:
Bonjour. Je vous remercie de nous réserver cet accueil chaleureux.
Je suis la directrice exécutive du Groupe du patrimoine du ministère du Patrimoine canadien. Je suis accompagnée aujourd'hui de Guylain Thorne, directeur principal, Politiques et programmes du patrimoine, et Kathryn Zedde, analyste principale et gestionnaire des politiques et de la législation.
[Français]
Je vous remercie de nous donner l'occasion de vous fournir des renseignements en vue d'informer le Comité de l'état des musées locaux au Canada. Nous aimerions d'abord situer les musées comparativement à d'autres établissements du patrimoine canadien.
[Traduction]
Nous avions prévu vous présenter un exposé plus long, alors nous allons nous en tenir à la première partie de notre exposé afin de vous fournir certains renseignements contextuels et certains faits. La deuxième partie de la présentation est vraiment axée sur les programmes et les services que nous fournissons. Tous les renseignements sont là. Nous serons heureux de répondre à vos questions au sujet de nos programmes, mais je ne me concentrerai pas là-dessus ce matin.
Si vous me le permettez, j'aimerais commencer par situer les musées dans le contexte plus général des établissements du patrimoine.
Vous trouverez à la deuxième page du mémoire une répartition des établissements du patrimoine sans but lucratif au Canada. Les établissements du patrimoine sont les 2 600 archives, musées d'art, lieux historiques, musées, et zoos et jardins botaniques. Nous allons nous concentrer principalement sur les musées, qui représentent environ 55 % de ces établissements, et les musées d'art sans but lucratif, qui comptent pour près de 10 % des établissements. Ensemble, ils représentent environ les deux tiers des établissements du patrimoine au Canada.
J'aimerais préciser que bon nombre d'établissements ont plus d'une fonction. Par exemple, beaucoup de musées sont aussi des archives. Lorsque nous menons des enquêtes — et nous parlerons un peu plus en détail des enquêtes dans un instant —, nous demandons aux établissements d'indiquer leur objectif principal, et nous les classons en fonction de leurs réponses.
La diapositive 4 précise où les établissements du patrimoine — et plus précisément les musées d'art et les musées — sont situés partout au Canada. On peut aussi voir leur répartition sur le territoire. Comme c'est aussi le cas des autres composantes du milieu de la culture au Canada, la grande superficie et la relativement faible densité de population nous posent des problèmes. Sur la carte, les établissements du patrimoine sont indiqués en noir, et les chiffres rouges représentent le pourcentage du nombre total de musées et de musées d'art à l'échelle du pays.
Comme vous pouvez le voir, dans certains cas, il y a d'importantes différences régionales en ce qui a trait à la population du Canada, et, dans d'autres cas, c'est très près. Au sein du ministère, nous réfléchissons toujours en tenant compte des régions, parce que c'est de cette façon que nous répartissons nos programmes. Par exemple, la Colombie-Britannique et l'Alberta représentent ensemble environ 25 % de la population canadienne, mais ces provinces abritent environ 25,4 % des musées et des musées d'art. Cependant, la situation ailleurs au pays varie beaucoup.
La diapositive suivante présente des activités visibles et non visibles des musées.
C'est seulement la partie émergée de l'iceberg qui est visible au public: la participation publique, la présentation des collections, les activités de célébration et de commémoration associées aux musées et aux musées d'art et l'infrastructure physique et numérique que les gens peuvent voir, par exemple, sur place ou sur le Web.
Beaucoup de travail est réalisé en coulisse, comme les activités de protection et de préservation des collections, les activités de transfert du savoir et de formation des experts, les activités de recherche et d'élaboration de politiques, pour ne nommer que ceux-là. Ce sont des aspects non visibles pour le public. En général, les musées nous disent qu'il est plus difficile de recueillir des fonds pour les genres d'activité qui se trouvent dans la partie submergée de l'iceberg.
Bien sûr, il ne faut pas oublier tous les aspects administratifs de l'exploitation des musées, comme la gestion des ressources humaines rémunérées ou bénévoles, et tous les enjeux liés à l'entretien des bâtiments.
La diapositive 8 contient certains renseignements généraux concernant la deuxième enquête du gouvernement du Canada sur les établissements du patrimoine. Cette enquête a été réalisée en 2015 et elle est fondée sur les données de 2013. Avant que nous ne menions notre propre enquête, il existait très peu de renseignements exhaustifs sur les établissements du patrimoine au Canada. Nous nous appuyions sur l'enquête annuelle de Statistique Canada sur les établissements du patrimoine. Cependant, cette enquête ne tenait pas compte des établissements dont les revenus sont inférieurs à 50 000 $. Un très grand nombre de musées au Canada affichent des revenus de moins de 50 000 $, alors l'enquête faisait fi d'un grand nombre de petits musées.
Jusqu'à présent, nous avons réalisé deux de ces enquêtes.
[Français]
Ce sondage est devenu un outil important pour la planification de nos programmes et l'élaboration de nos politiques. L'enquête fournit également des informations aux établissements du patrimoine en ce qui touche le contexte dans lequel ils fonctionnent.
[Traduction]
L'enquête est devenue un outil important pour l'élaboration de nos politiques et la planification de nos activités. De plus, elle est aussi utile pour les autres ordres de gouvernement, les musées nationaux, provinciaux et territoriaux, les professionnels de la muséologie, les universitaires et d'autres intervenants. Elle fournit aux différents établissements du patrimoine des renseignements leur permettant de se comparer à leurs pairs.
La septième diapositive présente des données choisies au sujet des musées et des musées d'art tirées précisément de l'enquête. Nous avons extrait ces données de l'enquête sur le patrimoine — que, si je m'abuse, vous avez pu consulter et dont vous avez été informés — et nous avons produit un rapport spécial sur la situation des musées et des musées d'art au Canada.
Nous pouvons vous fournir cette enquête. Elle n'est pas encore accessible publiquement sur notre site Web, mais nous l'avons mise à la disposition des associations de musées. Nous serons heureux de vous en fournir des exemplaires. Vous aurez ainsi accès à des données un peu plus pointues qui vous permettront d'examiner la situation dans chaque province et territoire. Si ça vous intéresse, nous pouvons vous fournir le document.
En ce qui a trait aux chiffres que vous voyez ici, il s'agit de notre deuxième enquête, et nous posons pas mal de questions standard et quelques nouvelles questions à chaque itération. Une enquête est assortie d'un taux de participation très élevé, alors nous sommes très satisfaits de la fiabilité des données. Les données sont de loin meilleures à celles que nous fournissait Statistique Canada. Tout est fait à l'interne.
Nous savons, par exemple, que les musées et les musées d'art au Canada protègent près de 51 millions d'artefacts. Les visites en personne ont augmenté de 21,6 % au cours de la dernière période visée par le rapport; on parle ici de 7,6 millions de personnes de plus. En ligne, les visites ont aussi augmenté, de près de 32 % cette fois-ci, comparativement à la dernière enquête.
Le bénévolat a aussi augmenté de 10 %. Cependant, nous savons que, même si les chiffres augmentent, les bénévoles fournissent un peu moins d'heures. Les musées nous disent qu'il s'agit d'une tendance liée au fait que leurs bénévoles, qui sont environ trois fois plus nombreux que leurs effectifs rémunérés ou contractuels, vieillissent. C'est un défi pour eux.
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Oui. Je vous remercie de la question.
Premièrement, je tiens à dire qu'un certain nombre de musées
[Traduction]
ne demandent pas de prix d'entrée. La majeure partie le fait, mais certains ne le font pas, et d'autres laissent les gens libres d'offrir ce qu'ils veulent. Il y a eu de grands débats entre les musées quant à savoir s'il faut ou non demander un prix d'entrée en tant que source de revenus. Certains petits musées constatent qu'ils reçoivent plus d'argent s'ils permettent aux gens de faire un don.
Le nombre de visites est en hausse. Les visites physiques ont augmenté d'environ 21 %. On parle ici des visites en personne. Il ne fait aucun doute que les gens continuent de visiter les musées pour vivre l'expérience en personne. On note aussi une importante augmentation des visites en ligne, en hausse d'environ 32 %. Les résultats de la plus récente enquête révèlent qu'il y a eu environ 36 millions de visites en 2013, l'année la plus récente pour laquelle nous avons les statistiques, et environ 83,7 millions de visites en ligne.
Bien sûr, beaucoup de personnes font les deux. Elles vont aux musées et utilisent leur téléphone intelligent pendant qu'elles sont là pour obtenir de plus amples renseignements au sujet d'une exposition précise ou encore elles visiteront le musée en ligne avant de s'y rendre. Cependant, il ne fait aucun doute que les musées obtiennent de très bons résultats en ce qui a trait aux visites en personne. Certains musées sont de nature saisonnière, bien sûr, alors ils accueillent seulement des visiteurs durant certaines périodes de l'année.
J'aimerais apporter une précision à ce sujet.
[Traduction]
Je peux aussi répondre en anglais.
Je tiens à préciser que, pour respecter l'exigence d'admissibilité au Programme d'aide aux musées, il doit y avoir un employé à temps partiel pour toute l'année. Il ne doit pas nécessairement s'agir d'un conservateur en tant que tel, mais il doit y avoir un employé à temps plein qui travaille pour le musée.
Je ne connais pas l'origine de cette exigence du programme, mais l'objectif était d'assurer un minimum de professionnalisme dans le cadre des interactions avec les musées. De plus, puisqu'il est probablement impossible de tout financer dans le cadre du programme, il fallait définir certains critères pour nous assurer que les choix faits dans le cadre du programme sont appropriés, vu l'ampleur des besoins.
Quant à savoir si on pourrait éliminer ce critère pour tenir compte des autres musées, il y a deux ans, nous avons ajouté une petite composante à la Réserve pour la circulation des expositions qui permet à ces musées d'emprunter des artefacts du Musée canadien de l'histoire et du Musée canadien de la guerre. Pour ce qui est de l'admissibilité au programme d'emprunt d'artefacts de ces musées, les musées ne respectaient pas l'exigence d'avoir un employé à temps plein.
Nous avons élargi légèrement l'accès à une très petite composante du programme. Je crois que nous tenons compte des besoins d'emprunt d'artefacts. Il y a peut-être des musées au Canada qui sont en mesure d'emprunter des artefacts, mais qui ne respectent pas nécessairement le critère d'avoir un employé à temps plein.
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Le Programme d'indemnisation est complexe, en partie parce que bon nombre des composantes de l'exposition sont réunies à la dernière minute. Comme vous le savez, c'est un programme destiné aux expositions de grande valeur. On parle en général d'une valeur minimale de l'exposition de 500 000 $, et le gouvernement peut assumer une responsabilité maximale de 3 milliards de dollars en tout temps.
Le défi, c'est que la plupart de ces expositions viennent de l'extérieur du Canada. Lorsque nous traitons ces dossiers, nous devons nous assurer que l'exposition est la plus sécuritaire possible afin qu'on n'endommage pas les éléments de l'exposition. Ce faisant, il y a des exigences de sécurité à respecter, des normes environnementales et ce genre de choses.
Dans le passé, nous avons réussi à faire preuve d'une certaine souplesse auprès des petits musées. Je parle plus précisément des musées qui ne présentent habituellement pas d'expositions spéciales. L'année passée, la Magna Carta s'est déplacée partout au pays, même dans des endroits qui n'avaient encore jamais reçu du matériel d'exposition de grande valeur. La valeur de cette exposition était très élevée. C'est une combinaison de choses.
J'avoue que, parfois, l'avis tarde à arriver, mais cela reflète en général le fait que certaines de ces expositions... C'est plus facile dans le cas d'une exposition de type clé en main, où tout vient du même endroit. C'est beaucoup plus difficile lorsqu'une exposition exige parfois des centaines d'accords différents avec des prêteurs, et les renseignements arrivent parfois à la dernière minute.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les trois témoins d'être parmi nous ce matin.
Madame White-Thornley, quand on a interrompu votre présentation, vous étiez à la page 9 de votre document. On y parle clairement des ratios de soutien financier des gouvernements, des dons et ainsi de suite. Ce graphique nous permet de voir que les gouvernements provinciaux, tout comme le gouvernement fédéral, sont très engagées quant à ce financement.
Je vais poser ma question à M. Thorne. Mesdames White-Thornley et Zedde, je pourrais vous accorder par la suite le temps de parole qu'il me reste pour que vous puissiez nous faire part du contenu de votre document. Je veux vous laisser du temps pour en faire état parce que, selon moi, votre contribution est essentielle dans le cadre de cette étude. Vous êtes ici pour nous dire ce que vous faites pour soutenir les musées. À partir de là, il faut rencontrer des gens, poser des questions et déterminer si cela correspond aux besoins.
Monsieur Thorne, y a-t-il une bonne collaboration entre les ministères de la Culture des provinces, par exemple le ministère de la Culture et des Communications du Québec?
Y a-t-il une approche coordonnée à certains égards?
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Vandal, je vous remercie d'être revenu au sujet principal de notre étude, à savoir l'état des musées au Canada, en mettant l'accent sur les musées locaux.
Nous allons avoir trois rencontres exploratoires et il faudra nous entendre pour savoir si nous voulons nous pencher sur ce sujet et, le cas échéant, sous quel angle nous voulons le faire. Des centaines de représentants de musées voudront venir nous dire à quel point leur situation est difficile.
J'ai une question fort pertinente sur Jeunesse Canada au travail. Madame White-Thornley, de la page 17 jusqu'à la fin de votre présentation, il est question de différents programmes. D'après vous, lesquels répondront le mieux aux besoins des petits musées régionaux? Le programme Jeunesse Canada au travail, particulièrement au cours de la saison touristique, est certainement le plus populaire, mais les autres programmes sont-ils bien connus? Devrait-on en parler aux différents musées?
Je vous laisserai sur un commentaire qui découle des différents constats dont nous ont fait part des exploitants de musique sur Internet. Je suis le premier à trouver que nous sommes lents à passer à la numérisation et aux nouvelles technologies. De leur côté, les musées ont beaucoup mis l'accent sur la numérisation des collections et des oeuvres. Dans l'iceberg illustré dans une des diapositives, on peut voir très clairement que tout ce qui est en-dessous de l'eau doit continuer, et ce, même si on a numérisé et rendu accessibles ces oeuvres sur Internet.
Ce programme répond-il aussi aux besoins des petits musées régionaux? Nous tiendrons bientôt au moins deux réunions sur ce sujet. D'après vous, quels seront les enjeux pour ces petits musées?
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Je vais d'abord répondre à votre première question.
[Traduction]
Vous m'avez demandé lesquels de nos programmes répondent le mieux aux besoins des petits musées et des musées locaux, c'est bien cela?
De toute évidence, le programme Jeunesse Canada au travail est l'un d'eux. C'est aussi le cas du programme d'aide aux musées, surtout la Réserve pour la circulation des expositions. C'est un programme très utile pour eux. La composante autochtone aide aussi les petites organisations autochtones, tout comme la composante liée à la gestion des collections peut aider aussi les petits musées.
Par l'intermédiaire des subventions de biens culturels mobiliers, nous avons un fonds pouvant atteindre 1,2 million de dollars qui peut aider des organisations de quasiment toutes les tailles. Tant qu'elles peuvent entreposer un artéfact dans les bonnes conditions, nous les aiderons à acheter du matériel accessible sur les marchés internationaux si c'est très important pour elles ou si c'est un article assujetti à un délai d'exportation qui risque de quitter le pays, comme, par exemple, des médailles militaires appartenant à un ancêtre ou à une personne qui a de la famille dans la collectivité. Si les musées les veulent, nous pouvons les aider à les acheter, peu importe leur taille.
Les services de formation que nous fournissons peuvent aussi être utiles aux petits musées. Nous fournissons des fonds pour réaliser des programmes de formation qui permettront d'enseigner aux responsables comment numériser leurs artéfacts. Il s'agit d'une formation en personne ou d'une formation en ligne.
Nous avons parlé du Fonds du Canada pour les espaces culturels. Ce fonds peut aussi être utile, mais je crois que la question principale à laquelle le Comité tente de répondre concerne les musées qui sont si petits qu'ils ne respectent pas les seuils minimaux établis en matière de professionnalisme. Nous avons très peu de programmes destinés à ces musées. Nos programmes sont principalement destinés aux musées qui respectent les normes professionnelles minimales de muséologie, parce que la majeure partie de nos fonds sont destinés aux musées nationaux et que les autres fonds que nous avons soutiennent les musées qui respectent un certain seuil. Le programme Jeunesse Canada au travail est le principal programme pouvant venir en aide aux musées qui ne respectent pas le seuil.
Nous n'utilisons pas le terme « local » pour décrire des musées lorsque nous en parlons parce que, comme vous l'avez dit, le Musée des beaux-arts de l'Ontario ou le MRO peuvent être votre musée local. Nous abordons la question en fonction de la taille des musées.
Pour ce qui est des données que nous avons réunies pour vous, nous avons utilisé des seuils financiers, ce qui est susceptible de sous-entendre qu'un musée qui est plus petit sera local. Les musées nationaux sont les six sociétés d'État qui ont le statut de musée national au Canada: le Musée des beaux-arts, le Musée canadien de l'histoire et ainsi de suite.
Les musées provinciaux sont les musées qui reçoivent des fonds provinciaux. Ce peut être le musée de Rooms, à Terre-Neuve, ou encore le Musée des beaux-arts de l'Ontario ou le MRO. Ces musées sont principalement financés par les gouvernements provinciaux.
Les municipalités possèdent souvent beaucoup de petits musées qu'elles financent. Les musées municipaux, en général, sont ceux qu'on pourrait considérer comme locaux, parce que leurs budgets sont habituellement inférieurs, même si, dans un endroit comme Toronto, ils peuvent bénéficier de budgets bien supérieurs à 1 million de dollars.
Un musée local, du moins de mon point de vue, c'est un musée qui compte sur un petit budget et qui sert une fonction locale plutôt qu'une fonction nationale, internationale ou même provinciale. C'est une question de contenu. Ces musées sont destinés à un public local et ont tendance à être petits.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour à toutes et à tous. Étant donné que je n'ai appris qu'hier que j'allais comparaître devant vous aujourd'hui, je n'ai pas de document à vous soumettre.
Je vais d'abord retracer mon parcours. Je travaille dans les musées depuis près de 50 ans. Je suis un observateur de la scène culturelle muséale depuis tout ce temps. J'ai participé à la création et à la rénovation d'environ 250 musées dans le monde, la plupart au Québec. Une cinquantaine d'entre eux se trouvent toutefois en Europe, notamment en France, en Suède, au Portugal et aux États-Unis. J'ai travaillé à divers titres, soit comme concepteur du programme muséal — c'est l'étape avant celle du travail des architectes —, soit comme promoteur d'un projet en cours afin de contribuer au programme architectural ou au programme fonctionnel et au développement des thématiques. J'ai aussi oeuvré au chapitre des collections. J'ai réalisé une quarantaine d'expositions permanentes pour des musées, des lieux du patrimoine et d'autres endroits. Ce matin, j'aimerais vous parle de l'évolution des musées au cours des cinquante dernières années.
Avant les années 1970, on avait ce que j'appelle la « muséologie des objets ». Je vais vous présenter une équation bien simple à cet égard. Un musée est un bâtiment auquel on ajoute des collections et où il y a des visiteurs, en plus des conservateurs qui s'occupent des collections. Durant les années 1970, un mouvement s'est créé à l'échelle mondiale autour de ce qu'on a appelé la « nouvelle muséologie », ce qui a donné des écomusées et des centres d'interprétation. Les dimensions de l'équation ont alors changé. Le nouveau musée se composait d'un territoire et non plus que d'un bâtiment. Dans un parc national, par exemple, qui couvre un grand territoire, on a mis sur pied un centre d'interprétation pour parler de ce territoire. Au lieu de présenter une collection d'objets, on s'occupe de l'ensemble du patrimoine existant sur le territoire. Il y a encore des visiteurs et, souvent, la population participe à sa mise en valeur. On passe alors à un autre niveau, que j'appelle la « muséologie des sujets ». Il y a avait donc les objets et les sujets.
Depuis une quinzaine d'années, un nouveau type de muséologie s'est développé qui, selon moi, est celui vers lequel tendent de plus en plus les musées locaux. Ils ne sont pas nécessairement des musées de grande envergure, mais ils sont près de leur communauté et de leur population. J'ai nommé cette tendance la « muséologie des idées ». On passe alors à un niveau beaucoup plus abstrait où le musée devient, comme je l'appelle, un « musée citoyen ». Le musée citoyen est constitué d'une société et de ses enjeux, auxquels on ajoute des défis à relever et des solutions à trouver. Il y a les forces vives de la population qui réclament un changement. C'est pour cette raison que, de nos jours, beaucoup de musées parlent de développement durable et de changements climatiques. En fait, ils traitent de sujets difficiles, en parlent avec leur population et organisent des expositions. L'Écomusée du fier monde, à Montréal, est un exemple assez étonnant de ce qui peut être fait sur le plan social ainsi que dans les domaines du développement culturel et du développement durable.
Je vous ai brossé un portrait de l'évolution de la muséologie telle que je la vois depuis 50 ans. À mon avis, cela va permettre aux musées de devenir des outils de développement beaucoup plus efficaces qu'ils ne l'étaient lorsqu'ils faisaient partie de la muséologie des objets. Il y a eu l'étape de la muséologie du trésor et par la suite celle de la muséologie de la connaissance. Nous en sommes maintenant à la muséologie du développement.
Le grand congrès du Conseil international des musées, l'ICOM, va se tenir à Milan, au mois de juillet. Le thème y sera justement le changement dans le paysage culturel. Autrement dit, on ne traite plus de l'objet, mais du sujet. Selon moi, cela annonce de nouveaux moyens d'action pour les musées.
À mon avis, il faut pour ce faire que des changements soient établis quant aux attitudes professionnelles, au financement, aux sources de financement, à l'utilisation des nouvelles technologies de communication et de conservation et ainsi de suite.
C'était, en quelques mots, ce que j'avais à dire sur la situation telle que je la vois présentement.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie, monsieur Rivard, de votre présentation.
[Traduction]
J'ai eu l'honneur d'être membre du conseil de direction de The Rooms, à Terre-Neuve, qui héberge un musée provincial, un musée d'art provincial et des archives provinciales. Même si je ne me suis pas mêlé de la direction — et je ne devais pas le faire — en tant que membre du conseil et cadre, j'ai prodigué certains conseils stratégiques. Un des phénomènes fascinants dont j'ai été témoin au cours des 10 dernières années, c'est la croissance en ligne, particulièrement pour joindre les plus jeunes.
À la lumière des 50 années, comme vous l'avez dit, que vous avez passées à prodiguer des conseils aux musées partout au pays, comment voyez-vous l'aspect en ligne des choses? Est-ce complémentaire aux musées? C'est un supplément? Les musées deviendront-ils des endroits où l'on ne fait qu'entreposer des choses alors que les gens préféreront les voir en ligne ou est-ce que les gens utiliseront leurs téléphones par exemple, pour obtenir des renseignements supplémentaires lorsqu'ils sont dans des musées? Est-ce que ce sera les deux?
J'aimerais savoir ce que vous pensez des changements que vous avez constatés au fil du temps, particulièrement en ce qui a trait aux technologies numériques.
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C'est un peu une évolution. Il y a eu... avec l'arrivée des ordinateurs dans les années 1980, nous avons vu beaucoup de musées qui expérimentaient avec les nouvelles technologies.
Ce que j'en pense, c'est que tous ces appareils de communication — les iPhone ou quoi que ce soit — ne peuvent pas remplacer l'objet tridimensionnel ou l'artéfact patrimonial qu'un musée ou un site du patrimoine fournit. En d'autres mots, les technologies numériques doivent cibler quelque chose que les musées ont à offrir, mais le faire de façon complémentaire. Il faut inviter les gens à aller voir ces choses en vrai plutôt que de leur donner toute l'information.
Lorsque je prévois une exposition, je dis toujours qu'il y a trois façons de « lire » une exposition. Le premier niveau, c'est soit les oeuvres d'art, soit les titres du texte principal. Puis, il y a le texte secondaire, qui fournit plus d'information. Le troisième niveau, qui est habituellement caché, c'est l'information qu'il faut trouver d'autres façons, parce qu'elle n'est pas facilement accessible, c'est l'information qui offre des pistes de réflexion.
C'est là où j'arrive avec ma notion de muséologie des idées, dont j'ai parlé. On peut intégrer ces idées, parce que le musée n'a pas d'idées. C'est une collection principalement d'objets en trois dimensions, mais ces idées sont liées à ces objets, et parfois, les gens ne voient pas le lien. C'est là où le troisième niveau de lecture est important, et les nouvelles technologies aident le musée à fournir ces renseignements au public.
Ce n'est pas une tâche facile.
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Les matières à réflexion doivent être bien dosées, et il faut que ces renseignements soient destinés à la bonne clientèle.
Par exemple, j'ai travaillé dans le nord de la Suède avec les Lapons, avec la communauté samie, et nous avons mis sur pied leur musée national à Jokkmokk.
Nous avons conçu l'exposition comme des enclos pour rennes. En d'autres mots, à l'automne, lorsqu'ils réunissent tous les rennes, ils les font tourner en rond dans un enclos, où les rennes tournent en rond sans cesse. C'est le premier niveau. Puis, des trappes s'ouvrent, et les rennes qui appartiennent à un groupe sont transférés dans une autre zone, en d'autres mots, dans un sujet. De là, ils sont marqués. Puis arrive le soir, l'heure du repas des rennes, et un autre enclos s'ouvre où les rennes peuvent aller se nourrir, et cette partie représente la matière à réflexion.
C'est le troisième niveau. Cela reste caché pendant longtemps, mais, lorsque le bon moment arrive, la porte s'ouvre, et la nourriture est là. C'est ainsi que les musées devraient fonctionner de plus en plus, pas seulement en se limitant aux deux premiers niveaux de lecture du patrimoine.
Est-ce que cela répond à votre question?
:
Les plus petits musées ont des problèmes de budget annuel. C'est ainsi partout, dans tous les pays. Je n'ai pas vu beaucoup de petits musées qui ont assez d'argent, parce que leurs employés réfléchissent toujours à de nouveaux programmes et tentent d'aider à sensibiliser les jeunes. À part cette question d'argent, j'ai constaté ce que j'ai appelé la professionnalisation des travailleurs des musées au cours des 40 dernières années. Lorsque je pense aux programmes universitaires offerts, la plupart des programmes offrent une formation en muséologie qui est davantage adaptée aux grands musées.
Je ne crois pas qu'il soit possible de suivre un cours de formation destiné aux petits musées. Tout le monde veut être conservateur d'un musée des beaux-arts, mais le nombre de places est limité, alors ils se retrouvent sur la côte de Gaspé, dans un petit musée et ce qu'ils ont appris ne s'applique pas vraiment parce qu'ils ont des problèmes de chauffage à régler. Ils ont différentes choses dont ils doivent s'occuper.
Il y avait un programme de formation du gouvernement fédéral qui n'existe plus. Je crois que les représentants de l'Association des musées canadiens vous en parleront davantage parce que j'ai parlé à John McAvity hier, et c'est ce qu'il me disait.
Il y a donc la formation, et l'autre chose que je soulignerais, c'est la planification thématique. Beaucoup trop de musées parlent de la même chose et ne misent pas suffisamment sur un thème qui est propre à la région pour l'approfondir, même si leur collection ne s'y prête pas tout à fait.
J'ai toujours dit que tous les centres d'interprétation dans le système des parcs nationaux parlent de glaciation. Oui, nous savons qu'il y avait quelques milliers de pieds de glace il y a 10 000 ans. Une fois qu'on sait cela, si on passe de Jasper à Banff et qu'on nous raconte toujours la même histoire, alors il y a quelque chose qui cloche, alors...
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Il y a beaucoup de musées au Canada. Lorsque j'ai commencé, il y a 50 ans, il y en avait la moitié moins qu'aujourd'hui. Beaucoup ont été créés durant les années 1970 et 1980, surtout les sites patrimoniaux ou les musées thématiques qui ont été construits principalement le long des routes touristiques.
C'est un phénomène naturel. Si l'on regarde les statistiques des autres pays, on verra que la Suède, par exemple, a construit plus de 400 musées de plein air durant les années 1920. Il n'y avait même pas cinq millions de personnes en Suède à ce moment-là. Les Suédois procèdent à la muséification de tout ce qui devient désuet. Ils ont procédé à la muséification de l'agriculture dans les années 1920, dans le sillage du premier, le musée Skansen, qui a été créé par Hazelias durant les années 1890. Maintenant, ils procèdent à la muséification de leur industrie. Ils transforment en musées des usines de verre et de fabrication de cristal.
Nous n'avons pas ce réflexe, mais cela ne nous a pas empêchés d'avoir accru le nombre de musées. Notre réflexe vise plus à sauver ce qui est local, ce qui appartient à nos racines et nos fibres, afin que les prochaines générations puissent les voir.
Y a-t-il trop de musées? Oui, si on pense aux moyens que nous avons pour préserver et conserver les collections. Comme vous le savez, la plupart des collections ne sont pas bien conservées. On perd certains objets en raison d'un mauvais entreposage.
Ce que j'ai proposé au gouvernement provincial du Québec, c'était de créer un centre de conservation ou des endroits où de petits musées pourraient envoyer leurs objets pour qu'ils soient conservés, comme ils le font en Norvège. Cela provoque un changement. Plutôt que d'être ralentis par leur obsession à l'égard des collections, les musées commencent à réfléchir au sujet de la muséologie et à l'idée qui sous-tend les musées. Ils commencent à établir des objectifs plus sociaux pour leurs musées plutôt que simplement la conservation du patrimoine. Cette mesure a aidé.
Par exemple, à Trondheim, en Norvège, c'est incroyable tout ce qu'ils ont fait au cours des 20 dernières années dans le musée une fois que l'État a assumé la responsabilité de la conservation des collections. La Norvège compte seulement 5,5 millions de personnes. Bien sûr, ils ont de l'argent. Le pétrole fait une différence. Mais tout de même, ils ont autant de musées en Norvège que nous en avons au Québec. En fait, je crois qu'ils en ont plus, et leurs musées sont beaucoup plus pertinents que bon nombre des nôtres.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Rivard, je vous remercie beaucoup de votre présentation. Je pense que tout le monde est ébahi par vos connaissances et par votre manière de les communiquer.
J'invite tout le monde à aller voir votre site, qui est magnifique.
Il est inquiétant de voir qu'il faut être un initié pour connaître votre existence malgré le fait que vous soyez si actif. Pour ma part, je suis très familier avec le Musée des maîtres et artisans du Québec et M. Pierre Wilson, qui dirige ce musée. Pour moi, vous êtes une découverte.
Je vous remercie, monsieur Van Loan. Je ne sais pas comment vous avez entendu parler de M. Rivard, mais c'est absolument fantastique de voir à quel point il est inspirant.
Un peu plus tôt, j'ai posé la question aux représentants du ministère du Patrimoine canadien. Je leur ai parlé de cette expertise à partager. Les ministères et agences gouvernementales ont pour mission de soutenir le développement. Quand c'est industriel, c'est industriel et il est important de jouer un rôle d'arrière-plan. Quand on parle des petits musées, qui sont l'objet de l'étude, on parle beaucoup d'amateurs et de gens qui veulent bien faire. Dans ce cas, l'expertise, l'encadrement et les recommandations sont appropriés. Avez-vous l'impression, par exemple, que des gens du ministère du Patrimoine canadien devraient aller à la réunion de l'ICOM?
Vous avez parlé de votre collaboration avec le gouvernement du Québec. Des gens comme vous ont-ils été mis à l'écart des ministères? Votre expertise, on la trouve fantastique, mais y a-t-il quelqu'un qui travaille pour le Programme d'aide aux musées au ministère du Patrimoine canadien et qui a le quart de votre expertise dans ce domaine?
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Je ne pourrai pas parler de la dernière partie de votre question.
Des voix:Oh, oh!
M. René Rivard: Mon premier emploi a été au gouvernement fédéral. De 1970 à 1973, j'étais directeur des Lieux historiques nationaux du Canada pour l’Ontario et le Québec.
En 1973, le gouvernement a créé Parcs Canada et je suis devenu directeur pour le Québec du Service d'interprétation et de muséologie. Nous avons alors décidé de faire différemment parce qu'il y avait une décentralisation. Nous étions trois employés au départ et, un an et demi plus tard, nous étions 35. J'ai recruté les meilleurs réalisateurs d'expositions.
Je me suis inspiré d'une américaine qui s'appelle Alma Wittlin. Elle a écrit un livre, publié en 1970, qui décrivait les 16 points à envisager pour améliorer les musées.
Dans ce livre, on trouve quatre points très intéressants. Dans toute expression muséale, il doit y avoir trois personnes et trois professions qui sont représentées. Il faut, premièrement, une personne qui est experte au sujet des collections. Deuxièmement, il faut celle qui sait mettre en forme l'exposition et, troisièmement, il faut une personne qui puisse communiquer. C'est celle qui sait écrire des textes et qui sait que tel public a besoin d'une approche donnée plutôt que d'une autre. On ne met pas des oiseaux empaillés les uns à côté des autres sur des petits trépieds si l'on veut parler, par exemple, de la biodiversité ou de sujets scientifiques. Cela m'a inspiré et on a travaillé en ce sens.
En 1980, j'ai quitté Parcs Canada pour des raisons personnelles. Le téléphone s'est alors mis à sonner et on m'a demandé d'être consultant.
En 1978, je disposais de 6 millions de dollars pour faire des expositions dans les sites de Parcs Canada dans la région du Québec. Allez-voir combien d'argent ils ont aujourd'hui. C'est probablement près de zéro. De plus, toutes les expositions qu'on a faites sont en train de tomber.
[Traduction]
Ils tombent en morceaux.
[Français]
Le terrible outrage des années fait son oeuvre. À force d'être utilisées et présentées, les expositions dépérissent. C'est comme une vieille bagnole qui, à un moment donné, se retrouve au dépotoir.
Je pense que c'est ce qu'il faut retenir.
:
Les défis ne sont pas moindres ailleurs. Ils sont semblables un peu partout. Ici toutefois, cela varie.
J'ai travaillé beaucoup dans des communautés inuites et cries. Il est évident qu'en raison du froid, il en coûte plus cher de conserver des objets à 20 degrés Celsius et à 55 degrés d'humidité. Cela coûte plus cher que si vous êtes dans un endroit comme chez les Indiens Ak-Chin, en Arizona, où on n'a même pas besoin de système car le climat est sec. Tout est parfait.
Nous ne recevons pas la même aide de l'État que celle qu'accorde la France, par exemple, à ses musées. Notre structure est mixte et s'appuie beaucoup sur la participation populaire. C'est l'un de nos atouts sur lequel il faut s'appuyer et qu'il faut développer davantage. C'est pour cette raison que les sociétés d'amis de musées et les groupes qui veulent réellement apporter leur contribution devraient être encouragés.
Par exemple, l'Écomusée du fier monde bénéficie de la contribution de 2 000 volontaires. Ils s'agit de gens du Centre-Sud, du quartier gai, de personnes handicapées, de personnes analphabètes et ainsi de suite. Tout le monde a ses ramifications dans le musée et participe à la recherche de solutions communes pour se développer à l'intérieur de cet écomusée.
C'est un atout. Ce n'est pas pour rien que cet écomusée sera honoré en juillet au Conseil international des musées, à Milan. Il l'a été à Dubrovnik l'an dernier, à ce qu'on appelle « The Best in Heritage ».
Cet écomusée est un tout petit musée local et de quartier à Montréal qui travaille depuis 30 ans à améliorer la situation des gens à partir de la nouvelle muséologie que j'appelle celle du « musée citoyen ». C'est un musée d'histoire industrielle et populaire.
C'est la même chose dans les autres provinces du Canada. Je travaille avec des universitaires de Regina, en Saskatchewan. Cette province est en train de développer six ou sept écomusées dans le Nord de la province. Je dois m'y rendre en octobre pour assister à un colloque. Il y aura une sorte de session d'une semaine sur la façon d'améliorer le système pour donner davantage d'impulsion et pour que les choses se fassent plus rapidement. Quand il y a beaucoup de bénévoles, souvent, il y a de l'essoufflement. Si cela prend trop de temps, les gens vieillissent et, tout à coup, ils ne s'impliquent plus. Il n'y a pas de relève. On n'a pas fourni les outils nécessaires ou désigné une personne responsable pour stimuler les bénévoles.
Il y a les aidants naturels et il y a les aidants culturels. Ces gens soignent la société beaucoup plus que vous ne le croyez.
Il y a quelques années, il y avait des cours par correspondance, mais ceux-ci n'existent plus maintenant. Ils étaient offerts par le gouvernement fédéral, l'Association des musées canadiens et quelques associations provinciales de musées. Ils ont disparu progressivement mais, de nos jours, avec les moyens technologiques que l'on possède, les universités offrent des cours à distance partout. Il s'agirait simplement de créer un système et d'employer des professeurs. Personnellement, j'irais donner des cours toutes les semaines s'il le faut.
Des voix: Oh, oh!
M. René Rivard: J'irais parler à des étudiants ou à un directeur de musée à Yellowknife, par exemple.
On le fait de façon informelle, bien sûr, par l'entremise des réseaux que l'on crée entre nous. Cependant, il pourrait y avoir une structure pour regrouper tout cela, un genre de programme de formation, une Télé-Université ou une « Télé-Quelque chose », qui rendrait son contenu disponible à des bénévoles, à des retraités et à des personnes à la maison. Ces dernières pourraient suivre un cours toutes les semaines, progresser et soutenir le directeur du musée local. On créerait de l'expertise, on créerait du savoir. Je ne vivrai pas assez vieux pour voir tout ce que cela pourrait signifier.