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Merci, madame la présidente, de nous avoir invités à témoigner devant le Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Stuart Johnston, président de la Canadian Independent Music Association, ou CIMA. Je suis accompagné de Chris Moncada, de eOne Music et Last Gang Music, qui est membre du conseil d'administration et vice-président du comité des affaires gouvernementales de la CIMA.
La CIMA est l'association commerciale sans but lucratif qui représente les entreprises anglophones contrôlées et possédées par des intérêts canadiens au sein de l'industrie nationale de la musique, notamment des maisons de disques indépendantes, des gestionnaires, des éditeurs, des distributeurs, des entrepreneurs artistes et des studios d'enregistrement, qui sont toutes de petites entreprises.
Aujourd'hui, vous nous entendrez répéter les recommandations que des témoins précédents vous ont présentées. Cela s'explique par le vaste consensus qui règne au sein de notre industrie sur ce qu'il faut faire pour améliorer le moyen de subsistance de nos créateurs de musique. Il importe aussi de savoir que par « créateurs », nous faisons référence à toute personne qui crée, enregistre, interprète et commercialise de la musique dans l'écosystème musical. Les créateurs sont les artistes, les auteurs et les compositeurs, ainsi que les entreprises qui les épaulent, comme les maisons de disques, les gestionnaires et les éditeurs. Nous exhortons le Comité à examiner ces consultations de ce point de vue pour faire en sorte que tous ceux qui créent et commercialisent la propriété intellectuelle soient adéquatement soutenus et protégés par la loi canadienne.
Vous avez entendu parler de l'écart de valeur, c'est-à-dire la différence entre la valeur de la musique et les sommes remises aux créateurs pour l'utilisation de cette musique. Les quatre modifications que nous recommandons d'apporter à la Loi sur le droit d'auteur contribueront considérablement à éliminer cet écart au Canada.
Il faut d'abord éliminer l'exemption temporaire de redevances dont bénéficient les stations de radio pour le 1,25 premier million de dollars de revenus. Depuis 1997, en effet, les radiodiffuseurs canadiens n'ont pas à payer de redevances pour l'exécution publique de musique pour le 1,25 premier million de dollars de revenus. Le gouvernement avait modifié la Loi sur le droit d'auteur pour offrir cette exemption aux stations de radio commerciales à une époque d'incertitude où l'industrie radiophonique gagnait de faibles revenus. Or, ses profits ont depuis bondi de 8 300 % depuis. Les créateurs canadiens ont donc subventionné l'industrie radiophonique commerciale du Canada à hauteur de quelque 8 millions de dollars par année. Cette exemption, qui n'a pas son pareil dans le monde, était censée être temporaire. Je ferais remarquer que les auteurs-compositeurs ne sont pas touchés par cette exemption, et ce n'est que justice; seuls les interprètes et les maisons de disques sont pénalisés par ce système.
Nous recommandons en outre de modifier la définition d'« enregistrement sonore » dans la Loi sur le droit d'auteur pour que les interprètes soient rémunérés pour l'exécution publique de la musique enregistrée dans le cadre d'émissions de télévision et de films. Selon la Loi, les enregistrements musicaux ne sont pas considérés comme des enregistrements sonores s'ils figurent dans la bande sonore d'une émission de télévision ou d'un film. En raison de cette omission, les enregistrements sonores ne permettent pas de recevoir des redevances. Par exemple, quand le film Titanic est projeté en public, le compositeur de la chanson intitulée My Heart Will Go On reçoit des redevances, mais pas Céline Dion, l'interprète. Cette omission entraîne des pertes de revenus d'au moins 45 millions de dollars par année pour les interprètes et les concepteurs.
De plus, nous recommandons de prolonger la protection du droit d'auteur pour qu'elle s'applique 70 ans suivant l'année du décès de l'auteur. Nous appuyons la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, l'Association canadienne des éditeurs de musique et d'autres intervenants à cet égard. Tant l'Union européenne que les États-Unis protègent le droit d'auteur 70 ans après le décès des auteurs d'oeuvres musicales, ce qui inclut les éditeurs, les auteurs et les compositeurs. Cette modification permettrait au Canada d'harmoniser ses pratiques aux normes de propriété intellectuelle et aux accords commerciaux internationaux. En outre, elle permettra de mieux protéger les créateurs canadiens d'oeuvres musicales, y compris les auteurs, les éditeurs et les compositeurs.
Nous vous recommandons enfin de renouveler le soutien aux créateurs de musique. Nous appuyons la recommandation de la Société canadienne de perception de la copie privée, qui préconise la création d'un fonds d'indemnisation de quatre ans de 40 millions de dollars par année pour les copies privées. Les créateurs de musique devraient être indemnisés équitablement pour les copies privées faites de leur musique, et ce fonds constitue une bonne mesure temporaire d'ici à ce qu'on dispose d'une solution permanente grâce à la modification de la loi. Idéalement, la Loi sur le droit d'auteur devrait faire en sorte que la copie privée soit neutre sur le plan de la technologie. Malheureusement, la copie privée se limite à des médias qui tombent rapidement en désuétude, comme les CD vierges.
Merci beaucoup. Je demanderais maintenant à Chris Moncada de prononcer quelques mots.
Je m'appelle Chris Moncada, résidant de la circonscription de Toronto—Danforth et directeur général de Last Gang Records et d'eOne Music Canada.
Last Gang est une maison de disques indépendante établie à Toronto qui, depuis 15 ans, représente des artistes canadiens émergents et bien établis comme Metric, Stars, Death From Above et bien d'autres. Le répertoire actuel comprend plus de 20 artistes, dont la plupart sont canadiens. Nous soutenons et élargissons ce répertoire de diverses manières, notamment en faisant de la promotion à la radio et du marketing auprès des consommateurs, en offrant du soutien au chapitre des relations publiques, en proposant une stratégie de marque et en assurant la distribution de détail. Pour expliquer les choses très simplement, la maison de disques tire la plupart de ses revenus de l'exploitation d'enregistrements originaux au sujet desquels nous avons accordé des licences pour nos artistes afin d'autoriser l'écoute en continu de musique par l'entremise de services légitimes, la vente de téléchargements d'albums et de simples, la vente de CD et de disques vinyle, et la synchronisation de musique avec des divertissements visuels.
Nos artistes partenaires reçoivent des redevances ou un pourcentage des recettes nettes après le recouvrement des coûts convenus que la maison de disques assume pour produire et commercialiser les produits. Ce qui est le plus difficile quand vient le temps de rémunérer nos artistes partenaires, c'est d'arriver à recouvrer les coûts dans la situation actuelle. Les taux payés par les services de diffusion en continu ne constituent qu'une fraction de ceux payés pour les CD, et les coûts de mise en marché et de promotion de l'art n'ont cessé de croître depuis que notre industrie a adopté un modèle de consommation par diffusion en continu. Qui plus est, le marché est maintenant mondial, et les coûts de promotion des artistes à l'étranger sont substantiels.
La numérisation a eu des répercussions monumentales sur notre industrie. En relativement peu de temps, elle a modifié la manière dont nos artistes effectuent leurs enregistrements et la façon dont nous les distribuons et les mettons en marché. Elle a redéfini notre relation avec le secteur de la vente au détail. Ce qui n'a pas changé, toutefois, c'est le fait que la voie sur laquelle les artistes s'engagent pour gagner leur vie grâce à leur art commence par la création d'enregistrements originaux, dont un grand nombre sont financés et mis en marché par les maisons de disques. Les tournées, les listes de diffusion en continu, la radiodiffusion terrestre, l'intérêt de la presse et des blogues, les occasions de placement à la télévision et dans les films, tout cela vient après la création et la promotion de l'art.
En apportant les modifications appropriées au régime de droit d'auteur — dont mon collègue, Stuart, a traité —, le gouvernement soutiendra les entreprises qui constituent la rampe de lancement du talent canadien afin d'avoir une incidence vraiment mondiale.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Merci, chers membres du Comité.
Nous sommes devant vous aujourd'hui au nom de la SODRAC, une organisation de gestion collective du droit d'auteur et du droit de reproduction de ses membres auteurs, compositeurs, éditeurs de musique et créateurs d'oeuvres artistiques. Ce faisant, nous facilitons l'usage de notre répertoire d'oeuvres sur toutes les plateformes de diffusion, afin que le travail de nos membres soit rétribué équitablement.
Nous comparaissons devant vous aujourd'hui parce que nous désirons vous présenter, dans le cadre de votre étude des modèles de rémunération, un portrait des répercussions du numérique et vous proposer certaines avenues pour rétablir l'équilibre dans la chaîne de valeur, afin de rétribuer plus justement le créateur.
J'aimerais vous faire part de nos constats quant à la vie économique de nos membres.
Compte tenu des nouveaux modèles d'affaires numériques et de la modernisation de la Loi sur le droit d'auteur de 2012, à titre d'organisation de gestion collective représentant les créateurs, nous voulons aborder les points suivants.
Dans un premier temps, nous voulons vous présenter ce que nous avons constaté au sujet de l'ensemble des intervenants du marché.
D'abord, il y a le consommateur. On est passé d'un mode de possession à un mode d'accès numérique où le répertoire musical local, national et international est accessible, légalement et illégalement, par un simple clic. Parce que le consommateur paie son fournisseur Internet pour avoir accès au contenu ou souscrit à des abonnements particuliers, il croit qu'il paie suffisamment pour les produits culturels, musicaux et audiovisuels.
Ensuite, il y a l'utilisateur. L'environnement actuel favorise les exploitants numériques. Compte tenu des nouveaux modèles d'affaires du numérique, on assiste à l'émergence de nouveaux intermédiaires. Certains de ces intermédiaires utilisent la musique comme produit d'appel, alors que d'autres bénéficient d'exceptions, ce qui crée un écart dans la valeur des oeuvres numériques.
Finalement, il y a le créateur. En soi, le numérique est bénéfique aux créateurs, car il élargit et démocratise les moyens de diffusion, qui autrefois étaient limités. Le numérique permet de diversifier la créativité et d'atteindre des publics qui n'auraient jamais été accessibles autrement. Il permet également de transformer complètement les formats dans lesquels la musique est consommée.
Cependant, le plus grand constat en ce qui concerne le créateur est son incapacité d'être rémunéré équitablement pour l'utilisation de ses oeuvres. Les créateurs les plus prolifiques trouveront toujours un moyen d'être rémunérés pour leurs oeuvres, mais il en va autrement pour la grande majorité des créateurs, l'équivalent de la classe moyenne, qui vivaient de leurs créations avant l'avènement du numérique. Pour eux, le déséquilibre que le numérique a fait subir à la valeur des oeuvres ne cesse de s'amplifier.
Dans un deuxième temps, nous voulons vous présenter les éléments qui ont une incidence économique sur les créateurs.
Bien sûr, l'élément le plus crucial est la Loi sur le droit d'auteur. Or, depuis 2012, cette loi comporte plus d'exceptions que toute autre loi similaire ailleurs dans le monde. Ces exceptions ratissent très large. Elles concernent notamment le régime de la copie privée et le contenu généré par les utilisateurs. Il y a aussi les exceptions dont bénéficient certains intermédiaires numériques.
Les différents jugements récents de la Cour suprême du Canada donnent un droit nouveau aux utilisateurs.
Il y a aussi l'absence de pourcentages obligatoires de contenu national ou francophone dans le numérique.
Finalement, bien que le rôle de la Commission du droit d'auteur du Canada soit essentiel, il y a un écart de valeur dans ses décisions relatives aux utilisations numériques des oeuvres, et cela a une incidence économique négative sur les créateurs, par comparaison à la situation des autres pays pour les mêmes utilisations.
Cela nous amène au dernier point que nous voulons soulever. Je vais laisser Me Lavallée vous en parler.
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En fait, on parle ici de la nécessité de disposer d'une loi sur le droit d'auteur qui soit favorable aux auteurs. Fondamentalement, le mode de rémunération d'un créateur représente pour nous la possibilité que ce dernier suive la vie économique de son oeuvre, quelle qu'en soit l'utilisation. Ce principe repose sur trois piliers, soit l'accès à l'oeuvre, l'autorisation du titulaire et la valeur en fonction des multiples utilisations et réutilisations.
Reprenons ces trois points.
L'accès n'est pas une source importante de problèmes, car la numérisation des oeuvres, surtout musicales ou audiovisuelles, est chose commune. C'est à la portée de tous. Des initiatives d'entrepôt numérique répondraient aux besoins d'accès à une copie autorisée détenant intrinsèquement des métadonnées universelles.
L'autorisation ne devrait pas non plus causer de problèmes, puisque, à grande échelle ou lorsque le volume est élevé, le système permettant aux organisations de gestion collective comme la nôtre d'accorder des licences générales ou à la pièce fonctionne plutôt bien et procède par échange de métadonnées. Par contre, les multiples exceptions dans la Loi sur le droit d'auteur annulent le processus d'autorisation. La diminution des exceptions fera d'ailleurs l'objet de l'allocution que nous allons présenter devant le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie.
Le plus grand défi concerne l'attribution d'une valeur en fonction des multiples utilisations. En effet, les exploitants numériques profitent actuellement de droits plus importants que ceux du créateur lui-même, qui est pourtant celui qui fournit la matière première à ces plateformes de diffusion. Comment avons-nous pu migrer d'un système de protection des auteurs à un système de protection des utilisateurs? Pourquoi le créateur se voit-il empêché de bénéficier des retombées économiques potentielles de l'exploitation de son oeuvre, que ce soit en raison des exceptions dans la Loi ou parce que la responsabilité des exploitants est floue et que cela l'oblige continuellement à recourir aux tribunaux pour faire valoir ses droits?
Ce résultat est tout le contraire de ce que le Parlement devrait souhaiter pour l'ensemble de l'industrie culturelle. En ce sens, le ministère de l'Industrie et Patrimoine canadien devraient concerter leurs efforts pour revoir la Loi sur le droit d'auteur et en faire un outil destiné à défendre et promouvoir les titulaires de droits.
Parmi les pistes de solution, nous vous invitons à considérer les suivantes, qui, nous le croyons fermement, reconnaissent l'évolution du marché numérique d'aujourd'hui et l'état du droit d'auteur au XXIe siècle.
Premièrement, il faut reconnaître que le contenu transmis par un fournisseur de services numériques est soumis à un droit de propriété qui appartient à autrui. Il faut poursuivre sur cette lancée et reconnaître également que certains acteurs d'Internet, notamment les fournisseurs d'accès à Internet, Facebook et YouTube, pour n'en nommer que quelques-uns, nient encore toute responsabilité. Or, dans la nouvelle économie numérique, ils devraient assurer une rémunération correcte des créateurs. Leur contribution est donc nécessaire.
Le fait qu'un immense secteur distribue la musique des créateurs, mais ne paie en retour qu'une infime partie des revenus, est connu sous le nom de « transfert de valeur » ou « écart de valeur ». Ces deux expressions courantes décrivent le transfert de la valeur inhérente des oeuvres de création vers les plateformes qui les hébergent et les monétisent, mais qui ne paient que peu ou pas de redevances à ceux qui ont investi temps et argent dans la création de ces oeuvres.
Deuxièmement, il faut éviter l'expropriation des créateurs en diminuant l'accès aux oeuvres sans compensation. La pléthore d'exceptions que la loi actuelle contient est, depuis toujours, un sujet récurrent de plaintes de la part des ayants droit. L'exercice de révision parlementaire que vous menez doit permettre d'améliorer le sort économique des créateurs. La façon d'y parvenir est de réduire le nombre d'exceptions dans la Loi qui mènent à une absence de rémunération ou à une rémunération insuffisante.
Finalement, il faut encourager la diffusion des oeuvres rémunérées au moyen de licences accordées par des organisations de gestion collective.
En plus de maintenir un pouvoir de défense accru pour nos membres afin de faire respecter leurs droits, nous développons un positionnement fort face aux utilisateurs. Cependant, la force de ce positionnement est à la mesure de ce que la Loi sur le droit d'auteur nous permet de faire.
Je crois que le temps de parole qui nous est alloué est presque écoulé.
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Quand on parle des réseaux sociaux d’aujourd’hui, il faut comprendre qu’on a introduit dans la Loi sur le droit d'auteur du Canada un concept qu’on appelle le contenu généré par l'utilisateur. À cet égard, certains intermédiaires, notamment les réseaux sociaux, font l’objet d’exceptions dans la Loi. C'est l'une des choses que nous souhaiterions qu'on modifie dans la Loi.
Vous avez demandé quel était l'effet du numérique quant à la responsabilité. Nous gérons des droits d'auteur, mais il y a plusieurs sortes de droits d'auteur. M. Johnston a parlé des droits d'exécution publique. De notre côté, nous gérons plus particulièrement les droits de reproduction de la musique. Traditionnellement, les gens avaient des lecteurs CD, alors nous accordions des droits pour des CD et des phonogrammes ainsi que des droits de synchronisation. Bref, il y a une panoplie de droits de reproduction.
Avant l'arrivée du numérique, les créateurs francophones — ce sont eux que nous représentons en plus grande partie — et les autres créateurs canadiens pouvaient, du point de vue national, recevoir une rémunération conformément aux directives et politiques que le gouvernement établissait.
Je vous donne un exemple. Il suffit de comparer les revenus qui émanent du numérique à ceux qui proviennent de médias traditionnels. En raison des contrats que nous avons conclus avec les utilisateurs, je ne peux pas vous donner de chiffres précis, mais je peux vous dire ce que nous avons constaté de manière générale: la diffusion d'une oeuvre sur une plateforme numérique générera 50 % moins de revenus pour son auteur que la diffusion de cette même oeuvre dans un média traditionnel comme la radio.
Le numérique a certainement ses bons côtés. On ne peut pas revenir en arrière et il faut regarder vers l'avenir, mais on doit rétablir l'équilibre relativement à cela.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie tous d'être parmi nous ce matin.
Ma première question s'adresse à M. Moncada.
[Traduction]
Arts & Crafts Productions est l'un des plus importants membres de votre association. Je pense que c'est un nom fort intéressant pour une maison de disques, car cela correspond précisément à son rôle, qui est de faire des artistes des professionnels, dans un sens très positif du terme. On parle d'une industrie internationale où la concurrence est féroce. L'envahisseur, ce ne sont pas les petits artistes qui produisent des choses dans leur sous-sol. Tout le monde écoute la même chose, mais peut découvrir toutes sortes de nouvelles choses. Il y a beaucoup d'aspects positifs.
Comme vous représentez les maisons de disques indépendantes, aimeriez-vous apporter des nuances à la présentation de Music Canada? Évidemment, comme l'organisme représente toutes les maisons de disques américaines, il a un excellent budget et une excellente représentation. Ses représentants ont fait une très bonne présentation; certains enjeux ont été soulevés. Aimeriez-vous nuancer leur propos?
:
Merci. C'était toute une expression; c'est comme un écureuil.
Nous savons tous que vous faites référence au parallèle qu'on peut faire pour le Québec, avec l'ADISQ. On parle d'entreprises semblables, mais avec un volume probablement plus élevé, de sorte que la différence est notable, évidemment. Il est important de nuancer les points de vue qui sont présentés ici.
[Français]
Messieurs Lauzon et Lavallée, vous avez fait allusion aux écarts de valeur et à la migration de l'écoute vers de nouvelles plateformes. La parle constamment d'un écosystème culturel, mais c'est aussi un cube Rubik constitué de divers enjeux qui influent sur la situation. Le seul constat que nous sommes en mesure de faire à l'heure actuelle, c'est que les ayants droit, c'est-à-dire les créateurs, ne sont pas ceux qui récoltent la valeur. C'est très clair, tout le monde est d'accord. Le CRTC l'a clairement affirmé et les gens du milieu ont poussé un soupir de soulagement: enfin, l'arbitre venait de dire quelque chose qui collait à la réalité.
Que pensez-vous de sa recommandation consistant à enfin demander une contribution aux fournisseurs d'accès Internet?
:
Il y a tant de réponses à cela, et cette question générale appelle de multiples nuances. Nous avons été encouragés par le rapport du CRTC de la semaine dernière. Nous savons que la Loi sur la radiodiffusion fera l'objet d'un examen au cours de la prochaine année et nous espérons que le rapport du CRTC servira de fondement à cet examen ou sera pris en compte, à tout le moins. Je pense qu'il comprend de nombreuses recommandations très positives sur les aspects dont vous venez de parler par rapport aux fournisseurs de services Internet et à l'établissement de règles équitables. Cela favorisera certainement les progrès.
Je pense que notre participation aujourd'hui à l'examen de la Loi sur le droit d'auteur, alors que nous cherchons des façons de l'améliorer afin, espérons-le, de suivre l'évolution du monde numérique dans lequel nous vivons, est un exercice très positif en soi. C'est aussi le cas de l'examen des exemptions dont nous parlons tous — l'exemption relative à la radiodiffusion et la définition d'enregistrement sonore, notamment —, et de la possibilité d'en éliminer certaines. Ces aspects feront tous partie intégrante du système et renforceront la fondation, pour nos créateurs.
Pour répondre à la question que vous avez soulevée concernant les ententes avec les fournisseurs de services numériques, comme Spotify, ce sont en partie des droits du marché, particulièrement dans le cas de services interactifs complets comme Spotify, qui sont négociés par l'intermédiaire des maisons de disques. Les maisons de disques indépendantes du Canada et du monde misent heureusement sur un organisme appelé Merlin, qui a des bureaux à Amsterdam, Londres et New York. Merlin représente 20 000 étiquettes indépendantes partout dans le monde et négocie avec 20 fournisseurs de services numériques, comme Deezer, Spotify et YouTube. Les étiquettes indépendantes comptent donc sur l'appui d'un acteur très influent. Grâce à Merlin, nous représentons 12 % du marché numérique.
Le secteur est en effervescence et certaines organisations sont très actives. Aux fins de la discussion d'aujourd'hui, nos recommandations et celles d'autres témoins qui ont comparu au Comité portent sur les nombreuses modifications qui pourraient être apportées au marché canadien.
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Je peux ajouter quelque chose, Stuart, si vous voulez.
M. Stuart Johnston: Allez-y.
M. Chris Moncada: J'aimerais simplement ajouter un point important aux observations de Stuart. L'industrie compte actuellement plusieurs étiquettes canadiennes indépendantes, et l'enjeu dont nous discutons est leur santé. Les étiquettes indépendantes ont toujours eu l'habitude de conclure des ententes avantageuses pour les artistes, soit des contrats de courte durée. On voit cela souvent; un artiste signe un contrat avec une étiquette indépendante quelconque, au Québec ou au Canada. Le succès peut être au rendez-vous ou non. La plupart du temps, l'artiste qui connaît du succès est essentiellement enlevé à l'étiquette indépendante canadienne, parce qu'une maison de disques américaine ou britannique lui offre un contrat avec un acompte important. L'artiste poursuit alors sa carrière à l'extérieur du pays, du point de vue de la PI.
Le Canada perd donc la propriété intellectuelle. Lorsqu'on parle des succès de la musique canadienne, on pense à Drake, à Bieber, à Mendes. Ils ont un passeport canadien, mais leurs contrats sont avec les États-Unis. Ils ne contribuent pas au bassin de PI canadien.
Cela dit, monsieur Hogg, je pense que le point que nous tentons de faire valoir — cela pourrait être un bon thème commun pour vous —, c'est que si nous parvenons à inciter plus d'étiquettes indépendantes canadiennes à passer du niveau de base au niveau intermédiaire et à offrir aux artistes le deuxième contrat dont ils ont besoin, alors le financement et la promotion du produit à l'extérieur du pays relèveront d'une entreprise canadienne, et la PI demeurera ici. Cela favorise la croissance de l'entreprise canadienne et les artistes pourraient continuer de faire carrière ici, plutôt que d'aller ailleurs.
Toutes les mesures examinées par mes collègues visent à accroître notre rentabilité et nous aider à faire ce genre de choses.
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Si vous me le permettez, j'aimerais ajouter un élément de réponse.
Pour nous, le principe sous-jacent à l'atteinte de tous les objectifs, c'est d'avoir une Loi sur le droit d'auteur qui définit clairement le droit du créateur, qui définit bien les tenants et aboutissants de ce qui revient au créateur. Une fois que cela sera établi, le reste en découlera.
Plus tôt, M. Nantel parlait de mesures compensatoires que l'on aimerait voir appliquer. Or, on n'a pas besoin de mesures compensatoires, si on est rémunéré à la juste valeur des droits et qu'on peut négocier tout cela à la table de négociations. Pour amener les acteurs à la table de négociations, il faut avoir une force de levier. Ce levier, c'est la Loi. Une autorisation doit être obtenue. S'il y a le moindre doute quant à l'obtention de l'autorisation, cela mine complètement la négociation. Prenons la situation où, dès le début des négociations, la personne dit:
[Traduction]
« Je ne suis même pas certain d'être obligé de vous payer. Je pourrais le faire pour des raisons politiques, mais... Eh bien, discutons. »
[Français]
À ce moment, on sait tout de suite que la valeur va diminuer de moitié.
[Traduction]
Ils vous donnent l'impression que vous n'avez pas le choix.
[Français]
Selon moi et selon la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada, l'auteur ou le créateur devrait avoir la liberté de négocier une entente relative à son oeuvre selon les conditions qu'il désire, et non pas être pris à ne pas pouvoir négocier telle chose parce qu'elle fait partie d'une exception contenue dans la Loi.
Monsieur Johnston, je voulais vous poser quelques questions, car celles de M. Van Loan vous ont amené sur le terrain de la protection culturelle et du commerce. Le Comité a eu l'impression que cela servait de monnaie d'échange, en quelque sorte, ou que le gouvernement canadien ne faisait pas le nécessaire pour protéger la culture dans le cadre d'accords commerciaux.
J'aimerais avoir vos commentaires sur le fait que dans le cadre du PTPGP, l'accord qui a été renégocié après le retrait des États-Unis, le gouvernement canadien a veillé au maintien de l'exemption culturelle et à son application, pour la première fois de l'histoire du commerce canadien, au contenu numérique et au contenu Web, ce qui permet de les réglementer.
La a clairement indiqué que l'absence de ce point lors de la première ronde des négociations était ce qui avait empêché le de signer l'accord à ce moment-là. Nous avons redoublé d'ardeur à cet égard et veillé à ce que ce soit protégé, pour la première fois.
Quelle incidence cela a-t-il sur les points que vous avez soulevés concernant l'appui aux artistes canadiens sur le plan de la rémunération dans le monde numérique?
:
Merci, madame la présidente.
La conversation est très intéressante. J'ai un petit rapprochement à faire. J'ai un fils qui a été cadre supérieur au sein d'une société ayant un magasin à la bannière jaune et bleue, ici à Ottawa. Il a d'ailleurs participé à son ouverture. Donc, il a travaillé pour cette entreprise, l'une des plus importantes entreprises familiales d'ameublement au monde.
En Suède, les villes font des prévisions sur un horizon de 5 ans, ou 10 ans. Lorsque vous parlez d'avenir... Il s'occupe maintenant de l'entreprise de ma fille et d'autres entreprises. Vous avez mentionné l'accès. Les gens se soucient peu de savoir d'où proviennent les produits dont ils ont besoin pour leur entreprise. Ils les veulent maintenant, c'est tout. Ils s'approvisionnent en Chine et au Royaume-Uni, peu importe, et la livraison se fait en quelques jours à partir de n'importe quelle région du monde. Lorsque vous parlez d'avenir, dans le monde numérique, il faut regarder en avant, comme le fait cette grande entreprise pour une collectivité de 3 000 à 5 000 habitants, et faire des prévisions sur un horizon de 5 ou 10 ans. On veut créer des mesures législatives adaptées à l'avenir. Comme je le dis à mes enfants et à mes petits-enfants, tout est une question d'accès. C'est la clé.
Quelles sont vos recommandations pour votre avenir? Vous voulez une mesure législative pour l'avenir. Que voulez-vous, exactement?
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De façon générale, si l'on parle de tous les secteurs, je suis d'accord avec vous. Le défi auquel mes membres sont confrontés, qu'ils soient francophones ou anglophones, c'est le flux de trésorerie et l'accès aux capitaux. Nous ne vendons pas des meubles, nous vendons un produit intangible. C'est très difficile d'obtenir un prêt commercial traditionnel de la banque afin d'avoir plus de capitaux.
C'est pourquoi un programme comme le Fonds de la musique du Canada est si important. Il permet à mes membres d'obtenir des capitaux de lancement qu'ils pourront utiliser sur le marché. Ils peuvent alors investir dans la carrière des artistes. Ils peuvent découvrir, développer, commercialiser et exporter nos produits.
Oui, il faut se débarrasser de la paperasserie et rationaliser le processus le plus possible pour les petites entreprises, mais nous avons besoin de lois comme la Loi sur le droit d'auteur pour protéger nos produits ici et ailleurs dans le monde. Nous avons besoin de programmes comme le Fonds de la musique du Canada pour avoir ces fonds de lancement dont se servira l'industrie pour investir dans les artistes. Nous avons besoin d'une Loi sur la radiodiffusion forte qui reconnaît certains des thèmes présentés par le CRTC dans son rapport la semaine dernière.
Le gouvernement a un rôle à jouer dans notre industrie et je crois qu'il est un partenaire important, parce que, comme l'a fait valoir Chris, notre produit est mondial. Dès qu'on met de la musique en ligne, elle devient un produit mondial. Comme le marché du Canada est très petit, nous avons besoin d'accéder aux marchés mondiaux où nos artistes connaissent du succès. Pour cela, il faut du temps, de l'argent et des investissements; il faut que le gouvernement soit notre partenaire.
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Bonjour, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je m'appelle Jason Klein et je suis le vice-président des affaires juridiques et commerciales d'ole. Je vous remercie de m'avoir invité.
À titre d'éditeur de musique, de maison de disques et de société de gestion des droits, ole a à coeur la musique et le droit d'auteur. Avec la transition rapide vers la consommation du contenu numérique, le Canada doit s'attaquer aux problèmes qui nuisent à la capacité de nos créateurs de gagner leur vie et qui rendent l'entreprise culturelle risquée pour les investisseurs. Il faut modifier la Loi sur le droit d'auteur afin de veiller à ce que les créateurs et les entreprises de musique comme ole qui les appuient puissent continuer de prospérer dans le monde numérique. Puisque le Comité a déjà entendu le témoignage de nos amis de l'Association canadienne des éditeurs de musique, je suppose que vous connaissez bien le rôle important que jouent les éditeurs de musique. Ce rôle est souvent sous-estimé ou incompris. Si vous avez des questions à ce sujet, je serai heureux d'y répondre.
Pour l'instant, tout ce que je demande, c'est de ne pas perdre de vue l'importance des chansons, des compositeurs et des éditeurs dans le cadre de votre étude sur les modèles de rémunération. Comme les créateurs que nous appuyons, les éditeurs travaillent en grande partie dans l'ombre. La participation des maisons de disques est beaucoup plus visible, étant donné la célébrité des chanteurs et la promotion des albums devant les consommateurs, mais il est important de ne pas sous-estimer la contribution essentielle des compositeurs et l'investissement en temps, en argent et en expertise des éditeurs, bien avant qu'une chanson soit écrite, enregistrée et lancée, et qu'elle fasse partie de notre tissu culturel.
Ole est le plus important éditeur de musique indépendant du Canada et l'une des plus importantes sociétés de gestion des droits du monde. Nous sommes fiers d'être une entreprise canadienne qui emploie près de 100 personnes à son siège social de Toronto et environ 100 autres dans six bureaux situés à Nashville, à New York, à Los Angeles et à Londres. Ole a été fondée en 2004 par les Canadiens Robert Ott et Tim Laing, avec l'aide du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario. Après 14 ans et plus de 550 millions de dollars américains investis dans le droit d'auteur, nous sommes toujours une entreprise 100 % canadienne qui oeuvre dans un domaine dominé par les multinationales étrangères. En fait, au cours du premier trimestre de 2018, ole était le 8e plus important éditeur de musique au monde, selon le magazine Billboard.
Notre catalogue compte plus de 55 000 chansons, notamment celles de légendes comme Rush, Lighthouse et Stompin' Tom Connors, et de sensations internationales comme Timbaland, Rami Yacoub et Liz Rose. Ces chansons ont été enregistrées par Beyoncé, Justin Timberlake, Taylor Swift et de nombreux autres grands chanteurs internationaux.
Nos quelque 60 000 heures de musique de films et de télévision comprennent les catalogues des plus importants producteurs et distributeurs canadiens comme Bell Média, Corus, DHX, eOne et l'Office national du film, de même que des grands studios d'Hollywood comme Sony Pictures, MGM et Miramax.
Les activités d'ole dépassent largement l'édition musicale traditionnelle. Nos entreprises de musique de production de pointe — Jingle Punks, 5 Alarm Music, Cavendish Music et MusicBox — offrent des services de composition personnalisée de même qu'une bibliothèque de 750 000 pistes pour les productions cinématographiques et télévisuelles, et notre division de Londres, Compact Media, est un chef de file mondial du domaine de l'administration des droits audiovisuels secondaires qui représente plus de 700 producteurs et distributeurs de films et de télévision de partout dans le monde.
Nous gérons également un solide regroupement de maisons de disques dont fait partie la légendaire étiquette de rock canadien Anthem Records, qui représente Rush, Big Wreck et The Tea Party, et notre tout dernier groupe: Stuck on Planet Earth.
L'important investissement d'ole dans le droit d'auteur a un effet d'entraînement sur l'écosystème de création du Canada. L'acquisition d'importants catalogues étrangers comme MGM et Sony Pictures a permis de rediriger des millions de dollars vers le Canada chaque année, ce qui finance le perfectionnement continu des nouveaux talents et l'acquisition d'autres catalogues nationaux et internationaux. De plus, en investissant dans la musique et dans les droits secondaires des producteurs canadiens, nous contribuons au financement des nouvelles productions cinématographiques et télévisuelles canadiennes.
Notre réussite dans le domaine de la gestion des droits nous permet également de compter, de traiter et d'associer les grandes quantités de données qui émanent de la croissance des plateformes numériques de partout dans le monde. La gestion efficace des données est essentielle en vue d'assurer l'intégralité des recettes et d'offrir des rapports et une rémunération justes aux compositeurs, aux artistes et aux autres détenteurs de droits. À cette fin, nous avons investi des millions de dollars dans l'élaboration d'un logiciel exclusif nommé Conductor, une solution de gestion des droits et de traitement des données de bout en bout qui dépasse largement la capacité des solutions offertes par les tiers.
Ole mise sur les lois canadiennes et internationales en matière de droit d'auteur pour protéger la valeur du travail de création, mais la transition rapide vers le numérique représente un défi pour notre entreprise et pour notre capacité d'offrir une valeur de retour aux créateurs. Comme vous le savez, la télédiffusion et la télévision par câble cèdent rapidement la place aux plateformes de diffusion vidéo et les magasins de téléchargement de musique payante sont rapidement remplacés par des services d'abonnement, ou pire, des services de diffusion payés par la publicité.
Le résultat est double: une augmentation importante de l'accès à la musique et de la consommation de musique, et une diminution importante de la rémunération — si rémunération il y a — des créateurs et de ceux qui investissent en eux. Il faut aborder cette tendance, sinon les conséquences seront dures pour les créateurs et ceux qui les appuient.
Il est de plus en plus difficile de justifier les investissements importants dans la musique s'il n'y a pas de possibilité de rendement. Les lacunes des lois du Canada en matière de droit d'auteur réduisent, voire éliminent, les sources de revenus existantes et nuisent au développement de nouvelles sources. Ainsi, on se retrouve avec un écart de valeur important et il faut s'y attaquer immédiatement.
Les entreprises commerciales qui offrent des services numériques ne devraient pas pouvoir profiter de l'exploitation de la musique sans accorder une juste valeur aux créateurs et aux investisseurs. Pour que la musique canadienne puisse survivre et pour que des entreprises comme ole puissent continuer d'investir massivement dans les biens culturels, il faut s'attaquer à cet écart de valeur.
Par l'entremise de cet examen, nous exhortons le gouvernement à établir un cadre pour veiller à ce que les créateurs et les investisseurs du domaine musical reçoivent leur juste part d'avantages économiques et pour reconnaître les responsabilités des nouveaux services, et la valeur que la musique donne à leurs entreprises.
Nous appuyons plusieurs recommandations précises déjà présentées au Comité par l'Association canadienne des éditeurs de musique, Music Canada et d'autres, à savoir: combler les lacunes relatives à la protection et aux conséquences imprévues des modifications de 2012, notamment les exceptions qui déchargent les utilisateurs commerciaux de l'obligation de payer pour l'utilisation de la musique ayant une valeur commerciale; combler les écarts de valeur en veillant à ce que les services réseau qui profitent directement ou indirectement de l'exploitation de la musique ne puissent éviter les paiements ou la responsabilité en se cachant derrière des règles de refuge; prolonger la durée du droit d'auteur afin qu'elle corresponde à la vie de l'auteur plus 70 ans et qu'elle s'harmonise à celle de nos principaux partenaires commerciaux; favoriser l'investissement continu dans les catalogues classiques et prolonger la période au cours de laquelle ces oeuvres continuent de générer des recettes, qui pourraient être réinvesties dans la création et dans l'acquisition de nouvelles oeuvres; veiller à ce que les redevances applicables à la copie pour usage privé soient neutres sur le plan technologique afin de viser les tablettes, les téléphones intelligents et les autres appareils numériques habituellement utilisés pour stocker la musique; enfin, veiller à ce que la Commission du droit d'auteur soit suffisamment bien outillée pour rendre des décisions rapides qui tiennent compte de la valeur de la musique pour les utilisateurs commerciaux... et nous reconnaissons les efforts qui ont été déployés à cet égard. Ces mesures seraient très utiles en vue de rétablir l'équilibre nécessaire dans notre système de droit d'auteur.
En conclusion, ole est très fière de sa contribution importante à la musique et aux communautés culturelles du Canada, et s'attend à un bel avenir. Nous demandons au gouvernement de renforcer la réputation du Canada à titre de chef de file en matière de protection du contenu créatif et de l'entreprise culturelle, et d'aider la musique et les entreprises canadiennes comme ole à se tailler une place dans le monde numérique.
Je vous remercie une fois de plus de nous avoir invités ici aujourd'hui pour vous parler de nos préoccupations.
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Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Geneviève Côté. Je suis la chef des affaires du Québec à la SOCAN. Mon collègue Gilles Daigle est l'avocat général de la SOCAN.
La SOCAN est la société de gestion de droits d'exécution publique pour les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Nous avons actuellement 150 000 membres, et nous représentons aussi le répertoire mondial d'oeuvres musicales au Canada. Nous vous remercions de nous donner l'occasion de nous adresser à vous.
Personne ne sera surpris de savoir que la SOCAN plaide depuis plusieurs années pour que le Canada se dote de lois robustes en matière de droit d'auteur pour permettre une rémunération juste et équitable des créateurs. La Loi sur le droit d'auteur a toujours été et sera toujours la pierre angulaire de l'ensemble du secteur créatif canadien.
Où en sommes-nous relativement à tous les changements technologiques que nous vivons actuellement? La manière dont les créateurs sont rémunérés a grandement changé au fil des dernières années. Les redevances provenant du droit d'auteur ont toujours représenté une partie essentielle de la rémunération de nos créateurs. Cela demeure le cas plus que jamais aujourd'hui.
Pour ce qui est de la SOCAN et de ses redevances en matière de droits d'exécution pour l'usage d'oeuvres musicales, il est vrai de dire que nous collectons des redevances records. Cela est attribuable en partie — et je dis bien « en partie » — à l'augmentation des revenus provenant de l'écoute en ligne. Toutefois, cela ne veut pas dire que les créateurs et leurs éditeurs font plus d'argent.
En publiant nos résultats cette année, nous avons d'ailleurs fait remarquer que la vaste majorité de nos membres qui avaient touché des redevances pour la diffusion en continu de leur musique en 2017 n'avaient reçu en moyenne que 38,72 $ pour leur travail.
Nos membres comptent sur divers usages de leurs créations. Or, pour certains de ces usages, les revenus dont ils jouissaient auparavant grâce à d'autres supports ont presque disparu. Les revenus tirés des redevances provenant des nouvelles utilisations ne compensent pas les revenus globaux qui étaient générés dans le passé.
Il n'en reste pas moins que l'apport du droit d'auteur dans un environnement numérique en plein changement devient plus que jamais l'une des pièces maîtresses de la rémunération des créateurs.
Je vais citer l'honorable . Lors de son allocution sur le Canada créatif, elle disait ceci:
Investir dans les créateurs, c’est aussi veiller à ce qu’ils soient rémunérés de façon équitable. Pour ce faire, ils doivent pouvoir protéger leur propriété intellectuelle et en tirer le meilleur parti.
La SOCAN est l'un des signataires du mémoire déposé par la Coalition pour une politique musicale canadienne. Nous appuyons l'ensemble des recommandations contenues dans le document. Aujourd'hui, nous désirons mettre l'accent sur trois aspects de la Loi sur le droit d'auteur.
Le premier aspect est la prolongation de la protection du droit d'auteur, dont on a déjà parlé ce matin, de 50 ans à 70 ans après la mort de l'auteur. Nous en profitons pour remercier M. Van Loan d'avoir présenté, il y a quelque temps, le projet de loi d'initiative parlementaire dont il parlait tout à l'heure.
Avec la durée de protection actuelle, le Canada fait piètre figure à l'échelle internationale. Chez nos principaux partenaires commerciaux, y compris les États-Unis et tous les membres de l'Union européenne, il y a longtemps que la protection s'étend jusqu'à 70 ans après la mort de l'auteur. Au Mexique, cette protection s'étend même jusqu'à 100 ans après la mort de l'auteur. Nos créateurs d'ici sont manifestement moins protégés que ceux à l'étranger. La norme internationale qui étend la protection jusqu'à 50 ans après la mort de l'auteur a été adoptée en 1886. À l'époque, on voulait que les deux générations suivant la mort de l'auteur puissent jouir de la protection de l'oeuvre. Nous pouvons convenir que l'espérance de vie a grandement augmenté depuis le XIXe siècle. Chose certaine, nos partenaires commerciaux importants l'ont compris.
Je vous pose donc directement la question: le Canada veut-il continuer à être dans la même catégorie que la Corée du Nord et l'Afghanistan à ce chapitre? Nous espérons que non. Saisissons l'occasion qui se présente pour faire preuve de leadership sur cette question et pour remettre le Canada là où il doit être sur le plan international.
Certains commentateurs — très peu, à notre connaissance — vont vous dire qu'une augmentation de la protection du droit d'auteur se fera au détriment des consommateurs. Or, il n'y a aucune preuve que le consommateur serait désavantagé par une prolongation de la protection du droit d'auteur.
Je vais maintenant passer la parole à mon collègue Gilles Daigle.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Un deuxième aspect sur lequel le Comité devrait se pencher est l'échappatoire créée par le paragraphe 32.2(3) de la Loi sur le droit d'auteur, qui prévoit une exemption pour les organisations dites charitables qui utilisent la musique « dans l’intérêt d’une entreprise religieuse, éducative ou charitable ». Entendons-nous bien: nous, à la SOCAN, n'avons pas l'intention de pénaliser les activités qui sont charitables dans le vrai sens du terme, mais nous souhaitons plutôt contraindre les organisations qui contournent la Loi et tentent de ne pas payer leur dû.
Je m'explique. Actuellement, certaines organisations, certaines salles de spectacle et certains festivals disposant de budgets de plusieurs millions de dollars avancent qu'ils sont des organismes de bienfaisance au sens de la Loi de l’impôt sur le revenu. Comme ils disposent de ce statut aux fins de fiscalité, ils disent échapper à l'application de la Loi sur le droit d'auteur en vertu de l'article 32.2. Alors que le Festival international de jazz de Montréal verse à la SOCAN les redevances conformes aux tarifs applicables, plusieurs autres, bien qu'ils fassent un usage primordial d'oeuvres musicales, refusent de verser ces redevances, en se fiant à l'exemption destinée aux organisations charitables.
Pour abolir ces échappatoires, nous proposons deux changements. D'abord, il faudrait préciser que l'exception prévue au paragraphe en question s'applique seulement si la musique est utilisée sans intention de gain. C'est déjà le cas pour l'exception précédente, qui s'applique aux foires agricoles et industrielles. Il faudrait également préciser que le fait d'être un organisme de bienfaisance au sens de la Loi de l'impôt sur le revenu n'est pas suffisant en soi pour que l'exception s'applique. Ainsi, il serait précisé que, dans le cas d'un concert-bénéfice en bonne et due forme, on pourrait bénéficier de l'exception, alors que, dans le cas où la principale activité consisterait à présenter des concerts de nature vraiment commerciale, on ne pourrait pas en bénéficier.
Le troisième aspect est la redevance pour la copie privée. Le système de copie privée a été créé pour remédier à des pertes de revenus dues à l'apparition de certains supports, nommément les cassettes et, par la suite, les disques compacts vierges. Comme vous pouvez l'imaginer, les sommes qui étaient auparavant recueillies et distribuées aux créateurs se sont évaporées, et il n'en reste que quelques miettes. Il faut revoir le système actuel et y inclure un élément de neutralité technologique, de sorte que les nouveaux supports numériques, qui sont maintenant la norme aux fins d'écoute musicale, y soient incorporés. On parle ici principalement de tablettes et de téléphones intelligents. De concert avec toute la filière musicale, qui est unie sur ce point, nous plaidons aussi pour l'établissement d'un fonds de transition de 40 millions de dollars par année pendant cinq ans en vue d'appuyer l'usage important des oeuvres musicales de nos créateurs.
En plus de ces trois aspects principaux, nous souscrivons à la demande de certains groupes qui plaident pour l'abolition de l'exemption consentie aux radios commerciales pour la première tranche de 1,25 million de dollars de revenus en ce qui concerne les redevances pour les enregistrements sonores et les interprètes. Pour nous, il s'agit d'une injustice qui doit être réparée. Cette mesure, qui se voulait une mesure de transition, est devenue permanente, et ce, sans raison. Il en va de même pour le changement apporté à la définition d'un enregistrement sonore: cette exemption isolée nous semble désuète et non fondée.
Nous en profitons pour souligner les efforts du gouvernement concernant la Commission du droit d'auteur du Canada. Il a notamment entrepris la réforme de cet organisme et injecté dans celui-ci des fonds supplémentaires. Nous espérons voir une réduction des délais observés avant que la Commission ne rende ses décisions.
Mesdames et messieurs, il a fallu attendre 15 ans pour que la Loi sur le droit d'auteur soit modifiée en fonction de l'ère numérique. Durant cette période, il y a eu d'énormes changements dans la manière dont nous consommons la musique. De 1997 à 2012, les téléphones intelligents sont devenus omniprésents, la diffusion en continu et les téléchargements ont surpassé les ventes d'exemplaires physiques, et de nouveaux services ont permis aux consommateurs d'avoir accès, au bout des doigts, au répertoire mondial de la musique. Les modifications apportées en 2012 visaient à reconnaître les changements du paysage numérique, mais des efforts additionnels doivent être déployés afin de faire entrer la Loi dans l'ère moderne et d'assurer un juste équilibre entre les droits des utilisateurs et ceux des créateurs.
N'attendons pas encore 15 ans pour apporter d'autres modifications importantes.
Merci.
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Certainement. Je vais tout d'abord répondre à votre question sur
Conductor. Il s'agit d'une solution logicielle que nous avons conçue à des fins internes au cours des cinq ou six dernières années. Cette solution s'occupe de tout: de l'entrée des ententes que nous utilisons lorsque nous concluons un nouvel accord avec un auteur ou que nous achetons un catalogue... Toute cette information est entrée dans
Conductor. Les oeuvres visées par cet accord sont entrées dans le logiciel qui s'assure que les oeuvres sont dûment enregistrées dans le monde auprès des divers organismes, y compris la SOCAN et ses homologues.
Plus important encore, il entre les données que nous recevons de centaines de fournisseurs de services et de sociétés de gestion des droits d'auteur dans le monde. Comme vous pouvez vous en douter, l'harmonisation de ces données n'est pas toujours parfaite. En fait, je dirais que majoritairement ce n'est pas le cas. Notre logiciel veille à uniformiser les données. Cela nous permet de faire correspondre les données, et cela nous évite de nous retrouver avec un grand nombre de redevances en attente sans correspondance sur les bras. Cela veille en gros à ce que nous distribuions adéquatement les redevances à nos titulaires de droits et que nous n'oubliions rien.
C'est en gros ce que fait ce logiciel. Il s'occupe de tout, de l'accord jusqu'à l'utilisateur, et il entre les données à un même endroit. C'est très efficace. C'est quelque chose que nous avons conçu au cours des dernières années, et ce logiciel a été très utile. Évidemment, avec le passage au numérique, le défi avec lequel nous devons composer concerne les données, et cela vise à nous assurer que les données peuvent être traitées efficacement, que des redevances ne sont pas oubliées et que les rapports que nous recevons sont complets et exacts.
En ce qui concerne le passage au numérique, les défis et ce que le Comité et le gouvernement peuvent faire pour nous... Cela revient aux recommandations que nous avons tous formulées. En fin de compte, il faut veiller à ce que nous ayons la marge de manoeuvre dont nous avons besoin comme créateurs et investisseurs dans la création pour négocier un montant juste pour nos droits. En gros, cela signifie de revoir certaines exceptions qui ont été adoptées en 2012.
Même l'exception à des fins charitables qu'a mentionnée M. Daigle est un exemple d'une pente glissante qui survient lorsque vous créez des droits d'utilisation qui prennent la forme d'exceptions qui laissent place à l'interprétation. Les exceptions peuvent être mal interprétées ou appliquées d'une manière qui ne reflète pas nécessairement l'intention initiale. Je crois que c'est ce qu'il faut faire ici avec les exceptions que nous avons cernées pour nous assurer d'avoir la marge de manoeuvre dont nous avons besoin comme titulaires de droits pour négocier un montant juste pour l'utilisation de notre propriété.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci aux trois témoins de leurs présentations.
[Traduction]
Monsieur Klein, je crois que ce sera plus simple ainsi pour vous.
Vous avez parlé de Liz Rose. Si je ne m'abuse, Liz Rose a coécrit avec Taylor Swift de nombreuses chansons au début de sa carrière. Je crois qu'elle a même lancé un album solo à un moment donné.
Par exemple, pouvez-vous me donner les chiffres étant donné que vous avez coédité... Votre entreprise s'est occupée de l'édition des oeuvres de Liz Rose: ses grands succès internationaux et ses oeuvres méconnues.
Quelles sont les différences? Lorsque vous êtes un très gros joueur, vous pouvez encore gagner un salaire intéressant si vous avez une bonne chanson. Cependant, j'ai donné l'exemple au Comité de Pharrell Williams qui, avec son succès Happy, a gagné un vingtième de ce qu'Elton John a gagné avec Goodbye Yellow Brick Road.
Quelle comparaison pouvez-vous voir avec vos propres auteurs?
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En effet; vous m'avez devancé. Il y aura 200 artistes et 11 jours d'événements et de festivités. Voilà, la promotion est faite.
La SOCAN est un partenaire de ce festival et participe à chaque édition. Vous y donnez même le Prix de la chanson SOCAN.
J'espère que le Festival verse des redevances, s'il y a lieu, mais je n'en sais rien. Quoi qu'il en soit, je vous remercie de participer à ce festival.
Notre comité examine des modèles de rémunération qui soient plus modernes et qui répondent mieux aux besoins des artistes canadiens.
Monsieur Daigle et madame Côté, vous avez fait trois recommandations importantes qui méritent amplement que nous nous y attardions davantage.
Ailleurs dans le monde, les modèles de rémunération ont-ils évolué? Ces modèles ont-ils déjà été modernisés? Je sais que vous demandez qu'on étende la protection jusqu'à 70 ans après la mort de l'auteur, plutôt que 50 ans; dans certains pays, cette protection s'étend même jusqu'à 100 ans après la mort de l'auteur. Parlez-nous d'autres modèles qui ont été suivis, d'autres études qui ont été réalisées ou d'autres mesures qui ont été prises ou qui sont en cours de réalisation dans d'autres pays.
M. Klein pourra aussi répondre à la question par la suite.