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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je m'appelle Scott Garvie, et je suis vice-président principal des affaires commerciales et juridiques de Shaftesbury Films à Toronto. Je préside actuellement le conseil d'administration de la Canadian Media Producers Association. Merci beaucoup de m'avoir invité à vous parler aujourd'hui de l'importance des droits d'auteur pour les producteurs. Les droits d'auteur ont une incidence directe sur notre capacité de réaliser d'excellentes séries canadiennes. Pour rémunérer équitablement les producteurs et les artistes, nous devons continuer à reconnaître le producteur comme étant l'auteur et le premier détenteur des droits d'auteur des oeuvres audiovisuelles. J'aimerais vous parler du travail des producteurs pour vous expliquer son importance.
Vous connaissez déjà peut-être la série populaire produite par ma société, c'est-à-dire Murdoch Mysteries et Frankie Drake Mysteries, qui sont diffusées sur la CBC. Je suis fier de vous dire que Murdoch Mysteries et Frankie Drake Mysteries sont parmi les trois séries les plus populaires de la CBC actuellement. Nous avons d'autres projets en cours, dont la série YouTube et le film Carmilla, qui jouit d'une popularité immense auprès de la communauté LGBTQ, la série d'horreur Slasher diffusée sur Netflix, et Emerald Code, une série Web destinée aux filles et qui porte sur les sciences et la technologie. Nous sommes en train de produire deux séries dramatiques pour les heures de grande écoute, qui seront diffusées plus tard cette année, dont une série coproduite avec Rogers intitulée Hudson and Rex, et une autre coproduite avec Corus qui s'appelle Departure.
Le producteur porte de nombreux chapeaux. Comment produisons-nous des séries formidables? Bien franchement, il y a un peu d'alchimie dans chaque série que nous créons. Parfois, une série qui devrait être chaudement accueillie pour ses qualités techniques rate le coup auprès du public cible, alors qu'une autre série dépasse de loin nos espoirs quant à sa popularité. La série Murdoch Mysteries en est un parfait exemple. Qui aurait cru qu'une série dramatique se déroulant dans les années 1890 à Toronto trouverait tant de fans à l'échelle mondiale? Grâce à l'écriture hors pair, aux valeurs propres à la production et aux décisions prises pour le casting, c'est une série très populaire qui est diffusée dans plus de 110 pays, et nous sommes ravis d'en être à notre 13e saison à la CBC.
Pour produire d'excellents films et séries pour la télévision, nous devons porter de nombreux chapeaux. Nous disons souvent que nous sommes des chasseurs de trésors. Nous cherchons une idée, un concept ou un récit original d'un scénariste. Nous transformons ces idées dans le contenu que vous regardez en embauchant les artistes et en travaillant avec eux.
Dans le cas de Murdoch Mysteries, nous avons pris l'option de scénariser une série de romans par une écrivaine torontoise très peu connue, Maureen Jennings. Nous avons ensuite passé du temps à développer la série et au fil des ans, nous avons collaboré avec de nombreux scénaristes et réalisateurs. En fait, nous avons eu trois ensembles différents de scénaristes en chef et d'auteurs-producteurs, et nous avons embauché plus de 75 réalisateurs aux fins de la série. Notre propre équipe créative a joué un rôle important quant au façonnage de la série. Tout cela se fait sous la direction de notre équipe de producteurs, dont moi-même, Christina Jennings, qui vient d'être investie de l'Ordre du Canada pour son travail sur Murdoch Mysteries, et Julie Lacey.
Nous prenons également des risques. Nous investissons les revenus de nos réussites dans la recherche-développement qui s'impose pour créer de nouvelles séries. Ainsi, nous avons consacré 10 ans à développer notre nouvelle série Hudson and Rex parce que nous étions convaincus de l'intérêt du concept. C'est une série qui porte sur un policier et son chien, et nous voulions lui rendre honneur. Nous avons investi quelque 300 000 $ dans le développement, pour payer les scénaristes et d'autres afin d'amener la série à l'étape où nous pourrions enfin trouver un diffuseur qui le prendrait.
Nous sommes également des gestionnaires de ressources humaines. Nous sommes le pôle pour tous les éléments créatifs et financiers ainsi que les partenariats qui font qu'un projet est réussi. Que nous soyons en train d'examiner les notes des scénaristes avec les réalisateurs, de négocier avec l'agent d'un scénariste ou de convaincre notre vedette, et dans le cas de Rex, c'est un chien, de sortir de sa roulotte, c'est nous qui entretenons des rapports avec les artistes. De plus, nous surveillons toujours le marché.
Dans le cas de Murdoch Mysteries, nous avons une entente avec un diffuseur du Royaume-Uni, un diffuseur français, soit France Télévisions, la CBC et ITV, qui s'occupent des ventes à l'étranger. Nous dialoguons constamment avec eux pour trouver la meilleure façon d'atteindre leurs auditoires particuliers et nous assurer que la série connaît un maximum de succès le plus longtemps possible partout au monde.
Nous sommes également des comptables. Le système de crédits fiscaux canadiens repose sur les droits d'auteur des producteurs. Nous gérons divers budgets, crédits fiscaux, flux de trésorerie et investissements pour réaliser les séries. Parallèlement, nous nous assurons que nos artistes et nos techniciens sont rémunérés équitablement pour leur travail. Cela veut dire que nous sommes responsables de gérer les revenus qui vont aux investisseurs et participants créatifs après la production des séries.
Nous sommes des vendeurs. Nous sommes toujours en train de vendre, que ce soit de vendre notre idée à un scénariste ou à un diffuseur ou encore vendre notre vision d'une nouvelle série télévision aux divers partenaires dont nous avons besoin. Shaftesbury réunit une équipe de 35 personnes à Toronto et à Londres qui travaillent fort pour appuyer nos séries comme Murdoch Mysteries et Frankie Drake Mysteries.
Pour faire augmenter l'intérêt des auditoires pour la série, nous faisons certaines activités de promotion. Nous avons un jeu d'évasion inspiré par Murdoch Mysteries à Casa Loma à Toronto. Nous avons réalisé des séries Web d'entretien avec les comédiens de Murdoch Mysteries et Frankie Drake Mysteries avec la CBC, dans lesquelles les comédiens parlent des épisodes.
Nous avons également envoyé en tournée canadienne les costumes d'époque de la série Frankie Drake afin que les gens puissent voir et toucher les vêtements. Nous sommes en train de créer une pièce de théâtre qui sera en tournée au Canada sous la marque Murdoch.
Les producteurs sont, et doivent l'être, les auteurs et les premiers propriétaires d'une oeuvre audiovisuelle. Cependant, dans le cadre de votre étude, vous avez entendu des représentants de la Guilde canadienne des réalisateurs et de la Writers Guild of Canada dire que la Loi sur le droit d'auteur devrait être modifiée afin que le scénariste et le réalisateur soient tous les deux les auteurs d'un épisode d'une série ou d'un film télévisé. Cette modification, à mon avis, n'est non seulement pas indiquée, mais en plus elle nuirait gravement à la capacité du producteur d'exploiter une oeuvre audiovisuelle, d'en vendre la licence et d'en tirer les recettes.
Toute personne qui laisse entendre qu'une telle modification ne gênerait pas la production des films a tort; le travail que nous devons faire pour réaliser une série serait complètement perturbé. Le producteur et les guildes ont réglé ces problèmes il y a longtemps dans les contrats de travail, et il n'est pas nécessaire de modifier ces contrats maintenant. Ce serait catastrophique que d'avoir de multiples détenteurs de droits d'auteur sur un marché monnayable et bien ordonné qui ne peuvent être repérés ou qui refusent d'accorder les droits d'exploitation nécessaires. La collaboration qui s'impose pour produire une série télévisée est complètement différente du cas de figure d'un seul auteur de roman ou d'un compositeur de chanson.
Ce sont les producteurs qui embauchent les personnes créatives clés et travaillent de près avec elles. Comme je viens de le décrire, nous travaillons avec les scénaristes pour transformer les idées en scénarios; nous embauchons les réalisateurs pour transformer les scénarios en projets; nous embauchons les comédiens, les concepteurs de production, les compositeurs, les musiciens, les éditeurs et les équipes techniques qui nous aident à façonner le projet et transposer notre vision collective sur l'écran. Tout le monde a un rôle important, et nous reconnaissons profondément la valeur de ces efforts créatifs, mais c'est le producteur qui réunit tous ces éléments artistiques individuels et transforme une idée ou un concept en projet pour le transposer à l'écran et ensuite le vendre sur le marché.
Dans le cas de la télévision, les droits d'auteur et d'exploitation constituent le fondement même de notre modèle d'affaires. Nous sommes constamment en train de créer de nouvelles propriétés intellectuelles en utilisant les ressources de l'entreprise comme capital de démarrage important. Afin d'avoir une entreprise de la taille nécessaire, c'est-à-dire qui est capable d'être concurrentielle sur le marché international et vendre nos séries, les producteurs doivent détenir les droits d'auteur pour les séries.
Il serait impossible d'avoir une entreprise de production viable sans avoir un carnet bien garni de nouveaux projets potentiels. La série Frankie Drake en est un excellent exemple. La CBC nous a demandé de créer une série qui pourrait être diffusée après Murdoch. Fort heureusement, nous étions déjà en train de développer le concept de Frankie et nous avons donc pu réagir très rapidement à cette demande du marché.
La détention des droits d'auteur par les producteurs est le fondement même des modèles de rémunération des artistes dans les industries créatives. Nous investissons dans le développement; nous rassemblons les partenaires financiers et créatifs; nous payons les artistes et les créateurs équitablement, à la fois à partir de notre budget et des ententes conclues avec la guilde pour un pourcentage des recettes.
Il n'est pas nécessaire de modifier la Loi sur le droit d'auteur relativement aux droits d'auteur ou à la possession des oeuvres audiovisuelles. Les producteurs sont les auteurs et les premiers détenteurs des droits d'auteur de leurs projets télévisés et doivent continuer de l'être.
Je vous remercie de m'avoir donné la parole aujourd'hui. Je me ferais un plaisir de répondre à vos questions.
Je m'appelle Lori Marchand. Je fais partie de la nation Syilx ou Okanagan. Je suis venue en ma qualité de représentante de l'Indigenous Performing Arts Alliance. Je suis actuellement la directrice générale du nouveau théâtre autochtone du Centre national des arts, poste que j'occupe depuis neuf mois. Auparavant, j'étais la directrice exécutive du Western Canada Theatre, un petit théâtre régional situé dans le territoire traditionnel non cédé des Tk’emlúps te Secwepemc dans la ville qui s'appelle Kamloops, en Colombie-Britannique.
Le WCT, grâce au travail de ses quatre directeurs artistiques sur 19 saisons, s'est taillé une réputation nationale pour avoir parrainé, développé, présenté et produit des oeuvres autochtones dans un esprit de collaboration et de respect. Le comité pourrait s'intéresser à deux exemples en particulier qui ont ensuite eu une incidence ailleurs, notamment dans d'autres troupes de théâtre.
En 2000, le WCT et la Secwepemc Cultural Education Society, la SCES, a chargé un dramaturge cri, Tomson Highway, de créer une pièce inspirée d'un document historique qui s'appelle The Laurier Memorial, un document présenté à Wilfrid Laurier dans la ville de Kamloops en août 1910. Le document a été présenté conjointement par les chefs des nations Secwepemc, Nlaka'pamux et Syilx, qui sont connues de façon collective comme les nations Salish de l'intérieur et qui s'appellent les nations Shuswap, Thompson et Okanagan respectivement dans le document.
Le document a été dicté à un ethnographe renommé, James Alexander Teit, un homme venu des îles Shetland qui avait épousé une femme de la nation Nlaka'pamux, et qui a traduit le document. Le document décrit les 100 ans de la relation entre les nations autochtones et les colons, les protocoles traditionnels pour accueillir les invités dans nos maisons, et le manque de respect offert en retour, ce qui a mené à l'érosion du territoire et aux moyens traditionnels de vivre, ainsi qu'à l'amenuisement de la confiance dans les relations autochtones avec la Couronne.
Comme je l'ai dit, la pièce constituait un effort conjoint entre le WCT et la SCES pour reconnaître le fait que la pièce était inspirée de l'histoire et des récits du peuple Secwepemc. La pièce a été rédigée et développée au courant de nombreux ateliers et a fait l'objet de lectures publiques à Tk’emlúps te Secwepemc, et des membres de la communauté ont pu participer au processus de développement.
Le développement de la pièce a été intégré à un projet ARUC financé par le CRSH à l'Université Thompson Rivers. Un documentaire intitulé Tomson Highway Gets His Trout était l'un des moyens tangibles de faire connaître les résultats. Le documentaire a été diffusé par la suite sur la chaîne Bravo.
En bout de ligne, la première de la pièce Ernestine Shuswap Gets Her Trout a eu lieu en juin 2004 au théâtre Sagebrush, et des représentants de toutes les 17 nations Secwepemc y étaient, ce qui ne s'est jamais produit depuis, ainsi que des représentants des nations Nlaka'pamux et Syilx. Le grand chef national Phil Fontaine y a assisté au nom de l'Assemblée des Premières Nations.
Le contrat contenait deux dispositions touchant aux redevances, dispositions qui étaient irrégulières: pour chaque production, 3 % des redevances du dramaturge seraient versées à la Secwepemc Cultural Education Society; et si dans toute période de 12 mois, le dramaturge gagnait plus de 25 000 $ en redevances de la pièce, quel que soit le médium, c'est-à-dire au théâtre, à la télévision, au cinéma, et ainsi de suite, alors un petit pourcentage et je m'excuse, mais ma mémoire me fait défaut, mais c'était ou bien 2 ou 3 %, serait versé au théâtre commanditaire, soit le WCT. Malheureusement, une telle conjoncture ne s'est pas produite.
Le prochain projet qui risque de vous intéresser est l'écriture et le développement d'une pièce par Kevin Loring, un dramaturge Nlaka'pamux, qui est actuellement le directeur artistique du théâtre autochtone au CNA. Le WCT, en partenariat avec le Vancouver Playhouse, a reçu une subvention de 95 000 $ de Arts Partners in Creative Development, un fonds établi en marge des Olympiques de 2010 à Vancouver, afin de financer l'écriture et le développement de Where the Blood Mixes. La subvention a permis de verser des cachets au dramaturge et à deux artistes autochtones: un artiste graphique chargé des éléments de design, ainsi qu'un musicien qui s'occuperait de la trame sonore.
Le financement a également permis de tenir un atelier de production de la pièce, soit un atelier de mise en scène avec des éléments de production qui pouvaient faire la tournée des communautés. Dans le cadre d'un partenariat avec la nation Tk’emlúps te Secwepemc, l'atelier de production a répété au Centre Chief Louis, l'ancien pensionnat de Kamloops.
On a invité les aînés à venir lancer les répétitions au moyen d'une cérémonie d'accueil, et on a prévu du temps après la cérémonie pour permettre aux aînés de parler avec les acteurs, les créateurs et les membres de l'équipe du WCT. Le public était bienvenu lors des répétitions, afin que les aînés et les membres de la communauté puissent venir y assister en tout temps. La pièce a été présentée au public trois fois au théâtre Pavilion du WCT. Le prix des billets était nominal, soit entre 10 et 15 $, et dans certains cas l'entrée était gratuite afin de permettre à un maximum de gens d'y assister.
Après le spectacle, les membres de l'auditoire pouvaient réagir et faire part de leurs commentaires à Kevin directement. L'atelier de production s'est rendu à Trail, où on a donné au public la même possibilité. L'atelier s'est ensuite rendu à Lytton, la communauté de Kevin. On y a tenu un festin et, là encore, les gens ont pu transmettre leurs commentaires à Kevin. C'était un événement touchant et puissant pour la communauté, qui se voyait sur la scène. Enfin, la pièce a eu sa première à Vancouver le 11 juin 2008, le jour où le gouvernement fédéral a présenté ses excuses pour les pensionnats.
Je ne l'ai pas noté dans mon discours, mais la pièce a remporté le prix du gouverneur général pour une oeuvre dramatique.
La relation du WCT avec le peuple Tk’emlúps te Secwepemc s'entretient au moyen d'activités directes, telles des discussions et des demandes adressées directement au chef et au conseil, et des activités de rayonnement organisées par l'entremise du Conseil tribal des Shuswap, des organisations des services et des nations Nlaka'pamux et Syilx.
Le WCT, et dans la plupart des cas les artistes eux-mêmes, a demandé la permission de raconter les histoires. La reconnaissance de la permission se fait comme je l'ai décrit précédemment, grâce au versement d'une partie des redevances, ou encore par une reconnaissance imprimée sur le matériel de promotion, tel que les affiches, les brochures, les sites Web et les copies papier du texte.
Grâce au processus de développement et de production, les efforts de consultation et de rayonnement ont permis aux membres de la communauté de se voir honorés et représentés de façon honnête et respectueuse sur la scène. L'oeuvre est devenue accessible à la communauté en raison des prix et de l'engagement.
Dans les cas où le sujet abordé risquait de raviver des souvenirs éprouvants, le WCT s'est assuré de la présence de conseillers spécialisés en traumatismes et d'aînés, ainsi que d'un espace sûr afin que les membres de la communauté puissent participer dans un cadre rassurant.
Le WCT est également un producteur. Il est membre de la Professional Association of Canadian Theatres, et de ce fait, signataire des ententes professionnelles avec la Canadian Actors' Equity Association, la Associated Designers of Canada et la Playwrights GuiId of Canada. Tous les cachets des artistes sont régis par ces ententes. Les ententes permettaient de fixer des montants de base; un soutien financier accordé pour des raisons culturelles était versé en raison des valeurs et des pratiques internes du WCT.
Le WCT est un théâtre régional qui produit une gamme étendue d'oeuvres pour l'intérieur sud de la Colombie-Britannique. En ma qualité de cadre au sein de la compagnie, j'ai aidé à établir et à développer ces pratiques et, à la base, à créer un climat de confiance avec les Tk’emlúps te Secwepemc et de façon plus étendue avec les nations Salish de l'intérieur. Au final, c'était la générosité de ces nations et des membres de leurs communautés, qui nous ont donné l'autorisation d'utiliser leurs histoires et leurs ressources, qui a rendu possibles notre travail et le tissage de relations.
J'espère que d'autres témoins pourront vous parler de façon plus détaillée des défis auxquels sont confrontés les artistes, les écrivains et les recherchistes qui arrivent dans une communauté, qui publient les histoires de cette communauté et qui ensuite revendiquent les droits d'auteur. Je vous soumets les pratiques du WCT comme solution de rechange.
Il y a beaucoup de travail à faire à l'échelle nationale pour favoriser le travail des artistes autochtones. La production théâtrale exige une infrastructure telle que des espaces pour les prestations et des installations pour répéter et construire les décors. Ces ressources n'appartiennent pas aux artistes et compagnies autochtones. Aucune compagnie autochtone n'a signé le Canadian Theatre Agreement, en grande partie parce que les structures pour les répétitions et les représentations ne tiennent pas compte des façons autochtones de travailler et ne s'y prêtent pas. Les artistes autochtones peuvent choisir de ne pas devenir membres de la Canadian Actors' Equity Association, car leurs prestations sont culturelles, et ont lieu, par exemple, dans le cadre d'un pow-wow.
Lorsque les artistes travaillent avec une compagnie qui doit se soumettre à la Canadian Theatre Agreement ou son homologue, la Independent Theatre Ageement, les artistes doivent payer des cotisations au CAEA, des cotisations qui en bout de ligne viennent réduire le cachet de l'artiste.
Ces exigences ont essentiellement entraîné l'exclusion des compagnies et des artistes autochtones, une situation que la Professional Association of Canadian Theatres et la Canadian Actors' Equity Association se sont engagées à résoudre.
Comme c'est un argument plutôt circulaire, cette situation laisse les compagnies et les artistes autochtones en manque de ressources sur le plan financier et sur le plan de l'infrastructure spécialisée.
C'est un enjeu vaste et complexe. Au nom de l'Indigenous Performing Arts Alliance et de ses membres, je vous remercie d'avoir entrepris cette étude.
:
Je répondrai de façon générale. Il y a certaines personnes qui ne sont pas régies par des conventions collectives. Nous produisons des émissions dramatiques aux heures de grande écoute au Canada. Nous faisons affaire avec l'ACTRA, la Writers Guild of Canada et la Guilde canadienne des réalisateurs. Certains projets sont réalisés à l'extérieur des protections offertes par ces ententes conclues avec les guildes, mais nous devons tout de même conclure une entente, et je présume que c'est un accord commercial. Une personne est donc prête à fournir ces services ou à nous faire participer à son contenu, selon l'entente que nous avons conclue. C'est une relation purement contractuelle.
La grande partie de nos activités se déroulent dans le cadre de relations industrielles très structurées qui déterminent les taux de base auxquels il faut payer les gens. Mais tous les éléments font toujours l'objet de négociations. L'entente conclue avec la Writers Guild of Canada stipule un taux de base qu'il faut payer pour un scénario. Il se peut qu'un scénariste très prisé ne se préoccupe pas du taux de base et demande un taux deux fois plus élevé. Il faut donc entamer une négociation commerciale. Si nous pouvons nous permettre de payer ce scénariste, nous le ferons. Sinon, nous passerons au suivant et nous trouverons quelqu'un avec qui nous pouvons nous entendre.
Les conventions collectives qui ont été négociées entre la CMPA et les diverses parties prévoient différents types de rachats dont on peut se prévaloir pour être payé à l'avance dans le cadre d'un budget. Vous pouvez obtenir du travail même si l'émission n'est pas réalisée, car vous avez toujours un contrat et des frais de scénario, par exemple. Si le projet se poursuit, et que vous souhaitez modifier l'utilisation que vous avez négociée, il se peut que vous deviez payer d'autres frais à la partie concernée — par exemple, le réalisateur. Si vous souhaitez faire un rachat lié au DVD au lieu d'un rachat seulement lié à la télévision, il existe un mécanisme qui détermine le prix que vous devez payer pour modifier cette utilisation.
La plupart des ententes contiennent également un type de formule qui calcule le moment où le producteur a récupéré les coûts de production, et il y a ensuite un partage des revenus, c'est-à-dire des profits. Encore une fois, cela fait partie des négociations. Quelques taux de base ont été établis, mais le marché prend ensuite la relève.
L'an dernier, nous avons produit une émission avec David Shore, avec qui je suis allé à l'école de droit, et qui est également le créateur de l'émission House. Il a maintenant beaucoup d'influence. Nous avons conclu une entente avec lui et cela nous a coûté beaucoup d'argent, mais il avait le pouvoir et l'influence nécessaires pour exiger cette somme.
Les protections en oeuvre prévoient des taux minimums, mais les taux maximums sont tous fondés sur notre capacité de négociation, sur la mesure dans laquelle une personne est déterminée à travailler avec nous et sur la mesure dans laquelle nous sommes déterminés à travailler avec cette personne. Je ne sais pas si cela répond à votre question.
:
Les défis sont nombreux.
[Traduction]
Il y en a tellement que je ne sais pas vraiment par où commencer. Encore une fois, pour rester dans le contexte des travaux du Comité, il y a des contraintes culturelles. Il y a les conséquences historiques de la colonisation sur la vie et la réalité des gens, et je dirais que c’est le principal frein au succès.
Comme je l’ai indiqué dans mon exposé, les infrastructures historiques n’appartiennent pas aux entreprises, aux artistes ou aux producteurs autochtones. Les entreprises du domaine du théâtre, comme le Festival Shaw et le Festival de Stratford, ont produit des oeuvres anglaises et américaines et des auteurs américains pendant une bonne partie des années 1970, de sorte que ce n’est que maintenant que les nouvelles voix, les voix canadiennes et autochtones, commencent à se faire entendre.
La Commission de vérité et de réconciliation a aussi eu une incidence sur notre industrie. J’aimerais penser que les artistes étaient peut-être légèrement avant-gardistes à cet égard. Je viens de la Colombie-Britannique; sur les formulaires de demande du Conseil des arts, les entreprises doivent répondre à la question suivante: « Dans vos relations avec les communautés autochtones, le cas échéant, quels protocoles avez-vous mis en place, à titre de producteur, pour mener ces activités? »
Je dirais que les conseils, tant à l’échelle fédérale que dans certaines provinces, on fait des efforts pour améliorer la situation et ont commencé à financer ces nouvelles voix. Pour ce qui est de la récente série, je peux citer en exemple certaines entreprises, comme Urban Ink, l’entreprise qui a coproduit Children of God. Certains d’entre vous l’ont peut-être vue, au Centre national des arts ou dans votre communauté. C’est une oeuvre musicale inspirée de l’histoire des pensionnats.
Le travail d’Urban Ink dans cette production a été reconnu, mais comme je l’ai dit, les principaux obstacles sont d’ordre culturel.
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Nous vous remercions de votre flexibilité, madame la présidente.
Je vais m'exprimer en français, avec des broches, en plus. Heureusement que nous avons de bons interprètes.
Bonjour et bienvenue.
Madame Marchand, je vais commencer par vous adresser de bons mots et vous féliciter pour votre nomination au Centre national des arts, où vous faites la promotion de la culture autochtone.
Monsieur Garvie, vous êtes le producteur d'une série qui connaît un grand succès. J'ai vu sur le site qu'il y avait deux épisodes. Vous allez entamer votre 13e saison. J'ai beaucoup aimé voir la passion qui vous animait quand vous répondiez aux questions de M. Nantel. Vous êtes fier d'être Canadien, de produire du contenu canadien et de raconter des histoires canadiennes.
Pour ma part, bien sûr, je suis fier d'être Québécois. Nous savons que nos téléséries et nos artistes jouent un rôle très important dans notre identité. Cela touche aussi à la rémunération de nos artistes canadiens et québécois. Malheureusement, les libéraux, eux, semblent faire la sourde oreille. Ils essaient de gagner du temps alors que le loup est dans la bergerie.
Monsieur Garvie, vous avez parlé de perturbations. On assiste à des transformations majeures, et tout ce que les libéraux trouvent à dire, c'est qu'ils vont étudier cette question après les prochaines élections. On ne sent pas une volonté concrète de protéger nos créateurs de contenu culturel canadien. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
On veut modifier la Loi sur le droit d'auteur. Je pense que vous et les différents intervenants avez clairement expliqué votre point de vue. Un adage dit:
[Traduction]
« Ne changeons pas ce qui fonctionne bien. »
[Français]
Nous avons quand même un modèle intéressant, même s'il est à parfaire. Vous avez bien démontré que les producteurs jouent un rôle important et qu'il faut faire attention de ne pas briser cet écosystème. On dirait que la tarte se rétrécit. Vous avez dit que des entreprises américaines venaient un peu compliquer les choses.
En tant que Comité permanent du patrimoine canadien, nous devons présenter des recommandations pour protéger la rémunération des artistes. Cela passe par la protection de l'industrie culturelle québécoise et canadienne.
Je voudrais vous donner l'occasion de vous exprimer à cet égard, si vous avez des commentaires ou des réflexions à faire.
:
Bonjour à toutes et à tous. Je suis Julien Castanié. Je suis un illustrateur et, comme vous l'avez dit, je suis le président d'Illustration Québec. Je voudrais, dans un premier temps, remercier ce comité de l'occasion qu'il donne à notre association de s'exprimer sur un sujet aussi important que le droit d'auteur.
Illustration Québec est une association d'artistes créée en 1983 — mon année de naissance, par pur hasard. Elle représente environ 300 membres. Elle a pour mission de regrouper les illustrateurs et les illustratrices, de les représenter et de défendre leurs intérêts, mais aussi de témoigner et de promouvoir la pratique de l'illustration.
Je tiens à souligner l'aspect unique de l'illustration, qui est un art social et accessible. L'illustration apparaît dans toutes les sphères de nos vies pour communiquer des messages graphiques et appuyer des idées. C'est un art omniprésent qui a pour origine la création d'un ou une artiste qui prête son oeuvre à un contexte donné. On peut retrouver des illustrations autant sur une boîte de céréales que dans un album jeunesse, ou encore sur l'affiche d'un théâtre qui a décidé d'utiliser l'illustration pour communiquer.
J'aimerais maintenant parler de la réalité économique de notre métier.
Les illustrateurs sont des travailleurs autonomes au statut précaire qui ne bénéficient pas des normes de travail réservées aux salariés. Ils ne bénéficient pas non plus du chômage en cas de baisse ou de cession d'activité pendant une période donnée.
Malheureusement, comme dans plusieurs disciplines artistiques, notre métier demeure très difficile. Selon notre dernier rapport d'enquête, qui date de 2018, effectué auprès des professionnels québécois de l'illustration, la situation est vraiment alarmante: 45 % des illustrateurs et des illustratrices, soit quasiment la moitié, tirent un revenu net de moins de 15 000 $ annuellement de leur activité de création artistique. Ils doivent donc se tourner vers d'autres emplois pour gagner un revenu de subsistance.
C'est la raison pour laquelle j'insiste sur la nature vitale du droit d'auteur pour les artistes que nous sommes. Chaque exception, chaque nouveau support de diffusion qui ne génère pas de rémunération pour les auteurs est une amputation aux revenus des créateurs.
J'aimerais maintenant parler rapidement des modèles de rémunération des illustrateurs et des illustratrices dans le contexte du droit d'auteur. Il y en a cinq.
Le premier, c'est la vente de licences d'utilisation de créations dans le cadre de commandes d'un client. Cela peut être une illustration éditoriale dans un magazine, la création de l'illustration d'une affiche ou des illustrations pour un site Web.
Le deuxième modèle, ce sont les redevances sur le prix de vente d'un objet qui reproduit des illustrations. Ici, on pourrait parler d'albums jeunesse, c'est-à-dire de la diffusion d'illustrations par la voie d'un objet libre, mais il est aussi question d'autorisations d'exploitation, c'est-à-dire de l'utilisation d'images diffusées sur tout un tas d'objets, par exemple une tasse à café ou un stylo. Dans le cas des livres jeunesse, les redevances versées par les éditeurs représentent un pourcentage qui se situe entre 3 et 5 % du prix de chaque livre vendu. Pour vous donner une meilleure idée, si le livre était une pomme, le droit d'auteur pour l'illustrateur correspondrait aux pépins de la pomme.
Le troisième modèle de rémunération, c'est le Programme du droit de prêt public du Conseil des arts du Canada, qui est en fait une compensation de la disponibilité des oeuvres littéraires que l'on peut emprunter en bibliothèque.
Le quatrième modèle, ce sont les redevances qui proviennent des sociétés de gestion collective de droits de reproduction, comme Copibec au Québec.
Le dernier modèle est le droit d'exposition, c'est-à-dire les droits qui sont versés pour l'exposition d'oeuvres originales.
Je profite de cette occasion pour parler d'un droit qu'il n'y a pas au Canada, mais qui existe dans des dizaines d'autres pays. Il s'agit du droit de suite, lequel vise à accorder aux artistes en arts visuels une portion des revenus de revente d'une oeuvre après la vente initiale de celle-ci. C'est quelque chose qui n'existe pas au Canada, mais que nous recommanderions de créer.
Le droit d'auteur est donc vraiment vital pour les illustrateurs et les illustratrices. Voici nos cinq recommandations pour améliorer les conditions de travail des artistes par l'entremise de cette loi.
La première serait d'élargir les redevances pour la copie privée aux nouveaux supports numériques pour les distribuer aux artistes. La loi devrait s'adapter aux nouveaux supports. Les oeuvres artistiques sont régulièrement partagées sur les supports numériques, comme les téléphones cellulaires ou les tablettes, et cette utilisation n'est pas couverte par la loi. C'est vraiment un manque à gagner pour les artistes, dont la situation est déjà précaire.
La seconde proposition serait de rémunérer les utilisations des oeuvres sur le Web. À ma connaissance, il n'y a pas à ce jour de contrôle sur la diffusion ou la reprise d'oeuvres sur Internet. Il faudrait peut-être trouver un système qui permettrait de gérer l'utilisation des oeuvres et la rémunération due aux artistes. Alors, à qui reviendrait cette tâche? Je m'interroge vraiment ici: est-ce que ce serait la responsabilité des sociétés de gestion collective, celle des fournisseurs d'accès, celle des diffuseurs? C'est une question ouverte. Sans contenu, en fait, le support n'a plus de sens. En fait, ceux qui mettent à disposition les oeuvres devraient être tenus d'en verser les droits ou, à tout le moins, d'en faciliter la redevance envers les ayants droit des oeuvres.
La troisième recommandation serait de créer un crédit d'impôt. Dans le contexte d'appauvrissement de nos métiers, nous recommandons qu'un crédit d'impôt pour droit d'auteur soit inscrit dans la loi fédérale. Il existe déjà au Québec, entre autres. Donc, avoir cet appui serait un levier assez puissant de soutien à la création.
La quatrième recommandation serait d'observer ce qui se fait à l'étranger pour soutenir les artistes. À ce propos, je voudrais attirer votre attention sur une mesure de soutien de la création qui existe en France. Les sociétés françaises de gestion de droits collectifs, comme la Société des auteurs des arts visuels et de l'image fixe, la SAIF, ou la Société française des intérêts des auteurs de l'écrit, la SOFIA, qui sont les équivalents de Copibec au Québec ou du Programme du droit de prêt public au Canada, soutiennent les artistes par des aides à la création et à la diffusion des oeuvres, mais aussi par des aides à la formation des artistes ou encore le développement de l'éducation artistique et culturelle. Leurs actions sont financées grâce au quart des sommes perçues au titre de la copie privée, conformément au Code de la propriété intellectuelle français. Nous pourrions imaginer un tel dispositif pour soutenir les créations canadiennes.
La dernière proposition...
:
Bonjour à toutes et à tous.
Merci de nous accueillir, madame la présidente.
[Traduction]
L'Organisation des directeurs des musées d'art canadiens représente plus de 85 directeurs de musées d'art qui dirigent une diversité d'institutions d'arts visuels à la grandeur du Canada. C'est une organisation modeste qui compte un conseil d'administration bénévole et une seule employée, Moira McCaffrey, notre directrice générale qui m'accompagne aujourd'hui.
[Français]
Notre énoncé de mission est le suivant: « CAMDO-ODMAC renforce la capacité des directeurs de musées d'art et de galeries d'art publiques du Canada de plaider en faveur de l'art et de son importance dans la société. » C'est dans cet esprit que nous nous adressons au Comité aujourd'hui.
[Traduction]
Les artistes sont le fondement de l'écosystème des arts visuels. Sans leur travail créatif, nous n'aurions rien à présenter au public. D'autres organisations, comme le Front des artistes canadiens, ont documenté les conditions économiques insatisfaisantes sous lesquelles travaillent de nombreux artistes canadiens. Ce serait à l'avantage des divers publics canadiens et de tous ceux qui leur présentent l'art visuel si les artistes pouvaient travailler dans des conditions qui assurent leur sécurité économique.
CAMDO-ODMAC a été l'un des principaux initiateurs du Sommet des arts visuels en 2007. Ce sommet cherchait à rassembler le secteur des arts visuels pour plaider en faveur d'intérêts communs. Notre adhésion à I' Alliance pour les arts visuels reflète cet engagement. Nous appuyons l'appel de l'Alliance à une solution qui intègre une réforme du droit d'auteur dans un ensemble de mesures plus holistiques afin de lutter efficacement contre la précarité socioéconomique systémique continue dont souffrent les artistes indépendants et les artistes professionnels au pays.
[Français]
Nous trouvons encourageant que votre comité travaille en tandem avec le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie et qu'il s'intéresse non seulement à la Loi sur le droit d'auteur, mais également à la question élargie de la rémunération des artistes.
[Traduction]
Nombre d'intervenants du secteur des arts visuels ont du mal à réunir les ressources nécessaires pour offrir une valeur culturelle aux collectivités canadiennes. Les musées d'art doivent protéger leur viabilité financière et administrative pour s'acquitter de leurs mandats fondamentaux. Nous pouvons facilement nous retrouver dans une position défensive et nous accrocher à notre petite part du gâteau qui bien souvent, selon les circonstances locales, n'est pas restée en phase avec la croissance de la production et de la présentation des arts visuels au Canada, ou avec la volonté manifeste des Canadiens de découvrir l'art visuel.
Les artistes visuels vivent rarement de leur art. Ils exercent généralement une autre profession, comme l'enseignement, pour obtenir une sécurité d'emploi, des avantages sociaux et des régimes de retraite. Revenu Canada a tendance à les considérer comme des entrepreneurs autonomes. Ce modèle comporte toutefois de sérieuses lacunes. Les artistes produisent des objets et des expériences de valeur culturelle intangible pour le bien public, une valeur que ne peut refléter qu'imparfaitement le prix de leurs oeuvres sur le marché.
[Français]
Les artistes sont des collaborateurs professionnels des musées lorsqu'ils présentent leur art à divers publics. Ils ont le droit de recevoir une juste compensation pour la valeur qu'ils offrent, que ce soit par l'achat d'oeuvres d'art pour des collections publiques ou par les honoraires versés pour des expositions temporaires, des performances, des résidences, des ateliers et des présentations.
[Traduction]
Nos membres se basent sur un barème des tarifs d'exposition recommandé qui a fait l'objet d'une entente entre CAMDO-ODMAC, l'Association des musées canadiens, le Front des artistes canadiens et le Regroupement des artistes en arts visuels du Québec.
Toutefois, certains modèles de rémunération qui semblent bien fonctionner pour un groupe donné peuvent avoir des conséquences indésirables pour un autre. Par exemple, la mise en oeuvre de la recommandation de supprimer les mots « créée après le 7 juin 1988 » du paragraphe 3(1) de la partie 1 de la Loi sur le droit d'auteur aurait des conséquences diverses pour les institutions représentées par nos membres.
[Français]
Pour certaines, ces conséquences pourraient être négligeables. Pour les musées qui se concentrent uniquement sur l'exposition temporaire d'art contemporain, il peut sembler arbitraire de faire la distinction entre les oeuvres exposées sur la base de la date de leur création. Certains préféreront rémunérer tous les artistes sur une même base, peu importe la date de création de leurs oeuvres.
[Traduction]
Par contre, pour les musées qui ont d'importantes collections historiques, particulièrement des oeuvres datant du milieu du XXe siècle et des oeuvres d'art moderne qui sont encore sous la protection du droit d'auteur, le retrait de cette date pourrait avoir des conséquences importantes, non seulement sur le plan du coût des droits d'exposition, mais aussi sur celui des coûts administratifs reliés à la recherche des artistes et des successions à qui payer ces droits d'exposition. Ces frais administratifs peuvent facilement excéder les montants payés aux artistes. La hausse de ces coûts pourrait même empêcher certains musées d'exposer des oeuvres de leurs propres collections et en obliger d'autres à réduire leurs programmes d'expositions et à investir davantage dans l'administration. Dans les deux cas, l'objectif de mettre de l'argent dans les mains des artistes n'est pas atteint.
Procéder à un tel transfert du fardeau financier entre les artistes et les musées, c'est déshabiller Pierre pour habiller Paul, alors que Pierre et Paul ont tous deux besoin d'un soutien approprié pour offrir ce bien public.
Un mécanisme du droit d'auteur actuellement en vigueur au Canada pourrait offrir un modèle pour le déploiement efficace des fonds publics afin d'améliorer la rémunération des créateurs. Le droit de prêt public verse une compensation financière aux auteurs, traducteurs, illustrateurs, photographes et éditeurs pour l'accès public à leurs livres dans les bibliothèques canadiennes.
En vertu de ce système, les bibliothèques — au-delà du coût de l'achat d'un livre — n'ont pas à payer les créateurs ni à les retracer pour négocier des contrats relatifs à l'utilisation de leur ouvrage. La Commission du DPP procède à l'échantillonnage des catalogues de certaines bibliothèques publiques du Canada et calcule les paiements à verser aux créateurs publiés inscrits au programme, sur la base de l'estimation de la circulation de leurs ouvrages. Le Canada a été le 13e pays à créer un tel programme en 1986, avec un budget initial de 3 millions de dollars. En 2017, 33 pays offraient des programmes similaires.
Le programme du DPP offre les avantages suivants: premièrement, il n'impose pas de fardeau financier ou administratif aux institutions qui donnent aux Canadiens l'accès à du matériel protégé par le droit d'auteur; deuxièmement, il minimise les coûts des transactions en centralisant l'administration en une seule commission auprès de laquelle les créateurs n'ont qu'à s'inscrire plutôt que de négocier des licences de droits d'auteur individuelles; troisièmement, il optimise la mesure dans laquelle les coûts du programme se traduisent directement en paiements aux créateurs.
[Français]
Le modèle du programme du DPP est relativement sans friction. D'autres modèles d'administration des licences de droits d'auteur pourraient bien s'en inspirer. Les recommandations relatives à la réforme du droit d'auteur doivent être considérées dans le contexte des autres lois, politiques et mécanismes utilisés pour les réaliser. Les institutions publiques doivent avoir les ressources pour couvrir la hausse des coûts. Les régimes de gestion du droit d'auteur doivent minimiser la paperasserie et le fardeau administratif, simplifier les processus et optimiser l'allocation des ressources aux bénéficiaires visés.
[Traduction]
Nous recommandons que le Comité permanent du patrimoine canadien conseille à la Chambre d'adopter une approche intégrée qui équilibre la viabilité des institutions et la sécurité économique des artistes et qui déploie la législation sur le droit d'auteur, la politique fiscale et le financement d'une manière holistique, et que le Comité considère le programme du droit de prêt public comme un modèle possible de gestion de certains paiements pour l'utilisation du droit d'auteur des artistes.
[Français]
Nous appuyons les recommandations de l'Alliance pour les arts visuels. Celle-ci propose que le Comité collabore avec l'Agence du revenu du Canada pour s'assurer que la Loi de l'impôt sur le revenu est interprétée en concordance avec les réalités des artistes indépendants. Elle recommande également que le Comité se dote des outils appropriés pour évaluer les conditions socioéconomiques des artistes professionnels et en faire le suivi.
[Traduction]
Ces outils doivent mesurer et évaluer les conditions opérationnelles des musées canadiens de manière à ce que les solutions soient viables pour les institutions et qu'elles obtiennent le soutien des professionnels des musées, en solidarité avec les artistes canadiens. De plus, le Comité doit se pencher sérieusement sur la question du droit de suite sur la revente des oeuvres artistiques en portant une attention particulière à réduire le plus possible le fardeau administratif que cela peut imposer aux institutions.
[Français]
Nous sommes des partenaires désireux de participer à toute conversation et à toute étude visant à concevoir des modèles probants pour un nouveau régime sur les droits d'auteur. Une réforme fructueuse, selon nous, créera un modèle intégré de déploiement de la Loi sur le droit d'auteur, de la politique fiscale et du financement qui sera financièrement et administrativement viable pour toutes les parties en cause.
Merci.