:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame la présidente, membres du Comité et chers collègues, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître dans le cadre de votre étude du projet de loi .
Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagné de Mme Hélène Laurendeau, sous-ministre de Patrimoine canadien. En principe, je devrais être accompagné également de M. Stephen Gagnon, mais il n'est pas ici. Il doit être à la sécurité. Il se joindra à nous sous peu.
[Traduction]
J'aimerais d'abord souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel du peuple algonquin Anishinaabe. Il y a deux semaines, sur le même territoire, j'ai eu le privilège de déposer ce projet de loi historique devant la Chambre des communes. C'est un projet de loi qu'on attendait depuis longtemps. C'est parce que, selon l'UNESCO, les trois quarts des 90 langues autochtones parlées au Canada sont en danger. En outre, si elles disparaissent, c'est une part importante de notre identité qui disparaîtra aussi.
Depuis le début des travaux sur ce projet de loi, de nombreux groupes et personnes autochtones nous ont fait savoir combien il est important pour eux, leurs enfants et leurs petits-enfants.
Pas plus tard que l'autre jour, nous avons entendu le témoignage d'Olive, une aînée de la nation Oneida de la Thames, dans le Sud-Ouest de l'Ontario. La langue maternelle d'Olive est l'oneida. C'est la seule langue qu'elle a parlée jusqu'à 7 ans, lorsqu'elle a commencé l'école. Cependant, à l'école, Olive était punie lorsqu'elle parlait sa langue. La honte qu'elle a éprouvée l'a profondément blessée. C'est ce qui l'a incitée à ne pas enseigner l'oneida à ses enfants, afin de leur épargner l'humiliation qu'elle a vécue.
Aujourd'hui, il y a seulement 45 personnes qui parlent encore couramment l'oneida au Canada, et ils ont tous au moins 65 ans. La Loi sur les langues autochtones a été conçue pour des personnes comme Olive, dont la communauté perd sa langue à un rythme alarmant.
[Français]
Nous devons donc revitaliser et renforcer les langues autochtones le plus tôt possible. Nous avons déjà trop attendu.
Aujourd'hui, je veux aborder deux grands enjeux liés au projet de loi. Premièrement, je vais parler de nos efforts de dialogue et de mobilisation. Deuxièmement, je vais me pencher sur la question du financement et sur la façon dont notre gouvernement va soutenir la revitalisation des langues autochtones.
[Traduction]
Madame la présidente, permettez-moi de commencer en parlant de mobilisation et de co-élaboration. Il a fallu élaborer ce projet de loi en respectant les droits des Autochtones.
Dès le début, les fonctionnaires de mon ministère ont demandé à des groupes autochtones de quelle façon ils souhaitaient être mobilisés afin de participer. Nous n'avons imposé aucune structure et avons conçu le processus ensemble. Pour y arriver, nous avons travaillé en collaboration avec nos partenaires, soit l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami et le Ralliement national des Métis.
[Français]
Chacun de ces partenaires a entamé un dialogue avec des experts en matière de langues autochtones, des gardiens des langues et des chercheurs de partout au pays. Au même moment, les fonctionnaires de Patrimoine canadien ont organisé 20 tables rondes.
Nous nous sommes basés sur les commentaires recueillis lors de toutes ces séances ainsi que sur les appels à l'action 13, 14 et 15 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Tout cela est venu établir les 12 principes qui ont servi à élaborer ce projet de loi.
[Traduction]
Le ministère du Patrimoine canadien a ensuite mené des discussions intensives avec environ 1 000 membres des Premières Nations, Inuits et Métis. Il a notamment travaillé dans le plus grand respect avec des organismes autochtones importants et différentes administrations, comme le Conseil des Premières Nations du Yukon, à Whitehorse, la Fédération des Métis du Manitoba, à Winnipeg, le gouvernement du Nunatsiavut, à Nain, et des représentants de gouvernements autonomes et visés par des traités modernes partout au pays.
Notre portail en ligne nous a aussi permis de recueillir plus de 200 questionnaires et mémoires sous forme électronique.
Nous avons aussi versé des fonds à la Confédération des Centres éducatifs et culturels des Premières Nations, à l'Association des femmes autochtones du Canada et à l'Association nationale des centres d'amitié pour qu'elles puissent mener leurs propres recherches et activités de mobilisation.
Ce sont leurs voix et celles des aînés, des gardiens du savoir, des femmes et des jeunes Autochtones, qui résonnent dans la Loi sur les langues autochtones.
Les participants nous ont dit que les langues autochtones devraient être reconnues comme un droit, que chaque langue autochtone, chaque culture et chaque histoire est distincte et unique.
[Français]
que les besoins des aînés, des femmes et des enfants doivent être pris en considération; qu'un poste de commissaire aux langues autochtones doit être créé; que les communautés ont besoin de financement à long terme, prévisible et suffisant; et que le cheminement vers la revitalisation et la préservation des langues est différent pour chaque groupe et chaque nation. C'est exactement ce que ce projet de loi contient.
Par exemple, certaines communautés désirent se concentrer sur la formation des enseignants; d'autres veulent donner priorité aux programmes d'immersion ou à l'élaboration de dictionnaires. Les peuples autochtones nous ont clairement indiqué qu'une approche uniforme ne conviendrait pas et qu'ils étaient mieux placés que le gouvernement pour déterminer ce qui allait répondre de façon précise à leurs besoins. Nous sommes tout à fait d'accord avec eux. Notre projet de loi tient compte de toutes ces considérations, de tous ces éléments, et de bien d'autres encore.
[Traduction]
Madame la présidente, j'aimerais maintenant parler de financement.
Pour la première fois dans notre histoire, nous déposons un projet de loi dans lequel nous nous engageons à verser un financement adéquat, stable et à long terme pour les langues autochtones. Nous sommes d'ailleurs en train d'examiner des modèles de financement afin de déterminer la meilleure façon d'utiliser et de répartir ces fonds.
[Français]
Une fois de plus, ce sont les peuples autochtones eux-mêmes, et non le gouvernement du Canada, qui savent ce qui convient le mieux à leurs communautés. On sait déjà qu'ils ne veulent pas de financement annuel associé à des projets. Ils veulent disposer de la latitude nécessaire pour déterminer leurs propres priorités et définir des approches concrètes pour se réapproprier, revitaliser et maintenir leurs langues.
Ce projet de loi ne vise pas à créer une bureaucratie nationale ni de grands programmes de financement. Bien au contraire, il vise à fournir des fonds aux gens et aux organismes de façon stable, à long terme, au moyen d'ententes pluriannuelles garantissant des rapports réguliers sur les projets réalisés. Le projet de loi précise même que le ministre du Patrimoine canadien doit consulter les divers gouvernements autochtones et d'autres corps dirigeants autochtones afin d'octroyer ce financement stable, à long terme et adéquat. Ce sont là des points importants qui illustrent notre engagement envers les peuples autochtones, leurs communautés et leur avenir.
[Traduction]
La Loi sur les langues autochtones a été élaborée en étroite collaboration avec les peuples autochtones. C'est bel et bien leur projet de loi. Ses retombées se feront sentir pendant de nombreuses générations, notamment au sein de la communauté d'Olive. Contre toute attente, Olive a fait l'impossible pour se réapproprier sa langue et la conserver et elle aide les siens à se réapproprier une langue qui leur a été enlevée.
Les étudiants, qui ne parlaient absolument pas l'oneida, peuvent maintenant discuter pendant six minutes dans leur langue. Les gens dans le quartier commencent à interagirent en oneida, et ils en retirent une grande fierté qui découle du fait qu'ils savent qui ils sont. C'est la raison pour laquelle le projet de loi est si important.
Au fil de cinq générations, le tort infligé aux Autochtones nous a conduits au point où nous en sommes aujourd'hui. La réconciliation est un processus long et difficile et il exige une approche globale, une approche qui inclut un meilleur accès à de l'eau potable et la réduction du nombre d'enfants autochtones placés en famille d'accueil. La Loi sur les langues autochtones est une autre étape visant à aider les cinq prochaines générations et celles qui suivront après.
J'accueille favorablement les commentaires et les recommandations de modification qui permettront de renforcer le projet de loi. Cependant, nous devons aller de l'avant avec détermination, et nous espérons bénéficier du soutien de tous les partis afin d'adopter le projet de loi sans délai.
Merci.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur Breton. Je pense avoir noté et retenu vos trois questions.
Vous avez raison de dire que ce projet de loi me tient à cœur, et voici pourquoi. Aujourd'hui, je parle français et anglais, mais aucune de ces langues n'est ma langue maternelle. Ma langue maternelle est l'espagnol. J'ai appris le français et l'anglais à l'âge de 8 ans. J'imagine la peine ou la douleur que j'aurais éprouvée si l'on m'avait dit que je ne pouvais pas garder ma langue maternelle et que je devais en choisir une autre. Cela aurait été horrible. Pourtant, c'est ce qu'ont vécu tellement d'enfants des communautés autochtones partout au Canada. Il y a tellement d'enfants que l'on a arrachés à leur foyer et à qui l'on a dit qu'ils n'avaient plus le droit de parler leur langue. On a voulu leur arracher leur langue, leur culture, leur identité.
Je dis toujours que notre langue, c'est notre identité. C'est notre passé, notre présent et notre avenir. C'est dans notre langue que nous voulons raconter nos histoires à nos enfants. C'est pour cela que c'est essentiel et qu'il faut agir dès maintenant. On aurait dû agir bien avant, mais maintenant nous agissons en présentant ce projet de loi.
C'est un projet de loi qui permet de faire avancer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
C'est un projet de loi qui vient répondre aux appels à l'action 13, 14 et 15, qui portent sur les lois et les obligations du pays en matière de langues autochtones.
C'est un projet de loi qui oblige le gouvernement à fournir un financement stable, prévisible et suffisant pour préserver, maintenir et revitaliser les langues autochtones partout au pays. Nous l'avons mis par écrit.
Ce projet de loi présente un aspect fondamental, en ce sens qu'il est extrêmement flexible: il permettra aux peuples autochtones, aux différentes nations et aux groupes de toutes les régions et dans toutes les provinces de déterminer ce qui est essentiel pour eux. Il n'y a pas deux langues autochtones qui sont exactement dans la même situation. Comme je l'ai mentionné tantôt, dans certains endroits, il ne reste qu'une poignée de personnes qui parlent leur langue, alors que, dans d'autres, les langues sont plus vivantes, quoique les gens qui les parlent doivent relever de nombreux défis.
Qui sommes-nous, au gouvernement, pour dire aux peuples autochtones ce qui est bon pour eux et ce qu'ils doivent faire pour revitaliser ou protéger leurs langues? Ce n'est pas à moi ni au gouvernement de le dire; cela revient aux peuples autochtones.
Le projet de loi donne la flexibilité nécessaire pour que les différents groupes autochtones, où qu'ils soient et quelle que soit la langue qu'ils parlent, puissent répondre à leurs besoins, selon leurs propres critères.
[La députée s'exprime en déné ainsi qu'il suit:]
Sı Denesųłı̨ne hesłı̨,
[La députée fournit la traduction suivante:]
Je suis une femme Denesųlı̨ne,
[La députée s'exprime en déné ainsi qu'il suit:]
ırı dene ɂa yastı
[La députée fournit la traduction suivante:]
Je parle en déné…
[Traduction]
Je suis une personne dénée Tsuut'ina. Je parle ma langue et j'en retire une fierté.
C'est de ce point de vue que j'aborde le projet de loi. Je l'envisage du point de vue de toutes les personnes qui parlent déné, toutes celles qui parlent cri ou une des différentes langues autochtones à l'échelle canadienne. De notre point de vue, il y a certaines choses que nous aimerions dire, des suggestions fondées sur les conversations que nous avons eues. J'aimerais souligner deux choses.
Comme vous le savez, le NPD — ce qui inclut mon collègue Romeo Saganash et moi-même — soutient l'utilisation et l'enseignement des langues autochtones, lorsque de tels efforts sont réalisés conjointement avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Nous voulons que les trois appels à l'action de la CVR liés aux langues autochtones soient un succès, mais il ne faut pas y aller avec empressement. J'ai l'impression que le processus du projet de loi est précipité. Ça me rend nerveuse, parce que je suis entièrement favorable à la conservation et à la transmission de ma langue. C'est ce que pensent tous les groupes autochtones, les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Je sais que vous voulez faire les bons choix, faire avancer les choses et soutenir le projet de loi.
Vous avez dit être ouverts à des modifications. L'êtes-vous? Il y a des suggestions qui ont été formulées par les personnes qui parlent la langue, les enseignants, les fournisseurs de services, les parents, les aînés et j'en passe. Par conséquent, de quelle façon pouvez-vous vous assurer que le projet de loi n'est pas adopté à la hâte sans consultation appropriée auprès d'un large éventail de Canadiens?
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Bonjour, monsieur Rodriguez. Merci Pablo d'être venu, de diriger le ministère, d'être un ministre fantastique, d'avoir une excellente vision et de faire avancer des projets de loi, particulièrement le projet de loi , qui permettra de préserver, de promouvoir et de revitaliser les langues autochtones.
J'ai une brève histoire à vous raconter au sujet de l'époque où j'étais dans l'aquaculture, quand j'ai parcouru le monde. J'ai visité l'Écosse, l'île de Harris, je crois. Nous parlions là-bas d'élevage du saumon et de choses du genre, mais un soir où nous étions sortis, des gens parlaient une langue que je n'avais jamais entendue auparavant. J'étais pas mal curieux à propos de la langue. C'était le gaélique, le gaélique d'Écosse. J'étais très surpris. Je ne la comprenais pas totalement, ou je la comprenais très peu, mais j'étais fasciné par cette langue. J'étais fasciné par la fierté avec laquelle on la parlait, simplement par la très grande fierté de l'histoire de la langue gaélique qu'affichaient les gens de cette collectivité et par les moyens avec lesquels ils la préservaient.
Je vais avancer rapidement jusqu'à il y a deux ans. J'étais chez ma mère pour le souper de Noël, et mon neveu était là. C'est un étudiant de l'Université Saint-Francis-Xavier, et il s'est mis à parler le gaélique. J'ai été surpris par le fait que l'Université Saint-Francis-Xavier offre un cours en gaélique; elle est située en Nouvelle-Écosse. Le fait que l'Université Saint-Francis-Xavier offre des cours en gaélique, enseigne cette langue... encore une fois, il s'agit de préserver cette langue et d'inculquer aux jeunes dans ces collectivités l'importance de cette langue, le gaélique d'Écosse.
En ce qui a trait au projet de loi et à la préservation des langues autochtones, je respecte et je comprends absolument ce que notre gouvernement est en train de faire. Comme vous l'avez dit plus tôt, le projet de loi est-il parfait? Non. Est-il possible d'examiner des amendements ou d'autres scénarios? Bien sûr. Vous avez dit une chose qui m'a intéressé. J'aimerais revenir uniquement à l'aspect du financement parce que, évidemment, tous les trois partis ont posé des questions différentes, je crois, relativement au financement. Au fil des ans, y aura-t-il des fonds à long terme pour préserver les langues, monsieur le ministre? Y a-t-il un engagement à l'égard d'un financement à long terme?
Je suis ravie d'entendre les mots que vous avez utilisés: « les langues autochtones comme droit fondamental ». Je prends cela au sérieux et à coeur. Selon ce que je comprends, je suis pas mal certaine que mon interprétation est différente de celle du gouvernement, car ce que j'entends, c'est une langue qui est parlée, et nous parlons de financement; or, il n'y a pas de financement clair. Il n'y a pas de description des groupes autochtones qui pourraient accéder au financement.
Il y a cette perspective selon laquelle tous les Autochtones vivent sur des réserves. C'est ce que je ressens et ce que j'entends lorsque je lis cela. J'aimerais comprendre clairement ce que nous entendons lorsque nous disons: « l'ensemble des Premières Nations, des Métis et des Inuits ». Pour moi, cela engloberait toutes les réserves, le Grand Nord, les Inuits et tous les trois territoires, puis les Métis, et enfin, dans les provinces, toutes les langues qui existent.
Comme l'a signalé plus tôt mon collègue, nombre d'entre nous ne vivent pas sur des réserves. Nous vivons dans des municipalités et des villes, et à cet échelon, nous voulons nous assurer que nos organisations auront accès au financement. Voilà pourquoi, à cette fin, je recherche des fonds précis que les gardiens de la langue, les enseignants et tout le monde recherchent.
Cela dit, je vous ai entendu dire que vous êtes ouvert à l'idée d'apporter des amendements, est-ce exact?
:
Je vous remercie de votre question. C'est peut-être la partie la plus difficile à expliquer. Je vais faire de mon mieux pour répondre à votre question.
Pour concevoir le projet de loi, deux voies s'offraient à nous. Nous aurions pu attendre d'avoir toutes les données et le niveau de granularité pour les 90 langues autochtones afin d'en arriver à une formule de financement. C'est ce qu'on voit souvent dans les provinces en matière de financement de l'éducation. Par contre, pendant que nous aurions fait cela, les langues auraient continué à s'éroder. De plus, nos partenaires nous avaient expliqué très clairement qu'il fallait agir maintenant, quitte à bâtir une sorte de base de référence pour pouvoir déterminer quelles sont les meilleures pratiques.
Au fur et à mesure des ententes que nous allons établir, qui seront définies en fonction des besoins que les Premières Nations, les Inuits et les Métis nous auront présentés, nous allons créer cette base de données. En partenariat avec le commissaire, nous nous appuierons sur cette base de données pour établir, par exemple lors d'un examen quinquennal, une formule de financement plus précise qui pourra être basée sur la population en question.
Jusque-là, les données étaient trop variables et les besoins trop différents pour que nous ayons pu tous les définir dans le projet de loi. C'est pour cela que nous avons décidé, avec nos partenaires, de prévoir la capacité de fournir un financement par l'entremise d'ententes de financement. Ces dernières seront à long terme, afin que nous puissions mesurer les résultats et déterminer le genre de pratiques qui fonctionne bien. Cela nous permettra de concevoir une formule de financement qui pourra plus tard être incorporée dans la loi. Pour l'instant, nous entendons faire cela en tenant compte des besoins tels que nos partenaires les auront définis.
Par ailleurs, lors de nos consultations, nous avons appris que plusieurs mesures très spécifiques avaient été prises par différents groupes. Certains groupes ont misé sur l'éducation des jeunes à l'école, tandis que d'autres ont créé des programmes de promotion de la culture. Si nous avions tenté de définir toute la panoplie de mesures et de programmes dans le projet de loi, nous en aurions sans doute oublié. Nous aurions aussi risqué d'arrêter de financer des choses qui méritent de l'être.
En partenariat avec nos collègues, nous avons décidé de faire l'inverse, c'est-à-dire de nous engager à fournir du financement selon les besoins tels qu'ils allaient être déterminés par nos partenaires. À partir de là, le commissaire pourra nous aider à déterminer quelles sont les pratiques les plus efficaces.
C'est de cette façon que le projet de loi a été conçu.
Je ne sais pas si M. Gagnon souhaite ajouter quelque chose.
:
Il y a 90 langues autochtones, dont 75 % sont en péril selon ce que je comprends, et ce, dans une multitude de communautés partout dans notre beau et très grand Canada. Je suis Acadien d'origine, je sais ce que c'est que de se battre pour sa langue. Ma génération l'a eu facile, mais cela a été différent pour celles de mes parents, de mes arrière-grands-parents et de mes ancêtres. Le français était la langue de la honte, celle des gens nés pour un petit pain. Je suis donc sensible à toute cette question.
Par ailleurs, je partage l'inquiétude de Mme Jolibois concernant les objectifs du projet de loi et la difficulté de les réaliser. Comme juriste, cependant, je souhaite m'attarder à l'article 5 du projet de loi, qui énonce l'objet de la loi.
Je vous donne l'exemple des Micmacs, que je côtoie assez fréquemment dans ma circonscription. Il y a une grosse réserve du côté québécois, à Listuguj. De l'autre côté du pont près d'où j'habite, pas loin de chez moi, il y a une plus petite réserve, celle d'Eel River Bar. Il y a aussi les Malécites d'Edmundston. Chez les Micmacs, j'ai appris dans les pow-wow qu'il y a différentes façons de nommer les choses selon que les Micmacs viennent de la Gaspésie au Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse ou même du Cap-Breton. Ils ne s'entendent pas toujours sur la façon de désigner quelque chose et je ne parle pas ici d'accent, mais bien de vocabulaire. Pour leur part, les Micmacs de la Nouvelle-Écosse sont assez avancés. Ils disposent d'un dictionnaire et il existe même une application mobile qui traduit vers le micmac des questions touristiques comme « Où est situé l'aéroport? » ou encore « Où sont les toilettes? ». C'est incroyable! C'est bien fait, on avance beaucoup.
D'un point de vue pratique, existe-t-il un dénominateur commun à toutes ces communautés qui représentent les 90 langues autochtones du pays, un dénominateur qui pourrait servir à atteindre l'objectif de la loi? A-t-on parlé d'un dictionnaire, d'un lexique, d'un collège, d'une école? Qu'est-ce qui semblait rallier tout le monde?
Comme vous le savez, j'ai comparu devant le Comité dans le passé, et j'ai donné une explication concernant la nation et le peuple métis, notre territoire géographique et ainsi de suite. Je ne m'attarderai pas trop à ces éléments, à part, encore une fois, pour répéter que la nation métisse est un peuple distinct. Nous parlons une langue distincte appelée michif, quoiqu'un grand nombre de nos gens parlent encore d'autres langues autochtones. Par exemple, dans le village métis de La Loche, on parle le déné. Dans le village métis de l'Île-à-la-Crosse, de nombreuses personnes parlent le cri. Dans d'autres provinces, surtout au Manitoba, un grand nombre de nos gens parlent le saulteux. Ainsi, non seulement la langue michif est importante à nos yeux, mais il s'agit de la langue officielle de la nation métisse. Notre nation est située dans l'Ouest du Canada.
Je sais que le projet de loi tient également compte du besoin de réparer les préjudices ou les torts causés dans le passé, et la nation métisse ne fait pas exception. Nous attendons encore des mesures de réparation du Canada, plus particulièrement en ce qui a trait au déplacement de nos gens à l'intérieur de notre territoire. Nous sommes devenus des réfugiés internes sur notre propre territoire, dépossédés de nos terres et de nos ressources. Nous sommes assujettis à un système imposé unilatéralement, que nous contestons, qui a soi-disant supprimé nos droits à nos terres et à nos ressources et nos droits de récolte. Alors, je suppose que nous avons dorénavant des raisons de célébrer le projet de loi.
Plus particulièrement, nous subissons également les conséquences des pensionnats. Comme je l'ai mentionné dans le passé, je suis un ancien élève du pensionnat de l'Île-à-la-Crosse. J'y ai été pendant 10 ans. Notre cas n'a pas encore été réglé par le Canada. Bien entendu, nous sommes nombreux à avoir été gravement affectés par cette expérience. Nous avons également été victimes de la rafle des années 1960 et de l'exclusion de nombreux programmes et services fédéraux offerts à d'autres Autochtones au fil des ans. Enfin, compte tenu de la décision Daniels rendue en 2016 et du fait que le gouvernement fédéral est clairement perçu comme ayant une responsabilité, ou du moins la compétence, de transiger avec les Métis de nation à nation, de gouvernement à gouvernement, je pense que nous sommes actuellement sur un pied d'égalité, et c'est une bonne chose.
Au cours des trois dernières années, nous avons observé une croissance sans précédent dans le cadre de la relation avec le gouvernement du Canada. Grâce au actuel, nous disposons de mécanismes bilatéraux permanents, lesquels, pour la première fois dans l'histoire de la nation métisse, nous ont menés au budget de 2018, qui prévoit d'importants programmes et services destinés aux citoyens de la nation métisse, selon une approche axée sur le caractère distinctif, services que nous ne recevions pas dans le passé. Bien entendu, nous avons hâte au budget de 2019, lequel, nous l'espérons, prévoira d'autres affectations à la nation métisse.
Nous avons attendu longtemps avant que cela se produise, et cela arrive enfin. Nous sommes particulièrement heureux du fait que le gouvernement ait dialogué avec nous de nation à nation, de gouvernement à gouvernement, par le truchement d'un partenariat dans des domaines tels que l'élaboration d'un projet de loi en collaboration. Celui-ci en particulier — le projet de loi sur les langues autochtones qui, espérons-le, finira par devenir une loi sur les langues autochtones — a été élaboré en collaboration, comme je l'ai dit, avec les représentants nationaux des peuples et nations autochtones, l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami et le Ralliement national des métis, le gouvernement national de la nation métisse. Je pense que c'est sans précédent.
Nous avons été mobilisés de façon significative, dans le cadre non seulement de consultations, mais aussi d'une réelle élaboration en collaboration, à l'échelon politique et à l'échelon des représentants. Je remercie sincèrement la et le du travail qu'ils ont fait, et je remercie le d'avoir accepté d'emblée le fait qu'il doit faire affaire avec nous selon une approche axée sur le caractère distinctif — les Premières Nations, les Inuits et la nation métisse — et aussi d'avoir reconnu l'article 35 en tant qu'ensemble complet de droits, lequel comprend le droit inhérent à nos langues.
Depuis environ 25 ans, le Ralliement national des métis et les membres qui le gouvernent, en particulier la nation métisse de la Saskatchewan par l'intermédiaire de l'Institut Gabriel Dumont et la Fédération des métis du Manitoba par l'intermédiaire de l'Institut Louis Riel, travaillent avec beaucoup de diligence sur des projets de récupération, de revitalisation et de promotion de nos langues, de façon à ce qu'elles soient de nouveau parlées. Malheureusement, je dirais que moins de 1 000 personnes parlent couramment le michif sur notre territoire. La majeure partie de ces personnes sont âgées de plus de 65 ans. L'Institut Gabriel Dumont fait de l'excellent travail, tout comme l'Institut Louis Riel, pour ce qui est de consigner la langue sur des fichiers vidéo et audio. Ils produisent des vidéos et des documents imprimés afin de mieux promouvoir la langue.
Je remarque que la députée Georgina Jolibois, de la circonscription où je vis, dans le Nord-Ouest de la Saskatchewan, est présente. Elle sait que le village métis de l'Île-à-la-Crosse oeuvre très activement pour s'assurer que la langue est maintenue en vie. Cette année, on y célèbre le 20e anniversaire de l'enseignement de la langue à l'école. C'est une année importante pour ces gens.
Je crois que le projet de loi apportera un avantage considérable aux peuples et nations autochtones, et surtout à la nation métisse. Nous savons qu'il nous permettra de participer davantage à la promotion et à la préservation de notre langue et d'avoir notre place dans le tableau d'ensemble du Canada. La langue et nos cultures sont très importantes.
C'est là que j'en reviens à ce que j'ai déjà dit. La nation métisse n'est pas un peuple d'ascendance mixte. Elle l'était peut-être au départ, mais nous avons évolué en tant que nation et peuple distincts, et nous avons notre propre culture, langue et conscience politique. Nous sommes une politie. Nous sommes un groupe culturel. Nous ne sommes pas seulement un peuple d'ascendance mixte, et c'est une notion que nous rejetons entièrement. Bien entendu, nous savons que d'autres personnes au pays se manifestent maintenant pour réclamer l'étiquette de Métis. Nous voulons seulement nous assurer que cela ne mélange pas les choses à mesure que nous progresserons.
En conclusion, je veux rappeler au Comité que la nation métisse aura l'esprit à la fête. J'emploie cette expression parce qu'au cours des trois dernières années, nous avons connu des progrès si exceptionnels grâce au gouvernement actuel que nous pouvons célébrer — pas seulement souligner — le 150e anniversaire du jour où la nation métisse s'est jointe au Canada par le truchement de la Loi sur le Manitoba, qui a créé la cinquième province du Canada. Nous pouvons vraiment célébrer, parce que nous avons une raison de le faire. Nous avons hâte de célébrer le 150e anniversaire de la relation entre le Canada et la nation métisse, l'an prochain.
Sur ce, je suis prêt à répondre à toutes les questions que vous pourriez me poser.
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Merci, madame la présidente.
Bonsoir à mes collègues. Je n'arrive pas à croire que je leur souhaite le bonsoir, mais c'est le mot approprié.
Je vous remercie de votre exposé.
Je suis fasciné par cet enjeu. J'ai l'impression d'être un débutant, en quelque sorte, en matière de patrimoine, mais l'étude des langues autochtones me captive énormément. J'ai tenté d'effectuer des lectures contextuelles. J'ai appris qu'il existe plus de 90 langues autochtones, semble-t-il, dans l'ensemble du pays.
J'ai vu une citation d'Armand McArthur, de la Première Nation Pheasant Rump. Il parle le nakoda. Il évoquait sa fierté et sa passion et le fait qu'il estime avoir la responsabilité d'enseigner aux autres, de préserver sa langue.
Je suis ravi que le projet de loi reconnaisse les droits constitutionnels des Autochtones, y compris en ce qui concerne les langues autochtones.
Pouvez-vous aborder l'importance du projet de loi à vos yeux? Que fera-t-il pour renforcer la culture, la passion et l'histoire des groupes autochtones et leur droit linguistique partout au pays? Peut-être que vous pourriez commencer par répondre à cette question pour moi.
C'est très important. La langue est une partie tout à fait essentielle de l'identité d'un peuple, et, dans ce cas-ci — encore une fois —, de l'identité de la nation métisse. La langue — le michif — est très importante à nos yeux, tout comme d'autres langues autochtones, comme je l'ai mentionné plus tôt, que parlent certains de nos gens.
Notre culture est riche; toutefois, comme dans le cas d'autres peuples autochtones, nous avons subi de nombreuses années d'oppression, de répression de nos droits et, dans le cas de la nation métisse, d'exclusion, notamment des processus relatifs aux revendications globales, des processus relatifs aux revendications particulières, par exemple, de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits — aucun métis n'y travaille — et de beaucoup de programmes et services généraux qui ont été offerts à d'autres peuples autochtones.
Nous avons d'abord été exclus de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens et des excuses du premier ministre. Nous avons été exclus du mandat de la CVR et, comme je le dis, pour cette raison, nous avons été exclus des recommandations, quoique nous profitons de ces recommandations; il s'agit d'un exemple de ces exclusions.
Après toutes ces années d'exclusion, de marginalisation et de répression, aujourd'hui encore, nous sommes persécutés ou poursuivis parce que nous exerçons nos droits de récolte, de chasse et de pêche.
Lorsqu'un gouvernement ou un parlement est prêt à reconnaître au moins une partie de votre identité — et, dans ce cas-ci, une partie importante, une langue, qui est très importante à nos yeux... Si nous ne pouvons pas jouir de notre propre langue et de notre propre culture, au bout du compte, même si nos droits sont importants, ils perdent tout leur sens si nous perdons notre identité. Ces mesures fortifieront beaucoup les cultures et les langues respectives des peuples et nations autochtones.
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Il s'agit d'une question à laquelle je réfléchis depuis un moment. La réponse facile serait de dire au gouvernement de verser simplement plusieurs milliards de dollars, et nous allons nous débrouiller, mais je sais que cela n'arrivera pas.
Je sais qu'il existe de nombreuses langues. Certaines sont menacées. D'autres sont disparues. Des gens tentent d'en revitaliser certaines. Cela nécessitera beaucoup de travail. Il n'y a pas de réponse facile à cette question.
Nous avons l'expérience du fonds précédent, qui était inadéquat. Pour diverses raisons, la nation métisse a eu de la difficulté à y accéder. Nous avons été marginalisés pendant si longtemps au sein du système fédéral que, en ce qui concerne les Métis ou la nation métisse, nous avons beaucoup plus de difficultés à avoir du financement.
Il y a environ deux ans, j'ai adressé une lettre à la ministre du Patrimoine de l'époque, sans vraiment attribuer de valeur en dollars à ce que je faisais. Je proposais essentiellement qu'un institut Louis Riel ou un institut du michif soit établi grâce à un fonds de dotation d'une somme de peut-être 80 millions de dollars, et nous aurions travaillé à partir de là en faisant ce qui devait être fait. Je ne sais pas s'il s'agit d'une somme suffisante, mais nous devons commencer quelque part.
Je crois que le projet de loi jettera les bases qui nous permettront d'aller de l'avant. Les sommes d'argent que nous finirons par pouvoir obtenir sont quelque chose qui doit encore faire l'objet de discussions, mais elles doivent être importantes. Combien? Je ne sais pas, mais nous estimons tous que notre langue est importante, et ces langues sont importantes à nos yeux, mais comment détermine-t-on le poids qu'on y accordera? Quel est l'équilibre? Nous devons simplement trouver une solution.
Je pense que ce que nous avons actuellement, grâce à cette élaboration en collaboration, à ce partenariat — si je puis employer ce terme —, nous permettra d'aller de l'avant en ce qui concerne les problèmes de financement. Je ne voudrais pas que la question du financement empêche l'adoption du projet de loi, car nous avons besoin d'une base. Nous avons besoin de la reconnaissance que nous accorde le projet de loi, mais, bien entendu, il faut que nous trouvions des moyens de progresser à long terme.
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L'origine de la nation métisse remonte à la traite des fourrures et aux voyageurs qui venaient principalement de Montréal et de la région de Québec. Au fil du temps, les gens d'ascendance mixte sont devenus des Acadiens ou, plus loin à l'intérieur des terres, des Québécois. C'est seulement dans les lointaines régions de l'Ouest du Canada que les Métis sont devenus un peuple autochtone distinct.
Avec le temps, les Métis ont créé leur propre langue, le michif. C'était surtout pour plus de simplicité. Les noms sont français, mais le reste est principalement du cri. C'était une nouvelle langue qui a été créée par les gens et la nation métis. L'Institut Gabriel-Dumont et l'Institut Louis-Riel ont déployé beaucoup d'efforts pour faire des enregistrements vidéo dans cette langue et pour publier de la documentation à son sujet.
À dire vrai, je crois que c'est la réserve indienne de Turtle Mountain, au Dakota du Nord, qui a été la première à publier un dictionnaire michif vers la fin des années 1970. Beaucoup de gens de cette réserve indienne parlent encore le michif. Leur musique et leurs danses sont d'origine métisse, mais ils ne sont pourtant pas reconnus comme des Métis par les États-Unis. Même si notre nation s'étend jusque dans ce pays, soit vous êtes autochtone, soit vous ne l'êtes pas.
Il y a environ un millier de gens qui parlent encore le michif, mais ce sont tous des gens âgés de 65 ans et plus. Pourtant, il y a des initiatives, comme celles de l'école secondaire de l'Île-à-la-Crosse. Depuis une vingtaine d'années, on enseigne cette langue dans les écoles.
La langue commence à émerger à nouveau, mais nous avons absolument besoin d'aide pour aller plus loin. Nous devons trouver des moyens et des ressources pour cela.
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Essentiellement, nous avons besoin d'une approche holistique. Ce n'est qu'un élément parmi d'autres.
Avec le gouvernement actuel, nous interagissons surtout en fonction d'un mécanisme bilatéral permanent qui est surtout axé sur les programmes et les services. Dans le budget de l'année dernière, on nous a affecté environ 1,5 milliard de dollars pour l'éducation préscolaire, la garde d'enfants et le logement. Dans le budget à venir, nous désirons des affectations pour la santé et l'éducation.
C'est un élément. Il y a aussi les droits prévus à l'article 35 et les négociations de réconciliation entre la ministre et nos cinq membres dirigeants. Nous espérons que cela va aboutir à un règlement relativement aux droits prévus à l'article 35.
Bien sûr, il y a aussi l'élaboration conjointe des lois, comme dans le cas présent. Nous travaillons sur une loi sur les services à l'enfance et aux familles, également le fruit d'une élaboration conjointe. Je trouve très malheureux que la loi-cadre sur la reconnaissance et la mise en oeuvre du cadre des droits en soit au point mort. Je me trompe peut-être, mais je n'entends pratiquement plus rien à ce sujet.
La nation métisse a besoin de ce genre de choses, parce que nous avons été exclus du processus de revendication globale. Nous avons été exclus de tous ces processus. Nous avons besoin d'un processus auquel la nation métisse pourra participer. Nous aurions voulu que ce soit déjà fait.
Maintenant, en ce qui concerne ce projet de loi en particulier, les « attendus » sont très favorables à la nation métisse. Le projet de loi reconnaît que la langue est l'un des droits protégés par l'article 35 de la Constitution. Il dit clairement que les peuples autochtones qui ont ces droits sont ceux mentionnés au paragraphe 35(2), et cela comprend bien sûr la nation métisse. Nous avançons petit à petit.
Il reconnaît également s'appuyer sur les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et sur les 10 principes énoncés par le gouvernement fédéral l'année dernière.
Nous continuons à avancer de façon holistique, disons. Encore une fois, il ne s'agit que d'un élément, mais c'est un élément critique. La langue est quelque chose d'extrêmement important. Tous ceux qui sont venus témoigner le disent encore et encore. Si nous pouvions régler dès aujourd'hui le cas de cet élément, puis passer à d'autres éléments, nous pourrions vraiment dire au bout du compte que le Canada est un pays où tout le monde est pris en considération, où tout le monde aide à édifier la nation et ses peuples pour l'avenir.
Je vais partout dans le monde...
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Laissez-moi vous expliquer: le gouvernement de la nation métisse a établi des critères définissant qui peut s'inscrire comme citoyen de la nation métisse, mais nous ne décidons pas qui est d'ascendance mixte. Pratiquement tous les Autochtones du pays sont d'ascendance mixte, mais ce ne sont pas nécessairement des Métis.
En ce qui nous concerne, nous tenons des registres, effectivement. La nation métisse de l'Alberta a un registre, bien sûr, et vous venez de cette province. Ceux qui remplissent les critères sont inscrits comme citoyens, ils ont le droit. Dans le cas contraire, s'ils ne remplissent pas les critères, ils ne sont pas inscrits, puisqu'ils ne font pas partie de la nation métisse historique. Ils n'en sont pas les citoyens. Ce sont, par exemple, des gens qui ont déménagé — comme dans le cas de Fort McMurray — de Terre-Neuve ou d'ailleurs dans l'Est du Canada. Ils ne sont pas qualifiés.
À propos du frère et de la soeur que vous avez mentionnés, je ne connais pas tous les détails, mais cela me semble étrange. Peut-être que l'un est inscrit alors qu'il ne devrait pas l'être, ou peut-être que les deux devraient être inscrits.
Essentiellement, lorsqu'on parle de la nation métisse, on parle d'un peuple distinct établi dans l'Ouest du Canada, même si une partie vit maintenant ailleurs au Canada. Ces gens ont le droit d'être inscrits au registre de la nation métisse à titre de citoyens. Même si vous êtes en Australie, vous avez le droit d'être inscrits. L'endroit où vous vivez dans le monde n'a pas d'importance; si vous êtes un descendant de la nation métisse ancestrale et que vous avez le droit d'être inscrit comme citoyen. Pour nous, une nation est un groupe sociopolitique ainsi qu'un peuple ancestral.
Nous souhaitons reconnaître le territoire traditionnel du peuple algonquin. Nous vous remercions de nous avoir invités à discuter de cet important projet de loi.
Je suis Tracey Herbert de la Première Nation des St'uxwtews qui fait partie de la Nation Secwepemc, en Colombie-Britannique. J'ai le privilège d'être la présidente-directrice générale du First Peoples' Cultural Council et je suis ici avec ma collègue, Mme Suzanne Gessner, pour proposer au Comité permanent des recommandations aux fins d'études.
Permettez-moi de commencer en disant que, pendant de nombreuses années, les peuples autochtones souhaitaient ardemment une loi pour protéger leurs langues. Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui avec vous pour discuter de la façon dont nous pouvons travailler ensemble afin de renforcer le projet de loi afin qu'il puisse soutenir le travail que nous devons accomplir en tant que Canadiens en vue de revitaliser les langues issues de ce territoire que nous appelons maintenant le Canada.
Le First People's Cultural Council est une société d'État provinciale dirigée par les Premières Nations qui a pour mandat de soutenir la revitalisation des langues, des arts, de la culture et du patrimoine autochtones en Colombie-Britannique.
L'organisme fournit du financement, des ressources et de la formation aux communautés. Nous surveillons la situation des langues des Premières Nations. Nous fournissons également des avis techniques et formulons des recommandations stratégiques à l'intention des dirigeants et du gouvernement des Premières Nations.
Le dépôt du projet de loi est un acte concret de réconciliation de la part du gouvernement du Canada. Nous sommes ravis de voir ce projet de loi. Nous appuyons une loi sur les langues.
Je vais proposer quelques amendements importants qui pourraient renforcer le projet de loi afin qu'il puisse mieux répondre aux besoins des communautés et des langues autochtones. Une liste complète des amendements a été présentée par écrit au Comité.
Je veux commencer par le préambule, qui précise ce qui suit:
attendu que le gouvernement du Canada reconnaît que les relations avec les peuples autochtones doivent être fondées sur la reconnaissance et la mise en oeuvre de leur droit à l'autodétermination, y compris le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale;
En contradiction avec cette reconnaissance, le projet de loi précise que les pouvoirs et fonctions découlant de la loi seront exercés par le ministre ou le commissaire. Nous recommandons donc la création d'une organisation nationale des langues autochtones dirigée par des experts autochtones et indépendante du ministère du Patrimoine canadien et du Bureau du commissaire.
Cette organisation pourrait appuyer le travail et élaborerait une stratégie nationale pour les langues autochtones. Je vais souligner les trois principales raisons de sa création.
Une organisation est nécessaire pour assurer une gestion élargie et exhaustive de la mise en oeuvre du projet de loi. Elle peut protéger le financement et les programmes dans l'avenir si le gouvernement change, par exemple, selon le modèle des trois organismes de CBC/Radio-Canada ou du Conseil des Arts du Canada. Je vois également la création d'une organisation comme une stratégie pour continuer d'investir dans les langues autochtones.
De même, elle veillera à ce que la mise en oeuvre du projet de loi se déroule de façon indépendante du gouvernement, des organisations publiques ou du commissaire, et conférera aux experts et aux techniciens linguistiques le pouvoir de diriger les travaux.
Le First Peoples' Cultural Council appuie la nomination d'un commissaire pour rehausser le profil et la valeur des langues autochtones du Canada, suivant le modèle du commissaire aux langues officielles; il assumerait les rôles principaux d'ombudsman, de vérification et d'établissement de rapports.
Bien que ces rôles soient déjà précisés dans le projet de loi, il semble que le commissaire ait aussi un rôle à jouer pour appuyer les efforts visant à se réapproprier les langues autochtones, à les revitaliser, à les maintenir et à les renforcer. Afin de surveiller efficacement le travail, le commissaire doit être indépendant de ceux qui le soutiennent et l'exécutent.
L'engagement de fournir un financement adéquat, stable et à long terme pour la réappropriation, la revitalisation, le maintien et le renforcement des langues autochtones, prévu à l'article 7, est crucial. Toutefois, cet article décrit un processus de consultation non spécifique que le ministre doit entreprendre afin d'atteindre l'objectif de financement. Cela nie l'autodétermination des Autochtones, et le processus tel qu'il est décrit empêchera une distribution efficace et efficiente du financement.
Selon nous, le plus gros problème que pose le libellé actuel du projet de loi concerne l'octroi de financement. Le projet de loi oblige seulement le ministre du Patrimoine canadien à mener des consultations sur le financement. Il ne l'oblige pas à fournir un financement donné. Nous voulons voir du soutien financier à long terme pour nos langues. Nos aînés, nos gardiens du savoir, nos locuteurs, nos professeurs de langues, nos apprenants et ceux qui possèdent une expertise et un engagement doivent avoir accès à des ressources. Au bout du compte, le projet de loi doit garantir des investissements qui répondent aux besoins des communautés autochtones et qui sont protégés contre les intérêts changeants du gouvernement.
Nous recommandons que le ministre finance une stratégie nationale sur les langues autochtones afin d'atteindre l'objectif d'octroyer un financement adéquat, stable et à long terme en ce qui touche la réappropriation, la revitalisation, le maintien et le renforcement des langues autochtones au Canada. L'organisation nationale proposée pourrait travailler en collaboration avec le ministre afin d'élaborer une stratégie et un cadre de financement.
Le First Peoples' Cultural Council désire également souligner certaines omissions.
Premièrement, les langues autochtones au Canada comprennent les langues des signes autochtones, lesquelles ont été encore plus marginalisées que les langues autochtones parlées. Elles doivent être explicitement reconnues.
Deuxièmement, plus de 50 % des Autochtones du Canada vivent loin de leur communauté d'origine. Les Autochtones ont le droit de parler leur langue, peu importe où ils résident. Ce point doit être exprimé plus clairement dans le projet de loi. Des programmes urbains doivent être inclus dans une stratégie nationale.
Troisièmement, les droits de propriété intellectuelle de chaque langue doivent être protégés. Par exemple, l'article 24 du projet de loi traite des activités de recherche qui peuvent être entreprises par Statistique Canada ou par Bibliothèque et Archives Canada. Nous n'appuyons pas cet article. Aucune entité non autochtone ne devrait détenir ou conserver le savoir autochtone. Nous recommandons que les principes de propriété, de contrôle, d'accès et de possession à l'égard des langues autochtones soient clairement énoncés dans le projet de loi.
Enfin, quelles sont les langues autochtones qui sont reconnues? On devrait ajouter une annexe qui contient une liste des langues auxquelles le projet de loi s'applique. La réglementation pourrait décrire les critères et les processus pour ajouter des langues à l'annexe.
Nous appuyons les mesures législatives visant à reconnaître et à revitaliser les langues. Nous vous demandons respectueusement de prendre en considération nos recommandations visant à renforcer le projet de loi . Nous avons décrit plusieurs points importants à prendre en considération en vue d'amendements. Nos deux principaux arguments sont que la mise en oeuvre du projet de loi C-91 doit être dirigée par des Autochtones, ce qui pourrait être fait, selon nous, grâce à la création d'une organisation nationale. Le libellé du projet de loi doit prévoir une obligation d'octroyer un financement adéquat, stable et à long terme. La tenue de consultations sur le financement ne suffit pas. Nous avons besoin qu'il y ait un engagement de financement pour la réalisation de ce travail. Selon notre expérience de partenariat avec la communauté, nous savons que la revitalisation des langues est entièrement possible lorsqu'elle est appuyée par un financement stable à long terme.
Kukstec-kuc de m'avoir écoutée. Le First Peoples' Cultural Council a une page Web qui contient nombre de ressources sur les mesures législatives. Nous avons également des recherches qui fournissent des estimations détaillées des coûts. Je sais qu'on a discuté de ce qu'il en coûtera. Nous sommes très heureux d'aider le Comité permanent et le ministre par tous les moyens possibles.
Merci.
[Le témoin s'exprime en langue des signes oneida et est interprété comme suit:]
Je suis Teyuhuhtakwiku. Je suis haudenosaunee. Je suis de la Nation des Oneidas et du Clan de la Tortue.
Je travaille avec le Centre linguistique et culturel Oneida pour revitaliser la langue des signes oneida.
Je vous dirai que, à cause de la colonisation, ma langue, ma culture et mon identité ont été perdues. Notre langue, notre culture et notre identité ont été renforcées grâce à la revitalisation de la langue des signes oneida. Nous vivons ici sur l'Île de la Tortue et nous devons prendre en considération toutes les langues qui s'y parlent, y compris les langues des signes. Grâce à la décolonisation, je suis en mesure de me réapproprier mon identité, mon peuple et mes liens culturels et de m'identifier en tant qu'Oneida.
Lorsque nous travaillons dans le cadre du traité Two Row, nous nous respectons mutuellement, nous n'empiétons pas les uns sur les autres, mais nous honorons la contribution unique de chacun afin de pouvoir cheminer ensemble côte à côte.
Je vais vous parler de certaines différences entre la langue des signes américaine, l'ASL, utilisée par la majorité des personnes sourdes au Canada, et la langue des signes oneida. D'abord, il y a « une célébration » ou « une cérémonie » dans le langage ASL, qui est le signe suivant. Toutefois, dans la langue des signes oneida, on montre un feu, des gens autour d'un feu qui appellent le Créateur, ce qui représente vraiment notre culture.
Je suis allée trop vite dans mon allocution, mais je vais revenir un peu en arrière et vous parler de notre prière d'action de grâce. À cette occasion, nous exprimons notre gratitude pour la Terre mère, les fraises, les herbes médicinales, le tabac sacré, l'eau, les arbres, les animaux et les oiseaux, ainsi que pour la Grand-mère Lune, le soleil, les étoiles, le tonnerre et les quatre êtres. Nous remercions le Créateur.
Nous devons encourager tous ceux qui vivent sur l'Île de la Tortue à développer leurs langues des signes autochtones et à travailler ensemble.
Encore une fois, nous revenons au traité Two Row Wampum, dans le cadre duquel nous travaillons côte à côte, mais nos voies ne se croisent pas.
Je vous remercie de m'avoir invitée ici aujourd'hui pour vous parler de mes expériences.
Yaw^ko.
Le père de Marsha était chef dans une maison longue. Lorsqu'elle était petite, elle assistait à nombre de cérémonies quand elle le pouvait parce qu'elle allait à l'école pour sourds de Milton, en Ontario, mais c'est une autre triste histoire.
Au cours de son enfance dans cette société, comme elle vous l'a montré, on organisait des célébrations, ce qui la rendait triste parce qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait; il n'y avait personne qui pouvait la lui expliquer, car seule la langue oneida était parlée. Même si — comme Debbie aujourd'hui — un interprète était présent lorsque la langue oneida était parlée, elle baissait les mains et attendait que l'on recommence à parler en anglais. Le fait d'être à la fois si près et si loin de notre langue, de notre culture, de nos traditions, de nos chansons et de nos danses a eu de graves incidences sur Marsha.
Nous avons cinq enfants qui sont sourds: trois filles et deux garçons. Nous avons neuf petits-enfants: sept sourds et deux entendants. Lorsque Marsha était enfant, dans bien des cas, elle se retrouvait seule. Elle était la seule Autochtone à Milton, alors vous pouvez imaginer le traitement qu'elle y a reçu. Elle n'était jamais assez bonne, et on la regardait toujours avec condescendance.
Regardez où elle est aujourd'hui. Je lui ai demandé l'autre jour: « Lorsque tu étais petite, n'as-tu jamais imaginé montrer la langue oneida à un comité permanent sur la Colline du Parlement? » Elle m'a répondu: « Non, jamais. » Mais nous voilà ici aujourd'hui, grâce à son engagement, à ses efforts, au fait qu'elle soit une aînée admirée au sein de la communauté des malentendants et à la force dont elle fait preuve pour poursuivre sa voie, voie que personne n'a jamais empruntée.
Nous sommes allés partout au Canada. Marsha est la représentante de l'Est du Canada pour les femmes sourdes autochtones du Canada. Cet honneur lui a été accordé il y a deux ans à Edmonton parce qu'on a vu qu'elle possédait les qualités qu'elle vous a montrées ici ce soir: son engagement et son amour pour la langue et son peuple.
C'est comme lorsqu'elle a dit shekoli tout à l'heure. Ce n'est ni une fuite ni une intimidation. C'est un geste bas qui s'éloigne. C'est un mouvement de balai avec la main. Nombre de nos gestes sont comme cela. Nous avons incorporé des éléments du monde naturel dans ce que nous faisons pour encourager, de manière non offensante, les gens à venir à nous, à regarder et à apprendre. Nous avons offert ces possibilités à nous-mêmes et à notre famille.
Notre famille a encouragé cela parce que, comme je l'ai dit, elle compte 14 membres. Toutefois, dans notre communauté, elle peut aller jusqu'à 20 membres. Il y a beaucoup de personnes sourdes dans la population oneida, et ces dernières nous ont encouragés. Maintenant, la population entendante oneida en apprend également davantage avec les enseignements de la langue. Les gens disent qu'ils peuvent se souvenir plus facilement de quelque chose lorsqu'ils utilisent la langue des signes et que cette langue les aide. Nous constatons une nette amélioration de la revitalisation de notre langue et sentons que les flammes de notre passion pour elle sont ravivées.
Ce que je disais plus tôt, c'était que shekoli est comme cela. C'est « bonjour », et les mots suivants, lorsque vous rencontrez quelqu'un, sont skʌna’kó: kʌ́, et cela signifie: « Est-ce que ça va bien? » C'est la beauté de notre langue. L'amour dans notre langue fait que, presque immédiatement, on demande à la personne comment elle va, on le demande vraiment, on ne fait pas que poser la question et s'en aller. Non, c'est: « Comment allez-vous? Est-ce que ça va bien? » En retour, on vous demande: « Est-ce que ça va bien? »
Nous en sommes arrivés au point où nos jeunes apprennent cela encore une fois. Pendant une période, j'étais fâché contre mon père, lorsque j'étais jeune. J'ai lui ai demandé: « Pourquoi ne nous as-tu jamais parlé en oneida, à mon frère et à moi? » Nous devions aller voir nos grands-parents pour vraiment apprendre notre langue. J'étais vraiment en colère. Il m'a répondu: « Je n'ai jamais voulu t'enseigner quelque chose qui pourrait faire en sorte que tu te fasses maltraiter. » Après avoir entendu sa réponse, je n'étais plus fâché.
Voilà l'effet direct que le colonialisme a eu sur notre peuple, nos familles et notre structure.
Nous sommes en train de retrouver cela au point où, lorsqu'on parle des jeunes, non pas seulement des nôtres, mais d'autres également, qui ne font preuve d'aucun respect, eh bien, en apprenant la langue et la façon de structurer les phrases, ils apprennent le respect. Ils véhiculent cette valeur. Les aînés les respectent et ils les encouragent à en apprendre davantage parce que c'est la façon dont ils ont été élevés. Leur langue première était l'oneida. C'est pourquoi il est très important que nous continuions afin que Marsha puisse partager sa langue avec ses petits-enfants.
Je dis cela parce qu'elle était une petite fille très solitaire. Maintenant, ensemble, nous avons formé notre propre petite tribu dans laquelle elle n'est plus seule. Nous essayons d'intégrer dans nos signes la force, la compassion, la compréhension et la bienveillance qui se trouvent dans notre langue.
Marsha vous a montré « animal ». Un animal grattera le sol avec sa patte pour trouver sa nourriture. Dans l'ASL, un ours se dit de cette façon; la nôtre est ainsi. Il marquera un arbre, et vous saurez qu'il est passé par là, alors vous devrez faire attention à moins de vouloir le rencontrer.
Dans l'ASL, on dit insecte de cette façon, alors que dans la nôtre, c'est plutôt ainsi parce que ce signe attirera immédiatement votre attention: « Oh, il y a une araignée sur moi, quelque chose grimpe sur moi, et c'est probablement un insecte. » Nous avons essayé d'utiliser notre monde naturel et de le combiner à nos gestes, à ce que nous pouvons présenter au Kwan ni”y’oht, le plus petit, au Kwan ni”y’oht, le plus grand de notre peuple.
J'espère que notre démonstration ici aujourd'hui vous aidera à comprendre cela.
Yaw^ko Merci.
Merci à tous d'être venus.
La langue autochtone et la langue elle-même est un sujet qui m'est très cher. Je suis fier d'apprendre la langue, et c'est probablement en raison du multiculturalisme dans lequel j'ai grandi. Comme Max l'a dit, des gens comme mes frères, qui sont beaucoup plus âgés que moi, ne voulaient pas apprendre la langue au début, et moi non plus. Quand on est plus jeune, on veut assimiler — pas même intégrer, on veut assimiler — aussi rapidement que possible et rejeter toute différence, mais plus tard, on réalise que ces différences sont formidables et que ce sont elles qui font du Canada un grand pays.
Je crois que l'un des défis que pose ce projet de loi est lié au nombre de langues et au petit nombre de personnes qui les parlent. La plus grande tâche sera de les consigner, de les revitaliser et de les maintenir, et je pense que nous devrons trouver des moyens très novateurs et modernes de les préserver. Cela ne viendra pas d'un professeur ou d'un enseignant conventionnel. On devra les numériser de manière très intéressante parce qu'il y a beaucoup de dialectes. Je n'avais jamais songé à la langue des signes avant.
Je veux que vous en ayez conscience et je pense que votre argument selon lequel les Autochtones ne devraient pas seulement être consultés, mais qu'ils devraient être à la tête de cette initiative est très important.
Pourquoi vous préoccupez-vous tant du fait que les données elles-mêmes ne devraient pas être entre les mains de Statistique Canada, mais plutôt entre les mains des gestionnaires autochtones?
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Bien sûr. Nous avons commencé en 1990. Nous sommes une société d'État provinciale. Nous avons un conseil d'administration composé de 13 administrateurs et un comité consultatif composé d'un représentant pour toutes les langues de la Colombie-Britannique. Notre mandat est de revitaliser la langue, les arts, la culture et le patrimoine; il s'agit donc d'une approche globale de revitalisation culturelle.
Au début, nous soutenions les centres culturels et nous avons constaté, toutefois, que, pour soutenir les langues, nous devions soutenir plus d'organisations, plus de types d'organisations, et nous sommes passés au soutien et à l'établissement de priorités quant à la revitalisation des langues. Pendant de nombreuses années, nous disposions d'un budget très limité. Nous soutenions 32 langues et 90 dialectes avec environ 1 million de dollars par année. Nous avons agi en tant qu'organisme à but non lucratif, en recueillant des fonds et en faisant appel à de multiples sources de financement. Certaines années, nous pouvions avoir jusqu'à 11 sources de financement différentes.
Au fil du temps, nous avons travaillé avec les collectivités en vue de déterminer les types de stratégies qui ont permis de revitaliser les langues. En 2006, nous avons décidé de mettre l'accent sur les activités d'immersion et de former des locuteurs dans la collectivité par le truchement du développement de la petite enfance et des incubateurs de langue, ainsi que des relations mentor-apprenti. Depuis les quelques dernières années, nous mettons vraiment l'accent sur le soutien des collectivités pour qu'elles élaborent des plans en matière de langue dans le cadre desquels elles collaborent avec d'autres collectivités qui partagent la même langue et se concentrent sur des investissements dans de multiples domaines. On pourrait dire que nous avons une école, que nous enseignons aux enfants et que nous revitalisons la langue, mais en fait, il faut investir dans de multiples domaines, des bébés jusqu'aux aînés, afin de revitaliser les langues.
Nous essayons vraiment de nous réorienter grâce à l'investissement de 50 millions de dollars du gouvernement de la Colombie-Britannique. Nous avons pu faire savoir comment on a revitalisé les langues au moyen d'un plan d'affaires qui mentionnait les différents domaines dans lesquels nous allions investir. Encore une fois, toutes ces idées et tous ces programmes découlent de cette relation réciproque avec la collectivité, parce que les collectivités sont les experts. Nous essaierons quelque chose, et elles diront que cela ne fonctionne pas vraiment et que nous devons changer d'orientation.
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Merci, mon cher collègue.
Madame Herbert, je suis un francophone du Nouveau-Brunswick, donc d'origine acadienne. La bataille pour les langues et l'identité de sa culture à travers sa langue me touche beaucoup. C'est une raison d'être pour moi et j'imagine que c'est la même chose pour vous.
Tantôt, nous avons entendu des témoins. Nous avons parlé de beaucoup de choses il y a deux heures. Il y a au moins 90 langues autochtones au Canada, et 75 % d'entre elles sont en danger.
L'objectif du projet de loi à l'étude est de soutenir les peuples autochtones dans la réappropriation, la revitalisation, le maintien et le renforcement de leurs langues. Vous avez dit tantôt que, selon vous, l'article 7 n'est pas assez fort parce qu'il y est question de consultation.
Je ne vais pas faire un débat juridique avec vous. Les deux premières phrases ne sont peut-être pas assez fortes, mais le ministre a vraiment insisté sur le fait que le projet de loi se fonde d'abord et avant tout sur ce que les communautés autochtones ont fait valoir. Le but premier du projet de loi est de répondre aux besoins de ces communautés, et non l'inverse, c'est-à-dire que ce n'est pas le gouvernement qui impose sa vision des choses.
Vous me corrigerez si je me trompe ou si vous n'êtes pas d'accord avec moi, mais à l'article 7 il est dit que le ministre doit consulter les diverses communautés. On y précise ce qui suit:
[Traduction]
[...] en vue d'atteindre l'objectif d'octroyer un financement adéquat, stable et à long terme en ce qui touche la réappropriation, la revitalisation, le maintien et le renforcement des langues autochtones.
[Français]
Cette deuxième partie ne vous rassure-t-elle pas?