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Je vais à présent procéder à l'ouverture de cette réunion. Comme tout le monde le sait, nous examinerons pendant les cinq prochaines réunions la question des femmes et des filles canadiennes dans le sport.
Je souhaite remercier les témoins de leur comparution ici aujourd'hui.
Nous avons donc avec nous: Mme Wendy Pattenden, directrice générale de l'Institut canadien du sport; Mme Lorraine Lafrenière, de l'Association canadienne des entraîneurs; Mme Marie-Hélène Thibeault, de Rapides et Radieuses; M. Geordie McConnell, du Ottawa Triathlon Club; et bien sûr, M. Elio Antunes, de ParticipACTION. Je vous remercie beaucoup.
En ce qui a trait à la routine, vous représentez chacun un groupe différent. Vous disposerez donc de 10 minutes pour effectuer votre présentation. Si vous y parvenez en moins de 10 minutes, tant mieux. Je vous aviserai lorsqu'il vous restera 2 minutes, afin que vous puissiez être conscient du temps qu'il vous reste. Si vous ne parvenez pas à terminer dans le délai fourni, vous pourrez, lorsqu'on vous posera des questions, soulever les points que vous n'avez pas réussi à aborder dans votre présentation. Nous aurons par la suite une période interactive de questions et réponses par la suite.
Une voix: Les présentations durent cinq minutes.
La présidente: Je m'excuse, puisque vous êtes cinq, les présentations dureront cinq minutes par personne. Vous pensiez probablement que je venais de vous accorder un boni de cinq minutes, n'est-ce pas?
La première personne à effectuer sa présentation sera Wendy Pattenden, de l'Institut canadien du sport.
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Bonjour à tous. Je vous remercie de m'avoir accordé l'occasion de me présenter devant le Comité afin de me prononcer sur le sujet important des femmes dans le sport. Je m'appelle Wendy et je suis très chanceuse d'avoir pu pratiquer le sport toute ma vie. Mes deux parents étaient des athlètes professionnels. Mon père a pratiqué le hockey professionnel pendant 20 ans et ma mère a pratiqué le patinage artistique professionnel pendant de nombreuses années en plus d'agir à titre d'entraîneuse haute performance. Fait à noter, elle est maintenant âgée de 77 ans et n'a pris sa retraite de l'entraînement haute performance que depuis l'âge de 75 ans. Elle est donc certainement un modèle exceptionnel pour moi.
En ce qui me concerne, je suis impliquée dans le monde du sport à plusieurs titres. J'ai eu l'avantage d'être témoin du système à titre d'athlète haute performance, d'entraîneuse olympique et de l'équipe nationale, de parent, et maintenant de PDG d'une organisation multisport d'envergure, ainsi que de présidente-bénévole du conseil d'administration du mouvement Au Canada, le sport c'est pour la vie.
Au moment de préparer mes remarques d'aujourd'hui, j'ai pris le temps de réfléchir à ma carrière dans le sport canadien à titre de femme. L'égalité des sexes dans le sport a toujours été un sujet d'actualité pendant mes 35 années dans le sport. À mon avis, nous sommes des chefs de file mondiaux sur le plan de la politique et des recommandations. Toutefois, nous semblons tomber court sur le plan de l'exécution ou de la mise en oeuvre de ces recommandations et stratégies. Même si nous avons accompli du progrès dans ce sens, nous pouvons encore grandir dans ce domaine.
Pour me préparer aujourd'hui, j'ai examiné un récent rapport de l'ACAFS intitulé Le sport féminin: Nourrir toute une vie de participation. Je ne suis pas certaine si le Comité dispose de ce rapport. Je peux certainement l'envoyer par courriel à Jean-François après la réunion. J'ai certainement été marquée par quelques statistiques clés qui en ressortent.
Tout d'abord, j'ai noté la statistique au sujet de la représentation au sein des conseils d'administration des organismes nationaux de sport, ou ONS, qui se chiffre actuellement à 26,3 %. De plus, au sein des ONS, on compte 17,5 % de femmes. En ce qui concerne les organismes de services multisports, ou les OSM, ainsi qu'au sein du personnel de direction des ONS — à ce niveau nous semblons obtenir une meilleure représentation —, le pourcentage s'établit à 33 %. En ce qui a trait aux entraîneuses, ce qui compte énormément pour moi, seulement 17 % des entraîneurs olympiques canadiens lors des Jeux de Londres de 2012 étaient des femmes. Je ne dispose pas des statistiques pour les derniers Jeux de Rio, mais je suis certaine que le Comité olympique canadien pourrait vous les fournir. Lorsque je regarde ces quatre facteurs clés, je constate que nous n'opérons pas à un niveau adéquat.
À titre d'ancienne entraîneuse de l'équipe nationale, je peux dire à quel point il a été difficile d'équilibrer ma vie professionnelle avec ma vie familiale. J'ai entraîné des joueuses de tennis professionnel de premier plan classées parmi les 10 premières mondiales. Je devais donc voyager sur le circuit professionnel environ 35 semaines par année. Je l'ai fait pendant 13 ans, et je peux vous dire que cela a représenté un véritable défi puisque je devais équilibrer le travail avec les besoins de ma jeune famille. Heureusement, j'ai, depuis 35 ans, un mari qui me soutient. Entraîner à ce niveau avec un enfant, puis deux, puis trois a été pratiquement impossible. À un certain moment, j'ai dû choisir. Lorsque mon mari et moi avons constaté que nous disposions de quatre fins de semaine par année en famille, nous avons su que nous devions changer la donne.
J'ai été très chanceuse que mon ONS, Tennis Canada, et les athlètes professionnelles que j'entraînais m'aient soutenue alors que j'avais une jeune famille. Ils m'ont permis de réduire mes déplacements afin de ne passer que 10 à 15 semaines par année sur la route, et ce, simplement lors des événements d'envergure. Ainsi, j'assistais à la Fed Cup, aux championnats du monde et à Wimbledon — les épreuves du grand chelem. J'envoyais mes entraîneurs adjoints pour les autres 20 semaines. J'ai fini par faire porter mon attention sur l'entraînement quotidien à Toronto, où j'entraînais les athlètes du centre national. J'ai donc eu l'occasion de travailler avec la prochaine génération et les jeunes juniors, ce que j'ai adoré.
Ce qui compte vraiment dans tout cela, c'est que je n'ai pas eu de réduction de salaire malgré tout. Évidemment, mon ONS m'a énormément soutenue. Je pense donc qu'il est très important que nous créions des possibilités pour les femmes en leur offrant des choix plus flexibles à différents stades de leur carrière. Et il est encore plus important que ces arrangements n'aient aucun impact sur le plan salarial. Nous devons trouver de meilleures solutions afin de soutenir les femmes dans le sport à tous les niveaux. Les jeunes filles méritent d'avoir des modèles d'entraîneuses fortes.
En 2013, j'ai visité Rene Simpson durant ses derniers jours aux soins palliatifs, ce qui m'a laissé une impression marquante. Rene était l'une des athlètes professionnelles que j'ai entraînées pendant plus d'une décennie. À un certain moment, elle m'a demandé si je me rendais compte de l'impact que j'avais sur les joueuses que j'avais entraînées. Je lui ai demandé ce qu'elle voulait dire. Elle a répliqué que toutes les athlètes professionnelles d'envergure que j'avais entraînées étaient devenues des entraîneuses par la suite. Elle a souligné à quel point il est intéressant que chacune d'entre elles avaient opté pour une carrière dans l'entraînement. À son avis, elles n'auraient pas fait ce choix n'eut été de moi. Il s'agit de quelque chose dont je serai toujours fière.
Que devons-nous viser maintenant? Comment pouvons-nous tenir le système sportif responsable afin d'atteindre les objectifs d'égalité des sexes dans le sport? Commençons par changer les choses sur trois plans clés qui selon moi sont importants au niveau de la haute performance.
Premièrement, et j'en ai parlé lorsque j'ai mentionné les statistiques, c'est l'égalité des sexes, ce qui commence au niveau des conseils d'administration. La représentation actuelle de 26 % est-elle suffisante?
Deuxièmement, examinons le budget des ONS en matière de programmation par sexe. Les budgets sont-ils équivalents? Je peux vous assurer que lorsque j'ai pris les rênes à titre de directrice de la haute performance de Tennis Canada, ils ne l'étaient pas. Il s'agit de la première chose que j'ai modifiée. J'ai donc rectifié le budget pour les programmes masculins et féminins.
Mon troisième point a trait au recrutement et à l'embauche de plus d'entraîneuses au niveau des équipes nationales, des équipes provinciales et du Sport interuniversitaire canadien (SIC). Nous devons instaurer un programme créatif et souple avec des incitatifs afin d'embaucher des entraîneuses. Ce programme pourrait être financé par l'entremise du Programme d’aide aux athlètes (PAA), en vue de recruter des athlètes récemment à la retraite. Je sais que Lorraine pourra certainement en parler, car il s'agit véritablement d'un domaine dont nous avons discuté par le passé.
Pour conclure, comme le premier ministre Trudeau l'a si bien dit, « Puisque nous sommes en 2015 » lorsqu'on lui a posé des questions au sujet de la composition à moitié féminine de son nouveau cabinet, et bien, nous sommes maintenant en 2016 et c'est le temps pour nous de mener par l'exemple sur le plan de l'égalité des sexes dans le sport canadien.
Je vous remercie.
Bonjour, madame la présidente et membres du Comité.
[Traduction]
L'Association canadienne des entraîneurs unit plus de 400 intervenants et partenaires dans l'ensemble du pays représentant 66 sports dans le cadre de son engagement visant à hausser les habiletés et la stature des entraîneurs partout au pays, depuis les collectivités jusqu'à la haute performance. C'est grâce à notre programme phare, le Programme national de certification des entraîneurs, ou PNCE, que nous y parvenons.
Par l'entremise de nos programmes, le partenariat fournit aux entraîneurs des connaissances et des habiletés, fait la promotion de l'éthique, parraine une attitude positive et bâtit les compétences tout en augmentant la crédibilité et la reconnaissance à l'endroit de la profession dont Wendy a si habilement parlé. L'ACE a été établi en 1970 à la suite des recommandations de la Commission d'étude sur le sport au Canada. En 1974, le PNCE a été instauré. Depuis sa création, nous avons obtenu une reconnaissance mondiale à titre de chef de file, et avons vendu notre programme d'éducation et de certification des entraîneurs internationalement. Depuis 1974, plus de 1,5 million d'entraîneurs ont suivi un atelier national de certification des entraîneurs, pour une moyenne de 60 000 personnes par année.
Même si le programme appuie les entraîneurs, depuis la collectivité jusqu'à la haute performance, la participation à ce programme a lieu principalement au niveau communautaire, qui compte pour environ 95 % des participants. Les entraîneurs communautaires ont, en moyenne, un cycle de vie d'environ cinq ans — vous l'aurez deviné, cela équivaut au temps que leur enfant passe dans le sport. Pendant ce temps, ils jouent un rôle important afin de modeler nos jeunes. Au cours des cinq dernières années, le PNCE a été suivi par 67 % d'hommes partout au pays et par 33 % de femmes. Ces données sont malheureusement restées constantes au cours des cinq dernières années. Je me permets de me faire un peu optimiste, car, en 2007, 25 % des femmes y ont participé. Toutefois, la tendance récente semble vouloir se maintenir.
Le sport est le principal secteur bénévole canadien. Son impact est vaste sur le plan de l'édification de Canadiens heureux et sains à tous les stades du développement. Le leadership des femmes à des rôles bénévoles est critique. C'est souvent la première fois au-delà de la salle de classe que les jeunes garçons et jeunes filles vivent une expérience de leadership. Évidemment, plus d'enfants doivent vivre une expérience de leadership féminin.
J'aimerais vous remercier d'avoir fait de cette étude une priorité. Malgré les progrès et la mobilisation considérable de la collectivité canadienne du sport au cours des deux dernières décennies, les conclusions de 1998 du Comité permanent du patrimoine canadien tiennent toujours.
Les femmes représentent une ressource inexploitée dans l'ensemble de la collectivité sportive. Même si les athlètes féminines représentent parfois jusqu'à 50 %, parfois plus, des membres des équipes nationales, le pourcentage de femmes qui entraînent à ce niveau est dramatiquement inférieur. Il y a, par conséquent, une tendance inverse sur le plan de la participation par rapport à l'entraînement. Sur le plan de la vie et du leadership, les femmes ont différentes expériences, valeurs et attitudes qui les équipent d'une expertise et d'une perspective sportives précieuses. Wendy nous a parlé de son expérience. C'est pourtant vrai pour l'entraînement en général. Il s'agit d'un travail exigeant qui mène parfois à des choix professionnels déchirants.
Nous pouvions déjà deviner l'état actuel des choses en 2007. À l'époque, seulement 21 % des entraîneurs féminins, soit 177 entraîneuses, ont eu recours à notre niveau le plus élevé d'enseignement qui les prépare pour l'équipe nationale et la compétition internationale. Les temps ont un peu changé. En fait, j'oserais avancer que la participation a même chuté. L'accent que le Comité international olympique a placé sur l'égalité des sexes et la participation des athlètes ne s'est pas concrétisé sur le plan de l'entraînement. Wendy a fait référence à certaines statistiques. Je me souviens qu'en 1996, l'équipe olympique canadienne comptait 50 % de participants féminins. Ce n'est pas le cas chez les entraîneurs: ce chiffre s'établit à 20 % comme Wendy l'a mentionné.
Les données diffèrent peu au sein des universités canadiennes. Malgré l'exigence en matière d'égalité en ce qui a trait au nombre de sports offerts aux hommes et aux femmes, on constate une tendance baissière sur ce plan. Une étude de 2011 du Centre for Sport Policy Studies de l'Université de Toronto a révélé que même si on comptait presque autant d'équipes féminines que masculines au sein du SIC, seulement 19 % des entraîneurs de ces équipes étaient des femmes. De tous les postes de directeurs athlétiques au Canada, seulement 17 % étaient occupés par des femmes. Et, en 2016, 17 % des postes d'entraîneurs-chefs au sein du SIC étaient détenus par des femmes. Ce chiffre s'établissait à 24 % pour les postes d'entraîneurs adjoints.
Je me permettrai d'ajouter que selon un récent article du Globe and Mail, moins du cinquième des présidents d'université sont des femmes. Du côté des professeurs titulaires, le pourcentage de femmes s'établit à 20 %, tandis qu'il s'établit à 45 % chez les professeurs adjoints. Il semble y avoir une tendance d'ouverture au niveau junior.
Wendy a mentionné l'étude sur les conseils d'administration. Je suis heureuse de vous signaler que 7 des 15 membres de notre conseil d'administration sont des femmes.
Je vais parler de « quoi maintenant ». J'aimerais parler très brièvement de ce qui peut être fait afin de promouvoir l'application actuelle du grand nombre de recherches qui existent.
La recherche a démontré que les femmes ont tendance à réduire leur potentiel en présumant qu'elles ne sont pas qualifiées pour un emploi potentiel, par rapport à leurs homologues masculins qui présument qu'ils disposent des capacités, ce qui inclut l'apprentissage en cours d'emploi. Les femmes ont tendance à croire qu'elles doivent savoir comment accomplir un travail avant même de commencer à travailler, ce qui constitue une contradiction directe. Il s'agit d'un cercle vicieux malsain.
Une tendance du mentorat vers le parrainage n'est pas suffisante pour accorder aux femmes des possibilités de mentorat. Elles ont besoin d'hommes et de femmes derrière elles pour les parrainer dans le cadre de possibilités de leadership et d'expérience. C'est le temps d'inciter et de mobiliser la majorité silencieuse d'hommes afin qu'ils agissent. Nous devons consacrer nos ressources aux mesures de reddition de compte pour un changement durable sur le plan du financement gouvernemental.
Je vous remercie beaucoup.
Je remercie beaucoup le Comité de m'avoir invitée et de reconnaître l'importance des femmes et des filles dans le sport.
Je m'appelle Marie-Hélène Thibeault. Je suis de Bromont. J'ai passé les 12 dernières années en Alberta, où j'ai eu la grande chance de travailler pour l'organisme Fast and Female, ou Rapides et Radieuses. Cet organisme a été créé par la championne olympique et médaillée d'or Chandra Crawford, qui a remporté une médaille aux Jeux olympiques de Turin en ski de fond.
La vision de Chandra est de garder les filles dans le sport. C'est un organisme qui est voué à la rétention dans le sport des filles âgées de 8 à 18 ans. Il travaille avec des championnes olympiques et avec des ambassadrices du sport de niveau provincial. Il vise à tenir des événements partout au Canada pour rejoindre cette population de jeunes filles par l'entremise d'activités ou d'événements qui sont très inspirants.
Lancé y a 10 ans, cet organisme est sans but lucratif et se voit comme une entreprise sociale. Il a initialement lancé un événement qui a permis de rejoindre 50 jeunes filles lors de sa première année. Maintenant, il tient plus de 150 activités et rejoint plus de 3 000 jeunes participantes à travers le Canada. L'organisation rejoint aussi les parents, qui participent à l'avancement des jeunes filles dans le sport.
L'organisation offre des séminaires aux entraîneurs et aux entraîneuses, afin de les sensibiliser aux réalités des jeunes filles dans le sport et de comprendre la distinction entre l'entraînement des garçons et l'entraînement des jeunes filles.
Pour ma part, je suis une ancienne membre de l'équipe canadienne de ski alpin. J'ai compétitionné au sein de l'équipe pendant une saison. Au moment où j'étais athlète, j'ai dû m'expatrier aux États-Unis pour fréquenter une académie de ski alpin. Heureusement, c'est quelque chose qu'on voit de moins en moins parce qu'il y a beaucoup plus d'offres de programmes scolaires qui permettent à nos jeunes de vivre leur passion pour le sport tout en poursuivant leurs études.
Par la suite, je me suis jointe à l'équipe nationale. Pour vous sensibiliser un peu à ce problème, je souligne que, pendant l'année où je faisais partie de cette équipe, il y a malheureusement eu des cas d'abus sexuel. Un de ces cas a été médiatisé l'été dernier et mettait en cause un des entraîneurs de l'équipe. Certaines de mes collègues ont subi cela. Le manque d'entraîneuses et l'absence de possibilité pour mes compatriotes de s'ouvrir et de partager leur expérience ont contribué à ce que ce cas d'abus n'ait été révélé par les médias que 15 ans après le fait.
Tout cela pour vous dire que Rapides et Radieuses est un mouvement qui se voue à régler le premier problème: les filles quittent le sport six fois plus que les jeunes garçons à l'âge de 13 ans. Autrement dit, les jeunes filles commencent à pratiquer un sport à 5 ou 6 ans, mais atteignent l'âge de 13 ans, elles quittent le sport six fois plus que les jeunes garçons. L'objectif de Rapides et Radieuses est de changer cela en capitalisant sur nos athlètes olympiques, qui sont très inspirants.
Le Canada est un joyau de performance, comme on l'a vu aux derniers Jeux olympiques. Nous avons une masse critique d'athlètes féminines extrêmement inspirantes. Rapides et Radieuses veut capitaliser sur cette force pour faire connaître et rapprocher ces athlètes des communautés et des jeunes filles qui aspirent à faire carrière dans le sport.
J'aimerais parler d'une jeune fille, Sydney, qui a participé dernièrement à une activité de Rapides et Radieuses. Je suis ici pour elle et pour celles des prochaines générations. J'ai terminé ma carrière et je suis maintenant maman d'un garçon et d'une fille. J'agis en tant que coach bénévole de soccer et de ski de fond. Je veux exposer mes enfants le plus possible à plusieurs sports.
Je vous lis une citation de la maman de cette jeune fille:
[Traduction]
« Sydney a dit quelque chose de très marquant après les "Champ Chats". Elle m'a remerciée de l'avoir amenée et lorsque je lui ai demandé ce qu'elle avait préféré de la rencontre, elle m'a répondu "de savoir que je ne suis pas seule". Je ne savais pas qu'elle se sentait seule », a déclaré sa mère, « mais je crois qu'être la seule fille de son équipe, l'une des trois filles qui pratiquent un sport dominé par les garçons au niveau auquel elles le pratiquent, je peux comprendre pourquoi elle se sent seule. »
[Français]
À Rapides et Radieuses, nous réunissons des filles qui pratiquent différents sports, autant d'été que d'hiver et de divers niveaux d'âge, pour créer une communauté, un sens d'appartenance. Comme le Canada est un très grand pays, toutes les jeunes filles ne vivent pas dans le centre de Toronto. Certaines vivent dans des régions isolées où elles sont seules dans leur équipe de hockey ou seules à vouloir pratiquer le tennis. Chez Rapides et Radieuses, nous voulons vraiment créer ce sens d'appartenance, cette communauté, pour nous assurer qu'il n'y a pas de jeune fille seule.
Pour ce qui est des recommandations que nous aimerions soumettre au Comité, j'aimerais les diviser en trois catégories.
Il y a d'abord le volet médias et culture. Nous travaillons avec des jeunes filles de 8 à 18 ans. Or il est clair qu'elles sont très sensibles aux images et aux modèles auxquels elles sont exposées dans les médias. Il n'y a pas suffisamment de sport féminin professionnel à la télévision. Le fait qu'il y ait des sports olympiques tous les deux ou quatre ans n'est pas suffisant. Il faut changer la façon dont les gens perçoivent les athlètes féminines. Le fait qu'elles soient continuellement sexualisées et que cette image soit propagée n'est pas un modèle optimal, ni pour moi ni pour ma fille de 5 ans. Ce n'est pas ce à quoi je veux qu'elle aspire. Je veux qu'elle soit forte et confiante, mais pas dans une perspective sexuelle.
Par ailleurs, je crois que mesdames Pattenden et Lafrenière ont très bien traité du système sportif. Il doit y avoir des entraîneuses féminines sur le terrain. Nos athlètes, lorsqu'elles ne ciblent pas nécessairement la haute performance, doivent pouvoir rediriger leur énergie et leur passion en jouant le rôle d'entraîneuses, d'officielles. Il s'agit donc d'envisager l'expérience sportive de façon beaucoup plus large.
Pour conclure, je dirai qu'il faut aussi avoir des objectifs ambitieux. J'ai relu le rapport de 1998. Vouloir investir des fonds dans une telle démarche était une belle idée, mais il faut avoir des objectifs clairs, comme pour la réduction des émissions de carbone. Comme Mme Pattenden le disait, il faut déterminer le nombre de femmes qui siègent à des conseils d'administration, se mettre sur la ligne, viser ambitieusement et voir à atteindre ces objectifs.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie, madame la présidente, de m'accorder la chance de vous parler d'un sujet qui compte beaucoup pour moi.
Durant ma vie professionnelle, j'ai entraîné des nageurs, des cyclistes, des coureurs et des triathlètes, mais ma passion consiste à faire bouger les gens, et non à faire grimper une personne sur un podium. Dans chaque sport, la clé de mon succès a consisté à créer des programmes qui comportaient tous trois caractéristiques: ils étaient accueillants, amusants et efficaces.
Je suis avec vous aujourd'hui afin de vous présenter mon point de vue sur l'expérience réelle des femmes et des filles dans le sport amateur et la façon dont nous pouvons l'améliorer. Je ne suis pas un scientifique et je n'ai pas toutes les réponses, mais je crois qu'en réalité, le problème se situe au niveau communautaire.
La question à laquelle il faut trouver une réponse est la suivante: pourquoi les femmes ne restent-elles pas dans le sport? À mon avis, l'une des principales raisons qui expliquent ce fait, c'est qu'on ne leur accorde pas les possibilités récréatives dont elles ont besoin. Il ne s'agit pas d'une priorité du système sportif canadien. La raison en est que notre système sportif est axé sur l'excellence. Lorsqu'on souligne la participation, on le fait uniquement afin d'augmenter le bassin de talents chez les jeunes afin de nourrir l'excellence.
Voici un exemple illustrant mon point de vue. L'an dernier, une école intermédiaire locale fréquentée par des filles qui ont toutes l'âge critique de 12 ou 13 ans a vu 50 filles se présenter pour jouer au touch-football. Malheureusement, il y avait uniquement de la place pour 28 d'entre elles en raison des ressources limitées. Les 22 autres filles ne pratiqueront peut-être plus jamais ce sport. Elles n'étaient pas assez talentueuses pour avoir le droit de jouer. Je trouve cela honteux. Cet exemple a trait au sport scolaire. Toutefois, de mon expérience, ce phénomène a cours dans le sport communautaire en général.
Le sport récréatif est la cible de l'un des cinq objectifs de la politique sportive canadienne, mais il n'est pas suffisamment pris en compte. La responsabilité semble incomber — c'est-à-dire, en ce qui a trait au sport récréatif — aux ONS. Toutefois, leur mission est dominée par le succès élite. Leurs programmes qui s'harmonisent à cet objectif en témoignent. Je crois au sport élite, mais les ressources qu'il reçoit laissent peu de place pour le sport récréatif que pratiquent la majorité des Canadiens.
L'une des principales raisons de ce déséquilibre est la cible organisationnelle sur le modèle de développement à long terme de l'athlète (MDLTA). Il s'agit d'une échelle d'étapes qui illustrent le développement de l'athlète depuis l'introduction au sport jusqu'aux niveaux élites. Et chacune de ses étapes comporte de nombreux détails. Le long de ces tableaux, habituellement, on remarque une colonne ou une option appelée « Actif pour la vie ». Cette option s'adresse aux personnes qui quittent l'échelle, mais on fournit très peu de détails au sujet de cette dernière. Cela se comprend, puisqu'il y a très peu d'options de programmation qui l'accompagne. Les athlètes qui s'éloignent de l'échelle du sport compétitif semblent donc se diriger vers un coin et y pratiquer le sport seul. On ne leur accorde aucun soutien.
Nous devons conserver l'échelle — c'est important —, mais nous devons également paver la voie pour le sport récréatif pour la majorité des Canadiens. Une voie dont ils pourront profiter. Nous devons promouvoir les rêves olympiques, mais devons également partager un autre idéal, celui d'un cheminement de vie nourri par la joie du sport.
J'ai entraîné l'équipe de volleyball de ma fille lorsqu'elle avait 10 ans. Après leur élimination d'un tournoi scolaire, ma fille a pleuré. Je l'ai consolée et lui ai accordé du temps et de l'espace. Puis, je lui ai demandé pourquoi elle avait pleuré. Elle m'a expliqué qu'à ses yeux, ce qui comptait n'était pas d'avoir perdu; cela ne la dérangeait pas. Elle s'en faisait parce qu'elle ne pourrait plus jouer avec ses amies. Toutefois, Hannah continuera de jouer. Et elle le fera toute sa vie — s'il y a une équipe à laquelle elle peut se joindre et si l'équipe veut bien d'elle.
Par conséquent, je souhaite deux choses: tout d'abord, que l'on fasse la promotion du sport récréatif et qu'on le soutienne dans la même mesure que le sport élite canadien. Et deuxièmement, que nous attribuions autant de valeur au simple plaisir d'une vie passée à pratiquer du sport qu'à la gloire de la réussite sportive.
Finalement, je vous révélerai quelque chose au sujet de ma propre expérience. Les athlètes que j'entraîne ne vont nulle part dans le sport. Ils souhaitent simplement aller de l'avant. La gloire ne compte pas pour eux.
Je vous remercie, madame la présidente.
ParticipACTION est un organisme national de bienfaisance dont la mission consiste à aider les Canadiens à être moins sédentaire et à bouger davantage, ainsi qu'à faire de l'activité physique une partie vitale de la vie quotidienne. C'est de ce point de vue que je vous parlerai aujourd'hui.
Même si l'inactivité physique constitue un enjeu pour les hommes et les femmes, il existe certaines divergences entre les deux sexes. De façon générale, les femmes et les filles sont moins actives que leurs homologues masculins.
Les femmes sont en moins bonne santé physique qu'il y a une génération. Plus particulièrement, les femmes âgées entre 20 et 59 ans sont en moins bonne condition physique que les femmes du même âge l'étaient en 1981. Elles sont plus grasses et en moins bonne condition physique, sont moins souples et ont une moins grande force de préhension. Autrement dit, la santé et la condition physique d'une femme typique de 45 ans l'ont fait passer depuis la catégorie à faible risque à la catégorie de risque accru de problèmes de santé, et ce, principalement, à cause de l'inactivité physique. Seulement 21 % des femmes âgées de 18 à 39 ans pratiquent les 150 minutes d'activité physique de modérée à vigoureuse dont elles ont besoin chaque semaine. C'est légèrement moins que les 24 % d'hommes qui en font de même.
Malheureusement, nous observons la même tendance chez les filles. En comparaison avec d'autres études réalisées ailleurs dans le monde, la fille canadienne moyenne éprouvera un risque accru de problèmes de santé lorsqu'elle aura 36 ans, surtout en raison de l'inactivité physique. Seulement 6 % des filles âgées de 5 à 17 ans font les 60 minutes d'activité physique de modérée à vigoureuse dont elles ont besoin chaque jour. Le pourcentage pour les garçons s'établit à 13 %, soit plus du double.
On peut également s'attarder à la façon dont les filles se mesurent aux garçons sur le plan des habiletés, de la motivation et de la confiance d'être physiquement actifs. En effet, les enfants ont besoin d'apprendre leur alphabet afin d'apprendre à lire, ce qui s'appelle la littératie. Toutefois, ils ont également besoin d'apprendre à sauter, à courir, à lancer et à nager afin d'être actifs pour la vie. C'est ce qui s'appelle la littératie physique. Les tests à cet égard illustrent que les filles accusent un important retard sur les garçons. Sur le plan de la compétence physique pour sauter, lancer et courir, les garçons obtiennent un taux de réussite de 32 % tandis que celui des filles s'établit à 25 %. Du côté de la motivation et de la confiance, 41 % des garçons éprouvent de la confiance par rapport à 32 % des filles.
Qu'est-ce qui contribue à ces résultats? Quels facteurs viennent influencer les niveaux d'activité physique des femmes et des filles?
Les femmes canadiennes seront probablement plus motivées à être actives si elles pensent être bonnes dans le cadre des activités qu'elles exercent. C'est ce que les chercheurs appellent l'auto-efficacité. Si elles croient qu'elles sont saines, alors les chercheurs appellent cela l'état de santé auto-évalué. Si elles ont l'intention de rester actives, en présentant de bonnes intentions, et si elles perçoivent qu'elles seront en mesure d'être actives, et qu'elles auront le temps et les moyens d'être actives, on appelle cela le contrôle comportemental perçu. Ce qui est intéressant, c'est que la recherche démontre également que les femmes sont moins susceptibles d'être actives si elles ont des enfants à la maison, surtout de jeunes enfants.
Beaucoup de ces attributs sont semblables à ceux qui sont présents chez les filles. Celui qui ressort du lot a trait à l'inscription des filles à des activités sportives. En effet, il s'agit d'un prédicat du niveau d'activité physique. Le défi vient du fait que toutes les filles ne souhaitent pas faire du sport et ne se sentent pas à l'aise dans un environnement sportif. Un certain nombre de facteurs contribuent à cela, notamment l'idée que certaines activités sont plutôt réservées à un sexe — par exemple, les garçons jouent au hockey tandis que les filles font de la danse —, l'intimidation ou les blagues connexes aux stéréotypes, les termes désobligeants comme de se faire appeler une « lesbienne » si elles pratiquent le rugby, les blagues connexes au manque de talent ou de succès dans un environnement sportif, ainsi que les codes vestimentaires ou les uniformes propres aux femmes. Les filles se sentent mal à l'aise de porter des maillots de bain devant un public. Il est également plus acceptable pour les garçons de porter des souliers de course quotidiennement que ce ne l'est pour les filles.
Nous devons penser à aborder certains facteurs afin de traiter l'inégalité entre les sexes. À mon avis, il en existe sept.
Tout d'abord, je pense à la politique. Un effort fédéral, provincial et territorial est en cours afin de développer un nouveau cadre d'activité physique pancanadien. Nous devons nous assurer de nous doter de stratégies d'inclusion propre au sexe dans ce cadre.
Deuxièmement, la littératie physique. Nous devons nous assurer que les programmes et le curriculum d'éducation physique ciblent l'amélioration de tous les domaines de la littératie physique, soit la compétence, la confiance et la motivation, qui sont essentiels afin d'inciter les filles à être actives. Nous devons également prévoir du temps pour l'instruction réservée aux filles ainsi que du temps d'entraînement afin qu'elles puissent améliorer leurs aptitudes.
Troisièmement, nous devons modifier les normes sociales et travailler afin d'améliorer l'auto-efficacité. Nous devons inciter les filles et les femmes à croire qu'elles peuvent y arriver grâce à l'éducation, et ce, dès un très jeune âge. Nous devons modifier les impressions et les attentes à propos de ce que signifie être une fille pratiquant une activité physique et le sport. Le fait d'être robuste, de transpirer, d'être active et sportive devrait être des attributs désirables.
Quatrièmement, nous devons redéfinir ce que signifie l'activité physique. Il y a tant de façons formidables d'être actifs et le sport est l'une de celles-ci. Toutefois, nous devons garder à l'esprit que toutes les filles n'aiment pas pratiquer le sport.
Se rendre à l'école à vélo, suivre un cours de danse ou de yoga ou encore jouer dans le parc constituent de bonnes façons d'être actifs. Il n'est pas nécessaire de s'inscrire au sein d'une équipe ou d'un cours.
Nous avons besoin de modèles. Nous devons fournir du soutien aux parents affairés afin qu'ils fassent des choix actifs en plus d'aider les mères à comprendre que les modèles sont tout spécialement importants. On pourrait y arriver en adoptant, par exemple, des politiques en milieu de travail qui permettent des heures flexibles, afin qu'on puisse accompagner ses enfants à l'école en marchant. Si les femmes canadiennes sont plus actives, on améliorera les habitudes de leurs filles sur le plan de l'activité physique.
Finalement, j'aborderai le thème de la mobilisation des jeunes. Nous disposons d'un programme appelé Teen Challenge qui illustre que les programmes propres à une culture ou à un sexe qui ciblent certains groupes peuvent être très efficaces, même avec très peu de financement de démarrage. Nous devons réellement écouter les jeunes et les soutenir afin qu'ils fassent ce qu'ils aiment faire, plutôt que ce que les adultes pensent qu'ils souhaitent faire.
Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup de la question.
En effet, autour de l'âge de 13 ans, on observe beaucoup de changements physiologiques chez les jeunes filles. Leur niveau de confiance et d'affirmation de soi est en déclin.
Par ailleurs, une petite fille de 5 ans a beaucoup d'enthousiasme et s'exprime beaucoup. Cependant, avec l'âge et la conscientisation sociale, elle commence à réduire son affirmation de soi. Cela se manifeste par le désir de ne pas vouloir faire concurrence aux gens de son milieu parce que la concurrence est perçue comme socialement perturbatrice. Cela créé des frictions entre les amis.
Il faut changer l'environnement. Les intervenants ont suggéré différentes possibilités. Il ne faut pas se limiter à la compétition. Des jeunes filles veulent évoluer dans le contexte social du sport, mais elles ne visent pas nécessairement la haute performance. Il faut donc avoir des contextes sportifs qui permettent à une jeune fille de se retrouver avec ses amies. Cependant, elle ne doit pas être obligée de participer à toutes les compétitions et au prochain championnat provincial.
Il faut que les fédérations sportives aient une structure qui permet à une jeune fille de se retrouver. La socialisation est très forte dans le milieu scolaire. Au Québec et en Ontario, il existe un organisme fantastique qui s'appelle Fillactive et qui fait la promotion du jogging auprès des jeunes filles dans un contexte scolaire.
Les jeunes passent beaucoup de temps à l'école. Il faut donc continuer à avoir recours à cette plateforme et les exposer au volet sportif. On a beaucoup réduit les heures des cours d'éducation physique, ce qui ne joue pas en notre faveur.
Selon moi, nous devrions miser sur ces éléments. Il faut continuer à faire la promotion de l'exercice physique en ayant recours à des personnalités qui constituent des modèles et s'assurer d'offrir des possibilités sportives à l'école quand les filles sont déjà avec leurs amies. Il faut offrir un contexte qui n'est pas compétitif, mais qui convient à chaque type de jeune fille sur les plans de la personnalité et de l'ambition.
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La discussion est ouverte, si vous avez un avis à cet effet.
Monsieur McConnell, vous avez mentionné quelque chose au sujet de la même idée, soit que nous sommes orientés vers les sports compétitifs.
Je perçois cette tendance dans ma propre vie. Nous avons un engagement hebdomadaire pour l'une de mes filles qui exige un minimum de 12 heures et qui peut même nécessiter jusqu'à 20 heures. Cela rend la tâche complexe puisque non seulement doit-on faire des choix à titre de famille, mais elle doit faire des choix individuels, au sujet de ce qu'elle veut faire, des autres activités qu'elle veut pratiquer, et des activités qu'elle souhaite laisser tomber. Toutefois, je constate également que pour de nombreux programmes, comme vous l'avez mentionné, soit on est compétitif, soit on ne participe pas du tout.
Avez-vous des idées? Si nous tentons de faire la promotion de certains programmes ou si nous tentions de proposer des recommandations, comment pourrions-nous amplifier l'effet de nos changements afin de créer bien plus que le modèle « Actif pour la vie »?
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La natation est un très bon exemple de cela du point de vue de l'âge. Si les enfants nagent dans un club, on s'attend à ce qu'ils le fassent de trois à six heures par semaine. Puis, hypothétiquement, ils abandonnent la natation et, par la suite, ils décident de reprendre... Dans mon programme de natation, j'entraîne des nageurs adultes à raison de cinq heures par semaine. J'ai également un programme appelé le programme de natation Start Smart. Il ne parvient pas à répondre à la demande, car je ne peux obtenir assez de temps de piscine. Ces adultes souhaitent nager. Ils sont âgés de 20 à 65 ans. Cependant, ils souhaitent nager une heure par semaine. C'est ce qu'ils souhaitent, mais il est difficile de trouver du temps de piscine.
Il y a une rupture, car, comme vous le dites, certains parents souhaitent voir leur fille de 14 ans nager, mais pas six heures par semaine. Pourquoi pas une heure par semaine? On pourrait changer le tout grâce au soutien de tous les ordres de gouvernement.
Je note un autre enjeu. La gestion de la question du sport ou de l'activité physique chez les femmes de 12 à 16 ans est si complexe. L'exemple de l'équipe de touch-football à laquelle j'ai fait référence s'est produit l'an dernier. Cette année, je me suis impliqué et j'ai agi à titre d'entraîneur. J'ai réuni toutes celles qui n'avaient pas fait l'équipe et je les ai entraînées. Nous avons eu beaucoup de plaisir.
J'aimerais vous parler de l'une des filles. Elle illustre une mentalité commune qui prévaut. Elle venait sans cesse me voir durant les essais. Elle était en septième année. Les filles de huitième année réussissaient principalement à faire l'équipe. Elle me demandait constamment si elle y arriverait. Elle n'a pas été choisie, mais savez-vous quoi? Elle a décidé de ne pas tenter sa chance au sein de mon équipe parce que c'en était fait pour elle. Elle n'a pas fait l'équipe, donc son aventure était terminée. Qu'est-ce qui la motivait? S'agissait-il pour elle d'une valeur sociale que de percer l'équipe? Toutefois, elle n'est pas venue avec l'idée de s'amuser. Pourquoi donc? Il s'agit d'une question complexe.
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Je souhaitais donner un exemple qui, je le crois, touche les deux points qui ont été soulevés.
Mon plus jeune enfant s'est joint à un club. Donc, au niveau communautaire... Je sais bien que mon cheminement s'est orienté vers la haute performance, mais en réalité, je suis également présidente de l'organisation Au Canada, le sport c'est pour la vie, par conséquent, je suis certainement passionnée à ce sujet également. Nous nous sommes joints à un club. Il s'agit d'un très petit club communautaire appelé Crescent Beach. Ce qu'ils font — ils le font très bien et je pense que l'on pourrait faire la même chose partout au pays —, c'est qu'ils établissent une programmation afin que les enfants puissent faire de la natation, du cyclisme, des triathlons, ainsi que jouer au tennis, faire de la voile, en utilisant les ressources naturelles présentes dans la région du Lower Mainland où nous habitons. Dans le cadre de leur programmation pour enfants âgés de 4 à 10 ans, ils embauchent des adolescents pour agir à titre d'entraîneurs. Il s'agit d'un modèle très intéressant. On implique ainsi d'emblée les jeunes dans l'entraînement. Ces enfants grandissent ensemble à titre de groupe social. On les dépose au centre communautaire tôt le matin et à 7 h 30, ils sont dans la piscine. Je ne voyais jamais mon enfant avant 17 heures. Ils passaient de la natation, au volleyball, au tennis. Ils prenaient le déjeuner ensemble, mais ils faisaient le tout avec des adolescents, qui agissaient à titre de modèles pour eux. Il existait une représentation équilibrée entre les sexes au sein de ceux-ci. Il y avait toujours de jeunes femmes. Ma fille a suivi cette programmation à titre d'enfant et puis, à l'âge de 14 ans, elle était une chef de file. Il s'agissait donc d'une formation en leadership.
Je pense vraiment que nous devrions examiner l'établissement d'un programme d'emploi pour les chefs de file adolescents oeuvrant à titre d'entraîneurs. C'est ce qu'elle a fait, de 14 à 18 ans, et elle a adoré être avec les jeunes. Depuis ce jour — elle en est à sa troisième année d'université —, elle agit encore à titre d'entraîneuse de water-polo parce qu'elle aime ça et qu'elle aime être avec les jeunes. De plus, les enfants aiment être avec d'autres jeunes — je les appelle des jeunes, mais ils sont des adolescents — plutôt que d'avoir un entraîneur âgé de 25 ans.
Je pense vraiment que nous pouvons jeter un coup d'oeil au modèle qui encourage les adolescents à devenir entraîneurs au niveau communautaire à un très jeune âge.
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Exactement. Merci beaucoup, madame la présidente.
Tout d'abord, je tiens à vous dire merci d'être ici, madame Pattenden.
Je crois que je dois aussi remercier Mme Dabrusin d'avoir suggéré le sujet. De toute évidence, si la musique élève l'âme, le sport le fait aussi. Les commentaires de M. Kitchen étaient également tout à fait appropriés.
Ma fille Marilou pourrait parfaitement témoigner de ce que disait M. McConnell au sujet du fait que la dimension compétitive constitue un frein à l'engagement dans le sport. Ma fille court régulièrement, mais le fait qu'elle ne soit pas de nature compétitive, et sa soeur non plus, a peut-être provoqué une certaine insensibilité de ma part face au sport.
Je crois que ma collègue Mme Trudel est elle-même très sportive. Je vais donc lui laisser la parole, elle s'y connaît beaucoup mieux, même si elle a deux garçons.
Des voix:Ah, ah!
Je remercie beaucoup les témoins de leurs présentations. J'en suis à ma deuxième séance à ce comité.
Il est vrai que, dans mon jeune âge, j'ai pratiqué des sports, et vos témoignages m'ont beaucoup touchée.
Je pense à une marathonienne qui est aussi une ancienne collègue de travail. À la dernière séance, j'ai parlé d'elle. Son sport lui a coûté son emploi. J'ai appris, la semaine dernière, qu'elle a dû faire un choix. Elle a choisi de continuer de pratiquer le sport et de devenir un exemple. C'est une jeune femme dans la trentaine. Je sais que depuis son jeune âge, l'aspect des subventions a souvent posé problème. Elle représentait le Canada et elle devait vendre des billets pour amasser des fonds. Elle l'a fait parce qu'elle y croyait. Qu'est-ce qu'on peut faire en pareil cas? Je ne savais pas comment l'aider. Nous ne pouvions pas lui verser d'argent directement.
Nous avons beaucoup parlé d'équipes olympiques, mais il y a aussi l'aspect de l'amusement dans le sport. Je suis parfaitement d'accord au sujet de l'importance de l'amusement parce que c'est ce que je fais avec mes garçons. Ils ne pratiquent pas un sport défini, mais nous faisons ensemble du vélo de montagne et cela devient un amusement. Nous faisons aussi de la raquette. En ce qui me concerne, l'important est qu'ils bougent et qu'ils s'amusent. Je le fais avec eux par amusement.
Lorsqu'on atteint un plus haut niveau de performance, comme dans le cas de mon ancienne collègue, la compétition devient un défi. Son objectif est de se rendre aux Olympiques. Je le lui souhaite.
Ma question s'adresse à tous. En ce qui touche le sport de haut niveau, que peut-on faire concrètement pour aider ces jeunes femmes athlètes à continuer à pratiquer leur sport?
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Je vous remercie de cette question.
Je pourrais commencer en vous disant qu'étant donné que nous avons des programmes Sport-études, nous avons besoin également de programmes « Employeurs-sports ».
Ce n'est pas seulement dans le secteur de l'emploi que ce serait indiqué, mais aussi dans celui des études universitaires.
Certaines universités font preuve de compassion et tentent de gérer la vie des athlètes d'une manière qui leur permet d'atteindre un équilibre entre leur éducation, leur profession future et leur contribution aux équipes olympiques ou paralympiques mondiales.
À mon avis, ce sont donc d'abord les employeurs que l'on devrait sensibiliser. Ceux-ci pourraient instaurer cette « meilleure pratique ». Au Québec, nous avons le programme Sport-études qui a beaucoup de succès. C'est un modèle qui devrait être établi de la même manière chez les employeurs.
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En fait, je suis favorable aux deux points qui ont été soulevés.
Si on parle d'enfants de cinq ans qui jouent au soccer, la proportion de filles et de garçons est égale. En effet, beaucoup de petites filles de cet âge y jouent. J'ai également observé ce phénomène dans le domaine du ski de fond et du ski alpin.
Par contre, à chaque tranche d'âge, des filles partent. Il faut vraiment se questionner sur l'environnement et les motivations des filles à l'égard du sport. Ce qu'elles recherchent, c'est l'aspect social, le plaisir.
[Traduction]
Lorsque vous avez demandé plus tôt ce qui raviverait la flamme chez elles, c'est le plaisir. Si c'est amusant, si c'est branché, si c'est convivial, elles viendront.
[Français]
Quand elles deviennent plus matures, elles voient leurs coéquipières partir. Plus elles progressent dans le système, plus les exigences augmentent. Elles doivent se qualifier, atteindre les quotas, pour rester dans l'équipe. Perdre des coéquipières devient démotivant. Le sport perd alors son caractère social.
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Je vous remercie de cette question.
Comme Elio en a parlé, à plusieurs aspects le système scolaire est en effet très important. Je compte au sein de mon club une spécialiste de l'éducation physique. Je lui parlais l'autre jour à ce sujet. Elle enseigne maintenant en cinquième année. L'année dernière, elle enseignait la maternelle. Elle m'a dit que dans n'importe quelle classe où elle enseigne, elle voit la même chose. Elle le voit en maternelle. Elle voit toujours une jeune fille appuyée sur le mur, qui ne se définit pas comme une athlète. Cela commence à un très jeune âge.
Personnellement, j'ai senti qu'il y avait un fossé, je m'y suis alors consacré et ai créé une entreprise sociale. Cette initiative a donné de très bons résultats, car il y avait un réel besoin. Lorsque mon club se rend à des triathlons, nous sommes vraiment le seul club ici qui... Nous sommes vraiment le seul club de triathlon. Il en existe certains qui sont en quelque sorte des clubs de triathlon, mais ils sont vraiment édifiés autour de la personnalité de l'entraîneur. Il s'agit d'une organisation sociale.
Les fédérations sportives du pays, et par surcroît les organes de réglementation provinciaux, ont besoin de promouvoir davantage ce type d'organisation sociale. Je pense que c'est ce qui se passe, finalement, dans le triathlon. Toutefois, ce que vous devez retenir c'est que les ONS sont liés à l'échelle, et que pour eux, cela ne constitue pas la priorité. Leurs priorités doivent changer. Ils sont experts dans leurs différents sports. Je pense que c'est là où le changement se produira.
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Je vous remercie tous de vos présentations.
La semaine dernière, nous avons également eu une réunion ici, et j'aimerais y revenir dans un instant.
J'ai une petite question en ce qui concerne les images que vous avez soulevées, monsieur McConnell. La question est ouverte... Vous avez mentionné vos images... Est-ce que ce processus implique également l'éducation, sur le pourquoi et le comment de la participation sportive?
Je reviens à l'équilibre dont vous avez parlé, madame Lafrenière. Cela ne m'est venu à l'esprit que lorsque vous en avez parlé, mais ma fille a pratiqué le patinage synchronisé pendant des années. Elle faisait partie d'un groupe d'enfants, toutes des filles, entraînées par une jeune femme qu'elles aimaient beaucoup. Cela s'est poursuivi jusqu'à l'université. Elles ont toutes patiné alors qu'elles fréquentaient l'université. Elles font présentement en sorte que leurs enfants fassent du sport. Leurs enfants ont maintenant six, sept, huit, neuf ans.
Lorsque nous revenons aux modèles, je veux savoir si ceux-ci jouent un rôle sur ce plan. Que l'on parle de Hayley Wickenheiser au hockey, d'Eugénie Bouchard ou de Brooke Henderson, il existe de nombreux modèles aujourd'hui. Du côté des Jeux olympiques, dont nous venons d'être témoins, il y avait la gymnaste Isabela Onyshko, de Brandon, une femme de ma propre région. Je me demande si les modèles jouent un rôle afin d'encourager les jeunes à participer.
L'éducation a trait au fait qu'il y ait des amateurs et des professionnels. Il est difficile d'obtenir une couverture médiatique au Canada lorsque le baseball occupe toute la place à la télévision ces temps-ci. Les médias ont tendance à couvrir les professionnels et non les amateurs, même au niveau olympique. C'est précisément de cela que je parle.
Pouvez-vous parler de l'importance de ce phénomène?
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Je pourrais peut-être ajouter quelque chose à ce concept des images.
J'ai une photo ici d'une jeune fille prenant part à une activité de Rapides et Radieuses. Il s'agit de Kelsey Serwa, de Kelowna, médaillée olympique en ski cross. Elle est photographiée avec l'une des participantes à cette activité.
Quelles peuvent être selon vous les conséquences de ce genre de lien établi avec cette jeune participante? Un lien direct est établi entre elles. Elle transpire avec Kelsey. Elle accompagne Kelsey sur un parcours d'agilité. Kesley lui parle de ses expériences et des difficultés qu'elle a rencontrées. En réalité, Kelsey était une danseuse de ballet, puis elle s'est engagée sur la voie du sport, optant pour le ski cross.
Pour une jeune de huit ou de neuf ans qui se demande quel sport choisir, entendre cette histoire vécue est marquant. Nous recevons une multitude de lettres des parents de ces jeunes. Julie, je n'ai pas encore eu de lettres de votre part, mais ça viendra peut-être. Les parents constatent qu'après une activité de Rapides et Radieuses, après avoir passé une journée avec une athlète olympique, leur fille se rend à l'école avec son t-shirt Rapides et Radieuses et se sent d'attaque. Ces jeunes filles ne s'y comportent plus de la même manière. C'est dire combien nos athlètes olympiques peuvent faire toute la différence au niveau communautaire.
Évidemment, nous ne pouvons pas le faire quotidiennement. Nous devons trouver une solution adaptée à nos besoins, et c'est là où les médias entrent en jeu. Comment pouvons-nous rendre nos olympiennes et nos modèles féminins vraiment accessibles et humaines. En les rendant humaines, sans les sexualiser. Je le répète, nous n'avons pas abordé ce sujet. La représentation d'athlètes féminines fortes et confiantes, et ce que cela entraîne sur le plan du leadership qu'elles dégagent, et comment elles arrivent à le transmettre à nos jeunes filles, voilà ce qui compte réellement à mes yeux.
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Quand je faisais partie de l'équipe, il n' y avait qu'une femme, la physiothérapeute. Jusqu'à un certain point, je peux comprendre pourquoi une femme a été nommée à ce poste, car ce sont les jambes ou le fessier qui devaient être traités. Une certaine intimité s'installe forcément entre le thérapeute et l'athlète.
Je ne peux pas dire si faire appel à des femmes physiothérapeutes pour soigner les athlètes féminines est maintenant une pratique courante, mais c'était la seule présence féminine dans notre équipe à ce moment-là. Il y avait trois hommes entraîneurs, et l'un de ces entraîneurs à l'ego extrêmement fort a fait en sorte que ce qui s'y passait ne s'étale pas au grand jour. Personne ne parlait, y compris les athlètes. Cela a engendré une situation malheureuse qui n'a finalement fait surface que 15 années plus tard.
Je pense que le fait d'en parler ouvertement entre elles leur donne de l'assurance. On peut s'imaginer, à 16 ans, sur la route les trois quarts du temps de l'année. Votre entraîneur devient votre père, votre mentor en quelque sorte. C'est une relation très complexe.
Vous n'allez pas confier ce genre de situation à vos pairs, parce que cela peut devenir très embarrassant. Il faudrait une présence plus marquée de femmes ayant un important rôle à jouer au sein de l'équipe d'entraîneurs et qui seraient respectées... Lorraine et moi en discutions justement avant le début de cet entretien.
En fait, j'ai été membre du comité de la condition féminine en ski de fond. Ski de fond Canada a un comité de la condition féminine et mérite toutes mes félicitations pour cette raison. Je ne suis pas certaine que toutes les fédérations ont un comité de la condition féminine. Nous discutions de ces entraîneuses que l'on ne nommait qu'afin de pouvoir cocher oui à la question : avons-nous envoyé une entraîneuse au Championnat du monde junior? Devinez ce qu'elles y faisaient. Elles transportaient les skis et filmaient les athlètes. Elles n'exerçaient pas de véritable leadership ni ne développaient leurs aptitudes en tant qu'entraîneuses.
Je pense que toute la dynamique créée par la présence d'une femme au sein des équipes d'entraîneurs est importante.
À propos de votre deuxième point sur la sexualisation dans les médias, j'ai fait une recherche sur Google il y a deux jours sur les athlètes féminines, juste pour voir. Eh bien, les 15 premiers liens m'ont amené sur les sites des 10 athlètes féminines les plus « hot » des États-Unis, ou sur les filles les plus belles et les plus « cool » ou sur les athlètes olympiennes les plus « hot ». Ils étaient tous orientés vers cette sexualisation. Ensuite, j'ai simplement fait une comparaison avec les sites d'athlètes masculins, et la première page qui est ressortie posait la question suivante: Qui est l'athlète le plus fort? Les athlètes masculins et féminins sont évalués selon deux standards. Vous avez peut-être même vu cela dans les commentaires formulés aux Olympiques. On a vu des extraits présentant une athlète féminine reconnue comme étant la femme de... vous savez, un certain joueur de football.
Il faut transformer culturellement la manière dont les femmes, les athlètes féminines sont présentées et perçues avant de pouvoir nous assurer que nos enfants de cinq ans, de huit ans soient gonflés à bloc afin de devenir la prochaine superstar du soccer ou le prochain grand entraîneur de soccer. Il s'agit d'un facteur fondamental...
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J'aimerais soulever deux points importants.
En Nouvelle-Écosse, cela fait au moins 10 ans qu'il doit y avoir au moins une entraîneuse pour les joueuses de soccer. C'est un règlement que la province a adopté depuis au moins 10 ans. Je ne sais pas si c'est ce qui se passe dans les autres provinces, mais c'est obligatoire. C'est très impressionnant.
J'ai passé 30 ans dans le domaine de l'éducation et c'est la première fois que j'entends cela. Je suis touché et cela me fait un peu mal. En tant que directeur d'école et que directeur général des écoles françaises de Nouvelle-Écosse, j'aurais peut-être dû essayer d'en faire davantage en ce qui a trait aux filles qui quittent le sport. J'ai entendu des personnes dire que les filles quittent le sport à l'âge de 13 ans six fois plus que les garçons. Cela me touche beaucoup.
On doit intervenir très tôt auprès des jeunes, mais on doit se concentrer sur les jeunes filles. On parle souvent de bons modèles. Il serait certainement avantageux qu'il y ait des entraîneuses. Cela inciterait les filles et les femmes à poursuivre leur entraînement.
Mes deux filles ont joué au soccer aux niveaux provincial et national. Aujourd'hui, elles sont enseignantes et entraîneuses d'équipes de soccer, surtout d'équipes féminines. Avant, dans les écoles, les filles ne jouaient pas au soccer, mais maintenant, il y en a énormément.
Pouvez-vous faire des commentaires là-dessus? N'importe qui peut répondre.
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Je vais répondre à votre question au sujet des entraîneuses.
Je reconnais qu'il y a un manque, sur le plan de la politique, dans les organisations nationales de sport. Le système devrait exiger qu'une entraîneuse voyage avec les équipes féminines.
Le ski alpin a traversé une période très difficile en 2015. Nous avons enclenché un processus pour appuyer le changement philosophique au sein des organisations nationales de sport, les clubs et les provinces. Un des éléments de ce changement est la règle de deux, c'est-à-dire qu'il devrait y avoir en tout temps, au sein d'une équipe féminine, au moins un homme et une femme. C'est décevant, mais cela n'existe pas vraiment. Nous reconnaissons qu'un tel changement serait nécessaire.
Comme Mme Thibeault le mentionnait, il faut que ce soit une expérience positive pour l'entraîneuse. Il faut qu'elle puisse vivre une expérience qui lui donne l'occasion de participer à une profession respectée.
En Nouvelle-Écosse, il y a une entraîneuse spectaculaire qui aide les jeunes filles en vue des Jeux du Canada. Elle encadre ces jeunes athlètes de manière très ciblée en tenant compte de ce qui anime les jeunes filles, par exemple l'amitié, l'harmonie ou une activité positive. Elle a beaucoup de succès et c'est ce qu'on devrait faire pour nos équipes sportives.
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Je prends ici le relais.
Sachant à quel point la Maison olympique canadienne a nécessité des investissements de plusieurs ordres de gouvernement, dont le Québec et le fédéral, qui a investi 3 millions de dollars, on ne peut pas être contre l'ambition. Par ailleurs, vous faites allusion à ces conseils d'administration qui, par exemple, vont choisir l'uniforme des athlètes. Quand nous avons reçu les représentants du Comité olympique canadien, nous leur avons délibérément dit — du moins, je me souviens, moi, l'avoir dit — qu'on ne parlerait pas de Marcel Aubut et de ses abus de comportement parce qu'on ne voulait distraire personne. Je crois que ce serait important de les recevoir à nouveau. Si nous attendons trop, ce sera bientôt les Olympiques d'hiver. Il faut en parler; on parle souvent sources d'inspiration et je pense que c'est bien pertinent. Est-ce que Marcel Aubut est un modèle pour certains entraîneurs ou pour un conseil d'administration qui choisit un costume de bain sexy pour un sport qui pourrait être pratiqué en t-shirt?
Madame Pattenden, je ne sais pas si vous avez pu entendre ce que j'ai dit.