Je veux tout d'abord remercier le peuple algonquin. C'est un honneur de prendre la parole ici, sur ce territoire magnifique qu'il n'a jamais cédé.
Je copréside la Coalition canadienne des arts. Comme plusieurs de vous le savent, la Coalition est un regroupement bénévole non partisan, dirigé par quelques organismes nationaux au service des arts, comme l'Assemblée canadienne de la danse, dont je fais partie. Collectivement, nous représentons des milliers d'artistes et des centaines d'organisations artistiques de partout au pays.
Je veux rendre hommage aux leaders remarquables auxquels j'ai parlé dans les organismes artistiques et chez les donateurs lorsque j'ai préparé mon exposé. Je tiens à mentionner les coprésidentes de l'Assemblée canadienne de la danse : l'experte-conseil Soraya Peerbaye et la directrice artistique gitxsane et crie, Margaret Grenier. Le Canada compte vraiment un groupe extraordinaire de chefs de file qui se préoccupent de la parité hommes-femmes.
Je travaille en gestion des arts depuis 1996 et je fais partie des statistiques dont je vais vous parler aujourd'hui. Beaucoup de femmes travaillent dans les arts, mais elles y occupent des emplois précaires; très peu ont des postes de direction stables. Je parle du problème depuis la publication dans le Toronto Star, en août 2017, du deuxième article de Bob Ramsay sur la prédominance des hommes blancs dans la direction des grands organismes traditionnels à Toronto.
L'article de B. Ramsay est corroboré par plusieurs études, dont le rapport annuel du Conseil canadien pour la diversité administrative, selon lequel les conseils d'administration des organismes artistiques sondés étaient composés à 74,5 p. 100 d'hommes et à 25,5 p. 100 de femmes.
J'ai quatre recommandations à formuler aujourd'hui sur les recherches à effectuer et les mesures réglementaires à prendre.
Dans votre travail de député, on vous a sûrement informés sur la situation de nombreux secteurs d'activité. Toutefois, je vous présente des statistiques sur diverses disciplines artistiques aujourd'hui avec un sentiment d'urgence, parce que même si le secteur des arts n'est peut-être pas dirigé principalement par des femmes, nos publics cibles sont surtout féminins et ils sont progressistes. Or, nous rejoignons de moins en moins de gens, peut-être parce qu'ils ne se reconnaissant pas dans les oeuvres présentées. L'enjeu devient donc économique et oblige maintenant le secteur des arts à changer.
Je vous présente maintenant les statistiques. En musique, le revenu annuel des femmes est de 20 p. 100 inférieur à celui de la moyenne du secteur et seulement 10 p. 100 des femmes occupent un poste de direction.
En arts visuels, les chiffres varient selon la taille des galeries. Au premier regard, ils semblent fantastiques: 70 p. 100 des postes de conservateur sont occupés par des femmes et 30 p. 100 par des hommes; 92 p. 100 de tout ce monde étant caucasien. Toutefois, plus les galeries sont grandes, moins il y a de femmes conservatrices à leur tête.
Vient ensuite la danse, mon secteur, dont la grande majorité des artistes, soit 84 p. 100, sont des femmes. Il n'est donc peut-être pas surprenant que la danse soit le domaine artistique le moins bien payé, mais les hommes demeurent choisis en priorité comme directeurs artistiques et chorégraphes.
Les femmes sont également désavantagées en littérature. Les études révèlent un préjugé sexiste indéniable, qui favorise largement les auteurs masculins: seulement 30 p. 100 des livres traités par les critiques masculins avaient été écrits par des femmes; les livres des femmes ont donc moins de chances d'être vendus et d'être pris en considération pour des prix importants.
En théâtre, les femmes occupent moins de 35 p. 100 des grands postes de direction au Canada, comme ceux de directeur artistique, de metteur en scène et de dramaturge.
Maintenant, les organismes qui s'occupent des artistes sourds, handicapés ou vivant avec une maladie mentale sont tous dirigés par des femmes, cependant — ou peut-être pour cette raison — ce secteur est grandement sous-financé.
Naturellement, ces données n'étonnent nullement les femmes qui travaillent dans le domaine des arts.
Même s'il existe déjà beaucoup de données sur le sujet, nous avons besoin de connaître la situation globale du rôle des femmes dans les arts. Je joins ma voix à celles des autres témoins qui ont déjà comparu devant vous pour demander à la ministre du Patrimoine canadien de faire une revue des travaux de recherche effectués et de brosser un tableau du secteur, de façon à cerner les problèmes à corriger et les changements à apporter.
Ma première recommandation consiste donc à donner instruction au ministère du Patrimoine canadien de réaliser une revue de la documentation sur la parité hommes-femmes dans les arts, en portant une attention particulière aux postes de direction artistique et aux conseils d'administration. J'exhorte Patrimoine canadien à travailler avec le Conseil des arts de l'Ontario, qui mène actuellement une revue de la littérature portant précisément sur cette question en Ontario.
Pourquoi faut-il modifier la composition des conseils d'administration? À mon sens, si on le fait, cela influera sur les nominations aux postes de directeur artistique, de directeur exécutif et de tous les autres jusqu'au bas de l'échelle. DiverseCity onBoard et le Conference Board du Canada ont de nombreuses données qui révèlent que les femmes et les personnes issues de la diversité font montrent d'innovation et qu'elles renforcent la cohésion et le capital social des organismes.
En mars, la présidente de FedEx Express Canada, Lisa Lisson, a écrit sur le site de nouvelles de la CBC que les organismes dirigés par des conseils où siègent des femmes dépassent leurs concurrents, obtiennent des rendements plus élevés et prennent des initiatives plus audacieuses. Mme Lisson affirme que la nomination de conseils d'administration diversifiés constitue simplement une bonne pratique.
La Chambre des communes et le Sénat ont avalisé la position de Mme Lisson la semaine dernière en adoptant le projet de loi . Je veux remercier M. pour m'avoir fait connaître le projet de loi C-25. Ce projet de loi comprend la disposition suivante: « À chaque assemblée annuelle, les administrateurs d’une société visée par règlement présentent aux actionnaires les renseignements réglementaires concernant la diversité au sein des administrateurs et au sein des membres de la haute direction. »
Malheureusement, cette disposition ne s'applique pas aux organismes à but non lucratif compris dans la loi. J'ai appelé à Corporations Canada hier pour vérifier la chose. Voici donc ma deuxième recommandation: donner instruction à Corporations Canada de trouver un mécanisme réglementaire pour obliger les organismes à but non lucratif à satisfaire à l'exigence de diversité comprise dans le projet de loi .
Le Conseil des arts du Canada travaille en douce à la parité hommes-femmes depuis deux ans. Il a dernièrement publié une demande de propositions libellée en partie comme suit: « Le Conseil souhaite élaborer et essayer un sondage en ligne afin de suivre la composition démographique de l’effectif et du conseil d’administration des organismes qui reçoivent un financement de base. » Les données quantitatives doivent porter: « sur le sexe, l’âge, la diversité culturelle, les communautés autochtones, les langues officielles, les communautés de langue officielle en situation minoritaire, le handicap, etc. Les employés et le conseil d’administration des organismes répondront au questionnaire, pas les organismes eux-mêmes. »
À l'évidence, on ne demande pas aux directeurs exécutifs de fournir des données approximatives sur les membres de leurs conseils d'administration et sur leur personnel.
Il est également mentionné la chose suivante dans la DP : « Cette DP est pour un sondage pilote mené auprès d’une petite cohorte d’organismes dans le but d’informer des décisions futures concernant les conditions relatives au financement. » Les résultats tirés du sondage seront déterminants pour faire avancer la cause de la parité hommes-femmes parce que, naturellement, les organisations artistiques porteront attention aux décisions des grands bailleurs de fonds fédéraux.
Ma troisième recommandation est de demander au Conseil des arts du Canada de présenter un rapport au Comité permanent du patrimoine canadien sur les résultats du sondage pilote et d'encourager le Conseil des arts à examiner d'autres politiques de parité, tout spécialement pour le programme Inspirer et enraciner, qui s'adresse aux grands organismes artistiques.
Naturellement, la composition d'un conseil administration est une tâche extrêmement complexe. Les conseils sont composés de bénévoles, qu'il peut être difficile de trouver, tout particulièrement dans les secteurs peu densément peuplés. Toutefois, les organismes financés avec les deniers publics ont la responsabilité d'être représentatifs de la société canadienne. Un problème m'a plusieurs fois été rapporté: la lassitude des bénévoles, tout particulièrement des personnes issues des collectivités autochtones et des minorités visibles ainsi que des personnes handicapées. Siéger comme bénévole à un conseil d'administration nécessite du temps et du travail. Souvent, les femmes refusent d'y participer parce qu'elles n'en ont pas les moyens. Cette dernière recommandation est donc d'une importance cruciale.
En quatrième lieu, je recommande que l'Agence du revenu du Canada permette aux organismes caritatifs — étant donné que la plupart des organismes artistiques sont inscrits comme organismes caritatifs — de changer leurs règlements pour offrir une rétribution aux membres des conseils d'administration qui sont marginalisés. Cette mesure aiderait vraiment beaucoup, je crois, à stimuler les bénévoles; on ne retrouverait plus toujours les mêmes leaders autochtones à tous les conseils d'administration et la présence des femmes et des personnes marginalisées y serait accrue. Elle permettrait de reconnaître publiquement la valeur du travail que ces personnes accomplissent.
Enfin, je tiens à souligner que je n'ai pas recommandé aujourd'hui la création d'un programme de mentorat. Les femmes ont déjà accès à un grand nombre de bons programmes de ce genre dans le milieu des arts. Là n'est pas le problème. Ce sont les préjugés et la discrimination observés dans les sociétés de recrutement et les conseils d'administration qui font problème.
Pour terminer, je veux vraiment remercier les membres du Comité permanent du patrimoine canadien pour l'audace dont ils font preuve en s'attaquant à ce sujet délicat du leadership dans les arts. Ensemble, j'espère que nous pourrons construire un secteur des arts meilleur et plus respectueux pour nos filles.
Merci.
Je vous remercie, madame la présidente ainsi que mesdames et messieurs, membres du Comité, de m'avoir invitée à participer à cette importante discussion sur la parité hommes-femmes.
Je m'appelle Julia Ouellette. Je suis membre du conseil d'administration du MOCA, le Museum of Contemporary Art Toronto Canada, depuis six ans.
Le MOCA vise à définir le rôle du musée du XXIe siècle en ce qu'il veut avant tout être ouvert aux autres et pertinent, en étant représentatif du monde diversifié, complexe et pluraliste dans lequel nous vivons.
Notre organisme est de taille moyenne, doté d'un budget de fonctionnement annuel de 6 millions de dollars et d'un effectif à temps plein de 20 personnes. Nous sommes actuellement en train de déménager d'un immeuble de 13 000 pieds carrés sur la rue Queen Ouest à un autre de 55 000 pieds carrés dans le secteur de Lower Junction, situé dans la circonscription de Mme Dzerowicz , tout juste à l'ouest du centre-ville. Notre institution gagne énormément en stature, et nous tiendrons une grande ouverture internationale en septembre 2018.
Cette croissance a des répercussions énormes pour les cadres supérieurs et le conseil d'administration. En effet, lorsqu'une institution connaît une telle expansion, son budget, sa structure organisationnelle, ses cadres et son personnel revêtent une importance cruciale, tout comme son conseil d'administration.
Le MOCA n'a jamais eu de problème de parité hommes-femmes. Son conseil d'administration et ses cadres supérieurs sont à prédominance féminine.
Je vais d'abord vous parler de notre conseil d'administration.
Notre conseil se compose de 17 membres dont 10 sont des femmes. Nous reconnaissons tous que de meilleures décisions sont prises lorsque des points de vue différents pèsent dans la discussion. Dans la composition de notre conseil d'administration, nous avons opté pour une approche fondée sur les compétences afin d'avoir l'expertise requise, tout en tenant compte de plusieurs facteurs de diversité.
Notre comité de gouvernance analyse la composition du conseil à la lumière de cette matrice; il repère les lacunes et cherche soigneusement les personnes compétentes pour les corriger.
Pourquoi ou de quelle façon cette approche a-t-elle conduit principalement le MOCA à attirer des femmes hautement compétentes?
La réponse réside, croyons-nous, dans notre mission et nos valeurs: l'inclusion et l'ouverture, l'accent placé sur la collectivité, la participation active des jeunes et l'importance accordée aux artistes, que nous mettons au centre de tout ce que nous faisons.
L'art contemporain se penche sur les questions vitales de notre époque. Il est progressiste par définition. De ce fait, il est stimulant pour les femmes, auprès desquelles il trouve un large écho.
Le déséquilibre entre les hommes et les femmes nous a-t-il beaucoup désavantagés? Je ne le crois pas. Pourrait-il en être autrement dans l'avenir? Peut-être.
Le conseil d'administration accorde une grande priorité à la durabilité à long terme. Plus de 75 p. 100 du budget annuel du MOCA provient de sources privées, qu'il s'agisse de donations, de parrainages, d'abonnements et d'activités spéciales de levée de fonds.
De quelle façon le MOCA a-t-il accès aux capitaux de la collectivité pour se financer?
Une grande partie de la richesse est contrôlée par des hommes, que ce soit au niveau privé ou au niveau des sociétés. Nous connaissons tous l'histoire. Cette situation changera toutefois, à mesure que les femmes gagneront davantage et assumeront plus de postes de direction dans les sociétés au Canada, mais cela prendra du temps. Les femmes n'exercent pas encore autant d'influence que les hommes dans la finance et dans la gestion de la richesse. Un conseil d'administration à prédominance féminine pourrait en souffrir. Une étude concernant l'incidence qu'exerce la parité hommes-femmes dans un conseil d'administration sur le financement d'un organisme pourrait donc être utile.
De plus, je me demande s'il existe une corrélation entre la taille du budget d'un organisme et le nombre d'hommes par rapport au nombre de femmes dans son conseil d'administration. Observe-t-on une tendance? Ce serait là une donnée intéressante à tirer d'une étude.
Enfin, j'aimerais formuler un commentaire sur l'âge des membres.
En favorisant l'avancement des femmes dans son conseil non rémunéré, le MOCA veut, entre autres, jouer un rôle de mentor. Nous sommes heureux du fait que notre conseil est multigénérationnel. Des personnes de tous âges, depuis la vingtaine jusqu'à la soixantaine, y siègent. Nos membres expérimentés jouent donc un rôle de modèle et de mentor auprès des membres plus jeunes, lesquels deviennent recherchés ensuite par d'autres institutions.
Pour les jeunes, la parité hommes-femmes est une valeur évidente et impérative. La gouvernance et la composition des conseils d'administration sont des processus très stratégiques, qui doivent être réfléchis. La prochaine génération doit être guidée; il faut lui enseigner comment atteindre la parité, parce qu'elle ne surviendra pas d'elle-même.
Il serait important que le gouvernement finance le mentorat de la prochaine génération de bénévoles de haut niveau, d'autant plus que les conseils d'administration supervisent le recrutement des personnes qui occupent les emplois les plus élevés.
Cela m'amène à vous parler du leadership et de la direction de notre organisme. Au MOCA, le poste de PDG est occupé par une femme et les quatre grandes directions, soit celles des programmes, du financement et de l'administration, du développement ainsi que du marketing et des communications, sont confiées à des femmes. Comment cela est-il arrivé? Nous avons simplement choisi les personnes les plus qualifiées. Il nous faut une équipe de direction forte et très compétente, et la nôtre se trouve à être exclusivement composée de femmes.
Le MOCA vient de recruter sa PDG et sa directrice des programmes. J'ai secrètement espéré trouver des femmes pour ces postes. Pourquoi? Parce qu'il y a une pénurie de femmes dans les postes de direction et dans les grandes institutions des arts visuels au Canada.
Cela dit, les organismes d'arts visuels ont généralement tendance à avoir un personnel paritaire. Le phénomène est tout particulièrement évident au niveau de la haute direction. On peut espérer, sans le tenir pour acquis, que ces femmes en ascension occuperont dans l'avenir les postes de PDG et de direction exécutive. Même si la situation est encourageante, il reste du travail à faire pour que les femmes aient des chances égales aux hommes de profiter des occasions qui se présentent à elles.
La société embauchée par le MOCA pour recruter notre PDG estime que le réservoir de talents féminins est en croissance, mais que des obstacles systémiques limitent encore l'accès des femmes aux postes les plus élevés.
J'exhorte le Comité à examiner les études d'un organisme américain, l'Association of Art Museum Directors, parues en 2014 et en 2017, intitulées The Gender Gap in Art Museum Directorships et The Ongoing Gender Gap in Art Museum Directorships. Il s'agit d'études admirables de la parité hommes-femmes et des écarts salariaux en regard du mandat confié aux institutions et de la taille de leur budget; les auteurs ont également fourni des détails intéressants sur les obstacles systémiques mentionnés par le chasseur de têtes du MOCA, et comparé le style de leadership des hommes à celui des femmes.
Il faut fournir du renforcement des capacités, de la formation sur le leadership et des occasions de mentorat aux femmes qui présentent du potentiel pour atteindre la parité hommes-femmes aux échelons les plus élevés de la gestion. Hélas, les organismes de petite et de moyenne taille manquent de fonds pour ces mesures d'incubation de talents.
Le gouvernement pourrait beaucoup aider. Je recommande donc qu'il concentre son aide financière sur les organismes de petite et de moyenne taille qui jouent un rôle important comme incubateurs de talents pour les grands organismes.
Les deux cadres supérieurs que nous venons d'embaucher apportent une expérience internationale à notre organisation. Notre PDG vient de Toronto, mais elle a travaillé pendant plus de 20 ans principalement au Royaume-Uni et aux États-Unis. Notre directrice des programmes est née au Royaume-Uni; elle a travaillé en Turquie et au Moyen-Orient pendant une douzaine d'années. Nous avions conscience du fait qu'elles apporteraient une perspective unique à nos programmes et qu'elles seraient clairement un atout pour notre institution et notre secteur artistique.
Des cinq plus grandes institutions d'arts visuels au pays, une seule est dirigée par un Canadien. Les quatre autres sont dirigés par des étrangers, deux femmes et deux hommes. Alors, même s'il y a parité hommes-femmes, les Canadiennes ne sont pas favorisées. Comment pouvons-nous changer les choses et préparer les femmes canadiennes à occuper les postes les plus élevés?
Les programmes de formation internationaux — le Getty Leadership Institute for museum leaders est un bon exemple — auxquels participent les talents d'ici donnent une grande impulsion à leur carrière au Canada et à l'étranger. Même si on risque de perdre quelques-uns de nos candidats les plus prometteurs, qui choisiront d'aller travailler ailleurs dans le monde, l'aspect positif de ces programmes tient à ce que certains continueront de travailler au Canada.
Les institutions de partout au Canada devraient avoir des programmes de leadership, de mentorat et de formation continue. Les universités devraient améliorer leurs programmes et mettre davantage l'accent sur le leadership culturel. C'est ainsi qu'on pourrait créer des réservoirs de talents à partir desquels nous choisirions nos futurs leaders. Les encouragements et l'appui financier du gouvernement pourraient également aider.
Je me demande si les femmes ne s'excluent pas elles-mêmes des postes de direction les plus élevés. Si oui, pourquoi? Le poids des responsabilités familiales, dont elles assument la plus grande partie, jumelé à celui de la direction d'un organisme serait-il trop lourd? Si tel est le cas, les solutions au problème sont d'une nature sociétale complexe et elles dépassent le champ d'action du domaine des arts.
Les changements surviennent avec le temps, mais les choses avancent lentement. Il y a 10 ou 15 ans, très peu de femmes étaient à la tête d'institutions culturelles. Aujourd'hui, ces mêmes institutions ont changé. Des femmes accèdent maintenant à des postes de direction et de création ainsi qu'à des conseils d'administration comme jamais auparavant.
Les conversations comme celles que nous avons aujourd'hui ont une incidence positive sur la parité hommes-femmes, tout comme les initiatives qui appuieront les femmes douées. Si nous travaillons ensemble — les conseils d'administration, les cadres supérieurs et les gouvernements —, j'ai bonne confiance que nous continuerons à avancer dans la bonne direction et que nous atteindrons bientôt la parité hommes-femmes dans les organismes culturels du Canada.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup, mesdames, d'être venues nous informer des beaux progrès que vous avez réalisés en matière de parité dans vos conseils d'administration.
Compte tenu de nos échanges de ce matin, je suis heureux de voir que mon collègue M. Shields vous ait demandé de préciser le mandat des chasseurs de têtes.
Madame Ouellette, vous avez bien cerné ce qui allait être demandé à vos chasseurs de têtes. Je pense que cela fait partie de la solution. Le gouvernement, dans son ensemble, doit établir des normes. La parité dans les conseils d'administration deviendra la nouvelle norme, point. Par contre, il faut y arriver.
Il n'y a pas si longtemps, un témoin a apporté une nuance en disant que, s'il y a un objectif de parité à atteindre dans les conseils d'administration, il y en a aussi un à atteindre dans les comités exécutifs et les milieux de travail. Le conseil d'administration amène une certaine philosophie dans l'entreprise ou l'organisation, mais l'exécutif a beaucoup de pouvoir.
Madame la présidente, je vous demande de me pardonner, mais je dois absolument changer de sujet et proposer que nous passions immédiatement à un vote public sur l'affaire du tableau de Chagall.
Ma motion demande que le Comité invite des représentants du Musée des beaux-arts du Canada et d'autres témoins à discuter de l'imbroglio entourant le tableau de Chagall afin d'informer les gens sur ce qui se passe. Ma motion est ainsi rédigée:
Que le Comité invite la présidente du conseil d'administration et le directeur général du Musée des Beaux-arts du Canada, Françoise Lyon et Marc Mayer, la présidente de la Commission canadienne d'examen des exportations de biens culturels, Sharilyn J. Ingram, et le ministère du Patrimoine canadien, d'ici 45 jours, pour expliquer leurs décisions concernant La tour Eiffel de Marc Chagall et le Saint Jérôme entendant la trompette du Jugement dernier de Jacques-Louis David, ainsi que pour rendre des comptes au Comité sur les coûts en fonds publics de ces décisions.
Je trouve important que nous discutions de ce sujet aujourd'hui même, en public. Si on ne veut pas que la politique se mêle de l'administration de nos grands musées nationaux, il est clairement plus avantageux que le Comité permanent du patrimoine canadien s'intéresse à ce sujet, justement pour le dépolitiser et pour que nous puissions, en tant que spécialistes de la Chambre des communes, dans un comité spécial qui traite de cela, faire la lumière sur cette question. Il faut que le public sache comment ces grands musées sont gérés et, ultimement, s'il y aura de graves pénalités financières. Comme je le disais tout à l'heure, le Globe and Mail évoquait une pénalité imposée par Christie's de l'ordre de 1 million de dollars.
Je demande que nous votions maintenant à ce sujet, en public.