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Je déclare ouverte la 35
e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien. Nous poursuivons aujourd’hui notre étude sur les femmes et filles canadiennes dans le sport.
Nous recevons ce matin des témoins à qui je souhaite la bienvenue.
Je tiens à vous préciser que vous disposerez de 10 minutes pour faire vos exposés. Nous passerons ensuite à des périodes de questions et de réponses. Pendant la première de ces périodes, nous consacrerons, comme le collègue que je remplace aujourd’hui aime à le rappeler à nos invités, mais aussi aux membres du Comité, un maximum de sept minutes à la question et aux réponses.
Je vous demande pardon. Le greffier me rappelle que, aujourd’hui, vous ne disposerez que de cinq minutes pour faire vos exposés.
Permettez-moi également de souhaiter la bienvenue à notre collègue, M. Simms. Il remplace aujourd’hui notre présidente habituelle, Mme Fry.
Cela dit, je souhaite la bienvenue à Mme Nancy Lee qui va comparaître à titre personnel, à Mme Brenda Andress, commissaire de la Canadian Women’s Hockey League, et à Mme Shannon Donovan, directrice exécutive de Football Canada.
Je vous remercie toutes d’être venues nous rencontrer aujourd’hui. Nous attendons avec intérêt vos exposés.
Mesdames, nous allons vous entendre dans l'ordre que je viens de donner, en commençant donc par vous, Mme Lee.
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Bonjour et merci, monsieur le président et membres du Comité.
[Traduction]
Je vous remercie de cette occasion de comparaître devant vous et je tiens à vous dire combien je suis contente que vous réalisiez cette étude. Personnellement, cela m’encourage.
Pour commencer, sachez que j’ai été à la tête de CBC Sports, où j’étais responsable de la programmation et de la production des émissions sportives ainsi que de la négociation des droits de télédiffusion pour CBC et Radio-Canada. Cela concernait Hockey Night in Canada, les Jeux olympiques, les Jeux panaméricains et une très longue liste de sports amateurs.
Par la suite, j’ai été directrice de l’exploitation des Olympic Broadcasting Services. Nous avions 3 000 employés et avons assuré la fonction de diffuseur hôte pour les Jeux olympiques de Vancouver. Je suis maintenant au service du Comité international olympique pour veiller au respect de l’égalité entre les sexes dans le programme des sports olympiques. Votre étude tombe donc à point nommé pour moi.
J’ai été membre des conseils d’administration de la Canadian Commonwealth Games Association, de l’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique, l’ACAFS, de Right to Play, du Conseil de direction de l’Université de Toronto, et j’ai été présidente d’un fonds consacré aux sports communautaires à Toronto.
Pour moi, je suis venue dans l’intention de vous faire un certain nombre de commentaires et de recommandations concernant les médias. De plus, l’expérience que j’ai acquise dans le domaine des sports internationaux et de la gouvernance m’a donné un aperçu des modalités de gouvernance des organismes sportifs et de la façon dont le comportement des organismes nationaux de sport eux-mêmes, les ONS, se répercute sur l’égalité entre les sexes. J’ai également eu l’occasion de mesurer comment les évaluations et la surveillance réalisées par Sport Canada ont également des effets sur cette égalité.
L’ensemble de ces activités et, dans certains cas leur absence, jouent un rôle déterminant dans la façon dont les médias perçoivent les sports féminins et dont ils en parlent. Attardons-nous un moment sur les médias.
Je suis d’avis que, si l’étendue et la qualité de la couverture des sports féminins posent encore problème, cela tient à un certain nombre de raisons que l’on peut énumérer rapidement. Il y a d’abord les budgets. Les entreprises médiatiques n’ont pas suffisamment de ressources pour traiter un peu de tous les sports. Un autre problème est que les journalistes n’ont pas accès aux résultats des compétitions, ou ne font pas d’efforts pour se les procurer. Un autre encore et que les entreprises médiatiques ne voient pas la rentabilité qu’il y aurait pour elles à couvrir les sports féminins et il faut convenir que, au moins dans le cas de la télévision, le nombre de personnes intéressées par ces sports leur donne raison. En ce qui concerne le sexisme, il y en a sans aucun doute, mais je ne crois pas que la majorité des personnes travaillant dans le secteur soit sexiste. Il est toutefois bon de rappeler qu’une seule photo peu avantageuse peut causer beaucoup de mal et attirer l’attention sur l’apparence d’une athlète plutôt que sur ses performances.
Après avoir énuméré ces raisons, je pense qu’il y a une raison encore plus fondamentale au manque d’intérêt envers les sports féminins. La plupart des journalistes, des producteurs et des dirigeants des médias n’y pensent tout simplement pas. Ce n’est pas un sujet qui les intéresse. Il en découle que lorsqu’ils font des choix éditoriaux sur les sujets à couvrir et sur la répartition des ressources, ils ne tiennent pas compte dans leur prise de décision de l’égalité entre les sexes. C’est pourquoi certaines de mes recommandations viseront précisément ce problème.
On m’a demandé, l’an dernier, de faire un exposé sur le même sujet au Qatar. L’auditoire était composé de représentants d’organismes sportifs d’Afrique et du Moyen-Orient. Ils voulaient comprendre pourquoi la couverture par les médias des sports féminins dans leurs pays respectifs pose encore un problème. Je leur ai transmis le même message qu’à vous aujourd’hui : il vous faut prendre du recul et voir comment le système sportif se comporte pour permettre aux médias d’ignorer les sports féminins. Tant que vous n’aurez pas trouvé la solution à ce problème, vous contribuerez à donner l’impression que les sports féminins sont moins dignes d'intérêt.
Je remets une copie de mes recommandations au greffier du Comité, M. Lafleur. Je vous en propose 14 et je n’ai donc pas le temps de toutes les passer en revue, mais il y en a deux dont je veux vous parler maintenant, parce que je crois qu’elles sont vraiment importantes.
Tout d’abord, le ministère doit veiller à ce que le principe de l’égalité des femmes et des filles dans l’accès à la pratique des sports et aux possibilités qu’ils offrent soit clairement et officiellement enchâssé dans les politiques et les pratiques de Sport Canada, des organismes nationaux de sport, les ONS, et des organismes de services multisports, les OSM. Actuellement, ce n’est pas le cas.
Ensuite, il est impératif que les ONS et les OSM mettent ce principe en œuvre, non pas en s’attendant à des résultats variables selon la discipline ou selon le cas, mais en considérant qu’il s’agit d’obligations tout à fait explicites qui devront donner des résultats tangibles. Il faut ajouter que les conseils d’administration et les administrations de ces organismes seront tenus responsables des résultats obtenus, qui auront des conséquences très réelles sur leur niveau de financement.
Les obligations et les conséquences réelles imposées pour parvenir à l’égalité entre les sexes dans le sport ne sont en rien irréalistes. Je ne vis pas au pays des bisounours. Je vous l’apprends peut-être, mais, cette semaine, le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé que son aide financière aux divers organismes s’occupant de sports sera dorénavant fonction du niveau d’égalité entre les sexes. Cela signifie qu’aussi bien les conseils gouvernementaux, les responsables de l’administration, les programmes sportifs du gouvernement et les grandes manifestations sportives se déroulant au Royaume-Uni devront traiter les femmes et les filles et les hommes sur un pied d’égalité. C’est très clair et cela me paraît passablement impressionnant.
Outre les mesures prises par le gouvernement, les organismes sportifs comme la Commonwealth Games Federation et, sur la scène internationale, le Comité international olympique, le CIO, mettent en œuvre des politiques d’égalité réelle entre les sexes. Celle appliquée par la Commonwealth Games Federation a une très large portée. Je sais que d’autres ont parlé du rôle des arbitres et des entraîneuses. Cette politique impose aux comités organisateurs de mettre en œuvre des plans pour le respect de l’égalité touchant les nombres d’entraîneuses, d’arbitres, de responsables techniques et d’athlètes. Au fait, cette politique a été poussée de l’avant par un Canadien du nom de Bruce Robertson.
Dans le cas du CIO, au moment même où nous parlons, des comités travaillent à la mise en oeuvre concrète et pratique de politiques sur l’égalité entre les sexes. C’est d’ailleurs dans cette perspective que s’inscrit mon embauche pour modifier littéralement le calendrier des compétitions aux Jeux olympiques afin que les hommes et les femmes soient traités de la même façon.
En résumé, il s’agit de montrer que les hommes et les femmes peuvent et devraient avoir les mêmes rôles à tous les niveaux des sports, et qu’il devrait en être de même dans toute la société. En terminant, j’insiste encore pour vous remercier de réaliser cette étude et vous prie de dire à la ministre Qualtrough combien j’apprécie ses efforts dans ce domaine. Il est manifeste que le Canada est en mesure de faire pencher la balance. Tout ce que je vous demande est de veiller à ce que le travail soit fait.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, mesdames et messieurs les membres du Comité, de cette occasion de m’adresser à vous au nom de la Canadian Women's Hockey League.
Elle est la seule ligue professionnelle de sport féminin au Canada, et la seconde en ancienneté en Amérique du Nord, après la WNBA. La saison 2016–2017 sera la 10e pour nous et le fait qu’elle existe encore au bout d’une décennie est en soi un exploit pour n’importe quelle ligue professionnelle de sport féminin. Permettez-moi de vous raconter quelques faits et de vous donner des chiffres pour mieux situer qui nous sommes.
Au cours de la première année de fonctionnement de cette ligue, notre budget d’exploitation était de 100 000 $; il est maintenant de 1,8 million de dollars. Ces revenus couvrent intégralement tous les coûts des joueuses, mais aucune d’entre elles n’est rémunérée par la ligue. Nous avons quatre employés à temps plein et cinq directeurs généraux à temps partiel. Ce qui caractérise le plus notre ligue est que 80 % des joueuses sont des femmes occupant des métiers non traditionnels.
Nous comptons parmi nos membres 125 des meilleures athlètes féminines et joueuses de hockey au monde et 21 des 24 membres actuels participent au tournoi des quatre nations de la CWHL. Au niveau national, il y en a des douzaines de plus qui jouent pour diverses équipes et participent à des programmes de formation partout au Canada et dans l’Est des États-Unis. Nous accueillons également dans nos équipes plusieurs membres des équipes nationales féminines du Japon, de France, des États-Unis et de Russie, qui jouent toutes ici au Canada.
Au cours des 10 dernières années, nous avons pu conclure un accord de télédiffusion avec Sportsnet pour assurer la télédiffusion de quatre de nos parties par année. Au début, nous avions un total d’environ 22 000 téléspectateurs pour les quatre parties. L’an dernier, de 92 000 à 108 000 téléspectateurs ont suivi chacune de nos parties. À titre de comparaison, une partie entre Détroit et Pittsburgh attirent entre 160 000 et 180 000 téléspectateurs. Ce sont là des téléspectateurs réels. Leur nombre réel est encore plus élevé quand on tient compte des gens qui zappent sur les diverses chaînes, et on estime donc que près d’un demi-million de personnes nous suivent maintenant.
L’un des problèmes que nous avons actuellement au sein de notre ligue est un manque de ressources pour continuer à embaucher des femmes. Nous avons de la difficulté à attirer des femmes comme entraîneuses. Il est difficile pour nous d’en attirer dans les métiers non traditionnels alors que nous ne pouvons leur offrir que des postes de bénévoles, et elles ont donc de la difficulté à acquérir l’expérience nécessaire pour progresser.
Prenons le cas de nos joueuses qui ne sont pas payées. Je vais vous donner quelques exemples pour mieux situer les choses. Si nous versions à chacune de nos joueuses un minimum de 10 000 $, cela nous coûterait 1,2 million de dollars par année. Dans la LNH, 440 joueurs gagnent ce salaire par année, un salaire qui permettrait de rémunérer toutes les joueuses de notre ligue. Si nous versions le salaire minimum à nos joueuses, en Ontario, le total annuel à leur verser serait de 23 000 $. Il y a 299 joueurs de la LNH qui gagnent ce salaire par eux-mêmes, mais ce montant suffirait au fonctionnement de toute notre ligue.
Nous avons la chance que la CWHL soit dirigée par une commissaire, moi-même, et par des directrices générales, soit exclusivement des femmes. Il en va de même de nos employées qui s’occupent de la télédiffusion, alors que nous commençons à développer la diffusion en continu de nos parties, avec des commentaires colorés. Nous avons rencontré la semaine dernière des représentants de Sportsnet qui nous ont indiqué qu’ils vont commencer à se servir de nous comme modèle pour l’avenir. Ils nous ont promis que, dans le courant de l’année prochaine, c’est-à-dire en commençant avec notre coupe Clarkson de 2018, ils vont commencer à assurer les commentaires jeu par jeu de nos parties de hockey, ce qui ne se fait pas actuellement dans le monde du sport.
Nous avons beaucoup de chance de compter dans notre ligue des femmes qui occupent des métiers non traditionnels. Nous sommes présentes, en dehors de notre ligue, dans de nombreux secteurs différents comme ceux des sports professionnels, des ressources humaines, du droit et des finances. Si ce n’est dans notre ligue, vous ne verrez jamais de femmes occuper des fonctions de commissaire, de dépisteur, d’entraîneur, ou encore de direction générale. Nous essayons de montrer à toutes les jeunes du Canada que, comme femmes, nous avons le droit d’être telles que nous sommes nées et de continuer à faire cela. La principale difficulté à laquelle nous nous heurtons pour l’avenir, et j’ai inscrit dans les notes que je vais vous remettre quelques suggestions pour en venir à bout, est que la croissance de n’importe quel sport passe pour beaucoup par l’influence des pairs et par celle des médias. Au lieu de stigmatiser leur absence de leadership dans le monde des sports, il faut travailler à ce qu’elles soient perçues de façon différente, afin que les jeunes filles sachent qu’elles peuvent progresser jusqu’à devenir commissaire.
L’autre chose qui compte est la nature des politiques en vigueur. Nous avons déjà quantité de politiques qui disent que les femmes devraient être présentes dans tel et tel domaine, mais il faut qu’elles soient financées. Nous avons aussi besoin de politiques stipulant que les gestionnaires d’organismes de sports et les constructeurs d’installations sportives soient tenus d’héberger des ligues féminines, professionnelles ou amateurs. Il ne faut pas que tout l’argent aille à la NBA, à la LCF ou à la LNH. Les budgets destinés à la construction d’installations et d’infrastructures devraient être accompagnés de politiques exigeant que les femmes puissent les utiliser.
Je sais que j’ai épuisé mon temps de parole.
[Français]
Je vous remercie de l'invitation à comparaître devant vous aujourd'hui. Cela ne se produit pas tellement souvent d'avoir l'occasion de parler de football féminin devant un comité parlementaire.
[Traduction]
Pour situer immédiatement les choses, sachez que nous parlons ici de football nord-américain. Il y a des femmes qui y jouent. Elles se répartissent entre trois disciplines que sont le football, le flag-football et le touch-football. Nous n’avons absolument rien à voir, ni de près ni de loin, avec la ligue en lingerie qui passe son temps à apparaître et disparaître au pays.
Je ne suis pas moi-même une athlète de haut niveau, mais j’ai grandi en étant impliquée dans les sports. Cela faisait tout simplement partie de nos traditions familiales.
En ce qui concerne ma vie professionnelle, sachez que j’en suis à ma 10e année au sein de Football Canada et à ma quatrième au poste de directrice exécutive de l’organisation. Auparavant, j’ai travaillé pour les Sénateurs d’Ottawa et, avant cela cinq ans pour Hockey Canada, dont trois au poste de directrice du développement des femmes.
Je vais vous parler de ce que je connais bien, soit le travail à la base et le développement des sports féminins.
Pendant ma carrière, j’ai pu observer que la participation des femmes à des sports est fonction des possibilités que ceux-ci leur offrent et des communications qui s’adressent directement à elles et à leurs parents. Je crois que cela explique dans une large mesure le boum constaté dans le hockey féminin à la fin des années 1990. Il y avait à l’époque des possibilités de participer aux Jeux olympiques et d’obtenir des bourses d’études au Canada et aux États-Unis. C’est à cela que tient la hausse du nombre de joueuses dans les équipes de hockey féminin.
Les parents veulent inscrire leurs filles à des sports en mesure de leur offrir la possibilité d’aller au-delà de la simple partie du samedi matin. Ils veulent qu’elles fassent partie de quelque chose qui puisse durer toute leur vie.
Nous avons dans notre pays des athlètes féminines extraordinaires, comme nous avons pu le constater lors des derniers Jeux olympiques.
En ce qui concerne la participation, je crois que l’autre élément qui joue un rôle important est le nombre de femmes sur le côté du terrain ou derrière le banc, en particulier dans les sports dominés par les hommes. J’ai déjà été entraîneuse d’une équipe de hockey et plusieurs fois des parents sont venus me dire combien ils étaient heureux que leur fille ait une entraîneuse sur la glace. C’est exactement la même chose dans le monde du football.
En règle générale, les femmes qui ne connaissent pas bien notre sport s’inscrivent dans nos équipes si elles pensent y trouver un environnement sécuritaire et confortable. Cela s’applique non seulement aux athlètes, mais aussi aux entraîneuses et aux administratrices. Je suis convaincue que nous verrions le nombre de participants aux cliniques d’entraîneurs augmenter s’il y en avait de réservées aux femmes. Je l’ai constaté à Hockey Canada. Au début des années 2000, nous avions les fonds nécessaires pour le faire, alors nous avons organisé des cliniques pour entraîneuses dans toutes les régions du pays.
J’ai participé à certaines de ses cliniques. Vous y êtes souvent la seule femme dans une pièce avec 40 hommes. Si vous ne maîtrisez pas bien toute la terminologie et le jargon du sport en question, vous allez hésiter à poser des questions qui traduiraient votre ignorance.
Lors des cliniques réservées aux femmes que nous avons organisées, une section était consacrée aux rudiments du sport et à son jargon. Les femmes pouvaient poser les questions qu’elles n’auraient sans doute jamais osé poser dans une clinique classique avec des hommes. Les femmes qui n’avaient pu trouver de place en garderie pour leurs enfants venaient avec eux. Nous acceptions les bébés. Nous avons organisé une clinique d’entraîneuses de deux jours et, par la suite, les participantes voulaient poursuivre leur formation avec nous. À cette occasion, elles nous ont fait part de leurs expériences. Elles sont ensuite retournées dans leur milieu et sont devenues des entraîneuses.
Le rôle des entraîneuses est important au sein du personnel d’encadrement. Au football, comme nous n’avons actuellement qu’un très petit nombre d’entraîneuses, nous avons commencé par mettre sur pied un programme de mentorat.
Je suis d’avis que les communications à l’intention des athlètes âgés de 14 ans et plus jouent un rôle déterminant en ce qui concerne les possibilités dans le domaine des sports au-delà du simple fait d’être une athlète. C’est une excellente occasion pour ces sportives de commencer à assumer des fonctions d’entraîneuse, d’arbitre, de porteuse d’eau sur la touche, de chronométreuse ou de gestionnaire d’équipe.
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Je devrais pouvoir vous en donner trois.
Voici un exemple simple. Au Comité international olympique, je travaille actuellement à changer les choses. Pendant le dernier jour des Jeux olympiques d’hiver, aucune compétition féminine n’était prévue. Cela va changer. Comment pourriez-vous blâmer les médias du manque de couverture des compétitions féminines quand aucune n’a lieu pendant le jour le plus important des Jeux olympiques? Le CIO m’a donné une réponse toute simple: « Bien sûr! ».
Plus près de nous, on nous a dit qu’un groupe a fait don de 3 millions de dollars à l’Association canadienne de soccer pour accueillir la fantastique Coupe du monde de la FIFA en 2015. Pour la première fois dans l’histoire de cette coupe, aucune femme n’occupait un poste de leader. En 1996, il y a 20 ans, pour la coupe organisée aux États-Unis, l’organisme était dirigé par une présidente et une directrice générale.
Si Sport Canada s’était doté de politiques pour accueillir des compétitions internationales, tout comme le Royaume-Uni vient tout juste de le faire, vous diriez que cela n’est pas permis, que ces compétitions ne bénéficieront pas de fonds publics si leur organisation ne se conforme pas aux exigences. La règle en la matière est, comme chacun le sait, qu’on ne peut pas traiter les femmes comme des citoyennes de seconde zone. Voici comment les médias voient les choses. Tous les jours, ils ont une réunion avec le Comité organisateur d’une compétition comme celle-là. Qui leur fait face lors de cette réunion? Deux hommes. Voilà l’image qu’ils ont.
Le second point en ce qui concerne toute cette question de la pelouse, est qu’on a assisté, à la fois au sens littéral et au sens figuratif, à des renvois de balle entre l’ACS et la FIFA, alors que, comme gouvernement… À Sport Canada, nous aurions pu déclarer qu’il s’agissait là d’un pétard mouillé. Les médias ont assisté à des réunions et constaté que nous ne parvenions pas à mettre de l’ordre chez nous. Ils savent que nous sommes en faveur… C’est un investissement public.
Des concepts comme celui-ci sont un peu éloignés, un peu comme la barre latérale d’un écran d’ordinateur, mais ils dégagent néanmoins une impression d’indifférence. Si nous n’y prêtons pas attention, si Sport Canada n’y veille pas, si nous, comme pays, n’y veillons pas non plus, pourquoi les médias devraient-ils le faire?
J’ai d’autres exemples, mais pour gagner du temps… Leur liste est longue.
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C’est vrai. À l’époque où je travaillais à CBC, les organismes nationaux de sport frappaient à notre porte pour que nous assurions la couverture de leurs compétitions. Ils avaient besoin de notre couverture pour que des commanditaires s’impliquent dans leurs compétitions. J’ai trois recommandations à faire sur ce sujet. Nous devons nous attaquer au secteur privé, et pour l’instant, je pense surtout à la télévision.
À la fin des années 1980 et pendant les années 1990, le CRTC exigeait que les télédiffuseurs privés, et je sais comment les choses se passent à la télévision, consacrent une partie de leurs recettes aux sports amateurs. Il fallait qu’ils le fassent en espèces et non pas en nature. Si je vous parle du sport amateur, c’est que c’est par lui que les femmes se mettent à pratiquer des sports. Cette exigence du CRTC assurait la couverture de compétitions, une couverture que les organismes nationaux de sport n’avaient pas à payer à TSN pour passer sur les ondes, et c’est un aspect très important. L’une de mes recommandations est précisément de demander au CRTC de se pencher sur cet aspect de la question. Il y a probablement une raison pour laquelle cette exigence a été abandonnée, mais je l’ignore. Cela n’empêche qu’elle a eu, à l’époque, des répercussions très importantes. Ce qui s’est passé après constitue un vrai recul.
Mon second point est que j’ai des commencèrent très précis à vous faire, qui concerne mes amis de CBC. Une partie du problème tient à ce que CBC, TSN et Sportsnet exigent que les organismes nationaux de sport les payent. Tenons-nous-en pour l’instant à CBC. La société exige que ces organismes de sport qui s’efforcent d’amener leurs athlètes à participer à des compétitions payent pour que celles-ci soient diffusées. On me dit que cette pratique apparue qu’après mon départ en 2006 est effectivement nouvelle et est justifiée par le manque d’argent. Je crois que c’est une façon erronée de poser le problème. Il ne s’agit pas de savoir de combien d’argent vous disposez, mais plutôt de savoir comment vous allez le répartir.
Cela figure aussi dans mes recommandations que vous trouverez, je l’espère, concrètes et pratiques.
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Nous sommes à la fois une ligue professionnelle et un organisme sans but lucratif puisqu’aucune des joueuses n’est payée. Par quantité d’aspects, nous sommes donc proches de la situation des amateurs.
Dans des cas comme lors de la construction du stade BMO Field, lorsque des équipes de la LNH mettent sur pied des partenariats avec des villes, avec des gouvernements, pour construire des installations destinées à accueillir des compétitions sportives, il y a là des possibilités à étudier attentivement. Des quantités impressionnantes d’argent sont dépensées. Comment pourrions-nous inclure les femmes dans cette équation? Comment accordons-nous aux ligues professionnelles de football, de soccer et de hockey la possibilité d’utiliser ces équipements? Les chiffres d’audience enregistrés par Sportsnet et notre expérience des Jeux olympiques nous montrent que les gens aiment voir nos matchs. En vérité, ils aiment davantage voir les sports féminins que les sports masculins parce que, à mon avis, ceux-ci mettent davantage en valeur le sport pratiqué.
Je crois qu’il faut parfois imposer des politiques et des montants à consacrer aux sports féminins, et aux femmes participant à divers types d’activités reliées aux sports afin que les jeunes filles prennent conscience de ce qui se passe dans ce domaine. Il faut que nous puissions nous voir nous-mêmes participer à ce sport. Nous voyons notre organisation se développer et nous entrevoyons la possibilité d’y faire carrière parce que l’argent est là. Je ne crois pas que beaucoup de gens au Canada soient prêts à consacrer beaucoup d’argent pour progresser dans un sport dans lequel ils ne seront jamais payés. Personne ne voudrait devenir avocat, médecin ou politicien s’il ne devait jamais être payé.
Il faut que nous donnions aux femmes l’accès à ces installations et il est essentiel de prendre des mesures pour qu’elles bénéficient de ces budgets, ce qui reviendrait à dire que nous serions alors incluses dès le départ dans le projet d’infrastructure.
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Je tiens tout d’abord à remercier les trois témoins qui ont comparu devant nous aujourd’hui.
Nous faisons là une étude fort intéressante et tout à fait opportune. À mes yeux, la question qui importe est de savoir comment nous amenons les jeunes filles à pratiquer des sports, et en particulier dans les régions rurales. Je suis originaire d’une région rurale de la Saskatchewan et j’imagine que la situation n’est pas si différente ailleurs. Si je suis entraîneur d’une équipe double A, ou de n’importe quelle équipe en vérité, il faut que je parvienne à réunir des fonds sur place pour assurer son fonctionnement. Il m’est souvent arrivé, lorsque je m’occupais d’équipes féminines et que j’entraînais de façon professionnelle ma fille au Soccer, ou dans d’autres sports, de trouver fort difficile d’aller voir le gérant de la papeterie ou de la station-service au coin de la rue pour lui demander de m’aider à financer cette équipe.
La situation est la même dans toutes les régions du Canada. Nous avons parlé un peu des médias et fort souvent, lorsque nous nous penchons sur la question plus importante desdits médias, lorsque nous parlons par exemple de hockey professionnel, il est évident qu’attirer ces publicitaires… Les gens n’acceptent de payer que s’il y a assez de spectateurs ou de téléspectateurs. Si ce n’est pas le cas, ils ne vont pas vous donner d’argent. On peut alors se demander comment il faut procéder pour recueillir de l’argent à un plus petit niveau. Cela contribue également à garder ces jeunes filles dans nos équipes. Si, tout à coup, elles doivent participer à une compétition importante qui se déroule à l’extérieur, elles doivent vendre des billets de tirage ou s’adonner à d’autres activités du même type pour financer leur déplacement, et elles trouvent cela difficile, ni plus ni moins que les garçons, mais c’est néanmoins difficile pour elles parce qu’elles se heurtent à des entraves plus importantes.
Madame Lee, cela vous inspire-t-il des commentaires?
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J’allais en rajouter, mais…
Ce n’est pas aussi utile, mais je crois que les personnes qui vont vous aider, que j’appelle des « influenceurs », sont celles qui sont en mesure de provoquer des changements ou de reconnaître qu’il y a effectivement un problème. Lorsque vous adressez à des concessionnaires, vous parlez à des gens qui ne reconnaissent pas qu’il est important pour eux de soutenir ce genre de choses.
Je suis convaincue que vous êtes déjà allés en voir. Je me suis heurtée au même problème pour recueillir des fonds destinés à des étudiants faisant partie de l’élite sportive de l’Université de Toronto. Les hommes vous font un chèque, mais pas les femmes. C’est tout simplement comme cela que nous comportons.
La technique est alors de chercher des entreprises de détail qui vendent aux consommateurs. Je vais vous donner un exemple. Je le prends à Estevan, mais ce sont en réalité Bell et Rodgers qui s’adressent à Sportsnet. Toutes deux ont des clients, des hommes et des femmes, qui s’intéressent à ces questions. Elles ont toutes deux des employés qui servent d’entraîneurs. Il en va de même avec leurs actionnaires. La question qu’il faut alors poser aux dirigeants de ces deux entreprises est: « Que faites-vous dans votre domaine pour inciter les femmes et les filles à s’adonner à des sports? »
Je vous demande pardon. C’est hors sujet pour vous.
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Les recherches que nous avons faites pour développer la participation des jeunes, dont nous venons tout juste d’obtenir les résultats cette année, nous ont poussées à accueillir le tout premier championnat pee-wee dans le cadre de la coupe Clarkson. Nous essayons d’attirer à Ottawa, où la coupe se déroule cette année, des équipes peewee de toutes les régions du Canada, et nous les incitons à s’impliquer avec nos athlètes.
En venant à Ottawa, elles ont l’occasion de voir nos femmes jouer et de les entendre leur parler des défis et des entraves qu’elles ont surmontés pour réussir à faire ce qu’elles ont décidé de faire dans leur vie. Les statistiques nous enseignent que les jeunes filles cessent de pratiquer des sports vers 13 ou 14 ans. C’est à cet âge qu’elles arrêtent de faire de l’exercice et de s’impliquer dans des activités sportives. Cela s’explique essentiellement par les pressions des pairs et des médias, parce qu’elles constatent elles-mêmes et, il faut convenir que, actuellement, les médias sociaux ne s’intéressent pas beaucoup aux sports. Ils préfèrent traiter de mode et d’autres sujets.
Je suis aussi d’avis que, comme ligue professionnelle, nous avons un mandat qui consiste à trouver et à structurer des possibilités pouvant intéresser les jeunes filles.
Je reviens donc à mon premier point et vous répète que si les jeunes filles réalisent qu’elles ont des possibilités de carrière par ce que, que ce soit comme commissaire aux comme joueuse, quand on parle de carrière, on parle de… Les jeunes hommes vous racontent que, depuis leur naissance, leurs pères les ont assis devant des postes de télévision et qu’ils voulaient devenir des joueurs de la LNH, gagner de l’argent. S’il ne leur était pas possible de jouer dans cette ligue, ils voulaient devenir directeurs généraux ou dépisteurs d’une équipe. Cette vocation se manifeste à un très jeune âge et il nous faut l’insuffler de la même façon aux jeunes filles pour qu’elles continuent à pratiquer leur sport.
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La difficulté pour nous tient uniquement en nombre de femmes qui se sont adonnées à notre sport plutôt dans leur vie. La plupart n’ont pas d’expérience. Dans le domaine du hockey, j’ai pu constater que beaucoup d’entre elles avaient joué, mais étaient un peu réticentes à assumer des fonctions d’entraîneuses ou d’arbitres. Quand elles ont cessé de jouer, nous nous sommes retrouvés avec très peu d’entre elles qui avaient grandi dans ce sport. C’est la principale difficulté pour nous.
La seconde est tout simplement le nombre de facilitatrices. Nous avons maintenant constitué un groupe de femmes. Notre premier championnat du monde s’est déroulé en 2010 et cela a contribué sensiblement au développement du football en Saskatchewan. Nous avons maintenant un groupe de femmes qui consacrent du temps à leur formation et, accessoirement, vont dans des classes pour inciter les jeunes filles à s’adonner à notre sport.
La principale difficulté pour nous tient au fait qu’elles n’ont pas l’expérience du terrain, et n’ont en aucune façon été impliquées dans notre sport, si ce n’est probablement qu’elles ont regardé des matchs à la télévision avec leur père.
Pour revenir à votre première question, je crois que le football offre des possibilités à la gent féminine parce que, même si les femmes cessent la pratique du sport à l’âge de 13 ans, nous constatons en même temps que beaucoup d’entre elles y participent d’autres façons pour des raisons sociales. Si leurs amis y participent, elles vont peut-être faire de même et si elles n’ont pas pu jouer quand elles étaient jeunes, en particulier à des sports dominés par les hommes parce que leurs parents ne les y ont pas poussées ou qu’elles n’en ont pas eu l’occasion, elles ont probablement un peu plus leur mot à dire sur ce qu’elles peuvent faire maintenant que lorsqu’elles avaient 13 ou 14 ans.
Le football prend beaucoup de place dans les écoles secondaires. Les étudiants veulent faire partie d’équipes de sportifs, et si nous parvenons à faire inscrire le flag football au programme de ces écoles, je crois que nous verrons leur participation augmenter, en particulier pour la tranche d’âge des 13 à 16 ans. C’est ce que nous constatons en Saskatchewan, et ce que nous commençons à voir au Manitoba. Nous commençons à observer le même phénomène en Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse s’y intéresse. Cela permet aux élèves de faire partie d’une équipe et d’être avec leurs amis, tout en les amenant à participer à un sport qui les a toujours attirées dans une certaine mesure, alors qu’elles n’avaient pas la possibilité de le pratiquer.
Par contre, vous nous avez bien dit qu’il y a deux choses importantes, l’influence des pairs et celle des médias. Pouvez-vous nous en donner des exemples marquants?
[Français]
Je trouve que de façon générale, on est très dur à l'égard des femmes. On n'a qu'à penser à la dernière tempête médiatique au Québec.
[Traduction]
Ce qui agite le Québec ces jours-ci est l’attribution d’un prix à Safia Nolin au dernier gala de l’ADISQ. Il y a des gens qui la dénigrent pour toutes sortes de raisons, sa façon de s’habiller, son vocabulaire. Si nous avions eu un lauréat au lieu d’une lauréate, 80 % de ces médisances n’auraient jamais vu le jour.
[Français]
Pour ce qui est d'Eugenie Bouchard,
[Traduction]
les gens s’en prennent à elle sans retenue.
Y a-t-il eu des bons moments où les femmes ont marqué des points et, si oui, à quelle occasion? Je ne suis pas un grand spécialiste des sports, mais il faut convenir que nous avons besoin de champions. Nous n’avons pas besoin de champions dans les sports, mais nous avons besoin de champions de cette cause pour rallier le plus de monde possible et dire « Cela suffit! ».
Je réfléchis à tout ça et je ne sais pas ce que vous, messieurs, pensez de Danica Patrick, la pilote de la NASCAR. Pour moi, elle fait un excellent travail, tout simplement parce qu’elle est aussi bonne que les hommes et elle a toute cette visibilité, tous ces commanditaires dont les marques apparaissent sur sa voiture.
Quels sont, selon vous, les exemples impressionnants à suivre?
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Je vais faire un pas de plus. Une fois encore, il s’agit d’une recommandation.
En Nouvelle-Zélande… Je reviens au moment où ils ont fait les manchettes. Lorsqu’Eugénie Bouchard se trouvait en Australie et qu’on lui a demandé de « twirl », c’est-à-dire de faire une pirouette, c’est devenu le « twirlgate », un genre de moquerie de sa pirouette. La situation est la même en Nouvelle-Zélande que chez nous. Beaucoup de femmes gagnent des médailles, mais sans que leurs exploits soient médiatisés. Elles ont alors été englobées dans un partenariat avec les universités pour faire de la recherche sur les médias. Cela avait déjà été fait auparavant, en particulier par l’ACFAS dans les années 1990, qui s’était penchée sur le même sujet après les Jeux olympiques. Elle avait étudié la couverture du sport féminin pendant ces jeux et dressé un portrait d’ensemble. C’est ce que je voulais dire avec l’exemple de la pirouette. Ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité. Ils ont étudié toute cette question en Nouvelle-Zélande, mais, à la différence de nous, ils se sont assis avec les principaux journaux et télédiffuseurs et leur ont expliqué « Nous avons examiné la façon dont vous avez rendu compte de ces jeux, et voici ce que nous avons constaté. »
Cela nous ramène à ce que j’ai dit précédemment. Ce n’était pas un sujet d’intérêt pour eux. Ils ont décidé d’y prêter attention par la suite et cela a changé les choses. Ils refont le même exercice tous les ans. À mon avis, nous pourrions nous en inspirer. Je n’ai pas à vous dire ce que vous devez faire, mais vous, vous pouvez dire aux médias ce qu’ils doivent faire. Vous pourriez les rallier à la cause et les influencer. C’est une excellente façon de procéder, qui a fait ses preuves.
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Nancy, c'est agréable de travailler avec vous de nouveau, d'une certaine façon. Je suis sûr qu'aux Jeux olympiques de 2010, vous aviez 18 000 écrans devant vous, et je suis fier de dire que j'en occupais un à quatre heures du matin, mais vous ne regardiez probablement pas.
Des voix: Oh, oh!
M. Seamus O'Regan: C'est bien; c'est pardonné.
De mon point de vue particulier, j'apprécie de vous avoir ici, parce que je suis évidemment très intéressé, comme le sont mes collègues, j'en suis sûr, à la façon dont les femmes sont traitées dans ces émissions. Nous avons soulevé cette question à plusieurs reprises, mais je m'intéresse particulièrement à votre opinion concernant Rio, parce que pour bien des gens, c'était un peu une révélation de voir brusquement que le pays semblait assez entiché, plus entiché que d'habitude, de ses athlètes de sexe féminin et de leur succès.
Nous avons entendu depuis, sans vouloir colorer ce que vous allez dire, qu'il reste encore bien du chemin à faire. J'aimerais simplement avoir votre opinion tant personnelle que professionnelle de la façon dont vous estimez que la couverture à Rio s'est déroulée, du point de vue de l'équité entre les sexes.
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Par exemple, un journal américain a déclaré que c'était le jour où « Penny et Simone » ont fini à égalité, ce qui bien sûr n'est jamais... et je m'excuse de ne pas connaître le nom de famille de Simone, et ce n'est pas bien. À la une de ce journal, il y avait une immense photo de Michael Phelps, et le gros titre disait que Michael Phelps avait gagné la médaille d'argent, et la première Afro-américaine qui avait remporté la médaille d'or... et tout ce qui est ressorti de cela, c'est qu'elle a un nom. C'est cela en partie.
Un autre exemple était l'image d'une nageuse sillonnant la piscine, puis l'image de l'entraîneur, un homme, le mari, parmi les spectateurs...
Une voix: Oui, le mari.
Mme Nancy Lee: ... et le commentateur disant: « Voici la personne responsable de cette médaille ». Non. C'est elle qui nage. Pas lui. Il va probablement aller prendre une bière. C'est elle qui est responsable de cette médaille. C'est ce qui s'est passé maintes et maintes fois.
Mon dernier exemple est celui de la jeune Hollandaise qui a battu les Américaines à la gymnastique. Après avoir sauté de la poutre, elle est allée noter quelque chose dans son carnet et le commentateur a dit: « Cher journal... ». Savez-vous ce qu'elle était en train d'écrire? Elle notait ses scores et tous les autres scores, parce qu'elle les suivait tous pour savoir si elle allait gagner — pas « Cher journal ».
C'était épouvantable, absolument épouvantable.
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Non, mais celle-ci porte sur la représentation. Je veux parler des médias, parce que nous sommes tous, moi aussi, fixés sur la télévision. Les médias doivent être vus comme la totalité de la perception, puisque nous voyons tous ces points de vue.
Premièrement, en plus de l'examen dont vous allez faire rapport aux médias, je crois que vous avez besoin — et c'est plutôt simpliste — d'un guide de style. Ce n'est pas difficile: un guide de style, un guide de style dans la stratégie de communication. Vous pouvez confier la tâche aux gens de Sports Canada. Ils peuvent le faire. Ils peuvent réunir les médias partenaires et faire un remue-méninges pour établir les 10 choses les plus importantes qu'on peut ou ne peut pas dire.
Là encore, à mon avis, les médias sportifs ne sont pas généralement sexistes; ils ne savent simplement pas quoi dire. Je ne les laissais pas dire « mesdames » à l'antenne. Ils disaient: « Pourquoi, Nancy, pourquoi? » Parce que vous ne dites pas « messieurs », okay? Ce doit être égal. Ce serait seulement une liste des choses à faire et des choses à ne pas faire, parce qu'ils sont confus, n'est-ce pas? C'est une situation pratique.
Ensuite, parce que je propose que tout cela vienne de Sports Canada, il faut faire participer les ONS et les OMS, parce que ce sont vos points de levier. Vous leur dites que cela est très important et que c'est la façon dont ils doivent présenter cet aspect, tous les ONS et OMS et Sports Canada, et le... Je n'arrivais pas à déterminer quel est le ministère qui distribue les fonds fédéraux... Vous dépensez beaucoup d'argent, le gouvernement en dépense, sur les événements sportifs, et tout achat médiatique que vous faites doit être relié à ce guide de style.
En supposant qu'un ONS recevant des fonds publics accepte un commanditaire qui produit une campagne précédant les jeux, ou n'importe quoi d'autre, dans laquelle une femme est présentée dans une photo qui ne met pas en évidence sa force ou sa rapidité, mais qui fait plutôt ressortir son apparence, non: cela doit faire partie du contrat. Cela doit faire partie du contrat avec l'ONS pour que ce soit pratique, que ce soit intégré... Je suis désolée. Je pourrais continuer ainsi sans arrêt, et nous serions ici jusqu'à la relâche de Noël, mais c'est tellement...
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Monsieur le président, j'aimerais souligner que notre province a un certain mérite car, en tant que télédiffuseurs pendant 40 ans, nous avons toujours fait preuve d'équité. Nous avons ouvert la voie avec les femmes Huskies. Je regarde notre province maintenant. J'ai recruté une commentatrice et je l'ai vue se perfectionner. Natasha Staniszewski est maintenant au réseau TSN, comme vous le savez. Ça n'a pas toujours été facile pour elle. J'ai été là longtemps, et je me souviens de la première pratique à laquelle elle est allée pour le football des hommes Huskies. La partie de football s'est arrêtée. Ils l'ont tous regardée marcher. Mais elle a réussi. Les femmes doivent avoir une bonne carapace, malheureusement.
Je pense à quand j'ai quitté la province en tant que commentateur, et à où nous sommes aujourd'hui. Je suis fier. Ces chiffres de football ne me surprennent pas parce que nous avons encouragé les femmes au football autant que nous avons encouragé les hommes à ce sport. Nous avons encouragé le hockey des femmes, autant que nous avons encouragé le hockey des hommes. Au niveau des médias locaux, ce qui n'est pas très courant parce que tout le monde maintenant regarde Sportsnet, CBC et TSN, il est important que nous incrustions cela dans nos médias, si je peux m'exprimer ainsi. C'est là que cela doit commencer, à la base.
À partir d'ici aujourd'hui, quand je vois qui est à Toronto que j'ai vu se perfectionner au fil des ans, je retire plus de satisfaction de cela que quand j'étais là-bas.
Dans notre province, nous avons Hayley Wickenheiser et Catriona Le May Doan qui sont dans des publicités. C'est génial, parce qu'il n'y a pas beaucoup de femmes qui arrivent à avoir ces avantages supplémentaires après avoir pratiqué un sport. Vous pourriez peut-être parler de cette perspective, parce que vous êtes bonnes. Vous l'avez vu, mais dans notre province, je crois que nous avons fait un très bon travail. Nous avons ramené nos athlètes locaux et nous les avons mis à l'antenne, à la radio et à la télé. Ce sont maintenant des porte-parole d'entreprises. Vous pourriez peut-être nous parler de cela, si vous voulez bien.
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Une des meilleures choses pour toute personne sportive, femme ou homme, encore plus importante qu'être professionnel, gagnant de l'argent dans la LNH et ailleurs, c'est d'être le héros local. Vous pouvez vivre pour toujours dans votre collectivité en tant que héros local, que vous soyez dans l'équipe locale de baseball, l'équipe de hockey ou l'équipe de football, vous contribuez à changer les choses. En général, par le passé, ces personnes finissaient par être maires, ou occuper un poste d'influence à un moment donné.
Nous tentons d'insuffler chez nos athlètes, en faisant ressortir le message, l'importance d'être qui elles sont et les compétences qu'elles ont et ce qu'elles peuvent redonner à leur collectivité, parce que quand elles redonnent à la collectivité, elles peuvent contribuer à changer les choses, ce que font Wick et les autres.
Pour nous, comme pour toute organisation sportive, quand on parle des médias et des autres choses, il est essentiel, lorsque nous tentons d'encourager chaque femme lors de son passage dans notre ligue, que nous fassions ressortir le fait que tout n'est pas au sujet de leur carrière de hockey. C'est la carrière après le hockey et ce qu'elles peuvent faire, que ce soit dans la télédiffusion, dans l'appui, ou dans la tenue de séances ou de cliniques. L'important, c'est qu'elles continuent, et les femmes font très bien cela, soit dit en passant, dans tous les sports. Elles donnent en retour. Je ne dis pas que les hommes ne le font pas, parce que je suis sûre qu'ils le font aussi. Mais l'important pour nous, c'est d'amener ces femmes à revenir dans leur collectivité et à faire exactement ce que vous faites pour faire croître les sports amateurs.
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La Saskatchewan est certainement en position unique en ce qui concerne le football. Même avec le hockey, c'était toujours quelque chose de positif quand j'étais là-bas, et c'était très fort.
Football Saskatchewan est un excellent exemple pour un grand nombre d'ONS, ainsi que d'OPS. Les fonds 50-50 de la LCF qu'elle reçoit des Roughriders sont répartis dans tous ses programmes de haut niveau, y compris les Huskies, les Rams, le Thunder et les Hilltops, ainsi que deux équipes tackle de femmes senior, qui sont un programme de sport féminin à haut rendement. Les fonds sont répartis entre tout le monde.
Si cet organisme a une équipe féminine provinciale qui va participer à un championnat national, celle-ci est traitée exactement de la même façon que les autres équipes provinciales, masculines ou féminines. Cela ne se produit pas souvent dans de nombreux endroits. Je crois que les femmes dans cette province sentent qu'elles sont sur un pied d'égalité et sont traitées avec respect. Cela a beaucoup évolué. Ces nombres vont continuer à augmenter, parce que je sais que la ligue féminine est très compétitive et se distingue toujours très bien lors de nos championnats nationaux. Ne serait-ce qu'avec leur exposition dans les journaux simplement, elles sont reconnues comme les Huskies le seraient disons, à Saskatoon. C'est donc un modèle dont nous pouvons nous inspirer.
L'autre chose que j'allais dire, c'est qu'il est important que la participation soit automatique, obtenir les personnes nécessaires pour aider à bâtir l'infrastructure. Pour chaque équipe midget ou chaque joueuse flag d'école secondaire, il devrait y avoir une exigence automatique dans le programme voulant qu'elles suivent dans l'école un atelier sur l'entraînement ou l'arbitrage. Leur donner les outils de sorte qu'après qu'elles aient fini de jouer, elles disposent des compétences leur permettant de devenir une arbitre ou une entraîneuse. Nous devons leur offrir les ressources.
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Il y a 10 ans, il y avait moi, tous mes amis et mes parents, et quiconque nous pouvions traîner avec nous.
Des voix: Oh, oh!
Mme Brenda Andress: C'était merveilleux cette année; en fait, cela a commencé l'an dernier, quand je suis arrivée aux jeux d'ouverture à Toronto et j'ai vu que nous avions à peu près 1 000 spectateurs. Je ne connaissais personne, et j'étais aux anges. À Montréal, l'an dernier, aux finales, Montréal a joué contre Toronto. Nos partenariats sont avec des équipes de la LNH maintenant. J'ai réussi à obtenir quatre partenariats de la LNH avec ces équipes. En entrant dans l'aréna, on pouvait voir entre 1 000 et 1 500 supporteurs à chacune de leurs deux parties des finales, mais toutes ces personnes avaient peint les couleurs de Montréal sur leur visage.
À l'entrée de chacune des joueuses de Montréal, pour Julie Chu, c'était « choo-choo-choo ». Quand Caroline Ouelette est entrée, c'était « ollie-ollie-ollie ». Quand Marie-Philip Poulin est arrivée, ça été la folie. C'était vraiment la toute première fois que nous avons commencé à voir des supporteurs qui étaient réellement engagés. C'est grâce à ces femmes qui sont les directrices générales, les femmes qui sont les entraîneuses qui mènent continuellement des ateliers. Elles disent: « Nous sommes ici, sortez nous voir ». Ce sont toutes des bénévoles, et elles continuent à bâtir notre présence dans la collectivité. Imaginez un peu si nous imposions des politiques aux médias, et à quiconque participe aux sports, exigeant d'eux qu'ils attirent les entraîneuses et les supporteurs, nous aurions une explosion de la croissance de nos sports, pas seulement le hockey, mais les sports féminins partout.
J'aimerais remercier les trois témoins. Vos recommandations au Comité sont très instructives. J'ai hâte de lire le reste de vos recommandations également, madame Lee. J'ai mentionné le patinage synchronisé auquel ma fille a participé. J'aimerais simplement dire que c'était des entraîneuses qui ont véritablement aidé les 21 filles qui patinaient en coeur.
J'ai eu l'occasion d'assister aux championnats des hommes et des femmes aux Jeux olympiques à Vancouver, et je dirais, madame Andress, que les hommes se concentrent aussi sur le jeu quand il faut.
Les Westman Wildcats à Hartney, au Manitoba, ont près de 400 supporteurs à chaque partie de hockey. C'est une équipe de hockey midget de filles qui a fini par gagner la Coupe Esso, la première, à Calgary. Hartney est la petite ville où j'ai grandi et où j'ai fait mes études secondaires, bien avant que cette équipe joue. Et c'est l'aspect que j'aimerais faire ressortir: si vous pouvez avoir 400 supporteurs à une partie de hockey midget de filles dans une petite ville de 400 habitants au Manitoba, le sport est en croissance.
Ce sont de merveilleuses recommandations que vous nous avez présentées. Merci beaucoup de votre présence aujourd'hui.
Nous allons maintenant faire une pause. Je demande à tout le monde qui ne fait pas partie du Comité de quitter la salle pour nous permettre de traiter de quelques points que nous devons régler à huis clos. Ensuite, nous rappellerons les athlètes paralympiques pour notre deuxième séance.
[La séance se poursuit à huis clos.]
[La séance publique reprend.]
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Nous reprenons la séance. Merci tout le monde de votre présence.
J'aimerais remercier nos témoins d'être ici. Bienvenue à notre forum amical. Nous sommes vraiment intéressés à vos idées et à vos observations quant à la façon dont nous pouvons encourager plus de femmes à participer aux sports. Vous êtes toutes des athlètes paralympiques qui excellent dans leur sport, et nous voulons certainement entendre ce que vous avez à dire.
Vous avez cinq minutes chacune. Vous n'êtes pas obligées de parler pendant toutes les cinq minutes, et je serai indulgent si vous les dépassez de quelques secondes, ne vous inquiétez pas.
Je souhaite la bienvenue à M. Martin Richard, directeur exécutif des communications et du marketing pour les athlètes paralympiques au Canada. Il fait partie du Comité paralympique canadien.
Juste pour que nos témoins le sachent, elles auront chacune cinq minutes pour leur exposé, puis les quatre premières personnes à poser des questions auront chacune sept minutes. Ensuite, nous poursuivrons en fonction du temps qu'il restera.
Comme nous avons eu une séance à huis clos qui a pris un peu de temps, je vais prolonger la présente pour que nous ayons l'heure entière, étant donné que la salle est libre après.
Ceci dit, on commence avec Mme Ferguson. Je crois que vous êtes la première sur la liste, et nous suivrons donc l'ordre de celle-ci. Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui.
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Merci beaucoup. Je m'appelle Tracey Ferguson. Je suis membre de l'équipe féminine canadienne de basketball en fauteuil roulant. J'ai participé sept fois aux Jeux paralympiques. Oui, je suis vraiment vieille, je suis désolée, mais j'ai l'expérience. J'ai passé beaucoup de temps dans ce système.
J'aimerais commencer en mentionnant l'expérience des athlètes olympiques et paralympiques reconnus hier à la Chambre des communes. Ce n'est pas la première fois que je vis cela, mais je reprends conscience chaque fois à quel point il est incroyablement spécial d'être reconnus à la Chambre des communes par notre gouvernement. Au nom des athlètes, je vous dis que c'était un moment incroyable pour nous; je vous remercie donc de nous offrir cette possibilité.
C'est avec plaisir et fierté que nous représentons le Canada. Quand nous sommes à l'étranger, nous sommes tous fiers d'afficher la feuille d'érable canadienne sur nos poitrines. Nous faisons cela parce que nous sommes passionnés et aimons ce que nous faisons. Merci de nous offrir cette possibilité. Ça a été journée merveilleuse. Je sais que mes camarades athlètes en parlaient tous hier soir. Merci pour cela. Nous apprécions beaucoup cet accueil chaleureux.
Permettez-moi maintenant de parler un peu de moi. J'ai commencé à jouer au basketball en fauteuil roulant, mais ce n'était pas mon rêve. J'étais la plus jeune de six enfants dans la banlieue de Toronto. Tout ce que je voulais, c'était participer à des sports. J'ai quatre frères et une soeur, tous plus vieux que moi, qui sont tous très actifs. Tout ce qui comptait pour moi et ma famille, c'était que je voulais participer, que ce soit au hockey dans la rue, aux courses de natation dans la piscine, aux parties de baseball et de balle molle de ma soeur, ou à mes parties de T-ball. Je ne voulais qu'être active, participer à une vie sociale et à des compétitions. J'adore la compétition.
Je me souviens très bien — cela révèle mon âge et peut-être certains d'entre vous dans la salle s'en souviennent aussi — de ce jour en 1984, au cours des Jeux olympiques d'été, où j'ai regardé Alex Baumann remporter sa médaille d'or. Je me souviens d'avoir bondi sur le divan, ce qui m'a valu des remontrances, et d'encourager par des bonds et des cris cet homme jusqu'à la fin. J'étais tellement excitée.
Avec toute la fierté que j'ai ressentie en le regardant gagner une médaille d'or, j'ai dit à ma maman: « C'est ce que je vais faire. Je vais gagner une médaille d'or pour le Canada. Je vais être une nageuse olympique. C'est mon rêve. » Je n'ai jamais envisagé que cela soit impossible. Je me suis simplement dit: « Bon, comment allons-nous le faire? » C'est une des choses véritablement précieuses que j'ai acquises en grandissant dans ma famille. Je ne savais pas que quelque chose pouvait être impossible. Notre état d'esprit était: « Comment allons-nous accomplir cela? »
Quelques mois plus tard, en raison de complications lors d'une intervention chirurgicale plutôt courante, j'ai été paralysée; le rêve a donc semblé s'estomper.
Ça m'a pris deux ans. J'avais encore la motivation compétitive, et je voulais toujours faire des sports. Je ne savais pas ce qui m'était possible. Nous parlons, et je révèle encore une fois mon âge, des années 980. Il n'y avait pas de sport paralympique à la télé à cette époque. Il n'y en avait pas dans la collectivité. J'étais la seule personne maintenant en fauteuil roulant dans ma collectivité de Markham. J'étais la fille en fauteuil roulant.
Le rêve d'être une Olympienne ou la gagnante d'une médaille d'or semblait hors de portée. J'ai eu la chance de trouver un programme de sport en fauteuil roulant à Scarborough, en Ontario, au Variety Village, une installation dont l'objectif premier est l'intégration. Tous ses programmes sont intégrés. Que ce soit une classe de karaté ou de tae kwon do, que les personnes aient une incapacité visuelle, soient en fauteuil roulant ou quelle que soit leur incapacité, l'instructeur doit adapter son entraînement à toutes les personnes dans la même classe.
C'est en accédant à cet environnement que j'ai pris connaissance du sport en fauteuil roulant pour la première fois dans ma vie. J'ai eu l'occasion d'essayer le tennis. J'ai essayé le basketball en fauteuil roulant et la course en fauteuil roulant, et cela m'a ouvert les yeux à un monde de possibilités. Je suis tombée amoureuse du basketball. Probablement à cause de ma physiologie et de ma taille, ce n'était pas le bon sport pour moi. Je suis plutôt petite, mais combative. Je me suis lancée dedans et j'ai commencé à jouer, et j'adore l'aspect social de tout ça.
De retour dans la voiture après ma première journée, ma maman m'a dit: « Qu'est-ce que tu veux faire? Du tennis? De la course? » J'ai répondu: « Le basketball. C'est ma passion, c'est mon rêve ». Maman m'a regardée et elle m'a dit: « Tu sais que tu es plutôt courte? » J'ai répondu: « Je sais, merci de me le faire remarquer, maman ». Mes frères ont tous plus de six pieds. Ils ont la taille. Maman m'a demandé pourquoi. Est-ce que j'avais marqué un panier? J'ai répondu: « Non, je ne peux que m'améliorer. Je peux devenir meilleure ».
Ensuite, elle m'a demandé si je n'avais remarqué rien d'autre là-bas. J'étais la seule fille. Il y avait environ 20 jeunes garçons qui jouaient, et je ne l'avais même pas remarqué. Ce n'était pas important pour les entraîneurs. J'étais la bienvenue. J'ai été vraiment chanceuse d'avoir des entraîneurs qui ne faisaient aucune distinction. Ils n'ont pas dit que leur équipe n'était pas une équipe de filles. Ils ont dit: « Tu veux jouer au basket, trouvons un moyen de t'inclure », et le tour a était joué.
Je suis très reconnaissante de cette possibilité. J'ai fait l'expérience des Jeux paralympiques. Je joue à l'échelle internationale maintenant, en Europe, dans une équipe mixte, mais principalement masculine. J'ai pu non seulement aller à l'université à l'aide d'une bourse d'études pour le basketball en fauteuil roulant aux États-Unis, mais je suis aussi reconnue comme jouant pour le Canada. J'ai travaillé à Sports Canada pendant un certain nombre d'années aussi, donc j'ai travaillé pour le gouvernement fédéral. Je comprends les mécanismes.
Je vous suis reconnaissante de m'avoir offert la possibilité de vous parler du sport et de mon expérience. Je suis prête à répondre à vos questions au sujet de mon expérience de femme athlète.
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Je m'appelle Erica Gavel. Je joue aussi au basketball en fauteuil roulant avec Tracey.
Les Jeux de Rio ont été mes premiers Jeux paralympiques. C'était extraordinaire. Un peu comme hier, ça a été une expérience unique incomparable, et ça a été comme ce qu'elle a décrit il y a quelques minutes. Je suis très reconnaissante d'avoir eu la possibilité de venir ici hier et aujourd'hui, de voir la Chambre des communes et comment fonctionnent les choses.
Je viens de Prince Albert, en Saskatchewan. Je suis née et j'ai grandi là-bas, heureusement. À l'époque, je ne me rendais pas compte à quel point cette ville et cette province sont formidables. Depuis l'âge de six ans quand j'ai commencé dans les sports organisés, mes entraîneuses et mes mentors ont toujours été des femmes.
À dire franchement, je ne serais pas ici aujourd'hui sans l'intervention de Lisa Thomaidis de l'Université de Saskatchewan. Le basketball n'est pas un sport très courant en Saskatchewan — il l'est maintenant, mais quand j'étais au secondaire, ma ville n'avait pas d'équipe. Lisa a pris le temps de venir à Prince Albert, en Saskatchewan. Elle entraîne une équipe nationale, et je suis sûre que c'était la dernière priorité pour elle que d'aller recruter des joueuses de basketball.
Elle et Sarah Crooks sont venues à mon école et ont tenu un camp de basketball. J'avais 14 ans à l'époque. Elles nous ont dit, à tout le groupe, que si on travaillait très fort, on pourrait jouer pour l'Université de Saskatchewan.
J'ai donc pris cela à coeur, et j'ai travaillé très fort pendant trois ans. Elle et Sarah sont toutes deux restées en contact avec moi.
Au début de ma 12e année, on m'a offert l'occasion d'aller là-bas. J'ai été à l'Université de Saskatchewan et les deux premières années, tout a fonctionné comme prévu. Puis, j'ai gravement blessé mon genou. J'ai arraché le cartilage articulaire de mon fémur et de mon tibia, ce qui signifie que si j'avais 45 ans, j'aurais été en chirurgie pour un remplacement du genou dès le lendemain, mais je n'ai pas cet âge, donc... j'ai de l'arthrite. Voilà pourquoi je suis admissible au sport paralympique.
J'ai démoli mon genou en août 2012, et c'était de fait durant les Olympiques pendant que Lisa et Allison McNeill entraînaient l'équipe féminine nationale senior pour ses premiers Jeux olympiques. Je n'étais pas directement affiliée à cette équipe, mais comme elle était mon entraîneuse à l'université, je dirais que l'université s'est vraiment engagée dans la frénésie olympique. Et quand j'ai démoli mon genou quelques mois plus tard, elle s'est assise avec moi et m'a expliqué ce qu'elle a vu à Londres, et ce que je pouvais éventuellement avoir moi aussi.
Parallèlement, elle m'a amenée à participer à l'entraînement, et Bruce Craven, de Saskatchewan, qui était mon entraîneur à l'époque, m'a aussi fait participer à l'élément physiologie de l'exercice.
Au cours de mes carrières actuelles, toutes deux liées au haut rendement et au sport, je n'ai jamais considéré qu'être une femme était un obstacle. C'est simplement la norme, aussi, et c'est correct de viser cela.
C'était un peu mes antécédents sportifs, et la façon dont j'ai fini ici aujourd'hui.
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Mon histoire diffère quelque peu. J'ai une déficience visuelle. Je suis atteinte d'albinisme, et c'est de naissance. Je viens d'une petite ville du nord-ouest de l'Ontario, et ma famille était essentiellement la seule là-bas qui avait des déficiences visuelles, mais nous avons grandi en pratiquant des sports. Mes parents me laissaient participer à tout ce que je voulais faire. Souvent, c'étaient des sports mixtes, et souvent j'étais une des seules filles. C'était possible, parce que c'était une petite ville, mais tous mes copains étaient des gars, et nous étions liés par le sport.
Quand je suis arrivée à l'âge de l'école secondaire, mes parents se sont assis avec moi et m'ont parlé, parce que mes frères aînés étaient déjà à une école provinciale pour les aveugles à Brantford. C'était un pensionnat, et je n'allais donc revenir chez nous que les fins de semaine. Je n'étais pas emballée à l'idée d'y aller, mais ils m'ont expliqué que mes capacités sportives mourraient au secondaire si je choisissais de rester à la maison. Je ne me rendais pas compte à quel point je voyais mal; apparemment, très mal.
J'ai fini par aller à cette école, et j'ai fait l'expérience de tous les sports offerts aux personnes avec déficience visuelle. Il y a la natation, la course sur piste, n'importe quoi. J'ai commencé par la natation, puis j'ai découvert le goalball. Le goalball a ouvert une toute nouvelle perspective du monde pour moi. J'ai pris connaissance des Jeux paralympiques quand j'étais en neuvième année. Je ne savais même pas qu'ils existaient. J'ai appris que je pouvais jouer pour l'Ontario. J'ai ensuite appris que je pouvais jouer pour le Canada. J'ai pensé que c'était super. J'ai commencé avec le goalball et dès le premier jour, je poussais pour atteindre les places que je voulais, et arriver là où je voulais. Je suis devenue membre de l'équipe nationale après les Jeux d'Athènes, et j'ai fait partie de l'équipe tous les ans après, à l'exception des Jeux de Beijing. Je n'ai pas été choisie pour faire partie de cette équipe.
J'ai acquis beaucoup d'expérience à l'échelle internationale avec le goalball, et j'ai participé à deux Jeux paralympiques. C'est absolument extraordinaire les occasions qui nous sont offertes, comme d'autres l'ont déjà dit, et les choses que nous pouvons faire. Même hier, c'étaient des occasions qui ne s'offrent pas à une personne moyenne n'a pas. Tellement de personnes sont jalouses de mon autophoto avec M. Trudeau. C'était extraordinaire.
Mon histoire de sport est très simple. J'ai trouvé le sport que je voulais pratiquer, et j'ai travaillé pour cela. C'est mon histoire.
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Pour vous donner une idée de ma formation, j'ai des diplômes en éducation physique et en physiothérapie. J'ai fait du hockey sur glace à l'Université Western Ontario et par la suite, j'ai fait un diplôme de physiothérapie à l'Université de Toronto où j'ai joué au soccer et au hockey sur glace. Je fais maintenant du paracyclisme, un sport individuel, étant donné qu'en raison de ma blessure à la tête, les sports d'équipe me sont interdits.
J'ai essayé le basketball en fauteuil roulant et le hockey sur luge. Malheureusement, les seules occasions de jouer sont au niveau élite et les possibilités pour les femmes de faire du hockey sur luge sont très limitées. Les possibilités pour ces types de sport sont inexistantes au niveau local ou éducatif.
J'aimerais souligner trois points au sujet des sports pour femmes handicapées. Ces sports sont légèrement différents des sports offerts aux athlètes sans handicap.
Tout d'abord, les sports sont différents pour une personne handicapée. Les comités municipaux chargés de l'accessibilité semblent se soucier uniquement des structures physiques telles que les trottoirs et les rampes d'accès. Ils pensent rarement aux aides à la mobilité que les femmes handicapées utilisent pour s'entraîner, pas plus qu'à l'assistance dont elles ont besoin pour utiliser les aides à la mobilité dans le cadre d'un exercice ou d'un sport. Localement, il n'y a pas de programmes qui permettent à une femme handicapée de se fixer des objectifs en vue de devenir une sportive de haut niveau. Par conséquent, au départ, les personnes handicapées restent chez elles et ne savent pas comment s'engager dans un sport. Dans beaucoup d'endroits de notre pays, rien n'est prévu à cet effet.
Deuxièmement, la supervision active et le leadership font défaut pour les sportives handicapées. Souvent, les athlètes handicapés disposent d'installations telles que des piscines, mais il faudrait proposer aux jeunes filles et aux adultes handicapées des entraîneurs et des partenaires dans des programmes locaux de loisirs. Actuellement, cela manque. Les villes se targuent d'avoir des piscines accessibles dotées de rampes d'accès, mais elles ne proposent aucun programme pour les personnes handicapées. Les femmes et les hommes ont accès aux piscines, mais comment doivent-ils s'y prendre pour entrer dans l'eau? Comment font-ils pour nager? Ils ont besoin de l'aide d'un compagnon ou d'une autre personne, d'un membre du personnel pour marcher avec eux ou entrer dans l'eau et les aider à se déplacer.
Troisièmement, dans les sports pour athlètes féminines handicapées de haut niveau, il manque d'entraîneuses et de leaders. Dans mon équipe de paracyclisme, il n'y a aucune entraîneuse ou directrice sportive. Au niveau élite, aucune femme n'occupe un poste de leadership.
Enfin, quelles sont les tranches horaires et les installations réservées par les villes, les écoles ou les universités aux activités sportives des femmes handicapées? Il semble que cela n'existe pas. Il n'existe pas de programmes locaux ou de loisirs pour les activités sportives des femmes handicapées. L'Université de Toronto ne propose aucun programme de water-polo flotteur et il n'est donc pas encore possible de jouer à ce jeu quand on est handicapé.
Pourtant, les femmes handicapées sont aussi des contribuables. Il faut que les installations et les villes proposent des programmes, puisque 16 % des Canadiens sont handicapés et ce chiffre va en augmentant.
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Merci beaucoup. J'ai beaucoup aimé entendre vos témoignages.
La journée d'hier a sans doute été très marquante pour vous, mais je dois dire que pour moi aussi, elle a été extrêmement émouvante. En tant que député élu, je suis fier de vos réalisations et je sais que nous devons multiplier nos efforts pour vous aider.
C'est très émouvant de vous écouter parler. Vous avez raconté comment vous vous êtes adaptées au fauteuil roulant et comment vous avez commencé à choisir un sport. Je viens tout juste de terminer la lecture d'une biographie de Terry Fox. C'est exactement ce qu'il a fait. Il a joué au basketball en fauteuil roulant pendant un certain temps et s'est efforcé d'apprendre le jeu, mais les défis que vous avez dû confronter sont tout simplement extraordinaires. Nous pourrions tous nous inspirer de votre perspective. C'est la première étape, qui est si importante.
Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait, pour tout ce que vous faites, mais nous devons mieux vous soutenir. J'ignorais que 16 % des Canadiens sont handicapés. C'est un chiffre très élevé. Tout à l'heure, nous parlions de perspective. Je pense que nous devrions justement changer de perspective et le faire rapidement, parce que nous devons en faire plus.
J'aimerais poser quelques questions rapidement. Tout d'abord, puisque l'on assiste à l'émergence de mouvements vraiment positifs en faveur des athlètes paralympiques, au Canada et dans le monde, que devrions-nous faire, selon vous, pour continuer à inciter les femmes à pratiquer des sports, comme vous le faites? Vous nous avez donné des exemples, mais peut-être que certaines d'entre vous aimeraient nous dire quelles seraient les autres mesures que nous pourrions prendre en tant que gouvernement pour inciter plus de femmes et de jeunes filles à pratiquer un sport?
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
En français, on dirait que vous êtes inspirante, parce que vous nous inspirez beaucoup. En effet, c'est extraordinaire et nous avons passé d'excellents moments en votre compagnie hier. Encore une fois, ce fut une occasion formidable pour nous de prendre connaissance de tous les défis que vous avez dû relever.
Madame Gauthier, vous dirigez une fondation très active et vous vous efforcez de faire connaître les défis auxquels vous faites face et, si j'ai bien compris, de faire la promotion de l'activité et de la faire mieux connaître. J'ai votre biographie sous les yeux et je remarque que vous mettez le doigt sur un détail très important lorsque vous racontez que vous étiez chez vous à regarder la télévision lorsque vous vous êtes demandé si vous pourriez faire une activité pareille. Le plus souvent ici, nous parlons de donner accès aux sports, de les rendre plus attrayants pour les jeunes filles, mais dans votre cas, vous étiez une adulte.
Est-ce vraiment différent pour une athlète paralympique? Vous ne pratiquez pas un sport paralympique lorsque vous êtes chez vous à regarder la télévision et que vous vous demandez ce que vous pouvez faire. Comment pouvons-nous tendre la main à des gens comme vous? Comment avez-vous été touchée par l'esprit de la compétition paralympique?
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Je pense qu'il est vraiment important d'offrir des programmes au niveau local. C'est comme le hockey. Les enfants jouent et veulent tous ressembler à leur joueur préféré. Ils forment un bassin dans lequel on peut puiser.
Dans le cas des personnes handicapées, il faut les faire sortir et par exemple faire du vélo ou du tandem avec une autre personne si elles souffrent d'une déficience visuelle. On peut les faire sortir de chez elles afin de les faire rencontrer d'autres personnes et aller prendre une bière ou une crème glacée par la suite. Si elles se rendent compte qu'elles aiment ça, elles seront peut-être tentées de devenir des athlètes d'élite. Ma fondation cherche à faire participer les adultes et nous allons dans les écoles à Brampton afin de faire participer les élèves du secondaire. Voilà ce que nous faisons. J'aimerais faire participer les jeunes, afin de leur donner des rêves et des espoirs qu'ils pourront réaliser plus tard.
Aujourd'hui, je pense qu'il est très important de faire participer les gens. J'ai fait du sport toute ma vie. J'ai commencé à jouer au soccer quand j'avais six ans et j'ai participé à la Coupe de l'Ontario et à la Coupe du Canada. J'ai joué dans toutes les régions du pays et c'était vraiment important. Je suis restée au Canada pour aller à l'université. J'étais gardienne de but. J'aurais pu avoir une bourse aux États-Unis et je serais peut-être restée là-bas. Mais je suis fière d'être Canadienne et je suis contente d'être ici.
Il est beaucoup plus important de donner des espoirs et des rêves aux personnes handicapées et de les amener à participer à des activités de loisirs plutôt que de chercher à trouver des athlètes d'élite. Je crois qu'en faisant participer les jeunes et les jeunes adultes, nous serons en mesure de former un plus grand nombre d'athlètes d'élite.
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J'aimerais peut-être intervenir à ce moment-ci.
C'est intéressant, parce que dans l'équipe que nous avons envoyée à Rio, nous avions autant de femmes que d'hommes. Les deux sexes étaient représentés de manière égale parmi les athlètes.
C'est au niveau des entraîneurs qu'il y avait une différence, comme on l'a mentionné un peu plus tôt. Les femmes étaient moins nombreuses chez les entraîneurs. Nous avions 20 % de femmes et 80 % d'hommes dans les équipes d'entraîneurs. C'est parmi les entraîneurs que l'on pourrait attirer un plus grand nombre de femmes au niveau élite, comme par exemple dans l'équipe paralympique.
Mais au niveau de la participation, on constate une certaine égalité. C'est une statistique dont nous sommes très fiers, parce que nous avons pris les mesures appropriées pour encourager les athlètes féminines à participer à notre sport, à part égale avec les athlètes masculins.
Je crois que dans l'ensemble, nous devons rendre le sport plus accessible et plus visible pour l'ensemble de la population canadienne, soit par l'intermédiaire de programmes, comme l'a mentionné Whitney un peu plus tôt...
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Mon expérience est différente de celle d'Erica. J'ai eu de bien meilleures expériences avec mes entraîneurs masculins qu'avec mon entraîneuse.
Mon entraîneuse parlait par exemple du désir de fonder une famille. Dans mon cas, après Londres, j'avais décidé de prendre une année de repos pour avoir mon premier enfant. Je ne me sentais pas à l'aise d'en parler avec mon entraîneuse. J'ai fini par prendre cette année de congé et j'ai maintenant une petite fille de trois ans. J'ai pu revenir à la compétition et réaliser mon objectif de faire partie de l'équipe de Rio.
Au cours de ma préparation pour les Jeux de Rio, toute mon équipe d'entraîneurs de haut niveau était masculine. Je me sentais plus à l'aise de parler avec eux de mes objectifs pour les quatre prochaines années. Je prévois encore m'arrêter une année pour avoir un autre enfant.
Je sais que ce sont des choses personnelles et que nous avons besoin d'un plus grand nombre d'entraîneuses, mais dans mon cas personnel, j'ai eu de meilleures expériences avec des entraîneurs masculins, tant sur le plan personnel que sur le plan de la compétition.
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C'est une journée très riche en émotions. Merci, Erica.
Mon fils a entraîné une des athlètes paralympiques au niveau d'un club. À la maison, ce fut une grande journée pour nous hier. Vous savez, mon fils est entraîneur dans un club de natation, ou plutôt, il l'était, à Saskatoon et une des nageuses de notre province a eu une chance extraordinaire. Elle s'appelle Samantha Ryan. Je dois dire que tout le monde était aux petits soins avec elle. C'était une championne. Les entraîneurs ont fait un excellent travail, mais il leur manquait des entraîneuses et des nageuses de haut niveau. Il n'y en a pas dans notre province.
Mon fils de 26 ans a fait des compétitions et il semblait très impressionné par elle. Quel stress elle a dû vivre en juillet! De mon côté, j'ai de la chance, parce que j'ai fait du sport toute ma vie. J'ai parlé à mon fils. Elle a traversé une période très difficile en juillet, comme vous pouvez l'imaginer, vous autres les athlètes olympiques — le stress, le temps, l'entraînement. Pouvez-vous nous en parler?
C'est une chose que je ne vois pas souvent, mais dans ce cas-là, j'ai vu que mon fils traversait cette période difficile et qu'il avait besoin d'aide. Vous êtes des athlètes de haut niveau et pourtant, je me rappelle qu'il y a eu une crise en juillet, avant les Jeux paralympiques. Je n'étais pas certain qu'il serait capable d'en venir à bout, mais apparemment, il s'en est bien tiré.
Avez-vous des commentaires à faire à ce sujet, Erica ou quelqu'un d'autre?
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On fait une démarche très intéressante quand on décide d'aller aux Jeux olympiques ou paralympiques. J'ai décrit cette expérience à d'autres personnes en leur disant que c'est comme quelqu'un qui économiserait toute sa vie pour acheter une maison, qu'il remettrait toutes ses économies à un agent immobilier et qu'il n'aurait pas la maison.
Les athlètes sont à la tâche 24 heures par jour. Chaque décision que nous prenons est motivée par la performance et c'est extrêmement stressant. On est censé s'entraîner de cinq à six heures par jour. La plupart d'entre nous n'ont pas le temps d'occuper un emploi à temps partiel ou à temps plein pendant les années importantes, mais en attendant, on est quand même tenu de s'organiser pour payer le loyer et les dépenses. C'est stressant du point de vue financier. C'est difficile sur le plan mental, parce qu'on est séparé de ses amis et de sa famille la plus grande partie de l'année. Physiquement, c'est très exigeant. On est souvent fatigué et la fatigue physique a des incidences sur le plan émotionnel.
Honnêtement, je ne me rendais pas compte du stress que j'avais accumulé au cours des quatre dernières années, mais quand j'ai été prise dans l'équipe, j'ai pleuré pendant deux heures. Je ne me rendais pas compte à quel point j'étais stressée et je ne savais même pas pourquoi je pleurais — je savais que je pleurais, c'est tout. C'est à ce moment-là que j'ai compris combien c'était stressant de s'entraîner en vue de faire partie d'une équipe olympique ou paralympique.
Je pense toujours aux athlètes qui n'ont pas réussi à être sélectionnés et j'ai beaucoup de compassion pour eux, parce qu'ils se sont entraînés comme les autres. C'est tout simplement que le choix n'a pas été en leur faveur.
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À vrai dire, je n'ai pas beaucoup joué avec Amy. C'était un peu avant moi. Quatre ans, c'est long, mais cela passe vraiment vite.
Quand je pense à tout ce qui s'est passé entre les Jeux de Londres et ceux de Rio... J'avais dû prendre mon congé de maternité pendant ma grossesse, parce que je ne pouvais pas physiquement jouer au goalball. On ne peut pas prendre le risque de se faire frapper par le ballon. Ce n'est pas idéal pour un bébé en pleine formation. Ensuite, j'ai dû me remettre à l'entraînement. Ma fille est née à la fin du mois de mai et j'étais de retour à l'entraînement pendant l'été, avant de reprendre pour la saison des compétitions en septembre ou octobre. J'emmenais mon bébé de trois ou quatre mois avec moi en voyage, aux tournois et aux entraînements.
À la fatigue et au stress d'un athlète de haut niveau, j'ajoutais la responsabilité d'avoir à m'occuper d'un bébé. Si c'était à refaire, je ne changerais rien, mais tout cela venait s'ajouter au fait que je vis avec une déficience visuelle et que je devais m'entraîner, comme nous le faisons tous, environ une vingtaine d'heures par semaine. Comme nous ne conduisons pas et que nous sommes transportés en bus partout où nous allons, je dois passer une ou deux heures par jour en bus, en plus de faire l'entraînement. Je n'ai pas le temps de travailler et d'élever ma fille. Les gens ne se rendent pas compte de la fatigue mentale que peut ressentir un athlète de haut niveau, en particulier s'il est atteint d'une déficience. Ce sont des difficultés supplémentaires à surmonter.
Ensuite, quand on est sélectionné pour les Jeux paralympiques, on est content d'avoir atteint son objectif. Mais après, si la victoire nous échappe, tout dégringole... Je me souviens, lorsque nous avons perdu en quarts de finale à Rio, j'ai commencé à me poser des questions sur les quatre années à venir. Que dois-je faire? Vais-je prendre une année de repos? Vais-je avoir un autre bébé? Dois-je attendre que les Jeux de Tokyo soient passés? Est-ce que je veux aller à Tokyo? Est-ce que je suis prête à prendre un tel engagement? Cela se passait littéralement six heures après que nous ayons perdu notre match et j'étais déjà en train de planifier les quatre prochaines années de ma vie.
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Je tiens à vous remercier tous d'être venus aujourd'hui.
Comme mes collègues l'ont déjà mentionné, cette rencontre a été extrêmement inspirante pour nous également. Je tiens simplement à le rappeler et j'ai le privilège de le faire puisque je préside la séance aujourd'hui.
Vous avez toutes dit, comme M. Samson l'a souligné, que vous êtes fières d'être ici aujourd'hui. Je dois réitérer son commentaire. Nous sommes extrêmement fiers de vous avoir parmi nous aujourd'hui et d'entendre vos recommandations et vos commentaires à propos des processus éducatifs et autres. Dans notre rapport, nous nous pencherons sur ces pistes de réflexion pour faire en sorte que les femmes soient plus présentes dans les sports, surtout dans les sports paralympiques.
Je vous félicite toutes d'être venues témoigner et d'être d'extraordinaires modèles pour nous également.
Des voix: Bravo, bravo!
Le vice-président (M. Larry Maguire): Cela étant dit, la séance est levée.