:
Merci, madame la présidente.
Au nom du ministère du Patrimoine canadien, je vous remercie de nous avoir invités dans le cadre de l'étude que le comité entreprend sur les médias et les communautés locales.
Je m'appelle Jean-François Bernier et je suis le directeur général des industries culturelles au ministère du Patrimoine canadien. Je suis accompagné de Mme Helen Kennedy, qui est directrice générale de la radiodiffusion et des communications numériques; de Mme Marthe Bujold, qui est directrice des politiques stratégiques en matière de radiodiffusion, et de M. Luc Marchand, qui est directeur de la politique et des programmes de l'édition des périodiques au sein de ma propre direction générale.
[Traduction]
Aujourd'hui, nous avons l'intention d'aborder deux domaines d'intérêt liés à votre étude, à savoir le secteur des journaux et celui de la radiodiffusion — en respectant les 10 minutes imparties.
Nous avons préparé des exposés. Je vous parlerai tout d'abord du secteur des journaux et Helen poursuivra avec celui de la radiodiffusion.
Veuillez ouvrir votre document à la page 3.
[Français]
La contribution annuelle des journaux canadiens à l'économie du pays représente plus de 30 000 emplois et des revenus de près de 3,7 milliards de dollars. Ils créent et diffusent une panoplie de contenus qui informent et divertissent les Canadiens. Les journaux sont un élément clé de notre démocratie. Ils encouragent la reddition de comptes des institutions publiques et privées.
[Traduction]
Partout dans le monde, l'industrie des journaux s'adapte aux défis posés par l'environnement en ligne. Au Canada, cela s'est traduit par des pertes de revenus au cours des dernières années. Malgré les efforts d'innovation, les affaires sont difficiles dans ce secteur. L'industrie canadienne des journaux est essentiellement composée de journaux communautaires en majorité hebdomadaires et gratuits, ainsi que de quotidiens. Comme vous pouvez le voir dans le graphique 1 de la page 6 de votre document, le nombre de journaux communautaires est demeuré relativement stable au cours des cinq dernières années, à savoir environ 1 000 publications. Pour ce type de journaux, le modèle d'affaires principal demeure le format papier.
Comme le démontre le graphique 2 de la page 7, les journaux communautaires ont été touchés par une baisse de revenus modérée. À l'opposé, le nombre de quotidiens a diminué d'environ 15 % ces cinq dernières années. Si vous revenez à la page 6, vous pouvez voir la baisse du nombre de quotidiens. La plupart des quotidiens maintiennent un modèle d'affaires mixte, c'est-à-dire en format papier et en ligne. Leurs revenus totaux et leur lectorat ont diminué de façon importante.
À la page 8, vous constaterez que les habitudes de consommation de nouvelles des Canadiens évoluent rapidement. Les gens, surtout les jeunes Canadiens, consomment de plus en plus du contenu en ligne pour s'informer. Les dépenses en publicité suivent le déplacement des lecteurs vers les publications en ligne, alors qu'elles représentaient traditionnellement l'une des bases de l'industrie des journaux.
J'aimerais beaucoup attirer votre attention sur le graphique de la page 9. Je ne l'expliquerai pas en détail, mais il illustre bien la situation.
Regardez maintenant la page 10. La diminution des revenus a entraîné des fermetures, des pertes d'emplois et des consolidations. Aujourd'hui, au Canada, trois groupes principaux sont propriétaires de presque 66 % de tous les quotidiens et de 35 % de tous les journaux communautaires.
[Français]
Au cours des dernières années, de nouveaux modèles d'affaires ont émergé.
[Traduction]
Par exemple, en conjonction avec sa version papier, le Winnipeg Free Press génère des revenus grâce à une approche où les lecteurs paient seulement pour les articles lus.
[Français]
Par ailleurs, l'application de La Presse + semble avoir du succès. Il s'agit là d'un modèle exclusivement numérique. Tout en expérimentant de nouvelles stratégies, certains éditeurs reconnaissent que les journaux imprimés demeurent le choix de nombreux lecteurs, notamment dans les régions rurales où la bande passante est faible et aussi pour une génération de Canadiens plus âgés.
[Traduction]
À la page 12, vous constaterez que contrairement à d'autres secteurs culturels, par exemple la radiodiffusion, le secteur des journaux ne profite d'aucun cadre stratégique fédéral. Toutefois, au fil des ans, le gouvernement du Canada a mis en oeuvre certaines mesures précises pour appuyer ce secteur.
L'article 19 de la Loi de l'impôt sur le revenu vise à encourager la propriété canadienne dans l'industrie des journaux en interdisant aux annonceurs canadiens de réclamer des réductions fiscales pour des publicités publiées dans des journaux imprimés appartenant à des intérêts étrangers. Pour sa part, la Loi sur Investissement Canada exige que les investissements étrangers dans l'industrie des journaux, tout comme dans n'importe quelle autre industrie culturelle, produisent un avantage net pour le Canada.
[Français]
Finalement, depuis 2010, le Fonds du Canada pour les périodiques vise à soutenir la création de contenus canadiens. En moyenne, plus de 800 magazines et journaux communautaires sont soutenus annuellement. Les publications gratuites et les quotidiens ne sont pas admissibles à ce programme. La majeure partie des fonds est versée selon une formule basée sur le nombre d'exemplaires vendus. Autrement dit, plus on en vend, plus on reçoit de soutien de la part du Fonds du Canada pour les périodiques.
Je vous remercie de votre attention. Bien sûr, je serai disponible pour répondre à vos questions plus tard au cours de cette séance.
Je vais maintenant céder la parole à Helen, qui va couvrir l'industrie de la radiodiffusion.
:
Merci, madame la présidente. Bonjour à toutes et à tous.
Cette présentation brossera un tableau d'ensemble de la Loi sur la radiodiffusion et soulignera les principales tendances ayant une incidence sur la radiodiffusion au Canada.
Nous allons d'abord aborder la Loi sur la radiodiffusion, dont il est question à la page 4.
[Traduction]
La Loi remonte à 1991 et elle établit la politique canadienne en matière de radiodiffusion pour le Canada. Ses deux autres fonctions principales sont de décrire les pouvoirs du gouverneur en conseil, du CRTC et du ministre relativement à la radiodiffusion et de préciser le mandat, la structure de gouvernance et les pouvoirs de CBC/Radio-Canada.
Nous abordons maintenant les objectifs de la politique canadienne en matière de radiodiffusion; ils sont énoncés à la page 5. Dans l'ensemble, il s'agit de veiller à la création et à l'accessibilité du contenu canadien. Notamment, la Loi précise que le système de radiodiffusion, par l'entremise de sa programmation, fournit un service public, qu'il est essentiel au maintien et à l'amélioration d'une identité nationale et d'une souveraineté culturelle et qu'il sert à protéger, enrichir et renforcer la structure culturelle, politique, sociale et économique du Canada. La Loi souligne également que la programmation devrait puiser aux sources locales, régionales, nationales et internationales et fournir aux Canadiens, dans la mesure du possible, l'occasion d'être exposés à des opinions divergentes sur des sujets d'intérêt public.
La diapositive 6 souligne le rôle clé joué par le CRTC, car c'est l'organisme responsable de la réglementation et de la supervision du système de radiodiffusion au Canada. Selon la Loi, lorsque le CRTC exerce ses activités de réglementation, il doit tenir compte de plusieurs éléments, notamment que le contenu soit facilement adaptable aux caractéristiques des marchés de langue française et anglaise, qu'il reflète les préoccupations régionales et qu'il facilite l'offre de programmes canadiens aux Canadiens.
À la page suivante, la diapositive 7 présente le mandat de CBC/Radio-Canada. Je ne le lirai pas au complet. Je sais que les membres du Comité connaissent bien le mandat de CBC/Radio-Canada; c'est un mandat vaste et inclusif qui vise à offrir un large éventail de programmes qui informent, éclairent et divertissent et qui vise à assurer que la programmation soit principalement et typiquement canadienne.
Nous regroupons les tendances principales de la radiodiffusion en trois domaines fondamentaux, c'est-à-dire l'industrie, la publicité et les auditoires. En ce qui a trait à l'industrie, nous souhaitons tout d'abord attirer l'attention des membres du Comité sur le fait que l'industrie de la radiodiffusion fait partie d'une vaste industrie des communications qui génère des revenus de plus de 60 milliards de dollars par année. La radiodiffusion contribue également au PIB du pays et fournit environ 50 000 emplois aux Canadiens.
Ce marché offre aux Canadiens un large éventail de services. Comme vous pouvez le voir sur la diapositive 11, nous avons plus de 660 services de télévision et plus de 1 100 services radio et audio sont autorisés à diffuser au Canada. En même temps, l'industrie est assez concentrée, car comme vous pouvez le voir, qu'il s'agisse des revenus combinés du secteur des télécommunications et de la radiodiffusion ou seulement de ceux du secteur de la radiodiffusion, les cinq entreprises les plus importantes représentent plus de 80 % des revenus de l'industrie.
La diapositive 12 contient une représentation graphique des principales activités de nos entreprises de communications les plus importantes et de la portée de ces activités. Ces entreprises participent à de nombreux secteurs d'activité différents, mais connexes, qu'il s'agisse de la radio et de la télévision traditionnelle, de la publication de livres ou des applications mobiles et des sports.
En ce qui concerne les revenus et les profits, nous constatons que les revenus totaux de l'industrie de la radiodiffusion sont passés de plus de 15 milliards de dollars en 2010 à plus de 17 milliards de dollars en 2014. Toutefois, les tendances en matière de revenus et de profits varient d'un secteur de l'industrie à l'autre. Vous constaterez que certains secteurs sont plus rentables que d'autres, et que d'autres secteurs génèrent des revenus plus élevés.
En ce qui concerne les dépenses en matière de programmation canadienne, nous partons de l'idée que les objectifs stratégiques de la Loi sur la radiodiffusion exigent que les radiodiffuseurs contribuent à la création et à la présentation d'émissions canadiennes. Nous examinons leurs dépenses dans la programmation canadienne et nous constatons qu'entre 2010 et 2014, les services canadiens de télévision ont augmenté leurs investissements dans la programmation canadienne de 2,5 milliards à 2,9 milliards de dollars, et nous pouvons voir qu'aujourd'hui, le secteur de la télévision payante et celui des services spécialisés dépensent environ les mêmes sommes que le secteur de la radiodiffusion traditionnelle.
Parlons maintenant des nouvelles. Nous pouvons voir que les nouvelles correspondent approximativement au tiers des dépenses totales en matière de programmation canadienne. Les stations de télévision locales — et nous parlons des stations de télévision traditionnelles — contribuent grandement à la production de nouvelles. Les nouvelles représentent une partie importante des dépenses totales des radiodiffuseurs dans la programmation canadienne. Il ne s’agit pas exclusivement de nouvelles locales. Selon le CRTC, en 2014, les stations de télévision locales ont dépensé environ 470 millions de dollars dans des émissions locales, y compris les nouvelles.
En ce qui concerne la publicité, le marché canadien de la publicité est en train de subir des changements structurels en raison de l'accroissement de la publicité dans Internet. Comme vous pouvez le voir dans ce graphique, cette croissance s'effectue surtout aux dépens des journaux.
Nous avons également examiné le contenu consommé par les auditoires et où ils le consomment. En 2014, les Canadiens ont passé en moyenne 27,4 heures par semaine à regarder la télévision. Cette moyenne hebdomadaire a diminué ces dernières années, surtout chez les enfants du millénaire, c'est-à-dire les 18 à 34 ans. De plus en plus de Canadiens regardent la télévision en ligne, et les enfants du millénaire sont les plus susceptibles de regarder la télévision sur Internet. Ils sont également très mobiles, car 90 % d'entre eux possèdent un téléphone intelligent.
Enfin, nous avons examiné la consommation de nouvelles. En 2013, la télévision était le média le plus souvent utilisé par les Canadiens pour suivre les nouvelles et l'actualité. L'utilisation d'Internet pour suivre les nouvelles et l'actualité est passée de 30 % en 2003 à 59 % en 2013. Nous constatons que les jeunes Canadiens utilisent Internet en plus grand nombre que les Canadiens plus âgés pour accéder aux nouvelles et obtenir de l'information.
[Français]
C'était un survol rapide des tendances et des paramètres de politiques qui se trouvent dans la Loi sur la radiodiffusion.
Merci beaucoup.
:
Je peux parler des journaux et de certaines productions télévisuelles.
Pour les journaux, il y a le Fonds du Canada pour les périodiques; il représente 75 millions de dollars. Comme je l'ai mentionné, c'est la contribution aux journaux communautaires et aux éditeurs de magazines.
Dans le secteur audiovisuel, on dispose d'une trousse à outils assez élaborée en matière de politique publique, notamment des crédits d'impôt fondés sur les dépenses en main-d'oeuvre pour les producteurs indépendants. Il y a aussi le Fonds des médias du Canada, un partenariat public-privé. Les avocats me corrigeraient probablement, car il n'y a pas de partenaire à proprement parler, mais il s'agit d'un partenariat public-privé. Il y a également Téléfilm Canada, qui investit environ 100 millions de dollars dans la production de longs métrages dans notre pays. Il y a l'Office national du film du Canada, qui appuie la production interne. Il y a aussi Radio-Canada, qui parraine la programmation canadienne ou délivre des permis à cet égard. Enfin, le CRTC impose une série de conditions relativement aux permis de différents intervenants dans le secteur de la radiodiffusion, qu'il s'agisse de quotas ou d'exigences en matière de sommes dépensées ou de programmation canadienne.
Au total, c'est beaucoup d'argent, mais c'est pour la production de contenu canadien, et un grand nombre de ces émissions ont connu beaucoup de succès, non seulement au Canada, mais également dans le reste du monde. Par exemple, lors de la prochaine cérémonie des Oscars, deux coproductions canadiennes seront représentées dans la catégorie du meilleur film. Je dirais donc que nous avons fait beaucoup de chemin.
Helen, souhaitez-vous ajouter quelque chose?
:
Récemment, nous avons discuté avec des gens du milieu. Ils nous ont dit que 80 % des nouveaux dollars investis aujourd'hui en publicité Internet pour une agence de placement média ou des agences de publicité profitent aux engins de recherche comme Google, Yahoo et ainsi de suite. C'est de l'argent qui sort directement du pays, qui ne profite à aucun média de chez nous, qui ne génère pas d'emplois et qui entraîne une fragilité culturelle.
Prenons le modèle de l'appli La Presse+. De toute évidence, les gens qui investissent là-dedans ont une idée derrière la tête. Effectivement, quand on consulte La Presse+, on constate que la publicité y est très valorisée. Elle est en couleur, elle est interactive et ainsi de suite.
Avez-vous déjà eu l'occasion d'explorer le soutien qu'on peut fournir à nos médias pour qu'ils créent des applis? Une appli est un accès direct à ce média, et ce, sans passer par l'engin de recherche, ce qui fait toute la différence.
Pour avoir mes nouvelles locales, j'ai inscrit la mention « Hamilton quelque chose » sur Google. Je vois d'abord les publicités de Google. Je me rends à la page et, ultimement, mes yeux se sont posés sur un média qui a fait état de la publicité d'un annonceur. Voyez-vous ce que je veux dire? Les applis ne sont-elles pas une des solutions? De toute évidence, le modèle d'affaires de La Presse semble fonctionner ou, à tout le moins, il est prometteur.
:
Nous avons suivi et examiné les diverses tendances dans les secteurs de la radiodiffusion et des télécommunications numériques. Des changements technologiques accompagnent les nouveaux appareils et les nouvelles capacités technologiques pour créer et consommer du contenu. En même temps, nous avons suivi les changements liés aux comportements des consommateurs et à leurs attentes.
Par exemple, les enfants du millénaire sont beaucoup plus mobiles. Ils sont beaucoup plus branchés. Ils n'ont pas les mêmes attentes que les membres des groupes plus âgés qui ont grandi dans un monde médiatique plus traditionnel, lorsque les radiodiffuseurs organisaient le contenu et établissaient l'horaire de la programmation. Les gens choisissaient les émissions qu'ils souhaitaient regarder et suivaient l'horaire de la programmation du radiodiffuseur.
De nos jours, nous constatons que les gens sont plus mobiles. Ils s'attendent à un contenu plus personnalisé, et ils s'attendent à l'obtenir où et quand ils le veulent. C'est une question d'accessibilité et il faut pouvoir obtenir ce qu'on veut, et l'industrie s'adapte à cette notion. En effet, l'industrie met beaucoup plus l'accent sur le contenu et la demande et favorise de plus en plus le contenu de qualité supérieure qui se démarque. De plus, la technologie lui vient en aide grâce à la mise au point de signaux numériques de très haute qualité, par exemple des signaux 4K, etc.
En gros, nous suivons les percées technologiques et les comportements et les attentes des consommateurs. En ce moment, le marché est extrêmement diversifié, non seulement en ce qui concerne le contenu, mais également les types de modèles d'affaires et les préférences des consommateurs.
On trouve de tout, de la personne âgée traditionnelle qui a des attentes très différentes sur la façon dont elle souhaite être informée et divertie, à l'étudiant d'école secondaire ou de l'université ou du groupe des enfants du millénaire qui ont également des attentes différentes à cet égard. Les industries tentent de répondre aux différentes attentes et de servir les divers groupes sur le marché.
En ce qui concerne le domaine numérique et la diversité, l'un des éléments principaux que nous avons observés dans le secteur de la radiodiffusion ces dernières années — et les membres du Conseil peuvent être beaucoup plus éloquents que moi sur ce sujet, j'en suis certaine —, c'est l'accroissement des services de langue tierce au Canada. De plus, la distribution d'un plus grand nombre de services étrangers a été autorisée au Canada et certains services qui viennent d'ailleurs intéressent les Canadiens.
En ce qui concerne la production, nous n'avons pas mené d'études internes sur l'emploi de créateurs provenant des différents contextes culturels. Il se peut que le milieu universitaire ait mené de telles études ou que l'industrie l'ait fait. Certaines études sont peut-être citées dans le profil. Je n'en suis pas certaine. Toutefois, nous constatons qu'il s'agit aussi d'un secteur d'activité. C'est la même situation, par exemple, en ce qui concerne le Fonds des médias du Canada; un certain soutien est accordé à la programmation créée dans une langue tierce. Lorsque la demande est présente sur le marché et lorsque la programmation répond aux critères élargis du programme, elle reçoit du financement du Fonds des médias du Canada.
:
Bonjour, madame la présidente.
Je suis la sous-commissaire principale et je suis responsable de la Direction générale des fusions et des pratiques monopolistiques au Bureau de la concurrence.
J'amorcerai mes observations en décrivant le contexte du Bureau de la concurrence et en présentant son mandat. Je passerai par la suite à notre rôle en matière d'examen des fusions et aux facteurs dont nous tenons compte dans ce genre d'examen. Pour terminer, je parlerai des récents examens au chapitre des fusions dans le secteur des médias canadiens.
En tant qu'organisme indépendant de l'application de la loi, le Bureau de la concurrence veille à ce que les entreprises et les consommateurs prospèrent dans un marché concurrentiel et innovateur. Sous la direction du commissaire de la concurrence, le Bureau est responsable de l'administration et de l'application de la Loi sur la concurrence.
[Traduction]
Conformément à la Loi sur la concurrence, les fusions effectuées dans tous les secteurs de l'économie sont assujetties à un examen mené par le commissaire de la concurrence pour déterminer si elles risquent de réduire sensiblement ou d'empêcher la concurrence. La question que nous nous posons lors de l'examen est de savoir s'il y a des preuves selon lesquelles la société amalgamée sera à même d'exercer un pouvoir de marché à la suite de la fusion, et ce, au détriment des clients, des fournisseurs ou, au bout du compte, des consommateurs canadiens.
Si notre examen montre que c'est le cas, la Loi exige également que le Bureau évalue les preuves d'efficience économique obtenue par les parties grâce à la transaction. Si les gains d'efficience l'emportent sur les effets anticoncurrentiels, la Loi prescrit que la fusion peut être autorisée. Le rôle du Bureau dans l'examen d'une fusion est d'obtenir les preuves nécessaires et d'entreprendre une analyse et une étude approfondies avant de prendre une décision. Les facteurs considérés dans notre analyse économique fondée sur des faits sont régis par la Loi et par la jurisprudence dans ce domaine.
Lorsque le Bureau détermine qu'une fusion est susceptible d'influencer profondément la concurrence, nous tentons de réduire ces effets par la négociation, avec les parties à la fusion, d'une ordonnance sur consentement du Tribunal de la concurrence, ou en l'absence d'entente, par une demande au Tribunal de la concurrence pour empêcher, dissoudre ou modifier la fusion au moyen d'une ordonnance.
Dans le cadre de la démarche du Bureau lors de l'examen d'une fusion, nous consultons un large éventail d'intervenants de l'industrie, notamment des fournisseurs, des concurrents, des associations sectorielles, des clients et des experts en la matière. Nous tenons compte de nombreux facteurs, notamment la définition du marché économique pertinent, le degré de concentration économique et le niveau de concurrence qui reste dans ce marché. Notre mandat exige que nous analysions les effets des fusions sur la concurrence qui découlent d'un exercice accru du pouvoir de marché. Toutes les analyses de fusion menées par le Bureau sont fondées sur les critères juridiques et économiques définis dans la Loi et la jurisprudence connexe, et elles sont encadrées par ces critères. C'est ainsi que nos examens de la concentration des médias menés en vertu de la Loi ont constamment adopté une perspective économique dans l'évaluation des effets anticoncurrentiels possibles des fusions proposées.
On a mené récemment plusieurs examens sur la concentration des médias. En 2014, le Bureau a examiné l'acquisition, par Transcontinental, de 74 journaux communautaires de Québécor et a déterminé que la transaction risquait de diminuer sensiblement la concurrence sur certains marchés régionaux. Nous avons exigé que Transcontinental vende 34 journaux sur ces marchés régionaux, afin de maintenir la concurrence sur ces marchés. En 2013, le Bureau a procédé à l'examen de l'acquisition proposée d'Astral Média par Bell Canada. À la suite de notre examen, nous avons conclu que la transaction aurait entraîné une hausse des prix et une diminution du choix et de l'innovation dans l'industrie de la télédistribution. Nous avons réglé ces questions grâce à une ordonnance sur consentement exigeant d'importants dessaisissements de la part de Bell, qui a renoncé à la propriété de plus de 10 chaînes, ainsi que des restrictions sur le comportement qui l'ont empêchée d'imposer des exigences de regroupement restrictives.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie mon collègue de me permettre de poser quelques questions de plus.
Bienvenue à tous.
Pour ce qui est du CRTC, je vous remercie de votre exposé. Nous sommes ici pour parler de concurrence, et pour essayer de tirer des conclusions sur la façon dont notre comité et Patrimoine canadien peuvent améliorer les choses et multiplier les occasions dans ces marchés plus restreints, pour les grands radiodiffuseurs et les journaux aussi.
J'ai une petite question. Comme je l'ai dit, j'ai jeté sur papier des questions que je pourrai soumettre à tous mes collègues, de sorte que nous puissions obtenir des réponses de Patrimoine canadien.
Pour ce qui est du genre de financement qui passe par le Fonds d'intégration et d'autres fonds, avez-vous déjà évalué les possibilités en ce qui concerne la façon dont l'argent est utilisé dans le milieu à l'heure actuelle? Ce que je veux savoir, c'est si le financement encourage ou décourage l'innovation. Entretenons-nous la dépendance à cet argent dans certains secteurs? Et croyez-vous que ce soit lié aux graphiques que vous nous avez remis concernant certaines utilisations par différents médias?
Je pourrais probablement résumer ma question en vous demandant si les fonds sont utilisés judicieusement. Favorisent-ils la dépendance dans certains secteurs, où les gens ne sont pas prêts à changer, ou contribuent-ils à l'indépendance sur laquelle M. O'Regan vient de vous poser des questions, pour ce qui est d'aller de l'avant à l'aide de supports plus modestes?
:
J'aimerais ajouter une chose. J'estime qu'il est véritablement dangereux de présenter le Web et la diversité des voix qui en découle comme un obstacle à surmonter.
Si vous examinez le milieu médiatique actuel... Au ministère de l'Innovation, de la Science et de la Technologie, nous étudions bon nombre de technologies perturbatrices et leur incidence sur les marchés actuels. Je crois que ce qui se passe avec les journaux n'est pas différent de ce qui est arrivé à l'industrie de la musique à la fin des années 1990, lorsqu'on a soudain eu du mal à vendre des CD et que de nouveaux modèles de distribution sont apparus, ou de ce qui se produit actuellement dans l'industrie du taxi, par exemple, avec Uber et le défi qu'il représente pour le modèle en place.
Pour ce qui est du Web, le ministère est évidemment très en faveur du Web. Nous sommes d'avis qu'il peut véritablement créer une diversité des voix. Il y avait par exemple des questions visant à déterminer si les programmes en place suffisent à créer cette diversité des voix.
Je dirais qu'il faut s'attarder au Web. Sans subventions gouvernementales ni milieu réglementaire, en fait, la liberté qu'il offre a donné lieu à une diversité extraordinaire des voix. Nous offrons actuellement toutes sortes de services aux nouveaux médias. De plus, le Web a vraiment réduit le coût d'entrée de bon nombre de ces secteurs. Pour un média local, si un acteur du marché est déplacé, ou s'il y a une concentration de médias traditionnels, il est probablement plus facile que jamais pour une nouvelle entreprise de se lancer, et pour de nouvelles voix d'occuper cet espace. Je pense que bien des choses sont emballantes, et il ne faut pas voir le Web uniquement comme une difficulté pour l'industrie en place, qui doit manifestement relever le défi et essayer de trouver des moyens de soutenir la concurrence dans un marché numérique.
Je pense que les nouveaux venus sont vraiment intéressants et qu'ils devraient avoir une place dans le reste de l'étude du Comité. Je voulais simplement plaidoyer en faveur de l'innovation et de la concurrence.
:
Merci, madame la présidente.
J'étais très heureux d'entendre les propos de M. Halucha étant donné que l'angle de l'industrie est celui qui m'interpelle le plus. Comme je le disais tout à l'heure à M. Bernier et à Mme Kennedy, la dimension des deux cultures et des deux langues est un paradigme que nous connaissons depuis longtemps. Les défis sont essentiellement d'ordre industriel.
J'aimerais vous poser deux questions.
Nous avons parlé précédemment de la création d'applications et de faciliter le remplacement d'une subvention à l'envoi postal. Aujourd'hui, c'est une subvention ou un soutien de l'État à la création d'applications qui facilitent l'accès aux médias en question.
Je crois qu'il faut toujours distinguer la dimension culturelle et patrimoniale, la diversité des voix et tout le reste ainsi que le marché. Qu'une entreprise vende des tondeuses ou des journaux, on constate qu'elle emploie des gens et on veut garder ces emplois le plus possible. Offrez-vous une forme de soutien à l'industrie pour la modernisation et la création d'applications ou d'autres nouvelles technologies? Le Parlement est toujours en retard par rapport au consommateur car celui-ci va beaucoup plus vite que les instances politiques. C'est ma première question.
Ma deuxième question est la suivante. Inévitablement, avec les acquisitions qui sont survenues récemment, je ne peux m'empêcher d'avoir des craintes quand je vois la concentration dont parlait tout à l'heure M. Waugh. Que pourrait-il se passer si un de nos gros joueurs décidait un jour de se départir de ce qu'il possède? Évidemment, vous allez vous y opposer. Il y a aussi la Loi sur lnvestissement Canada. C'est aussi à cela que l'on s'expose. Y a-t-il un risque ou devrais-je être calme à ce sujet?
:
Madame la présidente, je vous remercie de nous avoir invités, mon collègue Michael Craig, qui est le gestionnaire principal par intérim de la télévision anglaise, et moi-même, Scott Hutton, qui suis directeur exécutif de la radiodiffusion au CRTC, à comparaître devant votre comité.
Nous vous félicitons, ainsi que vos membres, de mettre ainsi l'accent sur les médias et les collectivités locales. Voilà un sujet qui préoccupe beaucoup les Canadiens, compte tenu des annonces répétées de coupures dans les salles de nouvelles locales partout au pays. Par coïncidence, le CRTC se penche sur le sujet actuellement.
À la fin janvier, le Conseil a amorcé des audiences publiques sur les émissions de télévision qui touchent les Canadiens de plus près — les bulletins de nouvelles et les émissions d'actualités locales qui les informent des événements et des enjeux inhérents à leurs collectivités. Ce type d'émissions favorise le processus démocratique, car il permet d'informer et de mobiliser les citoyens. Nous examinons la présence de ces émissions afin de nous assurer de l'avenir de la télévision locale et communautaire dans le contexte médiatique actuel, qui évolue rapidement et est de plus en plus fragilisé.
[Français]
Il y a des limites à ce que je peux vous dire à ce sujet. Comme vous le savez, le CRTC est un tribunal administratif qui a des responsabilités quasi judiciaires. Comme le sujet est à l'examen et pour préserver l'intégrité de notre processus décisionnel, notre comparution devant votre comité est nécessairement limitée et consistera à vous donner des explications sur les instances. Il va de soi que nous ne pourrons partager des renseignements obtenus de façon confidentielle ou spéculer sur les décisions ou les renouvellements de licences à venir.
Cependant, c'est avec plaisir que je vous présente un aperçu de l'état des médias locaux et ce qui a motivé le Conseil à procéder à l'examen actuel. Je m'attarderai surtout à la télévision, mais je donnerai quelques faits saillants sur la radio. Je pourrai également faire la lumière sur les obligations réglementaires des radiodiffuseurs lorsqu'ils obtiennent une licence du CRTC.
[Traduction]
En ce qui concerne la radio, il y a plus de 1 100 stations de radio au pays, qui sont essentiellement locales et axées sur les besoins de leurs collectivités. Les nouvelles locales, la météo et les sports sont les principaux éléments des activités de la radio privée. Dans la plupart des grands centres urbains, la radio parlée est particulièrement populaire. Cela dit, le secteur de la radio doit composer avec les effets croissants des services de musique en continu et de la grande disponibilité des voitures connectées.
Si les défis de la radio sont grands, ceux de la télévision le sont encore plus en cette ère de Netflix, Facebook et YouTube. C'est pourquoi, en octobre 2013, nous avons entrepris notre vaste examen de l'ensemble du système de télévision intitulé « Parlons télé ». Plus de 13 000 Canadiens ont participé à notre examen, qui a comporté une audience publique en septembre 2014.
[Français]
C'est au cours de ce processus que le CRTC a cerné différents défis auxquels sont confrontées les stations de télévision locales et communautaires dans un univers médiatique de plus en plus fragilisé.
De manière croissante, les Canadiens utilisent différentes plateformes pour consommer du contenu, qu'il s'agisse d'information ou de divertissement, et même pour diffuser leur propre contenu. Le fait que certains quotidiens aient cessé de produire une version imprimée et qu'ils soient maintenant accessibles en ligne illustre ce nouveau contexte.
Les radiodiffuseurs doivent faire face à une pression additionnelle. Les revenus publicitaires provenant des bulletins de nouvelles locales ont chuté de façon draconienne au cours des dernières années.
Tout en tenant compte de ce contexte de changements, le Conseil croit fermement que le système canadien de télévision devrait encourager la création d'émissions canadiennes passionnantes et variées. Cette programmation devrait comprendre de l'information, de l'analyse et de l'interprétation afin d'assurer un point de vue local par rapport aux actualités. Il faut que cette programmation soit le fruit de la composante privée, publique ou communautaire du système.
[Traduction]
Au chapitre de la politique en matière de radiodiffusion, nous visons à obtenir certains résultats: permettre aux Canadiens d'être au centre de leur système de radiodiffusion; mettre l'accent sur la création et la promotion d'émissions de calibre mondial qui soient produites par les Canadiens; supprimer les obstacles à l'innovation.
Au cours des huit journées d'audiences, soit du 25 janvier au 3 février, l'attachement des gens aux stations de télévision locales était évident, et nous en avons la preuve ici, aujourd'hui. Les Canadiens nous ont dit valoriser les bulletins de nouvelles locales, car ils sont en mesure d'établir un lien direct entre eux et leurs collectivités. L'information locale les aide aussi à comprendre les événements internationaux et elle leur permet de participer à la vie politique, économique et culturelle du Canada.
Plusieurs personnes ont partagé les sentiments qu'a exprimés Kirk Lapointe, qui a comparu devant le Conseil lors des audiences publiques. Ancien dirigeant de CTV News et directeur fondateur de la rédaction du National Post, M. Lapointe a dit:
Notre pays est trop petit pour permettre aux radiodiffuseurs de réduire encore davantage l'éclairage des studios de nouvelles, une ville après l'autre.
[Français]
Et pourtant, c'est exactement ce qui se produit. Un nombre alarmant de stations de télévision ont réduit la durée de leurs bulletins de nouvelles. Elles ont effectué des coupes dans le personnel et centralisé la production de leurs émissions d'information.
En grande partie, cela est attribuable aux revenus publicitaires qui sont en décroissance. Des données recueillies par le Conseil indiquent que, en 2015, le coût de production des émissions de nouvelles locales était de 22 % supérieur aux revenus.
[Traduction]
Il va sans dire que le Conseil prend ces préoccupations au sérieux. C'est pourquoi nous avons demandé au public de faire part de ses observations sur de nombreuses questions, alors que nous sommes à déterminer le meilleur moyen de soutenir les médias dans les collectivités locales.
Vous avez peut-être entendu parler du discours que le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, a prononcé la semaine dernière au Cercle canadien de Toronto. Il portait sur les nouvelles télévisées dans une ère de changement. Son message était clair: même si les vieilles façons de faire des affaires ne tiennent plus, il existe une foule d'occasions de créer de l'excellent contenu qui continuera d'attirer les téléspectateurs, peu importe la façon dont les Canadiens accèdent à ces émissions. Il a également mis en relief le fait qu'il existe énormément d'argent au sein du système de télévision qui devrait servir à régler ces problèmes. Nos recherches lors de l'examen « Parlons télé » ont montré que les formules de soutien à la production télévisuelle canadienne s'élevaient à plus de 4 milliards de dollars par année.
[Français]
Lorsque le CRTC octroie des licences de radiodiffusion locale, des conditions y sont rattachées. L'une des plus importantes étant de produire une offre de télévision locale. En contrepartie du droit de vendre de la publicité locale et d'utiliser les ondes publiques pour acheminer leurs productions dans les foyers canadiens, les radiodiffuseurs ont le devoir de servir l'intérêt public, car notre démocratie en est tributaire. La programmation locale favorise le processus démocratique et le bien commun étant donné qu'elle informe et mobilise les citoyens.
[Traduction]
Les stations de langue anglaise, qui sont la propriété des plus grands groupes, sont tenues de diffuser au moins sept heures de programmation locale par semaine dans les marchés non métropolitains. Dans les marchés métropolitains, c'est au moins 14 heures par semaine.
En 2014, les stations de télévision ont dépensé plus de 470 millions de dollars en programmation et en émissions d'information locales, alors que les entreprises de distribution de radiodiffusion ont consacré 115 millions aux canaux de télévision communautaire. Ainsi, le Conseil est convaincu qu'il y a suffisamment d'argent dans le système pour soutenir la création de bulletins de nouvelles et d'émissions d'information à l'échelle locale.
[Français]
Les Canadiens ont été clairs tout au long de nos consultations publiques: ils s'attendent à ce que nous prêtions une attention particulière à la qualité et à la quantité de bulletins de nouvelles locales.
[Traduction]
Nous avons envoyé un signal tout aussi clair à l'industrie de la télévision: nous tiendrons les radiodiffuseurs responsables lorsque viendra le moment de renouveler leurs licences en 2017. S'ils ne respectent pas leur contrat, le CRTC n'hésitera pas à poser des gestes.
À titre de président du CRTC, Jean-Pierre Blais a lancé un avertissement à l'industrie de la télévision, la semaine dernière: « Les nouvelles télévisées appartiennent au marché des idées et non au marché des dividendes plus élevés à remettre aux investisseurs. » Nous espérons que le message a été entendu.
[Français]
Madame la présidente, c'est ce que je peux affirmer avec assurance avant la publication de notre décision sur la télévision locale et communautaire.
Évidemment, Michael et moi sommes disponibles pour répondre aux questions des membres du comité.
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Ces cinq dernières années, j'ai beaucoup lu à votre sujet. Vous devez être fatigué de ce sujet.
Si vous n'y voyez pas d'objection, je vais citer Charlie Rose, qui a dit que si on n'offrait pas de nouvelles locales, on n'aurait rien en retour. Il a dit qu'on pouvait acheter n'importe quelle émission en Amérique du Nord, y compris au Canada, mais que si on n'offrait pas de nouvelles locales, il n'y aurait pas de cote d'écoute locale, donc pas de publicité ni l'argent de cette publicité.
Je vous le dis, parce que ce sont les salles de nouvelles locales qui ont subi le gros des compressions subies d'un bout à l'autre du pays au cours des six ou huit dernières semaines.
Qui réglemente la qualité de la télévision de chaque station? Nous avons discuté aujourd'hui de publicité et d'argent, mais de qui relève-t-elle, en fait? Dans la station où je travaillais, nous avions cinq heures et demie de programmation locale par jour. Est-ce que c'était de la bonne qualité? Je n'en suis pas certain, mais cela meublait entièrement ce temps et cela procurait cinq heures et demie de qualité locale, selon les normes de Saskatoon ou de Saskatchewan. Qui réglemente cela?
Quand je vois, comme vous me l'avez entendu dire avant, quelqu'un, à Toronto, lire les nouvelles de la Saskatchewan, je me demande qui réglemente qualitativement et quantitativement les nouvelles locales?
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Nous réglementons le système de radiodiffusion, y compris ceux qui fournissent les nouvelles locales.
Traditionnellement, par le passé, nous réglementions le nombre d'heures. Vous avez chiffré les heures, et je ne répéterai pas ce nombre. Les chiffres sont ici.
Vous avez parlé de qualité. Elle est très difficile à mesurer. Nous venons de terminer huit journées d'audiences, le sujet est venu sur le tapis, et des Canadiens de partout au pays ont exprimé des inquiétudes à ce sujet. Nous avons posé des questions sur la définition de nouvelles locales, par exemple. Traditionnellement, nous n'examinions que la programmation locale. Nous nous sommes demandé si nous devrions être plus précis à l'égard des nouvelles locales.
Quels sont les facteurs de qualité des nouvelles locales? Il m'est difficile, à partir d'ici, dans une salle de conférence, ou, habituellement de Gatineau, de déterminer ce qu'est la qualité pour votre environnement local.
Nous avons posé des questions. Devrions-nous examiner la présence physique? La présence de journalistes sur le terrain? La prise des décisions sur ce qui est diffusé localement? Nous nous les posons certainement. Nous nous demandons aussi si nous devrions intervenir sur ces questions.
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Le CRTC et notre président, dans son discours, se sont certainement dits inquiets, eux aussi, pour l'importance du journalisme d'enquête.
Le CRTC et les médias traversent une grande période de transition. L'une des constantes de notre secteur est la permanence du changement et de l'évolution.
Nous constatons qu'un certain nombre de Canadiens, effectivement, tiennent à être informés en continu. Nous ne pouvons pas les combattre. C'est ce qu'ils veulent et recherchent. En même temps, il se produit une érosion, pas des heures d'écoute de la télévision traditionnelle, mais, certainement, des revenus. Nos collègues, avant nous... Je n'insisterai pas trop sur leur exposé, mais, effectivement, l'argent de la publicité est saupoudré sur un certain nombre de plateformes.
Nous essayons d'encourager les télédiffuseurs à être présents sur toutes les plateformes. Vous créez ces programmes pour aujourd'hui et vous utilisez les ressources dont vous disposez aujourd'hui, mais vous devez les répartir et rejoindre les Canadiens, parce que les Canadiens s'attendent à l'accessibilité des programmes sur toutes les plateformes.
Dans cette situation, l'argent se fait rare. Nous avons tous entendu l'expression « menue monnaie numérique et dollars analogiques ». Les pertes se chiffrent en dollars analogiques. On peut trouver une clientèle pour le numérique, mais elle ne rapporte que de la menue monnaie.
Désolé, madame Fry.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie, messieurs, d'être présents parmi nous aujourd'hui.
De toute évidence, on fait allusion à un marché qui est en changement. Ce qui ressort le plus de tous ces enjeux, ce sont les difficultés financières. En effet, comme le disait mon collègue, offrir une couverture en région demande de l'argent. Pour avoir ces montants, il faut avoir des revenus publicitaires. Tout le monde regarde Lisa LaFlamme en soirée, à CTV.Toutefois, son émission est la plus déficitaire du réseau car elle coûte une fortune à produire et les revenus publicitaires sont de moins en moins présents.
Les entreprises de télévision généraliste ont un problème financier lié à l'érosion du marché publicitaire. Ce marché, qui se déplace beaucoup vers l'Internet, n'est pas de votre compétence. En fait, tout le monde peut se gratter la tête et voir qu'il y a un éléphant dans la pièce. À ce propos, il y a clairement eu un énorme quiproquo lors du témoignage des représentants de Netflix et de Google dans le cadre des dernières audiences du CRTC à ce sujet lors du processus Parlons télé.
Où en est-on en ce qui a trait aux chiffres qui sont si importants pour comprendre la situation? Tout notre secteur commercial est basé sur des chiffres et des analyses de marché. Nous ne les avons pas et nous ne les aurons probablement pas. Où vous situez-vous par rapport à cet énorme problème? On peut le contourner, mais il existe.