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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour.
Comme vous l’avez entendu, je m’appelle Michael Geist. Je suis professeur de droit à l’Université d’Ottawa où je suis titulaire de la chaire de recherche du Canada en droit d’Internet et du commerce électronique. Je me spécialise en politique numérique, notamment le commerce électronique, la confidentialité et la propriété intellectuelle.
Ma présence aujourd’hui est à titre personnel et ne représente que mes propres perspectives. L’occasion de parler devant le Comité au sujet de l’étude me fait particulièrement plaisir. Mon intérêt à l’égard de cette étude dépasse mes recherches universitaires sur de nouveaux modèles opérationnels ainsi que les lois et les politiques qui souvent s’en suivent.
Depuis plus de 15 ans, je rédige régulièrement des articles pour des médias canadiens très divers, dont des organismes médiatiques importants tels que le Toronto Star et leGlobe and Mail, des publications locales et spécialisées telles que The Hill Times et Vue Weeklyet des publications plus récentes telles que The Tyee, The Huffington Post et iPolitics. Ainsi, j’ai été témoin privilégié de la diversité des lecteurs, des modèles opérationnels et des approches au contenu. J’ai aussi connu les effets directs de compressions budgétaires ainsi que les conflits qui éclatent parfois entre le service éditorial et le service commercial.
Mes commentaires aujourd’hui sont de de deux ordres: d’abord, ma perspective sur la situation actuelle et ensuite, une discussion des réformes politiques possibles.
En ce qui concerne la situation actuelle, je suis de près cette étude et les audiences du Comité. J’en retiens que vous avez entendu un éventail vertigineux de suggestions de réforme et de recommandations à cet égard d’une vaste gamme de témoins. Une grande partie des commentaires met l’accent sur le lien essentiel entre la robustesse des médias indépendants d’une part, et la participation citoyenne ainsi que la responsabilisation du gouvernement de l’autre.
Le rôle essentiel du journalisme fait l’objet de peu de débats et pourtant, les questions plus pointues demeurent: faut-il des politiques pour sauver ou aider les organes de presse existants et est-ce que les nouvelles options numériques constituent un remplacement efficace? Je pense à des gens comme Clay Shirky, un professeur de médias bien connu aux États-Unis, qui ont prévu il y a des années les défis d’aujourd’hui.
En effet, en 2009, M. Shirky a rédigé un article très populaire sur la préoccupation des médias pour le monde numérique. Il a écrit:
On tourne en rond et les gens résolus à sauver le journal insiste sur la question, à savoir: « si l’ancien modèle ne fonctionne plus, qu’est-ce qui fonctionnera à sa place? » La réponse est « rien ». Rien ne fonctionnera. Il n’y a aucun modèle général de journal pour remplacer celui que l’Internet vient de détruire.
Il y a des politiques qui méritent une considération, mais M. Shirky dit essentiellement que le journal grand public tel que nous l’avons connu ne peut faire concurrence à l’Internet et pas uniquement en raison d’une perte de revenus, par exemple les petites annonces, ou du déclin du lectorat. Le rôle de regroupement de contenus divers du journal est moins pertinent aujourd’hui et le journal dans son ensemble a beaucoup moins de valeur qu’auparavant, étant donné les options qui s’offrent de nos jours.
De plus, les journaux font face à plus de concurrence que jamais auparavant. À mon avis, certains journaux disparaissent parce qu’il y a trop de voix, du moins dans le cadre de leur modèle économique, et non pas parce qu’il en manque. À quelques exceptions près, le contenu produit par les journaux peut être obtenu à moindre prix d’organismes en ligne, d’organismes non gouvernementaux, de blogueurs et d’une myriade d’autres sources. On peut discuter de la qualité et du produit éditorial, mais il y a des options pour pratiquement toutes les formes de l’information publiée dans les journaux par le passé et parfois, en exclusivité.
Faute d’un contenu de remplacement ou à prime, l’expérience montre que le marché existe, ce qui explique le succès de publications financières, quelques publications de nouvelles sportives et certaines publications spécialisées à accès payant. Pour ce qui est des publications d’intérêt général, je crois que la question est pourtant de savoir si les organes de presse numérique, qui ont l’avantage de peu d’entraves à l’accès ainsi que l’accès à de nouveaux publics et des modèles opérationnels innovateurs, peuvent parfois remplacer certains des organes de presse classiques. Je crois qu’il y a des preuves suggérant que c’est possible, au moins dans certains domaines.
Par exemple, la couverture de l’actualité politique est souvent perçue comme essentielle à la responsabilisation du gouvernement. Certains pointent le déclin à l’échelle régionale du nombre de membres de la tribune de la presse parlementaire comme preuve de la crise. Je crois qu’il est plus révélateur de déterminer le nombre d’organismes au format numérique uniquement qui investissent dans le reportage politique original.
Actuellement, les membres de la tribune de la presse comprennent des nouveaux venus tels que The Huffington Post, The Tyee — je sais que le Comité lui a donné audience — rabble.ca, National Observer et VICE News. De plus, il y a une foule de journalistes indépendants expérimentés dont le travail apparaît dans de nombreuses publications, dont des publications numériques spécialisées telles que iPolitics, Blacklock's Reporter et The Wire Report.
Le travail des journalistes dans ces publications ainsi que les sources de publications de créneau et les experts blogueurs ou indépendants nous offrent l’occasion d’atteindre des publics divers et de traiter d’enjeux particuliers en plus de profondeur par rapport aux journaux plus importants qui, souvent, mettent l’accent sur des préoccupations générales.
Voilà pour ma perspective sur la situation actuelle. Je voudrais maintenant parler de quelques-unes des questions de politique.
À l’heure du déclin évident de certains organes de presse bien connus, la tentation de faire quelque chose n’a rien d’étonnant et je crois qu’il y a des mesures possibles à prendre pour faciliter le passage au numérique. Toutefois, nous devons nous méfier de réformes qui prolongent tout simplement l’existence de quelques entités figées en échec, ou de réformes qui ont des conséquences imprévues graves, dont certaines — celles qui me préoccupent — proposent une taxe sur les services de fournisseurs Internet comme nouvelle source de revenus. Ce serait l’équivalent d’une taxe sur tout ce qui est numérique qui aurait pour effet de rendre l’accès à l’Internet plus cher pour les Canadiens et d’élargir le fossé numérique.
Nous avons vu par moments des propositions de ce qui pourrait être considéré comme des taxes sur les liens dans les agrégateurs numériques qui dirigent les internautes à des sites originaux et ne font l’agrégation que du contenu rendu accessible par la source d’origine. À mon avis, ces propositions suscitent des préoccupations graves relatives à la liberté d’expression et entraînent le risque de réduire la diversité des voix.
Enfin, nous avons entendu parler de propositions pour la réforme des droits d’auteur et de l’utilisation équitable en se dispensant de la règle de longue date selon laquelle le droit d’auteur protège l’expression et non pas les idées. On court ainsi le risque de protéger des faits et d’empêcher d’autres de faire du reportage, ce qui, à mon avis, nuirait à l’intégrité des reportages et créerait des coûts pour d’autres groupes. En effet, je crois que les suggestions selon lesquelles l’utilisation équitable et une expansion pour inclure les études seraient en quelque sorte pertinentes sont tout simplement fausses. Je crois que de tels changements auraient des répercussions graves sur la situation numérique au Canada et en fin de compte, nuiraient aux nouveaux venus qui offrent l’espoir de plus de choix médiatiques.
Qu’est-ce qu’on peut faire? Je crois que les objectifs stratégiques doivent se fonder sur l’offre de chances égales à tous en établissant la priorité de la qualité du journalisme, sans égard à la source.
Permettez-moi de préciser cinq étapes possibles.
D’abord, un monde robuste des médias numériques repose sur un accès pour tous, tant les participants que les lecteurs. Ainsi, il faut réduire le fossé numérique en offrant un accès abordable à large bande à tous les Canadiens. Nous n’y sommes pas encore parvenus au Canada et l’expérience suggère que le marché à lui seul ne résoudra pas le problème. Nous devons mettre l’accent sur l’offre d’un accès Internet et des équipements abordables ainsi que le développement de compétences informatiques.
En deuxième lieu et en ce qui concerne le radiodiffuseur public du Canada, je sais que l’accent que la CBC met sur la diffusion numérique des nouvelles a créé de la frustration au sein de bon nombre d’organes de presse établis. Pour réconcilier l’adoption par la CBC de la diffusion numérique afin de demeurer pertinent avec l’incidence financière sur les services de presse du secteur privé, le radiodiffuseur public pourrait être tenu d’adopter une approche sans publicité pour sa présence journalistique en ligne. Une telle approche lui permettrait de s’assurer de l’atteinte de son public numérique tout en évitant de faire concurrence directe avec le secteur privé pour ce qui est des revenus publicitaires.
En troisième lieu et comme je l’ai souligné tantôt, il y a eu ce que je considère comme des suggestions de politiques nuisibles, mais il y a aussi quelques possibilités pratiques. Les services de presse du secteur privé pourraient profiter d’une modification permettant des déductions d’impôt pour la publicité dans des sites Web canadiens. À mon avis, les services en ligne doivent demeurer non réglementés et exemptés de cotisations obligatoires, mais être visés par les taxes de vente générales. La perception de la TPS ou la TVH sur des services canadiens tels que CraveTV sans percevoir de taxe sur les services étrangers dans l’espace médiatique, notamment Netflix, créerait une perte de recettes fiscales et désavantagerait les services nationaux par rapport aux services étrangers.
En quatrième lieu, éliminer les obstacles à l’accès en ce qui concerne le journalisme, ce qui comprend des règles relatives à l’accès à l’information à tous les ordres de gouvernement ainsi qu’une meilleure reconnaissance des journalistes de tous les organes de presse et une meilleure disponibilité lors des conférences de presse.
Enfin, se concentrer sur le journalisme et non pas sur les organismes. Par exemple, je crois que les recommandations que l’Association canadienne des journalistes vous a présentées quant à la valeur de l’adoption du journalisme sans but lucratif, qui ont bien fonctionné ailleurs, sont excellentes. Le versement de subventions gouvernementales aux journaux est à rejeter, mais des modèles de financement pour des projets de journalisme comme équivalent médiatique du Programme de contestation judiciaire, par exemple, pourraient être utiles.
Je termine en disant que l’incertitude associée aux modèles numériques, à la perte d’emplois et à l’avenir de certains des organismes médiatiques les plus connus au Canada suscite, sans surprise, de la tristesse, de l’appréhension et des préoccupations. Toutefois, l’émergence de nouvelles voix et, de la part des voix plus anciennes, des approches innovatrices évoque la vraisemblance que le journalisme n’est ni mort ni mourant. La voie à suivre, c’est d’éviter des réformes politiques qui font plus de mal que de bien et de faire confiance en une transformation qui a pour fondement plus d’accès et un plus grand nombre de voix.
J’attends vos questions avec impatience.
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Merci beaucoup. C’est un plaisir d’être ici aujourd’hui pour parler de ma recherche.
J’ai lancé le Projet de recherche sur les nouvelles locales quand je suis devenue membre de la faculté de l’Université Ryerson en 2007, après avoir quitté le reportage des nouvelles quotidiennes.
Avant de commencer, je tiens à préciser que mes commentaires portent précisément sur les nouvelles locales, c’est-à-dire des reportages produits par un organe de presse local et qui sont concentrés sur les personnes, les lieux et les activités dans une communauté en particulier. Je ne parle pas de nouvelles nationales ou internationales.
Mon intérêt pour ce que j’appelle la pauvreté des nouvelles locales prend ses racines dans mes observations des médias d’information: certaines communautés ont une vaste gamme de médias d’information parmi lesquels choisir et d’autres n’en ont pas. À Toronto par exemple, il y a quatre quotidiens et de nombreuses chaînes de télévision et de diffusion en ligne. Par comparaison, une ville voisine telle que Brampton, la neuvième ville la plus importante au Canada dont la population est plus de 500 000, dépend plus ou moins exclusivement du Brampton Guardian, un journal communautaire du groupe Metroland Media. Il n’y a aucune station de radio ou de télévision locale et aucun quotidien local qui présente exclusivement les nouvelles de la communauté en particulier.
La réalité, comme vous le savez bien, c’est qu’il y a eu une perturbation importante au sein de l’industrie de l’information. Déjà, les habitants de petites villes, de villages, de banlieues et de communautés rurales ont moins d’options et au cours des dernières années, leurs options sont devenues de plus en plus limitées. La question est donc bien sûr de savoir si c’est important, et la recherche suggère que la réponse est « oui ».
Aux États-Unis, la Knight Commission on the Information Needs of Communities in a Democracy a conclu dans son rapport que l’information est aussi essentielle au bon fonctionnement d’une communauté que l’air propre, la sécurité des rues, la qualité des écoles et la santé publique. Le rapport se poursuit en expliquant que l’information et les nouvelles permettent aux communautés de développer le sentiment d’interdépendance. Elles donnent accès à l’information permettant de tenir responsable les autorités publiques de leurs actions et fournissent l’information dont les membres des communautés ont besoin pour travailler ensemble afin de résoudre des problèmes.
Le journalisme local fait l’objet d’un examen de plus en plus intense aux États-Unis, mais ce qui se passe au Canada nous est largement inconnu. Je crois que le Comité a donné audience à des témoins qui l’ont souligné, notamment le professeur Dwayne Winseck de l’Université Carlton, qui a dit plus tôt cette année qu’il y a beaucoup d’opinions et peu de données en fonction desquelles agir en ce qui concerne l’évolution des nouvelles locales.
Moi et mes collègues, Jon Corbett de l’Université de la Colombie-Britannique et Jaigris Hodson, de l’Université Royal Roads, nous essayons de combler certaines des lacunes dans les données à ce sujet. L’été dernier, nous avons lancé notre enquête sur la pauvreté des nouvelles locales et tout récemment, nous avons commencé à préparer nos données à des fins de discussion avec vous.
Le projet a pour objectif de créer un outil qui nous permettra de suivre les changements dans les sources de nouvelles locales, mesurer le point auquel certaines communautés sont mieux servies que d’autres, déterminer si les médias sociaux et les sites de nouvelles en ligne comblent la lacune créée par la perte de médias classiques et faire enquête sur la raison pour laquelle certaines communautés sont mieux servies que d’autres. À plus long terme, nous nous intéressons aussi à étudier l’incidence de la perte de tels organismes médiatiques sur l’engagement civique et politique et à rechercher les solutions possibles.
À ce moment-ci, notre projet se divise essentiellement en deux parties principales. La première partie, c’est la carte des nouvelles locales. La production participative permet aux utilisateurs d’ajouter de l’information sur les changements dans les organismes médiatiques locaux: le lancement d’un nouvel organisme médiatique, la fermeture d’un autre, l’ajout de services ou le retrait de services. La carte porte sur les chaînes de diffusion locale et en ligne et la presse écrite.
Nous avons lancé la carte en juin. Nous voulions le faire pour enclencher un débat sur ce qui se passe dans le journalisme local et pour produire des données aux fins du débat, et afin de nous aider à relever des tendances et des modèles, le cas échéant. En général, la carte permet de représenter ce qui se passe dans le journalisme local dans les grandes lignes, mais également de faire un zoom avant sur des communautés locales et de voir ce qui a changé à l’échelle locale. On peut voir l’évolution d’un type d’organisme médiatique en particulier, par exemple le journal communautaire ou la station de radio ou de télévision locale.
Il est aussi possible de suivre les changements selon le propriétaire de l’organisme médiatique. La collecte de données se fait bien sûr par production participative, donc la qualité de la carte se limite à la qualité des données ajoutées par les participants, mais nous agissons comme modérateurs de la carte et nous croyons que les données sont fiables et que les tendances que nous y voyons tiennent compte de la réalité.
Que voyons-nous? Trois mois après son lancement, la carte présente une image assez puissante — et à mon avis, perturbante pour bon nombre de gens — de salles de presse qui ferment et dont le nombre dépasse de loin celles qui sont lancées.
Lors de notre examen des données en fin septembre, 307 repères sur la carte signalaient des changements depuis 2008, puisque nous voulions présenter une perspective historique. De ces 307 repères, 164 signalaient la fermeture d’une chaîne de nouvelles locale dans 132 communautés différentes à l’échelle du pays. Par contre, seulement 63 repères signalaient le lancement d’une nouvelle source de nouvelles locales.
Dans la deuxième partie de notre projet, nous examinons la couverture par les chaînes de nouvelles locales de la course pour devenir député lors des élections fédérales de 2015. La couverture des élections nous intéressait parce que la course pour représenter une communauté à la Chambre des communes est un important événement d’actualité qui mérite l’attention des médias d’information. Ainsi, nous croyons qu’à certains égards, cette couverture témoigne en quelque sorte du rendement global des médias locaux de l’information en général.
Nous avons examiné les médias d’information locaux et la couverture qu’ils ont fait de la course pour devenir député dans huit communautés: Peterborough, la ville de Kawartha Lakes, Oakville, Brampton et Thunder Bay, en Ontario, Brandon, au Manitoba ainsi que Nanaimo et Kamloops, en Colombie-Britannique. Nous avons repéré les chaînes d’information locales dans ces communautés et ensuite, nous avons obtenu tous les articles portant sur la course aux élections de leurs députés respectifs au cours du mois avant le vote.
La mémoire que j’ai présentée renferme des chiffres montrant que le nombre de sources locales de nouvelles diffère beaucoup d’une communauté à une autre. Par exemple, il y a trois chaînes d’information à Brampton, soit 0,14 chaîne d’information par tranche de 10 000 électeurs inscrits. Par contre, il y a 1,25 chaîne d’information par tranche de 10 000 électeurs inscrits à Kamloops, où il y a neuf chaînes d’information.
Les données suggèrent que les grandes villes de banlieue sont relativement mal servies pour ce qui est du nombre de chaînes d’information qui s’y trouve. Ces données montrent également que les communautés rurales comme la ville de Kawartha Lakes sont elles aussi relativement mal servies. Ce qui est intrigant, c’est qu’en même temps, on observe beaucoup de variation dans des communautés moyennes telles que Nanaimo, Thunder Bay, Peterborough et Kamloops. La question, c’est pourquoi? Pourquoi certaines sont-elles mieux servies que d’autres?
À cette étape, nous pouvons faire une deuxième observation importante et je tiens à souligner que les données que nous présentons ici ont été obtenues au cours des deux dernières semaines et sont vraiment préliminaires. Nous avons observé des écarts considérables dans le nombre d’articles sur les courses locales pour devenir député. Encore une fois, la ville de Brampton était relativement mal servie: il y a eu 43 articles au total, mais encore, seulement deux articles environ pour chaque tranche de 10 000 électeurs inscrits. Pour les habitants de Thunder Bay ou de Kamloops, il s’agissait de 20 à 25 articles par tranche de 10 000 électeurs inscrits. Encore une fois, l’écart est important dans le nombre d’articles publiés.
Je voudrais attirer votre attention sur le cas de Nanaimo où 15 articles ont été publiés pour chaque tranche de 10 000 électeurs. Nous avons repéré 103 articles, mais 57 d’entre eux provenaient du Nanaimo Daily News, qui a fermé ses portes plus tôt cette année. Donc, il s’agit de 57 articles qu’une chaîne de nouvelles locale ne produit plus.
Il y a aussi le cas d’un site de nouvelles en ligne — d’ailleurs, un site assez animé — à Kamloops, le site NewsKamloops. Le site a été lancé après la fermeture du journal quotidien de la communauté et lui aussi a fermé plus tôt cette semaine. Je crois qu’il a publié environ 35 à 40 articles des 105 articles que les électeurs de Kamloops pouvaient consulter.
Nous observons un manque important de diversité, dans certaines communautés plus que d’autres. Nous avons fait un autre examen portant sur la diversité des voix. Encore une fois, nous avons découvert qu’à Brampton, un seul organe de presse local domine la production de nouvelles alors que dans des villes telles que Thunder Bay et Kamloops, la couverture de l’actualité était répartie plus uniformément entre les divers organes de presse, ce qui permettait aux gens de consulter une plus grande variété d’articles.
Selon nos données jusqu’ici, la couverture journalistique des courses locales pour devenir député était très variable selon la région. D’après les trois examens, les habitants de villes comme Kamloops profitent d’une abondance relative de nouvelles locales par rapport aux habitants de villes comme Brampton ou de communautés rurales comme la ville de Kawartha Lakes.
La prochaine étape dans notre recherche consiste à prendre les données de tous ces examens et en obtenir une valeur unique dans un index que nous pouvons utiliser afin d’établir une échelle de cotation des communautés relativement à la pauvreté des nouvelles locales. Autrement dit, la valeur unique tiendra compte de la pauvreté relative des nouvelles et ensuite, nous pouvons observer les caractéristiques des communautés mal servies et essayer de comprendre les raisons pour lesquelles elles sont moins bien servies que d’autres. Si vous voulez, je peux parler de quelques pistes d’enquête possibles.
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Je vous remercie pour cette question.
Je dois avouer qu'il me serait difficile de me prononcer sur un tel sujet alors qu'à cette époque j'avais huit ans. Je ne peux pas dire avec certitude ce que j'aurais fait pour protéger ces institutions canadiennes auxquelles vous faites allusion.
Cependant, je pense que nous avions adopté des mesures de plus en plus protectionnistes ou des mesures qui tenaient compte de la rareté, disons, des ondes ou de quelque chose comme ça, des politiques nationales importantes et des priorités qui avaient vraiment une raison d'être dans le système à une époque où de telles restrictions étaient en vigueur. Ça n'avait rien de surprenant, je le pense, et c'était ce que nous devons faire pour établir certaines mesures qui s'assuraient que les Canadiennes et les Canadiens verraient leur propre pays dans un système où il y avait de telles restrictions.
Ce qui a changé au cours des décennies suivant l'époque où nous avons adopté de telles politiques, c'est que, comme tout le monde le sait, nous vivons actuellement à une époque où il y a une abondance telle que la rareté n'est plus un problème. Le fait est que, dans un certain sens, nous avons trop de choix. Cela étant, les revenus potentiels se dispersent entre tellement d'acteurs qu'il est difficile pour certaines personnes de réussir dans le milieu. Au moins, comme ils auraient pu le faire autrefois. C'est sans aucun doute un domaine en pleine transformation et ça représente un véritable défi. Je crois que nous en sommes à un stade préliminaire, et ce, même si on tient compte des propos qui font la manchette.
Je vois qu'il y a beaucoup de nouvelles qui pourraient en décourager plus d'un. Et c'est certainement le cas. En même temps, cela nous indique que beaucoup de projets d'expérimentation sont en cours. Nous sommes dans les premiers jours d'une nouvelle ère. Je vous dirais, en guise de mise en garde, de ne pas apporter de nouvelles solutions législatives à un stade si précoce.
Je vais reprendre là où mon collège du NPD mentionnait que le système était en état de choc.
Étant donné que John Oliver de l'émission Last Week Tonight de la chaîne HBO n'a pas pu se présenter devant le présent Comité, je vais citer ses propos sur l'avenir du journalisme. C'est tout à fait brillant. Si vous me permettez:
C'est tout comme s'il tente le sort en étant si confiant. Il agit comme un citoyen de Pompéi qui dit: « Ce que j'adore de cette ville c'est qu'elle est à l'épreuve des volcans! Il n'y a pas une seule année qui passe sans que l'on craigne que nos postures horrifiées soient figées à tout jamais dans les cendres. »
Il avance un argument fort pertinent à propos de l'importance des nouvelles locales, ce qu'il définit comme étant les médias. Il dit:
Il m'apparaît tout à fait évident que sans la presse écrite que l'on cite souvent, les bulletins d'informations à la télévision consisteraient en Wolf Blitzer qui donnerait sans arrêt des coups sur une pelote de laine... Les médias consistent en une chaîne alimentaire qui ne peut exister sans la présence de la presse écrite locale.
C'est un point de vue intéressant à adopter pour comprendre le rôle clef de la presse écrite et le point d'origine des reportages.
Ce qui m'effraie le plus, et il en avait parlé, est qu'un comité similaire a lieu au sud de la frontière, au Congrès. David Simon y a assisté. C'est lui qui a créé l'émission, acclamée par la critique, Sur écoute (The Wire). Il était un journaliste de terrain à l'hôtel de ville de Baltimore avant cette époque. Il n'a jamais oublié les leçons apprises. Son compte-rendu glace le sang. Il a dit:
Les 10 ou 15 prochaines années dans notre pays seront les années heureuses de la corruption politique, tant sur le plan local que sur le plan étatique. Il n'y aura pas un meilleur temps pour être un politicien corrompu.
Son argument se résume à ceci: avant de pouvoir trouver des solutions aux problèmes, il faut à tout prix que les propriétés soient réparties en zones et c'est à ce moment qu'on peut bâtir sur du solide. Je sais très bien que je ne peux pas regarder Spotlight (Édition spéciale). Je ne l'ai pas encore fait. Je trouve tout cela très frustrant, puisqu'un tel travail de journalisme d'enquête en profondeur, lequel est très important pour la démocratie, n'existe plus de nos jours.
Au dire de John Oliver:
En majeure partie, nous sommes responsables de la chute de l'industrie journalistique, la faute nous revient, car nous ne voulons pas payer les journalistes pour leur labeur. Nous nous sommes habitués à recevoir le fruit du travail des journalistes sans avoir à payer un sou. À un moment ou à un autre, nous allons devoir payer les journalistes pour leur travail, sinon ça va nous coûter très cher.
En disant ça, je vous ramène à un point antérieur de notre discussion, et il est encore question des revenus, des droits d'auteur et tout ce dont mon collègue parlait plus tôt. Il m'est d'avis que tout journaliste désire que son travail soit lu ou entendu autant qu'il en est possible. Comme vous l'avez dit, ce n'est pas ça le problème. Le problème, c'est comment peut-on gagner sa vie dans ce domaine? Comment peut-on compenser un travail journalistique de première qualité?
Je vous remercie, tous les deux, de vos présentations. Vos présentations ont été parmi les plus substantielles que nous avons entendues. La difficulté que nous éprouvons est de trouver la façon de résoudre la quadrature de ce cercle. C'est une question d'argent.
Avez-vous des réflexions supplémentaires en particulier sur la question de revenus?
:
Je vous remercie de m'avoir invité.
[Français]
Il y a près de six mois, mes collègues et moi — le groupe de représentants de Patrimoine canadien — étions les premiers invités aux travaux de votre Comité, alors que vous lanciez votre étude sur les médias et les communautés locales. Depuis, vous avez sans doute su apprécier la richesse de ce sujet et la diversité des perspectives.
Lors de notre comparution, en février dernier, nous avions brossé un tableau de l'industrie des journaux et de ses enjeux, notamment ceux liés aux changements du comportement des consommateurs; aux baisses de revenus; à l'impact du numérique; et à l'émergence de différents modèles d'affaire. Nous vous avions finalement parlé de la boîte à outils de politiques du gouvernement fédéral.
Nous comprenons qu'à cette étape de vos travaux, vous souhaitez poser certaines autres questions aux représentants du ministère. Toutefois, avant de faire cela, le document qu'on vous a distribué comporte certaines initiatives dont je voudrais parler parce que, depuis le mois de février, des mesures ont été prises, et je voudrais simplement que nous possédions la même information.
Premièrement, vous avez sans doute entendu parler à quelques reprises des changements dans l'industrie.
[Traduction]
Que pouvons-nous dire de la qualité du journalisme? Est-ce que tout ce que nous lisons sur ces sites Web est vrai?
Twitter, Facebook et une vingtaine d'autres entreprises médiatiques ont mis en place un partenariat il y a quelques semaines. Ils ont pour but d'améliorer la qualité des reportages que l'on trouve sur le Web. Ce qu'on doit tirer de ça, c'est qu'eux aussi comprennent l'ampleur du problème, et ils comprennent que l'information qui circule sur leur plateforme n'est vraiment précise et qu'elle ne reflète pas la réalité.
Facebook a également lancé le programme Instant Articles, ce qui consiste en une entente selon laquelle des médias publient du contenu sur Facebook, et Facebook partage les recettes générées des publicités avec ces médias. Il y a aussi Facebook 360, une application vidéo qui intègre la technologie liée à la réalité virtuelle, laquelle est utilisée par de nombreux médias.
En ce qui concerne Amazon, Facebook et Netflix, on dit qu'ils ont été capables de créer un certain algorithme. Facebook a modifié son algorithme pour empêcher les « pièges à clics ». En soi, les pièges à clics sont des articles ou des évènements sensationnalistes qui apparaissent sur Twitter et d'autres plateformes, mais ces articles sont souvent mensongers, alors Facebook a modifié son algorithme pour empêcher de tels articles de figurer sur leur site Web.
Par rapport à Postmedia, nous avons appris de bulletins d'information que Postmedia a restructuré sa dette et, selon l'entreprise, elle veut investir l'argent épargné dans des projets numériques.
[Français]
M. Nantel a parlé de la restructuration de Rogers, qui s'est départi de certains journaux, et qui a décidé que certains titres iront directement en ligne. Il y a eu des changements chez Rogers.
La semaine dernière, vous avez reçu une coalition de journaux du Québec. Les porte-parole ont présenté une panoplie de propositions, dont un fonds d'aide à la transition. Vous parlez de crédit d'impôt. Ce sont tous des types de mesures dont vous aviez sans doute entendu parler par l'entremise d'autres présentations individuelles.
Ce que M. Geist disait plus tôt sur le droit d'auteur est intéressant, parce que la coalition a mis dans sa liste de suggestions le fait de renforcer la Loi sur le droit d'auteur pour protéger les droits d'auteur des journalistes.
C'est donc une proposition qui a été faite au gouvernement fédéral. Il y a une dizaine de jours, VICE Media a annoncé qu'elle allait élargir la portée de VICE Québec.
Celui-là, je vous avoue que c'est un peu
[Traduction]
Voici l'un de mes faits saillants préférés : je lisais cet article de VICE Québec qui disait que ses membres apprécient les nouvelles locales. C'est rare de lire des articles de tels sites Web de nouvelles qui mentionnent l'importance de la presse locale. Je ne voulais qu'attirer votre attention sur ce fait.
Le ministère du Patrimoine canadien et le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique Canada —je ne vais jamais m'habituer à ce nom; on l'appelait autrefois Industrie Canada— ont donné un mandat assez important au Forum des politiques publiques pour fournir au gouvernement des avis d'experts sur la situation de la presse écrite. Ils ont fait des recherches et organisé des tables-rondes et ils vont nous remettre en décembre un rapport comprenant une série d'options stratégiques. Je veux vous avertir tout simplement que c'est encore en cours et nous attendons le rapport.
Vous avez probablement remarqué que l'honorable Mélanie Joly a lancé des consultations publiques sur le contenu canadien dans le monde numérique, et je vais demander à Helen si elle veut nous en donner de plus amples détails.
Merci.
[Français]
Je suis ici pour vous à mettre à jour en ce qui concerne les consultations sur le contenu canadien dans un monde numérique.
[Traduction]
En ce qui concerne la procédure, il y a eu des consultations préalables au mois d'avril 2016 de pair avec la diffusion d'un document et d'un questionnaire en ligne pour recevoir l'avis des Canadiens sur les sujets qui leur tiennent à coeur. Cela a duré jusqu'au 27 mai, et nous avons reçul'avis d'environ 10 000 personnes. En ce qui concerne les résultats « élevés », 85 % des répondants ont dit qu'ils considéraient comme « assez » ou « très » important l'accès à du contenu canadien dans le monde numérique. Et 88 % des répondants publics ont dit qu'ils considéraient « assez » ou « très » important l'accès à du contenu local dans leurs communautés.
Il s'agit de résultats très intéressants pour le comité.
La ministre a également nommé en juin un groupe consultatif d'experts pour la soutenir dans ses démarches. Ce groupe s'acquittera de son mandat jusqu'en février 2017. Ces experts servent d'organe de réflexion pour la ministre et apportent leur concours à l'orientation des politiques. Le groupe n'a aucun pouvoir de décision et n'a pas à produire de rapport officiel.
La deuxième phase des consultations officielles a été lancée en septembre avec la production d'un document de consultation et d'un portail Web, ainsi que la diffusion de résultats de l'enquête des consultations préalables. Les consultations portaient sur des questions liées au contenu informatif et au contenu ludique tel qu'il est diffusé à la télévision, à la radio, dans les films, dans les médias numériques et sur les plateformes, dans les jeux vidéo, dans la musique, dans les livres, dans les journaux et dans les magazines.
Pourquoi faisons-nous ces consultations? Je vais vous citer le document en question qui a déjà été publié.
Bien que nous voulions faire l'état de la situation actuelle, nous soutenons les créateurs et les entrepreneurs culturels dans l'adaptation d'un nouvel environnement, dans les efforts de renforcement du contenu canadien, la création, la découverte et l'exportation dans le contexte numérique. Nous voulons rendre les créateurs et les entrepreneurs culturels du Canada beaucoup plus forts pour qu'ils puissent s'épanouir et contribuer du mieux qu'ils le peuvent à l'économie du Canada et à notre qualité de vie.
Renforcer la création, la découverte et l’exportation de contenu canadien dans un monde numérique signifie que nous créons des voies vers des marchés. Les créateurs peuvent donc partager des histoires captivantes et poignantes qui façonnent un pays ouvert et inclusif, le Canada. Cela signifie que les Canadiennes et les Canadiens soient fiers de leurs créateurs et cherchent activement du contenu produit par les Canadiennes et les Canadiens disponible dans les deux langues officielles et qu'ils participent à notre démocratie en ayant accès à de l'information, à des nouvelles et à du contenu de première qualité qui reflètent un ensemble de voix et de perspectives. À l'étranger, cela signifie que les auditoires à l'échelle mondiale soient attirés par le contenu produit par les Canadiennes et les Canadiens parce qu'il s'agit d'un contenu unique, de calibre mondial.
Par-dessus tout, cela signifie que nous tenons en haute estime la contribution, sur les plans social et économique, de nos créateurs et de nos entrepreneurs culturels, reconnaissons que la créativité est au coeur de l'innovation et qu'elle est clef pour une classe moyenne forte et pour la réussite du Canada.
Si vous désirez participer à ces consultations, vous pouvez assister aux séances qui ont eu lieu dans six villes du pays. Vous pouvez consulter le calendrier affiché sur notre site Web. Une des séances a déjà eu lieu à Vancouver et d'autres séances suivront à Halifax, à Toronto, à Montréal, à Edmonton et au Nunavut. Certains de ces évènements seront diffusés sur Facebook Live. Les Canadiennes et Canadiens de tous les horizons peuvent soumettre leurs idées et leurs histoires sur le portail Web. Ils peuvent également donner leur avis sur la façon dont nous pouvons promouvoir et soutenir le contenu canadien dans le monde numérique.
La consultation, vous l'avez assurément remarqué, comporte de nombreuses facettes. Sur le plan du contenu, nous couvrons de nombreux sujets, et nous faisons participer les gens de nombreuses façons. Il y a six évènements en personne que la ministre va tenir et je crois que trois d'entre eux seront diffusés sur Facebook Live. Même si vous n'êtes pas physiquement présents dans la salle, il vous sera tout de même possible de participer à l'évènement en utilisant Facebook Live.
Le portail Web sera également disponible aux Candiennes et Canadiens; ils pourront l'utiliser pour soumettre leurs idées et ainsi de suite. Il existe aussi quelque chose que nous appelons une trousse de consultation, laquelle a été conçue pour que les gens l'utilisent pour organiser leurs propres consultations et ensuite nous rendre un rapport de leurs consultations en utilisant le portail Web. Ainsi, nous voulons rejoindre un plus grand nombre de personnes. Notre but est de rendre le tout simple. Que tous, députés et groupes d'intérêt, créateurs et acteurs industriels, puissent interpeler les Canadiennes et les Canadiens; nous voulons leurs avis et leur retour sur les consultations. Notre but est de leur donner un outil, puisque des multiples consultations ont lieu en même temps.
En ce qui concerne nos objectifs... Je crois que je parlais très vite, puisque je désirais donner le plus de renseignements possible et je veux vous remercier de m'avoir laissée m'exprimer. Mon but était de vous donner les principaux points qui figurent déjà dans le document de consultation du gouvernement. Nous nous sommes fixé un programme ambitieux par rapport à nos objectifs généraux. Il est écrit dans le document de consultation, vous l'avez peut-être remarqué, que l'un de nos objectifs est que les « Canadiens aient l'occasion de jouer un rôle actif dans notre démocratie en ayant accès à des nouvelles et à des informations locales de grande qualité provenant de sources et de points de vue variés. »
Il m'est d'avis que le processus de consultation est pertinent pour vous, assurément, puisque nous y discutons du problème sur le contenu local, et le processus de consultation donne une occasion à tous les Canadiennes et Canadiens de faire entendre leur voix. Comme nous l'avons remarqué dans les résultats des sondages en ligne obtenus pendant les consultations préalables, les Canadiennes et Canadiens sont d'avis que le contenu local est très important.
Je crois que j'en ai assez parlé.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence parmi nous.
Vous êtes venus nous voir pour nous aider à nous orienter en ce début d'étude.
On a entendu beaucoup de choses préoccupantes. Je pense que tous les membres de ce comité cherchent à apporter de l'eau au moulin et à approfondir la réflexion. Nous sommes contents de savoir que vous lisez et scrutez les procès-verbaux de ces rencontres.
Il ne faut pas mettre tous les problèmes dans le même panier. Les médias régionaux et les médias en général ont un problème de revenus. En effet, le placement publicitaire n'est plus ce qu'il était.
Notre production culturelle souffre aussi d'un problème de visibilité. Ce problème se trouve sur le portail de Netflix, sous l'onglet « Kids ». On y trouve près de 600 choix et les choix canadiens sont de l'ordre de 15 ou 20 au maximum. Il faut en débattre. Des produits apparaissent et disparaissent, mais en général, pourquoi est-ce ainsi?
Ce n'est peut-être pas tant Netflix qui ne veut pas collaborer que le fait que notre système de production et de diffusion a été très bien géré en ce qui a trait à l'offre et à la demande. C'est un système tissé serré. Quelqu'un voulant produire une oeuvre audiovisuelle va déjà savoir qui va diffuser son oeuvre dans quatre ans parce que cette entité a assumé les coûts de diffusion et les a inclus dans le budget de production. Que Netflix ne soit pas là, c'est normal, car cette compagnie n'était pas là quand ces productions ont commencé. Netflix n'était pas dans le système et les droits pour le fournisseurs de services par contournement n'étaient peut-être même pas existants quand cela a été tourné.
Aujourd'hui, je suis content que nous parlions des pertes de revenus de nos médias locaux. C'est certainement le but de l'étude. Il est question de ce sentiment de reconnaissance que peuvent avoir tous les Canadiens en regardant leurs médias de chez eux. Ils n'ont pas, alors, le sentiment d'habiter dans une entrée de garage au fin fond du Connecticut, mais celui de faire partie d'une communauté qui existe et dont on parle, qui garde la vie et qui garde ses jeunes, qui garde ses commerces locaux et tout cela. Il y a cet enjeu.
Mme Kennedy est ici pour parler des consultations. Je pense qu'il y a un enjeu de communications et j'espère que le gouvernement va siffler la fin de la récréation. Il doit dire qu'il faut s'arrêter pendant deux minutes, voir que notre système est tissé serré et que tout le monde a intérêt à protéger cela. J'aimerais que tout le monde vienne parler et ne prenne pas de décisions pour l'instant.
Je trouve que depuis quelques mois, c'est la récréation. Le Bureau de certification des produits audiovisuels canadiens change son pointage, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes change le pointage pour le contenu canadien, shomi ferme parce que ce n'est pas payant, on veut vendre L'actualité et Châtelaine, Radio-Canada improvise et le Fonds des médias du Canada décide d'envoyer notre contenu sur YouTube pour le 150e anniversaire du Canada!
Il faudrait une super vision d'ensemble, mais elle n'est pas là. Je m'attendrais à ce que la et le prennent cela en mains. Je suis quand même content, monsieur Bernier, que vous ayez fait allusion, lors de votre présentation, à l'étude commandée par Patrimoine canadien et ISDEC, parce que c'est important. Le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique ne s'est pas occupé de cela pendant 10 ans en pensant que ce n'était qu'une histoire de patrimoine. Je suis content qu'il se montre à la table.
Justement, Mme Joly a souvent dit que tout était sur la table, alors peut-on avoir tout le monde autour de la table? En tout cas, beaucoup de gens m'appellent et me disent qu'ils aimeraient y aller, mais qu'on ne les a pas invités aux rencontres. Doivent-ils passer par Mme Guindon et M. Smith, présenter un mémoire de quatre pages, aller au microphone et dire ce qu'ils aimeraient dire? Ça ne marche pas.
Pour ma part, je n'ai pas d'autre choix que d'avoir confiance en vous et Mme Joly. Vous êtes des professionnels et vous faites votre travail très bien depuis longtemps. Il n'empêche que l'heure est grave. Je ne veux pas avoir l'air d'une grand-mère qui a peur du tonnerre, la vérité est que notre système est en péril. Il est lézardé et des gens profitent de cet état de fait, des gens qui viennent d'ailleurs et qui se disent que c'est un territoire à conquérir comme les autres. On les comprend car c'est dans leur intérêt, ils ont des actionnaires qui veulent que leur investissement rapporte.
Cependant, nous avons un système et j'aimerais savoir quel est, officiellement, le processus à suivre pour faire partie des invités. Je ne fais pas partie de ceux qui veulent y aller, mais beaucoup d'intervenants aimeraient savoir que tout le monde est à la table.
Il y a, notamment, George Cope de Bell Canada, qui est à la tête d'une entreprise dont on a toujours été très fier et qui profite des avantages de l'utilisation du spectre pour sa téléphonie sans fil. C'est un joueur important et c'est une compagnie publique importante.
Des fonds de pension sont en cause. Tout est important. Bell n'est pas un monstre, mais un joueur super important. Par contre, il a aussi des responsabilités envers nous. C'est la même chose pour la famille de Ted Rogers.
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Merci, madame la présidente.
Tout à l'heure, j'ai fait référence à la famille Rogers, une entreprise de chez nous qui a décidé de bâtir des réseaux comme Cantel. Je suis un abonné de Rogers depuis 22 ans, parce que c'est un système fiable et bien conçu pour notre pays. Il est bien adapté à notre situation géographique.
De nos jour, les mêmes entreprises cherchent à s'adapter aux goûts des Canadiens. Par contre, il ne faut pas s'attendre à ce que les Canadiens se grattent la tête en disant qu'ils aimeraient vraiment qu'il y ait beaucoup plus de contenu canadien, que cette question les préoccupe. Il ne faut pas s'attendre, non plus, à ce qu'ils déclarent ne pas aimer James Bond, ou Orange is the new black, en fait, les émissions que tout le monde regarde.
Il me semble qu'il y a une candeur dans cette consultation — anonyme, je le rappelle. Je ne vois pas l'intérêt de la chose. Tout à l'heure, M. Breton soulignait que nous devrions pouvoir obtenir plus d'information. Vous avez mentionné que les provinces d'origine des répondants étaient connues. Tout cela m'irrite énormément car, depuis belle lurette, je place beaucoup d'attentes dans cette consultation.
Chaque fois que j'ai eu l'occasion d'avoir des représentants de nos grands joueurs devant moi, je leur ai dit savoir qu'ils portaient plusieurs chapeaux, mais qu'il serait agréable d'entendre l'opinion de personnes avec un chapeau qui leur est propre. Il serait agréable d'entendre la personne qui s'occupe du contenu média et de la production de télévision nous dire que la situation est difficile, que le marché est en train d'être absorbé par la concurrence. Puis, la personne qui branche des fils et installe du service à large bande pourrait nous dire, que du côté de Netflix, tout va très bien chez. C'est la réalité de ces entreprises.
Il faut aussi se rappeler qu'il y a un an ou deux, siégeait à ce comité. Il a posé des questions au représentant de Bell concernant FACTOR et ce qui devait être fait dans le cas de Musicaction pour amener de l'argent au moulin, parce qu'il n'y avait pas de transactions de radios.
Au bout du compte, le représentant de Bell a répondu que, potentiellement, les fonctions d'accès Internet pourraient suffire. Actuellement, c'est ce que demande l'ADISQ. Des commerçants en ligne estiment qu'il va falloir réglementer le service, prélever des taxes. Bell et tous les grands médias demandent à pouvoir jouer à armes égales avec les grands fournisseurs. Pourraient-ils au moins payer les taxes de vente? C'est quand même très élémentaire.
Dans cette optique, je voudrais vous poser trois questions. Est-ce que nous saurons, avant que la consultation soit terminée, qui se rencontre à la grande table et qui est assis à la table des enfants? Qui est invité? Comment se faire inviter? Il faut s'assurer que tous nos joueurs sont présents.
Quel est le processus? Beaucoup de gens se le demandent et plusieurs sont conscients de l'urgence de la situation. Nous dansons sur le Titanic. Alors, qu'est-ce qu'on fait pour réparer le trou dans la coque du bateau?