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Madame la présidente, mesdames et messieurs les vice-présidents et membres du comité permanent, mon collègue Jagdeep Kailey et moi tenons à vous remercier de nous donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
J'aimerais d'abord vous présenter ma maison médiatique. Le Canadian Punjabi Post a vu le jour en 2002. Il s'agit du premier quotidien en langue punjabi publié au Canada ainsi que le premier quotidien, toute langue confondue, publié dans la région de Peel. Il a aussi été le premier quotidien au monde publié en punjabi à l’extérieur de l’Inde.
À l'époque, beaucoup de gens nous ont pris pour des casse-cou de nous lancer dans pareille aventure, mais à force de travail acharné et de persévérance, nous figurons aujourd'hui parmi les plus importants quotidiens ethniques à grande diffusion au Canada.
Avec plus de 35 000 lecteurs, notre quotidien se démarque par sa portée et sa crédibilité. Il est respecté pour son traitement équitable et équilibré de l'information. Les institutions canadiennes gouvernementales et non gouvernementales consultent le Canadian Punjabi Post pour sonder l'opinion publique au sein des communautés immigrées établies dans la région du Grand Toronto.
Ce journal joue un rôle pivot dans le renforcement des liens entre les immigrants et leur pays d'accueil, le Canada, et entre les différentes communautés canadiennes d'origine indienne. Nous sommes l'unique quotidien canadien en langue punjabi dont le contenu rédactionnel est 100 % canadien. C'est également le seul journal à rédiger un éditorial chaque jour.
Plus de 25 000 exemplaires sont publiés cinq jours par semaine. Le site Web du journal est consulté partout au Canada, et nous sommes suivis par plus de 25 000 personnes et entreprises sur les réseaux sociaux, y compris dans des pages Facebook.
J'anime également une émission radiophonique diffusée dans l'ensemble de l'Amérique du Nord sur la fréquence 770 AM. Nous sommes en ondes aux heures de grande écoute, de 8 heures à 10 heures, du lundi au vendredi. Radio Khabarsar, qui signifie « station radio d'actualités et d'entretiens », se distingue des autres émissions radiophoniques allophones par la qualité et la richesse inégalées de son contenu. Elle vise à répondre aux besoins des personnes originaires d'Asie du Sud, en particulier de la très dynamique communauté punjabi établie au Canada. À l'image du Canadian Punjabi Post, le contenu de notre émission radiophonique est à plus de 70 % canadien.
En ce qui concerne l'accès des communautés locales à l'information, les Indo-Canadiens sont politiquement plus actifs que toute autre communauté immigrante visible au Canada et cela, pour avoir vécu l'expérience d'une riche et solide tradition démocratique en Inde. Ainsi s'explique leur avidité pour les actualités et leur besoin pour un nombre élevé de médias indo-canadiens.
Tout au long de l'année, et plus fréquemment en période électorale, les partis politiques de toute allégeance se réunissent en table ronde et en conférence médiatiques avec les médias ethniques. La tenue de trois importantes élections — fédérales, provinciales et municipales — presque à la suite l'une de l'autre occupe la une des médias et mobilise la population locale.
La circonscription de Brampton est devenue une sorte de laboratoire politique pour le Canada. On dit qu'en période électorale, le comportement de la population immigrante de Brampton donne le pouls de l'intention de vote des autres communautés immigrantes du Canada; voilà qui souligne d'autant plus l'importance des médias ethniques.
En ce qui concerne les conséquences et les répercussions de la concentration des médias, nous agissons en tant que passerelle entre les organismes d'affaires, les organisations politiques et les communautés immigrantes. Sans nous, ces organisations auraient beaucoup de mal à atteindre cet important segment de la population canadienne.
Comme je l'ai dit, les Indo-Canadiens en général et les Punjabis en particulier sont le groupe le plus actif sur le plan politique. Les médias punjabi se sont mis à pousser comme des champignons. Les hebdomadaires, les émissions de radio et les canaux télévisuels sont si nombreux qu'il est presque impossible d'en dresser la liste.
Tous les deux jours, on voit apparaître une nouvelle chaîne. C'est devenu complètement fou et ce n'est pas bon signe pour le journalisme responsable. Il règne un manque flagrant de professionnalisme. Des gens sans formation et sans aucun engagement se lancent dans les médias ethniques pour la seule raison qu'ils y voient une occasion de se faire valoir. C'est bon pour eux, mais ça engendre beaucoup de problèmes dans la communauté.
La surconcentration des médias a des répercussions négatives sur la vie sociale de la communauté. Pour garder une longueur d'avance les uns sur les autres, certains médias n'hésitent pas à laver le linge sale de la communauté en public et à discuter en détail de sujets scabreux et indécents. Un tel comportement a un coût élevé sur la santé sociale des gens qui consomment cette information.
Des éléments radicaux de la communauté exercent sur nous des pressions explicites et implicites pour que nous rapportions leurs nouvelles qui, pour la plupart, sont très dangereuses et prêtent à controverse. En octobre 2010, on a attenté à ma vie pour avoir refusé de dire des choses qu'on m'avait demandé de dire. Je ne suis pas le seul à qui c'est arrivé, on est nombreux. Mon cas à moi a été couvert par les médias grand public, mais dans la plupart des cas, des journalistes sont battus, menacés et forcés à garder le silence. Cette dangereuse tendance se produit à grande échelle. Le favoritisme politique à l'égard du radicalisme est dangereux pour nous tous qui travaillons dans les médias ethniques.
La pression politique sème la division au sein des communautés et entre les communautés, c'est très malsain. Un éditorial paru l'an dernier dans le Brampton Guardian en est un bon exemple.
En ce qui concerne l'impact des médias numériques sur l'information locale, soulignons que la nouvelle génération d'immigrants utilise abondamment les médias numériques pour se créer un espace personnel. Les enfants canadiens nés de parents immigrants créent des vagues médiatiques à l'aide des technologies numériques. De nos jours, les nouveaux arrivants sont beaucoup plus portés vers les médias numériques que vers la presse écrite. Il n'en reste pas moins que comme une grande proportion des immigrants n'est pas encore très technophile, il continue d'exister une forte demande pour la presse écrite. Pour le moment, la presse écrite demeure le média à privilégier en raison de l'accueil et de la réceptivité qui lui réserve du public. Les choses vont changer progressivement pour faire place à l'environnement numérique.
Comment envisageons-nous l'avenir et où en est cette industrie? La chaîne de télévision multilingue OMNI, une initiative de Rogers qui diffuse en langue punjabi, a dû réduire sa programmation parce qu'elle n'arrivait plus à se maintenir à flot en raison des coûts associés à l'embauche de journalistes qualifiés. Deux quotidiens et plusieurs journaux hebdomadaires du Grand Toronto sont « morts de causes non naturelles ». Cela explique le manque de journalisme sérieux dans les médias ethniques. La presse écrite a déjà du mal à survivre à cause de l'épuisement des sources de revenus, et c'est ce même destin qui attend les chaînes radio et télévisuelles.
Le gouvernement fédéral doit songer à soutenir les médias ethniques de qualité de la même façon qu'il soutient CBC/Radio-Canada. À plus petite échelle, bien sûr, mais son aide est indispensable. Nous souhaitons qu'une initiative soit mise en place pour nous permettre d'embaucher des journalistes professionnels grâce à des programmes de subventions. En l'absence d'un tel soutien, l'industrie des médias ethniques sera confrontée à une crise qui portera un coup dévastateur aux communautés immigrantes et au Canada.
Le gouvernement devrait collaborer avec la Fondation pour le journalisme canadien ou un autre organisme similaire pour aider et renforcer nos médias ethniques.
Merci beaucoup.
L'accès à l'information constitue un problème pour les immigrants récents. Les immigrants récemment arrivés, dont un grand nombre ne connaît pas bien l'anglais et dont la langue de choix est presque toujours la langue maternelle, représentent sans aucun doute le groupe social le plus touché à cet égard. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les personnes âgées. Les nouveaux immigrants recherchent trois types d'information: de l'information sur le Canada et sur la communauté canadienne au sens large, de l'information sur les autres membres de leur communauté ethnique établie au Canada et de l'information sur leur pays d'origine. Bien sûr, l'information sur les affaires canadiennes est facilement accessible dans les médias grand public, mais comme je l'ai mentionné, il y a la barrière de la langue.
Pour aborder la deuxième question, la concentration des médias et le processus de concentration des médias, il faut dire que cela n'aide pas notre cause, parce que lorsque leur nombre est restreint, les médias de grande diffusion ou les médias communautaires — je parle de communautés géographiques plutôt qu'ethniques — couvrent de moins en moins les communautés ethniques, puisqu'ils sont moins nombreux à devoir couvrir le même éventail de sujets. À mesure que ce processus évolue, les préoccupations des communautés ethniques passent entre les mailles du filet. Évidemment, les médias ethniques et les médias culturels doivent compenser le manque de couverture de leurs communautés respectives.
Les médias ethniques et culturels ne couvrent pas exclusivement leurs communautés. Nous essayons toujours de couvrir la collectivité au sens large et même certaines questions internationales. Le manque de financement et, comme l'a mentionné le témoin précédent, l'incapacité de pouvoir compter sur des employés et des journalistes professionnels au sein de nos équipes de rédaction limitent sérieusement notre capacité à couvrir des sujets plus vastes. Comme je l'ai dit, beaucoup de personnes, en particulier la population immigrante récente, se tournent vers les médias communautaires pour accéder à ces sujets d'information.
L'impact des médias numériques est vraiment considérable. Je dirais que les médias communautaires sont moins touchés que les médias grand public, parce que d'énormes progrès technologiques sont accomplis en ce moment. Certaines plateformes et technologies médiatiques n'ont pas encore été utilisées, mais tout est en phase de développement à l'heure actuelle.
Notre groupe médiatique commence à exploiter ce marché. Nous cherchons à nous positionner de manière à pouvoir tirer profit des médias numériques et de l'accès aux personnes qui n'utilisent que les médias numériques plutôt que la presse écrite ou même la radio et la télévision. À ce stade, il est très difficile d'estimer dans quelle mesure nous parviendrons à tirer profit des médias numériques et du marché des médias numériques. Par exemple, il est difficile de dire si, avec la publicité numérique, nous réussirons à compenser la perte de publicité écrite tout en préservant la version imprimée de notre journal, parce que tout cela commence tout juste à se développer.
En même temps, ce marché est de plus en plus concurrentiel, non seulement pour les médias à grande diffusion, mais aussi pour les médias ethniques. Une foule de personnes y voient une possibilité — en réalité, une nécessité — de développer des produits numériques et, parfois, créer des groupes très informels, comme les groupes Facebook. Ces groupes sont déjà créés. Mais dans notre marché communautaire et ethnique, ils commencent à peine. Difficile de dire comment ils pourront survivre et quelle influence ils auront sur les médias communautaires traditionnels qui font eux aussi leur entrée sur le marché du numérique. Comme je l'ai dit, tout est encore à l'étape du développement.
Je pense que la concurrence à laquelle se livreront les médias communautaires sur le marché du numérique sera sans doute intense, peut-être même plus que celle qui se livre au sein des marchés classiques de la presse écrite, de la télévision et de la radio. Du point de vue de la communauté et de celui de la collectivité au sens large, cette concurrence m'apparaît comme quelque chose de positif, parce que plus les voix sont nombreuses à se faire entendre, plus le débat est large.
Quant à la viabilité économique, il est trop tôt pour se prononcer, mais je dirais que le gouvernement devrait envisager la possibilité d'offrir son soutien aux médias numériques et aux autres types de médias émergents de la même façon qu'il soutient la presse écrite par l'entremise de son programme d'aide aux éditeurs.
Je vous remercie.
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Non seulement les entreprises ne se regroupent pas, mais ce sont des gens qui essaient de faire sentir leur présence.
Nous sommes plus ou moins pris dans une impasse. Nos annonceurs dans les journaux sont des gens d'affaires ethniques. Ils veulent voir leur annonce imprimée quelque part, parce que cela... Il faut qu'elle soit vue par notre audience, notre lectorat. Mais en même temps, un autre créneau les attire, les médias numériques. Nous devons en tenir compte.
Quant aux médias sociaux communautaires, nous les appelons les médias Facebook. Ils ont établi leur... ce sont généralement des groupes médiatiques; ce ne sont pas des médias, mais ils tiennent des propos que ne pouvons même pas imaginer pouvoir tenir. Cela crée une concurrence plus forte. Vous pouvez dire n'importe quoi sur les médias sociaux, puis c'est terminé. Mais pour nous, c'est plus difficile de nous positionner.
Nous nous débattons d'un côté avec des flux de revenus qui proviennent, comme l'a dit M. Grewal, de commerces tenus par des gens d'affaires ethniques. Ils ne comprennent pas les contraintes ou les difficultés qui sont les nôtres; parallèlement, les médias sociaux numériques nous posent défi de taille.
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À ma connaissance, l'information diffusée dans les médias grand public concerne surtout l'Ukraine, mais pas la communauté ukrainienne du Canada en tant que telle.
Parlant de l'Ukraine, je ne sais pas si mon propos sera jugé hors contexte, mais j'aimerais vous dire une chose. Nous trouvons que les événements qui se déroulent en Ukraine sont parfois relatés de manière erronée.
Par exemple, les médias ne décrivent pas toujours les événements comme étant une « invasion » russe. C'est pourtant bel et bien une invasion de la part de la Russie et celle-ci a déployé des militaires de l'armée régulière russe en Ukraine, mais les médias canadiens n'en parlent pas suffisamment. Ils ont tendance à parler de « guerre civile ». Or, ce n'est pas une guerre civile, mais bien une invasion par un autre pays.
Voilà pourquoi nous, les médias ukraino-canadiens, sentons le besoin de faire contrepoids, mais notre problème, c'est que nous avons un public assez restreint. Nous sommes petits et nous ne pouvons diffuser nos messages vers la communauté dans son ensemble. Je dirais que c'est notre principal problème concernant l'information diffusée dans les médias canadiens sur les enjeux ukrainiens.
Pour être honnête, je n'ai pas lu beaucoup d'information sur les communautés ukraino-canadiennes dans médias grand public. Sauf probablement à l'occasion de nos festivals ou des célébrations du jour de l'indépendance ukrainienne qui sont couverts par les chaînes d'information et la presse. Nous essayons de couvrir tous les sujets; mais nous diffusons naturellement de l'information sur des enjeux communautaires locaux plus souvent que sur l'Ukraine, parce qu'il y a beaucoup d'information en provenance d'Ukraine.
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Mon groupe n'a jamais fait de demande au fonds. J'en ai entendu parler. On peut obtenir environ 25 000 $ du gouvernement pour gérer notre maison de presse, ce qui est une simple goutte d'eau dans la mer. Cela ne change pas grand-chose et il y a sans doute beaucoup de paperasse, mais je n'ai jamais essayé.
Je suggérerais au comité de commencer, comme je l'ai dit dans mon exposé, par subventionner les journalistes qui peuvent produire du contenu canadien dans toutes les langues. Nous pouvons les engager et payer une partie de leur salaire alors que l'autre partie serait subventionnée. De cette façon, nous pouvons mieux desservir notre communauté avec du contenu canadien. Voilà ma première suggestion.
Deuxièmement, tout comme le gouvernement finance la SRC, il devrait y avoir le même genre de financement pour les journaux ethniques.
J'avais aussi une suggestion à propos de la Fondation pour le journalisme canadien. Il devrait y avoir un dialogue entre les groupes de médias ethniques et la FJC. La FJC, ou tout autre organisme du même genre, doit être soutenue pour faire participer les gens des médias dans les communautés ethniques afin qu'ils comprennent à quel point il est important de donner de bonnes informations à la communauté. Je pense que seulement une ou deux personnes parmi ceux qui dirigent les maisons de presse ont suivi des cours sur les médias ou ont un diplôme en journalisme. La majorité n'a atteint que la dixième ou douzième année et ce sont eux qui dirigent les maisons de presse.
Pour avoir un salon de coiffure, il faut un diplôme de coiffeur, mais pour diriger un journal ou une émission de radio, qui donne des informations si importantes à la communauté ou qui la guide en quelque sorte, aucune formation n'est nécessaire. Vous n'avez pas besoin de diplôme pour diriger ce genre d'entreprise.
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Je vous remercie beaucoup de cette occasion de vous rencontrer.
Je connais certains d'entre vous, bien sûr, depuis des siècles, même si vous n'êtes pas aussi vieux que moi, et pour certains d'entre vous, je suis heureux que vous soyez le sang neuf de la politique canadienne
Le Conseil national de la presse et des médias ethniques du Canada représente environ 800 publications de partout au Canada et environ 150 producteurs de télévision et de radio. L'organisation date d'environ 30 ans. Nous travaillons pour nos membres et pour que les intérêts canadiens soient également servis par nos membres.
Pour ajouter à ce que les intervenants précédents ont dit, je tiens à porter à votre attention que je siège à des comités des Nations unies sur les médias. Je tiens à vous dire que la reconnaissance officielle du journaliste par le gouvernement n'existe pas. En réalité, pour être journaliste, il n'est même pas nécessaire de terminer ses études universitaires ou l'école secondaire. Cela s'explique par les différences entre le monde occidental et certains pays d'Afrique où les journalistes ne finissent pas toujours leurs études secondaires. Or, ils sont reconnus comme journalistes — et je parle de l'Organisation des Nations unies. Je veux attirer votre attention sur ce point car il joue un rôle vital dans le développement des médias ethniques et du journalisme ethnique.
Au cours d'une période de plusieurs années, en 2009 et en 2013, nous avons organisé des séminaires de formation avec l'aide d'institutions à Toronto. Nous avons fait venir des gens de partout au Canada. Nous avons, bien sûr, obtenu le soutien et l'aide de Patrimoine canadien, à qui je tiens à exprimer une fois de plus nos remerciements. Je voulais également faire remarquer que jusqu'à il y a cinq ans, les soi-disant « soutiens aux éditeurs » ne visaient que les médias dominants, francophones ou anglophones. La presse ethnique en était totalement absente.
Enfin, durant cette période d'environ cinq ans, j'ai rencontré le ministre de Patrimoine canadien, James Moore, qui avait été membre des médias avant sa vie publique au Parlement. Je lui ai expliqué nos difficultés et il l'a compris et pour la première fois, il y a cinq ans, grâce à James, ce fonds a été élargi pour inclure les publications des médias ethniques.
La première année, les médias ethniques ont reçu environ un million de dollars. Permettez-moi de vous dire qu'à cette époque, les montants du fonds étaient d'environ 67 millions de dollars pour les magazines et d'environ 23 millions de dollars pour les journaux non quotidiens canadiens. De tout ce fonds, on nous a donné seulement un million de dollars.
Enfin, parce que mes membres ne savaient pas exactement ce à quoi s'attendre, ils ont fait une demande au fonds et n'ont obtenu que 700 000 $. Pour le reste, comme toujours, il y avait un écart de 2,5 millions de dollars qui est allé directement aux publications de Rogers comme Chatelaine ou Maclean's. Maclean's a reçu 2,5 millions de dollars de soutien, si on peut l'appeler ainsi, et mes membres ont reçu 8 000 ou 9 000 $.
L'an dernier, ce fonds a augmenté à 53 404 285 $ pour les magazines. Pour les journaux non quotidiens, 15 433 313 $ ont été distribués. De ces montants, nous avons reçu 700 000 $ pour les magazines ethniques — pour certains, c'est approximatif — et environ 700 000 $ pour les journaux non quotidiens. Le reste, environ 70 millions de dollars, est encore une fois allé aux médias dits dominants.
L'an dernier, nous avons discuté à maintes reprises de cette situation avec les autorités de Patrimoine canadien. Dans une société multiculturelle, cela ne semble pas être très juste.
Je fais ce travail. Je suis journaliste et je suis éditeur depuis 50 ans. En fait, je n'ai même pas de maison. Beaucoup d'autres ne peuvent pas avoir... Je ne sais pas comment j'ai survécu depuis 50 ans. Nous en avons discuté. Patrimoine canadien a finalement dit qu'une enquête serait effectuée pour voir exactement ce qui pouvait être fait. Cette enquête a été réalisée par Patrimoine canadien et c'est l'École de journalisme de l'Université Carleton qui l'a menée.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Saras, j'ignore si vous parlez français.
M. Thomas Saras: Oui, je parle français.
M. Pierre Nantel: D'accord.
Tout d'abord, madame la présidente, j'ai cru comprendre que le Comité continuerait probablement ses travaux à huis clos. Quoi qu'il en soit, je souhaite que, si cela est possible, nous débattions de nos motions dans le cadre d'une séance publique. Ce serait plus transparent.
Monsieur Saras, j'ai visité le site Internet de votre organisme et je constate qu'un très grand nombre de gens, qui proviennent de différentes communautés ethniques, siègent à votre conseil d'administration. C'est quand même impressionnant. Vous rassemblez presque toutes les communautés qui composent la nouvelle population canadienne. Votre volonté de traiter des affaires canadiennes dans la langue de chacune de ces communautés est absolument admirable.
Est-ce que je fais erreur en disant que l'essentiel de vos activités, à l'exception de quelques stations de radio, touche le support imprimé? Si l'aide gouvernementale était renouvelée, espérez-vous une nouvelle forme d'aide et un soutien différent? Sinon, voulez-vous, par exemple, que la subvention pour les envois postaux soit rétablie? Une aide structurée pourrait renforcer la présence sur le Web de vos publications et de vos articles. Selon vous, quelle forme d'aide serait la plus constructive?
Je vous signale qu'il y a deux ans Rogers a mis à pied 380 personnes sur six mois, tous membres des médias ethniques, sous prétexte qu'il était autorisé à desservir les communautés ethniques. Je me souviens de Iannuzzi, qui a reçu la licence pour la première chaîne de médias multilingues. C'était en 1985. C'est M. Mulroney qui a accordé cette licence à Iannuzzi.
L'entreprise a été vendue à Rogers parce que Iannuzzi ne pouvait pas continuer. Il a fait faillite et Rogers l'a eu pour rien. Puis Rogers... Supposons que le mandat de cette licence était de servir les communautés ethniques, Rogers s'est mis à diffuser 28 ou 30 émissions en différentes langues. Il y a deux ans, ils ont constaté que s'ils coupaient ces programmes pour mettre des sports à la place, ils feraient davantage d'argent qu'en desservant les communautés ethniques, et c'est ce qu'ils ont fait. Nous nous sommes adressés au CRTC, nous nous sommes plaints, nous avons envoyé des lettres, et il n'a absolument rien fait.
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Je voudrais souligner que, pour commencer, cette motion parle de l'investissement le plus récent dans le dernier budget fédéral. Par conséquent, je ne pense pas que cela ait quelque chose à voir avec l'étude que nous entreprenons en ce moment.
Même si je pense que nous avons dit que les Jeux Olympiques et Paralympiques sont pour très bientôt et que nous devons nous en occuper avant le 17 juin, il n'y a pas de délai fixé. Je sais que la ministre a dit qu'elle allait en parler à CBC/Radio Canada.
Je pense que la motion est importante et j'aimerais qu'on lui fasse justice. Il faut donc penser au meilleur moment. Comme l'a suggéré M. Van Loan, je ne pense pas que ce serait vraiment juste de la prévoir pour un jour où nous ne serons pas nécessairement en réunion. Ce dont nous parlons n'est pas... Je n'entends personne s'opposer à la motion en tant que telle. Je pense qu'il s'agit plutôt du moment à choisir pour cette motion et du moment où la réunion devrait avoir lieu. Je vais donc mettre la motion aux voix telle qu'elle est.
Mais si vous voulez, vous pouvez dire que vous voulez la reporter à cet automne, auquel cas, nous ne devons pas donner l'impression que les gens ont voté contre la motion. C'est simplement une petite astuce.
Qu'en pensez-vous, monsieur Nantel? Un commentaire?
Je vous remercie, madame la présidente. Vous soulevez un point pertinent. Cependant, M. Cormier, que M. Samson connaît bien j'en suis sûr, va venir nous parler d'informations. Il ne parlera pas de la direction générale et des crédits parlementaires, mais bien de ce qui touche l'information. Or il n'y a aucun doute que ce sujet est très pertinent dans le cadre de notre étude.
Je n'ai pas la science infuse à cet égard, mais je pense qu'il serait pertinent de rencontrer ces personnes assez rapidement de façon à savoir quelle orientation elles veulent donner à ce réinvestissement. La participation de M. Cormier est tout à fait pertinente, étant donné qu'il s'agit d'informations régionales. Par contre, comme vous l'avez justement souligné, madame la présidente, cela n'a aucun rapport avec cette motion.