privé qui vient d'achever un examen commandé par le Conseil du Trésor sur l'état de préparation du gouvernement fédéral au problème de l'an 2000. Nous avons présenté nos résultats et nos recommandations au Conseil du Trésor le 5 février. Nous les avons également présentés au Cabinet le 17 du même mois.
Notre examen portait surtout sur l'état de préparation des fonctions et des systèmes du gouvernement qui sont essentiels à la santé, à la sécurité et à la stabilité économique des Canadiens. Parmi ces systèmes, on comptait ceux qui servent à gérer le Régime de pensions du Canada et l'assurance-emploi, ceux qui servent à percevoir les impôts, à appuyer les activités des services policiers, à gérer la circulation transfrontalière, à prévoir les conditions atmosphériques et à payer les fournisseurs du gouvernement canadien.
• 0915
D'une façon générale, notre rapport est assez semblable au
rapport du groupe de M. Monty. On y trouve 19 recommandations, mais
je n'en reprendrai aujourd'hui que cinq, pour gagner du temps: ces
cinq recommandations portent sur les questions de sensibilisation
et de priorité, de financement, d'approvisionnement, de
responsabilités en matière de réglementation et de préparation aux
situations d'urgence.
La première de nos recommandations porte sur la sensibilisation au problème lui-même. Elle vise à ce que les ministres et les fonctionnaires accordent au problème le degré de priorité qui lui revient. Nous avons recommandé—et cette recommandation a été acceptée—que le gouvernement accorde la priorité absolue au problème de l'an 2000 tant qu'il n'est pas résolu. Comme je l'ai déjà dit, nous avons expliqué la situation au Cabinet. À l'heure actuelle, le premier ministre envoie des lettres aux ministres, et le président du Conseil du Trésor et le greffier du Conseil privé envoient également des lettres aux sous-ministres, pour préciser quelles sont leurs responsabilités et voir à ce que les ministres et sous-ministres soient conscients de ce qu'il s'agit d'une priorité absolue du gouvernement.
Le groupe de recommandations suivant vise à éliminer toute contestation quant à la priorité accordée à ce problème. Nous avons recommandé que toutes les activités informatiques discrétionnaires soient suspendues jusqu'à ce que le problème de l'an 2000 ait été réglé et toute exception à cette règle doit être expliquée au président du Conseil du Trésor. Le bureau du Conseil privé et le Conseil du Trésor ont également accepté que toutes les mesures législatives proposées, tous les amendements aux règlements ou tout changement de politique soient évalués en fonction de leurs effets sur les travaux pour régler le problème de l'an 2000, et que toutes les soumissions qui seront présentées au Cabinet et au Conseil du Trésor contiennent un paragraphe à cet égard.
La question du financement a posé quelques problèmes, car nous avons constaté que la stratégie permettant de résoudre le problème manquait de clarté. On estime que le gouvernement fédéral à lui seul devra dépenser plus d'un milliard de dollars pour résoudre ce problème. Les ministères sont en mesure de payer environ la moitié de cette somme. Nous avons indiqué qu'il faudrait s'assurer de ce que les questions de financement ne posent aucun obstacle à la réalisation des travaux.
Le ministère des Finances a convenu de mettre sur pied un fonds de prêts auquel les ministères pourront avoir recours s'ils ont besoin de fonds supplémentaires. Le ministère des Finances a également convenu que le calendrier de remboursement de ces prêts sera établi de sorte à ne pas nuire au service offert au public ou à ne pas provoquer une autre réduction de l'effectif de la fonction public.
Pour ce qui est de l'approvisionnement, nous avons constaté que le gouvernement était en assez bonne posture à cet égard. Nous avons déjà des instruments dans ce domaine. TPSGC s'est montré très actif. C'est hier, je crois qu'une série de sept contrats ont été octroyés au secteur privé pour aider à résoudre le problème. Ces contrats portaient sur la prestation de services, les services d'experts-conseils ainsi que sur l'achat d'équipement et de logiciels.
Toutefois, nous sommes très conscients du fait que l'acquisition nécessite beaucoup de temps, compte tenu du caractère public de l'approvisionnement gouvernemental. Nous avons insisté pour que Travaux publics se dote d'une équipe spéciale chargée d'acquérir tous les approvisionnements nécessaires à ce projet. Le ministère a accepté.
Passons aux fonctions de réglementation du gouvernement. Dans les discussions que nous avons eues avec 21 ministères, nous avons constaté qu'il n'y a pas d'uniformité dans la position du gouvernement à ce sujet. Après avoir consulté nos conseillers juridiques, nous avons conclu qu'il vaudrait mieux, pour le public canadien, que le gouvernement adopte une méthode très proactive dans l'accomplissement de ses obligations de réglementation. Nous avons recommandé que soit mis sur pied un comité pluriministériel composé de sous-ministres qui sera chargé de préciser la position du gouvernement fédéral. Nous avons également recommandé que le gouvernement adopte des principes très proactifs dans ce domaine.
Le gouvernement fédéral dépend énormément de ses partenariats et de ses relations avec les autres ordres du gouvernement. C'est pourquoi Paul a déjà rencontré des fonctionnaires provinciaux et fédéraux, comme il l'a mentionné, et nous proposons que le président du Conseil du Trésor et le ministre des Travaux publics rencontrent également leurs homologues provinciaux afin d'échanger des renseignements sur les méthodes qui donnent les meilleurs résultats et de veiller à ce que toutes les parties aient pleinement conscience des interdépendances entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces.
Pour conclure, nous avons fait également une série de recommandations d'ordre administratif touchant les systèmes de construction, les systèmes scientifiques intégrés, les systèmes financiers, les tests, la surveillance et les stratégies en matière de ressources humaines. Je n'entrerai pas dans le détail de ces recommandations car elles n'intéresseront sans doute pas beaucoup le comité.
• 0920
Voilà, madame la présidente.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Westcott.
Je vais maintenant donner la parole à M. de Jager.
M. Peter de Jager (de Jager & Company Limited): On ne devrait plus être en train de débattre si oui ou non le problème de l'an 2000 est «réel». Trop de sociétés, d'organisations et de gouvernements ont découvert que le problème était non seulement «réel» mais qu'il était plus grave que prévu, plus complexe qu'il ne paraissait et, finalement, plus long à résoudre qu'on s'y attendait. Malgré l'expérience de ceux qui travaillent à ce problème depuis plusieurs années, certains continueront à affirmer au comité qu'ils maîtrisent la situation, qu'ils ont prévu toutes les éventualités, qu'ils boucleront le projet à temps. Ces opinions, aussi sincères et honnêtes qu'elles soient n'en restent pas moins indûment optimistes.
La probabilité pour une organisation d'apporter à temps les solutions attendues repose sur ses antécédents. Si l'on vous dit «ne vous inquiétez pas, tout sera prêt à temps», c'est votre devoir de demander: «Au cours des trois dernières années, quel est le pourcentage de projets que vous avez conclus à temps?» En cas de réponse troublante ou inacceptable, il faut poser la question suivante: «Qu'avez-vous fait de différent pour vous assurer que l'histoire ne se répète pas?»
La plupart des organisations ne peuvent pas honnêtement prétendre avoir un taux de respect des délais de plus de 50 p. 100. je ne vois donc aucune raison pour que ce pourcentage s'améliore dans le cas du projet de l'an 2000.
Le vérificateur général a déjà déclaré devant votre comité que le gouvernement canadien ne respecte les délais des projets que dans une proportion d'environ 16 p. 100. Cela signifie que 84 p. des projets entrepris par le gouvernement canadien sont achevés en retard. Si vous considérez les conséquences d'un échec, les risques sont inacceptables. Inacceptables, à moins que vous ne soyez disposés à jouer aux dés l'avenir de l'entreprise et du gouvernement canadien.
Le gouvernement canadien a récemment, en décembre 1997, présenté une demande de proposition d'une valeur de un milliard de dollars pour des rénovations en vue de l'an 2000. Je n'ai eu jusqu'ici, soit le 9 mars 1998, aucune indication que le contrat avait été attribué. J'ai appris, dans le Globe and Mail d'hier, qu'une partie de ce contrat, d'une valeur de 100 millions de dollars, a enfin été attribuée. Comme la plus grande partie du travail doit être exécutée d'ici la fin de 1998, il ne reste guère plus de neuf mois pour tout achever.
Point n'est besoin d'avoir des pouvoirs paranormaux pour faire la prédiction suivante: en se fiant tout simplement à l'expérience, on peut affirmer que ce projet de un milliard de dollars, pour la majeure partie, ne sera pas terminé à temps.
Je ne fais pas cette déclaration pour discréditer ceux qui travaillent au projet. Je le fais en me basant uniquement sur ma connaissance et ma compréhension de l'issue normale des grands travaux informatiques. Et, en particulier, les grands travaux de l'an 2000. De par leur nature, ils sont inévitablement plus complexes que prévu.
Un exemple devrait suffire. Telstra est la principale entreprise de télécommunications de l'Australie. Cette entreprise a estimé initialement qu'il lui en coûterait 50 millions de dollars australiens pour résoudre son problème. Après six mois de travaux, elle a dû revoir son estimation: le chiffre atteint maintenant 500 millions de dollars australiens. L'estimation finale est dix fois plus élevée.
Je crois savoir que l'estimation de un milliard de dollars qu'a faite le gouvernement est assez préliminaire. Je puis vous assurer que ce montant augmentera.
Voici les questions que je pose au gouvernement: quelles garanties ai-je comme citoyen canadien que le gouvernement du Canada continuera à assurer les services essentiels à partir du 1er janvier 2000? Deuxièmement, quelles mesures d'urgence ont été mises en vigueur pour que vous puissiez continuer à assurer les services essentiels lorsqu'il s'avérera que le projet de un milliard de dollars, ne peut être, en totalité ou en partie, terminé à temps? Ou alors le gouvernement prétend-il n'avoir jamais accusé de retard dans un projet, même en faisant de son mieux?
En résumé, je crois que nous pouvons résoudre ce problème. Toutefois, je doute que le gouvernement canadien comprenne véritablement les conséquences d'un échec et c'est pourquoi il n'accorde pas au problème tout le respect qui s'impose. Il en résultera une incapacité générale de fournir les services essentiels, puis une inévitable recherche de coupables.
Je vous souhaite sincèrement bonne chance.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur de Jager. Ce sont là des propos qui nous donnent matière à réflexion.
Commençons maintenant les questions. Monsieur Schmidt.
M. Werner Schmidt (Kelowna, Réf.): Merci beaucoup, madame la présidente.
Permettez-moi également de vous remercier, messieurs, de comparaître devant nous ce matin. Vous nous avez tenu des propos très intéressants.
Monsieur Rummell, dans vos observations, j'ai eu l'impression que vous disiez, directement ou indirectement, que le gouvernement est en assez bonne posture mais que les entreprises auraient intérêt à accélérer le pas. Je me suis demandé si c'était une déduction de ma part ou si vous disiez vraiment que les entreprises sont en retard par rapport au gouvernement.
M. Paul Rummell: Le problème de l'an 2000 pose un défi considérable au gouvernement. Il en est de même pour toutes les entreprises du pays.
Je travaille au gouvernement fédéral depuis un an; je travaillais auparavant dans l'industrie. Nous essayons de prendre les mesures qui s'imposent et nous avons classé nos travaux selon un ordre de priorité afin d'adapter d'abord les systèmes essentiels à la mission du gouvernement et qui sont importants pour la santé, la sécurité et le bien-être du public canadien.
En outre, nous avons à notre disposition une équipe de gens très compétents. On a mentionné les contrats d'approvisionnement qui ont été octroyés hier, mais il y a eu un certain nombre d'autres contrats octroyés auparavant. Nous avons également à notre disposition quelques 8 000 spécialistes de l'informatique à l'emploi du gouvernement. Nous devons reconnaître les efforts qu'ils ont déployés depuis longtemps pour résoudre ce problème.
Je puis vous assurer que tous les systèmes du gouvernement sont examinés. Nous accordons la priorité aux systèmes les plus importants pour l'intérêt général du public canadien.
M. Werner Schmidt: Le problème, ce n'est pas que vous n'êtes pas au courant, je suis convaincu que vous l'êtes. M. Westcott a dit tout à l'heure que le rapport a été présenté au Cabinet et je trouve encourageant que le premier ministre ait écrit aux différents ministres. C'est une très bonne chose.
Ce qui m'inquiète, ce n'est pas ce qui s'est fait auparavant. Vous avez dit que des travaux avaient été entrepris en 1996, c'est-à-dire il y a deux ans. Il me semble que nous ne devrions pas nous contenter maintenant de dire simplement qu'un bon nombre de personnes travaillent à résoudre le problème. Il me semble qu'il devrait y avoir des preuves, des résultats. Nous devons maintenant prendre la chose très au sérieux, car il ne nous reste pas beaucoup de temps.
Mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf s'en vient à grands pas, l'an 2000 aussi. Nous ne pouvons pas attendre la date limite. L'an 2000 va arriver aussi sûrement que le soleil se lèvera demain. Nous n'avons pas la possibilité de reporter l'échéance. Permettez-moi de vous poser plus précisément la question suivante: quelles étapes avez-vous achevées jusqu'à présent?
M. Paul Rummell: Nous sommes en train d'effectuer notre troisième enquête. Nous avons fait deux études très complètes dans tout le gouvernement. Puisque nous sommes en train de terminer la troisième, je me fonderai sur les résultats de l'enquête de l'automne dernier.
Il existe aux États-Unis une firme bien connue spécialisée en technologie, le Groupe Gartner. Ce groupe a fait remarquer qu'à compter de l'automne dernier, les grandes organisations devraient avoir terminé leurs travaux à 45 p. 100. À cette date, le gouvernement fédéral avait réalisé 44 p. 100 de ses travaux, selon l'indice que le Groupe Gartner appliquait et qui se fondait sur l'enquête que nous avions réalisée auprès de tous les ministères. Il semble donc que nous ayons fait un progrès considérable en vue de la réalisation de notre objectif.
M. Werner Schmidt: C'est exact, mais vous accusez un certain retard. Le Groupe Gartner parlait de 48 p. 100, vous en êtes à 44 p. 100. Vous avez donc un retard équivalent à 4 p. 100.
M. Paul Rummell: Non. Précisons que le pourcentage proposé était de 45 p. 100 et que nous en sommes à 44 p. 100.
M. Werner Schmidt: D'accord. Vous avez donc un retard de 1 p. 100. Si vous accusez déjà du retard, quelle garantie avons-nous de ce que vous ne serez pas également en retard l'an prochain?
La présidente: Monsieur Westcott.
M. Grant Westcott: J'ai essayé de persuader le comité que la priorité absolue de tous les systèmes, à l'heure actuelle, c'est l'adaptation à l'an 2000. Comme en a convenu le Cabinet, toutes les ressources du gouvernement sont concentrées sur le règlement de ce problème.
Deuxièmement, on a organisé le financement et tout ce qui entoure le financement de ce projet afin qu'il n'y ait pas d'obstacles de cet ordre. Les ministres et les sous-ministres travaillent à cette question. C'est vrai d'une façon générale dans tous les grands ministères que nous avons étudiés. Le problème de l'an 2000 est pris en compte dans tous les aspects de leur programme. Les ministères évaluent également le progrès qu'ils réalisent dans la gestion de ce projet. Je pense que nous nous sommes suffisamment bien organisés pour résoudre le problème.
M. Werner Schmidt: Permettez-moi de modifier un peu l'orientation de mes questions. Le BSIF, le Bureau du surintendant des institutions financières relève d'un des ministères. Lorsque les représentants des banques ont comparu devant notre comité, ils nous ont garanti qu'ils seraient prêts. Parmi ses fonctions en matière de réglementation, le gouvernement doit veiller à ce que ces institutions financières s'acquittent des obligations que leur confère la loi.
• 0930
Je vous pose donc une question très grave. Quel plan d'urgence
avez-vous mis en place pour garantir que les banques seront prêtes
et qu'elles pourront éviter que leurs clients les prennent d'assaut
le soir du 31 décembre 1999?
M. Paul Rummell: Nous ne pouvons répondre à cette question, parce que cette fonction de réglementation ne relève pas de mon mandat. Vous devrez poser votre question à un autre groupe.
M. Werner Schmidt: Autrement dit, le gouvernement n'a pas de plan. Est-ce exact? À qui devrions-nous poser la question? Si vous ne pouvez pas y répondre, à qui devrions-nous la poser?
M. Paul Rummell: C'est au ministre des Finances qu'il faudrait la poser.
M. Werner Schmidt: Le ministre des Finances?
M. Paul Rummell: Ou le sous-ministre des Finances.
M. Werner Schmidt: Madame la présidente, pourrions-nous inviter le ministre des Finances à comparaître devant notre comité?
La présidente: Nous pourrions peut-être inviter le sous-ministre.
M. Werner Schmidt: D'accord. C'est une question essentielle.
La présidente: Personne ne met cela en doute, monsieur Schmidt.
M. Werner Schmidt: D'accord.
J'ai une autre question à poser. M. de Jager a dit qu'une grande entreprise australienne avait dû multiplier par 10 le montant de son estimation. Que laissiez-vous entendre par là? Ce chiffre de 1 milliard de dollars semble déjà énorme à première vue. Si la prévision de 50 p. 100 que fait M. de Jager est juste, il nous faudrait peut-être trouver 4 milliards de dollars de plus. Avez-vous des raisons de croire que nous pourrions dépenser plus de 1 milliard de dollars?
M. Paul Rummell: Lorsque je suis entré en poste, ce chiffre faisait l'objet d'un examen. En fait, lorsque je suis arrivé, les coûts du projet avaient été estimés à un montant bien plus faible. Nous avons examiné la portée générale du travail à faire dans tout le gouvernement et nous avons estimé qu'il en coûterait 1 milliard de dollars. Cette estimation demeure relativement exacte, même après l'examen qu'ont réalisé M. Westcott et M. Braiter.
La majeure partie de ces coûts est absorbée par les budgets de technologie informatique du gouvernement. Pour l'ensemble du gouvernement, les budgets de technologie informatique sont d'environ 3 milliards de dollars par année. Les budgets des télécommunications sont inclus dans ce montant. Cette dépense de un milliard est répartie sur trois ou quatre ans.
Nous avons entrepris bon nombre de ces activités. Vous avez dit que les travaux ont commencé en décembre 1996, mais ils remontent en fait à 1988.
M. Werner Schmidt: J'ai tiré ce chiffre de votre document.
M. Paul Rummell: Pardon?
M. Werner Schmidt: Ce n'est pas moi qui l'ai dit, je reprenais vos propos.
M. Paul Rummell: D'accord, mais il y a déjà un certain temps que nous avons entrepris ces travaux.
M. Werner Schmidt: On dit dans le document qu'un bureau des dirigeants principaux de l'information chargés du projet de l'an 2000 a été mis sur pied en 1996.
M. Paul Rummell: C'est exact, mais notre ministère a entrepris les travaux en 1988-1989.
M. Werner Schmidt: D'accord.
La présidente: Dernière question, monsieur Schmidt.
M. Werner Schmidt: Oui, bien sûr.
Monsieur de Jager, pourquoi l'entreprise de télécommunications dont vous avez parlé a-t-elle sous-estimé à un dixième des coûts réels les coûts de conversion et d'adaptation à l'an 2000? C'est une énorme différence. La plupart des gens qui font de telles estimations ne se trompent pas dans une telle mesure. Comment cela a-t-il été possible?
M. Peter de Jager: Cette erreur est surtout due à un manque de compréhension de la complexité du problème. Cette complexité augmente constamment. Dans notre industrie, nous comparons cela aux diverses couches d'un oignon. Plus nous en enlevons, plus c'est complexe et plus nous pleurons.
Il faut cependant avouer que le facteur de 10 est exceptionnellement élevé.
M. Werner Schmidt: En effet.
M. Peter de Jager: Généralement, le facteur d'erreur d'une estimation à première vue est de 3 à 5. Ce n'est pas inhabituel.
M. Werner Schmidt: Merci.
La présidente: Monsieur Lastewka.
M. Walt Lastewka (St. Catharines, Lib.): Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins d'être venus nous rencontrer. Notre comité a entrepris un projet très intéressant. Nous avons entendu de nombreux témoins et nous continuerons d'en entendre d'autres.
Ma première question s'adresse à M. Rummell et à M. Westcott. Je comprends que vous avez entrepris vos travaux en 1988, 1996, etc. Il me semble toutefois que le gouvernement devrait être en avance, qu'il devrait aider l'industrie, au lieu de viser lui-même une date qui lui permettra d'être prêt juste à temps.
Par exemple, le groupe Santé Canada doit assurer que certaines mesures seront prises de sorte que le secteur puisse donner un coup de pouce en ce qui a trait aux instruments médicaux; je crains que la date cible de mise en oeuvre est trop lointaine. Pouvez-vous nous dire quelles sont les dates cibles que vous avez établies—j'entends par là quand tout sera terminé et aura été vérifié. Que pensez-vous de l'exemple que j'ai donné en ce qui a trait à Santé Canada qui doit vraiment avoir une longueur d'avance sur les autres pour être en mesure d'aider les hôpitaux et les autres intervenants du secteur de la santé?
M. Paul Rummell: Encore une fois, pour ce qui est des systèmes indispensables à la mission—les systèmes qui sont importants pour la santé, la sécurité et le bien-être du public—notre objectif est d'assurer la conversion et d'entamer les essais cette année. Certains sont prévus pour la fin de l'année en cours, en d'autres cas la conversion a déjà eu lieu, et pour d'autres les essais commenceront cet été. Nous réservons donc une longue période pour les essais.
• 0935
Pour ce qui est du secteur de la santé, s'il vous intéresse
tout particulièrement, je vous encourage à inviter des
fonctionnaires du ministère de la Santé pour en discuter avec eux.
Le gouvernement fédéral a une certaine responsabilité
réglementaire, mais ce sont les provinces qui sont responsables de
la prestation des services de santé. Les gouvernements provinciaux
se préparent, en collaboration avec les hôpitaux et d'autres
intervenants du secteur de la santé pour apporter les modifications
nécessaires au système qu'on retrouve dans les hôpitaux.
M. Walt Lastewka: Nous avons entendu les représentants du Comité de la santé et le message était très clair: ils n'ont pas suffisamment d'avance pour aider les hôpitaux. Les hôpitaux attendent le résultat de Santé Canada. On me l'a dit très clairement lundi.
M. Paul Rummell: D'après ce que j'ai appris des analyses de l'industrie, le secteur de la santé accuse un retard marqué. Pour faire avancer le dossier de l'an 2000, votre comité devrait intervenir; je vous encourage à maintenir votre intérêt
M. Walt Lastewka: J'aimerais un jour—et ce n'est pas aujourd'hui—en apprendre un peu plus long sur la coordination générale au gouvernement; de cette façon on pourrait savoir qu'au 31 décembre 1998 nous aurons atteint un certain niveau de conversion. J'aimerais recevoir un jour cette réponse.
J'aimerais maintenant poser une question à M. Jager. Je suis convaincu qu'il comprend ce qu'a essayé d'accomplir notre comité: nous voulons communiquer le message indiquer clairement que le problème ne pourra être réglé pendant une fin de semaine.
Je ne sais pas si vraiment notre message passe bien si les entreprises, petites ou grandes, ont bien compris. Je m'inquiète surtout des petites entreprises, parce que les grandes entreprises peuvent affecter plus de ressources financières et humaines à ce problème. Elles peuvent vraiment s'y attaquer. Mais les plus petites entreprises devront faire appel à des ressources de l'extérieur. Tout le monde concentre ses efforts sur les 12 ou 15 derniers mois du projet, et ces petites entreprises ne pourront trouver d'aide.
J'ai lu votre document, hier, et je crois que c'était très bien fait. Qu'est-ce que le gouvernement ou le Comité de l'industrie, peut faire de plus pour vraiment communiquer clairement le message soit qu'il existe un problème, un problème qui est beaucoup plus grave que les gens ne le croient, et qui sera beaucoup plus coûteux qu'on ne le pense. Comment leur dire qu'il coûtera encore plus cher de régler le problème si on n'agit pas dès maintenant.
M. Peter de Jager: Je parle de ce problème depuis déjà sept ans. Si j'avais une réponse définitive à donner, on aurait réglé le problème depuis déjà longtemps.
Il faut qu'un représentant du gouvernement agisse en tant que chef de file. Lorsque Peter de Jager ou quelqu'un d'autre parle de la question, nous n'avons pas vraiment de crédibilité, après tout nous ne sommes que de simples experts-conseils. Un point c'est tout. Ce qu'il faut c'est qu'on ait un leader au Canada, peut-être quelqu'un comme M. Chrétien, qui présenterait un exposé pendant une demi-heure à la télévision pour expliquer clairement et simplement le problème afin de mobiliser l'industrie.
Tant que quelqu'un qui jouit d'une certaine crédibilité ne parlera pas officiellement du problème et n'arrivera pas à convaincre les gens qu'il ne s'agit pas d'une exagération des experts-conseils, la sensibilisation nécessaire n'existera pas. Tant qu'un chef politique n'en fera pas un objectif prioritaire, à l'exclusion de pratiquement tout autre chose, vous n'accomplirez pas ce que vous voulez accomplir. Nous avons besoin d'une figure dominante et nous en n'avons toujours pas.
M. Walt Lastewka: Merci, madame la présidente.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Lastewka.
[Français]
Madame Lalonde, s'il vous plaît.
Mme Francine Lalonde (Mercier, BQ): Merci. Monsieur de Jager, j'ai constaté en lisant le journal d'hier que vous aviez été un des premiers à sonner les cloches et que d'une certaine façon, c'était maintenant devenu pour vous un gagne-pain intéressant. Il est important que vous continuiez à sonner les cloches.
Je serais portée à reprendre vos questions et à les soumettre à M. Rummell et M. Westcott. Quelles garanties ai-je, comme citoyenne canadienne, que le gouvernement du Canada continuera à assurer les services essentiels à partir du 1er janvier 2000?
• 0940
Bien que je cite le 1er janvier, dans certains cas,
ce pourra être plus tôt en raison de bogues qui
pourront surgir, tandis que dans d'autres cas, ce
sera plus tard. On me parlait du 28
février de l'an 2000, qui ne sera pas une année
bissextile. Même si on franchit le cap de l'an 2000 sans
problème, on pourra connaître des problèmes à la fin de février l'année
suivante. Je pense qu'il est bon de se demander
quelles garanties nous avons comme citoyens.
Je reprends sous un autre angle la question de M. Schmidt. Tout ce qu'on entend dire, c'est qu'il y a des rapports d'étape. Mais plus les membres de notre comité entendent des témoins, plus ils se convainquent que cette question est effectivement importante et complexe. Par exemple, au cours des toutes premières séances de notre comité, certains n'étaient pas du tout convaincus de l'importance de cette question. Je me souviens qu'on ait demandé quelle serait la pire des situations et que le témoin ait répondu qu'il pourrait ne pas y avoir d'électricité, qu'il se pourrait que les ascenseurs ne fonctionnent pas, que les avions ne décollent pas et que nous n'ayons pas nos chèques. Ce n'était là que le début d'une longue énumération.
Alors, quelle garantie avons-nous? Madame la présidente, il est intéressant que M. de Jager soit ici. Tout à l'heure, vous faisiez allusion à M. Chrétien, mais peut-être que ce n'est pas le leader qu'il faut partout. J'ai cru comprendre de votre propos qu'il fallait que les personnes qui ont du leadership dans la société soient en alerte. Je crains que les gouvernements aient peur de ne pas avoir l'air d'avoir pris leurs responsabilités à temps et qu'ils restent en deçà même des évaluations qu'ils ont, pour ne pas alarmer la population.
J'ai appris qu'un grand ministère, profitant de la trêve donnée par la glace, avait décidé de faire un essai et de mettre ses ordinateurs à l'an 2000, assuré que cela allait fonctionner. Mais on s'est retrouvé avec un système qui s'est éteint complètement. On a cherché, cherché et cherché, puis fini par trouver qu'une des puces qui garantissait que les piles étaient toujours suffisantes faisait défaut. On a constaté qu'en l'an 2000, le système ne fonctionnerait pas avec des piles aussi vieilles. La compagnie d'experts-conseils a découvert qu'elle devait changer les puces dans tous ses ordinateurs. Il n'y a pas des ordinateurs qu'au gouvernement. Il y en a partout. Ce n'est qu'un exemple.
La présidente: Madame Lalonde, vous avez une question?
Mme Francine Lalonde: Oui, quelle garantie ai-je comme citoyenne?
[Traduction]
M. Paul Rummell: Encore une fois, nous prenons l'affaire très au sérieux. C'est la raison pour laquelle nous avons formé le groupe de travail de l'an 2000, SOS 2000, caractérisé par un comité d'experts dans le domaine, et je ne sais pas si vous avez vu le rapport...
[Français]
Mme Francine Lalonde: Oui, oui.
[Traduction]
M. Paul Rummell: C'est un comité composé de personnages distingués, certains des principaux dirigeants d'entreprises du Canada. Le comité a été constitué, et d'ailleurs une importante campagne publicitaire a été lancée que M. Manley et le gouvernement ont vigoureusement appuyée, afin de dire aux entreprises canadiennes qu'il fallait s'attaquer au problème le plus tôt possible; en fait, nous avons constaté qu'un très grand nombre d'intervenants étaient sensibles au problème, ce qui est très bien, parce qu'on avait un meilleur taux que dans bien d'autres pays. Quatre-vingt dix-sept pour cent des personnes consultées étaient conscientes du problème; cependant nous voulions nous assurer qu'elles prendraient les mesures appropriées. Nous avons préparé des guides, et le rapport dont j'ai parlé tout à l'heure, afin de les sensibiliser vraiment au problème de l'an 2000.
Encore une fois, je crois que nous devrions être fiers du travail que les fonctionnaires et que le gouvernement fédéral ont accompli en ce qui a trait au problème de l'an 2000. Beaucoup de gens travaillent d'arrache-pied à résoudre ce problème.
• 0945
Je suis également expert conseil auprès du gouvernement
fédéral américain; je fais partie du comité consultatif du General
Accounting Office. Le gouvernement fédéral affecte des ressources
financières et autres à ce problème trois ou quatre fois plus
élevées que celles du gouvernement américain. Nous avons donc
accordé une beaucoup plus grande priorité à ce problème que les
Américains.
Je suis satisfait des efforts que nous avons déployés. Nous ne pouvons garantir que tous les systèmes auront été modifiés en temps, parce qu'il y a trop de variables. Vous, à titre de membres de ce comité, êtes pleinement conscients des variables qui peuvent intervenir dans les infrastructures critiques. Le genre de choses par exemple que nous avons vues lors de la tempête de verglas. Tout cela a fait ressortir le caractère critique des infrastructures dans tout le pays. Nous prenons cependant toutes les mesures possibles pour intervenir de la façon la plus efficace pour protéger le public canadien. Je crois qu'il nous faudrait encourager ceux qui travaillent si fort pour apporter les modifications nécessaires.
La présidente: Monsieur de Jager.
M. Peter de Jager: J'aimerais ajouter quelque chose si vous me le permettez. J'ai demandé une garantie ou une assurance, mais en vain. C'est impossible. Tout ce qu'on peut espérer c'est que l'on concentrera tous les efforts sur les systèmes indispensables à la mission, c'est ce qu'on fait. Les mesures urgentes, bon j'aimerais qu'on fasse de plus grands efforts à cet égard; et qu'on concentre la totalité des ressources de la TI à ce problème.
Par exemple, si notre gouvernement décidait aujourd'hui de se défaire de la TPS, même si je déteste cette taxe, je m'y opposerais carrément. Pourquoi? Parce que cela ajouterait un fardeau de programmation aux problèmes informatiques qui existent déjà. On ne peut pas se le permettre. Je sais que les politiciens n'aiment pas entendre dire que le problème de l'an 2000 est si important qu'aucune politique qui peut avoir un impact sur le système informatique ne peut être adoptée. Mais le fait est que toutes les modifications législatives qui nécessitent des modifications informatiques doivent être reportées. Si on ne le fait pas, c'est un signe très clair que le gouvernement ne comprend pas la gravité du problème.
Il n'existe aucune garantie, aucune assurance que tout ira bien. Tout au mieux, nous ferons tout ce que nous pouvons pour essayer d'apporter les modifications à temps, et cela veut dire qu'il ne sert à rien de demander de respecter des paramètres budgétaires. Je recommanderais, entre autres choses, au gouvernement de se débarrasser immédiatement des règles concernant les achats de l'État pour que les ministères puissent intervenir le plus rapidement possible pour régler ce problème; il faudrait également doubler automatiquement les budgets de chaque ministère qui oeuvre dans le secteur de la technologie de l'information. Permettez à ces gens courageux d'accomplir la tâche qu'on leur a confiée. Laissez-moi vous assurer que le samedi 1er janvier de l'an 2000, vous n'aurez plus le temps de préparer tous les ordinateurs pour le lundi suivant, même si c'est une longue fin de semaine. Il faut agir dès maintenant, il ne faut pas attendre.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur de Jager. Merci, madame Lalonde.
Monsieur Peric.
M. Janko Peric (Cambridge, Lib.): Merci, madame la présidente.
Tout cela est effarant. Monsieur de Jager, dans votre résumé, vous dites qu'il en résultera une incapacité générale de fournir les services essentiels, puis une inévitable recherche de coupables. Ces mises en garde sont inquiétantes. Qu'arrivera-t-il cinq minutes après minuit, en l'an 2000? Nous ferons probablement la fête, nous serons probablement à moitié ivres, et dès que nous serons sobres nous constaterons ce désastre total. Qui sera responsable? Monsieur Westcott, avec qui communiquer? Qui accuser?
La présidente: Monsieur Westcott.
M. Grant Wescott: Il est intéressant de noter que lorsque nous avons organisé une séance d'information pour les ministres et les sous-ministres sur la question, les domaines de responsabilité étaient très clairs. Ils comprenaient tous au point de vue opérationnel quelles étaient leurs responsabilités. Par exemple, le ministre du Développement des ressources humaines est responsable du Régime de pensions du Canada, de l'assurance-emploi, la sécurité de vieillesse et les choses du genre. Les ministres et sous-ministres saisissent bien leurs responsabilités opérationnelles.
Les plans d'urgence dont a parlé M. de Jager sont déjà amorcés. On n'a pas encore consacré suffisamment de ressources aux plans d'urgence, parce que nous ne voulons pas détourner l'attention du problème principal. Mais l'élaboration de plans d'urgence commencera cet automne.
• 0950
Tous nos efforts sont concentrés sur... et c'est simplement un
commentaire général. La date cible générale pour régler ce problème
à l'échelle du gouvernement fédéral est avril prochain. Nous
disposons donc d'un an pour déterminer si tout va bien fonctionner.
Nous avons prévu cette marge de manoeuvre.
Je recommande à votre comité de demander un autre examen à l'automne, parce que le gouvernement fédéral procédera à un examen à ce moment-là. C'est en fait ce qu'on essaie d'accomplir, nous voulons éviter, dans toute la mesure du possible, les surprises. Nous ne pouvons pas donner de garantie, comme l'a signalé M. de Jager, mais les ministres, les sous-ministres et les fonctionnaires sont conscients du problème.
M. Janko Peric: Qu'aurez-vous accompli à l'automne?
M. Grant Westcott: À l'automne, les principaux ministères comme Revenu Canada, section de l'impôt, pourront vous dire qu'ils ont terminé leur conversion de codes, fait leurs essais, et sont en train d'apporter les derniers ajustements. Ce ministère pourrait à ce moment-là vous dire avec une certaine assurance qu'il a identifié les problèmes, les a réglés, a converti le code, mis tout mis à l'essai et s'est assuré que le problème était réglé.
Ils devraient pouvoir vous garantir que le problème n'existe plus... mais la situation diffère selon les ministères. Par exemple, Revenu Canada et Statistique Canada sont les plus avancés à cet égard, et il s'agit là des ministères qui peuvent vous donner le genre de garantie que vous demandez.
M. Janko Peric: J'aimerais poser une dernière question, madame la présidente.
Monsieur de Jager, que changeriez-vous?
M. Peter de Jager: Je suis bien satisfait de nombre de recommandations qui ont été formulées et nombre de choses que font actuellement les ministères. Le problème c'est qu'ils font cavalier seul. Vous demandez sans cesse qu'on vous rassure, qu'on vous donne des garanties, mais vous ne leur donnez pas les outils nécessaires pour qu'ils fassent avancer le dossier plus rapidement.
Je m'inquiète tout particulièrement de ceux qui font partie du 16 p. 100 en ce qui a trait au respect des délais. Supposons que tous ces ministères, grâce à des efforts extraordinaires, peuvent accroître de 200 p. 100 leur ponctualité en matière de productivité et assurer une augmentation de 48 p. 100 du taux de respect des délais. Le fait demeure que 52 p. 100 des petits projets ne seront pas conclus à temps.
Ce n'est pas parce que nous nous attaquons à ce problème que nous réglerons tout à temps. Lorsque nous disons qu'il faut concentrer nos efforts sur les systèmes indispensables à la mission, cela veut dire qu'on fait cela à l'exclusion de toute autre chose.
Je vais vous citer un cas précis en exemple. Si le gouvernement canadien a l'intention de se procurer un produit comme Windows 98 cette année, n'y pensez pas. Windows 98 n'a absolument rien à voir avec le projet de l'an 2000. Ce logiciel n'a rien à avoir avec l'habilité des systèmes actuels de survivre. Ne vous procurez pas ce logiciel.
Et cela vaut pour tous les autres projets TI. Ainsi, si un projet ne touche pas un système indispensable à la mission, s'il n'est pas associé avec le projet de rénovation de l'an 2000, annulez tout immédiatement, sans hésiter. Vous avez besoin de ces ressources pour d'autres projets. Si nous offrons des services qui ne sont pas indispensables à la mission, annulez-les, défaites-vous-en.
Encore une fois, je serai précis. Ce n'est peut-être pas un bon exemple. Si les permis de conduire font partie du mandat fédéral, et que le système est en panne, bon il est en panne un point c'est tout. Alors aucun canadien ne disposera d'un permis de conduire. Vous ne pouvez pas vous permettre d'affecter des ressources à ce système alors que les programmes de sécurité de vieillesse ne fonctionnent pas. C'est le genre de décision difficile qu'il faut prendre.
Je dois ajouter quelque chose. Je ne crois pas que le gouvernement canadien ait le courage de prendre ces décisions maintenant, au moment même où elles pourraient être efficaces. Mais en l'an 2000, tout le monde dira «on aurait pu faire ceci on aurait pu faire cela!». Il sera trop tard.
Vous demandez qui sera responsable en l'an 2000. Ce n'est pas la bonne question. Il faut plutôt demander que faisons-nous aujourd'hui pour garantir que les systèmes d'infrastructure seront disponibles? C'est le défi qu'il nous faut relever.
Aucune de ces décisions n'est facile à prendre. Personne ne voudra le faire. Elles changeront la nature de la politique canadienne et du système décisionnaire canadien. Ce sera cette solution ou vos systèmes critiques ne seront pas disponibles à temps. Le temps est venu de choisir.
M. Janko Peric: Merci.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Peric. Monsieur Jones.
M. Jim Jones (Markham, PC): Vous avez dit que vous aviez terminé 44 p. 100 de vos travaux. Qui vérifie pour s'assurer qu'il n'y a pas de lacunes dans ces travaux terminés? Et quels sont ces travaux qui ont été terminés? Pouvez-vous nommer les systèmes ou les ministères?
M. Paul Rummell: Je n'ai pas ces chiffres à portée de la main. Nous avons 84 ministères et organismes fédéraux. La liste est donc très longue.
C'est nous, les représentants du Conseil du Trésor, qui vérifions. Nous avons une équipe d'examen indépendante qui vérifie...
M. Jim Jones: Mais il s'agit quand même d'une équipe du gouvernement.
M. Paul Rummell: C'est exact.
Cette équipe a pour objet d'assurer une vérification indépendante pour les ministères. Nous collaborons avec les ministères. Nous cherchons à régler des problèmes. De plus, nous offrons également un système de vérification et d'examen des progrès effectués. C'est une simple façon de vérifier afin de s'assurer que les mesures appropriées ont été prises.
C'est là un des rôles que nous jouons en assurant une certaine coordination de ce projet. Si les ministères ou organismes ne disposent pas des ressources nécessaires ou qu'ils accusent un certain retard, nous les aidons à rattraper le temps perdu.
C'est le rôle que nous jouons. Nous essayons d'être relativement plus stricts quand nous vérifions pour être certains que nos ministères respectent bien le programme établi.
M. Jim Jones: La conversion est actuellement faite dans quels systèmes et dans quels ministères?
M. Paul Rummell: Aucun des projets de conversion ne sera terminé avant que nous n'ayons atteint les dates pour les échecs ou pannes possibles, parce qu'il est impossible de faire suffisamment d'essais pour régler le problème de l'an 2000.
M. Jim Jones: Vous avez dit que dans 44 p. 100 des cas les travaux étaient terminés. Est-ce que cela veut dire que tout le monde a effectué 44 p. 100 des travaux ou que 44 p. 100 des 85 ministères ont terminé leurs travaux?
M. Paul Rummell: En moyenne 44 p. 100 du travail a été effectué. Je parlais de la moyenne.
Certains ministères ont une longueur d'avance sur d'autres. Certains petits ministères et organismes ont pratiquement terminé leurs travaux, et c'est parfait. Cependant il y en a d'autres... Revenu Canada a fait un travail absolument exemplaire. DRHC, pour les programmes sociaux, va bon train. On fait du très très bon travail à ce niveau-là.
Certains autres ministères accusaient un certain retard. Environnement Canada par exemple, mais il a rattrapé le temps perdu maintenant. En fait Environnement Canada a remarquablement bien géré les travaux de conversion.
Il s'agit d'un processus de gestion, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour bien le gérer. Encore une fois, si quelqu'un a quelque chose à proposer... C'est nous qui faisons le travail. Nous assurons la ressource. Nous assurons la coordination. C'est nous qui devons assurer les services au public. Si les députés ont des commentaires positifs à faire qui pourraient nous aider à mieux nous acquitter de notre tâche, j'espère qu'ils n'hésiteront pas à les faire. Cela est important pour tous les Canadiens. S'il y a des suggestions qui nous permettraient de mieux accomplir notre travail, nous serons très heureux de les entendre.
M. Jim Jones: Mais pour les ministères qui ont terminé, je sais que vous avez dit qu'il y avait un organisme indépendant, mais s'agit-il d'un groupe vraiment indépendant, semblable un peu au Bureau du vérificateur général ou un bureau de l'extérieur, qui peut venir vérifier que tout ce qui devait être fait a été accompli et nous garantir vraiment que tout ira bien?
M. Peter de Jager: Rechercher une garantie de 100 p. 100 c'est un peu comme si vous recherchiez le Saint-Grale. Ça ne se produira pas. Le 1er janvier de l'an 2000, vous découvrirez si vous avez tout fait.
Il y a des défectuosités dans les logiciels. On a démontré dans les universités qu'il est impossible de prouver qu'un programme n'a aucun virus. Si vous demandez à quelqu'un de garantir que tout a été fait, qu'il n'y a aucun problème, vous ne recevez pas la réponse que vous cherchez. Je suis désolé mais il n'y a aucune garantie.
M. Jim Jones: Je crois que lorsqu'on est trop prêt du problème, souvent des choses échappent. D'autres doivent donc étudier la question de façon vraiment objective. Si dans cette vérification on ne trouve rien qui cloche, je dirais que vous êtes prêts pour l'an 2000.
M. Paul Rummell: L'équipe d'examen Braiter-Westcott... Grant Westcott vient du ministère de la Justice, et Hy Braiter est un sous-ministre adjoint au DRHC, du secteur exécution des programmes. Ils ont procédé à un examen des ministères qui s'occupaient des systèmes indispensables à la mission. Quant à l'objet de cet examen, c'était simplement d'assurer de façon semi-indépendante une évaluation indépendante. C'est pourquoi ils sont ici.
La présidente: Monsieur Westcott, voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Grant Westcott: J'essayerai de communiquer au comité mon point de vue.
Le gouvernement s'occupe beaucoup de gestion du changement. Nous apportons sans cesse des modifications. Chaque année, environ 30 p. 100 du code utilisé à Revenu Canada, section impôt, est modifié, parce que beaucoup de modifications sont apportées à la politique fiscale.
À certains égards, l'an 2000 est perçu comme un événement unique, mais en fait, les organisations gouvernementales ayant un volet de TI très important sont habituées à composer avec des changements importants. À certains égards, nous pouvons comprendre qu'il existe un problème; il faut l'analyser, comprendre ce qu'il faut faire pour régler le problème, et mettre le tout à l'essai pour voir si l'objectif visé a été atteint. Les essais sont un élément essentiel de ce que nous faisons. Chaque fois que nous changeons tous ces programmes, il nous faut suivre un processus rigoureux pour nous assurer que tout fonctionne bien.
Je suis d'accord avec M. de Jager qui signale que nous avons probablement sous-estimé les efforts qu'il faudra déployer pour faire ces essais. Nous connaissons le processus, donc ce n'est rien de nouveau, tout particulièrement dans les grands ministères comme Revenu Canada et DRHC, parce que ces ministères sont habitués à ce genre de choses. Il y a deux ans Ressources humaines a apporté des modifications importantes au Régime de pensions du Canada. Il a fallu que ce ministère réétudie tout le code, apporte les modifications, fasse des essais et puis mette tout en vigueur. Ces choses ont été faites et tout a très bien fonctionné.
Un autre exemple serait la tempête de verglas. Les membres du comité savent peut-être qu'aucun de nos principaux systèmes n'est tombé en panne pendant toute cette période. Alors que partout dans la région, il y avait des pannes d'infrastructures, les principaux centres de données ont continué à fonctionner. Nous n'avons pas raté un seul versement pendant cette période, car le gouvernement a l'habitude de fonctionner en période difficile. Nous avons des plans d'urgence, des plans antisinistres, de l'équipement auxiliaire sur place en prévision de ce genre de choses.
Évidemment, je ne tente pas de vous donner une garantie, car comme l'a souligné M. de Jager, c'est impossible, mais à bien des égards, nous avons atteint un haut niveau de maturité face à ce genre de problème, parce que nous fonctionnons ainsi presque automatiquement. Cela ne signifie pas que l'an 2000 est une situation normale, mais j'essaie de vous faire comprendre que nous sommes conscients du problème, que nous savons comment nous y prendre, et que nous allons parvenir au but.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Jones.
Monsieur Bellemare, if you please.
M. Eugène Bellemare (Carleton—Gloucester, Lib.): Thank you, Madam Chair.
Si je comprends bien, M. de Jager a laissé entendre que dans 16 p. 100 des cas, les contrats du gouvernement ne sont pas terminés en temps. Est-ce bien 16 p. 100?
M. Peter de Jager: Ce n'est pas moi qui ai dit 16 p. 100. Ce chiffre est tiré du rapport du vérificateur général qui a été présenté à votre comité au cours des deux derniers mois.
M. Eugène Bellemare: Madame la présidente, le 11 mars, le Financial Post publiait un article sur la façon dont le gouvernement s'y prend pour régler ce problème particulier. On y disait que pour préparer tous les systèmes fédéraux à l'an 2000, il en coûtera environ 1 milliard de dollars. Or à écouter M. de Jager attentivement, on en vient à la conclusion que d'après lui, on sous-estime les coûts.
Toutefois, on prévoit accorder des marchés de service de 500 millions de dollars au secteur privé. Jusqu'à présent, on a accordé des contrats d'une valeur d'environ 150 millions de dollars. L'écart semble considérable. Si on revient à ce que disait M. de Jager a savoir que nous sous-estimons probablement le coût à 1 million de dollars, le fait que sur 500 millions de dollars de contrats, on n'en ait accordé que pour 150 millions de dollars, alors que l'échéance se rapproche, me porte à me demander si cette nouvelle est erronée ou si nous devons nous inquiéter de la situation.
M. Paul Rummell: Non, non. C'est simplement qu'il faut, je suppose, tenir compte d'un grand nombre de facteurs ce qui n'a probablement pas été fait. Je pense que nous avons accordé des contrats d'une grande valeur avant ce dernier contrat de 100 millions de dollars. Je n'ai pas les chiffres exacts, mais jusqu'à 150 millions de dollars de contrats ont été accordés avant celui-ci, en plus du travail des fonctionnaires qui travaillent sur ce projet depuis très longtemps.
• 1005
En outre, il y a ce marché de services de 100 millions de
dollars. En fait, il s'agit d'une garantie. Le travail peut
dépasser largement ce montant garanti. Nous voulions simplement
nous assurer que le gouvernement fédéral canadien pourrait faire
appel à des entrepreneurs car il y a une grande concurrence pour
les ressources spécialisées et nous voulions nous assurer qu'elles
étaient disponibles et non pas utilisées ailleurs, car la demande
est très élevée pour les informaticiens.
Il ne faut pas oublier que ce chiffre inclut les ressources internes qui travaillent à la solution de ce problème ainsi que les coûts de logiciels et d'équipement supplémentaire. Ces sommes sont donc réparties dans bien des domaines.
M. Grant Westcott: Je veux simplement reconfirmer que le contrat d'hier a été accordé à sept entreprises. Nous garantissons du travail d'une valeur de 100 millions de dollars à ces entreprises pour qu'elles restent ici car il y a énormément de concurrence, surtout en provenance des États-Unis où l'on tente d'attirer des Canadiens. Donc les responsables au Conseil du Trésor ont estimé judicieux d'offrir une garantie de façon à pouvoir faire appel à ces entreprises. Toutefois, la valeur maximale réelle du contrat peut atteindre 1 milliard de dollars sur les deux prochaines années. Je pense que c'est bien le chiffre.
M. Eugène Bellemare: Comme député qui représente un grand nombre de fonctionnaires, j'ai été très fier de vous entendre dire que vous fassiez partie du groupe de travail mis sur pied par le gouvernement américain. Pourquoi nous a-t-on choisis pour en faire partie?
M. Paul Rummell: Je suppose que l'on considère le gouvernement canadien comme à l'avant-garde dans l'utilisation de la technologie de l'information. Nous sommes considérés un des chefs de file dans ce domaine et on voulait réunir les représentants de quelques pays afin de conseiller le gouvernement américain et peut-être atteindre certaines des normes que nous avons établies au Canada.
M. Eugène Bellemare: S'agissait-il d'une réunion unique d'un jour?
M. Paul Rummell: Non, c'est un événement trimestriel. Je vais rencontrer les autres membres dans une semaine, sur l'an 2000, ce qui devrait être amusant.
M. Eugène Bellemare: Avons-nous mis sur pied une équipe de travail analogue regroupant tous les gouvernements provinciaux avec le gouvernement fédéral?
M. Paul Rummell: Merci de me le demander. Nous avons tenu des réunions afin de discuter la coordination de nos efforts concernant l'an 2000. Il y a un groupe spécial qui réunit les représentants des gouvernements provinciaux sur la conversion à l'an 2000.
Hier, s'est terminée une réunion d'une journée et demie avec les principaux agents d'information des 10 provinces et des deux territoires et l'un des principaux points à l'ordre du jour était justement la coordination de nos efforts en vue de nous préparer pour l'an 2000.
M. Eugène Bellemare: Que pensez-vous de l'idée avancée par M. de Jager que le gouvernement devrait abandonner son règlement concernant les achats?
M. Paul Rummell: Nous allons songer à prendre des mesures d'urgence lorsqu'il le faut pour certains ministères, mais les règlements concernant les achats existent pour d'importantes raisons d'égalité et de justice dans l'achat d'équipement. Il y a également des règlements concernant le commerce que nous devons respecter donc il faudrait pour suspendre l'application entreprendre des recherches très approfondies. Cela m'inquiéterait beaucoup.
Nous prendrons les mesures qui s'imposent.
M. Eugène Bellemare: En ce qui a trait aux règlements concernant les achats, le revers de la médaille veut qu'un grand nombre d'entreprises ont obtenu des contrats du gouvernement fédéral. Avons-nous stipulé dans ces contrats qu'il faut que si l'entreprise elle-même n'est pas prête pour l'an 2000...? Ce sont ces entreprises qui pourraient éprouver des difficultés, n'est-ce pas?
M. Paul Rummell: Nous avons mené un examen de conformité. Nous avons mené un sondage auprès de 5 000 vendeurs. Il nous ont fait état de leur conformité. Cette liste est plutôt longue, mais nous l'avons publiée sur notre site Intranet au gouvernement. Nous effectuons actuellement un sondage auprès de 5 000 autres vendeurs pour déterminer si leurs produits sont prêts pour l'an 2000. Nous avons commencer cet exercice il y a déjà un certain temps, car ce genre de sondage est très long à mener.
M. Eugène Bellemare: Mais les vendeurs pourraient dire: «Oui, certainement, bien sûr, bien sûr». Avez-vous prévu des sanctions si bien qu'en l'absence de conformité ils seront rayés de la liste?
M. Paul Rummell: Nous voulons encourager les vendeurs à aller le plus vite possible et à se préparer également pour l'an 2000 et donc il nous faut faire très attention puisque nous avons également l'obligation d'appuyer l'industrie canadienne. Il y a donc un équilibre délicat à maintenir.
M. Eugène Bellemare: Merci.
La présidente: Merci, monsieur Bellemare
Monsieur Schmidt, je vous en prie.
M. Werner Schmidt: Merci, madame la présidente. Je suis très heureux que nous puissions nous sentir fiers. Je partage l'opinion de M. Bellemare sur notre fonction publique.
Je pense que vous avez raison d'être fier aussi, mais là n'est pas la question. La question est de savoir si nous serons ou non prêts.
M. Westcott et M. de Jager ont fait valoir que nous ne disposons pas d'essais adéquats pour garantir que nous serons prêts. Il est intéressant que nous puissions effectuer des essais. Vous avez dit que nous pouvions entreprendre ces essais et nous assurer que nous sommes prêts au ministère des Finances, que nous pouvons modifier les codes du RPC, etc. Toutefois, M. de Jager fait également valoir que nous ne pouvons pas effectuer les essais.
Les banquiers vous ont précédé. Nous leur avons demandé si la nuit du 31 décembre 1999, les banques seraient prises d'assaut. Ils ont répondu que non, qu'ils étaient absolument prêts, et qu'il n'y avait rien à craindre.
Comment peuvent-ils en être certains alors que M. de Jager nous dit que nous ne pouvons pas en être assurés? Ça ne va pas. Comment pouvons-nous vérifier que nous sommes prêts à ce point-ci ou à ce point-là, que nous sommes parfaitement prêts ou pas du tout? Que se passe-t-il?
M. Peter de Jager: J'aimerais préciser. Lorsque j'ai dit que nous ne pouvions pas donner de garantie absolue, je ne parlais d'aucun ministère ni organisme précis. En fait, dans le secteur de l'informatique, on ne peut mettre un logiciel à l'essai suffisamment pour donner une garantie signée ni jurer que le logiciel ne tombera pas en panne. Voilà ce que je voulais dire.
Lorsque les banquiers vous disent être prêts, ils sont incroyablement optimistes et avec beaucoup de bonnes raisons, à vrai dire. Surtout au Canada, nos banques et notre secteur financier ont fait plus d'efforts à ce sujet que tout autre secteur industriel. Ils ont raison d'en être fiers. Ils croient que leurs systèmes indispensables à la mission seront prêts. Je le répète, ils font des efforts énormes pour s'en assurer.
Toutefois, lorsqu'ils vous disent que tout sera prêt, qu'il n'y aura aucun problème, pour reprendre une expression que j'utilise très souvent dans ce contexte, ils sont d'un optimisme déraisonnable. Ils ne peuvent pas vous donner cette garantie tout comme je ne saurais vous promettre que lorsque je quitterai cet immeuble, je ne serai pas renversé par un camion. Cela pourrait se produire.
M. Werner Schmidt: Je ne pense pas que cette comparaison soit très juste, car on parle là de tout autre chose.
M. Peter de Jager: Comme c'est le cas des problèmes informatiques. Lorsqu'on modifie un système informatique, pour chaque mille changements, vous introduisez huit nouvelles erreurs. Jusqu'au dernier essai, vous ne savez pas si vous avez rattrapé toutes les erreurs. La norme dans l'industrie, c'est que lors de sa mise en production, tout nouveau logiciel tombera en panne.
M. Werner Schmidt: Très bien, vous avez utilisé une expression très importante, «dernier essai». Ne peut-on faire une simulation qui comprenne l'examen final?
M. Peter de Jager: Pas à 100 p. 100. En l'occurrence, il faudrait que la terre entière passe au 1er janvier 2000, et ensuite produire des données. Il n'est pas possible d'exécuter une simulation finale dans ce projet.
M. Werner Schmidt: Très bien. Cela m'amène à une deuxième question: Quel est le plan d'urgence du gouvernement du Canada? J'aime bien entendre dire que nous sommes les chefs de file de la technologie de l'information. C'est merveilleux. Que se passera-t-il si les autres pays ne sont pas prêts? Nous faisons partie d'un réseau global et nous ne saurions fermer les yeux sur l'état de préparation des autres nations et des autres entreprises qui oeuvrent à l'échelle de la planète.
La présidente: Monsieur Rummell.
M. Paul Rummell: C'est un autre sujet à l'ordre du jour. Nous préparons des plans d'urgence pour les affaires étrangères afin de faire face à la situation dans divers pays étrangers qui ne seront pas aussi bien préparés que le Canada. Nous voulons nous assurer que nos fonctionnaires ont ce qu'il faut et sont en sécurité. Nous voulons nous assurer que nos citoyens à l'étranger qui fêteront le millénaire sont également en sécurité et donc nous préparons les plans appropriés. J'ai eu l'occasion de revoir ces plans et les choses avancent très bien. Il s'agit d'excellents plans, nous avons pris la situation très au sérieux.
Nous avons en place actuellement d'excellents plans d'urgence en ce qui concerne l'exploitation de nos systèmes. Nous avons dû mettre à l'épreuve plusieurs de ces plans d'urgence pendant la tempête de verglas et avons pu déplacer nombre de nos activités à des installations de rechange. Nous avons pu fonctionner avec des génératrices au gazole. Nous avons maintenu en service notre centre de prévisions météorologiques à Montréal malgré la panne de courant. Nous avons un super ordinateur à Montréal qui nous aide à prédire la météo que nous avons pu continuer à faire fonctionner pendant la tempête de verglas. Nous possédons des plans d'urgence, mais nous en élaborerons d'autres au cours de la prochaine année et demie pour faire face à ce problème.
Comme l'a dit M. de Jager, ce problème est tout à fait unique. Sa portée dépasse largement tout ce que j'ai pu voir au cours de mes quelques décennies dans le secteur de l'informatique. Il nous faudra élaborer des plans d'urgence spéciaux afin de faire face à un problème d'une telle portée. Je dis toujours qu'il vaut mieux se préparer pour un ouragan et le voir passer à côté de l'île que de ne pas avoir de plans d'urgence. Voilà ce que nous espérons, mais nous aurons néanmoins en place ce qu'il faut.
J'espère que cela répond à votre question.
M. Werner Schmidt: En partie.
La présidente: Merci, monsieur Schmidt. Monsieur Ianno.
M. Tony Ianno (Trinity—Spadina, Lib.): J'ai été surpris, monsieur Rummell, de vous entendre dire que la moyenne, c'est 44 p. 100 et que certains petits ministères ont terminé leur conversion. Que va-t-il se passer dans le cas des employés du secteur de la technologie de l'information qui ont terminé leur tâche? Va-t-on les muter à un autre secteur où les travaux ne sont pas encore terminés?
M. Paul Rummell: Nous avons décidé de ne pas pénaliser les ministères qui termineraient tôt. Nous voulons qu'il leur soit possible de revenir à leurs fonctions habituelles, c'est-à-dire les modifications législatives, les changements à la réglementation et le service à leurs utilisateurs. Nous avons en place des plans d'urgence, si bien que si nous manquons de ressources pour les travaux critiques, nous réaffecterons nos ressources selon les besoins. Je ne pense pas que nous en soyons encore là. Mais c'est toujours une possibilité.
M. Tony Ianno: Vous êtes responsable de dresser l'inventaire et de décider de la moyenne et de juger quels ministères sont indispensables à la mission comme l'a dit M. de Jager. C'est vous qui déterminez que tel ou tel projet est prioritaire.
M. Paul Rummell: Ce sont les sous-ministres qui sont responsables des ministères et qui assument la responsabilité de mettre leurs systèmes en état, mais nous avons participé à l'identification des systèmes qui à notre avis étaient les plus critiques.
M. Tony Ianno: J'aimerais examiner cette question en deux temps. Revenons à ma question initiale. Qui a la responsabilité de déterminer quel ministère est plus critique qu'un autre?
M. Paul Rummell: Nous avons fait cette démarche initiale, confirmée ensuite par le rapport Braiter-Westcott.
M. Tony Ianno: Je suis un peu préoccupé par votre première réponse, à savoir que vous ne voulez pas pénaliser les ministères. Vous avez parlé de dépenser 100 millions de dollars pour garder ici sept entreprises, et pourtant, au lieu de récompenser, d'une façon ou d'une autre, ceux qui ont terminé, et de les faire ensuite participer aux travaux critiques identifiés dans le rapport Westcott, vous les laisser travailler à autre chose que ce soit critique ou non, sans considération du temps perdu.
M. Paul Rummell: Je le répète, je pense que nous avançons les travaux tel que prévu.
M. Tony Ianno: Je le comprends.
M. Paul Rummell: Les résultats jusqu'à maintenant sont acceptables en ce qui concerne les systèmes les plus importants pour nos activités quotidiennes.
M. Tony Ianno: Avez-vous élaboré un chemin critique afin de déterminer que d'ici la fin avril, vous voulez avoir terminé 68 p. 100 des travaux, que d'ici la fin juin, vous voulez en être à 90 p. 100? Quels sont vos chiffres, et à partir de quel moment allez-vous commencer à vous sentir nerveux?
M. Paul Rummell: Chaque jour qui passe nous rend un peu plus nerveux. Cette question ne nous a jamais laissés en paix.
M. Tony Ianno: Vous êtes peut-être nerveux, mais il reste que certains ont terminé leur travail et qu'ils s'occupent actuellement de choses qui ne sont pas essentielles; qui a la responsabilité de veiller à ce que les ressources soient employées là où elles sont le plus indispensables, de façon à calmer toute cette nervosité?
M. Paul Rummell: Actuellement... Grant Westcott et Hy Braiter ont rencontré les sous-ministres des ministères qui ont des systèmes indispensables à la mission et leur ont fait des recommandations. Certains d'entre eux sont plus en retard que nous ne le souhaiterions et devront redoubler leurs efforts.
M. Tony Ianno: Monsieur Westcott, avant de vous laisser répondre, pourriez-vous me dire finalement...
La présidente: Monsieur Ianno...
M. Tony Ianno: Je voudrais simplement ajouter une mise en garde.
La présidente: D'accord.
M. Tony Ianno: Qui est responsable actuellement?
M. Grant Westcott: Voulez-vous répondre, Paul?
M. Paul Rummell: Non, allez-y.
M. Grant Westcott: Les sous-ministres et les ministres se sont mis d'accord pour considérer que si certains ministères se retrouvent en sérieuses difficultés au printemps prochain, on appliquera la notion de triage, qui est celle dont vous avez parlé, pour faire passer des ressources d'un ministère à un autre.
Si vous voulez avoir le fin mot de l'histoire, ce sera indiscutablement une décision du Cabinet, puisqu'il y va des responsabilités ministérielles, et elle aura lieu au printemps prochain si l'on constate, lors de la prochaine vérification de la situation, qu'il y a des ministères, par exemple, qui...
M. Eugène Bellemare: Le printemps de cette année?
M. Grant Westcott: Non, de l'année prochaine.
M. Tony Ianno: Qui est responsable aujourd'hui?
M. Grant Westcott: Je pensais...
M. Tony Ianno: Vous avez répondu que le Cabinet va se réunir pour en discuter. Vous êtes en communications avec les ministres. Tout le monde est en discussion, mais j'aimerais savoir qui est ultimement responsable.
Une voix: Qui s'en occupe?
M. Tony Ianno: Quel ministre? Quel sous-ministre?
M. Grant Westcott: C'est une responsabilité partagée. Je crois que M. de Jager a essayé de répondre, et je vais moi aussi essayer encore une fois.
Chaque ministre a des responsabilités opérationnelles, et nous les renforçons. Mais quand il s'agit de redéployer des ressources d'un ministère à un autre, il faut une discussion d'un comité, il faut donc qu'un ministre accepte de prendre des ressources de son secteur opérationnel pour les faire passer à un autre ministère. C'est la formule que nous essayons de...
M. Tony Ianno: Mais quelque part, quelqu'un...
La présidente: C'est votre dernière question, monsieur Ianno.
M. Tony Ianno: Excusez-moi. Merci.
Quelqu'un tient un inventaire.
M. Grant Westcott: C'est exact.
M. Tony Ianno: La personne en question fait des appréciations.
M. Grant Westcott: Bien sûr.
M. Tony Ianno: À ce moment-là, quelqu'un reçoit l'information correspondante, et si vous parlez d'un ministre qui sera responsable du problème de l'an 2000...
M. Grant Westcott: Non.
M. Tony Ianno: D'accord, mais si vous ne parlez pas du sous-ministre responsable de l'an 2000, puisque tout le monde en est responsable, je voudrais vous demander s'il n'y a pas une faiblesse dans le système d'attribution des responsabilités.
M. Paul Rummell: Je pense que les sous-ministres et les ministres responsables des différents services dans l'ensemble du secteur public s'occupent des réparations à effectuer dans leur ministère et ils s'occupent très efficacement de cette question. Voilà pour les responsabilités.
M. Tony Ianno: Si je comprends bien, il n'y a personne en particulier qui prétende que vous êtes à 80 p. 100...
La présidente: Monsieur Ianno, le témoin a dit très clairement que les sous-ministres et les ministres sont responsables des activités dans leur ministère. Je pense qu'on a répondu à la question.
[Français]
Monsieur Dubé, c'est à vous.
M. Antoine Dubé (Lévis, BQ): Avant de poser des questions aux intervenants, j'aimerais vous poser une question, monsieur le président. Est-ce par hasard que les organisateurs de la réunion ont convoqué M. de Jager et les fonctionnaires du ministère à la même séance ou si c'était intentionnel?
[Traduction]
La présidente: En fait, on l'a appris par accident. Initialement, nous avions invité deux sociétés à comparaître avec le ministère. C'est ainsi que les choses se sont présentées. Nous avons toujours des tables rondes avec toutes sortes de gens. Je ne vois pas de problème sur ce point.
[Français]
M. Antoine Dubé: C'est un peu dommage, parce que si cela avait été le contraire, je vous en aurais félicité. Bien que je ne sois pas un expert dans ce domaine-là, il me semble que c'est une bonne idée d'inviter à la fois quelqu'un qui se préoccupe de cette question depuis le début et les fonctionnaires du ministère. Je vais lui réserver ma dernière question.
De nombreuses questions ont été soulevées quant aux dates. On parle d'une certaine échéance le printemps prochain, au moment où tous les ministères devraient être prêts, et d'une date butoir où l'on pourrait faire faire un test à tous les ministères en même temps, même si le vrai test aura lieu le 1er janvier de l'an 2000. Quelle devrait normalement être cette date butoir précise où l'on s'assurera d'être prêt?
[Traduction]
M. Paul Rummell: L'an 2000 pose un problème scientifique intéressant. Il y a toute une série de dates qui risquent de provoquer des pannes et dont nous avons été informés. Par exemple, il pourrait y avoir des problèmes avec le système de positionnement global, ou le système de localisation par satellite, en août 1999. Ce n'est pas vraiment un problème relatif à l'an 2000. C'est un problème de conception du système. Nous connaissons la date.
Il y a un autre problème—et encore une fois, je ne voudrais pas entrer dans les détails trop techniques... Autrefois, les logiciels utilisaient une technique en vertu de laquelle tous les chiffres 9 des dates apparaissaient dans un champ numérique. Cela signifie «fin du dossier». Nous pourrions donc avoir un problème dès le 9 septembre 1999, ou dès que cette information apparaîtra dans les ordinateurs.
On aurait donc tort de se préoccuper uniquement du 1er janvier 2000. Nous recherchons les dates de pannes éventuelles pour faire les préparatifs nécessaires afin de prévenir ces pannes, qui pourraient se produire avant l'an 2000.
[Français]
M. Antoine Dubé: Ce n'est peut-être pas toujours facile de communiquer dans les deux langues et ce n'est pas tout à fait ma question. Vous avez mentionné plusieurs systèmes. Afin que l'ensemble des ministères soient prêts, quelle est la date butoir de la fin de votre planification? Je ne vous demande pas la date à laquelle on prévoit des problèmes, mais la date de planification des travaux.
[Traduction]
M. Paul Rummell: La planification du travail est terminée et tous les ministères ont commencé à prendre des mesures correctives. La planification est terminée et les opérations de conversion et d'essai en sont à différents stades d'avancement.
La présidente: Monsieur Westcott.
M. Grant Westcott: La date limite est le 1er avril de l'année prochaine. C'est l'objectif que visent la plupart des ministères, de façon à bénéficier d'une marge de neuf mois en cas de problèmes. Il y en aura. Nous le savons.
[Français]
M. Antoine Dubé: Merci. Ma prochaine question pourra vous paraître très naïve. Vous êtes un expert en informatique. Comment se fait-il que ce problème de l'an 2000, dont on semble avoir pris conscience il y a une dizaine d'années, se pose? Il m'apparaît invraisemblable que ceux qui ont développé des programmations et des logiciels n'aient pas prévu cela. Comment expliquez-vous cela?
[Traduction]
M. Peter de Jager: L'explication est bien simple. À la demande des gestionnaires, on a décidé d'indiquer l'année par deux chiffres pour gagner du temps et de l'argent. Au moment de la programmation, des programmeurs ont dit: «Regardez, il y aurait ici la possibilité d'économiser de l'argent. Il est inutile d'augmenter la mémoire des ordinateurs si l'on utilise seulement deux chiffres. On économisera aussi une frappe». Les gestionnaires optent toujours pour les gains financiers à court terme. Ils ont retenu cette solution. Les programmeurs ont dit que ça ne marcherait plus en l'an 2000, et les gestionnaires ont dit: «Vous êtes les programmeurs. Nous sommes responsables du budget. Faites comme nous disons, non pas comme vous pensez».
Des voix: Oh, oh!
M. Peter de Jager: Les programmeurs ne sont pas des professionnels; des professionnels n'auraient pas permis à des gestionnaires de prendre de telles décisions. Les programmeurs ont accepté, en se disant... il faut bien comprendre comment fonctionne l'informatique. C'est une industrie très jeune, qui fait des découvertes au fur et à mesure de sa progression. Les informaticiens hésitent parfois à en convenir, à cause de la mystique de l'informatique, mais il est un fait que l'on découvre certaines choses à mesure qu'on progresse.
Les programmeurs se sont donc dit que les programmes qu'ils étaient en train de faire ne fonctionneraient plus en l'an 2000, et qu'ils allaient sans doute être remplacés dans l'intervalle. Ils se disaient que les systèmes seraient remplacés ou améliorés.
Malheureusement, en réalité, cette idée du remplacement tous les cinq ou sept ans, est fausse.
On utilise dans le secteur public des logiciels qui ont plus de 30 ans. La réalité est étonnante et paradoxale, ce qui fait qu'on a parfois du mal à l'accepter: on a fait des programmes bien meilleurs qu'on ne le pensait, qui ont duré beaucoup plus longtemps que prévu. En un sens, on a fait mieux qu'on ne pensait, mais le problème c'est qu'en gardant les mêmes programmes, on s'est retrouvé face à un danger potentiel.
Si vous me le permettez, j'aimerais faire un commentaire concernant une question antérieure.
La présidente: Bien sûr.
M. Peter de Jager: C'est là que je cesse de partager le point de vue de mes honorables collègues. Ils se sont fixé le délai du 1er avril 1999. Je crains qu'ils ne se préparent sans le savoir un bien mauvais poisson d'avril. Nos points de vue sont diamétralement opposés. Le délai ultime de la réalisation de ce projet doit être l'apparition des prochains sapins de Noël, c'est-à-dire décembre de cette année. Tous les délais de 1999 sont inacceptables, car la plupart des logiciels vont commencer à tomber en panne le 1er janvier 1999.
On a tort de fixer des délais en 1999. Lorsque les ordinateurs vont commencer à tomber en panne... Ce sont des systèmes opérationnels. Il faut réparer un système opérationnel lorsqu'il tombe en panne, et on va devoir affecter à des problèmes opérationnels nos meilleurs spécialistes qui travaillaient au projet de conversion, ce qui va nous obliger à repousser encore les délais de 1999, si bien que les problèmes vont commencer à s'accumuler. Le délai absolu de fin de cette opération est décembre 1998, et nous avons sur ce point un désaccord sur lequel aucun compromis n'est possible.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur de Jager.
Monsieur Lastewka.
M. Walt Lastewka: J'aurai encore quelques questions à poser.
Je suis heureux d'avoir entendu les derniers commentaires de M. de Jager, car je crains que le gouvernement se contente de faire semblant de progresser et de produire des feuilles de comptage pour gagner la confiance du comité. J'aimerais qu'en septembre prochain, vous nous fassiez un bilan plus complet de l'opération dans les secteurs publics, en indiquant les secteurs et les organismes qui ont atteint leurs objectifs, de façon que le comité soit convaincu que le gouvernement fait correctement son travail... Tout cela dans le contexte des remarques précédentes de M. de Jager.
L'autre chose qui nous préoccupe, d'après ce que nous avons entendu au cours des derniers mois, c'est que les ministères et organismes qui sont tenus de fournir de l'information aux entreprises, au secteur privé et aux autres ministères et organismes... ont bien fait leur travail et que l'information a bien été transmise aux entreprises et organismes, sachant que ces derniers vont demander d'autres renseignements à mesure qu'ils progresseront dans leur travail. Mais j'espère que nous serons à jour en septembre prochain, et que tous les renseignements demandés par les entreprises et organismes gouvernementaux auront été fournis, du moins dans une première étape.
La présidente: Monsieur Rummell.
M. Paul Rummell: Tout d'abord, pour répondre à M. de Jager, notre principal objectif est d'avoir terminé les changements d'ici la fin de l'année. La date annoncée par Grant était le tout dernier délai. Encore une fois, il est très difficile de généraliser et d'annoncer un délai unique alors qu'il est ici question d'une très vaste gamme d'ordinateurs et de logiciels.
Nous apprécions le travail réalisé par ce comité. Je vous invite à continuer à faire en sorte que les différents organismes gouvernementaux se tiennent à jour et continuent d'aider les secteurs industriels dont ils ont la responsabilité en ce qui concerne le problème de l'an 2000. Vous avez fait un bon commentaire. J'approuve l'orientation que vous prenez car encore une fois, il s'agit là d'un problème très sérieux qui risque d'avoir de graves conséquences.
M. Walt Lastewka: Monsieur de Jager, je voudrais vous poser une autre question; j'ai lu vos propos dans le Globe and Mail d'hier. Vous dites que la technologie de l'information a véritablement laissé tomber les entreprises, et qu'il faut absolument tirer la leçon de cette erreur. Je ne sais pas quel message il faut désormais adresser aux entreprises, car je crois que vous avez vu juste.
Vous avez dit, avant cela, qu'il nous fallait un champion pour transmettre le bon message. Que peut-on faire d'autre pour informer les entreprises? Vous êtes vous-mêmes un champion dans ce domaine.
M. Peter de Jager: Le groupe de travail envoie des lettres aux chefs d'entreprises, et c'est exactement ce qu'il faut faire. Mais il faut aussi accéder à un niveau supérieur de crédibilité, comme je l'ai dit. Rien ne s'oppose à ce que les médias abordent le problème d'un point de vue très sérieux. Nous avons une presse libre. Je sais que les journalistes peuvent dire ce qu'ils veulent, mais vous avez assez d'argent pour acheter de pleines pages de publicité si vous voulez diffuser un message.
Le problème est réel. Il ne s'agit pas de battage publicitaire. Il y a des risques à considérer. Les gens importants n'ont pas envoyé le bon message. S'il était venu du gouvernement du Canada, il aurait fait de l'effet non seulement ici, mais dans le monde entier.
Aucun gouvernement n'a encore décidé de bien montrer toute l'importance du problème aux gens d'affaires. Le point à considérer, c'est que nos ordinateurs sont en panne. Si nous étions le 1er janvier 2000, toute la société se figerait. Dans la situation actuelle, nos systèmes sont en panne. Ils doivent être réparés d'ici le ler janvier de l'an 2000. Et nous ne faisons pas ce qu'il faut.
Qu'est-ce qui n'est pas bien compris? Où sont les difficultés? Nos ordinateurs sont en panne. Il est facile de le prouver. Bell Canada dépense 450 millions de dollars pour régler le problème. À quoi sert cet argent si le problème n'est pas réel? Il est bien réel. C'est ce que doit dire le gouvernement. Il faut aider les gens comme moi. Depuis des années, notre voix s'est perdue dans le désert. Il est bon que vous ayez pris conscience du problème, mais vous pouvez assurer un soutien plus efficace.
M. Walt Lastewka: Merci.
La présidente: Merci, monsieur Lastewka. À vous, monsieur Jones.
M. Jim Jones: Vous avez dit tout à l'heure que vous avez 8 000 personnes. Supposons que pas mal de ministères rattrapent leur retard. Est-ce qu'il s'agit de compétences transférables, ou est-ce que vous avez besoin de 8 000 personnes parce que certains projets nécessitent des qualifications particulières?
M. Paul Rummell: Nous avons des techniciens dans tous les domaines au gouvernement fédéral. C'est une bonne équipe. Il existe différents langages informatiques. C'est un peu comme des langues étrangères.
Certaines personnes ont de la facilité à passer d'une langue à l'autre, et certaines langues sont assez proches, comme les langues romanes, par exemple. Il existe des langages de programmation et d'autres langages informatiques. Nos spécialistes peuvent passer de l'un à l'autre. D'autres en sont incapables.
M. Jim Jones: Ce n'est donc pas nécessairement 8 000 personnes?
M. Paul Rummell: Nous avons 8 000 personnes. Elles composent le groupe ST, les spécialistes en informatique, et il s'y ajoute quelques milliers d'employés de soutien en technologie dans le secteur public. Ce sont des employés de soutien, car le problème ne concerne pas uniquement la technologie; c'est aussi un problème commercial. Nous devrons également faire appel aux employés chargés de l'exécution des programmes pour faire des essais, puisque ce sont les utilisateurs des systèmes. Ils travaillent pour le gouvernement sur le terrain, et c'est eux qui feront les essais.
• 1040
En définitive, l'opération va faire intervenir un très grand
nombre d'employés. Tout le monde devra y participer, car ce n'est
pas uniquement un problème de technologie; c'est un problème
commercial. Voilà donc un autre élément du message qu'il faut faire
passer.
M. Jim Jones: Quel est l'état de la situation en ce qui concerne le contrôle de la navigation aérienne?
M. Paul Rummell: Il faudrait poser la question à Transport Canada, car c'est NAV CANADA, un organisme extérieur au gouvernement, qui s'en occupe.
M. Jim Jones: Si vous aviez commencé il y a deux ans plutôt qu'aujourd'hui, seriez-vous plus avancés, auriez-vous de meilleurs outils, de meilleures techniques et de meilleurs programmes pour résoudre rapidement le problème?
M. Paul Rummell: On a mis un grand nombre d'outils sur le marché. Il aurait été évidemment préférable qu'on les mette en vente plus tôt. Il aurait été préférable que l'informatique prenne conscience plus tôt de ce problème, et que l'on s'y soit attaqué quatre ou cinq ans plus tôt avec la même ferveur. Cela nous aurait certainement beaucoup aidé.
M. Jim Jones: Vous dites que vous consacrez davantage d'argent à ce problème que le gouvernement américain. Est-ce simplement par rapport au PNB?
M. Paul Rummell: Soyons clairs: nous ne dépenserons jamais plus d'argent que le gouvernement américain.
M. Jim Jones: Dans quelle mesure l'économie canadienne dépend-elle des États-Unis? Quelles en sont les conséquences pour nous?
M. Paul Rummell: Oui, nous dépendons des États-Unis, et je parle ici en tant que membre d'office du groupe de travail. Une grande partie de nos échanges commerciaux se font avec les États-Unis, qui sont notre premier partenaire commercial.
Nous avons des relations commerciales avec de nombreux autres pays. Le Canada n'est pas une île; notre pays s'est bâti grâce aux relations commerciales avec de nombreux pays. Notre économie est fortement exportatrice. Bon nombre de nos entreprises dépendent des exportations. Nous devons veiller à ce que nos partenaires commerciaux continuent à recevoir nos marchandises et à acheter nos services si nous voulons assurer notre avenir. Voilà donc un élément dont nous devons nous préoccuper.
Le Canada se classe parmi les quatre premiers et nous avons encore du travail à faire. Je ne vous ferai pas de grands discours, mais nous devons absolument veiller à ce que tous ces autres pays... Ce serait formidable qu'ils soient aussi avancés que nous. Nous avons un défi considérable à relever. Nous devons faire face au problème au cours des prochaines années, mais ces pays ne seront sans doute pas prêts, je peux le dire sans équivoque. L'Europe et les autres pays sont très en retard par rapport à nous, et cela va nous poser un problème important, dont nous devons nous préoccuper.
La présidente: Merci, monsieur Jones. Monsieur Lowther.
M. Eric Lowther (Calgary-Centre, Réf.): Merci, madame la présidente.
Je trouve ce débat fascinant, et j'ai remarqué avec un grand intérêt que pour M. de Jager, le délai doit être fixé à décembre 1998, c'est-à-dire dans neuf mois. Les gens ne vont pas renoncer à leurs vacances d'été, et tout le monde veut fêter Noël, si bien que nous n'avons même plus neuf mois.
Ce délai me semble intéressant, mais on ne pourra sans doute pas le respecter. D'un certain point de vue, il n'est pas réaliste car le problème est trop important. Tout le monde pense à la solution des logiciels. C'est sans doute une bonne idée de consacrer toute l'énergie aux logiciels, mais personne ne parle d'une autre voie qu'il faut prendre en parallèle.
Vous avez parlé un peu des plans d'urgence. Dans toutes les opérations d'informatisation auxquelles j'ai participé, on mettait en place un nouveau système, mais il faut avoir un plan d'ensemble qui nous permette, en cas d'échec du nouveau système, de recourir à une autre procédure, peut-être plus longue, peut-être plus manuelle, qui permette de se tirer d'affaires. Il faut bien reconnaître, comme M. de Jager l'a dit, que l'informatique est en panne. Nous sommes au pied du mur et nous aurons du mal à nous tirer d'affaire.
• 1045
Par ailleurs, nous reconnaissons que les ressources qui nous
permettront de régler le problème de logiciels sont limitées. Il
est inutile d'y affecter davantage d'employés s'ils n'ont pas les
qualifications nécessaires.
Pourquoi ne pas utiliser cette énergie pour établir une deuxième voie parallèle? On s'occupe du logiciel, mais d'autre part, il faut une deuxième voie de façon qu'en 1999 ou en l'an 2000, les gens qui ne savent pas quoi faire, qui sont en panne, aient quelqu'un à qui s'adresser. Il faut des experts qui puissent régler les problèmes des entreprises, des services ou des particuliers. J'aimerais que parallèlement à la modification des logiciels, on consacre également une partie de l'énergie à cette deuxième voie.
Pouvez-vous nous en parler?
M. Paul Rummell: La formule que nous avons retenue met l'accent sur les SIM; nous veillons à ce qu'ils soient corrigés, mais nous aurons quand même des plans d'urgence pour ces systèmes.
Pour les ordinateurs qui assurent la distribution des chèques, ceux qui sont utilisés dans les opérations de recherche et de sauvetage—il y a toute une liste de fonctions différentes assurées par des ordinateurs différents—nous allons prendre toutes les mesures qu'il est humainement possible de prendre, compte tenu des ressources du gouvernement, pour faire en sorte que la prestation de services soit maintenue. Nous voulons que ces services soient assurés quotidiennement et sans défaillance aux gens qui en ont besoin.
Mais en plus, pour tous les ordinateurs... Malgré les problèmes que nous avons eus à Winnipeg pendant l'inondation, nous avons réussi à envoyer les chèques par d'autres moyens. Il y a toujours une autre solution. Nous avons également fait des merveilles pendant la vague de verglas, comme je l'ai dit tout à l'heure.
Nous mettons l'accent sur les ordinateurs qui assurent un service à l'ensemble du public, et nous allons veiller à ce que ces ordinateurs continuent de fonctionner. Je n'ai guère d'inquiétudes en ce qui les concerne.
M. Eric Lowther: Quand vous dites que vous mettez l'accent sur ces ordinateurs, vous ne pensez pas uniquement aux réparations de logiciels pour le problème de l'an 2000 et vous ne prétendez pas que tout va bien se passer dès la matinée du 1er janvier de l'an 2000. Vous réparez les logiciels, et s'il y a un problème, vous aurez une autre solution.
M. Paul Rummell: Oui, c'est l'objet de la planification d'urgence. Mais encore une fois, nous n'aurons pas besoin de recourir aux plans d'urgence pour ces gros ordinateurs, car c'est à eux que nous consacrons nos efforts.
M. Eric Lowther: Je vous remercie de votre confiance, mais nous avons aussi eu le témoignage des banques, des responsables de l'opération dans le secteur bancaire, qui nous ont dit qu'ils n'étaient pas certains que tout se passera bien—et pourtant, ils sont très en avance.
M. Paul Rummell: Nous aurons également des plans d'urgence. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires.
Cela n'a peut-être pas été suffisamment annoncé—et j'ai travaillé dans le secteur bancaire avant d'arriver à la fonction publique—mais nous avons pris des mesures semblables à celles des banques canadiennes pour faire face à ce problème. Nous avons même commencé plus tôt que certaines grandes banques canadiennes. Nos spécialistes peuvent en être fiers. Nous n'avons pas un gros service de publicité, mais nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait.
La présidente: Merci. Merci monsieur Lowther.
Monsieur Shepherd, vous voulez poser quelques questions.
M. Alex Shepherd (Durham, Lib.): Oui.
En cas de conflit, on essaye de trouver une solution de conciliation. J'aimerais savoir d'où vient ce délai du 1er avril 1999. Pour moi, cette date coïncide curieusement avec le début de l'exercice financier du gouvernement. Est-ce que cela veut dire que vous aurez accès à d'autres ressources provenant du nouveau budget? La réalité est-elle à ce point simpliste? Pourquoi n'acceptez-vous pas le délai du 31 décembre proposé par M. de Jager?
La présidente: Monsieur Westcott.
M. Grant Westcott: J'essaye de vous donner un exemple.
Revenu Canada doit s'efforcer de préparer tous ses ordinateurs avant le début du prochain exercice fiscal. Pour cela, tous les codes doivent être prêts à l'été; on procède à des essais de septembre à décembre pour s'assurer que tout est prêt. Le système est mis en place en février et l'exercice fiscal peut commencer.
Voilà donc un exemple d'entrée en production. Je ne parle pas du moment où nous aurons fini le travail. C'est ce que nous essayons de faire. Nous voulons que tous les ordinateurs qui assurent des activités essentielles soient prêts avant le 1er avril 1999. C'est notre point de repère. C'est l'objectif que nous essayons d'atteindre.
• 1050
Essentiellement, il nous reste neuf mois, si l'on accepte le
fait que nous aurons probablement certaines difficultés. Les choses
n'iront pas parfaitement. Comme l'a dit M. de Jager, nous ne
pourrons respecter certaines dates butoirs. Nous le savons. Ce que
nous avons donc essayé de faire pour toute une série de questions,
c'est d'avoir des dates butoirs pour que les ministères sachent à
partir de quand tout cela devra être fonctionnel et que le tout
soit prêt pour l'année fatidique.
Permettez-moi de ne pas être du même avis que M. de Jager pour ce qui est de savoir si c'est la bonne date ou non, mais voilà où nous en sommes.
La présidente: Merci.
M. Shepherd, vous avez fini?
M. Alex Shepherd: Cette réponse vous satisfait?
M. Peter de Jager: Je crois bien que je suis d'accord pour dire que je ne suis pas d'accord. À mon avis, cependant, dès le 1er janvier tous les systèmes se tourneront vers l'avenir, même les systèmes dont le cycle débute le 1er avril. Je crains que ces «horizons événementaux d'un an»—c'est ce qu'on les appelle—où le système fait une projection d'un an dans l'avenir... Si le système ne sait pas comment réagir à la date 00 le 1er janvier 1999, alors il tombera en panne.
Comprenez bien qu'il y a des systèmes qui ne tomberont pas en panne. Et je n'ai pas eu l'occasion d'étudier le code précis des systèmes dont il est question, alors rien ne garantit que j'aie raison. Si j'étais joueur, cependant, j'aimerais m'assurer que mes systèmes seraient fin prêts pour le mois de décembre, pas le mois de janvier.
Et ce n'est pas seulement moi. C'est la recommandation faite par des organismes comme le Gartner Group dont il a été question tout à l'heure ainsi que par tous les autres consultants de l'industrie. Nous supplions les gens de respecter cette date butoir de décembre 1998.
Le président: Monsieur Rummell, vous voulez répondre?
M. Paul Rummell: Je suis d'accord avec M. de Jager, c'est-à-dire qu'il y a un horizon des événements et que nous essayons de gérer nos systèmes fondés sur... Et c'est un terme compliqué, c'est un mot à «cinq piastres», mais nous essayons de gérer en remontant à partir de l'horizon de l'événement. C'est pour cela que nous étudions les dates potentielles de pannes des systèmes et que nous essayons de gérer en remontant à partir de là. Et c'est pour cela que nous essayons d'en faire le plus possible cette année. C'est aussi quelque chose que nous avons souligné, mais Grant abordait la chose de façon un peu plus théorique en traitant d'un système qui n'avait pas subi ce genre de problème antérieurement. Alors, nous sommes peut-être plus d'accord que nous le pensions.
La présidente: Merci, monsieur Shepherd.
J'ai deux petites questions à poser avant de passer à la conclusion.
Je suis peut-être le plus pessimiste de tous autour de cette table lorsqu'il s'agit de dates parce que, monsieur Rummell, vous avez dit qu'en août 1999 il y a un problème potentiel de satellite dont nous ne voulons pas parler parce qu'il est très compliqué, mais qu'il pourrait frapper la terre entière et probablement tous les systèmes d'ordinateurs où ils se trouvent au monde. Cela me fait vraiment peur.
Septembre 1999 me cause aussi du souci et quand j'entends la date du 1er avril 1999, ce n'est pas neuf mois que je vois poindre à l'horizon, mais plutôt quatre ou cinq mois. Je sais aussi que 1999 sert aussi de code d'erreur pour certains ordinateurs. Pour le gouvernement fédéral, 1999 commence dès le 1er avril 1998 et nous passons ensuite à l'année financière 1998-1999 alors j'aurais cru que notre date butoir se serait présentée bien avant le 31 mars, 1998.
Cela dit, cependant, nous y travaillons depuis 1988. Le gouvernement fédéral a subi un dégraissage d'importance. Ce phénomène signifie-t-il que nous n'aurons pas assez de spécialistes en informatique pour régler le problème? J'entends dire que les États-Unis cherchent à en recruter 10 fois plus et qu'il nous en manque des milliers au Canada. Ça me préoccupe énormément puisque nous avons dégraissé le gouvernement... que nous n'ayons pas laissé partir les gens, que nous les avons réembauchés et que nous les payons.
M. Paul Rummell: Statistique intéressante: il y a eu dégraissage considérable de la fonction publique fédérale ces dernières années, mais le seul groupe qui a connu une augmentation importante—soit une croissance de deux tiers—c'est le groupe ST. Le gouvernement a recruté un nombre important de jeunes possédant des connaissances en technologie. C'est une sorte de nouvelle fonction publique qui s'est ajoutée au gouvernement.
Nous faisons d'énormes efforts de recrutement à tous les niveaux et nous travaillons de concert avec la commission de la fonction publique et d'autres groupes. Nous avons même pris des mesures afin de pouvoir recruter sur-le-champ des gens avec des connaissances technologiques. Nous avons pris des mesures exceptionnelles pour recruter dans la fonction publique et nous croyons que ces gens ont une carrière brillante devant eux, avec nous, dans le domaine de la technologie parce que l'activité du gouvernement, c'est l'information et la connaissance. Le travail qu'ils font chez nous les enthousiasme au plus haut point et la fonction publique leur offre des occasions uniques.
La présidente: Vous m'apprenez que nous n'avons pas perdu beaucoup de gens et que les effectifs augmentent, mais je crains toujours qu'il existe un problème de taille.
Voici autre chose qui me préoccupe: le comité a beaucoup de craintes concernant la petite et la moyenne entreprise, surtout en ce qui concerne la petite entreprise. Je ne constate pas que l'on échange énormément de renseignements. Et doit-on partager l'information lorsque le problème sera réglé? Il s'agit aussi de conscientiser la petite entreprise. La question a été soulevée, me semble-t-il, par M. Lowther qui se demandait si nous pourrions peut-être mettre sur pied un genre de réseau de communications.
M. Monty a comparu devant le comité. C'est ce qui a parti le bal. Je ne vois toujours pas de résultat. Les banques nous disent qu'elles sont prêtes, qu'elles mettent les systèmes à l'essai, qu'elles y sont presque et, néanmoins, lorsque j'en parle aux caisses populaires, qui sont réglementées par les provinces, elles nous répondent qu'elles n'ont aucune solution de prête. Quelqu'un voudrait-il bien la partager avec nous?
Cela me pose donc de graves soucis. Tous ces systèmes sont interdépendants. Le pays peut bien être fin prêt, mais si la Bourse ne fonctionne pas le 2 ou le 3 janvier de l'an 2000, enfin, dès son ouverture après le 1er janvier de l'an 2000, où se retrouvera le pays?
M. Paul Rummell: Madame la présidente, je partage vos préoccupations. Je crois que vous posez les bonnes questions. Je crois que ce sont des questions importantes que vous et les membres de votre comité devez continuer à poser. Encore une fois, le concept se trouve dans ce document et dans ces envois postaux destinés littéralement, à des centaines de milliers d'entreprises partout au Canada.
Je mets ma casquette de membre du groupe de travail de l'an 2000. Ce que nous essayons de faire à ce niveau, c'est de communiquer avec toutes les entreprises. Nous le faisons par l'entremise de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Industrie Canada, grâce à son site Stratégis qui accueille des milliers de visiteurs tous les mois, a énormément d'information sur l'an 2000.
Nos collègues dans le domaine bancaire ont énormément de renseignements sur l'an 2000 à leur site. Il s'agit des sites Web. Les sociétés de services publics font des envois postaux pour être sûres que tous sont renseignés sur l'an 2000. Les banques font aussi des envois postaux.
Je ne peux pas parler au nom des caisses populaires, mais encore une fois, elles devraient être au courant du problème où qu'elles se situent au pays. Je crois que, de concert avec tous ces organismes, nous pourrons mettre à peu près tout le monde partout au pays au courant de la situation.
Encore une fois, je crois que le gouvernement a un rôle de direction très important à jouer lorsqu'il s'agit de poser les bonnes questions et de s'assurer que les bons renseignements parviennent au monde des affaires et au grand public, tout en veillant à ce que ce soit fait sans engendrer de panique.
La présidente: Nous ne voulons pas que les gens paniquent.
Je vais maintenant demander à nos témoins quel sera leur mot de la fin, car ils ont des problèmes d'horaire.
Monsieur Rummell tout d'abord suivi de M. Westcott, si vous avez quelque chose à rajouter.
M. Paul Rummell: Merci beaucoup de nous avoir donné l'occasion de vous rencontrer. Nous avions hâte de vous voir. Nous apprécions le travail que vous avez fait et la conscience professionnelle avec laquelle vous abordez cette question. Je crois que c'est une des questions les plus importantes auxquelles nous faisons face en ce qui concerne le commerce et notre qualité de vie. Nous ne voudrions pas que cette infrastructure électronique sur laquelle nous comptons connaisse de problèmes importants.
Il ne s'agit pas seulement d'une infrastructure d'ordinateurs, il y a aussi l'infrastructure des télécommunications, de toute notre alimentation en énergie et de toutes ces autres choses dont nous sommes devenues tributaires. À mon avis, il est de la plus haute importance que vous continuiez à poser vos questions et à encourager tous vos collègues à l'échelon politique et parlementaire de s'assurer qu'ils feront preuve de diligence en la matière. Merci.
La présidente: Merci, monsieur Rummell. Monsieur de Jager.
M. Peter de Jager: Je sais bien qu'on me prend pour un prophète de malheur. Ce n'est pas ma faute; c'est là le message. C'est la triste réalité de toute cette situation.
Cependant, je crois fermement que nous disposons des gens, des outils et des talents nécessaires pour résoudre le problème. J'espère que nous pourrons prouver que les gestionnaires nous encourageront à faire ce qu'il y a à faire. Je nous souhaite, à toutes et à tous, bonne chance.
La présidente: Merci. Je tiens à vous remercier d'avoir comparu devant nous, messieurs de Jager, Rummell et Westcott. Nous continuerons à nous occuper de cette question de l'an 2000.
La séance est levée.