[Français]
Je constate que nous sommes tous de retour.
Bonjour tout le monde. Je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
Ceci est la 98e séance du Comité permanent du patrimoine canadien. Nous poursuivons notre étude sur l'état des musées canadiens.
[Français]
Deux témoins sont avec nous par vidéoconférence:
[Traduction]
de l'Associaition des musées de l'Ontario, nous avons Marie Lalonde, directrice générale. Bonjour.
[Français]
Il y aussi Mme Carol Pauzé, du Musée de l'ingéniosité J. Armand Bombardier.
Bonjour.
Notre troisième témoin, M. Pierre Wilson, du Musée des maîtres et artisans du Québec, est ici avec nous.
Bonjour.
Mesdames Lalonde et Pauzé, nous n'avons pas vos notes. Je vous demanderais donc de parler lentement pour que les interprètes puissent bien comprendre ce que vous dites.
Merci.
Nous allons commencer par les conférenciers situés à Valcourt et à Toronto.
Mesdames, vous avez la parole pour 10 minutes.
Nous pouvons commencer par Mme Marie Lalonde.
[Traduction]
Bonjour à tous. Veuillez excuser la raucité de ma voix. J'ai un reste de grippe, mais cela ne nuit en rien à mon enthousiasme.
Merci à vous, madame la présidente, ainsi qu'aux membres du Comité de me donner cette occasion de vous parler aujourd'hui de l'état des musées canadiens.
L'Association des musées de l'Ontario, l'AMO, est la principale organisation professionnelle de l'Ontario qui travaille à l'avancement d'un secteur muséal fort, collaboratif et inclusif, un élément essentiel de la vie communautaire et de mieux-vivre des Ontariens. L'AMO a comme mission de renforcer les capacités parmi les institutions et les individus actifs dans le secteur muséal de l’Ontario. L'Association soutient l'excellence et le recours aux pratiques exemplaires, et elle s'efforce d'améliorer la communication et la collaboration entre ses membres. L'AMO fait valoir le rôle important que les musées ontariens jouent dans la société, travaillant pour ce faire avec toutes les parties concernées, les secteurs et industries connexes ainsi que d'autres organismes professionnels. Nous offrons aussi le seul cours à temps partiel de l'Ontario pour l'obtention d'un certificat en muséologie.
L'Ontario est la province qui compte le plus de musées. On y recense en effet plus de 700 musées, galeries d'art et sites patrimoniaux, dont 400 musées dument reconnus comme tels. Ces institutions donnent du travail à 10 000 professionnels et occupent 33 000 bénévoles. Collectivement, ces bénévoles des musées et des galeries d'art travaillent chaque année plus de 1,5 million d'heures. Chaque année, les musées ontariens enregistrent 17,5 millions de visites; 48 % des Ontariens visitent un musée ou une galerie d'art tous les ans; 81 % des visiteurs des musées de l'Ontario sont de la province, et 55 % sont de la région environnante; 88 % des musées permettent aux visiteurs d'entrer gratuitement à certaines heures. Il y a chaque année plus de 40 000 visites en provenance des écoles, et beaucoup d'entre elles sont des visites qui regroupent plus d'une classe. Bien entendu, une bonne partie de ces classes comptent plus de 15 étudiants ou écoliers. Enfin, soulignons que les musées de l'Ontario enregistrent chaque année 74 millions de visites en ligne.
Ce que ces chiffres indiquent sans équivoque, c'est que les Canadiens s'intéressent aux musées, qu'ils les aiment et qu'ils ont besoin de bons musées. Les Canadiens ont fait savoir qu'ils aiment les musées. C'est un thème qui a été repris par beaucoup d'autres présentateurs et qu'étayent de nombreux sondages publics. Les Canadiens veulent que les musées soient financés publiquement.
Les musées sont aussi une partie intégrale du dynamique secteur culturel de l'Ontario. Ce secteur contribue directement à hauteur de 25,3 milliards de dollars au PIB de la province, et près de 4 % de ce montant est attribuable aux musées. Selon l'enquête réalisée par Patrimoine canadien en 2015 — qui sera mis à jour bientôt, semble-t-il —, le revenu total des institutions patrimoniales au Canada a atteint le montant record de 2,12 milliards de dollars en 2013. Il s'agissait d'une augmentation de 3 % par rapport à 2011, et il semblerait que c'est une tendance qui se poursuit. Les trois provinces qui ont le plus contribué aux revenus de ce secteur sont, en premier lieu, l'Ontario, à 41 %, suivi du Québec, à 26,4 % et de l'Alberta, à 10 %.
Ce qui est très important et que j'aimerais porter à l'attention du Comité, c'est qu'au cours des deux dernières années, l'OMA et les musées de l'Ontario ont effectué une étude sectorielle exhaustive pour définir une vision ou une feuille de route pour nos musées. L'étude a été réalisée par un groupe de travail composé de directeurs de musée de l'Ontario ainsi que de personnes issues de différents milieux muséaux et de diverses régions, et possédant une notion des enjeux propres aux musées ontariens. Cet exercice s'est inspiré d'initiatives internationales notoires du secteur muséal, comme celles qui se sont déroulées au Royaume-Uni et au Pays de Galles. Outre les consultations dans l'ensemble du secteur, des entretiens ont été réalisés auprès d'intervenants clés du gouvernement, d'organismes patrimoniaux provinciaux, d'associations du domaine bibliothécaire, de conseils des arts, de la Fiducie du patrimoine ontarien, d'organisations des services touristiques et de nombreux autres partenaires du secteur culturel. S'ajoutent à cela les centaines de réponses obtenues dans le cadre des sondages effectués par les musées de l'Ontario ainsi que les données recueillies au sujet de nos musées.
Tous ces efforts veilleront à fournir une base solide sur laquelle les musées pourront s'appuyer pour donner corps à cette vision. L'étude s'est soldée par la rédaction de deux documents clés que l'AMO est fière de soumettre au Comité. Le premier s'intitule Musées de l’Ontario 2025: Vision et plan d’action stratégiques, et si vous me le permettez, je vais le brandir ici pour vous, devant la caméra. Nous avons été fiers de présenter ce document à la présidente du Comité, madame Dabrusin ainsi qu'a M. Van Loan, lors de nos visites de 2016, si je ne m'abuse. Nous soumettons également le document intitulé Les musées de l’Ontario: profil de 2014, qui fait état des plus récents renseignements que nous avons au sujet de nos musées. Ce document a été préparé par la société Hill Strategies.
Le document Musées de l'Ontario 2025 expose le plan sectoriel qui a été conçu pour assurer que les musées continuent de jouer un rôle central dans la création de collectivités dynamiques, de contribuer à une économie du savoir prospère et de créer de la valeur pour l'ensemble des contribuables. Cette approche veillera à faire en sorte que le secteur devienne de plus en plus pertinent pour tous les Ontariens et tous les Canadiens.
Pour la mise en oeuvre de cette vision et de ce plan d'action, le groupe de travail préconise une approche progressive, reconnaissant en cela les défis associés à la charge de travail actuelle des travailleurs du secteur muséal et les ressources limitées dont ce secteur dispose. Tenant compte des commentaires reçus, le plan d'action recommande que les objectifs et les mesures suivantes soient étalés sur les 10 prochaines années: la création de musées dynamiques et vivants, la mise en place d'un personnel efficace et collaboratif, la constitution de collections pertinentes et essentielles, et l'édification d'un secteur robuste et performant.
Pour chacun de ces thèmes, nous avons défini une « vision 2025 », c'est-à-dire un portrait de ce à quoi les musées devraient ressembler cette année-là, ainsi que des étapes et des réalisations précises concernant la façon d'y arriver. Musées de l'Ontario 2025 préconise une nouvelle forme de collaboration et de nouvelles approches en ce qui a trait au travail des musées. En outre, le plan d'action cerne avec force détail les instances qui possèdent l'autorité voulue ou qui doivent être mises à contribution pour assurer la réussite de toutes les mesures envisagées, qu'il s'agisse d'intervenants gouvernementaux, des musées proprement dits, de l'AMO en tant qu'association ou d'acteurs du secteur privé.
Les mesures recommandées pour la création de musées dynamiques et vivants comprennent la mise au point d'outils, de stratégies et de pratiques exemplaires qui permettront aux musées de consulter leurs communautés et de faciliter la participation à leur planification et à leurs travaux, ainsi que l'utilisation de la technologie numérique et des médias sociaux pour créer des réseaux qui permettront au public d'avoir accès aux collections, aux programmes, aux ressources et au personnel.
Pour la mise en place d'un personnel efficace et collaboratif, nous comptons mettre au point des outils, des stratégies et des pratiques exemplaires pour augmenter la capacité et améliorer l'efficacité des musées. Pour favoriser l'accessibilité, la diversité et l'inclusion, nous devons constituer une capacité de recherche, offrir des postes significatifs et fournir des occasions d'acquérir des compétences.
Pour constituer des collections pertinentes et essentielles, nous voulons élaborer une approche de gestion coordonnée des collections et veiller à ce que nos collections soient représentatives de la diversité de notre pays. Nous voulons élaborer des modèles pour assurer le partage des espaces, des ressources et de la prestation des services. Enfin, nous voulons travailler avec les gouvernements pour sensibiliser les intervenants à converger vers des valeurs communes afin d'aider les musées à élaborer une nouvelle stratégie de financement, à sensibiliser le public et à faire leur propre promotion.
En conclusion, sachez que nous sommes d'accord avec la plupart des autres présentateurs: nous avons besoin d'une nouvelle politique muséale, de nouveaux programmes de financement qui tiendront compte du contexte dans lequel fonctionnent les musées à l'heure actuelle, ainsi que d'un financement de fonctionnement pluriannuel adéquat et bonifié. L'AMO aimerait notamment recommander que soit reconnue la place active que devraient jouer les associations muséales provinciales, territoriales et nationales dans l'élaboration des politiques et des programmes de financement. Nous sommes d'avis que les associations muséales devraient être des partenaires centraux pour l'édification et le renforcement du secteur muséal du Canada. C'est dans cette optique que nous vous soumettons ces deux documents essentiels et que nous vous demandons de placer ces documents au centre de vos discussions et rapports futurs concernant l'avenir des musées canadiens.
Je vous remercie sincèrement de l'occasion que vous nous avez donnée aujourd'hui de nous adresser au Comité.
Merci.
Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner sur la situation des petits musées en région.
Je ne représente pas l'ensemble des musées, mais bien le Musée de l'ingéniosité J. Armand Bombardier, qui est situé à Valcourt, dans les Cantons-de-l'Est.
Inauguré en 1971, ce musée a été complètement renouvelé en 2016. Sa particularité, c'est qu'il est administré par la Fondation J. Armand Bombardier. Il ne reçoit donc aucune subvention de quelque organisme, gouvernemental ou municipal, que ce soit.
L'état de la situation que je vous présente est basé sur des discussions que j'ai eues avec des collègues d'autres musées et sur une enquête menée par la Société des musées québécois.
Parmi les points importants qui ont ressorti, il y a évidemment le financement. Je ne vous cache pas que la réduction et la non-indexation du financement nécessaire au fonctionnement et au renouvellement des expositions permanentes et temporaires rendent la situation difficile pour les musées du Québec. Cela met en péril l'existence de certaines institutions muséales et de certains centres d'interprétation, qui ont de plus en plus de difficulté à survivre dans un contexte déjà difficile.
Il est ardu d'obtenir davantage de revenus autonomes. Les musées sont en concurrence avec le milieu de la culture en général ainsi qu'avec l'offre en matière de loisirs. En région, la distance crée des barrières et donne souvent lieu à un achalandage qui demeure saisonnier. La plupart du temps, l'achalandage local ne suffit pas à procurer l'aide nécessaire au fonctionnement des musées. Nous misons donc beaucoup sur l'achalandage saisonnier. Par contre, celui-ci est tributaire de la météo, du coût de l'essence et de plusieurs autres facteurs.
Qu'ils soient des touristes ou qu'ils se trouvent dans la région en excursion, les visiteurs saisonniers sont intéressés, mais exigeants. Ils ont de grandes attentes puisqu'ils visitent plusieurs endroits et voient bien des choses. Ils recherchent une expérience qui sorte de l'ordinaire, ce qui signifie que les musées doivent se renouveler. C'est ce que nous souhaitons tous faire, mais cela exige des ressources tant humaines que financières.
On pourrait demander aux musées de se tourner vers le financement privé. Encore une fois, le bassin de donateurs est encore plus limité en région que dans les grands centres. De plus, la culture philanthropique est peu développée au Québec par rapport au reste du Canada. Ce n'est donc pas une avenue facile pour les organisations qui cherchent du financement.
Il demeure toujours la possibilité de recourir aux commandites, mais les grandes entreprises sont très sollicitées, et certaines vont jusqu'à se désengager. En outre, elles ne sont pas très nombreuses en région. La sollicitation de commandites demande des compétences qui, souvent, ne font pas partie de celles des gestionnaires de petites institutions régionales, qui sont appelés à s'occuper de tout. Ce sont des spécialistes en muséologie, pas nécessairement en sollicitation de commandites, bien qu'ils doivent en faire.
Longtemps considéré comme une vache à lait pour générer des revenus, le milieu scolaire est instable et peu enclin à visiter les institutions. La visite au musée n'est pas obligatoire; c'est un choix parmi tant d'autres. Il faut faire beaucoup de sollicitations pour attirer les écoles. De plus, le coût du transport en région est élevé — peut-être même plus élevé que le tarif d'entrée au musée —, ce qui représente un frein. Les écoles privilégient les organismes culturels ou les institutions qui se déplacent chez elles. Ce ne sont pas toutes les institutions qui ont le personnel et les ressources suffisantes pour pouvoir se déplacer d'un endroit à l'autre.
La méconnaissance du rôle et de l'impact du musée sont aussi des enjeux. Le musée est au centre de la vie culturelle d'une région; il est synonyme d'authenticité, de vérité et d'autorité. Pourtant, il y a peu d'engagement de la part des municipalités, ou il est inégal. Certaines institutions bénéficient d'un appui, alors que d'autres n'en ont pas du tout. Pourtant, les musées sont un attrait touristique majeur dans la plupart des cas, un produit d'appel, mais encore une fois ils ne sont pas reconnus à ce titre.
Le ministère du Tourisme ou les associations touristiques n'ont pas tendance à considérer ce qu'offrent les musées. Les paysages et la gastronomie sont mis en valeur, mais le patrimoine l'est moins. Pourtant, selon les enquêtes, les personnes qui sont en excursion et les touristes sont friands des visites dans les institutions muséales.
Un autre enjeu est lié aux ressources humaines. Il est difficile de recruter du personnel et les salaires sont bas. Les personnes qui sont embauchées sont donc souvent sous-payées en région. Plusieurs petites institutions fonctionnent par projets ou par programmes, ce qui signifie que les emplois sont offerts à court terme, et non à long terme. J'ai déjà vu des affichages de postes de chargés de projets demandant des étudiants ayant une maîtrise en muséologie, mais on les rémunérait au salaire minimum. Cette situation n'est donc pas très intéressante, et peu de gens présentent leur candidature à ces postes.
Comme je l'ai déjà mentionné, il y a une situation de précarité, compte tenu de la nature temporaire et instable des emplois. Les conditions de travail sont parfois inéquitables. Il n'y a pas d'avantages sociaux. Il n'y a pas d'équité salariale, le salaire n'étant pas égal à celui des emplois offerts dans les musées municipaux ou nationaux. C'est varié. Il y a des institutions qui offrent de bonnes conditions, des conditions raisonnables, mais d'autres n'ont pas les moyens de les offrir. Il y a peu de relève. La main-d'oeuvre est difficile à recruter. Les postes sont contractuels et les salaires ne sont pas toujours compétitifs.
Encore une fois, le fait de travailler en région entraîne des coûts d'installation et de développement. Il faut que les jeunes aient une voiture, ce qui n'est pas le cas de ceux qui vivent en ville. Comme chacun le sait, les jeunes qui sont qualifiés quittent les régions pour aller s'établir dans les grands centres. Par contre, les petites institutions ont besoin de personnel polyvalent compte tenu du peu de ressources qu'ils possèdent. La main-d'oeuvre qualifiée est parfois disponible, mais pas toujours. Il faut des gens qui sont prêts à toucher à tout. On ne peut toutefois pas se permettre d'avoir un grand bassin de personnel à qui l'on demande de tout faire.
On a aussi besoin de formation en région pour développer les compétences numériques nécessaires au virage, autant en muséologie, qu'en muséographie et en gestion. Le déplacement vers les grands centres pour assister à de la formation demande du temps et de l'argent. La fragmentation du réseau muséal et les différentes dispositions qui ont été prises par le gouvernement du Québec, entre autres, suscitent de l'inquiétude quant à la perte de diversité. Certains lieux et centres d'interprétation ne sont plus financés par le ministère de la Culture et des Communications, et ils ne sont plus admissibles à certains programmes, ce qui met en péril de petites et de très petites institutions.
Je souligne aussi une mise à l'écart des institutions muséales à caractère scientifique. Ces dernières ne sont plus subventionnées par le ministère de la Culture et des Communications. Elles peuvent l'être par certains programmes du gouvernement du Canada, mais elles ne le sont plus par le gouvernement du Québec. Encore une fois, cela met en péril des institutions.
Pour terminer, je dirais que la disponibilité des ressources en région est évidemment moins grande que dans les grands centres. Par ailleurs, les technologies numériques sont une avenue séduisante qui peut offrir des possibilités de diffusion, d'ouverture et d'accessibilité, mais cela demande du financement, une expertise et des ressources accrues. Il y a un rattrapage numérique à faire, mais il est présentement difficile à réaliser.
Il faut continuer de préserver et de conserver les collections, mais il n'y a pas de réserve d'envergure régionale. Il y a de grandes réserves dans les grands centres, mais il n'y en a pas en région.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour tout le monde.
Je suis Pierre Wilson, directeur du Musée des maîtres et artisans du Québec, ou MMAQ. Je suis ici à titre personnel et je ne représente aucun regroupement, quel qu'il soit.
Depuis le temps que le Comité étudie l'état des musées, en mettant l'accent sur les petits musées, j'imagine que vous avez déjà une bonne idée de l'importance des musées en chiffres — Mme Lalonde vous en a d'ailleurs donné quelques-uns. Cependant, n'oubliez pas que les musées sont essentiels à la préservation et à la construction de notre histoire, de même qu'à la création d'un sentiment d'appartenance. À cet égard, notre musée est un bon exemple.
Le MMAQ est situé à Saint-Laurent, où 55 % de la population n'est pas née au Canada. Si l'on inclut les enfants, cette proportion atteint 90 %. Nous essayons d'amener les populations locales et les regroupements de toute la diversité à exposer leurs objets au MMAQ afin de créer chez eux un certain sentiment d'appartenance. Mais ce n'est pas de cela que je veux vous entretenir aujourd'hui.
Certains d'entre vous ont peut-être eu la chance de lire le magnifique rapport de quelque 200 pages qui a été commandé par le gouvernement du Québec, qui est évidemment en français. M. Corbo était le président du Groupe de travail sur l'avenir du réseau muséal québécois qui a produit ce rapport. Ce dernier résume très bien la situation financière particulièrement difficile des musées au Québec et il propose des solutions. Il a été déposé en octobre 2013 et, comme tous les bons rapports, il a été tabletté.
Je vais maintenant parler des subventions destinées à l'aide au fonctionnement des musées. Au Québec, il y a des musées reconnus et soutenus, et il y en a d'autres qui sont reconnus, mais non soutenus. Les institutions muséales englobent les vrais musées, ceux qui ont des collections. La mission première d'un musée est d'avoir une collection et de la préserver, comme je l'expliquais à quelqu'un tantôt. La mission « zéro » d'un musée est de durer longtemps, d'être éternel. C'est la seule entreprise humaine ayant pour objectif de base de durer. Quand les gens nous donnent des objets, ils nous demandent de les conserver pour la postérité. Or la postérité, c'est long.
Le premier tableau fait état des subventions accordées à notre musée en 1995 par le ministère de la Culture et des Communications du Québec, l'arrondissement Saint-Laurent et le Conseil des arts de Montréal, ou CAM. Ces trois subventions sont, respectivement, de 159 000 $, de 85 000 $ et de 28 000 $. La subvention qui a le plus augmenté est celle accordée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec: elle est de 204 000 $ en 2017. La subvention de l'arrondissement s'élevant à 85 000 $ n'a pas changé depuis 1995, mais celle du CAM a augmenté un peu pour s'établir à 30 000 $.
Il nous manque aujourd'hui 80 000 $ sur un budget de 800 000 $. Cela représente 10 %, ce qui est énorme. Nous devons donc changer un peu la part composée de nos revenus autonomes et celle de nos subventions destinées à l'aide au fonctionnement. Je vais aussi vous parler plus tard des subventions visant les projets.
Les chiffres que je vais citer maintenant viennent du deuxième tableau.
La part des revenus autonomes des musées au Québec était de 50,9 % en 2007 et de 53 % en 2011. Les revenus autonomes montrent une tendance à la hausse, alors que les revenus provenant du fédéral, des provinces et des municipalités diminuent lentement. Évidemment, cette diminution est attribuable à la non-indexation de nos subventions.
La situation est la même quant à notre musée: la proportion de nos revenus autonomes est passée de 21 % en 2010 à 30 % en 2017. Pour les mêmes années, les subventions du Québec ont diminué, passant de 48 % à 43 %. Quant à celles du gouvernement fédéral, elles ont augmenté, passant de 3 % à 4 % — merci beaucoup. Du côté municipal, elles ont diminué, passant de 28 % à 14 %. Les subventions fédérales ne sont pas très élevées. Ce n'est que dans la foulée de petits programmes d'aide aux musées que nous pouvons avoir des subventions.
Je vais vous parler très honnêtement des salaires qui sont versés au personnel de notre musée. Voici les taux horaires, ainsi que les données sur les années d'ancienneté et sur la scolarité.
Je suis directeur du musée. Je suis titulaire d'un baccalauréat et j'occupe ce poste depuis 15 ans. Je gagne 26 $ l'heure. Mon adjointe administrative, qui a un DEC, est chez nous depuis 21 ans et gagne 24,40 $ l'heure. La responsable des services exécutifs, qui a une maîtrise et qui cumule sept années d'ancienneté, gagne 20,30 $ l'heure. On s'entend pour dire que ce ne sont pas là de gros salaires. La responsable des communications gagne 17 $ l'heure, la conservatrice par intérim, 17 $ l'heure, la coordonnatrice aux expositions, 18,35 $ l'heure, et la conservatrice en titre, 21,98 $ l'heure. Je précise que toutes ces personnes ont obtenu une maîtrise. Compte tenu de tels salaires, on peut dire qu'elles sont là parce qu'elles sont passionnées.
Nous réussissons à les garder assez longtemps. Par exemple, certaines y sont depuis 15 ans, d'autres depuis 7 ans. Notre personnel reste parce qu'il a beaucoup de plaisir. En effet, pour la plupart de mes employés, ce plaisir équivaut en partie à une forme de salaire. Du moins, c'est l'argument que j'invoque pour qu'ils restent chez nous.
Par ailleurs, nous n'avons pas de fonds de pension. Je prends ma retraite au mois de juin, et je n'ai réussi qu'à cotiser à un REER. C'est tout ce que j'ai. Je n'ai rien d'autre, mis à part le Régime de pensions du Canada — encore une fois, merci beaucoup. C'est tout ce que je vais avoir pour toutes ces années de travail que j'ai consacrées au domaine culturel. Après 15 ans de service dans un musée, je n'ai pas de fonds de pension. Ce que je vous dis vaut non seulement pour notre musée, qui est de petite taille, ou de taille moyenne, mais aussi pour tous les autres musées. J'en connais qui sont gérés par des bénévoles, lesquels ne touchent évidemment aucun salaire.
L'évolution du pourcentage des subventions destinées à l'aide au fonctionnement — c'est-à-dire qui concerne la mission — et à l'aide aux projets est l'un des problèmes que, pour ma part, je considère comme étant de grande importance et que vous devriez aborder.
Pour ce qui est des subventions destinées à l'aide au fonctionnement, ce sont des subventions visant la mission et nous devons bien sûr produire des rapports à cet égard. Cependant, c'est nous qui tenons la situation en main quant à notre mission et à ce que nous faisons grâce à cet argent.
Par contre, dans le cas des subventions destinées aux projets, la décision de les accorder ou non dépend souvent d'une orientation politique, comme dans l'exemple du numérique. Les projets numériques dans les musées résultent carrément de la volonté politique. En effet, les fonctionnaires responsables des budgets reçoivent la consigne de dégager des millions de dollars et de créer des programmes de subventions permettant aux musées de financer des projets touchant au numérique.
Pendant ce temps, nous éprouvons quelques difficultés sur le plan du fonctionnement. Nous sommes obligés de passer par là, et nous comprenons que ce soit important et que les politiciens veuillent aussi un peu « gouverner » et diriger. Pourtant, en matière de fonctionnement, c'est notre mission qui écope. En 2010, 71 % de nos budgets de fonctionnement provenaient du gouvernement, mais seulement 54 % en 2017. En 2010, le gouvernement nous accordait 29 % de nos budgets de projets, contre 46 % en 2017. Il s'est donc produit un énorme glissement vers plus de contrôle de la part des gouvernements. En effet, plus vous donnez pour les programmes, plus le contrôle politique devient important. Plus vous subventionnez la mission, plus nous sommes capables de juger ce que nous devons faire. Nous sommes des diffuseurs, et c'est à nous de décider de nos expositions et de nos collections, ce que nous sommes censés être capables de faire.
En résumé, notre travail est en grande partie détourné de notre mission muséale pour être consacré à la recherche de nouvelles sources de financement, ce qui soulève un risque élevé de réduction des services.
Au musée, nous nous sommes débrouillés pour dégager des économies importantes et trouver d'autres sources de revenus autonomes. Nous gérons une salle d'exposition en arts visuels, ce qui ne fait pas partie de notre mission — qui touche plutôt les métiers d'arts — parce que nous sommes capables de le faire. Nous générons de cette façon des revenus qui nous permettent d'absorber la hausse des coûts découlant de l'inflation, comme le ferait une entreprise.
Prenez l'exemple d'un budget de 800 000 dollars et d'un taux d'inflation de 2 %. L'augmentation des coûts pour l'année prochaine serait de 16 000 dollars. Cette inflation se répercute sur les salaires que nous versons au personnel, et nous devons aussi assumer toutes les autres dépenses, comme le loyer de la chapelle. Personne ne m'aide à faire des économies sur ces autres dépenses. Dans mon exemple, l'inflation équivaudrait à 16 000 dollars pour la première année, à 32 000 dollars pour la deuxième, et à 48 000 dollars pour la troisième. C'est beaucoup d'argent!
Tout ce que nous voulons, et ce, depuis tellement longtemps que nous nous demandons si quelqu'un nous écoute, c'est que nos subventions soient indexées par rapport aux montants de 1995. Nous recommandons également que la loi prévoie l'indexation annuelle de nos subventions destinées à l'aide au fonctionnement pour qu'elles reflètent l'inflation.
Je vous remercie beaucoup.
:
Merci, madame la présidente.
Merci à chacun de nos témoins d'être présents aujourd'hui. Vous nous avez fourni de l'excellente information et j'ai pris tellement de notes que je pourrais vous poser des questions pendant une heure. Mais plusieurs députés autour de la table vont prendre la relève.
Permettez-moi de poser mes questions à Mme Pauzé, du Musée de l'ingéniosité J. Armand Bombardier, lequel se trouve dans ma circonscription.
Madame Pauzé, merci d'avoir accepté notre invitation aujourd'hui, d'autant plus que notre étude met l'accent sur les musées locaux, en région. Or, il n'y a pas de musée plus local que le Musée J. Armand Bombardier. Comme vous l'avez dit, c'est un musée qui a été renouvelé en 2016, et cela de très belle façon à mon avis. J'ai d'ailleurs eu la chance d'aller le visiter à quelques reprises. Vous avez intégré avec beaucoup de succès les technologies, l'ingénierie et la création. Le Musée J. Armand Bombardier est un musée que je qualifierais de 5 étoiles, et j'invite tous mes collègues autour de la table à aller le visiter s'ils se trouvent dans les Cantons-de-l'Est. C'est un musée extraordinaire et un secret bien gardé, mais qu'il faut faire connaître le plus possible dans toute notre province et partout au Canada.
Vous avez beaucoup parlé des défis et des problèmes auxquels vous devez faire face, et je pense qu'ils sont très représentatifs de la situation qui existe dans l'ensemble des musées locaux. Il y a cependant différents programmes à Patrimoine canadien. J'aurais quelques questions à vous poser, et je vous laisserai répondre par la suite.
Avez-vous déjà fait appel à l'un ou à l'autre des programmes de Patrimoine canadien? Ces programmes ont-ils répondu à vos besoins? Et surtout, quelles suggestions avez-vous à nous faire? Nous cherchons à savoir si ces programmes sont utiles aux musées locaux. Les changeriez-vous? Quels types de programmes voudriez-vous que nous mettions en place?
:
Vous avez de bonnes questions, Monsieur Breton. Merci de la publicité faite au musée.
En effet, le musée a obtenu une subvention dernièrement dans le cadre du programme d'aide aux musées pour la circulation d'une exposition temporaire qui va être lancée bientôt.
C'était la première fois que le musée obtenait une subvention. Je suis en poste depuis deux ans et je ne crois pas que le musée ait fait beaucoup de demandes de subventions au cours des années précédentes. En raison de son statut de musée presque privé, puisque son fonctionnement est financé à 100 % par la Fondation, il est parfois difficile d'obtenir des subventions. Toutefois, oui, c'est possible, grâce au programme d'aide aux musées.
À savoir si la subvention répond à des besoins, elle répond certainement aux nôtres, et elle nous permet de mettre en circulation une exposition dont la réalisation s'appuyait sur un budget de base. Cependant, nous n'avions certainement pas de budget pour fabriquer des caisses pour que l'exposition résiste mieux aux voyages dans tout le Canada. Surtout, ce programme permet à d'autres institutions de recevoir cette exposition à peu de frais. Certains musées au Canada vont pouvoir accueillir une exposition à un coût de location de 8 000 dollars, alors que, sur le marché commercial, le marché de la location d'expositions, il en coûterait 35 000 dollars, au minimum, pour la recevoir. Alors, oui, c'est utile et il faut continuer.
Nous sommes aussi admissibles à une exposition au Musée virtuel du Canada. Nous avons fait une demande et nous attendons une réponse. Je ne peux pas vous dire si cela va répondre à nos besoins, mais cela serait utile, si nous l'obtenions, évidemment.
Qu'est ce qui pourrait être modifié? Il est certain que c'est très exigeant de présenter des demandes de subventions. Nous comprenons qu'il faut montrer patte blanche, montrer que nous avons notre projet bien en selle, que nous connaissons toutes les données. Cependant, déposer une demande de subvention représente beaucoup de travail et c'est beaucoup de travail de « rendre des comptes ». Si cela pouvait être facilité, je pense que cela nous aiderait beaucoup.
De plus, les règles sont parfois plus ou moins claires, à savoir ce qu'il est permis ou non de demander. Peut-être que cela pourrait aussi être rendu plus facile. Je ne connais pas le budget global d'aide aux musées, mais nous sommes évidemment beaucoup d'appelés et peu d'élus. Je me souviens que, dans le cas de la subvention que nous avons obtenue, on nous avait dit qu'il y avait beaucoup de demandes provenant de partout au Canada et qu'on voulait une équité entre les provinces. Peu de projets vont donc être choisis dans chaque province, compte tenu de l'enveloppe globale. Si il y a quelque chose à améliorer aussi, c'est la taille de l'enveloppe budgétaire. Comme le disait mon collègue Pierre Wilson, que je salue, les montants alloués à tous ces programmes n'ont pas été indexés depuis de nombreuses années. Il y a évidemment du travail à faire en ce sens.
:
Merci de poser la question. Ce serait effectivement un outil des plus utiles.
Comme l'a dit Mme Pauzé, l'expérience américaine en matière de philanthropie et de dons est extrêmement différente de celle que nous avons au Canada. Nous avons des donneurs généreux, mais nous n'avons pas le même volume qu'eux, pas les mêmes traditions.
Or, les outils qui se sont révélés très efficaces pour encourager les dons personnels et pour stimuler les dons des sociétés et la philanthropie en général sont précisément les types de fondations que vous venez d'évoquer, notamment ces programmes qui étaient accessibles pour le secteur des arts de la scène, mais pas pour les organismes patrimoniaux et les musées.
Dans cette optique, on pourrait très bien penser, voire recommander, que lorsque des solutions particulières sont envisagées pour les politiques en matière de patrimoine, la démarche devrait être englobante, c'est-à-dire que tous les intervenants du domaine de la culture devraient se voir offrir les mêmes avantages.
Je sais que c'est quelque chose qui a été mis de l'avant par nos collègues de l'Association des musées canadiens, de même que par des organismes plus modestes, comme l'Association of Nova Scotia Museums. Il s'agit d'outils très importants qui pourraient profiter à tout le monde.
Si je peux ajouter quelque chose au bénéfice du Comité, je dirais que la situation décrite par Mme Pauzé en ce qui concerne le musée qu'elle représente aujourd'hui et la situation rapportée par M. Wilson sont des exemples manifestes de ce qui se passe à l'échelle du pays. Des quelque 400 musées ontariens qui font partie de notre association, 200 ont un budget annuel de moins de 200 000 $.
Lorsqu'il s'agit d'optimiser l'usage des ressources et d'augmenter les recettes, les musées ne sont pas en reste. Le financement destiné au fonctionnement est ce qui aide le mieux les musées à se surpasser et à offrir la meilleure expérience possible à tous leurs visiteurs.
Merci.
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C'est une excellente question. Je pourrais ajouter à ce sujet qu'il y a au Québec un programme qui permet l'appariement, selon la taille du budget. Il s'agit de Mécénat Placements Culture. Nous, les plus petits musées, pouvons nous en prévaloir, mais le problème est que nous devons mettre nous-même notre fondation sur pied et trouver des fonds.
Si j'utilise l'analogie du miroir, je me demande pourquoi le gouvernement du Canada et ceux des provinces ne créeraient pas un fonds particulier qui permettrait aux donateurs de donner et au gouvernement d'apparier le financement. Un fonds pourrait ainsi être créé pour subventionner le fonctionnement des plus petites institutions.
Pour ce qui est de Carol et de la Fondation J. Armand Bombardier, celle-ci finance déjà le musée, mais il pourrait être intéressant pour elle que la Fondation investisse un peu plus d'argent et le fasse apparier. Pour ma part, en revanche, quand je me mets en quête de financement — et Dieu sait que je l'ai fait —, je trouve cela difficile. C'est une activité qui mobilise vraiment beaucoup de mon temps, alors que si l'État nous aidait... En plus, notre fonds de dotation actuel s'élève à 650 000 $.
Les gens de l'arrondissement Saint-Laurent veulent y favoriser la culture. Or, je leur ai dit qu'ils n'y arriveraient pas à moins d'investir des fonds dans ce projet. Je leur ai conseillé de verser de l'argent dans une fondation et de demander aux gens d'affaires de l'arrondissement d'en verser également et de procéder à un appariement. L'idée est de créer un fonds, de n'utiliser que les intérêts et de les investir dans des projets culturels. Il ne faut pas toucher au capital.
C'est vraiment une excellente idée, et vous pourriez la mettre en pratique. Mettre tout cela sur nos épaules alourdit notre charge de travail. C'est faisable, mais c'est lourd. Pourtant, il y a beaucoup de petits musées. Je suis né à Rosemont, à Montréal, et je n'ai pas de contacts parmi les gens de Westmount. Les mécènes, à Montréal, iront au Musée des beaux-arts de Montréal bien avant d'aller au Musée des maîtres et artisans du Québec. Comme ils ne me connaissent pas et ne connaissent pas le musée, ils ne viendront pas visiter celui-ci.
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Vous avez un mandat. Vous avez parlé plus tôt du fait que les musées ont pour mission première la pérennité de leurs collections, et vous aviez bien raison. Par contre, au quotidien, le mandat d'un musée est de faire connaître l'objet de son musée au grand public. Évidemment, il y a des publics cibles. C'est la raison pour laquelle je pense que ce que vous faites est absolument crucial sur le plan de la médiation culturelle. Quand les gens s'inquiètent du patrimoine québécois et de la pérennité de leur culture, il faut la faire connaître aux nouveaux arrivants. On est au degré zéro, précisément au centre. Je vous en félicite et je vous suis grandement reconnaissant de la dimension très concrète et dynamique de votre témoignage.
Vous avez fait allusion, tout comme Mme Lalonde, à un rapport intitulé Musées de l'Ontario 2025. Vous avez dit à la blague que, comme tous les bons rapports, il a été tabletté. Vous avez raison de dire qu'il est assez pitoyable de voir que, d'un gouvernement à l'autre, on met de côté les bons rapports. Nous l'avons vécu ici même avec d'autres rapports que je ne nommerai pas.
Je parcourais le rapport quand vous en avez parlé. La recommandation 22 a trait à la reconnaissance du musée-ressource régional. Je ne vous demande pas d'être familier avec toutes les ressources et toutes les recommandations, mais le sujet de la présente étude est de soutenir les musées locaux.
Je vais lire le libellé: « Que le Comité entreprenne une étude pour examiner l'état des musées au Canada, en mettant l'accent sur les musées locaux — par opposition aux grands musées nationaux et provinciaux — [...] ». J'aimerais savoir ce que vous avez à dire à ce sujet.
J'aimerais d'abord poser une question.
S'il est normal que les gouvernements, les commissions et les comités tels que celui-ci fassent des études qui sont ensuite mises de côté, ne devrait-on pas au moins les relayer d'un palier de gouvernement à l'autre?
Personnellement, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de blabla. Il y a des recommandations qui pourraient être appliquées. J'aimerais avoir votre opinion à ce sujet.
J'aimerais obtenir les commentaires de Mme Lalonde, mais ceux de M. Wilson seront certainement pertinents.
Madame Lalonde, avez-vous des commentaires?
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Merci, madame la présidente. Merci aussi aux membres du Comité.
[Français]
Je vous salue de Vancouver.
Je m'appelle Hank Bull et je suis un artiste indépendant. Je m'implique dans l'art contemporain depuis les années 1970, particulièrement dans le mouvement des centres d'artistes autogérés partout au Canada. J'ai fait pas mal d'expériences dans les grands musées du Canada et d'ailleurs dans le monde. Depuis quatre ans maintenant, je siège au conseil d'administration de la Vancouver Art Gallery.
J'ai deux bonnes nouvelles à vous annoncer aujourd'hui. Premièrement, nous sommes prêts à bâtir un nouveau musée à Vancouver. En deuxième lieu, les musées du Canada en général se trouvent à l'aube d'une nouvelle ère en ce qui concerne le soutien que leur accorde le gouvernement du Canada.
Je vais vous dire quelques mots sur la Vancouver Art Gallery.
[Traduction]
Nous desservons tout le Canada avec des expositions itinérantes, des programmes publics et des publications, qui ont obtenu une reconnaissance internationale.
Notre organisme a été fondé en 1931. Il est intéressant de noter qu'en 1931, il n'y avait que cinq musées au Canada: la Galerie nationale, le Musée du Québec, le Musée des beaux-arts de Montréal, l'Art Gallery of Toronto et la Vancouver Art Gallery. Nous ne sommes peut-être pas l'une des institutions culturelles nationales du Canada, mais nous sommes assurément ce qu'il y a de mieux en dehors de cela.
Au cours des 10 dernières années, la Vancouver Art Gallery a connu une croissance extraordinaire. Le nombre de membres a triplé et nous comptons désormais plus de 32 000 membres votants. Le budget de fonctionnement annuel est passé de 7 à 19 millions de dollars par année. La collection permanente a cru de 60 % pour atteindre plus de 12 000 oeuvres d'art.
Notre présence sur les réseaux sociaux est particulièrement forte et nous en sommes très fiers. Juste hier, nous avons dépassé la marque des 50 000 abonnés sur Instagram. Ce matin, nous en avions 50 100. C'est plus que pour tous les autres groupes artistiques de la Colombie-Britannique réunis. C'est plus que pour tout autre musée au Canada, à l'exception du Musée des beaux-arts de l'Ontario, qui se trouve dans une ville cinq fois plus grande que Vancouver.
Au cours de la même période, le nombre de visiteurs a augmenté de façon vertigineuse, passant de 180 000 à 525 000 personnes par an. Nous sommes littéralement en train d'exploser.
Notre bâtisse actuelle est un ancien palais de justice qui a atteint sa date de péremption depuis déjà un bon moment. Outre le fait qu'il soit constamment bondé, l'immeuble est rendu carrément trop petit. Il n'y a pas d'amphithéâtre, et aucun endroit où il serait possible de donner des cours. Du reste, l'immeuble ne répond à aucune exigence que ce soit en matière de sécurité parasismique. Le sous-sol de cet immeuble renferme beaucoup de trésors nationaux. Pour vous donner un exemple de la situation, sachez que les gros camions ne peuvent pas se rendre jusqu'au quai de chargement, et qu'il est arrivé qu'on ait dû transporter des toiles de grande taille à la main dans les rues de Vancouver afin de les faire rentrer dans la galerie. Cet immeuble est tout à fait inadéquat. La situation se fait pressante.
Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. Comme vous le savez, nous envisageons la construction d'une nouvelle galerie. La Ville de Vancouver nous a réservé un terrain, un lot magnifique situé au centre-ville. Le gouvernement provincial s'est déjà engagé à hauteur de 50 millions de dollars. C'est de l'argent sur lequel nous pouvons compter. Jusqu'ici, le conseil est parvenu à recueillir plus de 40 millions de dollars auprès du secteur privé. Les architectes ont été embauchés. L'étape de la conception est terminée. Nous sommes prêts à commencer les travaux, à aller de l'avant. Tout ce qui manque, c'est la participation du gouvernement. Nous devons également procéder au lancement de notre campagne publique, ce que nous avons l'intention de faire incessamment.
C'est un projet ambitieux. C'est un peu comme construire un pont au-dessus d'une rivière. C'est un investissement considérable, mais qui générera aussi des retombées considérables à court et à long terme. Selon une étude indépendante, le projet créera 2 973 emplois à temps plein pendant la construction. Cela représente plus d'emplois que le barrage du Site C. Il générera des recettes fiscales de 20 millions de dollars par année et bonifiera le PIB de 28 millions de dollars par année également. Notre objectif est de recueillir 300 millions de dollars pour la construction du bâtiment, plus 50 millions pour un fonds de dotation. Le gouvernement fédéral est, bien sûr, un acteur clé dans le projet, et nous sommes très heureux de dire que nous avons entendu des échos encourageants venant de la ministre du Patrimoine canadien, du ministère de l'Infrastructure et du cabinet du premier ministre. Nous nous sommes rendus à Ottawa à quelques reprises déjà. La réponse du gouvernement fédéral est encourageante. De plus, nous sommes actuellement en négociations étroites avec le gouvernement de la Colombie-Britannique, et nous espérons obtenir un réengagement de sa part très bientôt.
C'est un très grand musée, un musée magnifique. Les architectes, Herzog & de Meuron, sont formidables. Ils ont conçu la Tate Modern à Londres. Ils ont conçu le célèbre Nid d'Oiseau à Pékin. Ce sera un bâtiment très fonctionnel et très beau. Il changera le visage de l'économie locale et représentera un pas en avant historique pour le Canada, quand on pense aux cinq musées d'origine.
Nous vous prions donc, mesdames et messieurs les membres du Comité, d'appuyer ce projet, d'en parler à vos ministres, de vous joindre à nous dans nos efforts, et nous avons hâte de vous accueillir à l'ouverture de ce nouveau bâtiment spectaculaire. Voilà mon premier point.
Mon deuxième point est que personne n'ignore que les musées au Canada reçoivent peu d'appui du gouvernement fédéral. La Vancouver Art Gallery, à titre d'exemple, ne reçoit pas de financement annuel du gouvernement du Canada. Le ministère du Patrimoine canadien accorde des subventions annuelles aux festivals de films, aux festivals de musique et aux arts de la scène, mais il n'accorde aucune subvention annuelle aux musées. Il faut remédier à cette situation
Il y a bien le Conseil des arts du Canada. Vous me direz: « Qu'en est-il du Conseil des arts du Canada? » Le Conseil des arts du Canada verse à la Vancouver Art Gallery une subvention annuelle de 300 000 $, un montant qui n'a pas changé depuis plus de 10 ans, malgré son expansion phénoménale. À titre de comparaison, l'Orchestre symphonique de Vancouver reçoit une subvention annuelle de 1,9 million de dollars, soit plus de six fois plus, pour un budget beaucoup plus petit et une clientèle beaucoup moindre que la nôtre.
Des exemples semblables existent partout au pays. Le Musée des beaux-arts de Montréal reçoit une subvention de 450 000 $, alors que l'Orchestre symphonique de Montréal en reçoit une de plus de 2 millions de dollars.
Mais voici la bonne nouvelle. Nous ne sommes pas en train de dire que les orchestres symphoniques devraient recevoir moins d'argent. Ces orchestres sont grandioses. Ils méritent chaque dollar. Comme le budget du Conseil des arts du Canada vient d'être bonifié, le moment est idéal pour corriger le déséquilibre. Il y aura un nouveau concours à l'automne et je suis personnellement très optimiste que le Conseil des arts du Canada, dans sa très grande sagesse, remédiera à la situation. Le Conseil des arts du Canada a beaucoup de mérite. Je ne suis pas ici pour le critiquer. C'est une des excellentes organisations dans le monde du financement.
Le Comité est sans doute plus près de Patrimoine. Nous devrions recevoir des subventions annuelles. Nous avons accès à des fonds pour des projets, mais ces fonds sont très difficiles à obtenir. C'est très compliqué. Cela prend des années, le processus décisionnel est lent, et ce n'est pas facile. Il faudrait vraiment que Patrimoine canadien offre un meilleur soutien, sur une base continue, aux musées du pays.
Cela met fin à mon exposé. Je vous remercie beaucoup et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Bonjour, nous vous remercions de votre invitation.
Dire de Pointe-à-Callière qu'il s'agit d'un musée local peut surprendre ceux d'entre vous qui nous connaissent. Pourtant, nous sommes bien enracinés dans notre milieu, avec tous les sites archéologiques et les lieux historiques nationaux que nous présentons. Pour ceux qui nous connaissent moins, cependant, je me permettrai de faire une courte présentation de notre institution.
Pointe-à-Callière, cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, est un jeune musée créé il y a 25 ans, en 1992, pour mettre en valeur le patrimoine archéologique et le lieu de naissance de Montréal. Il est situé dans le site patrimonial de Montréal, soit le Vieux-Montréal. Le musée est également reconnu sur la scène nationale et internationale pour ses expositions d'envergure sur l'histoire et le patrimoine régional, national et international, pour l'utilisation de nouvelles technologies, et pour la valorisation des sites historiques et des collections qu'il conserve.
Le musée compte aujourd'hui sept pavillons et lieux historiques, contre les trois qu'il occupait à sa fondation. L'année dernière, nous avons ouvert un nouveau pavillon, le Fort de Ville-Marie, premier établissement français à Montréal, qui est aussi un lieu historique national du Canada. Nous avons également mis en valeur le premier égout collecteur de Montréal, à l'intérieur duquel les visiteurs peuvent déambuler. Il s'agit d'un spectaculaire et monumental exemple d'infrastructure urbaine du XIXe siècle et du premier égout collecteur au Canada. Pointe-à-Callière est aussi le lieu de naissance de Montréal, en 1642. Nous y présentons les vestiges du début de l'occupation française et de la présence des premiers peuples dans la région de Montréal. C'est le lieu où a été ratifiée la Grande Paix de Montréal en 1701, l'un des premiers événements continentaux à rassembler de grands personnages historiques comme le chef huron wendat Kondiaronk et le gouverneur Louis-Hector de Callière. C'est aussi là que se trouve la première douane de Montréal, un édifice historique également, construite en 1836.
Pointe-à-Callière poursuit son expansion. Dans une prochaine phase, nous souhaitons ajouter deux pavillons et lieux historiques. Le premier est le site archéologique du marché Sainte-Anne, devenu entre 1844 et 1849 le Parlement du Canada-Uni. Le second est l'ancien hôpital général de Montréal, lieu historique national du Canada de l'ancien Hôpital général des Frères Charon et des Soeurs grises de Montréal, qui date de 1693.
Notre musée présente et rend ainsi accessible des événements et des lieux historiques marquants de l'histoire du Canada, des sites archéologiques, des collections et des bâtiments qui ont valeur de symboles. Nous préservons des lieux qui sont appréciés par la population et qui racontent les fondements de la démocratie et de l'histoire du Canada.
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Je vais maintenant passer à l'état de la situation, puisque c'est une des raisons pour lesquelles vous nous avez invitées aujourd'hui. Le point de vue que nous allons donner est celui de Pointe-à-Callière, musée d'histoire et site historique.
Pour nous, et comme l'ont dit les témoins précédents, le manque de ressources est un frein au développement. Nous le savons tous, nous vivons en ce moment dans un écosystème régi par une importante obligation d'innover et d'être à la fine pointe de la muséographie. Il faut aussi répondre aux attentes de plus en plus élevées des visiteurs, qui souhaitent vivre toutes sortes d'expériences. Le musée devient donc lui aussi une expérience. Il faut aussi être à la fine pointe de la communication et des connaissances, et nous devons créer des partenariats dans le cadre de notre mission. Les musées font beaucoup avec peu. Étant donné leur mission très ouverte sur la culture, l'éducation, la sensibilisation et la protection du patrimoine, mais aussi leur besoin d'accueillir les publics, de développer des projets d'exposition et d'entreprendre des actions culturelles, les musées offrent et ouvrent des espaces permettant de dialoguer et d'interagir avec le public. Il est souvent difficile de relever tous ces défis sans un financement stable du fonctionnement.
Toute institution muséale doit diversifier ses sources de financement public et privé en matière de fonctionnement. C'est ce que nous faisons à Pointe-à-Callière, mais les programmes sont rares et ils reposent en majorité sur des projets ponctuels, une situation déjà décrite tout à l'heure. Pour nous, le financement du fonctionnement est donc vraiment la pierre angulaire qui nous permet de remplir pleinement notre mission. Notre institution est l'un des grands musées qui ne reçoit de fonds que de la Ville de Montréal, sa ville. Pointe-à-Callière est financé à hauteur de 60 % par la Ville de Montréal, et le reste de son financement provient de sa billetterie, de dons ou de commandites.
Les musées sont de plus en plus fréquentés. Nous en avons entendu un bon exemple tout à l'heure, et c'est aussi notre cas. En 1992, le musée prévoyait accueillir environ 150 000 visiteurs, ce qui était à l'époque extrêmement bon. Mais aujourd'hui, Pointe-à-Callière reçoit 463 000 visiteurs, ce qui représente une augmentation substantielle. Notre bâtiment d'accueil est devenu beaucoup trop exigu pour ce nombre croissant de visiteurs.
Cependant, le patrimoine est le parent pauvre du financement public. Il n'entre pas dans la catégorie des musées d'art et des organismes artistiques que finance le Conseil des arts du Canada, par exemple. Le gouvernement du Canada pourrait établir des partenariats avec les provinces, les municipalités et le secteur privé, et ainsi jouer un plus grand rôle dans l'accompagnement des musées dont la mission est de préserver et de mettre en valeur le patrimoine afin de le rendre accessible aux Canadiens.
Les musées d'histoire appartiennent à une catégorie qui relèverait naturellement de Patrimoine canadien. Le Conseil des arts du Canada est l'une des 12 sociétés d'État qui se rapportent à Patrimoine canadien. Cependant, les musées d'histoire n'ont pas accès à ces programmes, et aucun organisme équivalent ne soutient le patrimoine.
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Pour terminer, je mentionnerai quelques recommandations que nous voulons vous présenter ce matin. Nous en avons quatre.
La première serait de créer un fonds d'appariement du financement public et du financement privé, comme on le voit, par exemple, dans le cas du Conseil des arts du Canada. Pourrait-on penser à un conseil du patrimoine du Canada qui gérerait une enveloppe de financement récurrent destiné aux musées? Il s'agit d'un créneau que le Canada pourrait développer sans marcher sur les pieds des provinces.
Notre deuxième recommandation serait de créer un programme par l'entremise des agences fédérales, par exemple Parcs Canada, pour les musées régionaux qui gèrent des collections ou des bâtiments historiques nationaux, afin qu'ils profitent d'un financement récurrent de fonctionnement. Le gouvernement pourrait s'engager dans la préservation et la diffusion des collections d'envergure nationale comme, par exemple, celle du Parlement du Canada-Uni qui était situé à Montréal. Nous avons retiré du site environ 350 000 artefacts à la suite de deux étés de fouilles. À l'aide d'un soutien particulier, la restauration, la numérisation, l'accessibilité, la diffusion et le maintien des actifs sont des enjeux très importants.
Notre troisième recommandation serait de prévoir une stratégie de mise en commun des forces vives pour les patrimoines des communautés religieuses. Cela voudrait dire rationaliser les effectifs et mettre en commun des ressources, en s'appuyant sur des musées qui ont déjà une expertise en gestion des patrimoines mobiliers, immobiliers et documentaires pour garder le riche patrimoine accessible aux générations futures et actuelles.
J'ouvre une petite parenthèse pour mentionner que le patrimoine religieux est l'une des constituante des racines de l'histoire canadienne. Les institutions religieuses sont celles qui sont venues s'installer au Canada, donc en Amérique. La prise en charge de ce patrimoine est d'autant plus cruciale du fait que, jusqu'à maintenant, il a été traité aux petits soins par les communautés et demeure dans un état de conservation absolument remarquable.
Pour finir, nous recommandons le rayonnement international. Le gouvernement pourrait jouer un rôle actif dans le dynamisme des musées canadiens en les soutenant financièrement dans leurs efforts de développement au niveau international et apporter ainsi une grande notoriété au Canada. Actuellement, le PAM, le Programme d'aide aux musées, le fait dans le cadre des expositions itinérantes, mais au Canada seulement. Peut-être que ce programme pourrait être élargi pour y inclure les expositions internationales qui se déplacent. Nous tentons, en ce moment, de diversifier nos sources de revenu. L'itinérance de nos expositions, puisque nous produisons nos propres expositions, fait partie de notre plan. Un soutien financier qui pourrait nous aider à faire voyager nos expositions serait apprécié.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de votre question.
Comme je l'ai dit, nous cherchons à diversifier nos sources de financement. Les expositions itinérantes font partie d'un projet que nous étudions en ce moment. Nous avons déjà commencé à faire circuler nos expositions. Certaines d'entre elles, qui peuvent être qualifiées de locales ou de régionales, comprennent des artéfacts canadiens ou québécois.
Depuis un an et demi environ, nous tentons de faire faire des tournées à des expositions à caractère historique mais qui parlent des grandes civilisations. Nous voulons agir comme agent de musée européen pour faire faire des tournées à des objets qui proviennent de certains grands musées. Je vous donne l'exemple d'une exposition sur l'Égypte, que nous allons présenter ici, à Montréal, l'été prochain, et que nous voulons envoyer en tournée en Amérique du Nord, donc au Canada et aux États-Unis.
Il y a la mise en place du réseau et les équipes doivent y consacrer du temps. On parle vraiment de montants nécessaires à l'exploitation et au fonctionnement. Mettre en place un réseau demande du temps, mais il y a aussi les expositions et les programmes éducatifs qui occupent beaucoup nos équipes. Nous travaillons sur des événements et nous devons louer des locaux. Nous organisons aussi beaucoup d'activités culturelles dans la communauté.
Nos ressources sont extrêmement occupées. En ce moment, une quarantaine de personnes travaillent à temps plein à notre musée. Nous avons sept pavillons à entretenir. La mise sur pied d'un volet d'expositions internationales itinérantes nécessite du financement. Il faut que du personnel mette ce réseau sur pied et entre en contact avec ces musées.
Il y a aussi le montage des expositions. Quand nous préparons physiquement une exposition, le mobilier doit être adapté pour pouvoir être transporté partout. Il doit être stable, solide et facile à monter et à démonter. Il faut du financement pour fabriquer et produire ce mobilier et des heures de travail de la part du personnel pour développer ce créneau de façon efficace. C'est ce que nous tentons de faire en ce moment avec nos ressources.
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Je vais répondre à la première question et laisser ma collègue répondre à la deuxième.
L'aide particulière que nous avons obtenue pour les travaux consacrés au Parlement du Canada-Uni provient de la Ville de Montréal et du ministère de la Culture et des Communications du Québec, mais surtout de la Ville de Montréal. L'année dernière, nous avons réalisé la dernière grande campagne de fouille. On parle ici de six millions de dollars, donc d'un projet d'envergure. Les visiteurs ont pu accéder au site pendant tout l'été. Plus de 25 000 personnes ont visité le site archéologique. Ce fut une grande réussite.
Malheureusement, nous n'avons pas reçu d'aide du gouvernement fédéral. Par contre, nous voyons ce projet comme la phase 3. C'est un projet de développement dans le cadre duquel nous voulons que le site soit accessible et qu'il y ait au-dessus de ce dernier un nouveau pavillon. C'est un site monumental dont la longueur est de 100 mètres. C'est probablement le dernier grand site archéologique de Montréal encore intact. Il est extrêmement riche.
Pour ce qui est de l'infrastructure, nous avons entrepris des démarches auprès du gouvernement fédéral. Notre directrice, Mme Francine Lelièvre, a beaucoup de contacts en lien avec les programmes fédéraux. Les choses se déroulent très bien. C'est également le cas en ce qui concerne le ministère de la Culture et des Communications du Québec.
Comme vous le savez, nous avons changé d'administration municipale. Nous allons donc devoir reprendre avec la nouvelle administration ce que nous avions amorcé avec la précédente. Pour ce qui est du projet lui-même, les choses se déroulent assez bien. Nous espérons que les questions de financement vont se régler cette année. C'est un projet qui se chiffre à plus de 100 millions de dollars. Le problème est moins l'infrastructure que le budget de fonctionnement.
Pour une telle somme, nous pourrions acquérir de l'équipement supplémentaire qui, à mon avis, rejoindrait l'ensemble des Canadiens. Il s'agit ici de l'histoire politique qui s'est déroulée dans le Vieux-Montréal, sur le site du Parlement au moment où Montréal était la capitale du Canada-Uni ou, autrement dit, de la province du Canada.
Le fonctionnement est un enjeu majeur. Comme l'ont précisé pratiquement tous les intervenants, le principal talon d'Achille des musées, c'est le fonctionnement. Le budget que nous recevons annuellement nous permet de bien fonctionner pour le moment, mais si nous ajoutons l'équivalent du tiers de notre musée, nous aurons besoin de plus de ressources. Bien entendu, nous ne nous attendons pas à ce que notre budget de fonctionnement soit majoré du tiers.
Cela dit, il va y avoir des besoins, qu'il s'agisse du fonctionnement, des nouveaux projets que nous voulons réaliser, des guides qui devront être sur place, des programmes éducatifs ou des projets d'exposition qui vont se dérouler dans ce nouveau pavillon. Il va de soi que nous devrons prévoir un budget pour le fonctionnement. Comme nous l'avons mentionné plus tôt, la Ville de Montréal est le seul partenaire du musée à financer son fonctionnement. Nous n'avons de partenariat ni avec le gouvernement du Québec ni avec celui du Canada.
Le site du Parlement du Canada-Uni est un bel exemple. Il a toutes les qualités nécessaires pour devenir un lieu historique national. Il pourrait alors recevoir de l'aide du gouvernement fédéral. Ici, je ne parle pas du tout du projet de construction, mais bien du fonctionnement. Reste à savoir à quel mécanisme nous devrions recourir, compte tenu que c'est un terrain, un site municipal. Nous sommes ouverts à l'idée de discuter avec vous de solutions novatrices.
Est-ce que des organismes fédéraux existants comme Parcs Canada ou le Musée canadien de l'histoire pourraient jouer un rôle en ce sens? Est-ce qu'une entité serait créée spécifiquement à cette fin? Tout est sur la table, et nous espérons tenir de bonnes discussions avec vous à ce sujet.