:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole devant vous.
Tout d'abord, je tiens à souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel des Algonquins anishinabe.
Vous l'avez mentionné, je suis accompagné de Mme Laurendeau et de M. Francis.
[Traduction]
Avant d'aborder la question du Budget supplémentaire des dépenses, je tiens à remercier les membres du Comité de leur excellent travail ces derniers mois, notamment sur le projet de loi , sur les langues autochtones; l'examen de la Loi sur le droit d'auteur; et le projet de loi , sur l'établissement d'une journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Ce sont des dossiers très importants pour les Canadiens; votre travail touche leur vie à tous.
[Français]
Merci beaucoup de vos efforts et de la qualité de votre travail.
[Traduction]
Aujourd'hui, j'ai l'honneur de vous parler de nos investissements dans les arts et la culture de notre pays. Le budget de cette année remplit une des promesses que nous avons faites aux Canadiens, il y a quatre ans. La promesse de soutenir la classe moyenne et les gens qui travaillent fort pour y accéder. Donc, à Patrimoine canadien, nous réinvestissons, sans relâche, dans nos créateurs et nos industries culturelles.
Pourquoi faisons-nous cela? Parce que la culture et les arts sont importants pour les Canadiens et les Canadiennes. Nous adorons tous aller au cinéma, fredonner nos chansons préférées ou nous emmitoufler pour lire un bon roman. Si je me fie aux réactions devant une certaine vedette rock canadienne qui s'est présentée récemment devant vous, je crois que vous serez d'accord avec moi pour dire que les concerts auxquels nous avons assisté figurent parmi nos plus beaux souvenirs.
[Français]
Je dis souvent que la culture, c'est amusant, mais que c'est aussi payant. La culture apporte plus de 53 milliards de dollars à l'économie de notre pays. Les secteurs culturels emploient également plus de 650 000 Canadiens et créent encore beaucoup plus d'autres emplois grâce au tourisme. Cela signifie des emplois indirects dans les restaurants, le transport et les travaux de construction. Cela a une incidence immense partout.
[Traduction]
Tout récemment, nous avons réinvesti dans la culture parce que la diversité et l'inclusion sont des valeurs importantes pour les Canadiens. Des valeurs qui font partie intégrante de notre identité. Malheureusement, nous savons que le Canada n'est pas à l'abri du racisme, de la discrimination et de la politique de division. C'est pourquoi nous investissons dans la promotion de la diversité et de l'inclusion, dont nous sommes très fiers.
[Français]
Les investissements du budget de 2019 vont nous permettre de tenir les promesses que nous avons faites aux Canadiens.
Nous allons appuyer notre industrie de la musique par un investissement de 20 millions de dollars sur deux ans, donc 10 millions de dollars par année pour le Fonds de la musique du Canada. Nous allons appuyer nos créateurs, les festivals et les spectacles par un investissement de 16 millions de dollars sur deux ans dans le Fonds du Canada pour la présentation des arts.
Nous allons également appuyer les célébrations locales, surtout celles des groupes divers comme les festivals de la fierté et les pow-wow. Nous avons prévu 34 millions de dollars sur deux ans pour cela, d'une part, dans le programme de Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine et, d'autre part, dans le Programme des célébrations et commémorations.
Il faut le mentionner, le montant du budget inclut aussi 10 millions de dollars sur deux ans pour souligner la nouvelle Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et pour célébrer la Journée nationale des peuples autochtones.
[Traduction]
Par l'entremise du Programme du multiculturalisme, nous appuyons des projets visant à éliminer la discrimination, le racisme et les préjugés dans les communautés partout au Canada. Dans le budget de 2019, nous proposons de fournir, à compter de cette année, un financement de 45 millions de dollars sur trois ans pour une nouvelle stratégie de lutte contre le racisme. Il s'agit de trouver des façons de lutter contre le racisme dans ses diverses formes, tout en misant sur des projets communautaires. La coordination de ces efforts à l'échelle gouvernementale se fera au moyen d'un secrétariat de lutte contre le racisme.
Au chapitre de la réconciliation, comme vous le savez, notre gouvernement a fait un pas décisif dans la bonne direction en déposant le projet de loi sur les langues autochtones. Merci à tous d'avoir effectué l'étude préliminaire et d'avoir terminé le rapport sur le projet de loi. Votre travail est d'une importance capitale parce que, comme vous le savez, la situation est urgente. Les trois quarts des langues autochtones parlées au Canada sont en danger. C'est pourquoi nous comptons assurer un financement adéquat, stable et durable pour la réappropriation, la revitalisation, la pérennisation et le renforcement des langues autochtones.
Comme vous le savez déjà, nous proposons d'investir des sommes considérables dans notre budget de 2019, notamment plus de 333 millions de dollars sur cinq ans à compter de tout de suite, suivis de plus de 115 millions de dollars par année par la suite.
[Français]
Le projet de loi prévoit des mécanismes qui sont souples et flexibles qui vont nous permettre d'acheminer ces fonds, soit vers les communautés autochtones directement, soit vers les organisations autochtones régionales et nationales, ou vers les gouvernements autochtones autonomes.
Ce sont eux qui travaillent sur le terrain. Ils connaissent beaucoup mieux que moi, beaucoup mieux que nous, les besoins locaux et les priorités locales. Ils sont beaucoup mieux placés que nous pour définir les solutions qui sont efficaces pour eux. Ils vont avoir toute la latitude nécessaire pour répartir les fonds comme il se doit.
Nous comptons poursuivre la collaboration avec vous, madame la présidente, avec les membres du Comité, ainsi qu'avec le Sénat pour faire adopter le projet de loi d'ici l'ajournement de l'été.
[Traduction]
Outre les investissements prévus au budget, nous sommes heureux d'avoir obtenu les ressources additionnelles demandées dans le Budget supplémentaire des dépenses (B). Il s'agit d'une augmentation de 9,34 millions de dollars.
Permettez-moi de revenir sur les principaux postes de ce budget. Premièrement, il y a la subvention de 5 millions de dollars pour la Fondation Vancouver afin d'améliorer l'accès au système judiciaire au Canada. En offrant cette subvention, le gouvernement espérait également rendre hommage à Beverley McLachlin, ancienne juge en chef du Canada, pour ses importantes contributions. Les fonds sont allés à des projets qui aident à abolir les obstacles à la justice civile et familiale.
Notre gouvernement se fait un devoir d'assurer aux Canadiens le meilleur accès possible au système judiciaire. Un tel accès témoigne d'une société saine, démocratique et inclusive.
[Français]
En hommage à l'ancien gouverneur général du Canada le très honorable David Johnston, le budget supplémentaire des dépenses (B) prévoit également une subvention. Il s'agit d'un fonds de plus de 2 millions de dollars pour soutenir une formation qui mobilise les Canadiens autour de projets porteurs pour un Canada plus fort.
Troisièmement, le budget supplémentaire des dépenses (B) accorde plus de 1 million de dollars au Fonds pour l'Association canadienne de soccer et à l'appui de la Coupe du monde masculine 2026 de la FIFA. Ceux qui me connaissent savent que je suis très content de cela.
Finalement, je tiens à mentionner un investissement de plus de 500 000 $ dans une initiative particulièrement importante pour tous les citoyens canadiens, soit de garantir une saine démocratie numérique.
[Traduction]
La santé de notre démocratie repose sur l'accès à des sources de nouvelles et d'information qui soient fiables et diversifiées. Chaque citoyen mérite de pouvoir se forger des opinions éclairées, demander des comptes aux gouvernements et aux personnes et participer au discours public. Face à la prolifération d'information fausse, trompeuse et malfaisante en ligne et dans les médias sociaux, notre gouvernement prend son rôle très au sérieux.
Nous appuyons des projets permettant d'outiller les Canadiens afin qu'ils puissent évaluer l'information en ligne avec un esprit critique. Dans notre budget de 2019, nous souhaitons renforcer ce projet de démocratie numérique. Nous proposons un investissement de plus de 19 millions de dollars sur quatre ans dans la création d'un programme pour mieux comprendre les impacts de la désinformation et cibler des actions pour la contrer. Cet investissement permettra aussi au Canada de diriger une initiative internationale dont le but serait de renforcer la résilience des citoyens face à la désinformation et de promouvoir la diversité des contenus en ligne.
C'est d'ailleurs dans cette optique que nous voulons soutenir les journalistes à la grandeur du Canada. Je l'ai dit plusieurs fois et je tiens à le répéter aujourd'hui: le journalisme professionnel est l'un des piliers de la démocratie.
[Français]
Quand on voit à quelle vitesse nos journaux, nos hebdomadaires, disparaissent, on ne peut pas rester les bras croisés. Là aussi, notre gouvernement joue un rôle majeur, il va continuer de jouer un rôle majeur et nous allons passer à l'action.
Vous le savez, vous l'avez vu dans l'énoncé économique de l'automne 2018: nous avons annoncé notre intention d'instaurer des mesures fiscales ciblées pour appuyer le journalisme canadien, notamment sous la forme de crédits d'impôt et d'incitatifs fiscaux. Je tiens à vous assurer que ces crédits et incitatifs seront accordés dans le plus grand respect des principes absolument incontournables et fondamentaux que sont l'indépendance et la liberté de la presse.
[Traduction]
Madame la présidente, les arts et la culture restent au coeur des priorités de notre gouvernement, et nous continuerons à appuyer nos artistes et créateurs, tout comme nous continuerons à créer des emplois et à protéger notre diversité inclusive.
[Français]
Madame la présidente, chers collègues, merci de votre attention.
Je veux aussi remercier mon secrétaire parlementaire, Andy Fillmore, qui fait un travail absolument extraordinaire. Nous sommes chanceux de l'avoir.
Cela me fera plaisir de répondre à vos questions.
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J'aimerais parler des mesures visant l'impôt sur le revenu des sociétés dont il a été question il y a quelques instants. J'aimerais citer l'Association des journaux régionaux du Québec, qui a dit:
Certains de nos membres n'ont pas les moyens d'avoir plus d'un journaliste à leur effectif, et souvent, le directeur rédige également des articles.
Ça ne marchera pas.
Je ne compte aucun journal quotidien dans ma circonscription, que des publications hebdomadaires. Il y a le Taber Times, le Vauxhall Advance, le Rocky View Weekly, le Chestermere Anchor, le Bassano Times, le Strathmore Times et le Brooks Bulletin.
Dans la majorité de ces organisations — et il y en a d'autres —, le propriétaire est aussi le directeur de la rédaction. Il a un appareil photo et un reporteur qui travaille pour lui. Malgré tout, ces journaux forment l'épine dorsale de nos collectivités. Ils couvrent la mairie, les affaires municipales, les activités de l'équipe de hockey, et ils contribuent au développement communautaire.
Ces organisations jouent un rôle essentiel, mais vous exigez qu'elles emploient « au moins deux journalistes qui n'ont aucun lien de dépendance avec l'organisation pour produire son contenu »... Le propriétaire remplit souvent les fonctions de directeur. Ce n'est pas seulement le propriétaire, mais le photographe et le rédacteur. La quasi-totalité des organisations qu'on pourrait nommer n'ont qu'un seul reporteur, peut-être deux, mais souvent, c'est aussi le photographe.
Par conséquent, aucune des publications hebdomadaires dans ma circonscription ne bénéficiera de la mesure, car elles ne répondent pas à vos critères. Ces journaux, ces publications hebdomadaires, sont l'épine dorsale de toutes les collectivités dans ma circonscription.
J'étais abonné au Calgary Herald il y a quelques années, mais plus maintenant, car il ne couvre pas les localités de ma circonscription. Je suis loin d'être le seul. Ces hebdomadaires sont absolument essentiels, et souvent, leur propriétaire joue également le rôle de directeur, de photographe et de reporteur.
L'un des propriétaires-directeurs à qui j'ai parlé m'a dit: « Vous voulez sauver la presse écrite. Il fut un temps où le gouvernement fédéral passait des annonces dans les journaux, mais plus maintenant. Tout se fait sur les médias sociaux. Le gouvernement fédéral pourrait recommencer à faire de la publicité dans la presse écrite. Vous avez privé les publications hebdomadaires de leurs recettes publicitaires. » Il a dit: « Cette source de recettes ferait une différence. »
D'un côté, vous voulez stimuler la presse écrite, les grandes chaînes de journaux, qui sont peut-être en déclin, mais vous affirmez qu'il faut les aider. De l'autre côté, cependant, vous retirez l'aide offerte aux hebdomadaires qui forment l'épine dorsale de nos collectivités.
Vous dites que l'organisation doit avoir deux reporteurs distincts. Pas une seule des publications hebdomadaires dont j'ai parlé, même pas le Brooks Bulletin, ne sera admissible à cause de ce critère-là. Elles appartiennent au directeur de la rédaction. Les directeurs sont aussi les propriétaires de ces publications hebdomadaires. On ne peut pas les délier; ils font partie intégrante de leur organisation.
C'est ce qu'on me demande quand je rencontre les dirigeants des hebdomadaires dans ma circonscription. Ils me disent: « Le gouvernement fédéral devrait recommencer à passer des annonces dans les journaux comme il le faisait auparavant. On va soutenir les grands quotidiens, mais on a retiré toutes les publicités et tout le soutien qu'on accordait aux hebdomadaires. » C'est difficile.
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Oui, merci beaucoup d'avoir posé la question. C'est une priorité, pas juste pour moi, mais pour tous mes collègues, pour l'ensemble du gouvernement et pour les employés de mon ministère. Si vous me le permettez, j'aimerais parler un peu plus longuement de la lutte contre le racisme.
Comme vous le savez sans doute, il existait auparavant une stratégie de lutte contre le racisme, mais le précédent gouvernement s'en est débarrassé. Nous avons décidé qu'elle méritait d'être rétablie. Pourquoi? Parce que nous constatons une recrudescence du racisme et de la discrimination. Les médias sociaux véhiculent beaucoup d'idées fâcheuses. Il faut que ça cesse. Il faut lutter contre le racisme, mais on ne peut y arriver simplement en claquant des doigts. Il faut travailler à court terme, à moyen terme et à long terme, mais il faut commencer quelque part, et c'est ce que nous faisons.
Au cours des derniers mois, nous avons tenu 22 audiences sur la question de l'élaboration d'une stratégie partout au Canada. J'ai participé à la plupart d'entre elles. Mes secrétaires parlementaires étaient présents, ainsi que de nombreux députés et ministres. En tout et pour tout, il y a eu 600 participants issus de 400 groupes différents. Nous sommes passés dans votre province à quelques reprises.
Ces consultations nous ont amenés à dresser cette stratégie nationale de lutte contre le racisme, pour laquelle nous avons réussi à obtenir 45 millions de dollars dans le budget, ou 15 millions de dollars par année sur trois ans. Je serai ainsi en mesure... Je ne suis pas vraiment encore en mesure de vous révéler les détails de la stratégie, mais je peux vous dire que la lutte contre le racisme dans ses diverses formes, la lutte contre le racisme systémique, entend nécessairement des mesures sur plusieurs fronts; c'est justement ce que prévoit la stratégie.
Elle prévoit également — et je peux en parler, car il en est question dans le budget — la création d'un secrétariat au sein du ministère du Patrimoine qui coordonnera les initiatives à l'échelle du gouvernement. Plus que « coordonner », le mot que j'utilise toujours et que je préfère est « leadership ». Nous voulons avant tout être proactifs. Nous voulons faire preuve de leadership, veiller à la conformité au sein des divers ministères et nous assurer que les choses bougent, parce que c'est quelque chose d'important à faire pour notre pays, pour nos enfants et pour nos petits-enfants.
Je suis très fier du travail que nous avons accompli jusqu'à présent, et j'ai hâte de pouvoir annoncer la stratégie nationale de lutte contre le racisme.