Madame la présidente, membres du Comité permanent du patrimoine canadien, merci de nous offrir de nouveau l'occasion de vous faire part de notre point de vue dans le cadre de votre étude sur les médias et les communautés locales.
Comme la majorité d'entre vous le sait déjà, je m'appelle Kevin Chan et je suis directeur des politiques publiques pour Facebook Canada. J'ai de nouveau en ma compagnie aujourd'hui mon collègue Marc Dinsdale, directeur des partenariats médiatiques au Canada.
[Traduction]
Depuis notre dernière comparution devant votre comité, en novembre, nous avons fait des annonces importantes, dans nos premiers efforts pour combattre les fausses nouvelles. Je suis heureux de vous communiquer nos réalisations dans ce domaine.
Comme Mark Zuckerberg, fondateur et directeur général de Facebook l'a écrit:
Le droit de parole accordé à chacun augmente la diversité des opinions, mais, pour les faire circuler, on peut faire plus et c'est diminuer la polarisation, le sensationnalisme et la désinformation.
Je suis heureux d'annoncer que nous travaillons vivement à organiser des initiatives et des partenariats qui, d'après nous, permettront de résorber ce problème dans notre pays.
Le 15 décembre de l'année dernière, nous avons annoncé notre offensive dans quelques domaines stratégiques contre les fausses nouvelles. Facebook croit fermement qu'il faut donner la parole à chacun et que nous ne pouvons pas nous-mêmes nous ériger en arbitres de la vérité. Nous analysons donc le problème avec soin, nous expérimentons et nous tirons des leçons. Nous répéterons les expériences et nous en élargirons graduellement la portée. Dans l'immédiat, nous avons concentré nos efforts sur le pire du pire, les canulars évidents, propagés par des pourrielleurs dans leur propre intérêt, et sur la mobilisation simultanée d'organisations de notre secteur et d'autres secteurs.
Voici nos axes d'intervention.
D'abord, il est plus facile de signaler un problème. Nous expérimentons des façons de faciliter le signalement d'un canular reconnu sur Facebook par un clic dans l'angle supérieur droit du message. Nous avons beaucoup compté sur notre secteur pour signaler des contenus problématiques dans d'autres domaines et nous espérons que le signalement nous aidera à déceler plus de fausses nouvelles.
Ensuite, nous marquons les nouvelles contestées. Nous croyons qu'un contexte plus riche aide à décider ce à quoi on peut faire confiance et ce qu'on peut communiquer. Nous avons mis sur pied un programme pour collaborer avec les tierces organisations qui vérifient les faits et qui sont signataires du code de principes de Poynter du réseau international de vérification des faits, qui comprend notamment ABC News, le Washington Post et Snopes.com, aux États-Unis.
À partir des rapports de notre secteur, nous soumettons des reportages à l'analyse de ces organisations. Le reportage qui se sera révélé faux sera marqué comme contesté, et un hyperlien conduira à l'article correspondant qui en expliquera les raisons. Le reportage contesté paraîtra également loin du début des fils de nouvelles. Une fois marqué, il portera un avertissement bien visible de son caractère contesté et il ne pourra pas trouver place dans une publicité ni faire l'objet d'une promotion.
Enfin, il s'agit de cesser d'encourager financièrement les pourrielleurs. Nous avons constaté que l'argent motive beaucoup de fausses nouvelles. Les pourrielleurs en amassent beaucoup en se faisant passer pour des agences de nouvelles bien connues et en publiant des canulars qui amènent beaucoup de visiteurs sur leurs sites, lesquels présentent souvent des messages publicitaires surtout.
Nous prenons plusieurs mesures pour diminuer les incitations financières. Nous avons supprimé la capacité de créer des domaines bidon — c'est-à-dire de prétendre être un site Web légitime —, ce qui réduira le nombre de sites prétendant être de véritables publications. Notre politique publicitaire précisera aussi que les sites de fausses nouvelles sont interdits des publicités de Facebook. Nous analysons les sites des éditeurs pour découvrir les cas où il pourrait être nécessaire d'appliquer la politique.
Parlons maintenant un peu du projet de journalisme de Facebook. En réprimant les fausses nouvelles sur notre plateforme, nous reconnaissons aussi le besoin de collaborer encore plus étroitement avec l'industrie de l'information. Nous savons que notre secteur prise la communication et le débat des idées et des nouvelles et nous tenons aussi beaucoup à assurer à l'écosystème des nouvelles et au journalisme des conditions dans lesquelles ils pourront prospérer.
Voilà pourquoi nous avons annoncé, le mois dernier, le lancement du projet de journalisme Facebook, la suite du travail que mon collègue Dinsdale réalise déjà avec les éditeurs de nouvelles de partout au pays, en collaborant avec des agences de presse pour créer des produits d'information, apprendre des journalistes à être un meilleur partenaire et collaborer avec les éditeurs et les éducateurs à instruire le public sur la façon de devenir un lecteur informé à l'ère du numérique. Je vous en dis un peu plus sur chacun de ces points.
D'abord, sur la création, en collaboration, de produits d'information, nous pouvons mieux répondre aux besoins des utilisateurs de Facebook et de nos partenaires quand nous collaborons à la création de produits. Dans le passé, nous avons collaboré avec nos partenaires de la presse à ce travail, mais, dans le cadre du projet de journalisme de Facebook, nous approfondirons encore plus la collaboration avec les agences de presse, en rendant notre produit accessible et en créant des équipes, ce qui permettra à la collaboration, dès les premières étapes de la création, d'aller plus loin que Facebook Live, Facebook 360 et Instant Articles pour encore mieux répondre aux besoins des journalistes.
Mesdames et messieurs, vous avez été mis au courant de ces trois produits quand nous avons comparu la première fois devant vous en novembre.
Nous voulons aussi examiner des façons de mieux appuyer et mieux renforcer les nouvelles locales sur Facebook et les nouveaux modèles d'entreprise à l'ère Internet. Plus important encore, nous tenons à organiser des réunions régulières avec les médias et les partenaires éditeurs pour les écouter et apprendre. Nous lancerons une série de tables rondes d'écoute avec les agences de presse plus tard, au cours du printemps.
Viennent ensuite la formation et les outils pour les journalistes. En plus de la formation en salle de rédaction que nous offrons actuellement, nous donnons une série de cours d'apprentissage en ligne sur les produits, outils et services de Facebook pour les journalistes. Nous venons aussi d'acquérir CrowdTangle, un outil populaire chez les journalistes pour récupérer des reportages, mesurer leur retentissement social et identifier les personnes d'influence sur les différentes plateformes de médias sociaux. Le mois dernier, nous avons annoncé la gratuité de CrowdTangle pour tous nos partenaires des médias.
Citons enfin l'offre de formation et d'outils à chacun. Tout en cherchant à appuyer le journalisme, nous collaborerons aussi à de nouvelles façons d'informer les gens pour qu'ils fassent des choix intelligents sur les nouvelles qu'ils lisent et pour qu'ils aient des discussions significatives sur ce qui les intéresse. Nous le ferons en partie en partenariat avec des journalistes. Mais nous pourrons aussi, sur d'autres points, collaborer avec des éducateurs et des chercheurs. Au départ, notre premier souci sera de promouvoir la compréhension de l'actualité, en collaborant avec de tierces organisations à des moyens de mieux comprendre et de mieux promouvoir cette compréhension sur notre plateforme et d'autres plateformes pour aider nos confrères et consoeurs à obtenir les renseignements dont ils ont besoin pour prendre des décisions sur les sources auxquelles ils peuvent se fier.
Nous aiderons les organisations qui abattent déjà un travail important dans ce domaine et nous réunirons un consortium d'experts pour aider à décider des travaux de recherche à exécuter et des projets à financer. Dans le court terme, nous collaborons avec le News Literacy Project (projet de compréhension de l'actualité), pour produire une série de messages d'intérêt public visant à informer les utilisateurs de Facebook de cet enjeu important. Notre objectif à long terme est d'appuyer les agences de presse au moyen de projets et d'idées visant à améliorer la compréhension de l'actualité, au besoin au moyen de subventions.
Le mois prochain, nous nous associons à l'école de journalisme et de moyens de communication de masse Walter Cronkite, de l'université d'État de l'Arizona, pour réunir pendant deux jours un groupe de travail et d'action sur la compréhension de l'actualité formé des grands penseurs et grands praticiens des médias, qui examineront la recherche antérieure sur la compréhension de l'actualité, cerneront de nouvelles questions pour la recherche et évalueront des projets en vue d'un éventuel financement. Je suis fier d'annoncer que ce groupe de travail comprendra la journaliste canadienne distinguée Catherine Cano, présidente et directrice générale de la Chaîne d'affaires publiques par câble (CPAC).
Depuis plus d'un an, maintenant, les Canadiens peuvent signaler les faux reportages. Nous nous engageons maintenant dans des discussions préliminaires avec nos éventuels partenaires des médias pour voir si nous pouvons dévoiler notre initiative de vérification des faits aux Canadiens pour leur permettre de voir quels reportages ont été contestés par des tiers indépendants. Alors que le processus vient d'être lancé, nous croyons que notre partenariat avec les éditeurs de nouvelles au Canada devrait être indépendant et neutre sur le plan éditorial, avoir une portée nationale et fonctionner dans les deux langues officielles. Nous serons heureux de connaître les réactions du comité permanent sur ces principes centraux.
:
Je l'apprécie vraiment, madame la présidente.
Plus tard, au printemps, nous convoquerons aussi au Canada les principales agences de presse de langue anglaise et de langue française dans le cadre de la série de tables rondes du projet de journalisme de Facebook, pour nous mettre à l'école des organisations médiatiques et entreprendre, en collaboration, la conception de nouveaux produits optimisés pour les éditeurs.
Enfin, nous formerons des partenariats avec les principaux joueurs canadiens du secteur, pour créer des ressources pour la compréhension de l'actualité afin de promouvoir l'esprit critique et le jugement chez les lecteurs et consommateurs de contenus de nouvelles. Nous sommes heureux d'annoncer que MediaSmarts, une organisation canadienne de culture numérique, a accepté de collaborer avec nous dans cette nouvelle initiative stimulante, et nous nous attendons à nouer des partenariats avec quelques organisations canadiennes de premier plan sur cet important projet, dans les mois à venir.
[Français]
Facebook est engagée à créer un monde plus ouvert et plus branché. Nous croyons que notre mission aidera les gens de partout dans le monde à être mieux informés, plus empathiques et plus productifs.
Notre responsabilité vis-à-vis de la propagation de fausses nouvelles est une partie intégrante de cet engagement que nous prenons très au sérieux. En seulement trois mois, nous avons mis en place de nombreuses initiatives, autant sur notre plateforme qu'en collaboration avec des intervenants du milieu par l'entremise de notre projet de journalisme Facebook. Je suis emballé de travailler étroitement avec mon collègue Marc Dinsdale pour faire avancer ces démarches au Canada.
[Traduction]
Je tiens à remercier le Comité d'avoir écouté notre exposé et je serai heureux de répondre à ses questions.
:
Nous sommes heureux d'être de retour pour participer à cette étude importante sur l'écosystème des médias en évolution, y compris les préoccupations émergentes au sujet du contenu trompeur ou de ce que certains appellent les fausses nouvelles.
La mission de Google est d’organiser l’information mondiale et de la rendre universellement accessible et utile. Nous avons la ferme conviction qu'un monde mieux informé prend de meilleures décisions, ce qui donne lieu à de meilleurs résultats. Par conséquent, nous prenons notre rôle à cet égard très au sérieux.
Nos utilisateurs s'attendent à ce que nous leur présentions des résultats qui comprennent des rapports faisant autorité de la part de journalistes et d'éditeurs objectifs et informés. C'est pourquoi nous investissons constamment dans l'innovation afin d'améliorer la qualité de nos résultats, et nous sommes fermement résolus à fournir des sources de nouvelles crédibles et de qualité sur le Web. Nous souscrivons également à un écosystème ouvert en matière d'expression et de connaissances.
Un Web gratuit et accessible constitue une ressource vitale pour les gens et les entreprises de partout dans le monde, et veille à ce que le public ait accès à toute une gamme de points de vue. Il offre un large éventail de possibilités d'innovation, d'expérimentation et de créativité, permettant ainsi aux éditeurs de nouvelles d'essayer de nouveaux modèles d'entreprise, d'élargir leur auditoire et de réussir selon leurs propres exigences.
Lutter contre la propagande et la désinformation constitue un défi constant. Les rumeurs, les renseignements erronés, les rapports inexacts et la propagande circulent depuis deux siècles, qu'il s'agisse de dépliants, de canulars, de tabloïdes ou de fausses accusations contre des candidats politiques. Grâce à Internet, il est désormais plus facile pour les éditeurs de diffuser cette information, mais en même temps, il est aussi plus facile que jamais pour les citoyens d'avoir accès à des sources fiables et d'obtenir plus de faits pour contrer la propagande et la désinformation.
Il s'agit toutefois d'un dossier délicat. Il peut être arbitraire et difficile de faire la distinction entre ce qui constitue des fausses nouvelles et ce qui pourrait être des opinions ou des rapports douteux ou inexacts. Les faits sont souvent difficiles à vérifier, et même des sources dignes de confiance peuvent fournir des avis variés et inexacts.
Google privilégie une approche qui maximise l'accès à l'information pour les utilisateurs et ne veut pas devenir l'arbitre de la vérité. C'est un défi qui est au coeur de notre mission et de nos valeurs. Comme notre PDG, Sundar Pichai, l'a dit, nous allons « travailler fort pour nous assurer d'orienter les gens vers des sources crédibles ». Nous sommes conscients qu'il s'agit d'une question complexe et nous voulons faire attention à toute mesure que nous mettrons en oeuvre.
Google s'efforce par divers moyens d'offrir aux utilisateurs un accès à de l'information de grande qualité. Nous savons que la méthode traditionnelle n'est pas suffisante. Nous voulons poursuivre nos efforts d'innovation afin de donner les meilleurs résultats possible aux utilisateurs et soutenir le succès de l'écosystème des nouvelles.
Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de trois approches qui, selon moi, sont très pertinentes à votre étude. Tout d'abord, nous collaborons avec des agences de presse pour orienter les internautes vers des sites de nouvelles par l'intermédiaire de Google Actualités et d'initiatives telles que Google News Lab. Ensuite, nous avons récemment lancé une étiquette pour permettre aux internautes de vérifier les contenus qu’ils consultent, et enfin, nous déployons des efforts pour régler le problème à la source, en ciblant les mauvaises publicités, les sites malveillants et les escrocs sur le Web.
Aaron.
Nous vous avons déjà parlé de nos diverses collaborations avec des éditeurs de nouvelles du Canada et de partout dans le monde. La collaboration et les partenariats sont essentiels à notre approche. Le moteur de recherche Google et Google Actualités redirigent plus de 10 milliards de clics par mois vers des sites Web d'éditeurs gratuitement, et c’est ce qui permet aux éditeurs de nouvelles de monnayer le contenu de leur site et d'élargir leur auditoire.
Google Actualités, notre service qui regroupe les nouvelles et qui redirige le trafic vers d'autres sources, fonctionne selon un principe de « liste blanche ». Les éditeurs font l'objet d'un examen et doivent être approuvés avant que leur contenu ne puisse être intégré à notre corpus de nouvelles. Google Actualités met en exergue plus de 75 000 éditeurs à l'échelle mondiale, dont près de 2 000 éditeurs canadiens. Notre processus d'examen est rigoureux et vise à faire la distinction entre les sites Web de nouvelles qui font un réel travail journalistique et les autres qui ne font que regrouper les nouvelles ou présenter du contenu publicitaire ou qui n'a rien à voir avec l'actualité ou des sites Web destinés à tromper les utilisateurs sur leur propriété ou leur objectif premier.
Je tiens à préciser qu'on n'évalue pas la qualité ni l'exactitude de chacun des sites de nouvelles, pas plus que les points de vue politiques ou les idéologies.
Google Actualités vise à offrir toute une gamme de perspectives sur l'actualité. Pour chaque nouvelle, la plateforme fournit des liens vers plusieurs autres articles de divers éditeurs sur le même sujet. Les utilisateurs ont accès à différents points de vue sur des sujets qui les intéressent. Ils peuvent ensuite sélectionner les comptes des éditeurs qu'ils souhaitent lire.
De plus, Google Actualités a lancé une étiquette « source locale » pour faire valoir la couverture locale des grands événements. En plus de proposer des liens vers des journaux régionaux, Google Actualités s'assure que les événements nationaux et internationaux comprennent une perspective locale. Cela correspond à notre objectif qui est d'offrir diverses perspectives.
Notre collaboration avec les éditeurs ne se limite pas à Google Actualités. Nous les aidons à tirer le meilleur du Web. Google News Lab se veut une initiative destinée à aider les éditeurs de nouvelles à exploiter au maximum les possibilités numériques.
Pour ce faire, nous offrons de la formation en personne dans les salles de presse, des ressources en ligne à l'intention des journalistes — notamment Google Tendances, qui repose sur les commentaires de nombreux éditeurs — et nous appuyons la recherche qui pourrait être utile aux éditeurs.
De concert avec l'industrie de l'information, nous travaillons également à résoudre le problème de la vérification depuis plusieurs années maintenant. Par exemple, nous sommes un membre fondateur de la coalition First Draft News, une organisation qui vise à améliorer la collecte et la vérification de l'information. Nous soutenons également le projet Trust, qui tente de trouver des façons de faire la distinction entre les sources journalistiques fiables et le contenu promotionnel et mensonger.
Depuis de nombreuses années, Google Actualités utilise diverses étiquettes pour décrire le type de contenu, par exemple s'il s'agit de « contenu d'opinion », de « contenu généré par les utilisateurs » ou de « satire », ce qui aide les lecteurs à comprendre ce qu'ils s'apprêtent à lire et les encourage à vérifier la source et la nature de l'information. Plus récemment, nous avons lancé une nouvelle étiquette dans Google Actualités pour la vérification de l'information. Cette étiquette fait ressortir les nouvelles qui ont fait l'objet d'une vérification par des organisations crédibles, y compris des éditeurs de nouvelles et des organisations indépendantes. Elle est déjà en utilisation aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France, et d'autres pays, dont le Canada, suivront bientôt.
L'industrie de la vérification de l'information a atteint un tel niveau de croissance que cela rend ce travail possible, et nous appuyons vigoureusement les initiatives dans ce sens. Google a offert son soutien à plus de 10 différentes initiatives de vérification de l'information, y compris six nouveaux projets à la fin du dernier exercice. Nous sommes très emballés par notre collaboration avec ce secteur en pleine expansion et ce qu'il accomplit partout sur nos plateformes.
Nous avons hâte de revenir vous parler de nos progrès à cet égard à une prochaine réunion.
C'est ce qui nous amène à notre dernier point.
:
Google en fait beaucoup pour contrer les mauvaises publicités et les sites malveillants. En 2016, nous avons désactivé 1,7 milliard de publicités qui ne respectaient pas nos politiques; ce résultat est au moins deux fois supérieur à celui de 2015.
Notre plateforme AdSense permet aux éditeurs de réaliser des profits en affichant des publicités sur leurs sites et dans leur contenu. Nous avons établi des politiques rigoureuses pour assurer un environnement sûr à nos annonceurs, nos utilisateurs et nos éditeurs. Lorsqu'un éditeur enfreint nos politiques, nous pouvons retirer les publicités de son site ou même fermer son compte.
Depuis longtemps, nous avons en place des politiques qui interdisent aux éditeurs AdSense d’afficher sur leurs sites Web des publicités visant à tromper les gens. En novembre, nous avons étendu nos politiques et nous en avons aussi adopté une nouvelle concernant la fausse représentation dans le contenu AdSense. Elle nous aide notamment à prendre des mesures contre les propriétaires de sites Web qui se présentent sous un faux jour et qui présentent un contenu destiné à tromper les gens.
De novembre à décembre 2016, nous avons procédé à la vérification de 550 sites que l'on soupçonnait de présenter du contenu trompeur; certains se faisaient même passer pour des agences de presse. Nous avons pris des mesures contre la fausse représentation et d’autres infractions, et près de 200 éditeurs ont été bannis de notre serveur de manière permanente.
Vous conviendrez qu'il s'agit d'un défi de taille. Nous n'avons pas toutes les réponses; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous organisons des événements comme le News Lab Summit et Newsgeist. Ce sont deux tribunes importantes qui rassemblent des gens du milieu de l'information et des technologues pour discuter d'enjeux comme celui-ci et proposer de nouvelles idées.
Nous vous remercions encore une fois de nous donner l'occasion de contribuer à cette discussion importante. Nous sommes impatients de répondre à vos questions aujourd'hui et de poursuivre ce dialogue avec les membres du Comité dans l'avenir.
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Mme Dabrusin vient tout juste de parler de satire. Cela me rappelle lorsqu'on croyait que Sarah Palin avait prononcé les paroles désormais célèbres: « Je peux voir le Canada de ma maison ». Comme vous le savez sûrement, elle n'a jamais dit cela. En fait, cette déclaration a été faite par Tina Fey dans un numéro de satire de l'émission
Saturday Night Live, mais la plupart des gens pensent qu'elle a réellement dit cela.
C'était bien avant les controverses auxquelles nous faisons face maintenant. En fait, j'ai mentionné que si vous consultez les anciens tabloïds ou les anciens journaux qui avaient une perspective claire... Le Globe and Mail de M. Greenspon était constamment plein de fausses nouvelles au sujet de Sir John A. Macdonald, et une grande partie de ces renseignements sont utilisés comme sources dans nos livres d'histoire, car c'était écrit d'un point de vue...
Je pense qu'en raison des nouvelles technologies et des nouveaux formats de nouvelles, les problèmes liés aux soi-disant fausses nouvelles sont en fait des problèmes d'adaptation éprouvés par certaines personnes à l'égard de ces nouveaux médias. En effet, les gens sont de très bons sceptiques. Je crois que traditionnellement, ils ont été en mesure de faire la part des choses et d'obtenir des renseignements. Le défi qui se pose actuellement, c'est que certaines personnes ne peuvent pas faire la différence entre des sources crédibles et non crédibles lorsqu'il s'agit de nouvelle technologie.
Je viens de voir, dans mon fil de nouvelles, environ sept histoires dans lesquelles une personne a corrigé des renseignements erronés ou a expliqué pourquoi il s'agissait d'une satire, etc. Les lecteurs voient cela et ils apprennent des autres. Des personnes publient des renseignements ou des faits parallèles qui sont maintenant devenus des satires, mais elles citent aussi des sources d'information qui prouvent que ces histoires ne sont peut-être pas vraies. Les gens peuvent évaluer ces informations.
J'ai aimé votre suggestion selon laquelle une partie de vos efforts vise à encourager le développement des nouvelles compétences médiatiques. Je crois que cela se fera naturellement, mais tous les efforts en vue de l'encourager sont utiles.
Ce qui me trouble, c'est que je crois qu'on vous perçoit largement comme étant une infrastructure neutre lorsqu'il s'agit d'information. À quel moment franchissez-vous le pas pour devenir des contrôleurs de l'information et décider, à titre d'éditeurs, ce qui est publié et ce qui ne l'est pas? Parfois, les gens se plaignent qu'ils sont bloqués, etc. Je parle surtout de liberté et de la notion selon laquelle il faut laisser le marché des idées s'équilibrer naturellement.
:
Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, je vous remercie d'être revenus participer à notre étude. C'est excellent.
Vous devez être conscients que, pour tout le monde autour de la table, vous avez été de véritables agents de changement au cours des dernières années. Certaines entreprises font présentement face à une concurrence qu'elles n'avaient peut-être pas vu venir.
En ce qui a trait aux revenus publicitaires, pendant que j'écoutais la conversation, je naviguais sur Internet et j'ai constaté que les revenus publicitaires de Facebook étaient passés de 7,8 milliards de dollars en 2013 à presque 18 milliards en 2015. Ce sont des chiffres approximatifs. J'ai aussi lu, dans des documents préparés pour vos actionnaires, que vos ventes publicitaires avaient récemment connu une hausse exceptionnelle de près de 57 %. Donc, cela va bien sur le plan financier.
Chez Facebook, avait-on prévu une telle croissance? Je vous ai déjà entendu parler de ce sujet et j'ai l'impression que vous avez un peu été pris de court. C'est bien beau d'imprimer de l'argent, si je puis dire, mais c'est une grosse responsabilité sociétale.
Les plans d'affaires de Facebook prévoyaient-ils que ce serait aussi payant, en particulier la publicité? En fait, de toute façon, ce sont vos seuls revenus, n'est-ce pas?
:
Merci, madame la présidente.
Messieurs, je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour une seconde fois.
J'aimerais traiter à mon tour des enjeux de publicité dont parlait mon collègue M. Nantel.
Évidemment, vous n'êtes pas sans savoir que l'étude que nous faisons actuellement porte sur les médias et les communautés locales. J'ai entendu mon collègue dire que les revenus de publicité avaient augmenté de façon vraiment faramineuse. Bravo, ce sont d'excellentes nouvelles pour vous. Par ailleurs, on nous a dit qu'au cours de la dernière année, dans la plupart des communautés, les médias locaux ont vu leurs revenus de publicité diminuer dans les mêmes proportions que les vôtres ont augmenté, soit plus de 50 %. Pour eux aussi, ce sont les principales sources de revenus, et ils vivent maintenant une situation de grande précarité.
Vous n'êtes sûrement pas sans savoir non plus que ce sont de grands générateurs d'emplois un peu partout au Canada. Je n'ai pas les chiffres, je ne sais pas combien il y a d'emplois exactement, mais vous parliez de 1 000 personnes chez Google. On n'a pas nécessairement entendu parler du nombre d'employés chez Facebook, mais je peux facilement penser qu'il y en a des dizaines de milliers au Canada dans les différentes communautés locales. Plusieurs témoins au cours de la dernière année ont suggéré de modifier la Loi de l'impôt sur le revenu afin de favoriser davantage les médias locaux puisque ces revenus publicitaires sont dépensés chez des entreprises américaines.
J'aimerais que vous nous parliez à tour de rôle de ces différentes propositions qui nous ont été faites par la majorité des représentants des médias, des syndicats, des entreprises et des organismes qui ont comparu ici au cours de la dernière année.
:
Cela dépend beaucoup de chaque proposition. Comme vous le savez, elles ont été nombreuses.
En ce qui concerne la question du traitement fiscal des dépenses liées à la publicité, et c'est probablement l'une des questions les plus importantes qui ont été soulevées, ce qui nous préoccupe, c'est la mise en oeuvre.
En résumé, il s'agit effectivement d'une taxe pour les annonceurs canadiens. On présume qu'il y a une relation directe entre l'annonceur et l'éditeur, l'acheteur et le vendeur — qui n'existe plus dans une grande partie du milieu publicitaire numérique —, surtout parce que c'était la façon dont les choses fonctionnaient dans les années 1960. On présume également qu'il y a une substitution directe entre la capacité de trouver quelque chose par l'entremise d'un service en ligne, par exemple Google, Facebook ou Twitter, et un équivalent canadien dans lequel on pourrait éventuellement investir, ce qui n'est pas le cas en réalité.
Lorsque la politique a été élaborée dans les années 1960, il y avait visiblement une similarité entre les radiodiffuseurs étrangers et les radiodiffuseurs canadiens, et entre les journaux étrangers et les journaux canadiens. Ce n'est plus le cas en ligne. Si vous souhaitez annoncer un produit de beauté à un certain public dans une application pour appareil mobile, il se peut qu'il n'existe aucun service équivalent au Canada. Par conséquent, la modification d'un traitement fiscal pourrait devenir une approche punitive, car il se peut qu'il n'y ait aucune solution de rechange.
Encore une fois, je crois que cette approche présente des défis importants.
Comme mon collègue vient de le dire, on peut publier du contenu sur Facebook à volonté. Les gens et les entreprises peuvent mettre autant ou aussi peu de contenu stratégique qu'ils le veulent. La plupart du temps, ils veulent accroître leur auditoire et leur distribution.
Dans le cas de La Presse+, la stratégie était de faire sa promotion en présentant cela comme un nouveau service. J'ai travaillé avec cette entreprise pour formuler des recommandations visant à mieux diriger le public vers La Presse+ de manière à ce qu'elle perçoive plus d'argent dans son environnement.
Il y a des programmes qui commencent en format bêta, de manière un peu fermée. Le programme Instant Articles a commencé avec deux ou trois partenaires. Il faut savoir que les partenaires de ce programme peuvent mettre leur propre publicité dans leur contenu situé dans l'environnement de Facebook et ils gardent 100 % de ces revenus. S'ils n'ont pas un tel service de publicité directe, ils peuvent utiliser notre programme Audience Network, et alors il y a partage des revenus.
La plupart du temps, le service que nous offrons à nos partenaires au Canada est la distribution de contenu, pour qu'ils puissent diriger eux-mêmes les utilisateurs vers leur propre plateforme et augmenter ainsi leur distribution et leur nombre d'abonnés. Nous pouvons aussi leur offrir un environnement sur Facebook où ils peuvent percevoir directement les profits de leurs publicités.
Nous ne serons peut-être pas en mesure de faire un second tour en raison des votes. Il nous reste environ trois quarts d'heure pour la deuxième partie de notre réunion. Je me suis dit que nous devrions mettre fin à ce tour.
Monsieur Van Loan, cessez de prendre votre air déçu. Nous devrons mettre fin à cette première partie de la réunion.
Je veux remercier les représentants de Google et de Facebook d'être venus comparaître.
Il y a une chose que je voulais vous demander, et c'est quelque chose que j'ai toujours trouvé intéressant. Comme vous le savez bien, si n'importe quelle autre plateforme de communication, qu'il s'agisse de la téléphonie, des télécommunications, de la télévision, de la radio ou de la presse écrite — ce qui inclut les lettres à la rédaction — diffuse de faux messages ou répand des libelles, elle est tenue responsable en vertu du Code criminel. Voilà pourquoi des rédacteurs en chef diront qu'ils doivent vérifier le contenu d'une lettre avant de l'intégrer: parce qu'ils sont responsables.
Les seules plateformes qui n'ont pas été jugées comme étant responsables de façon concrète pour ces deux choses — faux messages et libelles —, ce sont les médias numériques. Est-ce quelque chose qui, selon vous, vous aiderait à vous assurer que le type de groupes de nouvelles que vous mettez de l'avant est soumis à une rigueur comparable à celle à laquelle sont soumises d'autres plateformes? Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet ?
:
En fait, je vous dirais que je n'ai pas tort. Le paragraphe 372(1) du Code criminel porte sur les « faux renseignements ».
De même, voici ce que stipule le paragraphe 298(1):
Un libelle diffamatoire consiste en une matière publiée sans justification ni excuse légitime et de nature à nuire à la réputation de quelqu'un
ou quelqu'une
en l'exposant à la haine, au mépris ou au ridicule, ou destinée à outrager la personne contre qui elle est publiée.
Il y a des dispositions claires. Si l'on utilise le téléphone pour faire une telle chose, la compagnie de téléphone a une responsabilité en vertu de la loi pour pouvoir trouver qui était cette personne, etc. Le Code criminel contient des dispositions claires.
Ce que je dis, c'est que d'autres groupes sont responsables. Ils doivent faire des vérifications et être responsables de ce qui se passe. C'est vraiment ce sur quoi nous nous interrogeons aujourd'hui, c'est-à-dire que si on définit quelque chose comme étant une « nouvelle », ou si on diffuse de faux messages qui causent du tort à une personne... Je ne dirais jamais « pauvre Mme Palin », mais voilà. Elle se retrouve maintenant dans une situation où on lui attribue des propos des plus ridicules qu'elle n'a pas tenus en réalité. Il s'agissait de Tina Fey, à l'émission Saturday Night Live.
Je crois qu'il y a des responsabilités concernant... et c'est là que le terme « fausses nouvelles » apparaît maintenant. On peut intenter une poursuite contre un journal, un réseau de télévision. On peut intenter des poursuites pour tout cela en vertu du Code criminel.
Cela rendra-t-il les règles du jeu équitables? Devrait-on les rendre équitables? Je ne suis pas en train de donner mon opinion dans un sens ou dans l'autre. Je pose la question. C'est une question déroutante, et j'aimerais entendre votre point de vue à cet égard.
Quoi qu'il en soit, vous avez dit que ce serait impossible pour vous de le faire, mais c'est quelque chose que je voulais signaler pour le compte rendu — c'est quelque chose que je ne comprends pas et qui me laisse perplexe, et je voulais obtenir des précisions.
Vouliez-vous dire quelque chose?
:
Merci, madame la présidente. Bonjour.
Comme vous l'avez dit, je m'appelle Julien Brazeau. Je suis sous-commissaire délégué au Bureau de la concurrence. Je suis accompagné de mon collègue, Anthony Durocher, qui est sous-commissaire à la Direction générale des fusions et des pratiques monopolistiques.
Je comprends que le Comité a des questions concernant la transaction entre Postmedia et Sun, de même qu'en ce qui a trait à la lettre de non-intervention qui a été émise à la fin de l'examen du Bureau.
Lors de nos deux comparutions précédentes devant le Comité, mes collègues et moi avons décrit la façon dont le Bureau mène ses examens des fusions ainsi que les facteurs qui sont pris en considération.
Il est important de rappeler que dans nos examens des fusions, nous tenons compte d'un certain nombre de facteurs, dont le degré de concentration économique dans un marché donné et les parts de marché des parties qui fusionnent, la mesure dans laquelle les parties sont en concurrence et la présence ou non de concurrents véritables qui sont en mesure de limiter la capacité de l'entité fusionnée d'exercer une puissance commerciale.
Au moment d'étudier une fusion, le Bureau obtient de l'information de divers participants de l'industrie, comme les fournisseurs, les clients, les organismes de réglementation et les concurrents.
[Français]
Je désire insister sur le fait qu'au moment d'étudier une fusion, le Bureau s'attarde sur les aspects économiques de la concurrence et sur les gains en efficience, tels que l'incidence de la fusion sur les prix ou, dans le cas des fusions de médias, les tarifs de publicité et le lectorat. Comme vous le savez très bien, nous sommes tenus de respecter toutes les dispositions de la Loi sur la concurrence lorsque nous effectuons nos analyses. Les éléments qui doivent être étudiés au moment de l'analyse d'une fusion sont énoncés à l'article 93 de la Loi, comme nous l'avions stipulé lors de notre dernière comparution. Il est important de souligner que c'est la combinaison de ces facteurs, et non la présence ou l'absence d'un seul facteur, qui est déterminante dans notre analyse.
Si le Bureau s'attarde principalement au prix et à la production, il évalue également les effets de la fusion proposée sur d'autres aspects de la concurrence, tels que l'innovation, le choix, le service et la qualité. Ces éléments sont examinés dans une perspective économique, en particulier sur les marchés où la concurrence s'exerce principalement par des moyens autres que les prix.
J'aimerais maintenant vous décrire ce qui se passe lorsque le commissaire décide de ne pas contester une transaction. Cela a lieu lorsque, après un examen complet de la preuve, le commissaire est convaincu qu'il n'y a pas d'empêchement ou de diminution sensible de la concurrence, ou que les efficiences réalisées dans la fusion dépassent les effets concurrentiels ou l'annulent. Dans de tels cas, le commissaire va émettre une lettre de non-intervention indiquant qu'il a décidé de ne pas contester la transaction pour le moment, mais qu'il se réserve le droit de le faire dans un délai d'un an à la suite de la conclusion de la transaction. C'est la date limite prévue par la Loi sur la concurrence.
En pratique, compte tenu de l'ampleur de l'information recueillie et du temps nécessaire pour son analyse dans le cadre d'une enquête très complexe, comme celle portant sur Postmedia-Sun Media, une lettre de non-intervention est considérée comme une forme efficace d'autorisation à laquelle les parties peuvent se fier pour conclure une transaction. Pour ouvrir à nouveau une enquête sur une fusion lorsque le Bureau a déjà émis une lettre de non-intervention aux parties, le Bureau aurait besoin de recevoir de nouvelles preuves, dans le délai d'un an après la transaction, ayant un effet substantiel sur l'évaluation de la concurrence effectuée par le Bureau en premier lieu.
[Traduction]
Je sais que le Comité connaît bien la déclaration du 25 mars 2015 concernant la décision du commissaire d'émettre une lettre de non-intervention dans le cadre de son examen de la transaction entre Postmedia et Sun. Cette déclaration comprenait de l'information que le Bureau était en mesure de divulguer publiquement une fois l'examen de la fusion terminé.
Il est important de répéter que le Bureau mène ses enquêtes en toute confidentialité et que toute l'information qui est recueillie, qu'elle ait été transmise à titre volontaire ou obtenue en utilisant des pouvoirs officiels, demeure confidentielle. La loi exige que nous ne fassions aucun commentaire public avant d'avoir franchi certaines étapes, comme l'émission d'une lettre de non-intervention. Même dans un tel cas, nous sommes tenus de garder en toute confidentialité toute information qui n'est pas publique. Cela vise à assurer l'intégrité de nos enquêtes et à garantir que l'information que nous ont fournie les parties ou les tierces parties, qui peut être de nature délicate, demeure confidentielle.
Enfin, je sais que le Comité a manifesté certaines préoccupations au sujet des pertes d'emplois dans le secteur, surtout après la transaction entre Postmedia et Sun. Bien que nous sommes conscients que les fusions peuvent malheureusement avoir des répercussions négatives sur les emplois, la raison d'être de l'examen d'une fusion par le Bureau, c'est de déterminer si la fusion pourrait vraisemblablement entraîner une diminution de la concurrence ou empêcher la concurrence sur un marché donné. Il s'agit d'une analyse d'une puissance commerciale axée sur les prix, la production et des aspects non monétaires de la concurrence.
En ce qui a trait à Postmedia, le Bureau estime que les journaux imprimés dans les marchés en question font face à un déclin régulier et continu pour ce qui est du lectorat, et que la capacité des parties d'exercer un pouvoir de marché est limitée par les conditions du marché actuelles. Dans de telles conditions, les pertes d'emplois, bien qu'elles soient difficiles pour les personnes touchées, sont souvent le résultat d'un processus concurrentiel alors que les entreprises tentent d'harmoniser leurs coûts avec la demande ou de réaliser des gains d'efficience.
J'aimerais également signaler que la déclaration du Bureau faisait référence aux parties ayant des comités de rédaction distincts. Cependant, cela n'était pas un facteur dans la décision du commissaire d'émettre une lettre de non-intervention. Ces faits étaient plutôt inclus à titre d'information dans notre énoncé de position quant à l'examen.
L’examen du Bureau n’était pas axé sur ce que les parties avaient dit qu’elles feraient, mais plutôt sur la possibilité pour ces dernières d’avoir un pouvoir de marché accru. Selon notre examen, les preuves et l’analyse économique n’ont pas permis d’établir que l’entité fusionnée aurait un meilleur pouvoir de marché, et aucune autre information ou aucune autre preuve ne nous a amenés à revoir cette conclusion.
À la fin de l’examen d’une fusion, les entreprises concernées n’ont pas à consulter le Bureau quant à leurs prochaines décisions d’affaires, à moins d’avoir conclu une entente pour corriger le préjudice anticoncurrentiel ciblé au cours de l'examen. En ce qui a trait à Postmedia et Sun, nous n’avons pas senti le besoin d’une mesure corrective, et l’entreprise n’est donc pas obligée de consulter le Bureau quant à ses décisions d’affaires, dont celles concernant la dotation.
Il est clair que le commissaire peut tenir compte d'abus de la puissance commerciale, ainsi que d’autres comportements anticoncurrentiels, ou d’information ou de données probantes qui soulèvent des questions liées à la concurrence, même après une fusion.
Je sais que bien d'autres questions soulèvent des préoccupations, comme vous l'avez déjà dit, madame la présidente. Je vais m'arrêter ici, et mon collègue, Anthony, et moi ferons de notre mieux pour répondre à vos questions.
Je suis enchanté de vous revoir.
Nous avons discuté de la vente du National Post au Sun et du fait que toutes les décisions sont prises dans une même salle de rédaction, soi-disant parce qu'elles étaient trop différentes. Nous avons parlé de Bell et d'Astral et d'autres sujets. Nous avons vu de nombreux grands journaux avaler de petits et moyens journaux dans les petites villes, pour s'en débarrasser ensuite quand le marché périclite.
Que pensez-vous de cela et de ce que vous avez observé? À l'heure actuelle, personne ne se bouscule pour publier un journal où que ce soit au pays. Nous avons vu les graphiques pour l'an dernier. Il n'y a pas de concurrence, car qui diable veut acheter un journal à part le National Post?
Voulez-vous en acheter un? Non, personne ne veut en acheter. C'est un média moribond. Regardez: chaque jour, c'est ainsi, que ce soit à Guelph, à Nanaimo ou ailleurs. Un jour, il n'y aura plus de travail parce qu'il n'y aura plus de journaux. Je suis sérieux en disant cela.
Le Bureau de la concurrence a-t-il modifié la manière dont il examine la situation? Le faites-vous tous les cinq ans? Le cas échéant, quelle procédure suivez-vous?
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Vous travaillez évidemment sur toutes sortes de sujets. Je pourrais vous ménager un peu. En effet, tout le monde est étonné de la vulnérabilité de nos médias régionaux et de notre production locale. Des entreprises de service par contournement sont débarquées ici, puis la loi de la jungle s'est installée. Cela a surpris tout le monde. Cependant, il faut faire un constat: le Bureau de la concurrence a besoin d'être survolté.
En effet, il faut peut-être acquérir de nouvelles compétences. Ce que vous étudiez est bien différent de l'estampillage de poutres de fer de la Dominion Steel et de la U.S. Steel. On est ailleurs. C'est un sujet très important, le métal, mais ces voix démocratiques qui se sont exprimées par les médias d'information, c'est majeur.
Je ne veux pas être désagréable, mais il n'y a qu'à regarder la une de l'Ottawa Sun, qui titre « Fatal distraction ». La une de l'Ottawa Citizen arbore exactement le même titre, avec le même lettrage, tout comme la une du National Post. Quand on entre dans une tabagie à Ottawa, on voit les trois mêmes unes dans trois journaux différents. Comment peut-il être possible, alors, de dire que c'est le National Post qu'on préfère? Cela ne fonctionne pas.
Nous avons entendu M. Godfrey dire que la presse écrite était en péril. C'est vrai, mais par la suite, il a reçu une prime de 2,3 millions de dollars. Je pense qu'avec une telle somme, on peut faire fonctionner une salle de presse pendant longtemps et avec beaucoup d'employés. Il est difficile de discerner tout cela.
Qu'aimeriez-vous avoir? Que pourrions-nous faire? De notre côté, nous devons trouver des solutions.
Selon vous, Google et Facebook sont actuellement deux monopoles. Savez-vous si quelqu'un dans le monde a soulevé la dimension monopolistique de Google et Facebook? Elles peuvent mener le monde à leur guise, elles sont seules dans leurs créneaux respectifs.
Par ailleurs, que pourrions-nous faire pour que vous soyez vitaminés ou, au contraire, pour que soit créée une entité distincte?
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Je vous remercie de votre présence et de vos commentaires.
Je vais être honnête avec vous, je suis perplexe. Dans la description du Bureau, il est écrit que cet organisme est indépendant. En effet, on peut lire ceci:
[Traduction]
Le Bureau de la concurrence, en tant qu’organisme d’application de la loi indépendant, veille à ce que les entreprises et les consommateurs canadiens prospèrent dans un marché concurrentiel et innovateur.
[Français]
Pendant des années, on a écrit des livres et des livres sur l'importance de la concurrence. Or, nous voilà au premier rang pour notre faible niveau de concurrence.
Notre pays est énorme, il compte des régions rurales, de la diversité, des minorités et des nouvelles locales, mais ce ne sont pas des critères à considérer. Dire que la seule question considérée est d'ordre économique constitue un problème, selon moi.
Je ne sais pas pour vous, mais je disais à mon collègue que nous étions élus pour faire des changements et des recommandations pour améliorer les choses. Que s'est-il donc passé au cours des 50 dernières années? Personne d'autre n'en a parlé? Ces critères d'importance pour la société canadienne étaient toujours là. Cela n'a pas changé tellement. Je trouve que cela pose beaucoup de problèmes.
J'aimerais savoir quels critères et quelles meilleures pratiques les autres pays utilisent, contrairement à nous, pour assurer la concurrence et faire en sorte de ne pas se retrouver au premier rang, mais plutôt au 17e ou au 21e rang des pays à faible niveau de concurrence. Aidez-moi à comprendre.
J'aimerais vous poser une question, si vous le voulez bien.
Lorsque vous avez autorisé la fusion du Sun et du National Post, vous vous êtes entendus pour que les journaux ne fusionnent pas leurs salles de rédaction. Eh bien, sachez qu'ils l'ont fait. Je voulais simplement que vous sachiez qu'il existe 99 quotidiens au Canada actuellement. C'est une diminution. De ces 99 quotidiens, 46 appartiennent à Postmedia.
Si nous parlons de la concurrence, quelle concurrence existe-t-il quand une entité possède la majorité des quotidiens? C'est la même information qui est diffusée à la population; voilà où le bât blesse.
Je veux ajouter brièvement quelque chose, puis vous pourriez ensuite répondre. Nous avons parlé un peu de Google et de Facebook, qui ont entrepris quelque chose de nouveau. Ils sont devenus des intégrateurs de nouvelles et font donc directement concurrence à ceux qui préparent les nouvelles, soit les journaux, la télévision ou la radio. Ils sont en concurrence directe. Nous constatons maintenant que 21 % des Canadiens consultent Google ou Facebook pour connaître les nouvelles, alors que 29 % d'entre eux s'informent à la télévision. Voilà qui montre que la concurrence pâtit et que ces intégrateurs sont en train de se ménager un monopole, ce qui engendre des problèmes.
J'ai deux questions sur l'engagement à ne pas fusionner les salles de rédaction. Que se passe-t-il si un groupe accepte de ne pas faire certaines choses, puis se ravise et le fait quant même? Que faites-vous? Quel recours avez-vous? Comment intervenez-vous en pareil cas?
Je pense que c'est un comportement anticoncurrentiel que de fermer... Cela en dit long quand une entité chapeaute maintenant près de la moitié des quotidiens du pays. Il n'y a pas de concurrence dans le domaine des nouvelles, outre celle de Google et de Facebook, des concurrents directs qui sont en train de devenir des monopoles.
Vous pourriez peut-être répondre à cette question et nous indiquer aussi si vous pensez que nous pourrions recommander quelque chose pour peut-être élargir... Le fait que vous vouliez que les journaux aient des salles de rédaction distinctes montre que vous ne vous préoccupiez pas seulement des questions monétaires, des marchés et des répercussions financières: vous vous souciiez de la diversité des nouvelles. Ces préoccupations s'inscrivaient en filigrane dans les propos que vous avez tenus initialement.
Je me demande ce que vous répondriez à cela. Merci.
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Merci de me poser cette question.
Je veux simplement éclaircir un point à propos de la teneur de la publication que le Bureau a diffusée le 25 mars et des renseignements sur lesquels il s'est appuyé au cours de son examen de la transaction de Postmedia. Nous avons certainement proposé le maintien de salles de rédaction distinctes, comme les parties l'ont suggéré, mais comme je l'ai indiqué à M. Nantel, ce n'était pas un critère ou un facteur déterminant dans notre examen. C'est une information que nous avons fournie parce que nous voulons être aussi transparents que possible, et les deux parties ont accepté qu'elle soit rendue publique. Ce n'était pas une mesure précise.
Quand le Bureau émet une lettre de non-intervention, c'est légèrement différent que lorsque les parties consentent à respecter une certaine entente. Quand nous jugeons qu'une transaction que nous examinons pourrait avoir un effet anticoncurrentiel, mais qu'il existe un recours ou que les parties acceptent d'adopter un certain comportement pour corriger cet effet, alors le Bureau peut négocier avec elles une entente qui est enregistrée par le tribunal. Le Bureau continuerait de surveiller la situation pour vérifier que les parties respectent l'entente. Si ce n'est pas le cas, alors il pourrait relancer l'enquête et chercherait à procéder ainsi.
Dans le cas présent, les parties ont finalement décidé de fusionner les salles de rédaction, mais puisque nous avons émis une lettre de non-intervention et que notre décision ne s'appuyait pas sur le maintien de salles de rédaction distinctes, le Bureau ne pouvait intervenir. Ce n'était pas un recours dont il a tenu compte dans sa prise de décision. Cette fusion ne justifiait pas, selon nous, la réouverture du dossier et le réexamen de la transaction.
En ce qui concerne l'effet sur Google et Facebook, l'industrie évolue rapidement, comme tout le monde l'a fait remarquer. Depuis notre dernier examen seulement, le marché a considérablement évolué. Si une autre transaction est envisagée, nous étudierions certainement le contexte actuel afin d'évaluer la concurrence. Je ne pourrais me prononcer sur la transaction en me fondant sur la situation actuelle du marché.