Conformément à l'article 108(2) du Règlement, étude des femmes et filles canadiennes dans le sport.
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Nous avons des témoins qui sont ici à titre personnel et d'autres qui représentent des associations. Habituellement, nous donnons 10 minutes à chaque témoin pour présenter son allocution. Si vous pouvez le faire en moins de 10 minutes, ce sera merveilleux. Puis nous entamerons une ronde de questions et de réponses.
Comme vous êtes très nombreuses, nous devrions peut-être réduire votre temps à cinq minutes.
Pendant la première partie, nous avons, à titre personnel, la Dre Diane Culver, professeure agrégée, École des sciences de l'activité physique, Université d'Ottawa; la Dre Guylaine Demers, professeure, Département d'éducation physique, Université Laval; enfin, la Dre Gretchen Kerr, professeure, vice-doyenne, Faculté de kinésiologie et d'éducation physique, université de Toronto.
Je vais donner à chacune de vous cinq minutes pour présenter les points saillants de votre allocution, puis nous passerons à une ronde de questions et réponses.
Commençons par la Dre Culver.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Merci beaucoup de nous avoir invitées à témoigner sur ce thème qui, bien entendu, nous tient très à coeur.
Pour vous présenter un peu mes antécédents, je vous dirai que j'ai été athlète. Il y a bien des années, j'étais membre de l'équipe nationale de ski du Canada. J'ai ensuite entraîné des athlètes à tous les niveaux et j'ai préparé des athlètes aux compétitions nationales et olympiques d'abord au Canada, puis en Nouvelle-Zélande. J'ai à peu près 20 ans d'expérience. Comme il m'était difficile d'équilibrer ma profession d'entraîneuse de haut niveau en ski alpin et ma vie de mère de famille, je suis retournée à l'université. Je ne pensais pas à l'époque que j'y resterais pendant 10 ans, mais j'ai obtenu un poste de professeure agrégée avec spécialisation en développement des entraîneurs.
Vous avez déjà beaucoup de statistiques, alors je ne vais pas trop m'attarder sur les chiffres, parce que je crois que d'autres témoins le feront. Je vais me concentrer sur la situation des entraîneuses sportives. Je désire vous présenter la théorie que j'examine depuis 15 ans. C'est une théorie d'apprentissage social centrée sur l'apprentissage dans des espaces sociaux sécuritaires. Je vais vous l'expliquer un peu.
Je vous présenterai les facteurs qui appuient l'efficacité de cette méthode de soutien des entraîneuses. Je vous présenterai aussi quelques solutions qui à notre avis seraient faciles à mettre sur pied.
Pourquoi est-ce important? C'est que le recrutement d'entraîneuses et le maintien de l'effectif sont importants. Vous verrez que le pourcentage d'entraîneuses est très faible. Les femmes apprennent différemment, elles collaborent plus et elles communiquent de manières différentes. Elles apportent une contribution différente aux athlètes et au monde du sport.
De plus, si nous avions plus de modèles exemplaires venant des entraîneuses, nous pourrions encourager un plus grand nombre de femmes et de filles à faire du sport et à assumer des rôles de direction.
Si un plus grand nombre de mamans entraînaient les jeunes, surtout dans les équipes communautaires, un plus grand nombre de filles participeraient aux sports, ce qui constitue aussi un problème.
Enfin, si nos femmes athlètes d'élite, pour lesquelles nous investissons tant, décidaient d'entraîner des jeunes, nous pourrions les aider à poursuivre cette profession.
Je vais définir certains termes liés aux espaces d'apprentissage social. Qu'est-ce qu'un espace d'apprentissage social? Il peut s'agir d'une conversation entre deux personnes comme d'un groupe de personnes qui s'entraînent à une même discipline. Il peut s'agir de réseaux, de conférences, d'ateliers, etc.
J'ai ici les résultats d'une étude que nous avons menée récemment. Nous avons examiné toute l'Amérique du Nord, mais nous n'y avons trouvé aucune communauté de pratique d'entraîneurs au Canada. Cependant, nous avons trouvé dans la NCAA, l'association américaine des athlètes universitaires, des groupes qu'ils appellent loop groups et qui correspondent à la définition d'une communauté de pratique.
Vous verrez, dans le document que nous avons distribué, quelques citations des femmes qui ont participé à cette étude qualitative, à ce groupe de soutien qui se réunissait environ une fois par mois, et les avantages qu'elles ont retirés de cette méthode. Tous les participants entraînaient des femmes dans leurs universités respectives. Nous avions un homme, mais la plupart des participantes étaient des femmes travaillant dans différentes disciplines sportives.
La première dit qu'elle était heureuse de savoir qu'elle n'était pas seule et qu'elle recevrait du soutien si elle en avait besoin. Elle ajoute que normalement, elle est obligée de trouver les solutions, seule dans son bureau ou avec ses athlètes.
La citation suivante est très importante, parce que la femme dit qu'elle désirait avoir des enfants, mais qu'elle pensait que cela mettrait fin à sa carrière d'entraîneuse. En discutant avec ce groupe, elle a compris qu'elle pourrait être à la fois mère et entraîneuse. Maintenant, elle n'a plus d'inquiétude.
La dernière citation nous vient d'une entraîneuse chevronnée que cette méthode a beaucoup surprise. Elle n'avait jamais remarqué à quel point les jeunes entraîneuses avaient besoin de soutien. Elle pensait que ce soutien leur viendrait du personnel. En fait, les membres de ces groupes de soutien offrent un appui de l'extérieur sans juger celles qu'elles aident; les entraîneuses ne se font pas dire qu'elles sont médiocres parce qu'elles ont besoin de conseils pour surmonter certaines difficultés.
Les entraîneuses sportives n'ont pas de réseau. Cette observation vient de la réunion que la Dre Demers a organisée à Québec, Conversation 2015.
Que faire pour corriger cette situation?
Nous pourrions utiliser les communautés de pratique pour effectuer le perfectionnement professionnel que nous devons toutes suivre pour conserver notre certificat d'entraîneuses. Nous en avons déjà quelques exemples. L'une de ces communautés forme les entraîneurs de curling en fauteuil roulant, qui ne sont pas tous des femmes. Nous en avons aussi tenu une pendant les Jeux olympiques spéciaux. Nous pourrions aussi utiliser le programme d'apprentissage des Jeux du Canada en l'offrant en ligne. Ces solutions ne coûtent pas cher. Nous possédons déjà les plateformes. Ces espaces d'apprentissage social peuvent aussi servir à décrire les réalisations de dirigeantes sportives et aider les femmes athlètes qui désirent devenir entraîneuses.
Notre second problème est le manque de femmes entraîneuses. D'autres témoins vous en parleront tout à l'heure. Il faut donc que nous aidions les femmes athlètes qui désirent en entraîner d'autres. Il faut que nous offrions des cliniques spécialement conçues pour les entraîneuses. Il faut que nous organisions aussi des cliniques pour les hommes sur les façons d'entraîner les femmes athlètes et de travailler avec des entraîneuses.
Le troisième problème sera de transformer la profession d'entraîneuse en une carrière dont les femmes pourront vivre. On en revient à la citation de l'entraîneuse de notre étude sur la NCAA qui pensait qu'en ayant des enfants, elle ne pourrait plus exercer sa profession.
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Je vous remercie de m'avoir. Je vais parler en français, ma langue maternelle.
Mme Culver a fait référence à Conversation 2015. L'été passé, en juin 2015, deux autres collègues que vous allez entendre cet après-midi, Penny Werthner et Marion Lay, et moi-même avons organisé la quatrième conférence nationale Femmes et sport. La conférence précédente avait eu lieu en 1996, ce qui représente un long délai entre les deux conférences. La conférence de 2015 nous a permis de trouver un grand nombre de solutions dont plusieurs ne coûtent pas cher, comme l'a fait valoir Mme Culver.
Ma partie de la présentation porte surtout sur les femmes en position de leadership. Il y a bien sûr les entraîneuses, mais je vais plutôt parler des femmes qui occupent des postes d'administration, comme les directrices générales, les directrices techniques, les présidentes, et le reste.
Dans les documents que je vous ai distribués, vous trouverez les dernières statistiques publiées par l’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique. Ces statistiques nous révèlent que plus on monte dans la hiérarchie, moins il y a de femmes. Les postes de présidence ne sont occupés par des femmes que dans une proportion de 10, 12 ou 13 %, alors que les postes de direction générale le sont dans une proportion de 15 à 20 %.
Le problème, c'est que ces chiffres semblent pris dans le ciment. Ils ne bougent pas. Nous connaissons les chiffres, nous ne cessons de les répéter, nous les ressortons et il y a des études: ils ne bougent pas.
J'ai travaillé de près à la rédaction de la politique concernant le sport pour les femmes et pour les filles de 2009. En passant, bien des gens ignorent que nous avons, au Canada, une politique concernant le sport pour les femmes. Pour nous, il était très important que cette politique ait du mordant, mais elle n'en a pas. En conséquence, il n'y a pas eu de suite à nos belles recommandations et à tout le travail que nous avons fait.
Marion Lay, qui sera avec vous cet après-midi, répète le même message depuis 40 ans. C'est une femme très persévérante. Espérons que cette fois-ci son message sera entendu.
Je veux traiter de trois problèmes plus particulièrement. D'abord, les politiques n'incluent aucune reddition de comptes. Elles sont là, mais si on ne s'y conforme pas, il n'y a aucune conséquence.
Ensuite, il n'y a pas de système qui prépare les femmes à atteindre les postes de leadership. Souvent, il n'y a qu'une seule femme et on la lance dans l'arène en espérant que tout se passera bien. Elle subit donc beaucoup de pression. Il faut donc préparer ces femmes pour qu'elles accèdent aux postes décisionnels dans le système des sports, qu'elles y soient à l'aise et qu'elles puissent y rester.
Enfin, nous sommes très préoccupées par le pipeline. Où est la relève? Où sont les jeunes filles qui intégreront le système sportif ?
Si je regarde autour de moi, ici ce matin, sans vouloir insulter les filles, je ne vois que des femmes de 50 ans et plus. Où est la relève? Voilà un des problèmes qui nous préoccupent.
Parmi les solutions très concrètes, la première — plusieurs personnes vous le répéteront aujourd'hui — est la responsabilisation. Il en faut si on met tant d'efforts à développer des politiques ou des programmes. Si on ne s'y conforme pas, il doit y avoir de conséquences, mais si on s'y conforme et si on fait des progrès, ce sera reconnu et on recevra de l'aide.
L'aspect financier est important, c'est clair. Si mon budget ne bouge pas, que je respecte ou non la politique, il n'y a pas de conséquences. Or on constate qu'il y a toujours une autre priorité que les femmes et l'histoire est là pour nous le rappeler. Que ce soit en 1970, quand nous avons tenu la première conférence des années 1970, ou en 2002, quand nous avons été l'hôte de la conférence internationale, le même message revenait: la politique doit avoir du mordant, elle doit faire l'objet d'un engagement qui vienne du haut et qui se rende jusqu'en bas. Nous avons besoin d'une approche du haut vers le bas.
Il faut aussi exercer un contrôle. Il faut vérifier s'il s'est fait des progrès. Vous auriez dû voir le réseau qui s'est mis en branle pour l'exercice d'aujourd'hui. Où sont les chiffres? Combien y a-t-il de femmes au juste? Où se trouvent-elles exactement?
Il a fallu chercher et creuser pour obtenir ces données. Ce n'est pas normal qu'on ne soit pas capable de trouver des statistiques rapidement. Il faut absolument un système de contrôle pour qu'on sache qui va bien, qui va moins bien, si nos politiques et nos actions portent fruit et si nos efforts ont ou non un impact. Actuellement, nous ne le savons pas.
Ce qui nous manque aussi, dans le système qui prépare les femmes, c'est le réseautage. Il faut que les femmes puissent s'entraider. Il faut aussi qu'on regarde à l'extérieur du monde du sport. Il y a des organisations qui font du bon travail pour aider les femmes à accéder à des postes de leadership. Je pense au monde des affaires et au monde de la santé. Il faut sortir du monde du sport pour justement s'inspirer des bonnes pratiques et ne pas avoir à réinventer la roue. Beaucoup de bonnes choses se font, mais on ne sait même pas que cela se fait.
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Parfait, alors nous sommes bien entourées.
Je vais me concentrer sur un secteur du système sportif canadien, le Sport interuniversitaire canadien, ou le SIC. Il s'agit de l'organisme national qui régit le sport universitaire. Il compte 55 universités membres. Cette ligue extrêmement compétitive forme des champions olympiques et mondiaux.
Ce contexte est important pour la présente étude, car c'est le seul où travaillent des entraîneurs rémunérés à plein temps. Il est aussi important parce que le monde du sport est probablement le seul secteur de la société qui sépare encore les hommes des femmes sous forme d'équipes. Ce fait ajoute à la responsabilité qu'a le monde sportif d'assurer l'égalité entre les sexes.
Où en est la situation? Pour vous donner un peu de contexte, les femmes constituent 56 % de la population universitaire générale. Le nombre d'équipes masculines et féminines est le même. Cependant, seulement 17 % des postes d'entraîneurs-chefs sont occupés par des femmes. Malheureusement, ce chiffre a baissé depuis 2011, qui lui, avait baissé depuis le début des années 2000. Bref, nous perdons du terrain, et nous n'en avions déjà pas beaucoup au départ.
Soulignons aussi que nous ne manquons pas de données. Le système sportif canadien produit énormément de données sur les pourcentages d'entraîneurs. Nous avons donc bien étudié la question. Que faire, maintenant? Tout d'abord, il nous faut un engagement, un engagement qui s'accompagne de cibles et de jalons mesurables. Il faudra que l'on s'engage à augmenter le nombre d'entraîneuses, à réduire l'attrition de celles qui travaillent sur le terrain, ou à accroître la satisfaction à l'emploi.
Certains recommandent d'appliquer la règle de Rooney, de la NFL, dont vous aurez entendu parler. On l'a appliquée pour corriger le fait que la ligue avait énormément de joueurs noirs, mais aucun entraîneur et aucun administrateur sportif noir. Cette règle exigeait que l'on permette aux candidats de minorités de passer une entrevue. Avec le temps, cette règle s'est étendue aux femmes candidates à des postes d'administration sportive. Elle a fortement contribué à modifier la culture du football américain.
Il y a d'autres moyens de concrétiser cet engagement. On peut donner de l'éducation sur le préjugé inconscient de ne pas inviter les femmes athlètes très compétitives à devenir entraîneuses. D'ailleurs, les résultats de recherche indiquent que pour le moment, ces femmes ne considèrent pas la profession d'entraîneuse comme une carrière qui les ferait vivre. Il faut que nous corrigions cela. Il faut que nous fassions plus que du mentorat et du parrainage en ouvrant les portes aux femmes et en les défendant pour qu'elles puissent monter dans les rangs de la hiérarchie sportive.
Mais surtout, il faut que nous renforcions le respect des politiques. Le Sport universitaire canadien a établi une politique sur l'équité des sexes qui présente des exigences détaillées sur la participation et sur l'entraînement des athlètes. Comme bien d'autres politiques, celle-ci n'a pas été révisée depuis 12 ans. On ne semble pas non plus effectuer beaucoup de gestion et de surveillance des données. On constate un manque flagrant de responsabilisation. Il existe à l'heure actuelle de bonnes politiques et d'excellents programmes. Malheureusement, on ne les respecte pas. Nous suggérons que pour corriger cette situation, on relie l'équité des sexes et les détails des politiques au financement que reçoivent les organismes sportifs.
En conclusion, soulignons que ce système de SIC, où travaille le plus grand nombre d'entraîneurs rémunérés à plein temps, compte moins de 20 % d'entraîneuses malgré le 56 % de femmes qui composent la population universitaire générale.
Merci beaucoup.
Je tiens d'abord à vous remercier toutes de vous être présentées devant nous pour nous parler de votre travail dans ce domaine. Je suis vraiment heureuse d'entamer cette étude aujourd'hui.
Je tiens à souligner qu'octobre est le Mois de l'histoire des femmes au Canada, donc il est bon de citer, dans le cadre de cette étude, des femmes qui ont apporté une grande contribution au monde du sport. Le nom qui me saute à l'esprit est celui d'Abby Hoffman, qui en a tant fait. J'espère qu'au cours de cette étude, nous soulignerons la contribution de nombreuses autres femmes qui ont acquis tant d'importance dans ce domaine.
J'ai deux filles. J'ai entraîné une équipe de hockey-balle parce qu'une amie m'a encouragée à le faire, et j'ai commencé à jouer au hockey sur glace à 40 ans. Je sais que c'est très important, et je me suis heurtée à de nombreuses difficultés au cours des années.
Aujourd'hui, vous vous êtes surtout concentrées sur les rôles de dirigeantes et d'entraîneuses sportives, mais pourriez-vous nous parler du problème de la participation? Je vois que parmi les thèmes de la Conférence 2015 à Québec, on a traité du manque de participation des filles aux sports et aussi, je suppose, de la faible couverture médiatique et de certains autres problèmes. Je me demandais si vous pourriez souligner certains de ces autres problèmes.
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À l'INFE, à Montréal, dès le départ, il a été déterminé dans les statuts administratifs que le conseil d'administration serait composé selon une formule soixante-quarante, soit 60 % de femmes et 40 % d'hommes, ou le contraire.
Dès qu'il est question d'imposer des quotas ou l'équité dans la représentation aux conseils d'administration, on se fait habituellement dire qu'il a été impossible de trouver une femme ou qu'il n'y a pas suffisamment de femmes intéressées ou compétentes. Je réponds en demandant si tous les hommes qui y siègent sont compétents. Voilà comment je réponds.
Nous trouvons ces femmes. Quand la possibilité y est, il faut faire l'effort. La plupart du temps, si on n'y est pas obligé, on ne le fait pas. Il est donc facile de dire qu'il est impossible de trouver des femmes ou qu'elles ne sont pas intéressées. En fait, quand c'est inscrit dans les statuts administratifs, comme c'est notre cas depuis 2008, ça fonctionne. Des femmes formidables siègent aujourd'hui au conseil d'administration parce que tout était réglé dès le départ et personne ne l'a jamais contesté. Il y a donc des exemples comme celui-là et ça fonctionne. Il y a des femmes qui veulent s'investir de la sorte.
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Merci, madame la présidente, et merci à vous tous de votre présence aujourd'hui et de votre présentation très intéressante. J'aurais aimé que nous ayons plus de temps.
Je suis titulaire d'un diplôme en kinésiologie de l'Université de Waterloo, probablement l'un des premiers programmes de kinésiologie offerts. Ça trahit mon âge. J'ai aussi été entraîneur pendant des années, puis non seulement médecin d'équipe pour les Jeux du Canada d'été et les Jeux d'été provinciaux, mais également entraîneur.
Le sujet m'intéresse donc vivement et c'est avec plaisir que j'écoute vos propos au sujet de l'entraînement et de la participation. Au fil des années, j'ai entraîné des équipes tant masculines que féminines et j'ai toujours pensé, dans l'optique d'un entraîneur, que je dois adopter une attitude tout à fait différente quand j'entraîne des filles plutôt que des garçons. Une partie du problème, à mon avis, et tout spécialement dans le cas des plus jeunes, c'est d'amener les filles à pratiquer un sport. Ce ne sont pas seulement les filles qui en sont responsables, car elles montrent de l'intérêt, mais ce sont aussi les parents; il faut faire en sorte que les parents reconnaissent les avantages du sport au niveau de la santé et au plan social, qu'ils participent, que les femmes participent, non seulement en tant que mères pour aider l'organisation, mais aussi pour entraîner et arbitrer. Je pense que ce serait un début.
Pourriez-vous chacune nous exposer votre opinion sur le rôle des parents dans ce processus. Je vais commencer par la Dre Culver.
Je constate que vous tenez à peu près le même discours. Quand il est question du système scolaire, c'est peut-être davantage dans l'optique d'un programme d'éducation que d'un programme d'évaluation des coûts. C'est bien de constater que nous pouvons, nous l'espérons, aborder cette question et mettre en place des politiques.
Dre Kerr, vous avez parlé de participation, en particulier au niveau de l'entraînement, et je me demande si vous pouvez approfondir. Vous avez dit que le pourcentage d'entraîneurs à Sport interuniversitaire canadien, SIC, a diminué depuis 2011. Vous avez dit qu'il se situait au départ à environ 17 %, et maintenant...
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Bonjour. Je vous remercie de votre présentation.
Je remercie également ma collègue de Toronto—Danforth. Cela fait 18 ans que nous n'avons pas discuté de ce sujet, et je suis très heureuse de participer aujourd'hui à la séance du comité. Je le remercie beaucoup de son projet.
J'ai trouvé votre présentation très intéressante. Elle m'a d'ailleurs remémoré une collègue de mon ancien travail. C'est une marathonienne qui a représenté le Canada. Elle vendait des billets sur le bord de la rue pour financer son activité sportive. Elle m'a demandé si je pouvais faire quelque chose pour l'aider à poursuivre la pratique de son sport, avec laquelle elle devait jumeler sa carrière. Ce matin, j'ai une pensée toute particulière pour cette femme extraordinaire.
Cela m'amène à ma question. Jusqu'à maintenant, nous avons parlé abondamment de la présence des femmes dans les conseils d'administration et de la façon de les encourager. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les femmes comme celle dont je viens de vous parler reçoivent moins de commandites que les hommes? Notez-vous une différence marquante?
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Michael Messner est un chercheur américain que j'adore. Il a écrit que si les petits garçons ont des femmes entraîneuses de sport ou des modèles de femmes en poste de leadership, plus tard, dans leur vie d'adulte, ils considéreront normal — je n'aime pas ce mot — qu'une femme soit en position de leadership. Avoir une femme pour patron, cela fait partie de la vie. De même, les jeunes garçons qui sont exposés très tôt à un leadership féminin vont, en grandissant, exercer une influence dans leur milieu sur la façon dont on perçoit le leadership des femmes. Vous faites donc une chose extrêmement importante pour vos garçons.
Ensuite, comment pouvons-nous aider les femmes? Pour qu'il soit possible de faire une carrière et de s'entraîner, c'est évident qu'il faut avoir un appui financier et des structures en place. Est-ce qu'on a des gardiennes?
Quand on est une entraîneuse et une jeune maman qui vient d'accoucher et qui allaite, est-ce qu'on peut se faire payer une gardienne pour le bébé qu'on doit emmener à la compétition parce qu'on allaite?
Il y a des choses qui pourraient se faire, mais il faut penser que, en 2016, ce sont encore les femmes qui accouchent. On le voit parfois comme un frein, mais s'il y avait une structure de soutien, plusieurs femmes pourraient poursuivre leur carrière sportive très longtemps. C'est la réalité que les femmes vivent dans le monde du sport.
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous de votre comparution.
Nous sommes ravis d'avoir l'occasion de nous entretenir avec vous aujourd'hui. Le moment choisi est très opportun, parce que je pense notamment que nous tous autour de cette table, et pratiquement tous les Canadiens que je connais, sommes absolument emballés par la performance de nos athlètes à Rio. Pour quelqu'un qui a oeuvré dans les médias, je pense que toute l'attention que nos athlètes féminines ont reçue, et de surcroît, j'en connais tellement... Mes nièces, par exemple, et les filles de mes amis, en blague, mais pas tant que ça, se demandaient quand les athlètes masculins allaient faire leur part.
Il me semble que nous assistons à un tournant décisif. Comme vous l'avez mentionné dans le rapport que vous nous avez remis sur la situation de la participation des femmes dans les sports au Canada, la couverture médiatique est indispensable, et non seulement pour garantir qu'un nombre suffisant de femmes participent en tant qu'athlètes et entraîneuses, mais également à des fins de promotion et de parrainage pour soutenir les championnes et l'excellence des femmes dans le sport.
Comme vous l'avez expliqué, cela a tempéré mon enthousiasme. Finalement, ce n'était pas le tournant que je pensais que c'était. Est-il juste de l'affirmer?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie également les témoins de leur présence. Je vois vos titres de docteure avec un « e », et je me souviens que, il n'y a pas si longtemps, quand j'étais à l'université, c'était tout un débat. Je comprends ce que dit mon collègue d'en face, mais il y avait quand même encore des réticences des femmes. Je pense qu'il s'agit vraiment d'un processus d'éducation et que la situation ne peut changer du jour au lendemain.
Ma question s'adresse à Mme Demers. Vous dites avoir eu de la difficulté à obtenir les données statistiques pour votre étude.
Selon vous, qui devrait avoir la responsabilité d'assurer la disponibilité de bonnes statistiques et un accès facile aux données?
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J'ai proposé de qu'on crée au Canada un observatoire sur les femmes et le sport. Cet observatoire pourrait s'occuper du suivi des statistiques et de la recherche. Il pourrait aussi faire la promotion des bonnes pratiques. Au Québec, il y a un équivalent qui s'appelle l'Observatoire québécois du loisir qui fait exactement cela. Il compile les recherches et prépare des rapports simplifiés pour le public en général. On peut toujours le consulter et il y a toutes sortes de ressources.
La conférence Conversation 2015 de l'été passé nous a permis de trouver beaucoup de solutions, mais tout autant de problèmes aussi. Actuellement, je mets la dernière touche à un site Web qui sera lancé sous peu à la conférence Petro-Canada Sport Leadership sportif 2016. Ce site mettra en valeur les bonnes pratiques et encouragera les gens à participer. Mais moi, Guylaine Demers, je n'ai pas toute une organisation derrière moi pour m'aider.
Par ailleurs, si le gouvernement canadien décidait de considérer la présence des femmes dans le sport comme un enjeu, parce que les femmes constituent 50 % de notre population, et créait un observatoire canadien sur les femmes et le sport, ce serait un outil incroyable et, à ma connaissance, un observatoire unique au monde car je n'en connais pas d'autres.
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Nous allons reprendre la séance.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le comité fait une étude des femmes et des filles canadiennes dans le sport. C'est ici que nous entendons les témoignages aujourd'hui.
Nous avons quatre groupes de témoins. Vous disposez chacun de cinq minutes pour faire une déclaration et nous passerons ensuite à une période de questions et d'échanges avec le comité.
Nous recevons la Dre Penny Werthner, professeure, doyenne, Faculté de Kinésiologie de l'Université de Calgary, qui témoignera à titre personnel. La Dre Werthner est présente à l'écran par vidéoconférence. Nous entendrons également l'Association canadienne pour l'avancement des femmes, du sport et de l'activité physique. Ses représentantes sont Karin Lofstrom et Allison Sandmeyer-Graves et vous pourrez décider comment vous partager vos cinq minutes. Élaine Lauzon, directrice générale d'Égale Action témoignera, elle aussi, par vidéoconférence. Nous entendrons, également par vidéoconférence, Marion Lay, présidente de Think Sport Ltd.
Je vais commencer par la Dre Penny Werthner.
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Je vous remercie de cette initiative et de nous donner l'occasion de partager nos connaissances et notre expérience. Comme vous l'avez demandé, je parlerai des femmes dans les sports de compétition, de leurs expériences et de leurs besoins en tant qu'athlètes, para-athlètes, entraîneures, professionnelles des sciences du sport et leaders féminines du système sportif.
J'ai participé au sport de compétition pendant la majeure partie de ma vie et c'est certainement ce qui a fait de moi ce que je suis. J'ai compétitionné pour le Canada. J'ai travaillé dans le domaine de la psychologie sportive avec un grand nombre de nos athlètes et entraîneurs olympiques à l'occasion d'un grand nombre de Jeux olympiques et paralympiques. J'ai fait des recherches et publié sur le sujet des femmes dans l'entraînement sportif. Avant de commencer mes études supérieures, au début des années 1980, j'ai dirigé ce qui était, je crois, un excellent programme de stage et de mentorat pour les athlètes féminines qui a permis à ces dernières d'obtenir des postes administratifs. Ce programme a formé certaines des dirigeantes solides qui travaillent actuellement dans le système.
Pour ce qui est du niveau de participation à l'athlétisme, nous savons que les athlètes féminines s'en sortent très bien du point de vue numérique. En 2012, il y avait plus de 4 000 athlètes du sexe féminin qui constituaient 44 % des équipes olympiques de nombreux pays. Aux Jeux paralympiques, leur nombre est passé de 44 femmes et 91 hommes en 1960, à environ 1 500 femmes et 2 700 hommes en 2012. C'est une excellente nouvelle.
Néanmoins, si nous prenons les femmes entraîneures, nous en sommes toujours à 11 % dans l'ensemble des pays. En 2012, cela variait entre 10 % et environ 16 %. Pour ce qui est des compétitions de haut niveau, les professionnelles des sciences du sport, c'est-à-dire les physiologistes du sport, les psychologues du sport, le personnel médical, les chiffres sont toujours extrêmement bas. Cela fait partie du contexte dans lequel les athlètes féminines de haut niveau compétitionnent et s'entraînent.
Pourquoi faudrait-il s'en préoccuper? Je suppose que tout le monde autour de la table s'en préoccupe sans quoi nous ne serions pas là. À mon avis, il y a deux principales raisons à cela. Il y a d'abord les avantages importants que l'on a à bouger et à jouer, comme chacun sait, je pense. Je cite l'exemple de Chantal Petitclerc qui a eu un accident à l'âge de 13 ans et qui s'est retrouvée en fauteuil roulant.
Ce qui a changé sa vie, vous dira-t-elle, c'est son premier entraîneur, l'entraîneur de natation de son école secondaire qui l'a poussée à se lancer dans la natation. Cela a vraiment changé sa vie, lui a permis de devenir très autonome et une femme forte physiquement et psychologiquement dans le sport et dans la vie en général.
Cependant, l'autre raison pour laquelle nous devrions nous en soucier est que l'environnement du sport de compétition est toujours dominé par les hommes. Nous approchons de 50 % pour ce qui est du taux de participation, mais pas sur les autres plans. Je dirais que nos athlètes féminines ne se sentent pas toujours à l'aise dans le milieu sportif qui peut même, parfois, les ridiculiser subtilement. Comme Gretchen Kerr vous l'a certainement dit, c'est un environnement abusif parce que les compétences masculines et le physique masculin sont toujours considérés comme la norme dans le sport féminin ou le sport en général.
Que pouvons-nous faire pour y remédier? Comme l'a dit Guylaine, vous savez certainement que nous avons discuté des problèmes et élaboré un grand nombre de solutions dans le cadre de Conversation 2015 qui a eu lieu à Québec. Nous avions là-bas six thèmes. Il s'agissait notamment des femmes entraîneures, de la participation des filles et des femmes d'influence.
Pour proposer brièvement une ou deux solutions, je suggérerais d'augmenter le nombre de femmes à des postes de direction, comme entraîneures, comme dirigeantes dans notre système. Si nous créons des programmes de mentorat, et nous savons que cela fonctionne — j'ai donné un simple exemple il y a quelques minutes — nous avons déjà un prototype.
La création d'environnements d'apprentissage, etc., aiderait à créer un milieu favorable.
Je vais m'arrêter là.
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Bon après-midi, madame la présidente et membres du comité.
[Traduction]
Je m'appelle Allison Sandmeyer-Graves et je suis la directrice générale de l'Association canadienne pour l'avancement des femmes, du sport et de l'activité physique connue sous le sigle CAAWS. Je vais la désigner sous cet acronyme. Je suis accompagnée de Karin Lofstrom, l'ancienne directrice générale de CAAWS, qui est une spécialiste de réputation internationale des femmes dans le sport.
L'objectif de CAAWS est que le système sportif canadien soit égalitaire et équitable pour les filles et les femmes et qu'elles y participent activement en tant que sportives et dirigeantes. Depuis sa fondation en 1981, CAAWS a été le principal porte-parole des filles et des femmes dans le sport au Canada.
Nous devons commencer par féliciter le comité d'avoir entrepris cette étude. C'est un sujet qui nous passionne. Malheureusement, malgré les efforts déployés depuis 30 ans par les principaux penseurs et praticiens du Canada, il reste encore beaucoup de travail à faire.
Comme M. O'Regan l'a mentionné, nous avons tous célébré le succès des femmes à Rio. Néanmoins, nous aurions tort d'en conclure que l'égalité a été établie et nous espérons que cela ne nous distraira pas de cet objectif.
Malheureusement, comme vous pouvez le voir dans le rapport que nous avons fait distribuer, la participation des femmes ne s'améliore pas et reste plus faible que celle des hommes à tous les niveaux.
À titre d'exemples, la participation des femmes au sport, leur participation globale est en baisse depuis les années 1990. Les adolescentes laissent tomber les sports dans une très forte proportion, ce qui constitue un énorme problème. Leur participation au sport à cet âge est un des principaux indicateurs de leur participation au sport leur vie durant. Comme nous l'avons entendu dire, la représentation des femmes dans les conseils d'administration, dans les postes de direction rémunérés et dans des rôles techniques reste obstinément faible.
Notre travail consiste en grande partie à établir quels sont les obstacles. Nous avons découvert que ce n'est pas parce que les filles et les femmes ne sont pas intéressées ou ne sont pas capables de faire du sport, mais plutôt parce qu'elles sont obligées de participer et de compétitionner dans un système qui souvent ne répond pas à leurs besoins et intérêts particuliers et qui n'est pas toujours accueillant pour elles.
Les obstacles sont complexes et Patrimoine canadien, ainsi que d'autres ministères, ont pris des mesures importantes en vue de les éliminer avec nous. Nous croyons qu'il est possible de faire plus et qu'il faudrait le faire et, bien entendu, nous sommes là pour apporter notre aide.
Nous aimerions formuler quelques recommandations auxquelles votre comité pourrait demander à Patrimoine canadien de donner suite de façon prioritaire pour aider à mettre en place le système sportif équitable que nous visons tous.
Nous recommandons que les organisations sportives que finance Patrimoine canadien soient informées clairement des critères à respecter et qu'elles aient des comptes à rendre. La politique de 2009 concernant les femmes et les sports contient un engagement à assurer l'équité entre les sexes. Néanmoins, il n'y a pas d'objectifs et il n'y a pas non plus de conséquences si les inégalités persistantes ne sont pas éliminées. Cela finit par donner l'impression que le gouvernement du Canada est indifférent.
Les organisations sportives ont besoin d'une analyse de rentabilisation du changement. La responsabilisation est un facteur de motivation efficace pour prendre enfin des mesures à ce sujet.
En deuxième lieu, nous recommandons d'évaluer la situation des femmes dans le sport au Canada et d'en faire rapport publiquement. Les données que nous avons sont fragmentées, peu fiables et contradictoires, ce qui empêche d'établir un indice de référence pour mesurer les progrès. Nous recommandons que Sport Canada exige que tous les organismes financés fournissent leurs données sur une base sexospécifique afin que nous puissions voir, pour chacune de leurs mesures, quel est le nombre de femmes et d'hommes qu'elles englobent. Cela pourra alors servir de base à un rapport régulier qui fournira des renseignements clés sur le secteur et attirera l'attention voulue sur cet enjeu.
Enfin, nous recommandons d'accroître le soutien aux organisations sportives pour qu'elles puissent appliquer avec succès des mesures visant à assurer l'égalité entre les sexes. Nous savons, pour avoir longuement travaillé avec les organisations sportives de tout le pays, qu'elles ont toutes besoin d'un meilleur accès à l'éducation, à la formation et à des conseils pour être mieux en mesure d'offrir des expériences sportives de qualité à toutes les filles et femmes — y compris aux autres groupes sous-représentés — de créer les conditions voulues pour favoriser l'avènement de femmes à des fonctions de direction.
Tout d'abord, je vous remercie de l'occasion qui m'est offerte d'échanger avec vous sur la question de la place des femmes et des filles dans le sport. Je m'adresse aujourd'hui à vous en tant que directrice générale de l'organisme Égale Action, qui assure un leadership provincial au Québec depuis 2001 à l'égard de tout ce qui touche les filles et les femmes dans le monde du sport.
Les informations que je vais transmettre au comité vont toucher exclusivement le volet sportif. Je serai heureuse également de répondre à vos questions sur le fonctionnement d'Égale Action.
Depuis 100 ans, il y a eu plusieurs percées relativement à tout ce qui touche la participation des filles et des femmes, mais on constate quand même une faible représentativité de celles-ci dans le domaine du sport.
Pourquoi devrait-on se préoccuper des filles et des femmes? On sait qu'avant le passage du primaire au secondaire, il y a un processus de désengagement dramatique qui se poursuit jusqu'à l'âge adulte, et ce phénomène est beaucoup plus important chez les filles.
En 2006, on a réalisé une étude au Québec qui a montré que les femmes représentaient à peine 14 % des entraîneurs, 28 % des officiels — environ 15 % de moins que le portrait canadien de 1998 — et 25 % des membres des conseils d'administration des instances sportives, dont 18 % aux postes de présidente ou de vice-présidente.
Les femmes occupent des postes décisionnels rémunérés au sein des fédérations sportives, mais seulement dans une proportion d'environ 25 %. L'accès à des postes décisionnels en sport demeure difficile au Québec, mais également au Canada.
En 2001, 63 femmes, parmi 420 athlètes et fondateurs, ont été admises au Temple de la renommée des sports du Canada, ce qui ne représente qu'un très faible pourcentage de 15 %.
Quels seraient les déterminants d'une présence assurée des filles et des femmes en sport? D'abord, je pense qu'il faut appuyer les mesures favorisant la participation des femmes, ce qui suppose de comprendre la problématique entourant leur participation et de sensibiliser le plus grand nombre de décideurs et d'acteurs possible. L'accroissement de leur participation va passer par un leadership politique, mais cette responsabilité va être partagée avec les instances sportives canadiennes et une identification claire et précise des rôles de chaque entité dans l'équation.
Ensuite, il faut encourager cette participation par une prise de décisions. Le contexte culturel et historique, jumelé au modèle du système sportif canadien mis en place, a fait en sorte qu'on a tenté d'insérer la participation des femmes dans un cadre mis en place par une culture masculine du sport, mais qui ne convient pas aux femmes, avec comme résultat, le peu de résultats.
Je pense que pour augmenter leur participation, il faut simplement débuter par prendre la décision de le faire. On ne parle pas de déshabiller Paul pour habiller Pauline, mais on parle d'équilibrer le tout et cela peut vouloir dire faire de la discrimination positive pour y arriver.
Il faut aussi penser à développer des environnements favorables tant sur les plans social et physique qu'administratif et financier. Sur le plan social, on parle évidemment de l'attitude et du comportement de l'entourage, qu'il s'agisse du conjoint, des parents, des amis, des entraîneurs, des décideurs et des pairs qui influencent fortement la pratique et l'implication dans le sport. On commence à peine à comprendre un peu mieux l'impact majeur des influences sociales sur la participation de nos filles et de nos femmes aux sports.
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Pour ce qui est de l'environnement physique et administratif, le nombre restreint d'infrastructures et d'équipements sportifs adéquats rend la pratique difficile pour l'ensemble des pratiquants. Si on ajoute à cela la notion de sécurité, d'accessibilité et de gestion discriminatoire, on obtient des barrières plus importantes à franchir pour favoriser la pratique et l'implication des femmes.
Par ailleurs, la question de l'environnement financier est incontournable. Pour que la participation et l'implication des femmes s'améliore vraiment, il faut investir financièrement et il faut que l'argent provienne du gouvernement, des partenaires ou des collaborateurs, en plus d'un changement de mentalité et de responsabilité à l'égard de l'octroi des budgets par les organismes et regroupements intervenant directement auprès de cette clientèle.
Finalement, il faut favoriser un encadrement de qualité. Selon moi, c'est la pierre angulaire qui garantit une expérience de qualité. Les intervenants sur le terrain ont tout avantage à comprendre le comportement des filles et à savoir comment communiquer et agir avec celles-ci. Pour ce faire, il faut massivement investir dans la formation de l'ensemble des intervenants et des décideurs.
En conclusion, avec les résultats phénoménaux qu'ont connus nos femmes aux derniers Jeux olympiques malgré les appuis restreints et déficients du système, on ne peut que constater l'énorme potentiel de nos femmes en sport. Toutefois, si l'on se contente du minimum, les résultats vont continuer d'être sporadiques et on continuera de priver nos filles et nos femmes des possibilités de croissance qu'offre le sport.
Je vous remercie de votre attention.
C'est un grand privilège pour moi d'être ici aujourd'hui et je suis heureuse de pouvoir vous faire part de mes opinions.
Pour ce qui est de mes antécédents, en quelques mots, je suis une ancienne athlète olympique qui a participé aux Jeux de 1964 et de 1968. J'ai également entraîné une athlète pour nos Jeux olympiques de 1976 et je suis une des membres fondatrices de CAAWS. En fait, toute ma carrière, peut-être pas sur le plan financier, mais sur le plan de l'engagement, a été consacrée à l'égalité entre les sexes et à la participation des filles et des femmes aux activités physiques et au sport. Je vous remercie donc de me demander mon opinion.
Je souhaite aborder une approche légèrement différente, car je pense qu'un grand nombre de vos témoins vous parleront de statistiques et d'un certain nombre de problèmes. Je voudrais voir comment, en pratique, nous pourrions améliorer les choses par rapport à la situation actuelle.
Le gouvernement fédéral s'intéresse depuis une cinquantaine d'années aux femmes dans le sport, ce dont je le remercie. Nous avons eu des politiques et des recommandations émanant non seulement des pouvoirs publics, mais aussi d'un certain nombre de conférences, au niveau provincial, national ou international, au sujet des femmes dans le sport. On peut dire, je crois, qu'il y a une foule de choses que nous pourrions faire, mais que nous avons beaucoup de difficulté, même avec le leadership de CAAWS, à obtenir les ressources dont nous avons besoin et à adopter une politique qui nous aidera à appliquer les recommandations concernant la participation des filles et des femmes au sport. C'est, je pense, parce qu'en raison du nombre d'associations que nous avons dans notre système et des différents niveaux de gouvernement, il est souvent difficile de coordonner notre action. Nous avons réalisé d'importants progrès et je pense que Rio pourrait nous servir de tremplin pour apporter des changements continus, durables et à long terme.
Je voudrais citer quelques chiffres. Comme certains d'entre eux ont été mentionnés, je serai très brève. Selon une enquête canadienne sur la santé mentale, que je crois vraiment importante, seulement 9 % des enfants et des adolescents consacraient 60 minutes à l'activité physique en 2012-2013 — même pas à un sport exigeant, mais à l'activité physique. ParticipACTION s'attaque à cette réalité et cela va faire partie de ce qu'elle cherche vraiment à promouvoir pour son 150e anniversaire. Nous devons nous rendre compte que très peu de gens croient que l'activité physique et le sport font partie de notre identité en tant que Canadiens et comprennent combien c'est important pour la santé de nos jeunes.
L'ACAFS, bien sûr, a un certain nombre de statistiques et vous pourrez les examiner, et Penny Werthner a mentionné des chiffres concernant l'entraînement. On ne retrouve que de 25 % à 30 % de femmes au Conseil d'orientation, de stratégie et de contrôle, au Conseil de l'ONS, et aux conseils qui gèrent nos systèmes sportifs.
J'aimerais nous voir vraiment examiner les occasions qui nous permettraient d'introduire de véritables changements. Les Jeux du Canada ont offert l'une des meilleures occasions. Les Jeux du Canada sont financés dans le long terme grâce à des engagements conjoints du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial et nous avons vu des changements en raison de ces engagements. Le conseil de l'organisme est totalement engagé et il dispose d'un programme d'action positive appelé Les entraîneuses. Des cibles ont été définies et les constatations doivent faire l'objet d'un compte rendu public chaque année.
Nous avons besoin de leadership. Il nous faut nous recentrer sur notre centre d'intérêt et pouvoir exploiter ce qui existe déjà afin d'adopter un programme, si nous le pouvons, dans un domaine spécifique, et apporter de vrais changements. Je pense que nous avons constaté le même phénomène avec l'initiative « À nous le podium ». On a toujours considéré que les femmes n'étaient pas aussi compétitives que les hommes. Je pense que ce mythe a été détruit à Rio. Toutefois, il faut un organisme qui prône l'égalité des hommes et des femmes dans le sport et que cela arrive en tête des priorités. Si vous êtes performant, si vous êtes sur la voie de la performance, vous obtiendrez du financement. Nous devons appliquer ce genre de critère d'égalité des genres dans ce que nous faisons.
J'aimerais ajouter que nous devons maintenir le cap, ce qui nécessitera du leadership et un financement durable. Des recommandations ont été faites et nous pouvons choisir les bonnes. Je dirais que nous avons besoin de trois choses pour parvenir à instaurer des changements à long terme: l'égalité des genres à la gouvernance de l'ONS, l'égalité des genres dans l'allocation de nos ressources et nous pouvons y arriver en inscrivant ces mesures dans nos statuts et en tenant des audits rapides pour nous assurer que les sommes ne sont pas seulement inscrites au budget, mais qu'elles sont vraiment dépensées en faveur des filles et des femmes et de l'égalité des genres au sein du personnel d'entraînement à l'échelle nationale.
C'est plutôt simple si vous examinez comment les Jeux du Canada et l'initiative « À nous le podium » ont appliqué ces mesures. Il y a des critères. Les critères sont très clairs et font l'objet d'une grande convergence. Si vous ne respectez pas les critères, vous ne recevez pas le plein financement. Je pense que si nous adoptions la même pratique dans le domaine de l'égalité des genres, nous verrions un véritable changement.
J'aimerais également demander...
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins. Vos témoignages sont vraiment utiles dans le cadre de l'étude que nous venons de débuter.
Je vais aller droit au but. Avec le premier groupe, nous avons parlé très rapidement du rôle de l'éducation quant au sport et au choix des femmes de faire du sport. Madame Lauzon, vous en avez aussi parlé plus tôt.
Je me pose des questions sur l'équilibre entre les modèles masculin et féminin pour les jeunes filles.Tous les enfants, donc toutes les jeunes filles, vont à l'école. Or les jeunes filles ont des modèles masculins comme professeurs d'éducation physique, professeurs qui jouent le rôle d'entraîneur à l'heure du midi et à la fin de la journée dans le cadre d'activités sportives parascolaires. Ce fut du moins le cas à 100 % dans le cas de ma fille. Les professeurs et entraîneurs qui lui ont servi de modèles n'étaient que des modèles masculins. Dans un contexte plus compétitif, en natation, elle n'a eu que des entraîneurs masculins. Je me pose des questions sur cet équilibre ainsi que sur le rôle de l'école et des programmes de scolarisation sportive.
À votre avis, quel est le rôle de l'école à cet égard?
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Dans le réseau scolaire québécois et celui du sport fédéré, notre plus gros problème est le travail en silo. Nous essayons désespérément de briser ces silos, mais il y a en quelque sorte des règles tacites. Ainsi, il est très difficile de pénétrer le réseau pour former les entraîneurs scolaires. Avoir accès à ces entraîneurs devient très compliqué.
À Égale Action, nous essayons d'entrer dans le système scolaire. Nous avons mis sur pied une formation qui s'adresse spécifiquement aux entraîneurs qui entraînent des filles, que ce soit dans un contexte scolaire ou dans un contexte civil. Ainsi, nous allons donner une formation dans l'un des réseaux scolaires de la Montérégie. Nous pensons arriver à percer un peu la muraille.
Dans les écoles, les femmes qui enseignent aux enfants dans les classes régulières sont beaucoup plus nombreuses que les hommes, mais pour les cours d'éducation physique, c'est totalement l'inverse. En effet, le nombre d'hommes y est beaucoup plus élevé. Vous avez raison de dire que les modèles féminins ne sont pas aussi présents dans les écoles.
Au sujet des modèles masculins, je crois par contre que les professeurs ou entraîneurs ayant été formés adéquatement pour interagir avec ces filles vont tout aussi bien amener celles-ci à atteindre le niveau de développement auquel elles aspirent. Oui, le modèle féminin a priorité, mais je pense que nos modèles masculins ont besoin d'aide pour ce qui est de la façon d'intervenir auprès de nos filles et de faire en sorte qu'elles progressent adéquatement. Il y a du chemin à faire, des silos à briser et des mentalités à changer dans les réseaux, mais c'est faisable. Nous avons commencé à le faire, progressivement, et cela fonctionne assez bien.
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Nous avons vu quelques bons exemples d'entraîneurs masculins qui comprennent que c'est différent d'entraîner des femmes, et parfois, ils introduisent une diplômée, une joueuse, pour servir de modèle, à titre d'entraîneuse adjointe.
L'Association canadienne du sport collégial offre un programme de mentorat destiné aux entraîneuses. Le programme fait appel aux joueuses diplômées qui reviennent et qui participent au programme. Bien sûr, un grand nombre d'entraîneurs-chefs sont des hommes, mais il s'agit d'un milieu de formation qui offre une expérience aux femmes.
Je pense qu'Élaine a raison quand elle dit que nous devons faire de l'éducation en même temps que nous essayons d'avoir plus de femmes entraîneurs. Pendant ce temps, ce sont les hommes qui entraînent les athlètes filles et femmes. Leur fournir cette éducation ferait une différence au plan psychologique.
Sur le plan physiologique, le genre de formation est assez similaire. C'est réellement sur cet aspect psychosocial entier que repose la différence pour les filles et les femmes en tant qu'athlètes, entraîneuses et leaders et auquel doivent répondre les entraîneurs masculins.
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Il y a une ou deux choses.
Nous avons, par exemple, connu une cause en droit de la personne, à Coquitlam, en Colombie-Britannique. Il était reproché à des équipes de jeunes garçons de monopoliser les installations et de ne pas permettre aux jeunes filles de les utiliser. Une décision a été rendue et, désormais, à Coquitlam, le taux de participation aux sports des jeunes filles et des femmes n'a jamais été aussi élevé. La ville compte aussi le plus grand nombre d'entraîneuses travaillant au premier palier.
À un moment ou à un autre, je pense que nous devons faire quelques contrôles dans le pays afin d'examiner l'usage qui est fait des installations et de quelques-uns des outils qui sont utilisés, légaux ou autres, pour amener des changements qui permettront l'égalité des genres dans nos installations.
Je pense que nous devons également examiner quelques pratiques exemplaires. Les programmes Ever Active Schools dans les écoles élémentaires albertaines et Action Schools en Colombie-Britannique sollicitent la collaboration des enseignants des écoles élémentaires pour leur permettre d'intégrer l'activité physique à la routine quotidienne de leurs élèves. Ceux-ci ont une pause de dix minutes au cours de laquelle ils se lèvent et peuvent être physiquement actifs. Les aires de jeux sont également conçues de manière à offrir des espaces pour gambader parmi les rochers, développer leur proprioception et d'autres éléments qui leur permettent de commencer à bouger et de pratiquer un sport.
Nous avons également constaté que les enseignantes ne portent plus de talons hauts dans les écoles élémentaires en Colombie-Britannique et que leurs problèmes au dos ont diminué. Elles doivent également se lever et participer aux jeux avec les enfants. Ces petites pauses de dix minutes font une différence.
Je pense que nous devons penser à bâtir... j'essaie de nous inciter à examiner ce problème. Quels sont nos succès et comment en tirons-nous parti? Dans les écoles élémentaires, pouvons-nous faire en sorte que les enseignants qui participent à ces activités s'impliquent également dans les activités d'entraînement? Comment devrions-nous aborder cette question?
Je pense que nous pouvons trouver des solutions si nous nous centrons sur ce que nous voulons réaliser.
Présentement, au Québec, il n'y a pas de programme officiel qui nous permet de récupérer nos athlètes ou nos meilleurs modèles. C'est une lacune épouvantable. Ces athlètes le font de façon très spontanée quand elles voient un modèle déjà en place, par exemple une entraîneuse ou une officielle.
La plupart deviennent conférencières. Elles deviennent ainsi des modèles pour inciter les jeunes filles à bouger, mais on les perd pour ce qui est du volet entraîneuse, officielle ou administratrice dans différents comités. Il y a quelque chose à développer pour ne pas qu'on les perde. Il ne faut pas simplement attendre qu'un modèle en place puisse les prendre sous son aile, même si cela se fait. Cela peut peut-être répondre à la question de M. Breton concernant les entraîneuses au niveau scolaire. Souvent, ce sont des jeunes qui jouent au niveau collégial ou début universitaire qui iront entraîner des jeunes filles ou des garçons au niveau scolaire. Ils ne sont pas encadrés et ils n'ont aucune idée de ce qu'ils vont faire là. Souvent, ils débutent.
Il faut vraiment mettre en place une structure qui ne soit pas lourde, qui va bien les encadrer dans leur nouveau rôle, que ce soit à titre d'officielle, d'entraîneuse ou d'administratrice.
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Bien sûr, j'ai vu tout le travail qui s'est fait ces dernières années sur la Ligue canadienne de hockey féminin.
Nous avons beaucoup de succès avec l'équipe olympique canadienne de hockey féminin, beaucoup de partisans et une grande couverture médiatique, mais quand il s'agit de la Ligue canadienne de hockey féminin — qui en plus compte une équipe américaine — nous n'avons pas la même couverture. Ces équipes regroupent beaucoup des mêmes joueuses. Nous avons déjà abordé le sujet des médias et des commandites au cours d'une séance antérieure, nous nous sommes penchés sur des façons d'inciter les gens à assister à ces événements, à acheter des billets. Mais si personne n'est au courant que ces événements ont lieu... C'est un genre de cercle vicieux. Par où doit-on commencer?
L'ACAFS a formé un partenariat très constructif avec les Producteurs laitiers canadiens. Les producteurs laitiers se rangent derrière la Ligue canadienne de hockey féminin et les femmes dans le sport, c'est un jumelage un peu étonnant, mais qui fonctionne très bien. Les producteurs ont des filles eux aussi, et ils sont présents dans toutes les communautés. Cela a été très constructif.