Je m'appelle Corrie Jackson, et je suis conservatrice d'art senior à la RBC. Je suis responsable de superviser et de gérer la collection d'art de la RBC, ce qui comprend l'acquisition et l'installation d'oeuvres d'art à l'échelle mondiale.
La RBC soutient activement le travail d'artistes canadiens vivants et collectionne des oeuvres d'art depuis 1929. Même si un grand nombre de nos acquisitions concernent des oeuvres d'artistes émergents — dont nous soutenons souvent le travail avant qu'ils trouvent un soutien essentiel auprès des grands musées ou établissements —, nous cherchons aussi à collectionner des oeuvres d'artistes de générations différentes qui nourrissent des conversations importantes et qui sont les mentors de la prochaine génération d'artistes.
Chez RBC, nous reconnaissons le rôle important que les arts jouent pour soutenir des collectivités dynamiques et des économies fortes. Nous comprenons aussi que le soutien des arts crée, pour de nombreux artistes prometteurs, des occasions de s'engager à l'égard de leur métier et d'amener leur carrière à l'étape suivante. C'est pourquoi la RBC s'est donné comme priorité d'aider la prochaine génération d'artistes à faire avancer leur carrière. Notre stratégie donne l'occasion de mieux faire connaître le paysage artistique dynamique et diversifié du Canada.
Voici quelques exemples du soutien des arts accordé par la RBC.
Les responsables du projet Artistes émergents RBC, qui est supervisé par la Fondation RBC, se sont engagés à soutenir les jeunes artistes lorsqu'ils terminent leurs études et se dirigent vers la pratique professionnelle. La Fondation RBC s'associe à des établissements pour soutenir des programmes de mentorat qui aident les jeunes artistes en début de carrière. Ce soutien est essentiel lorsque les jeunes créateurs quittent l'école et cherchent à se faire valoir auprès de leurs pairs. Depuis ses débuts, le projet Artistes émergents RBC a aidé plus de 8 000 artistes issus d'un éventail de disciplines et a permis d'investir plus de 70 millions de dollars dans des organisations artistiques du monde entier.
Mentionnons aussi le Concours de peintures canadiennes RBC. Créé en 1999, il vise principalement à aider les artistes visuels émergents en leur fournissant une tribune nationale pour afficher leurs oeuvres et en leur ouvrant des portes vers des possibilités futures. En plus d'un prix en argent, les artistes reçoivent du soutien et du mentorat. Chaque année, les oeuvres de notre lauréat national et de deux gagnants d'une mention honorable sont ajoutées à la collection d'oeuvres d'art de la RBC que je supervise.
Nous nous associons à la Canadian Art Foundation pour nous assurer que ces jeunes artistes reçoivent aussi du mentorat d'un jury composé d'éminents experts en art à l'échelle nationale et internationale. Nous nous sommes associés à des organisations comme CARFAC pour aussi faire en sorte que ces jeunes artistes reçoivent un accès à l'information sur la rémunération des artistes, le droit d'auteur et les droits d'un artiste.
La collection d'oeuvres d'art de la RBC est composée de plus de 4 500 oeuvres d'artistes canadiens. Lorsqu'elle collectionne des oeuvres, la RBC est consciente du fait qu'elle soutient une pratique et que ce soutien fait partie d'un échange actif. Les oeuvres dont nous faisons l'acquisition proviennent de galeries du marché primaire commercial et aident à financer le temps en studio qui permet la préparation des prochaines expositions et la parution de publications, en plus de permettre aux artistes de continuer de participer, de réfléchir et de produire.
Nous collectionnons des oeuvres d'art en sachant qu'un marché actif au Canada peut renforcer le dynamisme de nos collectivités. Plus notre communauté artistique est forte à l'échelle nationale, plus nous participons étroitement à la création d'une culture qui profite de l'expérience novatrice et enrichissante que l'art nous apporte tous.
Après avoir travaillé dans des galeries commerciales et universitaires, j'ai été attirée par ce poste personnellement, car je voulais voir les répercussions uniques et directes que les activités de collection d'une entreprise peuvent avoir sur le gagne-pain des artistes. Une collection qui s'enrichit de façon active permet de rémunérer les artistes pour leur travail, leur recherche, leur temps et leurs réflexions, et cela transparaît dans une oeuvre d'art. Cette occasion est importante et considérable. Le marché primaire canadien peut avoir une portée limitée, et l'incidence de la collection d'oeuvres par les entreprises n'est pas négligeable.
Lorsque je réfléchis à notre responsabilité à l'égard du soutien des artistes, je pense souvent à une étude en cours que j'ai lue récemment, intitulée « Waging Culture », qui provient de l'Université York. C'est un petit échantillon et sa portée est assez limitée, mais elle offre de l'information qui vient appuyer, à mon avis, des sentiments que j'ai entendus lorsque j'ai parlé à des artistes de partout au pays.
L'étude examine les expériences typiques d'un artiste professionnel qui travaille au Canada. Je tiens à insister sur le fait que c'est une étude portant sur les artistes qui produisent activement des oeuvres et qui contribuent à des dialogues culturels, en présentant leurs oeuvres dans des musées et des établissements. Ce sont des artistes professionnels, mais ils ne vivent pas nécessairement de la vente et de la présentation de leurs oeuvres seules. Ils occupent souvent d'autres emplois. Ils visent et s'engagent à produire des oeuvres qui présentent de nouveaux points de vue dans nos collectivités.
L'étude est vaste et elle aborde un grand nombre des difficultés auxquelles les artistes font face. Toutefois, elle nous aide aussi à comprendre comment nos acquisitions influent sur le gagne-pain des artistes. D'après l'étude, le revenu médian des artistes au Canada, selon leur pratique artistique, provient à 40 % des ventes, à 40 % des subventions et à 20 % des cachets des artistes, comme le revenu de droit d'auteur. Le revenu annuel des artistes provenant de toutes les sources, y compris de leur emploi, est d'environ 21 000 $.
En 2007 et en 2012, toutefois, l'étude a révélé que les artistes ne tirent pas de profit de leur pratique. En 2007, le revenu médian de la pratique a accusé une perte d'environ 500 $, et, en 2012, il a augmenté d'environ 400 $. En moyenne, le salaire horaire des artistes était de moins de 2 $. Cela nous donne l'occasion de réfléchir au fait que ce sont souvent les artistes eux-mêmes qui financent activement la production d'oeuvres d'art au Canada.
Les efforts de soutien des arts de la RBC font partie de sa culture organisationnelle. Les conversations suscitées par les oeuvres d'art dans notre collection stimulent les échanges novateurs et dynamiques entre nos clients et nos employés. À mesure que nous continuons de soutenir les arts visuels, nous cherchons à mieux comprendre et à renforcer nos relations avec les organisations d'arts visuels de l'ensemble du Canada et à comprendre notre incidence au sein du grand marché d'art canadien et international et de la communauté des arts visuels dans son ensemble. Nous continuons de chercher à soutenir les diverses conversations stimulées par les arts visuels.
Merci de votre attention. Je serai heureuse de répondre aux questions du Comité.
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Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Glenn Rollans, et je suis président de l'Association of Canadian Publishers, connue sous le nom d'ACP, et copropriétaire et éditeur de Brush Education, à Edmonton. Je suis accompagné de Kate Edwards, directrice générale de l'ACP.
Nous soulignons que nous nous réunissons aujourd'hui sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin Anishinabe.
L'ACP représente près de 120 éditeurs de propriété canadienne situés partout au pays qui publient des livres surtout en langue anglaise, de tous les genres, et pour des lecteurs du monde entier. Nous sommes des investisseurs en capital risque dans les livres et des partenaires créatifs. Nous ne sommes pas des imprimeurs. Nous occupons, dans le monde des livres, le rôle qu'ont les producteurs dans le monde du cinéma. Les lecteurs peuvent acheter nos oeuvres, ou nous pouvons leur accorder une licence en vertu de licences directes ou collectives, dans les médias numériques et imprimés. Nous générons un revenu important pour les auteurs, les éditeurs, les concepteurs, les illustrateurs, les photographes et d'autres professionnels créatifs, et nous sommes des professionnels créatifs à part entière.
La modification de 2012 apportée à la Loi sur le droit d'auteur du Canada nous a fait du tort. En particulier, elle a ouvert la porte à la reproduction non rémunérée systématique et répandue dans les secteurs de l'éducation, de l'école maternelle jusqu'aux établissements postsecondaires du Canada. Les deux modifications les plus à l'origine de ce changement sont l'inclusion de l'éducation comme objet d'utilisation équitable et la réduction des dommages-intérêts, soit les sanctions prévues pour une violation précisée dans la loi.
Enhardi par ces modifications, le secteur de l'éducation dans l'ensemble du Canada, à l'exception du Québec, a abandonné les licences collectives et a cessé de payer les tarifs obligatoires de la Commission du droit d'auteur. Il a plutôt décidé de mettre en oeuvre de nouvelles politiques avisant les employés et les étudiants que toutes les reproductions, dans les limites des anciennes licences et des anciens tarifs, étaient maintenant accessibles gratuitement. Les nouveaux dommages-intérêts ne les ont même pas ralentis. Nos membres ont été choqués d'apprendre que la seule différence importante entre la nouvelle politique et les anciennes licences et les anciens tarifs, c'était que les éditeurs et les auteurs ne seraient plus rémunérés.
Ce piège cynique se révélait exactement contraire à ce que le secteur de l'éducation avait promis de faire durant les consultations préalables aux modifications. En ouvrant la porte à des utilisations non rémunérées répandues de nos oeuvres, ces modifications ont créé une menace à l'existence des auteurs et des éditeurs canadiens indépendants.
Ne vous trompez pas: elles ont aussi soulevé la question urgente de la liberté d'expression. Si notre Loi sur le droit d'auteur mène à un Canada où les seuls auteurs et éditeurs qui peuvent gagner leur vie sont ceux qui reçoivent un salaire en établissement et ceux qui sont à la poursuite de publicités sur Internet, elle aura fait taire des voix canadiennes importantes et indépendantes.
Des éditeurs canadiens indépendants éprouvent des difficultés dans un marché national dominé par des médias appartenant à des intérêts étrangers. Par comparaison, nous sommes de petits entrepreneurs; pourtant, nous publions 80 % de tous les titres d'auteurs canadiens. Nos membres publient des auteurs qui pourraient autrement passer sous silence et qui possèdent des voix diversifiées, marginalisées et émergentes. En compromettant leur gagne-pain, les modifications de 2012 ont encouragé l'exploitation et la suppression de ces auteurs. Ils ont aussi fait en sorte qu'il est maintenant moins possible pour les éditeurs de prendre des risques en soutenant les oeuvres de ces auteurs et en trouvant leur public.
À la suite du comportement provoqué par la loi de 2012, notre secteur a perdu des revenus de reproduction s'élevant à environ 30 millions de dollars par année, comme l'a déterminé l'étude de PwC de 2015. Nos ventes de livres ont également souffert, en raison de la grande portée des dispositions de la loi donnant droit à la libre reproduction. L'étude de 2015 — que nous avons, je crois, fournie au greffier — a bien résisté à l'examen minutieux de 2017 de la Cour fédérale du Canada.
Ces changements ont aussi été contraires aux engagements internationaux du Canada en vertu des conventions et des traités sur le droit d'auteur. Les utilisateurs étrangers paient maintenant plus cher les auteurs et les éditeurs canadiens pour la reproduction de leurs oeuvres que ce que paient les Canadiens. En ne limitant pas la reproduction à son secteur de l'éducation, le Canada s'est présenté comme une exception parmi les pays développés. Nous sommes devenus un pilleur des oeuvres publiées qui n'a pas la volonté nécessaire pour soutenir leur création, plutôt qu'un créateur confiant de propriété intellectuelle dans une économie du 21e siècle.
La Loi sur le droit d'auteur devrait défendre les créateurs canadiens contre les grands utilisateurs d'oeuvres protégées par droit d'auteur qui utilisent systématiquement notre travail gratuitement. L'économie ne justifie pas le vol. Rien ne justifie que l'on traite les auteurs et les éditeurs du Canada comme des fournisseurs non rémunérés.
Le secteur de l'éducation fait valoir que les statistiques révèlent que le secteur canadien de l'édition de livres se porte bien, malgré la reproduction non rémunérée. En fait, il s'agit carrément d'une déclaration erronée des faits. Je vous presse d'examiner l'information que nous avons fournie au greffier et de remettre en question, de manière rigoureuse, de telles déclarations.
Les pertes attribuables au rejet par le secteur de l'éducation des licences d'Access Copyright et des tarifs de la Commission du droit d'auteur varient selon les éditeurs, mais en ce qui concerne ma propre entreprise, ces pertes directes se sont élevées à environ 5 % des revenus. Si on les associe à nos occasions moins nombreuses de vendre des livres et aux minces marges dans l'édition de livres, cela a eu d'énormes répercussions sur notre croissance et nos activités. Chez les éditeurs canadiens indépendants, la perte de même 1 % des revenus signifie la perte d'emplois, des titres non publiés, la perte d'occasions pour les étudiants d'aujourd'hui de travailler dans notre secteur et la perte de contributions à l'éducation, à la culture et aux collectivités canadiennes.
Le secteur de l'éducation soutient aussi que les utilisateurs d'oeuvres protégées par droit d'auteur sont lésés lorsque les créateurs sont protégés. Je vous prie de rejeter cette prémisse sous toutes ses formes. Les droits que vous protégez pour mes collègues et moi ne sont pas retirés à qui que ce soit. Ils sont protégés pour tout le monde, et le fait de les protéger profite à tous les Canadiens.
Le renouvellement des licences du secteur de l'éducation n'est pas compliqué. La seule chose que le secteur de l'éducation doit changer, c'est son attitude à l'égard de ce qui est juste. Le secteur de l'éducation du Québec détient une licence complète en vertu de licences collectives, tandis que le secteur de l'éducation dans le reste du Canada ne détient pratiquement aucune licence. Cela signifie que les auteurs et les éditeurs canadiens sont rémunérés lorsque leurs oeuvres sont reproduites au Québec, mais pas ailleurs au Canada. C'est simplement inacceptable dans notre fédération. La solution facile, pratique et abordable, c'est que le secteur de l'éducation du reste du Canada signe des contrats de licences collectives — mais il semble avoir besoin de votre encouragement pour le faire.
Nous avons été déçus d'apprendre hier que le plan du gouvernement concernant la réforme de la Commission du droit d'auteur ne va pas traiter des dommages-intérêts pour notre secteur. C'est une occasion ratée d'encourager le respect à l'égard des décisions de la Commission du droit d'auteur et de créer un incitatif pour que toutes les parties reviennent à la table de négociation. À moins que cette omission soit réexaminée, les tarifs obligatoires demeureront impayés, et les préjudices pour notre secteur continueront d'augmenter.
Je dois dire clairement et franchement que, si vous n'aviez pas l'intention de causer de préjudice — le préjudice qui existe maintenant depuis plusieurs années —, vous devez y mettre fin et le renverser. Nous invitons le Comité à trouver le courage de dire non à l'approche à courte vue adoptée par le secteur de l'éducation, qui détruit vraiment le gagne-pain des auteurs et des éditeurs canadiens, et qui va à l'encontre, en fait, des intérêts des enseignants, de leurs élèves et de tous les Canadiens.
Veuillez restaurer un marché juste où les éditeurs de livres canadiens indépendants peuvent gagner leur vie et continuer d'apporter leurs contributions importantes à d'autres professions créatives et à notre pays.
Nous intégrerons dans notre mémoire notre série complète de recommandations.
Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs. Nous sommes impatients de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je m'appelle William Huffman, et je représente la West Baffin Eskimo Co-operative. Le mandat de notre organisme est très large. Entre autres choses, nous nous occupons de la gestion des droits d'auteur et des autorisations pour les artistes inuits de la région.
Je vais vous présenter brièvement notre organisme, pour vous donner une idée de qui nous sommes. La West Baffin Eskimo Co-operative est la plus ancienne et la plus prospère des coopératives de l'Arctique. Nous faisons partie d'un réseau qui s'étend dans tout le Nord. L'organisme a été créé en 1959 dans le but de fournir des ressources aux artistes inuits travaillant dans la collectivité. Depuis le tout début, la coopérative s'est efforcée de rendre possible l'art inuit emblématique de Cape Dorset. La création et la vente d'oeuvres d'art inuites est l'industrie locale la plus importante et la plus rentable de la région.
Cape Dorset est une ville du Nunavut, située à environ 2 091 kilomètres au nord d'ici. Le siège social de notre organisme se trouve à Cape Dorset, et un bureau satellite, où je travaille, a été ouvert au centre-ville de Toronto en 1976.
Nous sommes un organisme communautaire: 90 % des 1 400 habitants de Cape Dorset sont actionnaires. Les profits sont redistribués annuellement à la collectivité sous forme de dividendes.
Nos activités dans le domaine du droit d'auteur consistent à gérer les droits d'auteur et les autorisations de reproduction au nom des artistes de Cape Dorset ou de leur succession. Nous avons établi un système fondé sur la délégation de pouvoir et la nomination d'un agent, et nous négocions avec chaque artiste ou avec le représentant de la succession. Nous nous occupons uniquement de notre collectivité. Aucun autre organisme de l'Arctique canadien ne possède un système aussi sophistiqué que celui de Cape Dorset.
Je devrais mentionner, aux fins de la discussion d'aujourd'hui, que je reçois fréquemment à mon bureau, puisque nous sommes des experts du droit d'auteur et des autorisations, des demandes d'artistes vivant dans d'autres collectivités. Cela illustre bien à quel point nos créateurs de l'Arctique canadien ont besoin de ce genre d'infrastructure spécialisée.
Toute personne ou entité qui souhaite reproduire, en tout en ou en partie, quelque chose ressemblant à une oeuvre d'art d'un artiste de Cape Dorset doit d'abord demander l'autorisation de notre coopérative. Notre bureau a travaillé avec tout un éventail d'intervenants, des musées au gouvernement en passant par des galeries d'art et des entreprises.
Je veux aussi souligner, aux fins de la discussion d'aujourd'hui, que, relativement au droit d'auteur et aux autorisations, nous entretenons des liens entre autres avec la Banque du Canada, la Monnaie royale canadienne, Postes Canada, le Musée des beaux-arts du Canada, le Conseil des Arts du Canada, Affaires autochtones et du Nord Canada et Affaires mondiales Canada.
Nos spécialistes du droit d'auteur et des autorisations examinent les demandes relatives à l'utilisation des oeuvres et doivent approuver le format et la qualité de leur reproduction ou de l'utilisation. Lorsque la coopérative perçoit une redevance d'utilisation, ce qui arrive souvent, elle utilise le barème des droits du Front des artistes canadiens, une société de gestion des droits d'auteur. Les redevances sont ensuite versées, moins des frais administratifs égaux à 20 %, à l'artiste ou à sa succession. Cela s'applique autant aux impressions qu'aux images diffusées en ligne et englobe les publications, les activités publicitaires et la vente de marchandises, de la tasse à café aux magazines en passant par les parapluies et les catalogues d'exposition.
La plupart du temps, les gens sont proactifs et envoient à mon bureau des demandes liées aux droits d'auteurs ou autorisations. Ensuite, nous travaillons en étroite collaboration avec ces personnes ou ces organisations. Dans d'autres cas, on nous signale ou nous découvrons qu'une image est utilisée sans autorisation, et nous essayons alors de percevoir les droits de reproduction et autres frais applicables. Lorsque cela arrive, nous arrivons habituellement à percevoir les droits et à éviter une mauvaise utilisation de l'image. Malheureusement, notre capacité de faire respecter notre droit d'auteur et nos autorisations dans le monde entier est limitée.
Au cours de l'exercice 2017-2018, nous avons perçu 137 466,78 $ en droits d'auteur et en droits d'autorisations et nous avons versé 109 973,73 $ aux artistes de Cape Dorset et à leur succession.
Si vous vous demandez pourquoi nous exécutons ce programme, sachez qu'il y a toutes sortes d'artistes à Cape Dorset, de celui qui vient de créer sa première oeuvre jusqu'aux créateurs plus âgés. De nombreux artistes n'ont pas le téléphone ni d'accès Internet chez eux, ce qui leur cause des problèmes. Tous ont l'inuktitut comme langue maternelle, et il n'est pas rare que les artistes plus âgés ne parlent pas d'autre langue. Beaucoup de nos artistes ne possèdent pas non plus de comptes bancaires, et ne peuvent donc pas recevoir de paiements d'une façon que l'on pourrait considérer comme normale.
Vous vous imaginez donc à quel point il peut être compliqué et difficile pour nos artistes de comprendre, dans des conditions que l'on considérerait, encore une fois, comme normales, le programme de droits d'auteur et d'autorisations et de s'y retrouver. Le mode de gestion et la structure du programme de droits d'auteur et d'autorisations de la West Baffin Eskimo Co-operative font que les artistes touchent des bénéfices financiers lorsque leurs oeuvres sont utilisées et aussi que l'intégrité de l'oeuvre originale est protégée par la réglementation et les restrictions relatives aux reproductions et à l'utilisation.
Pour conclure, je veux dire que la structure unique de notre organisation et notre compréhension collective des artistes inuits de Cape Dorset nous ont permis d'acquérir, pour servir nos membres, une expertise unique dans la gestion du droit d'auteur.
Merci.
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Oui, très rapidement. Nous recommandons de clarifier la notion d'utilisation équitable à des fins d'éducation, ce qui supposerait, essentiellement, d'informer le milieu de l'éducation qu'il a besoin d'une licence s'il veut tirer pleinement parti des zones grises de la Loi sur le droit d'auteur, plutôt que de s'approprier le droit de copier. Il faut à nouveau promouvoir l'obligation d'obtenir une licence des sociétés de gestion des droits d'auteur. Si on détient une licence, on peut utiliser l'oeuvre à toutes sortes de fins, par exemple, la reproduire numériquement ou physiquement, ce qui ne serait pas autrement autorisé.
Il faut augmenter le montant préétabli des dommages-intérêts. Présentement, le montant maximal des dommages-intérêts prévus par la loi est égal à ce que devrait débourser une organisation, par exemple une université, pour obtenir une licence. Cela veut dire que, même si vous n'obtenez pas de licence, ce que vous allez devoir payer ne dépasse pas ce que vous auriez payé de toute façon. C'est un peu comme si le montant d'une contravention de stationnement était égal aux frais de stationnement. Personne ne paierait les frais, puisqu'une personne qui se ferait prendre de temps en temps n'aurait qu'à payer le coût du stationnement. Il faut prendre des mesures pour encourager les gens à obtenir une licence et les décourager d'enfreindre la loi.
Nous recommandons que le Canada respecte ses obligations découlant des traités internationaux et s'assure que nos lois sont en conformité avec les normes internationales, en particulier le test en trois étapes. Essentiellement, l'utilisation à grande échelle devrait seulement être permise dans des circonstances spéciales, tout comme cela devrait être le cas pour les exceptions et les restrictions. Cela ne devrait pas interférer avec l'exploitation normale d'une oeuvre, pas plus que cela ne devrait nuire aux intérêts de l'auteur ou du titulaire du droit d'auteur. Pour l'instant, la loi n'est pas conforme à ce test.
Notre cinquième recommandation est de promouvoir le bon fonctionnement de la Commission du droit d'auteur. Comme je l'ai dit, nous avons vécu une grande déception hier, en particulier en apprenant que le gouvernement n'avait pas proposé d'augmenter le montant préétabli des dommages-intérêts pour notre secteur.
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Bien sûr. J'en serais ravie.
Notre service de conservation travaille avec des musées et des galeries des quatre coins du Canada. J’ai accès à un réseau de conservateurs et d’experts de tout le Canada qui travaillent sur des expositions ou d’autres programmes. Cependant, les galeries commerciales du marché primaire, les galeries qui représentent des artistes vivants, sont notre point de liaison principal pour les acquisitions. Elles envoient souvent des gens dans les studios pour examiner les oeuvres produites.
Lorsque ces artistes exposent, on nous envoie un courriel ou un PDF, ou encore nous allons voir l'exposition en personne. Habituellement, nous faisons des recherches préalables sur le travail antérieur de l'artiste, et nous examinons aussi les expositions, publications et événements marquants à venir auxquels il doit participer. Nous nous appuyons sur ce genre de renseignements pour nos décisions d'acquisition.
Quand nous travaillons avec de jeunes artistes, une grande partie du travail consiste à surveiller ce que les conservateurs de la collectivité font pour soutenir leur art, à prendre le temps d'observer ce qu'ils font et à interagir avec eux. Les centres d'art autogérés sont bien évidemment une étape énorme à franchir pour les artistes émergents, alors nous faisons en sorte de nous tenir au courant de ce qui se fait dans les centres d'art autogérés du pays et de leurs programmes.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie tous d'être ici.
Tout d'abord, madame Jackson, j'aimerais vraiment vous féliciter pour ce que vous venez de nous présenter et pour le rôle de la Banque Royale, dont je n'étais pas au courant. C'est un merveilleux exemple de soutien aux créateurs, contemporains de surcroît, ce qui est particulièrement intéressant. Je vous en remercie sincèrement.
J'aimerais parler maintenant des artistes de Cape Dorset. Lors de la dernière législature, l'un des députés libéraux, , a déposé son projet de loi, le projet de loi , proposant de modifier la Loi sur le droit d'auteur en ce qui a trait au droit de suite en arts visuels. Ce projet de loi n'a pas abouti. Aujourd'hui, alors qu'on parle beaucoup de la réconciliation nécessaire avec les peuples autochtones, je trouve que l'absence de droit de suite en arts visuels constitue un exemple criant de laxisme canadien.
Je résume pour mes collègues ce dont il s'agit. Prenons l'exemple d'un artiste encore peu connu — peut-être un peu comme ceux dont la Banque Royale expose les créations — et qui vend son oeuvre à bas prix ou qui accepte la première offre qui lui paraît raisonnable. Son oeuvre finit par prendre de la valeur et se revend des centaines de milliers de dollars. Sans droit de suite, l'artiste n'en profitera pas et restera pauvre toute sa vie.
L'exemple est criant dans le cas des Premières Nations et de Cape Dorset. Je me dois de vous rappeler le cas de Mme Pootoogook, dont le corps a été retrouvé dans la rivière Rideau, ici à Ottawa, ville où elle vivait pauvre, malade et désespérée. Cela ne serait peut-être pas arrivé si elle avait reçu une rémunération intéressante pour ses oeuvres, par exemple de votre coopérative de Cape Dorset, monsieur Huffman.
Ne croyez-vous pas que nous devrions rapidement créer ce droit de suite, peut-être même dans le contexte de la révision de la Loi sur le droit d'auteur?
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Je vous en serais très reconnaissant.
[Français]
Ma prochaine question s'adresse à Mme Edwards et à M. Rollans.
Vous avez fait état d'une situation liée à l'utilisation équitable. Je souhaite ici rappeler qu'un ancien vice-président conservateur de ce comité, M. Van Loan, a déjà clairement indiqué qu'il s'était senti arnaqué par le milieu de l'éducation, lequel avait selon lui exploité l'intention du gouvernement à outrance partout au Canada sauf au Québec. Par conséquent, j'aimerais beaucoup que nous recevions vos recommandations le plus tôt possible. Si elles n'existent qu'en anglais, serait-il quand même possible de nous les distribuer? Ce sont des recommandations précises.
Comme vous le savez, je suis souvent très critique de la façon dont nous avons partagé l'étude de la révision du droit d'auteur entre deux comités. Mon collègue M. Breton a eu la brillante idée de vous demander ce dont il retournait. Ce manque de synchronisation des deux visions est malheureux. Cela crée des délais et c'est extrêmement déroutant.
J'aimerais donc que vous nous fassiez parvenir vos recommandations, et je souhaite vous demander ce qui suit. Selon vous, puisque l'éducation est fondamentalement une responsabilité provinciale, le gouvernement fédéral ne s'est-il pas ici immiscé dans un dossier qui ne relevait pas de sa compétence en jugeant bon de réaliser des économies sur le dos des créateurs? Ne croyez-vous pas qu'il y aurait lieu de motiver les provinces à s'impliquer davantage et à faire respecter les justes droits des créateurs et des auteurs?
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Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins de ce matin.
Permettez-moi une brève parenthèse au sujet d'une autre industrie, ou plutôt d'un sport.
J'ai un fils qui faisait du motocross, et il a parcouru le pays. Ceux qui faisaient du motocross offraient du divertissement. Ils inspiraient les jeunes. Ils attiraient des milliers et des milliers de gens lors de ces événements. Ils étaient tous affamés et dormaient sur des canapés. Ils volaient de la nourriture. En fait, ils devaient payer pour prendre part à ces événements. Les spectateurs payaient pour aller les voir. C'était vraiment étrange. Le monde du motocross a changé quand des sociétés du Canada sont intervenues davantage. Les sociétés ont vu la valeur de cette participation.
Quant à vous, madame Jackson, je tiens tout d'abord à féliciter la Banque Royale du Canada de ce qu'elle a fait à l'échelle du pays. Certes, le projet d'artistes émergents est fantastique. La Banque Royale du Canada est manifestement une figure de proue.
Pouvez-vous nous dire à quel point il est important que les grandes sociétés du Canada jouent un rôle, qu'elles aident? Plus j'en apprends à ce comité, plus l'expression « artistes affamés » prend une toute nouvelle signification. Quel autre rôle ou rôle plus grand les sociétés peuvent-elles jouer? À quel moment la Banque Royale du Canada a-t-elle compris cela?
:
D'accord. J'aimerais parler des sociétés et des philanthropes dans le domaine. C'est formidable. La CBC annonçait tous ces prix littéraires la semaine dernière, et l'un des animateurs, si l'on veut, a dit qu'il y avait peut-être trop de prix pour notre marché. Je pense que c'est absurde, mais voilà ce qui est pernicieux: c'est d'avoir tous ces prix venant de sociétés et de philanthropes, mais pourtant, les artistes ont de la difficulté à se faire connaître, car il y a de moins en moins de maisons d'édition.
Aujourd'hui, The Red Word de Sarah Henstra s'est mérité le Prix littéraire du Gouverneur général. Mais l'auteure a eu de la difficulté à faire publier le livre, car il porte sur le sujet très sensible des agressions sexuelles sur les campus. C'est le livre qui a gagné le Prix littéraire du Gouverneur général, et il a failli ne pas être publié, car il n'y a pas assez d'éditeurs prêts à prendre un risque. C'est un problème.
Glenn, voici ma question. Je crois comprendre que l'utilisation équitable s'est avérée être tout à fait injuste. Je n'utiliserai pas le mot « trahison », mais certains de vos collègues l'ont fait. Ce que j'ai entendu, c'est une sérieuse régression de l'intention du domaine de l'éducation de cette nature. Qu'est-ce que cela signifie pour ce que je qualifierais non seulement de contenu spécialisé, mais de contenu régional important dans le milieu de l'éducation?
Je suis un député ouvertement gai et francophone de l'Ouest et j'ai aussi des origines autochtones. Je veux qu'on raconte ces histoires. Que signifie le manque d'éditeurs et que représente ce cadre pour les perspectives régionales des membres de la communauté LGBTQ2, des Autochtones et des francophones dans l'Ouest, dans l'Atlantique ou dans le Nord? Allons-nous seulement voir le point de vue des États-Unis, de l'Europe et de l'Ontario? Vais-je apprendre des choses extraordinaires au sujet du Québec
[Français]
mais dans l'Ouest du Canada
[Traduction]
au lieu d'apprendre de
[Français]
la communauté francophone de l'Ouest canadien?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les membres du Comité de nous avoir invités aujourd'hui.
Je vais faire ma présentation surtout en anglais, avec quelques petits paragraphes en français. Je travaille pour une association nationale dont les membres sont principalement au Canada. Je travaille donc beaucoup en anglais, mais je fais tout dans les deux langues officielles au quotidien.
[Traduction]
En réponse au mandat du Comité, la Conférence des collectifs et des centres d'artistes autogérés, l'ARCA, qui est représentée par moi-même et Jason Saint-Laurent, est reconnaissante de pouvoir comparaître devant vous pour aborder les modèles de rémunération du point de vue unique des centres d'art autogérés, aussi connus comme les CAA — une infrastructure regroupant 180 organisations réparties dans tout le Canada. Les CAA offrent de multiples points d'accès aux arts tant aux professionnels du domaine des arts qu'au public.
Les centres d'art autogérés sont des organisations sans but lucratif régies par les artistes. Ces centres soutiennent la production et la présentation publique de nouvelles pratiques novatrices et s'engagent à payer aux artistes la redevance minimale recommandée par le Front des artistes canadiens, qui est de 1 996 $ par exposition durant plus de quatre semaines en moyenne. En 2015-2016, les centres d'art autogérés ont présenté les oeuvres de plus de 4 000 Canadiens — artistes canadiens, devrais-je dire, mais ce sont aussi des Canadiens — à l'échelle du pays dans plus de 900 expositions fréquentées par quelque 1,5 million de visiteurs.
[Français]
Une étude statistique réalisée en 2010 par l'Observatoire de la culture et des communications de l'Institut de la statistique du Québec sur un échantillon d'artistes professionnels en arts visuels a déterminé que seul le tiers des artistes avait touché des droits d'auteurs, et ce, pour un montant annuel médian d'environ 890 $. Bien que cette source de revenus soit importante pour les artistes, elle est loin de fournir de quoi vivre.
[Traduction]
Il est impossible d'établir avec certitude le montant des redevances d'exposition payées aux artistes par les centres d'artistes autogérés avec le système actuel Données sur les arts au Canada — également connu sous le nom de CADAC —, car on ne fait aucune distinction claire entre les droits et les redevances dans les rapports financiers.
Comme les redevances représentent une faible proportion des revenus, les salaires et les honoraires sont une source importante de revenus pour les artistes. Les centres d'artistes autogérés travaillent activement à fournir une rémunération adéquate pour les conservateurs et le personnel administratif, dont la moitié sont également des artistes actifs. Cette main-d'oeuvre joue un rôle important dans l'intégration de nouvelles générations d'artistes et de travailleurs culturels en comblant l'écart entre l'enseignement supérieur, la pratique artistique professionnelle et la gestion de la culture.
En 2015-2016, seulement 77 des 180 centres d'artistes autogérés ont reçu du financement de base du Conseil des arts du Canada, ce qui représente moins de la moitié de nos membres. Avec des revenus totaux de plus de 21 millions de dollars, le budget de fonctionnement annuel moyen de ces 77 centres était de moins de 250 000 $. Environ 5,5 millions de dollars de ces revenus ont été payés en salaires et en honoraires professionnels, ce qui correspond à plus de la moitié des dépenses artistiques totales. Le reste était affecté aux coûts de production, aux projets spéciaux, aux publications, au perfectionnement professionnel, à la sensibilisation et à l'éducation. Seulement 35 % de l'ensemble des postes de travailleurs étaient à temps plein, et il y a eu une diminution de 2,7 % depuis 2010, probablement attribuable au nombre croissant de travailleurs autonomes et de travailleurs à temps partiel, pour lesquels nous n'avons que des données anecdotiques.
Les organisations fonctionnent systématiquement avec moins d'effectifs rémunérés que ce dont elles ont besoin.
La culture artistique autogérée tire parti d'une main-d'oeuvre hautement spécialisée et exceptionnelle. Les concepteurs, les réviseurs, les traducteurs, les techniciens — souvent des artistes eux-mêmes — sont des experts de la production de programmes. On encourage les artistes exposants à tenir des conférences publiques et à animer des ateliers en parallèle à leurs expositions. Cette main-d'oeuvre, qu'elle soit liée à la production ou à l'exposition, génère des revenus supplémentaires sous la forme d'honoraires. Le paiement de ces honoraires, toutefois, peut varier considérablement selon les budgets des organisations.
J'ai une proposition. Les données actuelles, malgré leurs lacunes, donnent à penser que la rémunération actuelle fondée sur les droits d'auteur ne permet pas d'offrir un salaire de subsistance aux artistes. Les centres d'artistes autogérés offrent actuellement des sources supplémentaires de revenus artistiques malgré des budgets restreints.
À la lumière de ce qui vient d'être présenté, nous demandons au Comité permanent du patrimoine canadien d'envisager de recommander ce qui suit au Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie.
D'abord, il faut établir un partenariat entre le ministère du Patrimoine canadien et Statistique Canada afin d'élaborer et de financer de nouveaux outils statistiques pour mieux évaluer le secteur complexe des arts visuels d'aujourd'hui en fonction d'indicateurs clés et suivre l'évolution des conditions socioéconomiques des artistes et des travailleurs culturels au fil du temps avec plus de détails que peut le faire actuellement le Compte satellite de la culture.
Ensuite, avant d'élaborer des programmes pour l'infrastructure des centres culturels — j'ai lu cela ce matin dans l'autobus, et c'est fantastique, en réalité; je vous remercie de votre travail — il faut examiner les défis actuels auxquels fait face le réseau canadien existant d'artistes autogéré, qui représente un éventail d'artistes, de conservateurs et d'agents voués à la promotion de l'art canadien à l'échelle locale, nationale et internationale depuis plus de 40 ans.
Enfin, l'ARCA est reconnaissante envers les députés du rôle qu'ils ont joué dans l'approbation de la mesure visant à doubler le budget du Conseil des arts du Canada. Au cours de la première série de résultats relatifs au financement de base depuis l'augmentation de 2017-2018, les centres d'artistes autogérés ont reçu en tout une augmentation de 30 %. On s'attend à d'autres augmentations après la deuxième série de demandes de cette année.
Merci.
[Traduction]
Bonjour à tous.
Je m'appelle Emmanuel Madan. Je suis artiste professionnel depuis 20 ans. Mes œuvres ont été exposées dans des galeries et des musées partout dans le monde ainsi qu'au pays. Depuis 2014, je suis également directeur de l'Alliance des arts médiatiques indépendants, ou l'AAMI. L'AAMI est la représentante nationale des secteurs canadiens du film indépendant, de la vidéo, de l'art numérique et de l'art sonore. Par l'entremise de 100 organisations membres se trouvant dans 10 provinces et 2 territoires, nous représentons plus de 16 000 artistes médiatiques indépendants et travailleurs culturels.
Toutefois, je ne suis pas ici aujourd'hui au nom de l'AAMI. On m'a demandé de témoigner pour le compte de l'Alliance pour les arts visuels, un grand consortium d'organisations artistiques nationales dont fait partie l'AAMI.
L'Alliance pour les arts visuels compte 14 organisations nationales de service aux arts, qui travaillent dans les domaines de l'art visuel, des arts médiatiques et des métiers d'art. Nos 14 groupes membres représentent des artistes, des conservateurs, des musées d'art, des centres d'artistes autogérés et des marchands d'oeuvres d'art. Nous existons depuis novembre 2007, lorsque nous nous sommes réunis pour la première fois lors d'un sommet national sur les arts visuels.
J'aimerais renchérir sur ce que vient de dire ma collègue Anne Bertrand. L'organisation qu'elle dirige, l'ARCA, est également membre de l'AAV.
J'ai suivi les délibérations du Comité et les témoignages des témoins précédents. Nombre d'entre eux ont parlé des immenses défis auxquels ils font face dans le nouvel environnement des droits d'auteur à la suite de la transformation numérique et de l'augmentation conséquente de la mobilité du contenu au-delà des frontières.
Ces énormes changements ne sont pas étrangers à ma propre organisation et à moi-même, car ils concernent principalement le contenu audiovisuel. Ils menacent profondément la viabilité du modèle existant visant à assurer une rémunération équitable et durable pour les créateurs.
Ce qui ressort pour nous à l'Alliance pour les arts visuels, c'est que, pour les artistes indépendants qui oeuvrent dans le domaine de l'art visuel contemporain et des domaines connexes, le modèle précédent n'a jamais été viable pour commencer, même avant les pressions actuelles sur le régime de droits d'auteur. C'est pourquoi nombre d'artistes contemporains ont tendance à se fier à un éventail de revenus pour joindre les deux bouts, comme cela a été souvent documenté, par exemple, dans le rapport « Waging Culture » de Michael Maranda, publié il y a quelques années.
Dans cette combinaison de revenus, certainement, les redevances d’exposition… Les redevances liées aux droits d’auteur font partie de cette combinaison, à tout le moins pour certains artistes, mais il en va de même pour nombre d’autres types de revenus provenant de la pratique d'un artiste, y compris les ventes d’œuvres, l’enseignement et les emplois professionnels liés aux arts. S'ajoutent à cette combinaison de revenus les mini-expositions, les contrats et une multitude d’emplois à temps partiel qui ne sont pas directement liés à la carrière artistique professionnelle d'un artiste. C’est ma propre expérience, et c’est aussi celle de nombreux artistes qui travaillent dans le domaine, que ce soit des artistes émergents, des artistes en milieu de carrière ou souvent même des artistes chevronnés et bien établis. Il faut souligner cette précarité. Comme je l’ai mentionné, cela date de bien avant la perturbation actuelle de l’environnement des droits d’auteur.
Nous estimons, à l'Alliance pour les arts visuels, que la solution au problème de rémunération pour les artistes professionnels et les créateurs de contenu, même si elle est certainement touchée par les changements apportés à l'environnement des droits d'auteur, ne peut pas consister exclusivement en une modification de la Loi sur le droit d'auteur. On doit plutôt prendre un ensemble de mesures plus holistiques afin de lutter efficacement contre la précarité socioéconomique systémique continue dont souffrent les artistes indépendants et les artistes professionnels au pays.
[Français]
En ce moment, deux comités se penchent en parallèle sur la révision de la Loi sur le droit d'auteur. Je crois comprendre qu'ici, au Comité permanent du patrimoine canadien, la priorité que vous privilégiez est le bien-être des artistes et des créateurs canadiens. L'Alliance pour les arts visuels a donc bon espoir que l'approche holistique qu'elle préconise, qui passe certainement par la révision de la Loi sur le droit d'auteur mais sans s'y limiter, saura plaire aux membres du Comité.
C'est l'esprit même de ce que disait Mme Bertrand à l'instant, à savoir qu'il faut assurer la sécurité sociale et économique des créateurs eux-mêmes. Après tout, ils sont le point de départ de toute la chaîne créative et sont donc l'élément clé de l'industrie culturelle dans son ensemble.
La plupart des artistes indépendants en arts visuels, en arts médiatiques et en métiers d'arts ont le statut de travailleurs autonomes. Ils et elles gèrent leurs affaires comme n'importe quel autre propriétaire de petite entreprise. En revanche, vu la grande instabilité des sources de revenus, ils subissent des fluctuations majeures, des années fastes succédant souvent à des années de pertes significatives.
Alors que la Loi de l'impôt sur le revenu fixe comme critère déterminant pour l'exploitation d'une entreprise l'attente raisonnable de bénéfices, il faut reconnaître que, pour bien des artistes, cette attente peut mettre de nombreuses années à se concrétiser et que, le jour où ce bénéfice arrive enfin, il ne dure pas forcément pour toujours.
[Traduction]
Je tiens à souligner que nous avons tenu des discussions avec vos collègues de l'Agence du revenu du Canada, particulièrement à la suite de l'affaire Steve Higgins au printemps dernier, selon laquelle la Loi de l'impôt sur le revenu doit être interprétée d'une manière qui est cohérente avec les réalités des artistes professionnels autonomes.
Par conséquent, la première recommandation de l'Alliance pour les arts visuels est d'appliquer correctement la loi actuelle concernant les modèles de rémunération des artistes. Un allégement fiscal sous la forme d'un étalement du revenu sur les années suivantes, par exemple, serait une autre mesure à examiner davantage.
La deuxième et principale recommandation que fait l'Alliance pour les arts visuels aujourd'hui au Comité permanent, c'est qu'il se dote des outils appropriés pour mesurer et surveiller les conditions socioéconomiques des artistes actifs.
Les outils actuels de schématisation pour la rémunération des artistes et le contexte socioéconomique général sont incomplets. Un rapport commandé en 2011 par notre propre alliance, l'Alliance pour les arts visuels, et réalisé par Guy Bellavance de l'INRS a souligné un éventail d'écarts et de lacunes et recommandé que l'on emprunte une voie claire afin de combler ces écarts grâce à un processus d'établissement de prospectives stratégiques qui nous permettrait de mesurer, d'analyser et de suivre l'évolution à long terme d'un ensemble exhaustif de données et de tendances.
Les outils statistiques actuels, comme le Compte satellite de la culture, ne nous permettent pas de comprendre pleinement la rémunération et les conditions socioéconomiques des artistes. Comme Mme Bertrand l'a souligné, même le système des Données sur les arts au Canada, le CADAC, qui a été mis en place par des organismes publics de soutien aux arts partout au pays, ne fait pas la différence entre les redevances et d'autres formes de paiement aux artistes.
Nous soutenons donc les recommandations faites par l'ARCA, qui militent en faveur d'outils statistiques qui peuvent permettre de relever le défi de surveiller et d'analyser la situation des arts visuels au Canada et d'outils qui cibleraient précisément la compréhension et l'amélioration des conditions socioéconomiques des artistes et des travailleurs culturels.
Nous croyons que Patrimoine canadien et Statistique Canada ont un rôle central à jouer à cet égard et nous préconisons à court terme la formation d'un groupe de travail auquel pourrait participer l'Alliance pour les arts visuels.
Merci beaucoup. Voilà mes observations pour l'instant.
Je m'appelle Émilie Grandmont-Bérubé et je suis propriétaire d'une galerie d'art contemporain, à Montréal. Je vais faire ma présentation en français, mais si vous avez des questions en anglais, n'hésitez pas à les poser. Cela va peut-être rafraîchir un peu mon anglais.
Je siège au conseil d'administration de l'Association des galeries d'art contemporain, l'AGAC. J'ai aussi siégé pendant plusieurs années au conseil d'administration de l'Association des marchands d'art du Canada, l'ADAC.
Je suis ici essentiellement pour discuter de la question du droit de suite. Le Front des artistes canadiens, ou CARFAC, a proposé que ce droit de suite soit inclus dans la Loi sur le droit d'auteur. Cette proposition nous inquiète beaucoup du point de vue du marché de l'art et, surtout, de celui du marché primaire, constitué essentiellement des galeries que l'AGAC représente.
Spontanément, quand on parle de marché primaire, on parle de la première fois qu'une oeuvre est vendue, c'est-à-dire quand elle part directement de l'atelier de l'artiste. C'est une vente dont l'artiste bénéficie. Le marché secondaire, ce sont toutes les ventes qui vont suivre.
Finalement, le droit de suite est une taxe sur la revente. L'objectif de cette taxe est de faire en sorte que les artistes bénéficient de la plus-value de leurs oeuvres quand elles sont vendues dans les galeries privées et les maisons de ventes aux enchères.
D'entrée de jeu, il est très important pour nous de rappeler le rôle évident des galeristes, qui ont une position très privilégiée dans le milieu de l'art en général. Ce sont les seuls à entretenir une relation à aussi long terme avec les artistes. Nous les accompagnons quand cela va bien et quand cela ne va pas bien, en fait, à tous les stades de leur carrière.
C'est certain que tous les galeristes appuient sans réserve l'objectif visé, qui est de contribuer à améliorer les revenus et les conditions socioéconomiques des artistes. Les revenus des galeristes dépendent directement de la vente des oeuvres des artistes qu'ils représentent.
Les galeristes, surtout ceux sur le marché primaire, donc qui font affaire directement avec les artistes, pratiquent une forme de mécénat. Ils croient profondément en l'art et aux artistes, et ils joignent l'acte à la parole. Ils investissent personnellement leur temps, leur énergie et leur argent pour défendre avec une passion incroyable les artistes qu'ils représentent et en qui ils croient en espérant un jour, peut-être, récolter les fruits de tout ce travail.
C'est une entreprise à très haut risque. La preuve en est le nombre croissant de galeries qui ont fermé dans les dernières années à Montréal, à Toronto, à Calgary et à Vancouver. C'est un peu effrayant, en fait. Les galeries ne ferment pas parce que les galeristes ne croient plus en leurs artistes ou en leur mission, mais parce que le marché ne leur permet pas de survivre.
La proposition d'inclure le droit de suite dans la Loi sur le droit d'auteur peut être très séduisante à première vue, mais elle présente des faiblesses majeures qui ont été soulevées dans plusieurs études publiées dans les pays ayant adopté cette mesure. La principale faiblesse de cette mesure est qu'elle ne bénéficie pas aux artistes qui en ont vraiment besoin. Cela ne fait aucun doute et les chiffres le prouvent très clairement. Cette mesure bénéficie aux artistes déjà établis, soit le 1 % des artistes qui ont un marché très fort. Ce sont eux qui vont recevoir des redevances.
Les études publiées en France, au Royaume-Uni et en Australie démontrent clairement que le droit de suite, qui vise à améliorer la situation des artistes en arts visuels, rate sa cible et qu'il est basé sur l'idée un peu romantique que toutes les oeuvres d'art vont se revendre à profit et que les artistes se priveraient de redevances peut-être énormes. Or, dans les faits, très peu d'oeuvres d'art vendues se retrouvent sur le marché secondaire et sont encore moins vendues à profit.
Un des problèmes que pose la mesure sur le droit de suite proposée est qu'elle ne fait aucune nuance. La taxe serait toujours applicable sur la vente d'une oeuvre, qu'elle soit vendue à perte ou à profit.
Ce maigre 1 % des artistes concernés reçoivent en général entre 50 et 100 $ de redevances par année. Ce n'est clairement pas ce qui va améliorer leurs conditions socioéconomiques.
En France, 70 % de toutes les redevances perçues ont été distribuées à sept artistes ou à sept successions, car cela bénéficie beaucoup à la succession des artistes morts, finalement, et non aux artistes vivants qui en ont réellement besoin. Au Royaume-Uni, 80 % de toutes les redevances perçues ont été distribuées à 10 artistes. Encore une fois, on parle essentiellement de leurs successions.
Comme mes collègues l'ont mentionné dans leur présentation, la situation des artistes est extrêmement précaire. Ils vivotent et ils doivent souvent occuper des emplois dans différents domaines. Ils vivotent en espérant faire leur place dans le milieu et s'imposer un jour. Ils rêvent de vivre de leur travail et de la vente de leurs oeuvres. La vente des oeuvres est la meilleure façon d'améliorer les conditions socioéconomiques des artistes. C'est aussi la plus respectable et c'est leur objectif. Or l'implantation du droit de suite au Canada n'atteindra pas cet objectif du tout. Au contraire, ce droit fragilise un marché déjà extrêmement précaire.
J'ai évoqué l'absence de nuance, c'est-à-dire le fait que le droit de suite pourrait s'appliquer à une oeuvre vendue tant à perte qu'à profit. Cela ferait que les collectionneurs seraient enclins à prendre beaucoup moins de risques et iraient vers des valeurs plus connues. Encore une fois, ce sont les artistes émergents ayant le plus besoin de vendre leurs oeuvres qui seraient mis de côté.
En revendant une oeuvre à perte et en devant en plus payer une redevance sur cette revente, on serait doublement pénalisé d'avoir pris un risque. On n'aurait pas fait un bon investissement et, en plus, il faudrait payer pour cela. Selon les études publiées, cela nuirait au marché des artistes émergents.
Un autre effet pervers potentiel de la mesure a trait au déplacement de la revente des oeuvres à l'extérieur des galeries et des maisons de ventes aux enchères. Le Canada est très près des États-Unis. Il serait très facile d'aller vendre des oeuvres aux États-Unis, de gré à gré entre particuliers, et ainsi échapper tant aux taxes qu'à la mesure du droit de suite. Cela entraînerait aussi des pertes de revenus pour les galeries et, ultimement, pour les artistes.
Il a été proposé d'insérer le droit de suite dans la Loi sur le droit d'auteur pour corriger une iniquité apparente entre les artistes en arts visuels et ceux de la littérature, de la musique ou du cinéma. Pourtant, la propriété des droits s'applique déjà en arts visuels de la même façon qu'elle s'applique dans d'autres milieux. À moins d'avoir cédé ses droits, l'artiste visuel peut aussi monnayer son autorisation de reproduire son oeuvre dans des livres, des revues, des films, et le reste. C'est pour cela que le rôle du CARFAC est très important dans le maintien des droits de reproduction.
L'AGAC souhaite ardemment que les instances gouvernementales mettent en place des mesures qui vont permettre d'améliorer les conditions socioéconomiques des artistes. Ils méritent de pouvoir gagner leur vie décemment, nous sommes tous d'accord là-dessus. Nous croyons toutefois que, pour toucher l'ensemble des artistes et pas qu'une infime partie d'entre eux, la solution passe surtout par des mesures qui vont stimuler le marché des acheteurs et non le fragiliser. Par exemple, plutôt que de taxer les collectionneurs au moment de la revente des oeuvres, pourquoi ne pas les inciter à acheter davantage d'oeuvres du marché primaire en leur accordant des crédits d'impôt, par exemple? Pourquoi ne pas défiscaliser le gain en capital sur la vente d'une oeuvre d'art ou s'inspirer du Royaume-Uni et de son programme Own Art, qui incite à faire l'acquisition d'oeuvres d'artistes vivants?
:
Je comprends. Les algorithmes ont cet effet pervers.
Madame Grandmont-Bérubé, vous avez mentionné vos réticences concernant le droit de suite pour la première transaction.
Je vous comprends très bien. Venant moi-même du milieu du disque, je crois que les parallèles qui ont été faits récemment — je crois même que cela l'a été durant l'heure précédente de la séance — entre un producteur de disque et le premier album d'un artiste à découvrir sont appropriés. Je crois effectivement que les galeristes ont exactement cette fonction. Bien évidemment, loin de moi l'idée de nuire à l'éclosion des nouveaux talents et à leur diffusion.
Par contre, vous avez mentionné que, pour vous, le principal problème est celui du droit de suite sur le marché primaire. Différents modèles ont été présentés. Le CARFAC a présenté son modèle. M. Alexandre Taillefer, que tout le monde connaît, a déjà exprimé son soutien à la proposition du droit de suite en arts visuels dans le modèle présenté par la SODRAC, si je me souviens bien. En tout cas, je suis persuadé qu'il a déjà manifesté son soutien à l'une des deux formules.
Si on retirait la dimension du droit de suite sur le marché primaire, soit celui du premier galeriste qui offre une oeuvre, à ce moment, est-ce que cela changerait tout pour vous?
:
Ce n'est pas très politiquement correct de ma part, mais je ne peux pas m'empêcher de sourciller quand j'entends cela.
Malheureusement, la réalité, c'est que très peu de gens autour de cette table achètent des oeuvres d'art, et ce même si nous avons tous de bons salaires d'environ 160 000 $ par année. Très peu d'entre nous achètent des oeuvres d'art.
Pour le moment, c'est un écosystème d'artistes créateurs qu'on se doit de valoriser — je vois que Mme Bertrand veut commenter mes propos. Ce sont des créateurs qui veulent se réaliser et créer des oeuvres.
Actuellement, ce sont des institutions et des gens fortunés qui ont un intérêt pour les arts visuels qui achètent des oeuvres. J'ai donc peine à croire qu'une pénalité de 5 %, qui pourrait permettre la pérennité de la carrière d'un artiste vivant, comme Mme Pootoogook, par exemple, soit dramatique. Cette dernière est l'exemple parfait de ce dont je parle.
Je sais qu'il y a des dimensions sociales liées aux Premières Nations, mais la réalité, c'est que certains artistes ont vécu pauvrement toute leur vie et que, après leur décès, leurs oeuvres ont été vendues pour des sommes faramineuses comparativement aux prix initiaux qu'ils auront pu toucher. Le parallèle avec la musique est immédiat.
J'aimerais que vous répondiez, et je voudrais également entendre le point de vue de Mme Bertrand.
:
Merci, madame la présidente.
Je veux remercier les témoins. J'ai beaucoup apprécié leurs témoignages.
Ce dont on se rend compte, c'est qu'il y a deux avenues. Vous aimeriez qu'il y ait des études. Si vous le souhaitez, vous pouvez répondre par écrit à mes commentaires.
Monsieur Madan et madame Bertrand, vous avez exprimé le souhait que nous recueillions des données statistiques en vue de soutenir les artistes. D'un autre côté, ils produisent des oeuvres, et ce sont ces oeuvres qui créent de la richesse.
Le gouvernement doit-il soutenir l'artiste ou mettre en place des mesures qui vont créer de la valeur pour les oeuvres, qui elles, vont faire vivre l'artiste? C'est le point que je voulais apporter. Si vous souhaitez commenter cela, je l'apprécierais.
Il me reste 10 secondes.
Dans le cadre de l'étude statistique, il faudrait peut-être tenir compte de ces revenus, d'où ils viennent et de la façon dont on peut les augmenter. C'est l'oeuf et la poule.
J'ai pris 56 secondes.
Je vous remercie, madame la présidente.