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Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant vous. Je suis très reconnaissante aux membres du Comité de m'avoir invitée à participer à une discussion ouverte sur l'industrie dynamique industrie canadienne du spectacle de scène au Canada.
Dans l'industrie de la vente de billets de spectacle, le rôle des grandes entreprises de billetterie, comme Ticketmaster, est de faciliter la vente de billets entre les producteurs d'événements, les attractions, les équipes, les promoteurs et les salles, et les consommateurs.
Dans ce secteur, la priorité de Ticketmaster est de s'assurer que les billets se retrouvent en possession de vrais admirateurs. Nous réussissons lorsque seuls les vrais amateurs obtiennent des billets pour les événements qu'ils aiment. Je veux dire très clairement dès le départ que certains mythes et certaines idées fausses existent effectivement dans notre domaine et touchent particulièrement Ticketmaster.
D'abord, Ticketmaster n'est pas propriétaire des billets et ne décide pas non plus de leur prix ni du nombre qui sera mis en vente. Ces décisions sont prises uniquement par les titulaires de droits que j'ai mentionnés: les attractions, les artistes, les équipes, etc. Ce sont les artistes et les producteurs qui organisent l'événement.
Ticketmaster est une plateforme technologique qui établit efficacement un lien entre l'attraction et les admirateurs qui veulent assister au spectacle. Notre plateforme montre clairement, en dollars canadiens, sur un seul plan intégré, les principaux sièges vendus sur le marché primaire et sur le marché secondaire. C'est la seule plateforme qui est conforme à toutes les exigences législatives provinciales en matière de vente de billets, y compris l'affichage dès le départ de tous les frais, partout au pays.
Au cours des dernières années — et je pense que cela est au cœur du mandat du Comité —, d'importants obstacles ont surgi concernant le commerce en ligne et les plateformes de billetterie comme la nôtre. Autrement dit, le problème, c'est qu'il y a maintenant deux groupes qui se livrent concurrence pour acheter des billets au Canada: les admirateurs et les fraudeurs.
Depuis que la vente de billets ne se fait plus au guichet, mais en ligne, la puissance informatique et l'intelligence artificielle ont avantagé les revendeurs de billets professionnels sans scrupule, qui peuvent acheter les meilleurs billets en vente. Nous disons qu'il s'agit de fraudeurs parce que leur but est tout simplement de tromper les gens ou d'utiliser des pratiques illégales afin de couper l'herbe sous le pied des consommateurs au moment de la vente et de profiter d'eux en leur revendant ces mêmes billets.
La réalité, c'est qu'il y a des billets non vendus pour la grande majorité des concerts au pays. Notre mandat, et nous avons conçu des outils à cet égard, c'est d'aider les artistes et les attractions à vendre leurs billets ainsi qu'à mettre en marché et à promouvoir leurs événements et leurs carrières.
Les fraudeurs, toutefois, utilisent des robots qui font des recherches rapides et qui réservent et achètent les billets plus vite qu'un être humain, et ce, au détriment des admirateurs. Ticketmaster ne tolère pas du tout les robots et les fraudeurs qui les utilisent. L'an passé, nous avons bloqué 60 milliards de robots en Amérique du Nord. Il n'y a pas si longtemps, il y en avait cinq milliards. Nous bloquons en réalité cinq milliards de robots par mois. Il faut voir la réalité en face. Il s'agit d'une course aux armements, et nous allons continuer à investir dans cette nouvelle norme.
Heureusement, il existe des façons de lutter contre les fraudeurs. Nous sommes les fiers champions de nouveaux outils et d'une innovation continue qui nous aident à bloquer et à freiner ces contrevenants.
Chez Ticketmaster, nous investissons des millions de dollars dans la conception de nouveaux outils pour combattre les fraudeurs. L'utilisation de robots et nos innovations continues donnent des résultats. Nous mettons en œuvre nous-mêmes des outils et des technologies, mais nous travaillons également avec les gouvernements provinciaux partout au pays pour qu'ils mettent en place des mesures législatives pour lutter contre les fraudeurs et favoriser les consommateurs. Nous devons suivre l'évolution des tricheurs pour leur faire concurrence, et nous le faisons en collaboration.
Nous nous concentrons sur de nouvelles approches technologiques qui créent un degré fondamentalement différent de personnalisation et de sécurité, sans nuire au lien direct entre les admirateurs et les spectacles qu'ils désirent voir.
Par exemple, la plateforme « Presence » de Ticketmaster est une nouvelle plateforme de contrôle de l'accès qui remplace le billet papier par un jeton numérique impossible à reproduire, similaire aux systèmes modernes de paiement par jetons d'Apple Pay. Cette plateforme lutte contre la fraude en éliminant le billet en format PDF, qui est copié et parfois revendu à maintes reprises. Dans les marchés où la plateforme « Presence » de Ticketmaster a été pleinement mise en œuvre, les cas de fraude de billets ont chuté à zéro. Lorsqu'elle sera entièrement intégrée, cette plateforme permettra également à un producteur d'événements de mieux surveiller la façon dont les billets sont transférés et revendus et l'endroit où ils le sont, et d'avoir une meilleure emprise sur les gens qui se trouvent physiquement dans leurs salles.
Nous avons également lancé un outil appelé Fan certifié. C'est une technologie qui valide l'identité de chaque acheteur avant la vente. Il s'agit d'un processus de préenregistrement. Avec ce modèle, les preuves d'identité de base, comme le nom, l'adresse courriel et le numéro de téléphone cellulaire, sont recueillies avant la vente, et nous utilisons cette information pour prédire si une personne assistera réellement à l'événement ou si elle achète un billet pour le revendre sur un marché. L'outil Fan certifié a été déployé pour plus de 100 tournées de concerts depuis son lancement en 2017 et il s'est avéré très efficace. Le volume moyen d'annonces de revente de billets pour des spectacles pour lesquels cet outil a été utilisé est de moins de 10 %. En comparaison, ce serait de plus de 70 % pour une tournée similaire où on n'aurait pas utilisé cet outil. Springsteen on Broadway est un excellent exemple du succès de cet outil.
Il ne s'agit pas seulement de technologie. Il faut également collaborer avec les législateurs. Ticketmaster a proposé aux organismes législatifs partout au pays des solutions concrètes pour protéger les amateurs. Nous travaillons actuellement avec les gouvernements de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec et nous avons réussi à défendre de solides dispositions législatives antifraudeurs qui ont aidé à interdire les robots et à mettre en place de solides mesures pour protéger les admirateurs dans le marché primaire et, plus important encore, dans le marché de la revente.
Quant à la motion dont est saisi le Comité, et en particulier compte tenu de ce qui a été rapporté dans les médias l'automne passé, je voulais répondre directement à la fausse allégation selon laquelle Ticketmaster possède un programme de courtage secret et facilite la vie des fraudeurs. C'est complètement faux. Cela est en grande partie fondé sur une connaissance limitée de TradeDesk, un produit de Ticketmaster.
La plupart des gens qui ont lu ces articles ont probablement pensé que Ticketmaster vendait des logiciels pour aider les trafiqueurs de billets à acheter des billets avant les admirateurs. Permettez-moi d'être absolument claire et catégorique. Ticketmaster ne possède pas, n'a jamais possédé et ne possédera jamais un tel programme ni ne concevra un produit qui aide les revendeurs professionnels à avoir un avantage en achetant des billets avant les amateurs. Je veux que ce soit clair. Cela irait catégoriquement à l'encontre de nos valeurs et du rôle que nous jouons au sein de la dynamique industrie canadienne du spectacle de scène; ce n'est pas du tout la fonction de TradeDesk.
TradeDesk est la version de Ticketmaster d'un outil de gestion des stocks utilisé par les vendeurs professionnels, souvent appelés courtiers. Ce n'est pas un secret et ce n'est pas unique à Ticketmaster. Comme les outils Ticket Utils de StubHub ou SkyBox de Vivid Seats, TradeDesk est utilisé par les courtiers pour gérer les billets qu'ils possèdent déjà.
Tous ces outils permettent aux courtiers d'organiser leurs stocks afin d'être en mesure de fixer le prix de leurs billets et de les mettre en vente sur divers marchés, pas seulement sur Ticketmaster, comme on l'a laissé entendre. Ces billets auraient pu venir de Ticketmaster ou d'autres systèmes de billetterie ou avoir été achetés directement d'une équipe, d'une salle ou d'un autre revendeur. Une très grande majorité de détenteurs d'abonnements dans l'industrie du sport utilise TradeDesk.
Les admirateurs et les producteurs de spectacles sont profondément frustrés par les fraudeurs, tout comme nous. Ticketmaster se concentre sur une seule chose: permettre aux véritables admirateurs d'acheter des billets, au nom des artistes qui présentent un spectacle.
Merci beaucoup.
Madame la présidente et membres du Comité permanent du patrimoine canadien, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler de l'industrie du billet de spectacle.
Je m'appelle Jonas Beallor. Je suis dirigeant chez Vivid Seats, un des plus grands marchés de revente de billets en Amérique du Nord. Je suis accompagné aujourd'hui de Ryan Fitts, vice-président, Affaires juridiques.
Avant de me joindre à Vivid Seats, j'étais directeur de l'exploitation chez Fanxchange Limited, qui a été acquise par Vivid Seats le mois dernier. Fanxchange était un marché de vente de billets établi à Toronto qui se concentrait sur l'entreprise et la distribution, les solutions de billetterie de spectacles pour d'importants programmes de fidélisation, les institutions financières, le voyage, les hôteliers et les marchés du commerce électronique. Notre bureau de Toronto compte actuellement 43 employés, et nous prévoyons accélérer notre croissance au cours des prochaines années.
Nous sommes ravis de maintenant faire partie de la famille de Vivid Seats. Cette acquisition témoigne de la vision et de l'engagement de Vivid Seats d'investir dans le marché canadien et l'écosystème technologique florissant.
C'est un plaisir pour nous d'être ici aujourd'hui parce que nous sommes certainement fiers du travail que nous faisons pour nous assurer que les fervents de la culture et les amateurs de sport ont accès aux événements auxquels ils veulent assister, même lorsqu'il n'y a plus de billets en vente au guichet et sur le site Web.
Fondée en 2001 et établie à Chicago, Vivid Seats traite des millions de billets par année et permet tous les jours à des milliers fervents de sport, de concerts et de théâtre d'assister à des événements. Notre philosophie est axée essentiellement sur l'expérience des admirateurs. Les sports, les concerts et d'autres spectacles nous permettent de vivre des expériences mémorables qui nous inspirent tous.
Par le passé, l'accès à des spectacles prisés était limité aux personnes qui étaient en mesure d'acheter des billets dès qu'ils étaient mis en vente. Ceux qui n'avaient pas cette chance n'avaient aucun moyen sûr, légal ou fiable d'obtenir des billets, et les admirateurs qui ne pouvaient pas utiliser leurs billets n'avaient aucun moyen sûr, légal et fiable de les vendre. Vivid Seats a été créée pour résoudre ce problème et ouvrir les portes aux acheteurs et aux vendeurs; elle offre aux amateurs un marché de revente de billets convivial, sûr et sécuritaire et la meilleure expérience d'achat qui soit pour une large gamme d'événements partout en Amérique du Nord, des événements sportifs jusqu'aux concerts, en passant par les pièces de théâtre, les festivals et bien d'autres.
Vivid Seats est un fournisseur de confiance qui favorise la transparence, la responsabilité et le choix. Les vendeurs doivent respecter les normes les plus élevées et favoriser la participation et la satisfaction des admirateurs relativement au spectacle de scène en leur permettant de vivre des expériences très personnalisées et exceptionnelles. Nous avons aussi un centre d'appels interne qui compte plus de 300 représentants qui fournissent du soutien à la clientèle de premier choix au-delà des heures habituelles d'ouverture. Nous offrons à l'acheteur une garantie absolue pour tous les billets vendus sur notre site. Nous lui garantissons qu'il recevra un billet valide à temps pour l'événement, sinon nous le lui remboursons.
Afin de continuer d'assurer de la tranquillité d'esprit des admirateurs lorsqu'ils achètent des billets d'un événement de leur choix, Vivid Seats s'est engagée à respecter deux principes fondamentaux: premièrement, tous les admirateurs devraient avoir une chance égale d'acheter des billets sur le marché primaire et le marché de la revente; et deuxièmement, les billets devraient être traités comme s'il s'agissait de la propriété du consommateur, sans que l'on restreigne sa liberté de vendre ses billets de la manière qu'il juge appropriée.
Pour ce qui est de l'accès équitable aux billets, nous avons été fermement en faveur des interdictions de robots dans d'autres administrations parce que nous croyons qu'elles protègent les consommateurs, renforcent la transparence et aident à éliminer le marché noir de la vente de billets. Pour aller plus loin, nous encourageons aussi les gouvernements de toutes les administrations à appliquer ces interdictions. À l'échelon provincial, l'Ontario et la Colombie-Britannique ont pris des mesures pour interdire les robots, ce que nous appuyons pleinement.
Cependant, les robots ne sont pas le seul problème qui mérite toute notre attention lorsqu'il s'agit de techniques de vente de billets qui limitent l'accès du grand public. Nous devons également discuter du fait que l'on retient des billets dans le marché primaire. Nous comprenons que la présente séance fait partie d'une étude sur l'industrie de la revente de billets en ligne sur le marché secondaire, mais il est essentiel que le Comité comprenne que la vente de billets est un écosystème en soi et que les stratégies en matière de vente de billets utilisées par le marché primaire causent beaucoup de frustration chez les admirateurs lorsque tous les billets d'un événement semblent se vendre instantanément.
Certains fournisseurs de billets du marché primaire retiennent des billets à la mise en vente initiale, ce qui veut dire que des billets sont souvent retenus pour les artistes, les commanditaires, les clubs d'admirateurs, etc., et que seulement un nombre limité de billets peuvent être revendus ou offerts au grand public. Cette pratique engendre une grande frustration chez les consommateurs. Je suis certain que vos électeurs s'en sont plaints à vous, les législateurs. Le Toronto Star a publié un article le 18 septembre 2018 qui décrivait cette pratique dans les moindres détails. Nous recommandons au Comité qu'il le lise.
Nous pensons qu'il faudrait plus de transparence relativement à la vente initiale de billets. Dans d'autres administrations, Vivid Seats a encouragé les gouvernements à exiger la divulgation du nombre de billets mis en vente par le vendeur du marché primaire à tout moment. L'Ontario a récemment adopté une loi qui exige au marché primaire de communiquer cette information, et Vivid Seats appuie cette loi.
Pour ce qui est de la transférabilité des billets, nous croyons que les admirateurs devraient avoir le droit d'utiliser ou de vendre leurs billets comme ils le veulent. Comme le marché de la vente de billets est presque entièrement en ligne, les consommateurs ont besoin de choix et de souplesse pour gérer leurs billets, que ce soit être en mesure d'envoyer facilement par courriel le fichier PDF d'un billet à un ami ou à un membre de la famille ou d'imprimer le billet sur une feuille de papier pour quelqu'un qui désire avoir son billet en main. Vivid Seats appuie sans réserve les efforts déployés pour que l'on s'assure que les consommateurs aient cette capacité.
La transférabilité des billets maintient le droit du consommateur de transférer ses billets à un ami ou à un membre de la famille ou de vendre des billets supplémentaires dans un marché ouvert. Elle empêche également les comportements anticoncurrentiels et favorise la concurrence dans l'industrie de la vente de billets.
C'est la concurrence qui encourage les entreprises à innover et à maintenir des normes de service élevées. Les consommateurs devraient être en mesure d'utiliser la plateforme de billets de leur choix et être protégés des comportements anticoncurrentiels et des restrictions artificielles qui nuisent à leur capacité de consulter et de vendre des billets dans un marché ouvert et concurrentiel. C'est pourquoi Vivid Seats croit qu'assurer la transférabilité des billets est essentiel à tout cadre réglementaire efficace.
Voilà les types de questions qui préoccupent Vivid Seats, et c'est pourquoi nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour vous en parler. Les Canadiens se soucient également de ces questions. Le gouvernement de l'Ontario a récemment adopté des modifications de la Loi sur la vente de billets en Ontario, ce qui permet d'établir un équilibre entre la lutte contre les robots et le manque de transparence du processus initial de vente et le soutien à l'innovation et à la protection des consommateurs.
Nous sommes déterminés à travailler avec les législateurs, comme vous, le gouvernement, les organismes de réglementation et l'industrie pour nous assurer d'avoir un marché de la vente de billets en ligne juste et sécuritaire.
Nous vous remercions de nous avoir offert l'occasion de vous parler aujourd'hui de Vivid Seats et de notre approche visant à travailler de façon responsable dans l'industrie. Nous serions ravis de répondre à toutes vos questions.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être ici.
Madame Tarlton, j'ai manqué le début de votre allocution, malheureusement, car j'étais avec une journaliste, à l'extérieur. Si seulement elle avait su à quel point je voulais entendre ce que vous aviez à dire!
Je ne sais pas si tout le monde le sait, mais vous venez d'une très longue lignée de Tarlton dans le domaine de la musique au Canada. Je vous remercie de tout ce que vous avez fait, et je pense que vous avez bien gagné votre vie grâce à cela dans la famille. La vision qui vous a animée tout ce temps, tant sur le plan familial que personnel, c'est celle touchant la production de spectacles. Je pense que c'est même pour cette raison que vous avez été intronisée au Panthéon de la musique canadienne. Je suis très heureux de vous rencontrer ici, au Comité permanent du patrimoine canadien.
Vous avez aussi contribué à bâtir un réseau de salles et à mettre en place des façons de faire. Vous avez apporté au milieu les notions de production et de diffusion de spectacles, entre autres. Je voulais juste vous demander si vous avez l'impression que les utilisateurs sont bien servis. Est-ce à leur avantage? Êtes-vous capable de me faire un bilan assez objectif de la situation?
Selon moi, toute forme d'arrangement — par exemple, on entend dire que c'est devenu facile d'acheter des billets; on peut le faire en échangeant ses milles accumulés dans le programme AIR MILES — m'apparaît un peu tirée par les cheveux. J'entends surtout dire que les prix des billets montent.
J'aimerais que vous nous fassiez part de vos réactions à ce sujet.
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Je vous remercie. Quelle est la commission? Non, c'est bon.
En réalité, voilà mon plus gros problème. Avec tous ces nouveaux projets qui viennent sur notre marché, vous — et non pas « vous », pardonnez-moi —, venez de pays étrangers ou du sud de la frontière. Ces entreprises arrivent et prennent une part de l'activité économique, ce qui est tout à fait correct. Cela semble répondre aux besoins du public, et donc des consommateurs, mais qu'est-ce qui les empêche, disons, au moins de se consister en personne morale d'incorporer et de déclarer toutes les ventes, comme le fait Ticketmaster?
Je ne suis pas complètement en faveur de la revente en vérité, mais c'est une tendance. Je crois que, pour les chauffeurs de taxi, Uber est une véritable tempête qui a énormément bouleversé la situation, même s'il y a de bonnes choses à propos d'Uber. Cependant, la première chose est ceci: si vous faites des affaires au Canada, avez-vous l'intention de vous constituer en personne morale au Canada et de déclarer de l'impôt sur le revenu, comme le font les entreprises au Canada, d'embaucher des employés canadiens et de contribuer aux hôpitaux et aux routes?
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Je vais répondre à la deuxième question en premier.
TradeDesk est un outil de gestion des stocks. L'allégation selon laquelle il s'agit d'un outil utilisé pour acheter des billets est fausse. Ce n'est pas du tout le but de l'outil.
Je reviens sur ce que j'ai dit dans ma déclaration, Ticketmaster ne possède pas d'outil qui facilite l'achat massif de billets pour les courtiers ou pour qui que ce soit. La technologie que nous avons dans notre système primaire est utilisée par les propriétaires de contenu, par exemple, les responsables des tournées d'artistes, les exploitants des salles et les promoteurs. Ce sont eux qui décident du nombre de billets qui peuvent être achetés pour un événement en particulier. En majeure partie, il s'agit d'événements très populaires et nous parlons donc d'environ 6, 8 ou 10 billets. À partir de là, notre responsabilité en tant que vendeur de billets dans le marché primaire est de bloquer ces robots dont j'ai parlé plus tôt, à raison de cinq milliards de robots par mois en Amérique du Nord. Nous les empêchons d'infiltrer le système et d'accéder à bien plus que cela. Nous avons eu du succès à cet égard. Si nous arrivons à la conclusion que ces billets ont été achetés par un robot qui a réussi à infiltrer le système et à acheter un grand nombre de billets, l'ajout d'une loi provinciale qui rend illégale l'utilisation de robots pour acheter des billets est très utile. Cela nous permet d'annuler ces billets et de les remettre entre les mains de fans. Pour répondre à la question concernant TradeDesk, il ne s'agit pas d'un outil pour acheter des billets. Du point de vue de Ticketmaster, nous suivons les règles du propriétaire du contenu dans tous les cas.
Votre deuxième question portait sur notre position quant à la revente, si je vous ai bien compris. Nous intégrons le marché primaire et le marché secondaire afin de permettre au consommateur de choisir et de lui faire connaître les options dont il dispose pour procéder à l'achat de façon sécuritaire. Si le consommateur achète un billet d'un fan qui l'affiche sur notre site, sans égard à l'autre billet qui pourrait être vendu par la salle, ce billet lui garantit une place parce que nous allons annuler le billet original et lui émettre un nouveau billet. Aujourd'hui, nous utilisons les codes à barres, mais à l'avenir, nous pourrions utiliser un autre type de jetons de sécurité.
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C'est une excellente question: les provinces ont adopté des dispositions législatives sur l'émission des billets en grande partie à la suite de la tournée de The Tragically Hip, en 2016, où il était évident que la demande était plus forte que d'offre. À partir de ce moment-là, le dialogue était ouvert dans tout le pays pour savoir ce que nous pourrions faire à cet égard, car il s'agit d'un enjeu mondial. Nous parlons entre autres de l'efficacité des lois sur les robots logiciels. Les contribuables ne s'attendent pas à ce que les gouvernements partent à la recherche des fraudeurs qui se trouvent dans des pays étrangers, mais le libellé dans les lois nous permet, en tant qu'industrie, de lutter contre eux ou au moins de les supprimer, si par exemple ils infiltrent le système.
En ce qui concerne ce que nous pouvons faire de concert avec le gouvernement fédéral... Aux États-Unis, par exemple, il y a une loi fédérale sur les robots logiciels. Nous pourrions peut-être être plus cohérents, au Canada, et utiliser une partie du libellé à une plus grande échelle plutôt que d'essayer de lutter contre un problème mondial à l'échelle régionale. Les robots sont un exemple.
L'affichage de billets virtuels est un autre réel problème pour les consommateurs. Comme nous l'avons mentionné tout à l'heure, je crois, dans la conversation, nous entendons par là la recherche d'un billet qui n'existe pas. Cela arrive très souvent. Nous sommes la principale entreprise de billetterie, mais il arrive que des consommateurs nous demandent pourquoi un billet est disponible sur un site et ne l'est pas sur le nôtre ou pourquoi il n'est pas encore en vente. C'est parce que ce billet n'existe pas. Le libellé sur des affichages de billets virtuels est très utile.
Il y a un autre sujet de réflexion intéressant du point de vue du patrimoine. En Ontario, pendant un certain temps, avant l'adoption de la taxe harmonisée, il y a eu une exemption sur la taxe d'amusement dans le cas où du contenu canadien était présenté en première partie d'une attraction majeure. Il serait intéressant que nous examinions la question. Que pourrait faire Patrimoine Canadien? Quels sont les avantages qu'il pourrait en tirer? Comment pouvons-nous continuer à créer du contenu canadien?
Nous pouvons aussi prévoir tout le contraire, par exemple en cas d'erreur dans la loi provinciale. Nous aurions sans doute une position différente de celle de Vivid à l'égard du règlement le plus récent de l'Ontario. En ce sens, il semble que les conséquences imprévues d'une partie de ce nouveau règlement renforcent le marché des fraudeurs et ne sont pas favorables aux consommateurs. L'idée, c'est que, si vous imposez trop de restrictions dans un marché libre, un marché mondial, alors les spectacles ambulants ne viendront simplement pas au Canada. Nous préférerions que le marché reste ouvert. Laissons la meilleure technologie et la meilleure attraction attirer le plus de consommateurs.
C'est que nous avons pensé, mais, si vous inversez les choses, les conséquences négatives de la diminution du nombre des spectacles ambulants, c'est qu'il y aura moins de possibilités pour les Canadiens, et peut-être que nous pouvons contrer cela en mettant certains contenus canadiens en première partie des attractions américaines ou des attractions internationales qui viennent au Canada.
Je vais me pencher sur trois domaines dans ma déclaration préliminaire. Le premier concerne l'expérience de l'utilisateur, le deuxième, des considérations commerciales et le troisième, la manière d'élargir le marché et d'accroître l'accès.
Tout d'abord, je vais parler de la cohérence de l'expérience de l'utilisateur et des améliorations à y apporter.
La frustration ressentie par l'utilisateur s'explique par de nombreuses raisons, dont la plupart sont liées à la vitesse à laquelle les billets s'envolent et au fait que le prix de ces billets augmente considérablement quand ils sont très recherchés. Ceci, bien entendu, est dans le cas des spectacles les plus populaires. Il n'y aura jamais suffisamment de billets pour répondre à la demande pour ces spectacles.
La vente de billets en ligne comporte de nombreux aspects, et les prix changent rapidement; ils augmentent ou diminuent. Il est parfois indiqué sur les sites Web que le prix variera. Parfois, cela est indiqué dans une fenêtre contextuelle à l'écran, parfois dans les modalités d'achat, parfois ailleurs, mais l'expérience de l'utilisateur manque de cohérence. Si l'on rappelait constamment aux utilisateurs qu'un changement de prix est inhérent à l'établissement du prix des billets, on les aiderait à comprendre que c'est un marché très concurrentiel.
Les utilisateurs connaissent des méthodes pour moduler leur propre expérience. Par exemple, si des lois prévoyaient l'obligation d'afficher des fenêtres contextuelles, les utilisateurs pourraient choisir de les bloquer eux-mêmes.
J'ai à ma disposition certaines saisies d'écran qui pourraient être utiles pour poursuivre la conversation plus tard et répondre à vos questions. Sur ces sites, on peut facilement voir — par exemple, sur le site de Ticketmaster pour le septième match des Raptors — à quel moment il n'y a plus aucun billet à vendre. Toutefois, sur le site StubHub, pour le même match, on constatait qu'il y avait encore des billets à vendre. Et le site canadien de StubHub affiche même ses prix en dollars américains. Ce sont des choses sur lesquelles on peut se pencher pour rendre l'expérience de l'utilisateur plus cohérente et claire.
Deuxièmement, j'aimerais aborder des considérations commerciales, c'est-à-dire des préoccupations opérationnelles concernant les promoteurs d'événements devant public et les entreprises de billetterie. La « vente à vitesse humaine » est une pratique où les organisateurs d'événements ralentissent intentionnellement le processus, privant la clientèle de la gratification instantanée du magasinage en ligne, pour contrôler les catégories d'acheteurs qui pourront en premier se procurer des billets pour un événement. En utilisant ce type de vente, en ralentissant le processus de vente, les organisateurs d'événements savent qu'ils feront peut-être moins d'argent que s'ils procédaient à la vente des billets au rythme particulièrement rapide imposé par la demande.
Pour déterminer si elles doivent continuer à appliquer une stratégie de vente à vitesse humaine, les entreprises devraient peut-être selon moi trouver un moyen d'évaluer l'efficacité de cette stratégie. Par exemple, il y aurait moins de spectacles à guichets fermés, mais, étant donné que le prix des billets les plus populaires serait plus élevé, le total des recettes augmenterait.
De plus, la stratégie de vente à vitesse humaine pourrait mener les promoteurs à annuler davantage de spectacles en raison d'une faible vente de billets, puisque les acheteurs pourraient penser qu'il faut attendre avant d'acheter un billet au cas où les prix baisseraient. Ces annulations pourraient réduire le nombre total d'événements payants et le chiffre d'affaires global de l'industrie.
Comme la vente de billets en ligne est de plus en plus personnalisée, grâce à l'intelligence artificielle améliorée et ciblée, quel serait le plus grand avantage de cette pratique pour les vendeurs de billets? Quel serait le principal avantage de la création de nouveaux outils d'intelligence artificielle, pour l'industrie? Le gouvernement pourrait trouver une façon de soutenir les progrès de l'intelligence artificielle dans ce domaine.
Il faut également tenir compte des principales différences comportementales entre les acheteurs de billets pour des événements sportifs et pour des événements musicaux. Comment un vendeur de billets en ligne pourrait ou devrait-il concevoir l'expérience d'achat en fonction du profil d'acheteur?
Finalement, parlons de considérations opérationnelles concernant les arts visuels. Dans certains pays, il y a un droit de revente. Cela veut dire que chaque fois qu'une œuvre est revendue, l'artiste d'origine reçoit un paiement. On peut obtenir de l'information sur ce type de droit de revente sur le site Web de la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs, la CISAC. Nous pourrions envisager d'appliquer ce droit à la revente de billets de spectacles.
Le troisième domaine que j'aimerais aborder dans ma déclaration préliminaire concerne l'élargissement du marché et l'accroissement de l'accès. Étant donné qu'il n'y a jamais assez de sièges pour accueillir toutes les personnes qui souhaitent assister à un événement très populaire, l'industrie des événements devant public pourrait envisager des manières d'accroître l'accès, par exemple, grâce à la diffusion parallèle de l'événement sur grand écran et avec un son de grande qualité, dans une salle de cinéma où les gens pourraient se réunir entre amis et vivre une expérience collective. Les recettes de la vente de billets pour ce type d'expérience reviendraient aux artistes et aux présentateurs de l'événement.
Pour la diffusion d'événements sportifs, il existe déjà, par l'intermédiaire des réseaux de télévision et des ligues sportives, une infrastructure permettant aux gens de les suivre en direct à la maison ou dans des endroits comme dans les bars sportifs. Il faut se demander comment l'industrie du divertissement pourrait diffuser des spectacles en direct de la même manière.
Merci.
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Je remercie les membres du Comité de m'accorder le temps et la possibilité de vous parler aujourd'hui.
Comme je l'ai mentionné, je m'appelle Jesse Kumagai. Je suis le directeur de la programmation pour la Corporation of Massey Hall and Roy Thomson Hall. Nous sommes un organisme de bienfaisance sans but lucratif et nous présentons des spectacles à Toronto. Nous présentons des spectacles dans nos deux salles emblématiques et dans d'autres endroits dans l'ensemble du marché que nous servons.
En plus de promouvoir des spectacles, nous investissons dans l'avenir de nos auditoires et de nos artistes; nous faisons des investissements importants dans des initiatives d'éducation et de diffusion et dans plusieurs programmes de perfectionnement artistique.
Outre mon travail professionnel, je suis bénévole dans un certain nombre d'organisations musicales canadiennes, y compris le Fonds de bienfaisance d'Unison, lequel fournit des secours d'urgence aux membres de la communauté musicale, tout particulièrement les musiciens, qui vivent une période de crise. Je siège au conseil d'administration du Prix de musique Polaris qui, par l'entremise d'un jury, reconnaît et célèbre les enregistrements canadiens exceptionnels en fonction uniquement du talent artistique, sans égard au succès commercial. Je suis président de l'Association canadienne de musique sur scène. Plus tôt au cours de votre étude, vous avez entendu témoigner notre présidente-directrice générale, Mme Erin Benjamin.
Je vous en dis davantage à mon sujet pour insister sur le fait que j'aborde cette question du point de vue de la place très importante qu'occupent les artistes et les amateurs dans notre travail.
Pour ce qui est du domaine de la billetterie, je crois qu'il faut aborder principalement deux questions. La première concerne l'accessibilité aux billets sur le marché primaire. La deuxième concerne le nombre élevé d'activités frauduleuses et trompeuses sur le marché secondaire.
D'abord, nous savons qu'il existe parfois un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché primaire. Nous reconnaissons également qu'il y a parfois un écart entre le prix affiché des billets et ce que le marché peut réellement tolérer. À bien des égards, ces deux questions pourraient découler de ce que j'appelle le dilemme de l'artiste. Un grand nombre d'artistes qui, en définitive, exercent un très grand contrôle sur l'établissement initial du prix des billets pour leurs spectacles souhaitent offrir à tous leurs admirateurs un accès facile à des billets à un prix raisonnable. Le problème, c'est que cela crée un écart entre les prix qui alimente le marché secondaire.
Vous avez sans doute entendu bon nombre de personnes parler des mesures qui pourraient être prises pour régler ces problèmes. Je ne veux pas m'attarder trop longtemps sur ces mesures, mais je dirais cependant que, selon mon expérience et ce que j'ai constaté à l'échelle internationale, les solutions les plus efficaces sont des solutions technologiques ou opérationnelles qui sont élaborées et mises en place par le secteur. Les solutions les moins efficaces — tout particulièrement les mesures prises à l'échelle internationale — sont les solutions législatives, non pas parce que les lois sont mauvaises, mais parce qu'elles ne sont pas appliquées. Comme nous le savons tous, les lois qui ne sont pas appliquées ne servent à rien.
En ce qui me concerne, la question la plus importante, et à laquelle nous sommes confrontés régulièrement sur le terrain, touche le nombre élevé d'activités frauduleuses et trompeuses sur le marché secondaire. Ainsi, un consommateur peut acheter de faux billets, payer ses billets en devises étrangères sans s'en rendre compte, croire qu'il achète un billet d'un vendeur officiel principal et non d'un vendeur secondaire et se voir imposer des frais cachés. En réalité, bon nombre de ces entreprises échappent à la compétence des administrations locales, rendant tout recours ou toute tentative d'application de la loi très difficile ou impossible dans les circonstances.
Cependant, vous avez entendu un certain nombre de personnes le dire. Si vous me le permettez, j'ai apporté quelques exemples de messages que nous avons reçus de clients. Je ne divulguerai aucune information d'identification, mais il me fera plaisir de valider l'authenticité de ces messages auprès du Comité quand vous le voudrez.
Je vais d'abord parler de l'offre et de la demande. Je répète que ce sont les mots exacts utilisés par le client et non les miens, donc pardonnez-moi. C'est émotionnel.
À la fin du mois de juin de l'année dernière, nous avons fait la promotion de trois concerts de Gordon Lightfoot. C'étaient les trois derniers concerts offerts au Massey Hall avant sa fermeture pour une rénovation de deux ans. De toute évidence, ces spectacles étaient très populaires. Voici le courriel:
Bande de salauds. La dernière fois que j'ai regardé, les billets pour les spectacles de Gordon Lightfoot n'étaient pas encore en vente.
Maintenant, les spectacles sont à guichets fermés. Allez vous faire foutre.
Je vous ai fait part de ce message non pas pour vous choquer, mais simplement pour vous montrer à quel point il s'agit d'un sujet sensible pour les gens, qui ont tendance à réagir tout aussi émotivement. Ce malheureux client n'a pas pu assister aux concerts, bien sûr.
Je vais vous raconter une autre histoire pour illustrer la différence entre la déception et la contrariété des clients qui ne sont pas en mesure d'obtenir des billets et le préjudice réel que les activités frauduleuses peuvent causer aux Canadiens. Cette histoire a une fin heureuse, mais les circonstances sont très différentes de la première.
Voici ce qui est écrit dans le courriel:
Je vous écris pour remercier Massey Hall et son personnel de nous avoir aidés hier au concert de Blue Rodeo. Cela a été une expérience mémorable.
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Le spectacle était complet, alors j'ai acheté mes billets sur Stub Hub. Quand nous sommes arrivés au Hall, mon épouse et moi-même avons découvert que nous avions acheté de faux billets. Quelle déception! Le personnel s'est montré compréhensif, et le gérant (j'aurais aimé le remercier personnellement dans le présent courriel, mais je n'ai malheureusement pas noté son nom), même s'il était occupé par le début du spectacle, a vérifié nos billets et nous a donné deux billets de faveur! Il nous a vraiment sauvés!
Nos boîtes de réception sont remplies de messages comme celui-là. Voici un autre exemple: une dame avait promis à son petit-fils, qui faisait partie d'une chorale, qu'elle allait assister à son concert annuel de Noël avec le Toronto Children's Chorus, au Roy Thomson Hall. Cette dame est malencontreusement allée sur un site du marché secondaire et a acheté trois billets. Sur notre site, ces billets étaient encore en vente au prix de 45,50 $ chacun. Elle les a payés 146 $ américains chacun, et il y avait en plus des frais de service de 44,53 $ par billet ainsi que des frais de livraison de 7,95 $. Au total, cette dame a payé 579,54 $ pour assister au concert de Noël de son petit-fils. Si elle avait acheté ses billets à notre billetterie officielle, elle aurait payé, avec tous les frais inclus, bien moins de 200 $.
Ces exemples illustrent clairement les préjudices que peuvent subir les Canadiens et pourquoi nous, qui sommes aux premières lignes, nous préoccupons autant des pratiques malhonnêtes, des activités trompeuses et de la fraude dans le marché secondaire.
Je reconnais, compte tenu de la situation dans son ensemble, qu'il revient en grande partie aux provinces et aux territoires de prendre des mesures législatives pour lutter contre ce problème. J'ai cependant trois recommandations à proposer à votre comité qui pourraient aider le gouvernement du Canada à atténuer ce genre de problèmes.
Premièrement, il faudrait financer une campagne nationale de sensibilisation afin d'informer les consommateurs à propos des stratagèmes qui sont utilisés par le marché secondaire. Ainsi, les amateurs de spectacles sauront comment éviter les arnaques puisqu'ils sauront reconnaître les vendeurs de billets officiels. Nous espérons qu'ils ne seront plus victimes de fraude.
Deuxièmement, il faut investir dans la technologie afin de mettre en place des solutions qui nous permettront de veiller à ce que les billets soient véritablement remis aux amateurs, comme il se doit, et non au marché secondaire. Ce problème existe dans le monde entier. Si nous pouvons trouver une solution canadienne, cela fera de nous des chefs de file dans ce domaine, et nous serons tous avantagés en conséquence.
Troisièmement, c'est un fait qu'une grande partie de nos efforts sont axés sur les événements en forte demande pour lesquels il y a beaucoup d'activités sur le marché secondaire ainsi que beaucoup d'activités frauduleuses. Il y a énormément d'événements fantastiques pour les Canadiens qui aiment la musique. Nous croyons que le gouvernement du Canada pourrait investir davantage dans les spectacles sur scène afin d'accroître l'accessibilité aux spectacles, améliorer la qualité et la quantité des représentations aux quatre coins du pays et, dans l'ensemble, faire en sorte qu'il soit plus facile et moins risqué pour les Canadiens d'assister à des événements musicaux sur scène.
Merci beaucoup. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci de votre réponse.
Je faisais partie d'une organisation qui a organisé un événement de hockey de grande envergure avec la Ligue canadienne de hockey. Nous avons été déçus d'apprendre que le promoteur avait retenu des billets. Nous lui avons dit qu'il ne devait pas faire cela et de mettre tous les billets en vente, mais notre demande est tombée dans l'oreille d'un sourd. Les billets ont été retenus, puis mis en vente plus tard.
Ce genre de choses arrive-t-il souvent, d'après votre expérience?
À mon avis, nous étions surtout frustrés parce que nous connaissions notre marché et que nous savions ce qui serait juste. Mais le promoteur a dit, en résumé, que si nous voulions que cet événement soit organisé à Saint John, au Nouveau-Brunswick, alors c'est comme ça que les choses allaient se passer. Les billets allaient être retenus, puis, au dernier moment — littéralement, la veille de l'événement —, des centaines de billets ont tout d'un coup été mis en vente.
S'agit-il d'un problème récurrent, selon vous?
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Je vais répondre. C'est un problème courant. Ce genre de chose arrive tout le temps.
Les fraudeurs qui se trouvent dans un autre pays posent un très grave problème. Les artistes et les promoteurs qui assument les risques financiers ne touchent pas un sou et, en plus, lorsque l'argent quitte le pays, cela veut dire qu'il disparaît de votre assiette fiscale. Il y a une foule d'éléments à prendre en considération. Notre capacité à offrir un service à notre clientèle est diminuée. Si un spectacle est annulé ou remis à une date ultérieure pour une raison ou pour une autre, nous devons fournir des directives précises aux clients, mais nous ne pouvons pas faire cela si nous ne savons pas de qui ils sont.
Cela soulève énormément de difficultés.
Le marché secondaire existe, nous le savons, et tant que les lois ne seront pas appliquées, il continuera d'exister. Notre objectif est avant tout de protéger les consommateurs, de veiller à ce que les transactions se déroulent de façon sécuritaire et que les clients puissent assister au spectacle.
Essentiellement, il y a trois cas de figure, présentement.
Premièrement, vous pouvez acheter un billet sur le marché secondaire d'un revendeur qui peut confirmer son authenticité. C'est possible sur la plateforme de Ticketmaster, par exemple, s'il est le vendeur initial du billet.
Il y a ensuite des plateformes qui ne peuvent pas confirmer l'authenticité du billet, mais qui offrent une garantie de remboursement. StubHub est un bon exemple. On ne peut pas vous promettre que vous pourrez assister à l'événement, mais au moins, vous serez remboursé si vous n'y assistez pas.
En dernier, il y a les revendeurs étrangers et les gens qui ont fait 50 photocopies d'un billet à imprimer à la maison pour les vendre sur Kijiji.
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Merci beaucoup, monsieur Kumagai et madame Moore.
[Traduction]
Madame Moore, je crois comprendre, compte tenu de l'information sur vos antécédents professionnels figurant dans le document d'information, pourquoi vous avez soulevé cette intéressante question à propos du point de vue de l'artiste et des droits de revente. Je doute que les choses soient aussi simples. Cependant, puisque nous sommes le Comité du patrimoine, il est vrai que nous devons toujours prioriser le point de vue de l'artiste, du créateur et du titulaire des droits.
Mais, si nous adoptons le point de vue de l'artiste, comme M. Kumagai l'a dit... J'ai réfléchi à la question et j'ai l'impression que tout le monde, dans ce système de création artistique, d'édition ou de production d'événements, prend des risques. L'artiste prend un risque en refusant un emploi traditionnel dans l'espoir de trouver son public et de faire beaucoup d'argent — pour les plus chanceux — ou, comme la plupart des artistes, de gagner un revenu convenable, avec un emploi secondaire. Les producteurs prennent des risques, parce qu'ils misent sur le talent d'un artiste quand ils décident de produire son album ou son spectacle. Je crois que Massey Hall produit parfois des spectacles, mais je n'en suis pas sûr.
Parfois, vous achetez le spectacle et fournissez seulement le lieu. Parfois, vous produisez le spectacle, et tout le monde qui participe prend un risque. Même les consommateurs prennent un risque; parfois, ils n'ont pas écouté le nouvel album de l'artiste, mais ils ont adoré le précédent et ils espèrent que le spectacle sera génial. Imaginez leur déception quand l'artiste décide de chanter exclusivement ses nouvelles chansons. Tout le monde prend donc un risque.
Les seules fichues organisations qui ne prennent aucun risque, ce sont les plateformes de revente de billets. Pire encore, ces sites font des milliards de dollars sans payer d'impôt. J'ai vraiment hâte que nous nous penchions sur la question. Si un impôt sur le revenu est prélevé, l'argent va aux États-Unis.
Ce qui me préoccupe... Je comprends que c'est dans la nature humaine, de penser que l'on peut acheter un bien pour le revendre à profit. Je l'ai fait avec une voiture MGB, et j'ai essayé de le faire avec un M. Patate de collection. Il est encore dans mon sous-sol, dans son emballage original. Je l'ai acheté il y a 12 ans. Est-ce que ça intéresse quelqu'un?
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Qu'arriverait-il si, soudainement, les vieux bonhommes comme moi décidaient d'aller dans les magasins acheter tous les jouets à tirage limité? Ce serait assez nul pour les enfants, qui ne pourraient pas en avoir. C'est possible à l'échelon individuel, mais certaines entreprises ont décidé de normaliser cette pratique. Quel avantage y a-t-il pour le Canada à permettre à une entreprise opportuniste de venir ici et de toucher un certain pourcentage sur chaque transaction? Ce sont probablement des robots.
À mes yeux, dans le milieu de la musique et des arts, tout le monde prend des risques, même le gouvernement. Je crois que vous avez eu raison de lire les commentaires de clients frustrés, parce que ce ne sont pas que des clients; ce sont des amateurs de spectacles, et cela touche le patrimoine.
Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que la première chose à faire, en plus de mettre en œuvre une nouvelle réglementation pour les entreprises à l'étranger... Avant tout, il y a la Loi de l'impôt sur le revenu. Si je veux travailler aux États-Unis, je dois obtenir un permis de travail. La première chose à faire devrait donc être de veiller à ce que ces entreprises se conforment aux lois, non? Je ne sais pas ce que vous pensez de Ticketmaster, mais au moins, il s'agit d'une entreprise canadienne, et elle fait partie du marché, si je ne me trompe. Ticketmaster n'existerait pas s'il n'y avait pas de plateformes comme StubHub aux États-Unis. Donc, diriez-vous que la première chose à faire serait de prendre les devants et de leur demander, à tout le moins, de déclarer leurs ventes canadiennes?
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Merci. Après avoir écouté vos témoignages et les commentaires des nombreux autres témoins, je dois avouer que je suis encore plus confus qu'au début de notre étude. J'essaie de penser aux valeurs que nous essayons de protéger. Dans les témoignages que nous avons entendus au cours de cette longue étude — je ne me souviens plus du nombre des témoins —, les valeurs que l'on veut défendre varient considérablement.
Certains ont dit que nous devons veiller à ce que le marché soit ouvert et régi par l'offre et la demande. Ils veulent de la valeur pour les artistes et leurs admirateurs, du contenu canadien et des recettes pour le Canada. Les billets doivent demeurer la propriété du client ou du propriétaire. Les ventes sur Internet sont aussi importantes. Quelles mesures de sécurité pouvez-vous prendre? Comment pouvez-vous vérifier l'authenticité? On nous a parlé de ces valeurs, mais j'ai l'impression que le problème touche surtout la vente de billets qui n'existent pas. Il me semble que la fraude et les retenues créent un faux marché, un marché qui, grâce à Internet, a commencé à s'emparer de domaines que nous ne pouvons même pas soupçonner, sans parler des robots logiciels qui posent un autre problème.
Donc, compte tenu des valeurs, et des problèmes et des mesures minimales que nous avons prises jusqu'ici, je ne vois pas vraiment de solutions. Parmi les solutions proposées, on nous a dit de vendre les bons billets au bon prix — peu importe ce que cela veut dire —, d'adopter et d'appliquer des dispositions législatives sur les robots logiciels et sur les reventes simples et d'interdire la retenue de billets.
Je crois que l'Ontario avait essayé d'imposer un plafond sur les prix, mais le nouveau gouvernement au pouvoir a annulé toutes ces mesures législatives, alors il n'y a pas de plafond. On semblait pourtant croire que c'était une solution. De telles mesures ont été mises en œuvre au Québec et en Colombie-Britannique.
Dans ce contexte — et je sais que vous nous avez donné un exemple de stratégies envisageables, soit de surveiller les ventes pour imposer les vendeurs —, avez-vous des solutions précises ou des réponses à nous donner? Compte tenu du grand nombre de témoignages que nous avons entendus — et nous nous approchons de la fin de l'étude — ainsi que des valeurs que vous défendez et dont on nous a parlé, que devons-nous faire? Quelles pratiques et mesures législatives devons-nous adopter? Nous nous sommes engagés à étudier ce problème, mais après avoir écouté ce que vous aviez à dire et pris conscience des problèmes qui existent, je dois admettre être plutôt confus. Pouvez-vous m'éclairer?
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Je pourrais peut-être faire quelques commentaires.
L'une de mes recommandations — qui est similaire à celle de ma collègue ici présente — est d'investir dans la technologie. Comme je l'ai dit, il s'agit d'un problème à l'échelle mondiale, un problème que le secteur privé et les gouvernements du monde entier essaient de régler.
Nous sommes sur la bonne voie. Prenons exemple sur d'autres industries. Par exemple, les compagnies aériennes ne craignent pas que les billets soient transférés, parce qu'elles ont mis en place des mesures de sécurité pour prévenir cela. Je ne pourrais pas acheter un billet d'avion et le revendre à quelqu'un d'autre. Si je le faisais, cette personne ne pourrait pas monter à bord de l'avion. Le problème, dans le monde des concerts, c'est que nous devons faire entrer beaucoup de personnes dans un tout petit espace en très peu de temps. Ce qui fonctionne pour les gens qui attendent en file de s'enregistrer à l'aéroport ne fonctionnerait tout simplement pas pour les 2 500 personnes qui attendent d'entrer dans une salle de spectacle.
Malgré tout, nous progressons. La technologie s'améliore. Nous avons des outils biométriques et toutes sortes d'autres solutions technologiques qui nous donnent la capacité de voir où va un billet acheté dans notre système. Cela permet de régler bon nombre de préoccupations, par exemple en ce qui concerne le service à la clientèle ou les billets transférés. Il y a énormément de points positifs. Malheureusement, la technologie n'est pas tout à fait au point ou mise en œuvre dans une échelle suffisante. Je préfère ce genre de solutions aux mesures législatives. J'ai déjà expliqué pourquoi.
Par exemple, à la lumière des valeurs dont nous avons entendu parler, entre autres choses, peut-être voudriez-vous encadrer le prix auquel les billets peuvent être vendus. Peut-être voudriez-vous régir plus étroitement ce qui se fait à cet égard. Encore une fois, de mon point de vue, tout nous ramène à l'artiste et à ses intentions. J'aimerais rappeler au Comité qu'il y a, bien évidemment, énormément d'artistes internationaux qui viennent au Canada pour présenter des spectacles de musique populaire. Il y a aussi énormément d'artistes canadiens qui sont représentés sur la scène internationale par leur gérant, par des impressarios, etc.
Comme nous, ils essaient de trouver des solutions à ces problèmes. Lorsqu'ils ont des solutions, ils les mettent en œuvre pour toutes les tournées. Prenez des artistes comme Adele ou des groupes comme Mumford & Sons... Ce sont des artistes très populaires, et ils surveillent de très près les ventes de billets pour leurs spectacles. Ils ont des demandes très précises en ce qui concerne la vente des billets, afin de contrecarrer le marché secondaire.
Je crois sincèrement que, si le Canada ou les provinces et territoires commençaient à imposer trop de mesures législatives pour encadrer l'industrie de la vente de billets — c'est-à-dire régir qui, quoi, où et quand —, cela risque de nous aliéner certains de ces artistes internationaux, et ils vont peut-être venir moins souvent au Canada ou donner des spectacles dans moins de villes. Cela vaut aussi pour un certain nombre de nos artistes canadiens qui contribuent énormément à l'économie. Je veux seulement vous mettre en garde: ne prenez pas de mesures draconiennes.
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Bien sûr. Il y a énormément de fausses informations qui circulent sur ce sujet. Je ne me rappelle plus si c'était un gouvernement provincial ou le gouvernement fédéral qui avait réalisé un sondage auprès des consommateurs à propos de la vente des billets, mais je sais qu'il y avait eu un nombre record de réponses.
Toutefois — et j'espère que cela est bien ressorti de mes commentaires —, une partie du problème est que, même si bon nombre d'admirateurs veulent acheter leur billet d'une source officielle, il y a toutes sortes d'obstacles qui les en empêchent.
Tout ce qu'il faut, c'est sensibiliser le public, et cela permettra de régler énormément de nos préoccupations. Souvent, les clients qui nous adressent des plaintes pour toutes sortes de raisons nous accusent directement. Ils disent qu'ils ont acheté un billet sur notre site Web, mais que le prix était en dollars américains. Ils disent que nous devrions avoir honte, etc. Nous devons les calmer, puis leur montrer qu'ils ont en fait acheté leur billet d'une entité qui prétendait être notre billetterie. Cela prend beaucoup de temps.
Si vous cherchez des billets pour un spectacle à Massey Hall sur Google, vous trouverez probablement une poignée ou une dizaine d'entreprises, et certaines ont même comme adresse Internet « guichetteriemasseyhall », même si elles n'ont aucun lien avec nous. Pour revenir à l'exemple de Blue Rodeo ou du Toronto Children's Chorus, il arrive que des gens croient qu'ils font une transaction légitime, sécuritaire et transparente, alors que ce n'est pas du tout le cas.
Au lieu d'essayer d'appliquer la loi et de chasser les arnaqueurs pour les poursuivre en justice — parce que nous savons que les organismes d'application de la loi ont des choses plus importantes à faire —, nous croyons que la solution la plus simple, la plus directe et la plus efficiente serait de simplement sensibiliser le public, lui enseigner les pratiques sécuritaires et l'aider à reconnaître les fraudeurs dans le marché.
En vérité, ce marché existe depuis des dizaines d'années. Il ne s'est pas réellement développé à partir de ce moment-là. Nous savons que, depuis les débuts de l'industrie du spectacle, existent deux catégories de revendeurs: il y a les revendeurs professionnels et les particuliers qui ne pourront pas utiliser leur billet pour une raison ou une autre et qui veulent le revendre parce que l'industrie, de façon générale, n'offre pas de remboursement. De nos jours, il y a des gens qui achètent quatre billets tout en sachant parfaitement qu'ils en ont seulement besoin de deux. Ils espèrent simplement qu'ils réussiront à vendre les deux autres avec assez de profit pour couvrir le prix de ceux qu'ils utiliseront. Nous savons que cela se fait. Je ne pense toutefois pas que le marché secondaire s'est vraiment développé. Seulement, il est plus apparent, parce que les acteurs jouissent d'une plus grande liberté à présent. Avant, le revendeur était un type en imperméable sur un coin de rue qui apostrophait les passants. Pour contourner le système, le revendeur pouvait demander à un itinérant de prendre sa place devant le magasin de disques, juste avant qu'un album soit mis en vente... Depuis, les technologies et les pratiques ont évolué. Au lieu de faire la file devant le magasin de disques, les gens utilisent des robots logiciels et toutes sortes d'autres dispositifs pour contourner les mesures de contrôle que notre industrie essaie de mettre en place.
À mes yeux, ce n'est pas un nouveau problème. Si vous examinez le problème dans son ensemble et en tenant compte de ce qui s'est fait plus loin dans le passé, vous réalisez que d'innombrables interventions législatives ont été tentées au fil des ans. En Ontario, il y a quelques années à peine, il était entièrement illégal de vendre un billet au-dessus de sa valeur nominale. Comme nous le savons tous, cela n'a eu aucun effet sur le marché secondaire, parce que la loi n'était pas appliquée.
Le marché évolue, et je ne crois pas que l'arrivée de StubHub ait véritablement fait changer les choses.