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Merci, madame la présidente. Je suis heureuse d’être ici aujourd’hui pour vous parler d’Un Canada créatif, c’est-à-dire la façon dont le gouvernement voit l’avenir des industries créatives du Canada. J’ai à mes côtés Graham Flack, sous-ministre, et Guylaine Roy, sous-ministre déléguée.
Permettez-moi de commencer par deux questions. Pourquoi la culture a-t-elle toujours été importante pour les Canadiens, et pourquoi l’est-elle encore aujourd’hui? Je vois essentiellement deux réponses à ses questions. Premièrement, la culture témoigne de ce que nous sommes. Deuxièmement, elle exprime ce que nous voulons devenir. Nous sommes peu nombreux et établis sur un vaste territoire. Nous sommes liés par la réconciliation et façonnés par les riches cultures et traditions des peuples autochtones.
Nous sommes une nation ancrée par nos langues officielles, le français et l’anglais…
[Français]
Nous reconnaissons qu'il y a huit millions de francophones qui vivent entourés de centaines de millions d'anglophones.
[Traduction]
Nous sommes une démocratie qui croit à l’égalité entre les sexes, à l’égalité des races et aux droits de la personne. Nous sommes un pays à la culture diversifiée, un pays à l’image du monde. Grâce à tout cela, notre culture et notre identité sont dynamiques, et cette force est illustrée par nos industries créatives. Le secteur des arts et la culture sont une industrie qui vaut 54,6 milliards de dollars et qui offre plus de 630 000 emplois. Derrière chacun de ces emplois, on retrouve une personne talentueuse et travaillante.
C’est en raison de ses travailleurs qu’en 2016, notre tout premier budget prévoyait un investissement de 1,9 milliard de dollars dans nos arts et notre culture. C’était, à l’époque, la somme la plus importante jamais investie dans la culture par un pays du G7. Cet engagement nous a permis d’injecter 675 millions de dollars dans Radio-Canada/CBC, 550 millions de dollars dans le Conseil des arts du Canada. Nous avons aussi augmenté l’enveloppe, entre autres, de Téléfilm Canada et de l’Office national du film.
[Français]
Ce n'est qu'une première étape; beaucoup reste à faire. J'ai donc décidé de réunir les acteurs de nos industries créatives pour mieux comprendre les défis qui se présentent à nous et pour déterminer quelles sont les possibilités.
Plus de 30 000 Canadiens ont participé à ce processus. Ils m'ont fait part des défis auxquels ils doivent faire face, de leurs idées et des nombreuses possibilités qui s'offrent à nous.
Voici donc la grande question: comment protéger et promouvoir notre culture dans un monde numérique sans frontières?
Les commentaires que j'ai directement entendus ont façonné la vision de notre gouvernement pour un Canada créatif. Au-delà des consultations, nous avons agi dans plusieurs dossiers. Bien entendu, il y avait quelques aspects concrets sur lesquels nous pouvions agir.
Premièrement, il y a nos investissements historiques, que j'ai déjà mentionnés. Je vais donner un peu de contexte ici. À mon arrivée dans ce poste, il fallait recréer un lien de confiance avec le milieu culturel. Après 10 ans de sous-investissement et de compressions budgétaires, nous avons voulu démontrer au secteur culturel à quel point il était important. Voilà pourquoi nous avons fait des investissements historiques dans le domaine de la culture.
En août dernier, nous avons également renvoyé deux décisions de radiodiffusion au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC, pour réexamen, et nous lui avons demandé d'évaluer comment il pourrait nous aider à trouver un juste équilibre entre deux nécessités: investir dans du contenu et aider nos créateurs à se livrer à la concurrence.
Nous avons également investi 35 millions de dollars sur deux ans pour appuyer l'exportation de notre culture. Il y a eu des compressions budgétaires dans ce secteur et nous avons voulu poursuivre nos efforts en matière de diplomatie culturelle et de commerce international dans le domaine des industries créatives.
Nous avons investi 4,15 millions de dollars sur deux ans dans le Fonds de la musique du Canada. Ce seul investissement a permis à 100 musiciens d'en bénéficier. Nous avons également lancé un processus indépendant visant la nomination du président-directeur général ainsi que du président et des membres du conseil d'administration de Radio-Canada.
Le 28 septembre dernier, j'ai prononcé un discours présentant la nouvelle vision Un Canada créatif ainsi que les premières mesures qui nous aideront à concrétiser cette vision. Cette vision a un objectif clair: que le Canada soit un chef de file mondial grâce à la qualité de ses industries créatives, qui comptent des créateurs capables de produire du contenu de qualité qui se démarquent chez nous et dans le monde, et que le Canada soit un chef de file afin d'assurer qu'il y a un espace pour du contenu canadien sur toutes les plateformes numériques existantes au Canada.
[Traduction]
Nous voulons que nos incroyables talents demeurent au Canada, et nous voulons encourager les Canadiens à transformer leurs idées en de fascinantes histoires. Nous voulons les inciter à prendre des risques et à innover sur de nombreuses plates-formes
Nous désirons les aider à distribuer leurs œuvres ici et à l’étranger.
[Français]
Nous allons soutenir la création de contenu français de grande qualité grâce à l'excellent travail de nos producteurs.
Notre vision repose sur trois piliers.
Premièrement, nous voulons investir dans nos créateurs ainsi que dans leurs récits. Pour ce faire, nous comptons intervenir sur plusieurs fronts. Par exemple, pour contrer la baisse des revenus des câblodistributeurs au sein du Fonds des médias du Canada, nous allons augmenter de plusieurs millions de dollars la contribution fédérale à ce fonds, qui finance le tiers des projets francophones.
Nous allons soutenir des carrefours créatifs, comme le Cape Breton Centre for Arts, Culture and Innovation, le projet 312 Main ou encore la Société des arts technologiques, ou SAT. Nous allons moderniser des programmes comme le Fonds de la musique du Canada et éliminer les tracasseries administratives liées aux crédits d'impôt. Nous allons réformer la Commission du droit d'auteur du Canada et moderniser la Loi sur le droit d'auteur.
Ces mesures nous aideront à miser sur nos forces ainsi que sur notre contenu unique. C'est un contenu qui témoigne de notre dualité linguistique, de l'expression des peuples autochtones et de la richesse de notre diversité culturelle.
[Traduction]
Notre deuxième pilier est de veiller à ce que notre contenu soit découvert et distribué partout au Canada et dans le monde. Nous nous posons alors deux grandes questions: comment renforcer notre marché national? dans la quête mondiale de récits, comment faire pour que le contenu canadien se distingue et touche des auditoires partout dans le monde.
Nous y répondons d'un certain nombre de façons. Nous investissons 125 millions de dollars sur cinq ans dans la première stratégie canadienne d'exportation pour les industries créatives, pour travailler à pied d'oeuvre dans les ambassades et les missions, accroître notre présence dans les manifestations internationales et aider nos industries créatives à trouver de nouveaux marchés.
Dans le cadre de cette stratégie, je serai à la tête, en avril 2018, de la première mission commerciale canadienne consacrée aux industries créatives à se rendre en Chine. De plus, nous entreprenons l'examen de la Loi sur les télécommunications et de la Loi sur la radiodiffusion. Nous avons demandé au CRTC d'examiner comment de nouveaux modèles permettront d'appuyer la création et la distribution d'émissions canadiennes de divertissement et d'information et nous créerons un conseil des industries créatives pour favoriser la collaboration et l'innovation dans ces industries. Nous prendrons les moyens à notre disposition pour que les entreprises qui s'établissent au Canada contribuent à nos objectifs, notamment le contenu dans les deux langues officielles.
Comme nos moyens actuels ne tiennent pas compte de l'existence de plateformes numériques, notre gouvernement a cru nécessaire de soumettre l'investissement de Netflix à un examen conformément à la Loi sur Investissement Canada. Cet investissement englobe les étapes suivantes: d'abord, création de Netflix Canada, première société de production de son genre, pour Netflix, à l'extérieur des États-Unis; ensuite, investissement net minimum de 500 millions de dollars dans des productions canadiennes originales, en anglais et en français, sur cinq ans. Enfin, 25 millions dans une stratégie de développement du marché francophone qui cible les créateurs et les producteurs du Québec et de l'extérieur et les aide à financer des manifestations comme des journées de présentation pour les producteurs et des activités de recrutement. Ces investissements serviront de tremplin à nos productions canadiennes sur sa plateforme, ce qui représente un investissement minimal garanti, à partir d'une plateforme étrangère, dans nos créateurs et dans nos histoires.
Notre troisième pilier, maintenant: il s'agit de renforcer la radiodiffusion publique et d'appuyer l'information locale. Je tiens à souligner le travail acharné de votre comité sur cette question. Merci à tous. Votre examen rigoureux, les témoignages que vous avez entendus et vos constatations ont permis de cerner des motifs précis de préoccupation et de confirmer que les Canadiens se soucient sincèrement de la question. Les mesures annoncées incluaient: le renouvellement et le renforcement du mandat de notre diffuseur public; l'examen du Fonds du Canada pour les périodiques pour fournir l'appui dont nos publications ont besoin pour innover, s'adapter et assurer leur présence sur les plateformes que les Canadiens choisissent; l'appui à l'information locale en encourageant l'innovation, l'expérimentation et le passage au numérique.
Tout notre gouvernement continue de travailler à la résolution des problèmes qu'affronte l'information locale, laquelle, nous le savons, est essentielle à notre démocratie.
[Français]
En conclusion, Un Canada créatif est une stratégie novatrice qui permet d'investir dans nos créateurs et dans nos industries créatives. C'est un plan de réforme, un plan de transition. C'est la suite logique découlant du leadership que notre gouvernement a toujours exercé dans un dossier très important. Nous sommes donc à mi-parcours et il reste beaucoup à faire.
Je reconnais que le changement entraîne une certaine anxiété, il n'y a pas de doute à ce sujet. C'est pourquoi c'est avec beaucoup d'humilité que nous nous sommes lancés dans cette grande réforme. L'objectif de notre gouvernement est d'améliorer le sort des secteurs culturels français et anglais et de les faire croître.
Au nom de nos créateurs, au nom de tous les talents incroyables et au nom des nombreuses familles de la classe moyenne qui, partout au pays, travaillent dans cette industrie florissante, nous devons unir nos efforts pour tracer une voie résolument canadienne.
Je serai heureuse de répondre à toutes les questions de mes collègues.