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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir pour moi de comparaître de nouveau devant votre comité. Je suis venue ici il y a deux ans, au nom de Dan Harris. Nous pensions que nous aurions toute la journée, mais cela ne s'est pas passé ainsi. Ils avaient déclenché des élections, et nous les avons perdues.
Je m'adresse de nouveau à vous et je suis heureuse de pouvoir le faire.
Cela fait 27 ans que je travaille pour que le jour du Souvenir soit une fête légale, et je ne vais pas m'arrêter maintenant. Mon défunt époux, décédé le 17 septembre 2013, a passé 23 ans dans la force aérienne. Nous avons vécu un peu partout au Canada, à Comox, à Winnipeg, à Centralia, puis nous sommes retournés dans notre ville natale de Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous avons eu deux fils: Lonnie, qui a servi dans la Marine pendant 34 ans, et Tim, qui a passé 15 ans dans l'armée et six mois au Rwanda, sous les ordres du major-général Roméo Dallaire. Ça a été toute une expérience, pour lui.
Mon frère a également servi très brièvement dans la force aérienne. Les membres de la famille de mon époux — six frères et une soeur — ont servi pendant la guerre. Ils sont tous revenus chez eux sains et saufs. Nous sommes parmi les chanceux, en ce qui a trait aux pertes de vie pendant la guerre. Leurs photos sont accrochées aux murs de la Légion royale canadienne à Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard, de même que la photo de la belle-soeur de mon époux, qui a fait 10 traversées sur le Letitia pour ramener au Canada les épouses de guerre. Elle va célébrer le 29 juin prochain son 102e anniversaire. Elle habite toujours chez elle et elle parle toujours de ses années de service, même si elle ne veut pas s'y attarder. Elle aime ça, c'est tout.
La raison pour laquelle je veux marquer cette journée est très simple. Cette année, nous célébrons le 150e anniversaire du Canada. N'est-ce pas l'occasion idéale de faire ce qu'il convient de faire et d'honorer nos vétérans de la façon dont ils devraient être honorés? Cette année, de plus, nous célébrons le 100e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy, et je vais participer à une réception, le 2 avril, à Sarnia, en Ontario, où nous vivons, pour le souligner. Nous y avons perdu environ 5 000 jeunes hommes, et nous voulons qu'ils soient honorés de manière appropriée.
Ce que nous sommes venus faire ici aujourd'hui, et c'est le but de mes prières, c'est de rehausser le niveau du jour du Souvenir pour en faire une fête légale. Il est grand temps de le faire, et nous avons cette année l'occasion de faire ce qu'il faut. Nous jouissons de tant de libertés, au Canada, que certains d'entre nous les tiennent pour acquises; il est temps, c'est certain, que les vétérans aient ce qu'ils méritent. Certains peuvent se demander à quoi servira ce projet de loi. Il servira à rehausser le niveau du jour du Souvenir. Cela, pour moi, est très important. J'ai écrit à tous les premiers ministres fédéraux et provinciaux qui se sont succédé depuis 27 ans.
Le projet de loi respecte en outre le vocabulaire de la Loi instituant des jours de fête légale en mettant le jour du Souvenir sur le même pied.
Je pourrais parler encore longtemps de mes expériences, mais je suis tout simplement heureuse d'être ici pour vous demander de recevoir le projet de loi de sur le jour du Souvenir et de l'adopter rapidement. Il est difficile de croire que cette chose toute simple, ce projet de loi que nous voulons voir adopté, constitue un tel problème. Il s'agit tout simplement de les honorer, et je vais vous prier de soutenir le projet de loi.
Parfois, quand il est question du jour du Souvenir, nous entendons beaucoup parler de la Légion, mais nous ne devons pas oublier qu'il existe d'autres groupes militaires: l'Aviation royale canadienne, la Marine royale du Canada, la marine marchande, les vétérans de la bataille de Vimy. Ils ne se font peut-être pas suffisamment entendre, mais ils m'ont tous donné un énorme soutien.
Nous disons aussi que nous le voulons pour que les enfants l'apprennent dans les écoles. On peut parler du jour du Souvenir n'importe quel jour de l'année, de janvier à novembre, mais nous voulons le souligner en particulier pendant la semaine du 11 novembre. Mon époux, lorsqu'il enseignait, organisait toujours une cérémonie ce jour-là dans les écoles où il enseignait. Il a abordé la question pour ce qui concerne le système d'éducation.
Je sais que les membres des légions veulent que les enfants soient réunis à l'école. Eh bien, si c'est vraiment ce qu'ils veulent et croient nécessaire, ils devraient s'adresser au ministère de l'Éducation pour que les écoles soient ouvertes le samedi et le dimanche, de façon que les enfants puissent s'y rassembler, si c'est vraiment ce qu'ils veulent. Cela devrait leur être enseigné. Je l'ai écrit et je l'ai dit: « Oui, il faut que ce soit enseigné à l'école »; c'est certain, mais je ne veux pas qu'ils se réunissent parce que c'est la loi qui l'exige. Ils devraient tout simplement se réunir et nous laisser célébrer ce jour-là.
Ce que nous devons faire ici aujourd'hui, je parle de nous tous, c'est soutenir le projet de loi et défendre les intérêts des vétérans, en faisant preuve de respect à l'égard du jour du Souvenir. Ce projet de loi est nécessaire. Je veux que les vétérans aient droit à ce jour, ils le méritent. Le Parlement doit prêcher par l'exemple. Ce projet de loi permet aux parlementaires d'ouvrir la voie pour tous les vétérans.
Vous, les parlementaires, vous devez montrer aux vétérans et à tous les Canadiens que vous considérez que c'est une mesure importante pour le jour du Souvenir. J'espère que votre comité aidera M. à prendre cette mesure essentielle, et pourtant simple, en ajoutant un mot dans la Loi instituant des jours de fête légale.
Pensez-vous que nous puissions le faire? Je l'espère.
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Pour commencer, j'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de dire quelques mots au sujet du projet de loi .
J'ai travaillé pendant 42 ans pour le ministère de la Défense nationale, 30 ans en uniforme militaire et 12 ans en civil dans la Marine. Je tiens aussi à préciser qu'aujourd'hui, je vous parle à titre personnel quand je dis que je soutiens le projet de loi. Je ne parle pas au nom de la Légion.
Je me suis enrôlé dans la Légion royale canadienne en 1964, à North Bay, en Ontario. J'ai servi dans la Légion pendant un certain nombre d'années, et j'ai occupé plusieurs postes. Aujourd'hui, cela fait 9 ans que je suis président de la filiale 98 de la Légion de Kingston, Nouvelle-Écosse.
Pourquoi est-ce que cette journée-là est si importante pour moi? Je crois, tout comme un témoin précédent l'a mentionné, que nous le devons aux hommes et aux femmes qui ont fait le sacrifice suprême pour notre grand pays, et c'est ce sacrifice, certainement, qui nous permet aujourd'hui de parler ici en toute liberté. Sans ce sacrifice, les choses auraient peut-être été différentes.
Certes, nous organisons une cérémonie du Souvenir tous les jours, dans la Légion, mais, au cours des semaines qui précèdent le jour du Souvenir, nous nous rendons dans les écoles pour discuter avec les enfants de ce que signifie pour eux la commémoration. Tous les enfants participent à une petite cérémonie commémorative, à l'école, avant le 11, et la plupart des enfants assistent également à notre cérémonie. C'est à la Légion que cette cérémonie se déroule, tous les ans, et je dois dire que, ces dernières années, le public est de plus en plus nombreux. J'attribue cette hausse à plus d'un fait. Après le conflit en Afghanistan, quand nous avons dû ramener à la maison tous les nôtres qui avaient fait le sacrifice ultime, nous avons bien vu que cela avait eu un impact sur les Canadiens, en les voyant leur rendre hommage tout le long de l'autoroute des Héros, de Trenton jusqu'à Toronto.
Il ne fait aucun doute que les écoles sont une partie très importante du programme, puisque nous devons passer le flambeau aux jeunes pour que cela ne tombe pas dans l'oubli, et ce n'est pas seulement parce que de nombreuses années se sont écoulées depuis la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale, la guerre de Corée, et tous les conflits récents auxquels nos hommes et nos femmes ont participé et dans lesquels ils ont sacrifié leur vie pour notre pays. Il ne fait aucun doute que le 150e anniversaire de ce grand pays qui est le nôtre nous offre la meilleure occasion qui soit de rendre hommage aux vétérans et de leur montrer que le gouvernement se préoccupe réellement d'eux en instituant une fête légale pour tout le gouvernement fédéral et en permettant aux provinces de décider elles-mêmes comment elles veulent commémorer cela elles aussi.
Et il ne fait aucun doute que ce projet de loi est une mesure modeste qui rend plus cohérent le vocabulaire de la Loi instituant des jours de fête légale du gouvernement fédéral en précisant que le jour du Souvenir est une « fête légale ». Ainsi, le même vocabulaire sera utilisé pour la fête du Canada et la fête de Victoria. Bien sûr, cela ne veut pas dire que ce sera une journée de congé de travail ou d'école, mais les écoles réussissent très bien à faire comprendre aux jeunes élèves qu'ils doivent soutenir la cause et reprendre le flambeau pour que nous continuions ainsi année après année.
Cela rehausse en outre l'importance du jour du Souvenir en affirmant l'engagement du Parlement à l'égard du jour du Souvenir, qui est une journée importante pour les Canadiens qui célèbrent et honorent solennellement tous ceux qui ont servi notre pays.
La réponse est bien sûr oui, je crois que vous pouvez le faire, et nous comprenons tous que, non, nous ne comptons pas sur un appui unanime, mais je crois que c'est la bonne chose à faire pour tous nos vétérans; à mon avis, le temps ne peut pas être mieux choisi puisque, comme nous le savons tous, tout le monde peut choisir de participer à une cérémonie du jour du Souvenir s'il a, de fait, droit à un congé du travail.
Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites que nous devrions laisser les provinces prendre la décision. Je crois que c'est un grand geste de la part du gouvernement fédéral et qu'il donne l'exemple à tous ceux qui voudraient peut-être faire la même chose.
Ce ne sera pas un nouveau congé pour quiconque. Il y a des gens qui disent: « C'est tout simplement une autre fête, c'est un jour de congé. » Je ne crois pas que cela soit vrai. Je crois plutôt que si c'était une fête fédérale, il y pourrait y avoir une hausse spectaculaire du nombre de personnes qui assisteraient, dans toutes les provinces, aux cérémonies du jour du Souvenir. Pour le moment, les gens qui aimeraient prendre congé ne peuvent pas se le permettre. Voilà ce que je pense. Je n'ai aucune raison de répéter ce que les gens avant moi ont dit, car vous êtes tous au courant de tout cela.
Voilà ce que je vous suggère. Encore une fois, merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme vous le voyez, je porte un myosotis. Je pourrais peut-être vous en parler après ma déclaration préliminaire, si un des députés veut me poser une question à ce sujet.
Merci de cette gentille invitation à venir m'adresser à vous.
J'aimerais pour commencer parler brièvement du projet de loi en général; ensuite, je vais parler un peu du libellé de ce projet de loi et, en troisième lieu, j'aimerais discuter de la manière dont mes concitoyens canadiens de Terre-Neuve-et-Labrador comprennent, en tant que société, l'importance d'honorer et de commémorer les sacrifices qui ont été faits pour notre pays.
J'aimerais premièrement dire que, évidemment, je suis tout à fait d'accord avec la notion de rendre normal, ou en fait, obligatoire à l'échelle du Canada, la commémoration du jour du Souvenir. Je crois que cela est tout à fait logique. C'est une manière de reconnaître et d'honorer le sacrifice, l'engagement et toute l'histoire de ceux qui se sont sacrifiés pour nous, et ce serait effectivement un héritage magnifique que de le faire cette année, à l'occasion du 150e anniversaire du Canada.
Deuxièmement, à titre d'historien, comme j'ai lu de manière générale ce qui concerne l'histoire de la guerre — même si je me spécialise en particulier dans l'histoire de Terre-Neuve-et-Labrador, l'histoire de la Constitution, l'histoire du Canada aux XIXe et XXe siècles —, et en particulier à titre de Canadien et de citoyen qui a visité la crête de Vimy et Beaumont-Hamel, j'aimerais faire une petite observation au sujet du texte du projet de loi que nous avons ici. L'article 1 remplace l'article 3 de la Loi instituant des jours de fête légale. Dans le texte anglais, il y a l'expression, et je cite: « triumphantly concluded by an armistice », qui est traduite en français par les mots « qui a mis fin en 1918 à la Grande Guerre ». Je trouve cela plutôt étrange, voire gênant, je dirais même chauvin. Permettez-moi de m'expliquer.
Comme vous le savez, le Canada et ma propre province, Terre-Neuve-et-Labrador, qui étaient à l'époque des colonies britanniques, ont fait de très lourds sacrifices pendant la Première Guerre mondiale. Le Canada a participé à de nombreuses batailles, et il a évidemment participé à cette bataille terrible, horrible, cataclysmique, une bataille qui, selon les historiens, a vraiment forgé notre nation — c'était une crucifixion, si vous voulez — que l'on appelle la bataille de la crête de Vimy, en avril 1917; 10 600 soldats ont été blessés, et 3 500 ont succombé à leurs blessures.
En tant que dominion de l'Empire britannique, à l'époque, Terre-Neuve — Terre-Neuve-et-Labrador aujourd'hui — a connu son équivalent de Vimy, à savoir la bataille de Beaumont-Hamel, la bataille de la Somme. Le 1er juillet 1916 a été notre grand jour: 801 soldats se sont rués hors des tranchées et, le matin suivant, 68 répondaient à l'appel.
Cette guerre — le sacrifice, les pertes de vies, le coût de cette guerre — a changé la nature même de la vie à Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons beau vouloir aujourd'hui y voir un triomphe, les sacrifices sanglants consentis par le Canada et Terre-Neuve-et-Labrador ne peuvent que très rarement être considérés comme un triomphe.
La Grande Guerre, en fait, comme nous le savons, était un carnage atroce, brutal et mécanique, une guerre comme on n'en avait jamais connue avant dans l'histoire humaine.
En raison de mes lectures sur le sujet, j'hésiterais à utiliser le mot anglais « triumphant ». Oui, le Canada a fait partie des vainqueurs, Dieu merci, mais à quel prix? Nous avons dû nous livrer à ce carnage, et il s'agissait d'une guerre brutale. Il est très difficile de qualifier cette guerre et ces pertes de triomphe.
Je me suis souvenu de Vimy, d'avoir parcouru à pied la plaine de Douai. Quand les Canadiens s'y rendent pour voir cet important monument — moi, du moins, j'ai fait cela plusieurs fois —, je ne dirais pas qu'ils pensent à un armistice triomphant. Au contraire, personnellement, entre nous et très franchement, je dois avouer que j'ai eu énormément de difficulté à me maîtriser pour ne pas éclater en sanglots, car ce site, et l'immense, immense sacrifice de nos concitoyens du Canada suscitent beaucoup d'émotions. À Beaumont-Hamel, j'ai pleuré quand j'ai vu le nom du frère de mon arrière-grand-mère inscrit sur la plaque, devant le monument au Caribou, avec le nom de tous ceux qui avaient perdu la vie sur-le-champ de bataille et qui n'avaient pas trouvé de sépulture.
Je crois que Vimy et Beaumont-Hamel sont des lieux sacrés, si je puis parler ainsi, presque des lieux sacrés pour les Canadiens, de la même façon — vous saurez très bien de quoi je parle — que la Chapelle du Souvenir, dans notre magnifique Tour de la paix, où sont conservés les Livres du Souvenir. Nous, les Canadiens qui avons grandi à Terre-Neuve et Labrador, province dont l'identité a été si profondément marquée par l'expérience de la Première et de la Deuxième Guerres mondiales, province où de si nombreux citoyens ont eu connaissance de ces sacrifices en raison de l'expérience de leur famille, nous aussi trouvons difficile de dire que nous célébrons. « Célébrer » n'est pas le mot qui convient pour le jour du Souvenir; nous devrions plutôt dire que nous observons cette journée, et j'aurais peut-être l'occasion d'en dire un peu plus à ce sujet dans un instant.
J'aimerais discuter un instant, et cela vous sera peut-être un peu plus utile, de la mécanique du projet de loi . J'ai lu les débats du hansard et ce qui s'est dit sur ce projet de loi à la Chambre des communes, et j'ai noté que les députés avaient reconnu que les provinces du Canada avaient de fait compétence pour déclarer que le jour du Souvenir serait une fête légale, un jour férié. Certaines provinces l'ont déjà fait, comme cela a été dit.
Ici, à Terre-Neuve-et-Labrador, cela s'est fait officiellement dans la Loi sur les normes du travail, dans les lois révisées de Terre-Neuve. La loi a été modifiée en 2001, quand on a officiellement ajouté à la liste le jour du Souvenir. Le mécanisme utilisé pour faire cela, c'est une loi, bien sûr, mais elle permet en outre au lieutenant-gouverneur en conseil de déclarer des jours fériés.
Il convient de souligner que, dans cette province, il y a déjà deux jours de congé distincts, deux fêtes, si vous préférez, au cours desquelles les sacrifices que nous avons faits pendant la guerre sont commémorés. Il s'agit bien sûr du jour anniversaire de l'armistice, le 11 novembre, qui est le jour du Souvenir, et il y a l'anniversaire de la bataille de Beaumont-Hamel, le 1er juillet — l'après-midi, du moins — que nous appelons le Memorial Day. Dans ma province, la plupart des gens sont très heureux de célébrer la fête du Canada, mais, bien sûr, nous avons un deuxième motif, car nous sommes bien au fait de notre histoire pendant la première guerre.
Cela m'amène à ma dernière observation quant à la raison pour laquelle, j'imagine, je suis prédisposé à dire que l'intention qui sous-tend le projet de loi est louable.
Comme je l'ai dit, j'ai grandi dans une province, dans un pays, dans une collectivité où la trame même de notre société, c'est, en fait, notre expérience de la guerre.
J'ai étudié à l'Université Memorial de Terre-Neuve, un immeuble construit en mémoire de nos chers disparus de la Première Guerre mondiale. C'est là que j'ai fait mes études supérieures, et j'ai lu beaucoup de documents de source primaire, des lettres de gens qui parlaient de l'impact de la bataille de Beaumont-Hamel sur leur famille. Pendant mes études, j'ai parcouru les rues du centre-ville de St. John's, avec mon père, aujourd'hui décédé, qui est né à St. John's en 1923. Il m'avait montré, quand j'étais encore enfant, le Monument commémoratif de guerre du Canada, sur Water Street, érigé à la mémoire de ceux qui avaient perdu la vie pendant la Grande Guerre — la Première Guerre mondiale —, mais aussi pendant la Deuxième Guerre mondiale et les autres conflits. Il y en a même pour l'Afghanistan, aujourd'hui.
Ce mémorial — permettez-moi une petite digression — est l'oeuvre de Thomas Nangle, qui était aumônier du Royal Newfoundland Regiment. Ce monument a été dévoilé en 1924. Ce mémorial, monsieur le président, est le premier monument commémoratif de la guerre qui se trouve sur ce qui constitue aujourd'hui le Canada, et en fait, le premier de tout l'Empire britannique. Il est directement inspiré du poème In Flanders Fields, écrit par un ami de Nangle, le colonel McCrae.
Si vous vous rendez à St. John's, vous verrez là la statue d'une femme qui porte bien haut l'oriflamme. Bien sûr, c'est une référence directe au vers suivant du poème:
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme...
Pour commencer, je tiens à tous vous remercier d'être là aujourd'hui. En tant que porte-parole de l'opposition officielle dans le dossier des Anciens Combattants, j'ai bien sûr vu, au cours des quatre derniers mois — depuis que j'occupe mes fonctions —, à quel point la reconnaissance et la commémoration sont importantes pour nos vétérans. Personne ici présent ne sous-estime la valeur associée à la façon dont nous honorons ces hommes et ces femmes qui se sont sacrifiés pour nous, et pour nos libertés, la démocratie et la règle de droit dont nous bénéficions aujourd'hui. Vous savez, je dis souvent aux gens à la Chambre des communes que je pense aux sacrifices qui ont été faits, au sang qui a été versé, aux personnes qui sont mortes, aux familles qui ont perdu des êtres chers — tout comme mes collègues, j'en suis sûr — pour que nous puissions siéger ici, dans ce symbole de la démocratie. Franchement, c'est émouvant.
Cependant, pour ce qui est du projet de loi en tant que tel, M. Geddes et Mme McNeill, nous avons accueilli l'autre jour Brad White, de la Direction nationale de la Légion royale canadienne. Depuis 1970, la Légion s'est penchée sur cet enjeu 15 fois durant ses congrès, et encore tout récemment, en 2016, M. White nous a expliqué le processus de présentation des résolutions, et chaque fois que des résolutions ont été proposées — la dernière fois remonte à 2016 —, eh bien, chaque fois, les résolutions qui portent sur un enjeu similaire à celui d'aujourd'hui ont été rejetées. Je sais que M. White a comparu ici au nom des 275 000 membres de la Légion.
Monsieur Geddes, étiez-vous là durant le congrès? Vous pourriez peut-être parler au Comité de certaines des discussions qui ont eu lieu relativement à la résolution. Vous pourriez aussi nous dire le sens de votre vote.
Si je peux me permettre, j'interprète le mot « légal », dans l'acception que vous lui donnez, ici, au paragraphe 3(1) proposé, lorsque vous proposez une fête légale — et corrigez-moi si j'ai tort —, comme voulant dire un congé établi par une loi, parce que vous avez posé une question au sujet du terme « férié ». Les lois du Canada prévoient que, au Canada, pour le Canada et à l'échelle du Canada, ce congé sera observé, puis c'est adopté à titre de loi nationale.
Dans la Loi sur les normes de travail de Terre-Neuve-et-Labrador, c'est ce que nous appelons un jour férié, mais c'est de toute évidence un texte législatif provincial. Il peut aussi y avoir des décrets ou des décisions du Conseil privé ou du lieutenant-gouverneur en conseil qui l'établissent, comme c'est le cas pour la fête de Victoria et d'autres journées durant l'année.
J'aimerais formuler un commentaire général au Comité: nous pouvons tout établir grâce à des lois, mais nous ne pouvons pas légiférer dans le coeur des Canadiens.
Je sais très bien que nous avons parlé de le faire dans les écoles. Ce n'est pas une compétence fédérale conformément à la répartition des compétences dans notre Constitution. Le système scolaire, le système d'éducation, relève de la compétence des provinces.
Cependant, le gouvernement du Canada peut donner le ton. Dans les parties du pays où les gens ont peut-être des façons différentes de faire les choses, je crois que c'est une déclaration importante de la conviction des parlementaires, du Parlement du Canada et du gouvernement du Canada.
Bien sûr, vous pouvez le demander à vos greffiers et vos experts juridiques. J'ai un bon niveau de scolarité, mais ce n'est pas inscrit dans la loi. J'ai lu beaucoup sur l'histoire canadienne et l'histoire du Parlement et, en fait, je me suis intéressé à l'histoire politique et constitutionnelle, mais je ne suis pas un avocat. La définition de « fête légale » est liée au droit ou établie en droit.
Quant à savoir ce que le fait d'utiliser « fête légale » signifiera exactement, c'est peut-être quelque chose que votre comité peut demander aux rédacteurs législatifs ou, en fait, vous pourriez demander au promoteur du projet de loi quelle était son intention.
Je ne peux pas vous dire quelles sont vos intentions, mais je puis dire que, selon moi, nous en aurons déjà fait beaucoup en mettant ce dossier au premier plan et en aidant les Canadiens à y réfléchir et à en tenir compte d'une façon dont ils ne l'avaient peut-être pas fait avant.
Cela pourrait bien sûr avoir des ramifications quant aux jours fériés, aux congés et au fait de permettre aux gens de participer aux cérémonies du jour du Souvenir, toutes des choses qui, selon moi, sont positives.
Je tiens à vous remercier tous les trois d'être ici aujourd'hui. Dave, je vous remercie tout spécialement de votre service, et vous aussi, Wilma, de votre service en tant qu'épouse de militaire.
Curieusement, la semaine passée, à Saskatoon, ma ville natale, j'ai parlé à Jean Fells. C'est une épouse de guerre depuis 1946. Elle vient à Ottawa en mai pour le 71e congrès national. Nous avons eu une bonne discussion sur ce qui se passe actuellement.
Et, drôle de hasard, je me trouvais aujourd'hui, à 11 heures, dans la Tour de la Paix. J'étais là quand les pages des Livres du Souvenir ont été tournées. Mark et Vanesa Vanstone, de Saskatoon, étaient là avec moi, et c'était un moment très touchant pour nous tous. Ce l'était tout particulièrement pour Mark parce qu'il a beaucoup de parents qui ont participé, malheureusement, aux guerres. C'était un moment de recueillement. Nous avons passé beaucoup de temps là-haut.
J'ai été commissaire d'école pendant 10 ans avant de devenir député. Je veux que vous sachiez tous que, à Saskatoon, nous organisons la plus importante cérémonie intérieure du jour du Souvenir au pays. C'est un événement qui attire de plus en plus de personnes d'année en année, et on s'approche des 9 000 ou 10 000 participants.
Dans chaque école de ma ville — et je dirais, en fait, dans toute la province de la Saskatchewan — toute la semaine est consacrée aux vétérans. Je tiens à dire pour le compte rendu que c'est un sujet très important pour notre province, et le député , qui représente Swift Current, vous le confirmera.
Vu certaines des choses que j'ai entendues aujourd'hui, en quoi la modification du libellé dans le projet de loi influera-t-elle vraiment sur le jour du Souvenir ou la participation des gens s'il s'agit d'une commémoration? Je crois que c'est la première... Vous savez, « fête légale » ou « congé férié »... Honnêtement, je ne comprends pas le changement du tout, mais je sais que, dans ma ville et dans ma province, de plus en plus de Canadiens célèbrent le jour du Souvenir et toutes les autres journées associées aux militaires.
Je vais m'arrêter ici. J'ai une seule question pour vous, Wilma. Qui représentez-vous? Vous êtes ici aujourd'hui, et je sais que vous avez été témoin de ces motions à la Direction nationale de la Légion, et nous avons entendu dire que les membres de l'organisation ont tenu ces votes peut-être15 fois depuis 1970. J'essaie de comprendre ce qu'il en est de l'ARC et des Forces canadiennes, et je ne vois nulle part qu'il y ait eu des votes à ce sujet.
J'essaie vraiment de comprendre, parce que nous avons accueilli des représentants de la Légion mardi. J'ai passé les 15 à 20 dernières minutes à essayer de trouver ces autres organisations — dont vous avez parlé avec beaucoup d'éloquence, tout comme vous avez parlé des services rendus au pays —, mais je n'ai vu aucun document indiquant qu'elles aimeraient que les choses changent.