:
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui au lancement de votre étude sur les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques.
Je suis la députée d'une des circonscriptions les plus diversifiées au pays. J'aime dire que le monde entier est représenté dans ma ville de Mississauga. Nous vivons tous côte à côte en tant que Canadiens. Chacun contribue à sa manière à bâtir le Canada. Nous appartenons tous au superbe tissu social canadien.
Quand on parle de la réalité sur le terrain, je me pose souvent une question: comment pouvons-nous provenir de toutes sortes de lieux, porter toutes les couleurs de peau, appartenir à différentes confessions et, pourtant, former ensemble un des pays les plus pacifiques au monde? Concilier les intérêts d'une population aussi diversifiée et dynamique que celle du Canada nécessite énormément de travail. Il faut que nos décideurs nouent des partenariats, que la société civile joue un rôle de chien de garde, que nos organismes communautaires dispensent les programmes et les services requis, et que l'ensemble des Canadiens se respectent les uns les autres.
Madame la présidente, le racisme et la discrimination religieuse n'ont pas leur place dans la société canadienne. Nous valorisons les différences entre les Canadiens et savons que la diversité est notre force.
Selon une récente étude commandée par le Globe and Mail et menée par le groupe Nanos Research en 2016, sept répondants sur dix avouent qu'il y a encore beaucoup de racisme au pays. Un sur cinq a été la cible d'un commentaire raciste, et plus du tiers admettent avoir déjà fait une remarque raciste en présence d'autres personnes.
En 2016 seulement, il y a eu des incidents de discrimination et de racisme dans pratiquement toutes les collectivités canadiennes.
Le matin du 20 septembre 2016, des affiches avaient été placardées sur les murs du campus de l'Université de l'Alberta. On y voyait des hommes sikhs portant le turban et accompagnés d'insultes racistes.
En décembre 2016, un homme d'Edmonton a abordé deux femmes qui portaient le hijab, a sorti une corde de sa poche, a noué un noeud coulant, puis leur a dit que c'était pour elles.
Le 18 août 2016, Andre Bear, un étudiant de la Première Nation Little Pine en Saskatchewan, a dit se souvenir d'avoir eu des amis blancs dans sa jeunesse, mais que leurs parents ne l'aimaient pas ou lui demandaient de retourner chez lui. Les enfants n'avaient pas le droit de jouer avec lui parce qu'il était un Autochtone.
En novembre de la même année, des croix gammées et des propos racistes ont été peints à l'aérosol sur les murs d'une église d'Ottawa dont le pasteur était noir.
Aussi, la mention « Rentrez chez vous » a été peinte à l'aérosol sur les portes d'entrée de l'Association musulmane d'Ottawa, et des insultes antisémites sont apparues sur des synagogues.
Le 29 janvier 2017, six Canadiens ont été abattus dans leur lieu de culte.
Les données sur les crimes haineux les plus récentes de Statistique Canada montrent que le nombre de crimes motivés par la haine déclarés par la police qui ciblent des musulmans a augmenté de 60 % en 2015, par rapport à l'année précédente. De nombreux musulmans canadiens m'ont avoué personnellement ne pas se sentir en sécurité de pratiquer leur religion au Canada. Les chiffres de Statistique Canada montrent également que le nombre d'incidents à l'endroit de Canadiens juifs demeure le plus élevé parmi les religions ciblées, avec un total de 178 cas en 2015 seulement. De plus, les crimes haineux déclarés par la police à l'endroit de Canadiens noirs représentent encore le plus haut pourcentage du nombre total d'incidents, avec 224 cas en 2015.
Madame la présidente, le racisme et la discrimination religieuse systémiques sont des problèmes réels. J'écoute chaque jour les histoires de nombreuses personnes. Au début de l'année dernière, une pétition électronique portée à mon attention réunissait la signature de plus de 69 000 Canadiens, qui s'unissent pour exhorter notre gouvernement à lutter contre l'islamophobie.
J'ai été renversée par ces chiffres. Je me suis dit que ce devait être un problème réel, et j'ai entrepris de faire d'autres recherches. J'ai été encore plus stupéfaite — et franchement déçue — de constater que les données sur le problème étaient très limitées. J'ai eu du mal à trouver de vrais chiffres. Par conséquent, compte tenu des données limitées, des reportages médiatiques, des préoccupations soulevées par les Canadiens et des histoires personnelles que j'avais entendues, j'ai estimé qu'il fallait faire quelque chose.
En tant que parlementaire, j'ai cru nécessaire de recueillir plus de données concrètes afin de réfléchir au problème de racisme et de discrimination religieuse systémiques qui est répandu au Canada. Y a-t-il un meilleur endroit que notre propre Chambre des communes, la Chambre du peuple, pour étudier la question? Le 1er décembre 2016, j'ai eu l'honneur de déposer la motion 103. Elle fait suite au soutien apporté à la pétition électronique 411, et elle utilise l'exemple de l'islamophobie pour faire valoir un argument de plus grande ampleur sur le problème que représentent toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques, à savoir que nous devons trouver des façons de s'attaquer à ce vaste problème qui touche l'ensemble du pays.
Permettez-moi d'affirmer officiellement que je ne suis pas spécialiste de la question, mais que je crois plutôt en notre démarche parlementaire. Je suis persuadée que le Comité convoquera la crème des spécialistes et nous offrira, aux Canadiens, un examen approfondi de l'état du racisme et de la discrimination religieuse systémiques sur notre territoire.
C'est d'ailleurs ce qui explique pourquoi mes recommandations à l'endroit du Comité porteront uniquement sur la vision et l'orientation des travaux, alors que vous entamez cette étude. Je vous recommande donc d'adopter une approche unifiée et de vous pencher sur toutes les formes de racisme et de discrimination systémiques au Canada; d'inviter les spécialistes à vous présenter les meilleures façons de recueillir des données afin de situer les crimes haineux déclarés dans leur contexte, d'évaluer les besoins des collectivités touchées et, plus particulièrement, de vous demander quelle est la meilleure façon dont les parlementaires et le gouvernement peuvent appuyer cette cause; et, pour terminer, d'inviter les spécialistes à vous donner les meilleures méthodes permettant de combattre ou d'éliminer le racisme et la discrimination religieuse systémiques au Canada.
J'espère qu'à l'issue de votre étude, nous aurons des recommandations concrètes permettant de combattre ou d'enrayer le problème au pays.
Merci, madame la présidente. Je serai ravie de répondre aux questions.
:
Merci, madame la présidente.
[Français]
Je remercie les membres du Comité de m'avoir invitée à comparaître devant eux aujourd'hui afin de les appuyer dans leurs efforts.
Je m'appelle Jenifer Aitken et je suis sous-ministre adjointe de Politique stratégique, planification et affaires ministérielles à Patrimoine canadien.
L'objectif principal de mes observations sera de fournir au Comité un aperçu des différents outils et des différentes initiatives à la disposition de Patrimoine canadien pour contrer diverses formes de racisme et de discrimination.
[Traduction]
Pour commencer, permettez-moi de souligner l’étendue de la diversité que nous voyons dans notre pays. Selon les prévisions démographiques de Statistique Canada, d’ici 2036, le Canada pourrait compter 34,7 à 39,9 % de personnes appartenant à un groupe de minorité visible dans la population en âge de travailler, en comparaison avec 19,6 % en 2011. En outre, le nombre de personnes affiliées à une religion non chrétienne pourrait presque doubler pour atteindre 13 à 16 % de la population canadienne, alors que ce pourcentage était de 9 % en 2011.
Comme l’a indiqué l’intervenante précédente, les statistiques sur les crimes haineux présentées récemment par la police révèlent une augmentation de 5 % du nombre des incidents signalés entre 2014 et 2015. Bien que les crimes haineux qui visent les populations noire et juive restent les formes les plus courantes de crimes haineux liées à la race ou à l’origine ethnique et à la religion, le nombre de crimes haineux contre les musulmans a augmenté de 61 % entre 2014 et 2015, passant de 99 en 2014 à 159 en 2015.
Bien qu’il y ait des défis liés au racisme et à la discrimination, il y a aussi raison d'être optimiste. Par exemple, 87 % des Canadiens de 15 ans ou plus déclarent qu’ils sont fiers d’être canadiens, et les membres des minorités visibles, y compris ceux de la deuxième génération, expriment une très grande fierté à l’égard du Canada. Ces données sont tirées de l’Enquête sociale générale de 2013. De plus, un rapport de 2011 classe le Canada en tête des pays de l’OCDE pour l’évaluation de la tolérance, en ce qui concerne l’acceptation par la communauté des groupes minoritaires et des immigrants, avec une note de 84 % par rapport à une moyenne de l’OCDE de 61 %.
Ensemble, ces renseignements fournissent le contexte des programmes de Patrimoine canadien visant à promouvoir l’inclusion et cibler le racisme. Le mandat de Patrimoine canadien vise à encourager et à promouvoir l’identité, les valeurs, le développement culturel et le patrimoine du Canada. Le ministère du Patrimoine canadien est fier d’avoir contribué aux célébrations du 150e anniversaire du Canada, une occasion unique pour une génération d’inspirer une vision nouvelle et ambitieuse d’un Canada dynamique, diversifié et inclusif et de reconnaître les apports riches et uniques d’une population diversifiée.
En fait, l’un des quatre domaines thématiques prioritaires des commémorations est la diversité et l’inclusion. Le gouvernement du Canada appuie dans tout le pays des centaines d’initiatives qui soulignent ce thème important. À titre d'exemple, soulignons la célébration de la présence des personnes d’ascendance africaine en Saskatchewan; un projet de narration numérique de l’Organisation de soutien communautaire pour la consultation et l’intégration des femmes afghanes, racontant les cheminements et les expériences de l’établissement de réfugiés de différentes parties du monde; un festival appelé Nous sommes canadiens aussi!, dans le cadre duquel on présente les expériences et les points de vue des jeunes asiatiques de la première génération.
Le mandat de Patrimoine canadien comprend particulièrement la responsabilité de la Loi sur le multiculturalisme canadien qui est fondée sur la Charte canadienne des droits et libertés. Elle fait partie d’un cadre législatif plus large qui comprend la Loi canadienne sur les droits de la personne, la Loi sur la citoyenneté et la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.
[Français]
La Loi sur le multiculturalisme canadien reconnaît que la diversité de la population canadienne sur les plans de la race, de la nationalité d'origine, de l'origine ethnique, de la couleur et de la religion constitue une caractéristique fondamentale de la société canadienne et décrit la politique du gouvernement en matière de multiculturalisme.
Pour mettre en oeuvre la politique sur le multiculturalisme du Canada, le programme s'efforce d'atteindre les trois objectifs principaux suivants: bâtir une société intégrée et inclusive sur le plan social; accroître la sensibilité des institutions aux besoins de la population diversifiée; et participer activement à des discussions sur le multiculturalisme et la diversité à l'échelle internationale.
[Traduction]
Inter-Action, le programme de subventions et de contributions pour le multiculturalisme du Canada, dispose d’un budget annuel de 5,5 millions de dollars pour des projets qui favorisent le respect de la diversité en encourageant une interaction positive entre les communautés culturelles, religieuses et ethniques au Canada. Un montant supplémentaire de 3 millions de dollars est alloué pour les événements communautaires qui favorisent la compréhension interculturelle et interconfessionnelle et font connaître la contribution des groupes minoritaires à la société canadienne.
Depuis avril 2015, Inter-Action a soutenu 26 initiatives pour un financement total d’au moins 9 millions de dollars, qui visent la compréhension interconfessionnelle et interculturelle ou la lutte contre le racisme et la discrimination. Plus de 200 initiatives communautaires ont été appuyées en 2016-2017.
En février, la a annoncé un nouvel appel de demandes pour le Programme du multiculturalisme Inter-Action dont le financement est accordé en priorité aux projets qui visent à éliminer la discrimination, le racisme et les préjugés, à offrir des possibilités de participation communautaire aux jeunes, et à rassembler les gens au moyen de l’art, de la culture ou du sport.
[Français]
Les activités de diffusion et de promotion sont également un élément clé du programme. Les principales activités comprennent la célébration du Mois du patrimoine asiatique en mai et du Mois de l'histoire des Noirs en février. Pour commémorer et lancer le Mois de l'histoire des Noirs et le Mois du patrimoine asiatique, le programme organise des événements mettant en vedette des leaders communautaires et politiques, rendant ainsi hommage au patrimoine et aux contributions importantes de ces divers groupes au Canada.
[Traduction]
Le Programme du multiculturalisme publie en outre le Rapport annuel au Parlement sur l’application de la Loi sur le multiculturalisme canadien, qui souligne les activités entreprises par les institutions fédérales pour appliquer les principes du multiculturalisme au cours de l’année écoulée.
Le Programme du multiculturalisme appuie également la Stratégie de collecte de données uniformisée à l’échelle nationale sur les crimes motivés par la haine. Pour favoriser une meilleure compréhension de la mesure dans laquelle les crimes haineux se produisent au Canada, Statistique Canada produit des rapports annuels analytiques, appelés Juristat, qui examinent la nature et l’étendue des crimes haineux signalés par la police au Canada.
Le Programme du multiculturalisme coordonne et appuie la participation du gouvernement du Canada à une variété d’organisations et d’initiatives internationales, y compris la conférence de la Coalition interparlementaire de lutte contre l’antisémitisme, en 2010; l’Alliance internationale sur la mémoire de l’Holocauste; le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale.
Le ministère du Patrimoine canadien, en collaboration avec le ministère de la Justice, a annoncé récemment le rétablissement du Programme de contestation judiciaire. Ce programme aidera les Canadiens qui participent à la contestation judiciaire à faire progresser et à protéger leurs droits, y compris les droits en matière de langues et d’égalité ainsi que les libertés fondamentales prévues par la Charte, les droits démocratiques et la vie, la liberté et la sécurité de la personne.
[Français]
En outre, le gouvernement canadien attend avec impatience l'inauguration prochaine du Monument national de l'Holocauste du Canada, à Ottawa. Créé en vertu de la Loi visant à ériger le Monument national de l'Holocauste, qui a reçu la sanction royale en mars 2011, le Monument symbolisera les valeurs et la diversité canadiennes. Il sera érigé à la mémoire des hommes, des femmes et des enfants innocents qui ont péri pendant l'Holocauste.
[Traduction]
Je voudrais finalement souligner le travail de deux organismes du portefeuille avec lesquels nous travaillons.
Le ministère du Patrimoine canadien continue de bénéficier de sa collaboration avec la Fondation canadienne des relations raciales, qui est une société d’État indépendante qui relève de la dans son rôle de ministre responsable de la Loi sur le multiculturalisme canadien, dont le travail contribue à l’élimination du racisme et de toutes formes de discrimination raciale au sein de la société canadienne.
Je tiens aussi à mentionner un autre organisme de ce portefeuille, le Musée canadien pour les droits de la personne, situé à Winnipeg. Le musée a pour mandat d’explorer le thème des droits de la personne en vue d’accroître la compréhension du public à cet égard, de promouvoir le respect des autres et d’encourager la réflexion et le dialogue.
[Français]
Madame la présidente, chers membres du Comité, je tiens à dire, en conclusion, que le ministère du Patrimoine canadien appuie pleinement l'engagement du gouvernement à l'égard de la diversité, de l'inclusion et de la lutte contre toutes les formes de racisme et de discrimination. C'est une priorité essentielle pour le programme du multiculturalisme et d'autres initiatives ministérielles.
[Traduction]
À cette fin, nous attendons avec impatience les conclusions du Comité tandis que nous poursuivons nos efforts pour promouvoir un Canada plus équitable sur les plans de la diversité et de l'inclusion.
Merci.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Bonjour. Je vous remercie de l'occasion de comparaître devant le Comité dans le cadre de cette étude liée à la motion 103.
[Français]
Je m'appelle Gilles Michaud et je suis sous-commissaire de la Police fédérale à la Gendarmerie royale du Canada.
[Traduction]
La GRC s'est engagée il y a longtemps à offrir des services de police dépourvus de préjugés et elle respecte cet engagement. En pratique, cela signifie que les employés de la GRC, dans l’exercice de leurs fonctions, veillent à ce que chacun soit traité équitablement, conformément à la loi et sans abus de pouvoir, indépendamment de la race, de l'origine ethnique ou nationale, de la couleur, de la religion, du sexe, de l'orientation sexuelle, de l'état matrimonial, de l'âge, des déficiences mentales ou physiques, de la citoyenneté, de la situation de famille ou de la situation socioéconomique de la personne, ou d'une condamnation pour laquelle une réhabilitation a été accordée.
Pour la GRC, comme pour tout autre organisme d'application de la loi, il est essentiel d'instaurer le respect et de valoriser la diversité. La GRC accorde une grande priorité à l’établissement et au développement de partenariats efficaces avec les collectivités et avec les autres organismes d'application de la loi afin d'établir des liens de confiance. Ces relations sont d’autant plus importantes qu'au pays, des personnes ne partagent pas nos valeurs d'inclusion et de diversité et ont des opinions et des points de vue qui reposent sur les préjugés et l'intolérance. Il n'est pas illégal en soi d'avoir de tels points de vue, mais lorsque ces convictions mènent à la violence ou inspirent des actes de violence, les organismes d'application de la loi doivent intervenir, et c’est ce qu'ils font.
On appelle « radicalisation menant à la violence » le processus par lequel une personne en vient à se convaincre que recourir à la violence envers autrui est un moyen légitime de faire avancer sa cause. Au Canada, ce genre de comportement se manifeste la plupart du temps par des actes de violence perpétrés contre un groupe identifiable précis, ce qu’on appelle un crime haineux. Le Code criminel prévoit, aux articles 318, 319 et 430, des infractions précises relatives à la haine. On compte parmi les infractions courantes l'intimidation, le harcèlement, le méfait et les menaces proférées contre des personnes ou des biens. Le Code criminel ne comporte toutefois pas de dispositions relatives aux crimes haineux violents; seulement des exigences en matière de détermination de la peine.
L'article 718.2 du Code criminel incite les juges à considérer certaines infractions violentes, dont le meurtre, comme étant des crimes haineux si des éléments de preuve établissent que l’infraction est motivée par des préjugés ou de la haine fondée sur des facteurs tels que la race, la religion, l'orientation sexuelle ou autres facteurs semblables. Par conséquent, pour certaines activités primaires, il faut mener une enquête pour que les exigences liées à la détermination de la peine pour crime motivé par la haine puissent être prises en considération.
Étant donné la nature de ces infractions, la responsabilité de mener enquête à leur égard incombe au service de police ayant compétence dans les collectivités où elles se produisent. Comme vous le savez, la GRC est le corps policier ayant compétence dans 8 provinces, 3 territoires et plus de 150 municipalités, par l'entremise des Services de police contractuels et autochtones. Les services de police contractuels sont offerts en vertu d'ententes sur les services de police négociées entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux et les administrations municipales.
En sa qualité de corps de police compétent, la GRC fait enquête sur les crimes haineux, et elle fournit également de la formation et de l'enseignement. Par exemple, le programme des Services nationaux pour les jeunes de la GRC offre une diversité de ressources pour l'éducation et la sensibilisation sur des sujets ayant trait à la violence idéologique, et toute l’information se trouve sur le site Web du Centre de prévention du crime chez les jeunes. Les ressources ont été conçues pour que les policiers, les parents et les personnes travaillant auprès des jeunes puissent les mobiliser et les habiliter à prendre de bonnes décisions.
Les programmes pédagogiques de ce genre sont essentiels à la lutte contre les crimes haineux puisqu'ils encouragent les victimes à signaler les incidents de manière à ce que les forces de l'ordre puissent faire enquête. Le signalement des crimes haineux est essentiel à l'intervention de la GRC et de tous les autres organismes d'application de la loi, à la perturbation des actes de violence idéologique, et à la compréhension de l'ampleur du problème dans nos collectivités et à l'échelle du pays.
Dans les secteurs où la GRC est le corps policier compétent, le nombre de crimes haineux signalés a grimpé de 160 en 2014, à 206 en 2016, soit 46 incidents de plus. La majorité des crimes haineux signalés semblent avoir été motivés par la race, l'origine ethnique ou la religion.
[Français]
Parmi les priorités du programme de la Police fédérale de la GRC se trouvent celles liées aux activités criminelles les plus complexes et les plus sophistiquées au Canada ayant trait aux crimes graves et au crime organisé, à la cybercriminalité, à la sécurité nationale et à la police de protection.
Étant donné le rôle de corps policier compétent et la nécessité d'agir dans les paramètres établis dans le Code criminel, le rôle de la Police fédérale, lorsqu'il est question d'enquêter sur la violence idéologique, se limite, dans une large mesure, aux cas où une personne ou un groupe cherche à commettre des actes de terrorisme tels que définis à l'article 83.01 du Code criminel.
Nos enquêtes sont orientées par la définition du terrorisme telle qu'on la retrouve à l'article 83.01 du Code criminel. Il est important de souligner cette définition. Le paragraphe 83.01(1) du Code criminel définit une activité terroriste comme étant un acte commis « au nom — exclusivement ou non — d'un but, d'un objectif ou d'une cause de nature politique, religieuse ou idéologique » en vue « d'intimider tout ou partie de la population quant à sa sécurité, entre autres sur le plan économique ».
Par conséquent, pour que les employés de la Police fédérale puissent mener une enquête liée au terrorisme, il doit y avoir une indication de fondement et de motivation idéologique sous-jacents à l'acte, de même que l'indication d'une intention possible.
:
Merci beaucoup, madame la présidente, pour l’invitation à comparaître sur le rôle de Sécurité publique Canada dans la lutte contre le racisme systémique et la discrimination fondée sur la religion, y compris l’islamophobie.
Plus précisément, je vais parler du mandat du Centre canadien d’engagement communautaire et de prévention de la violence, dont la création a été officiellement annoncée par le en juin dernier. Je vais décrire notre rôle dans la lutte contre la radicalisation menant à la violence et les crimes à caractère haineux, et traiter de certains résultats de recherche et programmes.
[Français]
Le Centre canadien d'engagement communautaire et de prévention de la violence a été créé dans le but de coordonner une approche plus efficace visant à lutter contre l'extrémisme violent, ce qui comprend les crimes et les incidents à caractère haineux.
Le Canada est perçu par plusieurs personnes de partout dans le monde comme un modèle de paix, de stabilité et de diversité, mais notre pays n'est pas immunisé contre la violence raciste et la haine. La fusillade tragique survenue au Centre culturel islamique de Québec, situé à Sainte-Foy, les efforts visant à procéder à l'arrestation d'un potentiel poseur de bombe à Strathroy-Caradoc, en Ontario, et les personnes qui sont incitées à se rendre dans les zones de conflit pour appuyer les groupes terroristes nous démontrent qu'il existe plusieurs formes d'idéologie ou de cause de radicalisation menant à la violence.
[Traduction]
À notre avis, la radicalisation menant à la violence est un processus par lequel une personne adhère à une croyance ou à une idéologie qui justifie le recours à la violence pour atteindre un objectif politique, religieux ou idéologique. Des croyances ou des idéologies à caractère violent peuvent être fondées sur l’intolérance et la haine à l’égard d’un groupe ethnique, religieux ou culturel. Dans ce contexte, la radicalisation menant à la violence peut non seulement mener à des activités terroristes, mais également à des crimes à caractère haineux envers certains groupes. Le Centre canadien d’engagement communautaire et de prévention de la violence assure un leadership national et coordonne les efforts visant à prévenir la radicalisation menant à la violence dans trois domaines. Premièrement, nous essayons de faire progresser les priorités stratégiques clés, telles que l’élaboration d’une stratégie nationale visant à lutter contre la radicalisation menant à la violence. En deuxième lieu, nous appuyons la recherche orientée vers l’action. Enfin, nous travaillons à investir dans des programmes locaux grâce au Fonds pour la résilience communautaire qui a été créé récemment. À l’appui de son mandat, le Centre a commencé à établir des liens au sens large avec divers ordres de gouvernement, la société civile, le secteur universitaire, le secteur privé et, surtout, la population canadienne afin de discuter de son travail et de contribuer à l’élaboration d’une stratégie nationale visant à lutter contre la radicalisation menant à la violence. Un engagement profond et concret aidera à orienter les programmes, la recherche et les priorités politiques. Notre principale priorité est de coordonner les efforts des divers ordres de gouvernement, afin que la population canadienne dispose d’un éventail complet d’outils et de mécanismes pour contrer les multiples menaces auxquelles font face nos collectivités, y compris les crimes haineux et l’extrémisme violent.
Au cours des dernières années, Sécurité publique Canada a financé des initiatives de recherche visant à améliorer nos connaissances et les données probantes sur un éventail de questions liées à la violence extrémiste, y compris l’activité terroriste et la violence liée à l’extrême droite. Plusieurs études ont permis d’examiner des pratiques exemplaires concernant la tenue de propos visant à réduire les manifestations de haine et d’extrémisme violent en ligne. Comme pratiques exemplaires, citons le recours à l’humour et à l’empathie envers les victimes de discours haineux afin de détourner le discours découlant de manifestations de haine et d’atténuer le risque de violence. D’autres pratiques exemplaires mettent en lumière la nécessité de mener d’autres campagnes de discours viables, d’utiliser les plateformes appropriées pour toucher un public cible et de mieux comprendre les besoins d’un public en particulier.
Sécurité publique Canada a également financé et appuyé un certain nombre d’études portant sur l’extrémisme de droite au Canada. En 2016, les chercheurs Barbara Perry et Ryan Scrivens ont dressé un portrait détaillé du mouvement extrémiste de droite au Canada. Le rapport recommande entre autres un effort concerté des organismes en établissant un partenariat entre les organismes d’application de la loi, les organisations communautaires qui militent contre la haine et les activistes qui défendent les droits de la personne afin de mieux contrer la menace. Une deuxième étude intitulée The Future of Right Wing Terrorism in Canada a été rédigée par Richard Parent et James Ellis dans le cadre d’une série de documents de travail élaborés par le Canadian Network for Research on Terrorism, Security and Society, ou Réseau TSAS. L’étude met en lumière les établissements démocratiques du Canada et leur soutien pour la diversité, ainsi que les politiques de multiculturalisme comme ressources pour lutter contre les idées et les mouvements de droite extrémiste. Ces études fournissent des renseignements essentiels pour orienter la façon de mieux concevoir nos approches en matière de lutte contre l’extrémisme violent, y compris la violence motivée par la haine.
[Français]
Le budget de 2016 a fourni un financement continu pour créer le Fonds pour la résilience communautaire, lequel offre une aide financière aux organismes qui mettent en avant des programmes et des recherches en vue de lutter contre la radicalisation menant à la violence au Canada.
Le Fonds sera un élément clé des efforts du Centre canadien pour renforcer la capacité nationale à l'échelle locale et pousser plus loin la recherche. Il y a quatre domaines prioritaires au titre du Fonds: les programmes d'intervention, les outils de mesure du rendement et d'évaluation, la recherche orientée vers l'action, ainsi que la mobilisation des jeunes et la production de nouveaux messages.
L'appel de propositions du Fonds courant est ouvert jusqu'au 1er octobre. Nous espérons recevoir un grand nombre de propositions.
[Traduction]
Le Centre canadien appuie actuellement un certain nombre d’initiatives visant à mettre en place des ressources et des services locaux. Par exemple, le projet SOMEONE, visant l'éducation au quotidien sur les médias sociaux, est mis en oeuvre à Montréal et offre des outils et de la formation aux éducateurs qui souhaitent favoriser les discussions sur les discours haineux et accroître la sensibilisation à travers l’art et des plateformes multimédias.
Citons entre autres exemples de programmes les carrefours multiagences qui interviennent auprès des personnes à risque et évaluent les capacités, les vulnérabilités et les lacunes sur le plan des compétences dans les collectivités et dans l’espace en ligne.
Nous finançons le développement du Réseau canadien des praticiens fondé sur la preuve du Canada, dont le but est de soutenir la communauté croissante de praticiens professionnels et de membres de la société civile du Canada qui interviennent dans l’évaluation de personnes risquant la radicalisation menant à la violence, la prévention et l’intervention auprès de ces personnes. Notre approche consiste à proposer des solutions locales aux problèmes locaux en ayant recours à des intervenants locaux, car nous trouvons que c’est une façon plus efficace de soutenir les collectivités.
Nous collaborons avec des partenaires dans l’ensemble du Canada et à l’étranger pour échanger des pratiques exemplaires, mieux comprendre l’extrémisme violent, financer des initiatives et des projets novateurs et améliorer la capacité de mesurer et d’évaluer les résultats pour faire preuve de responsabilité envers la population canadienne.
En plus du Fonds pour la résilience communautaire, Sécurité publique Canada dispose du Programme de financement des projets d’infrastructure de sécurité pour les collectivités à risque communément appelé le PFPIS. Ce programme prévoit un investissement pouvant atteindre 10 millions de dollars au cours des 5 prochaines années, soit 2 millions de dollars chaque année, pour aider les organismes sans but lucratif à apporter les améliorations nécessaires aux mesures de sécurité. Ce programme peut aider les collectivités à risque de crimes haineux à améliorer la sécurité des lieux de culte, des centres communautaires et des établissements d’enseignement.
En conclusion, la haine et la radicalisation menant à la violence sont des enjeux interreliés qui nécessitent de nombreux points de vue, un ensemble solide de données probantes et un engagement ferme de la part de tous les ordres de gouvernements et de la population canadienne pour y faire face. Un engagement continu avec la population canadienne nous aidera à mieux comprendre comment nous pouvons plus efficacement soutenir et améliorer la capacité locale afin de maîtriser l’influence des idéologies violentes et des croyances à caractère haineux. Nous nous engageons à collaborer étroitement avec la population canadienne et nos collègues de tous les ordres de gouvernement pour résoudre ce problème. Je suis impatiente de discuter de cette question avec vous aujourd’hui et de lire les résultats de votre étude.
:
Je vous remercie de nous avoir invités à parler des programmes de recrutement et de maintien en poste, ainsi que des pratiques exemplaires du gouvernement du Canada visant à promouvoir et à appuyer une main-d’oeuvre diversifiée et un milieu de travail inclusif.
Le Bureau du dirigeant principal des ressources humaines — là où je travaille — appuie le Secrétariat du Conseil du Trésor en tant qu’employeur. Il est responsable des politiques visant le milieu de travail et l’effectif, ainsi que des modalités d’emploi. Il fournit des données, des renseignements et des conseils aux institutions sur un éventail de questions liées aux ressources humaines. Notre travail aide les organisations fédérales à s’acquitter de leur responsabilité de gestion des ressources humaines, y compris le recrutement et le maintien en poste.
[Français]
La Commission de la fonction publique du Canada joue deux grands rôles: l'un est la surveillance destinée à garantir l'intérêt du processus d'embauche, et l'autre consiste à offrir aux organisations divers services de recrutement et d'évaluation.
En dernier lieu, l'École de la fonction publique du Canada possède une gamme complète de programmes d'apprentissage et de perfectionnement, y compris une formation d'orientation à l'intention des nouveaux employés et d'autres cours qui comprennent des renseignements sur l'équité en matière d'emploi.
Un certain nombre d'instruments de politique aident également à favoriser la réduction d'obstacles et à soutenir la pleine participation de tous les groupes en milieu de travail. Il s'agit, entre autres, de la Politique sur l'équité en emploi, de la Politique sur l'obligation de prendre des mesures d'adaptation pour les personnes handicapées dans la fonction publique fédérale et de la Politique sur la prévention et la résolution du harcèlement.
Dans le cadre de notre stratégie de mesures d'adaptation, nous offrons également aux employés des salles de réflexion, lesquelles peuvent être utilisées pour la prière.
Les quatre groupes désignés au titre de l'équité en matière d'emploi, c'est-à-dire les femmes, les Autochtones, les personnes handicapées et les membres de minorités visibles, continuent de dépasser les taux de disponibilité dans la population active pour la fonction publique dans son ensemble, pour la quatrième année consécutive. Toutefois, beaucoup reste à faire pour représenter les personnes que nous servons et pour renforcer une culture de la diversité et de l'inclusion. À cette fin, nous avons certaines initiatives en cours.
[Traduction]
L’été dernier, 99 étudiants, dont 19 venaient de l’extérieur de la région de la capitale nationale, et 20 ministères et organismes ont participé au programme Opportunité d’emploi d’été pour jeunes Autochtones. Élaboré dans le cadre d’un partenariat établi l’année dernière avec l’Assemblée des Premières Nations, le programme offre à des étudiants autochtones de niveau postsecondaire de partout au pays des emplois d’été enrichissants dans divers ministères et organismes. Dans le cadre du programme Opportunité d’emploi d’été pour jeunes handicapés, 18 étudiants qui s’étaient définis comme des personnes handicapées ont été embauchés par 7 ministères.
En avril 2017, le Bureau du dirigeant principal des ressources humaines a rendu publics des outils qui mettent en évidence les pratiques exemplaires et les conseils liés à l’expérience d’accueil. Ces outils, élaborés avec l’École de la fonction publique du Canada et 12 ministères et organismes, visent la réalisation de l’engagement du sous-ministre envers les étudiants et sont le reflet de l’engagement du gouvernement d’améliorer notre façon de recruter et d’intégrer notre effectif étudiant, ainsi que d’assurer leur perfectionnement.
La fonction publique a embauché plus de 13 000 étudiants cet été dans l’ensemble du Canada. Tous ces étudiants ont été invités à répondre au nouveau sondage de départ des étudiants. Les résultats de l’analyse du sondage serviront à améliorer l’expérience des étudiants à l’avenir.
Nous nous sommes également associés à LiveWorkPlay, un organisme de bienfaisance enregistré au Canada qui, entre autres, jumelle des personnes atteintes de déficience intellectuelle à des employeurs. LiveWorkPlay a 18 « projets pilotes » fructueux dans 8 organismes de la fonction publique.
[Français]
Le Secrétariat du Conseil du Trésor appuie également les administrateurs généraux champions qui contribuent à l'avancement de priorités particulières des groupes désignés aux fins de l'équité en matière d'emploi.
[Traduction]
Ces sous-ministres dirigent le travail des champions et des présidents ministériels. Leur travail va de la détermination des obstacles et des priorités d’intervention à l’éducation et à la sensibilisation ainsi qu’à la communication des pratiques exemplaires. Ils sont à différentes étapes de l’élaboration de recommandations et de plans d’action pour appuyer les objectifs d’équité en matière d’emploi.
Lorsque nous examinons les défis que chacun des groupes désignés doit relever, des thèmes généraux évidents en ressortent, comme le caractère inclusif, la participation et le respect, et des possibilités particulières de perfectionnement et d’avancement.
[Français]
Nous reconnaissons que, dans la catégorie des cadres, il y a une faible représentation des trois groupes désignés que sont les femmes, les Autochtones et les membres de minorités visibles.
Nos Programmes de développement en leadership pour les cadres supérieurs optimisent la diversité et accélèrent le perfectionnement des leaders à potentiel élevé parmi les cadres. La diversité est mise à contribution dans la mesure du possible au moment de sélectionner les participants aux cohortes.
[Traduction]
En novembre dernier, le président du Conseil du Trésor a annoncé la création d’un groupe de travail mixte réunissant des représentants du gouvernement et des syndicats afin qu’ils explorent de nouvelles façons de renforcer la diversité et l’inclusion au sein de la fonction publique. Le mandat du groupe de travail va au-delà de l’équité en matière d’emploi. Il vise à trouver des moyens de bâtir un effectif plus diversifié et un milieu de travail inclusif. Le groupe de travail a consulté des employés et des intervenants dans l’ensemble de la fonction publique. Une mise à jour sur les progrès a été publiée en juin 2017. Le rapport final comportant des recommandations précises en matière de diversité et d’inclusion devrait être publié cet automne.
[Français]
Une approche que nous prenons pour réduire les obstacles à l'embauche de groupes minoritaires et de groupes défavorisés sur le plan économique consiste à mettre en oeuvre une nouvelle stratégie de recrutement anonyme. Nous avons travaillé avec la Commission de la fonction publique du Canada sur ce projet pilote, qui donnera un aperçu de l'effet du recrutement anonyme dans le contexte de la fonction publique fédérale.
Le projet pilote comparera les résultats associés à la sélection traditionnelle des candidats aux résultats de la sélection où les gestionnaires ne voient pas le nom du candidat. Le projet pilote comprendra des processus de sélection externe provenant de 16 ministères. Le rapport final du projet pilote sera publié par la Commission de la fonction publique du Canada à la fin de 2017.
[Traduction]
Je sais que le temps est limité, alors je vais m'arrêter ici et laisser du temps pour les questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je vais en effet débuter et partager ensuite mon temps de parole avec mon collègue M. Dan Vandal.
Je vous remercie tous d'être parmi nous aujourd'hui afin d'alimenter cette importante étude.
La politique en matière de multiculturalisme m'intéresse, madame Aitken. Je demeure dans une région rurale. Dans ma circonscription, 119 nationalités sont présentes et 40 langues sont parlées. C'est pour nous une richesse. C'est extraordinaire que toutes ces nationalités soient présentes chez nous.
J'aimerais savoir si la politique en matière de multiculturalisme est appliquée différemment dans les régions, comparativement aux grands centres. Le cas échéant, j'aimerais savoir de quelle façon elle est adaptée à la réalité des régions rurales.
Chez nous, ce n'est qu'au cours des 10 ou 12 dernières années que l'immigration a pris beaucoup d'ampleur. Les choses se passent d'ailleurs relativement bien.
Cela dit, j'ai l'impression que la sensibilisation se fait beaucoup plus dans les grandes villes. Dans les régions rurales, on en entend moins parler.
J'aimerais savoir comment les gens à l'extérieur des grands centres seront sensibilisés à la politique en matière de multiculturalisme et comment celle-ci sera adaptée aux régions.
:
J'aimerais profiter de l'occasion pour poser des questions.
Dans les années 1990, le Canada a fait connaître l'intersectionnalité à l'étranger. Nous avons parlé des diverses formes de discrimination possibles en raison des divers éléments qui font de vous une minorité. Je suis surprise qu'il n'y ait aucune étude, en collaboration avec la GRC, par exemple, lorsque vous avez un cas, pour vérifier si l'intersectionnalité y joue un grand rôle. Cela nous donnerait beaucoup de données. J'espère que vous commencerez à le faire. Nous utilisons l'expression « intersectionnalité » depuis deux ans; nous devons lui donner un certain mordant et obtenir des données. Mme Banerjee, Statistique Canada et même le Conseil du Trésor pourraient commencer à se pencher sur la question, parce que cela nous permettrait d'en apprendre davantage sur la nature de la discrimination systémique.
Madame Aitken, vous avez dit n'avoir aucun plan d'action quand Mme Kwan vous l'a demandé. Je sais que, lorsque j'étais ministre du Multiculturalisme, nous avions un plan d'action très actif. Vos activités sont vraiment régies par la Loi sur le multiculturalisme canadien. Vous êtes censée vous assurer du respect de la Loi sur le multiculturalisme canadien. C'est bien d'avoir des programmes et des projets, mais j'aimerais savoir ce que vous faites au sein du ministère du Patrimoine canadien, en vertu de la loi, pour vous assurer que les minorités, indépendamment de leur origine ethnique, de leur race, de leur religion, etc., sont en mesure de participer pleinement à la vie du pays. Le mandat de la loi vise la pleine participation à la vie économique, sociale, politique et culturelle du pays. Adoptez-vous des mesures proactives pour vous en assurer?
Lorsque j'étais ministre du Multiculturalisme, nous travaillions en étroite collaboration avec Statistique Canada non seulement pour être au courant des constats de l'organisme, mais aussi pour lui poser des questions pour qu'il creuse encore plus loin la question de l'intersectionnalité et aille à la racine du problème. Ce sont très souvent les institutions qui propagent, involontairement ou non, le racisme et la discrimination religieuse systémiques et institutionnalisés. Lorsque nous entendons des gens dire que la GRC, surtout dans certaines régions au pays, prend à partie les Autochtones et les discrimine en fonction de leur race, comme elle le fait dans le cas de certaines communautés noires, nous devons avoir les moyens de découvrir si c'est vrai et, dans l'affirmative, de trouver une façon d'obtenir de l'information à ce sujet.
Je me demande si nous devrions être plus proactifs dans les programmes ayant trait au multiculturalisme en recueillant des renseignements et en collaborant plus étroitement avec les autres.
Soit dit en passant, madame Banerjee, je tiens à dire que j'adore ce que vous faites dans votre secteur. Je crois que c'est important.