:
Bonjour. Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je m'appelle Matthew Sreter, et je suis le directeur exécutif de la Direction de l'élaboration et de l'intégration de la politique stratégique pour le Programme des approvisionnements à Services publics et Approvisionnement Canada ou SPAC. Je vous remercie de l'occasion que vous me donnez de comparaître devant vous aujourd'hui pour discuter des obligations en matière de marchés publics dans le cadre des accords commerciaux du Canada.
SPAC a pris l'engagement d'assurer un approvisionnement équitable, ouvert et transparent, qui offre la meilleure valeur pour le Canada et qui, dans la mesure du possible, favorise la concurrence. Afin de maximiser les avantages pour le Canada et de fournir plus de débouchés aux fournisseurs canadiens, le Canada a négocié l'accès à des marchés publics de gouvernements étrangers, dans le cadre d'accords sur le commerce international fondés sur des règles. Ces accords ont pour effet d'élargir considérablement le marché pour les biens et services canadiens.
Plusieurs des accords commerciaux du Canada comprennent des engagements concernant les marchés publics. Ils comprennent des obligations en ce qui a trait aux activités d'approvisionnement fédérales menées par SPAC, dont le respect est nécessairement complexe et technique.
[Français]
Le Canada et ses partenaires acceptent de respecter les obligations réelles et les règles procédurales, y compris les obligations d'assurer la non-discrimination et le traitement national, en plus des engagements en matière d'accès au marché. Les principes de la non-discrimination et du traitement national exigent essentiellement que Services publics et Approvisionnement Canada, SPAC, traite les biens, les services et les fournisseurs d'une autre partie non moins favorablement que les biens, les services et les fournisseurs canadiens. Dans la même veine, les autres parties doivent faire de même avec les fournisseurs canadiens.
[Traduction]
Ces accords comportent aussi une gamme variée de principes qui exigent un certain niveau d'équité. La plupart de nos accords commerciaux comprennent des dispositions en matière de transparence qui obligent les gouvernements à fournir aux entreprises canadiennes et étrangères l'information relative aux lois, règlements, politiques et procédures administratives. Il s'agit notamment des avis et de la documentation relativement aux transactions commerciales, des avis d'adjudication à l'intention des fournisseurs participants, y compris des explications à l'appui des décisions qui sont prises, ainsi que de l'obligation que le marché soit conclu de façon juste, impartiale et en conformité avec les accords.
SPAC veille à ce que ses politiques et ses clauses contractuelles types, y compris l'information relative aux marchés proprement dits, ainsi qu'aux avis d'adjudication et aux statistiques, sont mises à la disposition du public dans son site Web.
Même si d'autres obligations de base s'appliquent, le fait de veiller à ce que les règlements et les mesures prises soient transparents et non discriminatoires constitue la façon la plus simple de réduire les risques de différends commerciaux.
Parmi les autres règles de procédure conçues pour améliorer la transparence et l'équité figurent les modalités de participation des fournisseurs, les règles s'appliquant aux avis, le contenu de la documentation à l'intention des soumissionnaires, les règles sur la qualification des fournisseurs et leur participation, les procédures pour le traitement des documents d'appel d'offres, ainsi que l'évaluation et l'adjudication des contrats, les circonstances de l'utilisation des appels d'offres restreints, les périodes où elle s'applique et la publication de l'information sur l'adjudication des contrats, notamment.
[Français]
Par exemple, dans le cadre des accords commerciaux, les entités acheteuses peuvent attribuer un contrat sans solliciter d'offres seulement si une ou plusieurs des raisons de l'appel d'offres limité annoncé dans chaque accord commercial applicable peuvent être appliquées. Parmi ces raisons, on retrouve l'absence de soumissions en réponse au lancement d'un appel d'offres ouvert ou d'un appel d'offres restreint, ou le fait que des offres présentées ont été concertées. De plus, l'appel d'offres limité ne doit pas être utilisé pour éviter une concurrence maximale possible ou d'une manière qui constituerait un moyen de discrimination.
[Traduction]
Les spécifications techniques font en sorte que les entités chargées de l'approvisionnement publient de l'information concernant leurs projets de marché et communiquent aux fournisseurs éventuels toute l'information nécessaire pour qu'ils puissent préparer et présenter une soumission. Cela comprend une description du bien ou du service, les conditions de participation, les critères d'évaluation, les exigences en matière de rendement, etc. SPAC utilise à cette fin le site Web Achatsetventes.
SPAC doit aussi informer les fournisseurs participants des décisions en matière d'adjudication des contrats et, sur demande, expliquer aux fournisseurs dont la soumission n'a pas été retenue les raisons pour lesquelles elle n'a pas été sélectionnée. Les dispositions relatives à la qualification des fournisseurs permettent aux parties de maintenir des systèmes d'enregistrement des fournisseurs qui sont utilisés pendant les processus d'approvisionnement, afin de réduire le temps nécessaire pour les mener à bien. Il existe aussi des dispositions qui exigent que nous donnions aux fournisseurs suffisamment de temps pour préparer et présenter des demandes de participation et des soumissions recevables. Habituellement, cette période ne doit pas être inférieure à 40 jours, sauf pour quelques exceptions comprises dans les accords.
[Français]
Bien que ces obligations soient rigoureuses, elles assurent également l'équité procédurale en fournissant un ensemble de règles claires que les parties doivent respecter. Elles renforcent les valeurs fondamentales d'ouverture, d'équité et de transparence de SPAC.
Toutefois, les règles ne s'appliquent pas automatiquement à toutes les activités d'approvisionnement de chaque partie. En effet, la liste du champ d'application joue un rôle essentiel pour ce qui est de déterminer si une activité d'approvisionnement est visée par l'accord ou si elle ne l'est pas. La liste du champ d'application varie en fonction de l'accord.
[Traduction]
SPAC doit se conformer aux procédures particulières de chacun des accords commerciaux au moment de conclure certains marchés. Il faut donc décider si un marché est assujetti ou non à un accord particulier ou à une combinaison d'accords.
Afin de déterminer si un accord particulier s'applique, il faut consulter l'accord proprement dit. Lorsque le marché est assujetti à plus d'un accord, tous les accords doivent être respectés. La conformité à ces obligations est assurée grâce à des dispositions pour le règlement des recours et des différends entre les parties et au pays. À l'échelle fédérale, le Tribunal canadien du commerce extérieur agit comme principal responsable de l'examen des soumissions pour le Canada. Les fournisseurs canadiens peuvent aussi soumettre leurs contestations à la cour fédérale ou aux cours supérieures.
Comme vous pouvez le voir, les règles et les engagements en matière d'accès aux marchés compris dans les accords commerciaux limitent la façon dont les marchés de l'État peuvent être utilisés. Par exemple, les accords sur le commerce international limitent la capacité d'utiliser les marchés publics pour promouvoir les industries canadiennes et interdisent en outre les exigences de contenu canadien pour les marchés auxquels s'appliquent les accords commerciaux.
Toutefois, les accords commerciaux fournissent aux parties l'occasion d'optimiser leurs dépenses d'approvisionnement afin de poursuivre les priorités gouvernementales et de promouvoir les possibilités de développement économique et social. Tant et aussi longtemps que les exigences sont conformes aux obligations en matière de non-discrimination et de traitement national, ainsi qu'aux autres obligations des accords, les dépenses au titre des marchés peuvent être optimisées, afin de profiter des possibilités de développement économique et social.
[Français]
En ce qui concerne les approvisionnements couverts par des accords commerciaux, il est possible, dans certaines situations, de retirer cette couverture en recourant, par exemple, à l'exception au titre de la sécurité nationale à des marchés réservés. En outre, de nombreux approvisionnements sont visés par un seuil ou portent sur des biens et des services qui ne sont pas couverts par les accords. Ils ne seraient donc pas assujettis aux obligations procédurales.
[Traduction]
Je vais vous expliquer brièvement comment SPAC utilise ces dispositions.
L'exception relative à la sécurité nationale qui, sauf erreur, a fait précédemment l'objet d'un examen par ce comité, permet au Canada de soustraire un marché à certaines ou à la totalité des obligations des accords commerciaux qui s'appliquent. Le fait d'invoquer une ESN, ou exception relative à la sécurité nationale, ne vise aucunement à limiter la concurrence. Dans le cas de SPAC, au cours des trois derniers exercices, 65 % des contrats attribués en vertu d'une exception relative à la sécurité nationale l'ont été en concurrence. Cela représente 86 % de la valeur totale de tous les contrats attribués en vertu de l'exception relative à la sécurité nationale.
Les marchés réservés constituent une autre disposition des accords commerciaux. À l'heure actuelle, tous les accords commerciaux, sauf l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, autorisent les marchés réservés aux petites entreprises ou aux entreprises minoritaires, y compris les entreprises autochtones. Toutefois, l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou AECG, autorise les marchés réservés aux entreprises autochtones. Si une disposition de ce genre est invoquée, le marché est soustrait aux obligations de l'accord commercial et est par conséquent réservé.
Par suite de l'avènement de l'Accord de libre-échange canadien, qui a pris effet cet été, soit le 1er juillet 2017, les marchés réservés aux petites entreprises sont maintenant autorisés, à condition qu'ils fassent partie d'un programme de marchés réservés aux petites entreprises et qu'ils soient équitables, ouverts et transparents. Tous les accords commerciaux du Canada autorisent les marchés réservés aux entreprises autochtones. Par conséquent, les marchés qui sont réservés aux entreprises autochtones en vertu de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, ou SAEA, sont exclus des accords commerciaux, ce qui rend leurs obligations non applicables.
Le Canada peut aussi optimiser les dépenses d'approvisionnement pour poursuivre les priorités gouvernementales et stimuler les possibilités de développement économique, lorsque les biens et services ne sont pas couverts par des accords commerciaux, ou lorsque les marchés sont assujettis à des seuils monétaires. Dans ces cas, le Canada peut appliquer des critères qui ne seraient pas autorisés en vertu d'accords commerciaux, comme les critères de préférence nationale.
[Français]
Parmi les initiatives qui accordent une préférence aux entreprises canadiennes, notons la Politique sur le contenu canadien et le Programme d'innovation Construire au Canada. La Politique sur le contenu canadien encourage le développement industriel en exigeant un contenu national dans les approvisionnements qui ne sont pas couverts pas des accords commerciaux. Notons, par exemple, l'approvisionnement en matière de défense ou les approvisionnements visés par un seuil.
[Traduction]
Le Programme d'innovation Construire au Canada de SPAC aide les entreprises canadiennes à mettre en marché leurs produits et services innovateurs. Étant donné que ce programme concerne les services de recherche et développement, il n'est pas assujetti aux obligations des accords commerciaux.
Je m'appelle Ana Renart, et je suis la directrice générale de la Direction générale de l'accès aux marchés, Secteur de la politique et des négociations commerciales, Affaires mondiales Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui par Pierre Marier, directeur, Direction des marchés publics, du commerce et de l'environnement, Affaires mondiales Canada.
La Direction générale de l'accès aux marchés est responsable des accords de commerce international, y compris dans un cadre multilatéral comme l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, ou dans un contexte bilatéral ou régional comme l'Accord de libre-échange nord-américain, l'ALENA, ou l'Accord économique et commercial global, l'AECG, entre le Canada et l'Union européenne. Nous nous acquittons de nos responsabilités avec l'aide d'experts d'autres ministères gouvernementaux.
Dans le cadre des accords canadiens de commerce international, nous tentons de garantir de nouvelles possibilités d'accès au marché pour les entreprises canadiennes dans divers domaines, notamment les marchés publics.
Comme je l'ai mentionné, nous collaborons très étroitement avec d'autres ministères au moment de la négociation des accords commerciaux. En ce qui a trait aux marchés publics, nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues de Services publics et Approvisionnement Canada, par exemple, ainsi que le Secrétariat du Conseil du Trésor.
[Français]
Aujourd'hui, je donnerai un aperçu des engagements que le Canada a pris relativement aux marchés publics dans le cadre de ses accords de commerce international et je soulignerai les engagements qui touchent les petites entreprises ainsi que les entreprises appartenant à des membres des minorités.
Le Canada est l'un des membres fondateurs de l'AMP, soit l'Accord sur les marchés publics, de l'OMC. Cet accord est entré en vigueur en 1981 et a été révisé à plusieurs reprises depuis. La plus récente révision a eu lieu en 2014. L'AMP actuel regroupe 47 membres de l'OMC, y compris de grandes économies comme les États-Unis, l'Union européenne, le Japon et la Corée. Les règles établies dans le cadre de l'AMP constituent la base des engagements relatifs aux marchés publics pris dans les accords de libre-échange régionaux et bilatéraux.
La plupart des accords commerciaux régionaux et bilatéraux signés par le Canada contiennent des engagements liés aux marchés publics. De tels engagements ont été pris dans les accords avec les États-Unis et le Mexique, c'est-à-dire l'ALENA, ainsi qu'avec le Chili, le Pérou, la Colombie, le Panama, le Honduras, la Corée, l'Ukraine et l'Union européenne.
[Traduction]
L'objectif premier de la négociation des accords de libre-échange, y compris les engagements en matière de marchés publics, est d'offrir aux entreprises canadiennes, y compris aux petites et moyennes entreprises, plus d'occasions d'accéder aux marchés publics d'autres pays.
En ce qui concerne les accords commerciaux, l'approche du Canada pour les marchés publics repose sur quatre grands principes: la non-discrimination, la transparence, l'impartialité et la responsabilisation. Ces principes sont pris en considération dans les règles de procédure de tous les accords canadiens de commerce international qui contiennent des engagements au chapitre des marchés publics.
Le principe de non-discrimination veille à ce que les autorités contractantes accordent aux fournisseurs étrangers un traitement non moins favorable que celui accordé à un fournisseur local. Le principe de transparence exige la publication de certaines lois et politiques et de certains règlements, ainsi que d'information sur les avis de passation de marchés, la documentation relative aux appels d'offres et les avis d'adjudication. Le principe d'impartialité veille à ce que tous les participants soient traités équitablement, et le principe de responsabilisation garantit aux participants un accès aux mécanismes de contestation des offres s'il y a un conflit.
Les occasions que créent les engagements en matière de marchés publics des ALE sont importantes. Aux termes de l'Accord sur les marchés publics de l'OMC, par exemple, les fournisseurs canadiens jouissent d'un accès préférentiel aux marchés d'une valeur d'environ 2,2 mille milliards de dollars canadiens annuellement. Aux termes de l'AECG, le Canada a un accès à des marchés d'une valeur de plus de 450 milliards de dollars canadiens. Dans le cadre des ententes avec les États-Unis, le Canada jouit d'un accès préférentiel à des marchés d'une valeur d'environ 1,1 mille milliards de dollars canadiens. Autrement dit, les ALE qui comportent des engagements en matière de marchés publics permettent aux entreprises canadiennes de pouvoir compétitionner pour un nombre beaucoup plus grand d'occasions que celles disponibles au Canada, de façon juste et prévisible.
Si elles visent à obtenir un accès accru aux marchés publics étrangers pour les fournisseurs canadiens, ces ententes commerciales font également l'objet de nombreuses exceptions qui permettent au Canada d'appliquer certaines politiques nationales ou d'atteindre des objectifs socioéconomiques. Par exemple, le Canada est libre d'appliquer des politiques d'approvisionnement qui contreviendraient autrement aux accords commerciaux, s'il juge que cela est nécessaire pour protéger ses intérêts essentiels en matière de sécurité. En outre, si une mesure n'est pas discriminatoire pour un fournisseur étranger ou n'est pas une restriction déguisée au commerce international, les engagements internationaux du Canada en matière de marchés publics n'empêchent pas ce dernier d'appliquer des normes concernant les biens et les services faisant l'objet d'un marché qui favorisent la conservation des ressources naturelles ou la protection de l'environnement ou des occasions de développement socioéconomique pour les personnes défavorisées sur le plan social ou économique.
Par ailleurs, certains secteurs sont exclus des obligations du Canada en matière de marchés publics internationaux, y compris la santé et d'autres services publics, la recherche et développement, la construction navale et la culture. De plus, la grande majorité des accords commerciaux internationaux du Canada contiennent des dispositions permettant de réserver des marchés aux petites entreprises ou aux entreprises appartenant à des membres des minorités, comme l'a décrit mon ami Matthew.
Tous les accords commerciaux internationaux du Canada qui contiennent des engagements liés aux marchés prévoient des dispositions permettant de réserver des marchés nationaux aux entreprises autochtones. Ces dispositions donnent au Canada la latitude nécessaire pour mener à bien la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, une stratégie lancée en 1996 qui vise à favoriser le développement des entreprises autochtones au moyen des marchés publics fédéraux, tout en respectant ses engagements commerciaux internationaux.
En ce qui a trait aux exceptions qui sont propres aux PME, seul l'AECG entre le Canada et l'Union européenne ne contient pas d'exception pour les marchés réservés aux PME canadiennes. Toutefois, les seuils de l'AECG pour les biens et services, qui se situent à plus de 200 000 $, sont parmi les plus élevés de tous les accords de commerce international du Canada.
Les marchés qui se situent en dessous de ce seuil ne sont pas assujettis aux engagements en matière de marchés de l'AECG, ce qui fait que les entités qui en sont chargées ont toute la souplesse requise pour procéder à ces approvisionnements d'une façon à contribuer à l'atteinte des objectifs stratégiques canadiens, y compris faciliter la participation des PME aux marchés si elles le souhaitent.
[Français]
Dans le cadre des négociations commerciales en cours, le Canada tente de faire approuver des dispositions progressistes qui tiennent compte de l'importante contribution du commerce international aux vastes priorités stratégiques, économiques, sociales et environnementales. Cela inclut les dispositions progressistes dans le domaine des marchés publics.
Je vous remercie de nous avoir accordé du temps. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions concernant les engagements liés aux marchés publics pris par le Canada dans le cadre des accords internationaux sur le libre-échange.
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Merci, monsieur le président.
J'ai préparé des notes, et pour éviter les répétitions, je vais les suivre plus attentivement.
Merci de l'occasion que vous m'offrez de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Peter Burn. Je suis un des sept membres du Tribunal canadien du commerce extérieur. Nous pouvons compter sur un secrétariat constitué d'environ 50 professionnels: des avocats, des économistes, des analystes financiers, des responsables du greffe et de l'édition, etc. L'un d'entre eux m'accompagne ici aujourd'hui. Il s'agit d'Eric Wildhaber, du Secrétariat du Tribunal canadien du commerce extérieur, un Suisse francophone et non pas un Suisse allemand, si je ne me trompe pas. Les gens du Nord prononcent son nom différemment. Eric est avocat principal auprès du Service canadien d'appui aux tribunaux administratifs. Il est l'un des plus grands experts au Canada dans le domaine du droit commercial.
Nous pourrons répondre aux questions dans les deux langues, mais je vais demander à Eric de s'occuper du français parce qu'il est parfaitement bilingue.
C'est avec plaisir que je vais fournir au Comité un contexte pour ses délibérations concernant les marchés réservés aux petites entreprises et aux entreprises autochtones.
Tout d'abord, laissez-moi décrire qui nous sommes et notre mandat. Le Tribunal canadien du commerce extérieur, ou TCCE, est un organisme indépendant quasi judiciaire qui a les pouvoirs d'une cour supérieure et qui rend des comptes au Parlement par l'entremise du ministre des Finances. Nous avons le mandat d'agir dans cinq domaines.
Tout d'abord, nous avons le mandat d'enquêter et de prendre des décisions sur la possibilité que des importations faisant l'objet de dumping ou de subventionnement aient causé ou menacent de causer des dommages matériels à une industrie canadienne. Le TCCE mène une enquête sur les dommages causés et l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, détermine s'il y a eu dumping ou subventionnement et à quel niveau. Notre contrepartie américaine pour ce mandat est l'International Trade Commission, ou ITC.
Notre deuxième mandat a trait aux enquêtes de sauvegarde qui, encore une fois, relève de l'ITC aux États-Unis. Ici, nous faisons enquête pour déterminer si les conditions d'importation de certains biens au Canada ou les quantités importées pourraient constituer la cause principale d'un préjudice ou d'une menace grave pour les producteurs canadiens de biens similaires.
Le troisième mandat a trait aux enquêtes économiques et tarifaires, qui nous sont soumises par le gouvernement du Canada ou le ministre des Finances.
Le quatrième mandat concerne les appels en matière de douanes et d'accise. Nous entendons et nous tranchons des appels de décisions rendues par l'ASFC en vertu de la Loi sur les douanes et de la Loi sur les mesures spéciales d'importation, ainsi que par le ministre du Revenu national, en vertu de la Loi sur la taxe d'accise. Dans ce cas, notre contrepartie américaine est la Court of International Trade, à New York.
Enfin, nous arrivons à notre cinquième mandat, celui pour lequel nous sommes ici aujourd'hui, à savoir notre rôle comme responsable désigné de l'examen de certains marchés publics, en vertu des divers accords commerciaux que nous avons énumérés précédemment. Pour ce mandat, notre homologue aux États-Unis est le Government Accountability Office, ou GAO.
Vous remarquerez que j'ai dit « certains marchés ». En effet, nos pouvoirs d'examen englobent uniquement les marchés du gouvernement fédéral qui se qualifient comme « marchés désignés », c'est-à-dire ceux qui sont supérieurs à une certaine valeur, qui émanent d'une entité déterminée du gouvernement fédéral et qui font intervenir un bien ou un service déterminé. Autrement dit, il y a de nombreux marchés fédéraux de plus faible valeur qui échappent à la compétence du TCCE et aux disciplines des accords commerciaux. Le Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement a certaines responsabilités à ce chapitre en vertu de l'Accord de libre-échange canadien, ou ALEC, autrefois appelé Accord sur le commerce intérieur, ou ACI.
Les marchés des gouvernements infranationaux échappent aussi à notre compétence. Vous savez sans doute que les provinces assument des obligations en matière de marchés à la fois dans le cadre de l'AECG et de l'ALEC. En tant que partie à l'AECG, le Canada s'est engagé à veiller à ce que nos gouvernements infranationaux respectent les engagements compris dans l'Accord et a convenu de créer une ou plusieurs autorités responsables de l'examen des marchés. Nous devons voir comment cela évoluera, si nous aurons un ou 11 responsables, ou comment cela fonctionnera.
Dans le cadre du mandat en matière de marchés publics du TCCE, nous recevons des plaintes d'entreprises et de particuliers qui transigent avec le gouvernement fédéral et qui croient avoir été traités de façon inappropriée ou injuste dans le cadre d'un processus d'approvisionnement. Nous recevons environ 70 plaintes concernant les marchés publics chaque année, et nous nous chargeons d'assurer un examen rapide, économique, juste et transparent. Il s'agit d'une étude de dossier, ce qui fait que personne n'a à venir à Ottawa. Ces plaintes proviennent de fournisseurs canadiens et étrangers, dont de nombreuses petites et moyennes entreprises.
Lorsque nous déterminons qu'une plainte est recevable, nous recommandons au gouvernement un des nombreux redressements que nous jugeons appropriés, et nous pouvons aussi fournir à l'administrateur général des commentaires et des observations concernant le processus. Aux termes de la loi, les recommandations doivent être mises en oeuvre dans la plus large mesure possible.
En ce qui a trait à la question que nous abordons aujourd'hui, les petites entreprises et les entreprises autochtones, une annexe de l'ALENA énonce de façon explicite que le chapitre sur les marchés publics ne s'applique pas « aux marchés réservés aux petites entreprises et aux entreprises minoritaires ». Ces pratiques ont commencé aux États-Unis bien avant l'ALENA, soit dans les années 1950, dans le cas des marchés réservés aux petites entreprises, et aux termes des dispositions législatives modifiées dans les années 1970, pour le programme pour les entreprises appartenant à des minorités, soit des Afro-Américains et des Autochtones américains.
Aux États-Unis, la Small Business Act prévoit que les petites entreprises reçoivent une « proportion équitable » des marchés fédéraux, et que les petites entreprises et les petites entreprises appartenant à des minorités aient le maximum de possibilités, ce qui fait que la portée est large. Les marchés réservés aux petites entreprises fournissent cette possibilité en exigeant que la majeure partie des contrats dont la valeur estimée est supérieure à 25 000 $ et inférieure à 150 000 $ soit accordée à des petites entreprises, le terme petite étant défini de façon relative dans chaque secteur. Je ne sais pas ce que serait une petite compagnie pétrolière.
En outre, des marchés plus importants peuvent être réservés si l'agent qui en est chargé croit qu'il y a au moins deux petites entreprises qui peuvent faire le travail, ce qui amène la discussion au niveau du responsable contractuel, mais je ne sais pas comment cela se passe. Par ailleurs, les grands marchés attribués à des grandes entreprises doivent comporter des plans de sous-traitance auprès de petites entreprises.
Aux États-Unis, il existe trois façons pour les petites entreprises de prendre de l'expansion.
Au Canada, il n'y a pas de programme général d'approvisionnement fédéral similaire à cela. Je ne peux pas me prononcer sur la situation actuelle, et je ne le souhaite pas, mais par le passé, j'ai participé à l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis. Je crois qu'on peut dire sans trop s'avancer que notre objectif était d'aider un plus grand nombre d'entreprises à élargir leur échelle et leur capacité concurrentielles. Nous étions à la recherche d'ouverture de débouchés aux États-Unis, et nous ne voulions d'aucune façon donner le signal aux Américains que nous compromettions l'accès des entreprises canadiennes à ce moment-là. Nous n'avons jamais voulu réellement mettre en oeuvre des marchés réservés aux petites entreprises; nous souhaitions percer leur marché. Toutefois, nous sommes dans une économie beaucoup plus large aujourd'hui, ce qui fait que la situation est peut-être différente.
Nous nous sommes aussi rendu compte à ce moment-là qu'une grande entreprise canadienne équivalait dans les faits à une petite entreprise américaine, ce qui fait que nous ne savions pas ce qu'était une petite entreprise canadienne aux fins de l'approvisionnement. Je parle d'une époque révolue.
Jusqu'à maintenant, les gouvernements successifs ont choisi de mettre en oeuvre une vaste gamme d'autres mesures, et non pas des marchés réservés aux petites entreprises. Dans le chapitre sur les marchés publics de l'ALENA, on mentionne la création d'un comité des petites entreprises avec les États-Unis, dont le but était d'accroître de diverses façons les possibilités relatives aux marchés publics offertes aux petites entreprises. Je vous recommande de le lire.
On a tenté de réserver des marchés aux petites entreprises à l'échelle provinciale. Comme il a été mentionné précédemment, l'article 504.13 de l'ALEC prévoit des programmes de marchés réservés aux petites entreprises, à condition que ces programmes soient équitables, ouverts, transparents et qu'ils n'établissent pas de discrimination fondée sur l'origine des produits, services ou fournisseurs, ou sur leur emplacement à l'intérieur du Canada. Autrement dit, il est acceptable de mettre en concurrence les petites entreprises et les grandes, mais pas les entreprises locales et les autres.
Il y a aussi une annexe très intéressante de l'AECG que je recommande au Comité. Elle énonce les limites acceptables concernant la préférence pour les fournisseurs locaux à l'appui du développement des régions non urbaines de certaines provinces moins bien nanties. Elle dit essentiellement que les provinces normales, les autres provinces moins bien nanties, peuvent obtenir dix marchés de moins de 1 million de dollars par année pour le développement à l'extérieur des régions urbaines, c'est-à-dire à l'extérieur d'Halifax, de Moncton, etc., mais pas en Ontario, parce que je crois que l'Ontario ne fait plus partie de cette catégorie. Il s'agit d'un aspect que nous ne devrions pas perdre de vue. Je ne sais pas comment cela s'intègre aux autres. Nous devrons attendre et voir.
Les marchés réservés aux Autochtones sont beaucoup plus explicites. Dans l'ensemble, ils ont remplacé les marchés réservés aux « minorités », lorsque l'on a défini ce que signifiait le terme « minorités » au Canada. À l'heure actuelle, il existe des marchés réservés aux Autochtones qui sont définis de façon assez claire et large. Je dirais simplement qu'en raison de ceux-ci, le tribunal a statué que lorsque de telles dispositions sont invoquées, il n'a pas compétence et il ne mènera pas d'enquête. Comme il est indiqué dans le guide d'approvisionnement du gouvernement du Canada: « Toute contestation [par des fournisseurs en vertu de la Stratégie d'approvisionnement pour les entreprises autochtones] doit être traitée selon les procédures établies pour les plaintes formulées par les fournisseurs relativement aux contrats non assujettis aux accords commerciaux », ce qui fait que du côté des Autochtones, la situation est assez claire.
Cela met fin à mes observations. J'espère que je n'ai rien oublié, sans trop me répéter.
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Permettez-moi de prendre la parole le premier.
Jusqu'en juillet de cette année, nous étions restreints en tant que gouvernement pour l'exploration du recours aux marchés réservés aux petites et moyennes entreprises pour faire avancer les programmes canadiens, parce que l'Accord sur le commerce intérieur n'autorisait tout simplement pas les marchés réservés aux petites et moyennes entreprises. Maintenant que l'Accord de libre-échange canadien, ou ALEC, est en place, le gouvernement examine les options de marchés réservés aux petites entreprises, y compris dans le cadre du Programme d'innovation Construire au Canada et du programme Solutions innovatrices Canada, qui relève d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Nous sommes à la recherche des options qui s'offrent à nous pour nous permettre d'explorer de façon plus approfondie le recours à ces marchés réservés pour promouvoir les entreprises canadiennes, non seulement pour la R-D, la recherche et développement, mais aussi pour les ventes ultérieures, auxquelles vous avez fait allusion.
En ce qui a trait à ce que font les États-Unis par rapport à ce que nous faisons, les États-Unis n'ont pas ce type de restriction interne, ce qui fait qu'ils utilisent les marchés réservés aux petites et moyennes entreprises de deux façons en général. Dans un cas, ils ont recours à leurs seuils d'acquisition simplifiée. Les marchés des ministères fédéraux qui sont inférieurs à 150 000 $ sont réservés aux petites entreprises en général. Ils utilisent aussi un autre mécanisme, à savoir le programme SBIR, leur programme d'innovation pour les petites entreprises. En vertu de ce programme, ils ont déterminé qu'aux fins des marchés réservés aux petites entreprises, l'innovation ne se limitait pas à la recherche et au développement, mais englobait aussi les ventes ultérieures, les premières ventes, si l'on veut, ou les ventes commerciales, qui vont aux ministères et organismes du gouvernement américain.
Vous avez parlé de quotas. Je comprends qu'il existe des quotas, qui varient aussi selon le ministère et l'organisme. Je comprends que ces quotas ne sont pas toujours atteints, toutefois, mais que les États-Unis utilisent assez fréquemment les marchés réservés aux petites entreprises.
Nous faisons donc le suivi de beaucoup de choses, mais, et c'est surprenant, nous ne faisons pas le suivi des activités des petites et moyennes entreprises, et il faut croire que c'est simplement parce qu'on ne nous l'a jamais demandé. Cela dit, pour faire suite à la discussion, je vais recommander au secrétariat de conserver des chiffres à ce sujet, ne serait-ce que pour pouvoir répondre à la question la prochaine fois que nous viendrons ici.
J'ai jeté un coup d'oeil. Hier, j'ai demandé à mon stagiaire d'examiner les cas que nous avons examinés l'année dernière. Nous avons traité 70 plaintes. C'est le plus grand nombre de plaintes que nous ayons jamais reçues en matière de marchés publics. La valeur totale était de l'ordre de 5 milliards de dollars. Il y a eu quelques affaires majeures, mais la moyenne était de 1 à 3 milliards de dollars.
D'après la définition que donne Industrie Canada de la notion de petite entreprise et d'après ce que nous pouvions conclure à première vue, grâce à une recherche rapide dans Internet, sur la taille d'une entreprise, nous pouvons sans risque affirmer à titre anecdotique que, l'année dernière en tout cas, plus de la moitié des plaintes — jusqu'à 45 des 70 que nous avons reçues — venaient de ce qui semblait être des petites et moyennes entreprises. Elles s'adressent beaucoup à nous.
Vous avez aussi demandé le genre d'affaires dont nous sommes saisis en général. Eh bien, il y en a de toutes sortes, mais les cas de critère non divulgué sont récurrents. Selon le système, on doit énoncer tous les critères applicables dans les documents de sollicitation. Essentiellement, les fournisseurs doivent être mis au courant des règles du jeu avant d'investir temps et argent dans l'élaboration d'une soumission en réponse à un appel d'offres, mais les choses ne sont pas toujours bien définies, il peut y avoir des lacunes dans les énoncés, et, à l'étape de l'évaluation, on se retrouve avec un critère passé inaperçu. Et, là, un soumissionnaire dit « Attendez un peu, je n'ai pas vu cela, pourquoi donc? ». On lui explique la raison, et il n'est pas content parce qu'il se rend compte que ce n'est pas ce qu'il a lu dans les documents de sollicitation. Il essaiera de régler le problème, et, s'il n'y parvient pas, il s'adressera au tribunal, à moins qu'il s'adresse directement au tribunal.
Je dirais que c'est un cas très fréquent.
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Je pourrais essayer de répondre, après quoi nous verrons ce que mes collègues ont à dire.
Nous constatons déjà quelque chose de très semblable à ce que vous avez décrit, mais cette fois dans le contexte de l'approvisionnement de défense en vertu de la politique sur les avantages industriels et techniques. C'est le recours à la proposition de valeur.
Dans le cadre de cette politique et compte tenu du recours à la proposition de valeur, il y a les aspects techniques et financiers, et il y a la proposition de valeur. L'un des jalons employés est une pondération de 10 % des éléments de la proposition de valeur. Ils cherchent, dans l'établissement de leurs critères, à favoriser, par exemple, l'épanouissement du secteur de la défense, le renforcement de la base des fournisseurs et la multiplication des possibilités d'exportation, etc.
Vous avez donc déjà un exemple, en dehors du cadre des accords commerciaux. C'est un bon exemple, et cela fonctionne très bien. Nous négocions actuellement des contrats de dizaines de milliards de dollars, et 100 % de ces dollars vont à des entreprises canadiennes.
Donc, dans le cadre des dispositions de ces accords commerciaux, si on tient compte de ce qui est couvert par ces dispositions, une partie des efforts déployés par SPAC pour moderniser le processus d'approvisionnement vise précisément cela: trouver des moyens, compte tenu des obligations énoncées dans ces accords, d'employer des critères socioéconomiques. Il faut s'assurer qu'ils sont objectifs, qu'ils sont quantifiables, qu'ils sont indépendants du développement local — on parle de contenu national, par exemple — et qu'ils sont conformes aux engagements que nous avons pris dans le cadre de ces accords commerciaux.
C'est ce à quoi nous réfléchissons en ce moment et c'est dans cette direction que nous comptons aller dans les mois qui viennent.
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Je pourrais essayer de répondre.
Pour ce qui est de SPAC, il faut savoir qu'il s'agit d'un fournisseur de services communs. Un ministère client nous fait connaître ses besoins. C'est la première étape. Cela dit, ces besoins peuvent être flous ou tout à fait limpides. Nous commençons par clarifier ces besoins avec le ministère. Il se peut qu'on doive, et c'est encouragé, demander au secteur privé d'évaluer la capacité du secteur d'activité. Il est bon, également, de se demander, très tôt, si des accords commerciaux sont applicables, et, dans ce cas, de savoir lesquels.
La première question que nous nous posons concerne le champ d'application des accords, compte tenu des besoins et des biens et services en cause. Nous cherchons à savoir si ces biens ou services sont assujettis à l'un ou l'autre des accords applicables ou à plusieurs accords. Nous examinons ensuite la valeur du contrat et nous vérifions si des seuils s'y appliquent. Puis nous analysons l'entité qui achète les biens et nous vérifions si elle est assujettie aux annexes. Après cela, nous vérifions si des exemptions sont applicables. Faut-il appliquer la stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones? Les besoins sont-ils assujettis à l'exception de la sécurité nationale? Il s'agit donc de vérifier de quoi relève la demande.
À partir de là, au sujet du modèle dont vous avez parlé, je n'appellerais pas cela un modèle. Ils sont adaptés, au sein de SPAC, à chaque type d'approvisionnement du ministère client. Nous employons des dispositions d'acquisition standards et des modèles selon le degré de complexité, faible, moyen ou élevé, qui déterminera les clauses contractuelles standards que nous intégrerons préalablement, après quoi nous les adaptons. Ces clauses standards permettent de garantir que le gouvernement remplit ses obligations à l'égard des accords commerciaux du point de vue de la procédure, de l'équité et de la transparence.