:
Merci de me recevoir. Je suis honoré d'être ici.
Le Conseil des arts du Canada a eu l'immense privilège de voir son budget augmenter considérablement. Il est important que nous répondions aux questions des parlementaires, des artistes et de la population au sujet de ce que nous faisons avec cet argent.
En guise d'introduction, je voudrais vous faire remarquer que, depuis 2015, le Conseil des arts du Canada s'est radicalement transformé. En effet, c'est en 2015, à mon arrivée à la direction du Conseil après y avoir été vice-président pendant 10 ans — j'avais donc déjà une bonne connaissance de cette organisation — que nous avons entrepris une transformation importante.
Cette transformation visait essentiellement à simplifier les programmes et à faire en sorte que le Conseil soutienne davantage les artistes selon leurs désirs et au moyen de modèles d'affaires différents, plus adaptés à l'avenir. Pour illustrer l'ampleur de cette transformation, voici quelques chiffres. À mon arrivée, le Conseil gérait à peu près 150 programmes. Nous avons aujourd'hui six programmes. Les tâches d'environ 70 % des employés du Conseil ont été modifiées afin de leur permettre de travailler autrement, d'agir autrement et d'accroître l'influence que le Conseil a dans le milieu des arts.
[Traduction]
Puis en 2016, nous avons produit un plan stratégique. Ce plan s'intitule « Façonner un nouvel avenir: Plan stratégique 2016-2021 » et il comprend quatre grands engagements.
Le premier est d'augmenter notre soutien aux artistes, aux collectifs et aux organismes en visant l’excellence artistique et en suscitant un engagement accru d'un public de plus en plus diversifié envers les arts.
Le deuxième engagement est d'accentuer la qualité, la portée et le partage de l’art canadien grâce au numérique.
Le troisième est d'investir dans le renouvellement des relations entre les artistes autochtones et les publics autochtones et non autochtones pour qu’émerge un avenir commun.
Enfin, le quatrième grand engagement pris au moment de la mise en place du plan est d'accroître le rayonnement des artistes et des arts canadiens à l’international.
Chacun de ces engagements comportait des cibles bien précises visant à assurer sa réalisation.
[Français]
Le 22 mars 2016, le gouvernement du Canada a pris la décision de doubler le budget du Conseil des arts du Canada sur une période de cinq ans. Cela se traduit par une injection supplémentaire de fonds de l'ordre de 550 millions de dollars d'ici 2021, soit un peu plus d'un demi-milliard de dollars, dans le secteur des arts. Un investissement de cette ampleur n'était jamais survenu dans l'histoire du Conseil. Nous avons annoncé très clairement à la communauté et au public canadien nos intentions sur le plan financier.
[Traduction]
La première chose que nous voulions faire était de modifier la distribution des fonds. Avant que le budget soit doublé, chaque année, une proportion importante de notre enveloppe devait être consacrée aux subventions d'exploitation existantes, ce qui laissait très peu de marge de manoeuvre, notamment aux niveaux municipal et provincial où il y en avait de moins en moins pour soutenir les projets et favoriser la diversité.
On sentait que les choses n'avançaient plus et que le système des arts au Canada finirait par refléter de moins en moins la société qui le soutient, alors nous voulions donner plus de latitude au système grâce à l'argent frais que nous avions reçu et faire en sorte que le ratio des fonds consacrés au financement de base passe à 50-50, alors qu'environ 67 % devaient y être consacrés auparavant; nous avons presque atteint cet objectif.
Nous avons également annoncé que nous allions consacrer une partie des nouveaux fonds, soit 88,5 millions de dollars, à la création du très important fonds Stratégie numérique visant à aider le secteur des arts à faire la transition vers le numérique, à s'y adapter et à profiter des possibilités et des capacités numériques au Canada et dans le monde.
Nous nous sommes également engagés à tripler les investissements qui soutiennent la création autochtone, mais en allant plus loin que de simplement augmenter les fonds. Nous voulons repenser et recadrer la façon d'offrir notre soutien afin qu'il corresponde davantage à la façon de voir le monde des Autochtones qu'à celle des Européens au moyen d'un programme entièrement géré par des personnes d'origine autochtone et par des pairs autochtones.
Enfin, nous nous sommes engagés à doubler, sur cinq ans, les investissements du Conseil des arts du Canada en matière d'accès aux marchés internationaux.
Nous avons également pris l'engagement important de verser directement 88,5 % des nouveaux fonds du Conseil des arts du Canada aux artistes et aux organismes artistiques. C'était un engagement très audacieux, car il signifie que la majeure partie des fonds ne pourra être affectée à l'augmentation des capacités administratives et qu'elle sera injectée directement dans le secteur.
Au mois dernier, le Conseil avait reçu jusqu'à maintenant 225 millions de dollars, soit 41 % des nouveaux fonds dont je viens de parler, les 550 millions de dollars. En date d'aujourd'hui, au sein du système des arts du Canada, 202 millions de dollars, soit 90 % des sommes que nous avons reçues, ont été investis et distribués directement pour soutenir des groupes d'artistes, des organismes du secteur et des projets artistiques partout au pays. C'est tout un changement. C'est une révolution dans le système des arts.
Évidemment, un des défis qui vient avec une telle annonce est qu'elle crée des attentes élevées. D'abord, la plupart des artistes qui ont entendu dire que le budget allait doubler ont cru que cela se ferait du jour au lendemain, pas sur cinq ans. On nous a fait part de nombreux besoins et, encore une fois, les attentes étaient élevées. Certaines étaient même irréalistes, mais notre devoir est de gérer ces attentes avec calme, empathie et compréhension et d'expliquer les choix que nous avons faits. Il est évident qu'il était impossible pour le Conseil des arts du Canada de prendre des décisions quant à l'augmentation du soutien à la création autochtone. Au sujet de l'investissement dans la diversité, nous nous sommes engagés à verser 25 % des nouveaux fonds à de nouveaux bénéficiaires. Il était impossible de répondre à tous ces engagements et de remplir les attentes de tout le monde au Canada. Il nous aurait fallu des milliards de dollars.
Ce qui compte vraiment, c'est que nous avons fait des choix et que nous pouvons maintenant affirmer que nous avons obtenu de réels progrès en matière de réconciliation, de création d'occasions pour les artistes et les organismes artistiques canadiens au niveau mondial, de croissance et de consolidation de ce que j'appellerais la scène artistique indépendante à l'échelle du pays, ainsi que de création d'un contexte favorable pour l'émergence et le soutien de nouveaux artistes et de nouvelles voix partout au Canada.
[Français]
L'une des attentes irréalistes, faisant l'objet de beaucoup de discussion présentement, est la question de la distribution régionale des fonds du Conseil des arts du Canada.
Le Conseil des arts du Canada, comme organisme de financement fédéral, investit dans des écosystèmes provinciaux, municipaux ou locaux qui sont extrêmement diversifiés, tant sur le plan du financement et de la taille des organismes qui s'y retrouvent que sur le plan de l'historique du financement.
[Traduction]
Nous sommes conscients que chaque investissement que nous faisons au Canada se fait dans des contextes uniques et que ces contextes sont en constante évolution, parce que le Conseil des arts du Canada ne représente qu'une partie de l'investissement public et que les niveaux de financement et la façon dont fonctionne l'écosystème culturel varient grandement d'une province à l'autre.
Ce que nous voulons faire, concrètement, n'est pas d'arriver à la création d'un système où le financement public serait égal dans toutes les provinces. Ce serait impossible à atteindre...
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Brault, je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
[Traduction]
Je préfère m'exprimer en anglais, pour que les gens de chez moi me comprennent. Je m'inspire d'un mentor, le musicien canadien de talent d'Edmonton, qui a aussi été un sénateur distingué, le regretté Tommy Banks.
[Français]
Monsieur Brault, nous nous connaissons bien, puisque j'ai déjà été secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien.
[Traduction]
Je dois vous dire que j'admire votre travail et ce que représente le Conseil des arts du Canada. Je suis heureux que le Conseil des arts du Canada finance l'Opéra d'Edmonton, l'Alberta Ballet, le Winspear Centre for the arts, le Citadel Theatre et de nombreux autres organismes d'Edmonton et de Calgary.
Ce que j'admire moins, ce sont les chiffres, monsieur Brault. Si on regarde les chiffres et qu'on pense au principe de l'équité régionale, le Conseil des arts du Canada a complètement laissé tomber les Albertains.
Regardons les chiffres après que le gouvernement ait doublé le financement du Conseil des arts du Canada... Je vais donner les chiffres et j'enverrai un document utile préparé par la Toronto Alliance for the Performing Arts — elle a assez d'argent pour faire ce genre d'analyse des données, mais ce n'est pas le cas des groupes artistiques dans l'Ouest.
Voici donc les chiffres de 2017-2018 concernant le financement par habitant versé par le Conseil des arts du Canada aux organismes artistiques: Toronto, 16,62 $; Montréal, 30,73 $; Vancouver, 35,39 $. À Calgary, c'est combien? C'est 4,73 $. Quel est le montant par habitant à Edmonton? C'est 4,56 $.
Regardons maintenant à quoi ressemble le portrait de la distribution de ce financement au niveau provincial pour la même période, soit un an après le début du doublement du financement: Colombie-Britannique, 14,7 %; Ontario, 32 %; Québec, 31 %. L'Alberta a eu droit à 5,7 % du financement.
Peut importe l'indicateur qu'on regarde — notamment la population, les artistes, les évaluateurs et le financement — l'Alberta est bonne dernière. La province compte 12 % de la population, 8 % des artistes et 5 % des évaluateurs du pays, mais elle ne reçoit qu'un peu plus de 5 % du financement.
Monsieur Brault, comment arriverez-vous à l'équité régionale, ce à quoi devait servir le doublement du financement? Je voudrais voir davantage d'artistes francophones. Je voudrais voir davantage d'artistes autochtones. Je voudrais voir davantage d'artistes LGBTQ. Rien dans les données ne m'indique que le sous-financement des organismes artistiques de l'Alberta qui dure depuis 25 ans est sur le point d'être réglé. Qu'est-ce que votre organisme et vous allez faire pour combler cet énorme écart de financement?
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Ce que nous tentons de faire présentement... Notre devise pourrait être « Ne nous servons pas du nouveau financement pour refaire les mêmes choses », alors nous avons ouvert les portes et accepté beaucoup de demandes de nouveaux demandeurs. Nous avons accepté les demandes de beaucoup de nouveaux organismes et ces derniers reçoivent maintenant un financement continu du Conseil des arts du Canada et, chaque année, nous réservons un montant important — environ la moitié du budget — aux projets et aux nouvelles occasions dans l'ensemble du pays.
C'est très important, parce que, il y a cinq ans, nous avions atteint le point où, dès le départ, l'argent était affecté et il restait très peu de marge de manoeuvre. Ceux qui recevaient du financement du Conseil des arts du Canada étaient bien contents, mais, pour les autres, il n'était plus possible d'accéder au système. Présentement, nous travaillons à faire de la place dans ce système. Nous multiplions les façons d'y accéder.
D'ailleurs, nous menons beaucoup d'activités de sensibilisation en Alberta. Nous concentrons nos efforts dans toutes les provinces où nous constatons que le soutien est déficient. En gros, nous avons dit à nos employés qu'ils devaient consacrer la majeure partie de leurs efforts aux clients potentiels plutôt qu'aux clients existants. Nous croyons que c'est très important, parce que la démographie canadienne a changé, et vous avez raison de dire que, dans certaines régions, le nombre de demandes et le niveau de soutien du Conseil des arts du Canada ne sont pas assez élevés. Notre priorité est de corriger la situation, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain.
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C'est exactement cela. Vous aimez certainement d'amour toutes ces disciplines artistiques, et nous savons que vous avez toute l'expérience nécessaire.
J'imagine que vous étiez prêt à répondre à toutes ces questions. Après tout, vous avez eu un budget fantastique, qui est peut-être même un modèle à suivre dans le monde, compte tenu de l'importance de l'art dans la société. Certaines personnes remettent cela en question. J'espère que j'aurai la chance de vous parler de la réduction du nombre de programmes, de ce qui en constitue la substance et de l'effet qu'ils ont sur les communautés, en particulier sur le plan de la fierté.
J'aimerais tout d'abord évoquer mon inconfort relativement aux questions qui vous ont été posées sur le financement, précisément en ce qui a trait à la province, à la ville de l'un de mes collègues du Comité permanent du patrimoine canadien, d'autant plus qu'il est du côté gouvernemental. C'est comme si j'étais un député du gouvernement et que, sachant que ma ville avait besoin de 3,5 millions de dollars pour rénover une cathédrale, j'avais travaillé fort pour recevoir une personne de Patrimoine canadien qui s'occupe précisément de ces questions.
Nous savons tous à quel point le Comité permanent du patrimoine canadien est un endroit où le travail ne manque pas. On a refusé de parler de plusieurs sujets qui auraient été tout à fait pertinents dans le contexte actuel, qui est marqué par un changement de paradigme. Tout le milieu de la culture semble très heureux du rapport que nous avons produit dans le cadre d'une étude sur le droit d'auteur, mais le milieu aurait aimé que nous proposions des mesures intérimaires pour corriger certaines inégalités relativement aux géants du Web. Il aurait aussi aimé entendre parler de diversité culturelle et des différents modèles d'adaptation de la diffusion.
Comme vous le constatez, je suis en train de vous donner une pause, monsieur Brault.
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Nous continuons de travailler avec des pairs. L'année dernière, environ 550 pairs sont venus à Ottawa pour faire des évaluations. Nous conservons le même système d'évaluation, mais la façon d'entrer dans le système est beaucoup moins axée sur la discipline de la personne — par exemple, le théâtre — et beaucoup plus sur la nature de ce qu'elle fait.
Ce qu'on attendrait d'une organisation comme le Théâtre du Nouveau Monde, qui est une institution, est très différent de ce qu'on attendrait d'une compagnie composée de trois personnes, c'est-à-dire le chorégraphe, sa meilleure amie et un autre danseur. Toutes les organisations devaient répondre aux mêmes critères et exigences, ce qui était un grand désavantage pour plusieurs compagnies. Nous avons donc fait un ménage des programmes pour en simplifier l'accès.
Cela fait maintenant deux années complètes que nous utilisons ce modèle, et, franchement, je dois dire que nous avons beaucoup amélioré les choses. Il était nécessaire de le faire, parce que le Conseil des arts du Canada et tout le monde étaient en train de se piéger. Cela prenait presque un sherpa pour se retrouver dans les programmes. Maintenant, c'est quelque chose qu'on peut expliquer à n'importe qui. Les artistes, particulièrement ceux de la nouvelle génération, n'ont pas la patience de composer avec les systèmes bureaucratiques d'autrefois. Il était nécessaire de simplifier les choses pour être plus efficace.
J'aimerais maintenant répondre brièvement au député de l'Alberta.
[Traduction]
J'ai trouvé l'information demandée lorsque monsieur Nantel faisait son introduction. L'année dernière, en Alberta, nous avons reçu 606 demandes, et le taux de succès était de 44,2 %, soit une augmentation de 8 % par rapport au taux de succès de 2015-2016; c'est un progrès.
Afin d'illustrer la question de la demande, cependant, j'aimerais préciser que, en Colombie-Britannique, le nombre de demandes reçues était de 1 866. Nous n'avons aucun contrôle là-dessus. Ce sont les artistes qui décident. Le taux de succès était le même dans les deux provinces, et c'est pourquoi, en ce qui nous concerne, c'est au niveau de la demande qu'il faut agir. C'est là que nous concentrons nos efforts ces temps-ci.
Le Conseil des arts n'est pas lui-même créateur d'art; le Conseil des arts offre une reconnaissance et un soutien aux projets conçus par les artistes. C'est pour cette raison que nous nous intéressons particulièrement à l'Alberta ainsi qu'à d'autres provinces, que nous sillonnons pour nous assurer que les gens savent qu'on existe et les amener à en apprendre davantage sur le processus et à se sentir à l'aise de faire une demande. Nous sommes là pour les soutenir, et nous sommes bien financés. La bonne nouvelle, c'est qu'à compter d'il y a trois ans, nous avons tout d'abord rétabli pour de bon le financement de certaines organisations. Maintenant, les fonds disponibles sont en grande partie non alloués, et on espère vraiment élargir notre clientèle. C'est ce à quoi nous travaillons avec honnêteté et passion.
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C'est une excellente question. Elle est importante car elle nous aide à discréditer le modèle par habitant. Si on s'en tenait strictement au modèle par habitant, on ne prêterait absolument aucune attention à ce qui se passe dans le Grand Nord, mais le fait est que nous nous y intéressons beaucoup parce que nous nous trouvons à un moment dans l'histoire où nous devons donner à tous les artistes, où qu'ils soient, les moyens de créer — et pas seulement dans le but d'exposer leur oeuvre dans le Sud. Ils pourraient commencer à créer leur art pour eux-mêmes, et ensuite exposer leur oeuvre dans le Sud et dans le reste du monde.
Nous déployons beaucoup d'efforts ces temps-ci pour assurer une présence dans ces régions. Nous y envoyons des agents de programme. Nous les aidons à se familiariser avec le processus. Nous avons simplifié nos programmes. C'est clair que nous déployons six à sept fois plus d'efforts de soutien et de sensibilisation dans ces collectivités-là qu'à Montréal ou à Toronto, par exemple, mais nous pensons qu'il s'agit d'un bon investissement.
D'ailleurs, cet été, en août, je vais ma deuxième grande tournée du Nord en compagnie de quelques agents de programme pour voir quels progrès ont été faits. Nous sommes extrêmement fiers du fait qu'au cours des trois dernières années, nous avons considérablement augmenté nos investissements dans le Nord — et partout au Canada, d'ailleurs. Nous voulons nous assurer d'appuyer d'abord et avant tout les organisations dirigées par des personnes autochtones ou par des gens de la région, et nous nous assurons de répondre à leurs besoins particuliers, qui varient selon le contexte, sans chercher à leur imposer des règles ou des modèles d'affaires conçus pour les grands centres urbains et qui ne conviennent pas nécessairement aux collectivités du Nord.
C'est une priorité pour nous. Nous avons des fonds ciblés pour ce genre d'initiative. Je pense vraiment que nous faisons d'importants progrès. D'ailleurs, je me réjouis du fait que la recommandation de la Commission de vérité et réconciliation concernant le Conseil des arts est une des rares recommandations à avoir été entièrement mises en oeuvre.
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Je suis en train de sourire parce que, lorsque nous avons décidé de réduire et de simplifier le processus de demande de subvention, toutes sortes de jeunes personnes et d'habitants du Nord qui étaient désavantagés par le système s'en sont réjouis, alors que de grandes organisations étaient assez contrariées parce qu'elles ne pouvaient pas expliquer en détail ce qu'elles voulaient faire.
En termes très concrets, nous avons réduit le nombre de mots. Nous demandons des explications. Nous avons également travaillé avec des jurys qui connaissent le contexte et qui connaissent les artistes. Ils ont l'option de se fier seulement à ce qu'il y a d'écrit dans la demande, mais ils connaissent également les antécédents de l'artiste. Encore une fois, je ne prétends pas que tout est parfait; nous allons sans cesse devoir multiplier nos efforts si nous voulons prendre contact avec les gens et leur expliquer le fonctionnement du Conseil des arts du Canada.
Encore une fois, cela faisait 20 ans qu'on n'avait pas mené de telles activités parce que, de toute façon, il n'y avait pas d'argent nouveau et on ne cherchait pas nécessairement à attirer plus de monde.
Maintenant, c'est exactement le contraire. C'est la situation contraire, et notre priorité consiste à nous assurer d'éliminer tous les obstacles. C'est ce que nous avons fait. En guise d'exemple, nous avons créé la page du site du Conseil des arts qui a été la plus visitée dans l'histoire du site. Nous avons publié un communiqué disant que nous éliminons tous les obstacles, comme par exemple les exigences liées au nombre d'années passés à son art, parce que nous avons constaté qu'elles mettaient les habitants de certaines régions à un désavantage et qu'elles empêchaient les réfugiés et les immigrants, par exemple, de faire une demande auprès du Conseil des arts. Nous avons éliminé ces obstacles, et nous sommes passés d'une culture où nous nous sentions assiégés et jouions les gardiens à une situation où nous devons avant tout sensibiliser les artistes aux bourses disponibles, les rencontrer les les inviter à présenter une demande, car nous avons les moyens d'y répondre.
Je pense que la scène artistique s'en portera beaucoup mieux.
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J'ai déposé mon stylo et donc mes bras vont se calmer. Quand je n'ai pas de stylo dans la main, c'est que tout va bien. C'est vraiment une tâche herculéenne. C'est ce que les artistes en Alberta et...
[Français]
Monsieur Brault, j'ai vécu avec mon premier partenaire
[Traduction]
... pendant sept ans. Il peint comme Michel-Ange. Il sculpte comme Rodin. Il a essayé pendant huit ans mais il a échoué à tous les coups. Il présentait de nombreuses demandes de subvention par année, mais on lui répondait toujours la même chose.
Puis, lorsqu'il a présenté sa toute dernière demande à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver, il a décidé de jouer sur le thème des Jeux olympiques et au bout du compte, il a sculpté un joueur de hockey, nu. Il l'a intitulé Slapshotolus et il a pu décrocher une bourse de 80 000 $ du Conseil des arts du Canada, mais c'était après 10 ans de vaines tentatives.
Le dramaturge canadien Stewart Lemoine a 72 pièces à son actif; il a remporté le prix Sterling à 10 reprises, ainsi que le prix Tommy Banks. Après 11 ans d'échecs, il a arrêté d'essayer d'obtenir du financement du Conseil.
Je comprends bien l'appareil. Je comprends que 66 % des jurés sont de l'Ontario et du Québec et que cinq viennent de l'Alberta et que, forcément, cela va créer un certain parti prix, mais essayons tout de même de comprendre le fonctionnement en plus grand détail afin de répondre au problème.
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Il y a trois ans, nous avons mené un sondage. Nous voulions déterminer ce qui se passait dans le secteur des arts partout dans le monde. En fait, l'arrivée des technologies numériques a surtout bouleversé les industries culturelles. L'industrie de la musique a été la première touchée, puis le cinéma a dû composer avec les écrans numériques et ce genre de choses. Les bouleversements n'ont pas vraiment eu lieu dans le secteur des arts, surtout en ce qui concerne les arts de la scène. Cela dit, les technologies numériques transforment en profondeur les habitudes culturelles et la façon avec laquelle les gens consomment tout contenu.
Notre fonds vise à aider le secteur à s'adapter à cette réalité et à en tirer parti. Nous avons décidé de créer un fonds pour appuyer les initiatives qui misent sur les partenariats. C'est intéressant parce que ce fonds est présent partout au Canada.
Fait fort surprenant, il a été lancé dans le Grand Nord parce que les gens étaient prêts à l'adopter. En ce moment, on compte probablement 250 projets à l'échelle du pays. Il y a énormément de partenariats sur les mégadonnées, sur l'accès et sur les façons d'être plus visible sur le Web. C'est le genre de travail que nous faisons.
Récemment, nous avons créé une composante pour aider les organismes qui souhaitent mieux comprendre où ils en sont en ce qui concerne les outils numériques. Elle a remporté un vif succès. Beaucoup d'argent est investi en ce moment. Bien franchement, le fonds du Conseil des arts du Canada est l'un des plus importants pour le secteur des arts dans le monde.
Nous voulions prendre de telles mesures. Étant donné que nous soutenons également les écrivains du pays, nous tenions à nous attaquer à cette question et à protéger nos investissements. Le fonds numérique atteindra 30 millions de dollars l'an prochain. C'est environ 9 % de l'ensemble de nos investissements. Cela dit, nous pensons que ces dépenses nous permettront de protéger les 90 % restants. Si nous ne faisons rien, tout cet argent sera exposé à des risques.