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Merci, monsieur le président. Je suis ravi de comparaître à nouveau devant le Comité. Je suis accompagné aujourd'hui de Yaprak Baltacioglu, secrétaire du Conseil du Trésor, et de Brian Pagan, secrétaire adjoint du Secteur de la gestion des dépenses.
Brian arbore encore les derniers vestiges de Movember et se prépare pour Manuary. Je tiens à le féliciter pour son immense courage.
Vous avez raison: j'ai effectivement l'impression d'être un membre honoraire de votre comité. C'est la quatrième fois que je viens discuter de la réforme du budget des dépenses, en plus des séances d'information technique que nous avons organisées pour les députés et les sénateurs l'hiver dernier et plus récemment. En tant que ministre, il m'apparaît extrêmement important de consulter le Parlement, et les travaux des comités parlementaires sont d'une grande importance.
[Français]
Comme je l'ai dit la dernière fois que je me suis adressé à vous, je sais que la réforme du Budget des dépenses est une question qui intéresse particulièrement votre comité.
[Traduction]
La capacité d'exercer une surveillance est le rôle le plus important que nous, parlementaires, pouvons jouer au nom des Canadiens. Pour l'avoir déjà mentionné, vous savez qu'au printemps prochain, le 2 juin exactement, 20 ans se seront écoulés depuis ma première élection. Outre 16 années passées dans l'opposition, le 2 juin marquera mes quatre ans en tant que membre de deux cabinets. Cela en dit long sur ma volonté de créer un système plus efficace pour le Parlement et pour les parlementaires.
Je suis convaincu de la nécessité d'une réforme qui dotera les parlementaires des outils pertinents dont ils ont besoin pour exercer une surveillance efficace. Pour le compte rendu, je tiens à vous assurer d'un point, et je réitérerai cet engagement aux ministres qui comparaissent devant le Comité pour défendre leurs prévisions budgétaires — je l'ai dit par le passé et notre gouvernement l'a dit — c'est une promesse que nous avons faite.
Pour renforcer davantage le processus de réforme, notre remettra aux présidents des comités une lettre dans laquelle il s'engage à ce que si les ministres sont invités à comparaître deux fois au sujet du Budget principal des dépenses, ils comparaîtront deux fois. Nous croyons fermement que la surveillance parlementaire et la responsabilité financière sont des éléments fondamentaux de notre système démocratique. Que des ministres comparaissent devant le Comité pour discuter du Budget principal des dépenses lorsqu'on les invite à le faire constitue un élément déterminant dans la tenue d'un gouvernement responsable.
Dans le cadre de cette réforme, mon objectif immédiat est de créer un meilleur alignement du budget et du Budget principal des dépenses. Un récent éditorial de The Globe and Mail résume, je pense, avec beaucoup d'exactitude le dysfonctionnement actuel du processus:
[…] la séquence actuelle du processus est à ce point déficiente qu'elle frôle l'absurdité. Les prévisions budgétaires sont habituellement présentées avant le budget, sous un format comptable différent, ce qui les rend à toutes fins utiles vides de sens. Il s'agit d'une pratique discréditée qui a seulement servi à garder les députés dans l'ignorance quant à la façon dont les impôts sont dépensés. Presque n'importe quelle amélioration sera la bienvenue.
Ces problèmes et certains autres dont nous avons discuté lors des comparutions précédentes ont motivé notre engagement à créer un meilleur alignement. Le but recherché est de soumettre à l'examen des parlementaires des documents qui auront infiniment plus de sens que le statu quo.
Ces changements ne sont pas faciles. Dans un récent rapport, le DPB indique que nos efforts sont louables, mais il nourrit certaines inquiétudes quant à notre proposition actuelle de déposer le Budget principal des dépenses le 1er mai ou avant cette date. Il se dit préoccupé par ce qu'il appelle les « processus administratifs internes sclérosés » du gouvernement.
Je ne suis pas sûr que j'aurais choisi le mot « sclérosé », mais je peux vous dire — et j'en suis à mon deuxième mandat de ministre — que je suis frustré par le cloisonnement gouvernemental et le manque de connectivité entre les ministères et les organismes gouvernementaux. C'est du chacun pour soi, il est impossible de travailler horizontalement au sein des ministères et des organismes gouvernementaux.
Peu importe si j'avais choisi le terme « sclérosé » ou non, je suis d'accord avec le DPB qu'il y a beaucoup de travail à faire pour que le gouvernement du Canada passe à une vitesse supérieure et fasse place à la collaboration... à la capacité de gérer horizontalement, entre les divers ministères et organismes gouvernementaux, les questions qui intéressent les Canadiens .
Je comprends son point de vue. Il faut du temps pour changer les processus et les cultures, non seulement au sein du gouvernement, mais aussi au sein des ministères et des organismes. Il y a longtemps que le processus budgétaire actuel est en place. Nous travaillons fort, non seulement à la réforme du budget des dépenses, mais de manière générale à notre politique sur les résultats, qui orientera les travaux du gouvernement en fonction des résultats beaucoup plus qu'en fonction des processus.
Pour ce qui est de la modification précise que nous voulons apporter concernant la date limite du dépôt du budget principal, nous visons l'adoption d'un changement provisoire de deux ans, qui permettra au Conseil du Trésor et au ministère des Finances en particulier d'apporter des changements substantiels à leur façon de collaborer et de rendre ces changements opérationnels. Cela donne au ministère et à tous les ministères qui participent au processus de budgétisation le temps de s'assurer que plusieurs parties du budget sont reflétées dans le Budget principal des dépenses.
Un changement dans la séquence du processus constitue, en soi, un pas dans la bonne direction, mais ces deux années d'adaptation nous donnent la possibilité de rendre ce processus opérationnel et de disposer de documents budgétaires pertinents et de haute qualité, qui tiennent compte des postes budgétaires.
Nous avons fait des progrès, en particulier dans le cadre des travaux entre le Conseil du Trésor et le ministère des Finances. Si vous vous souvenez du Budget supplémentaire des dépenses (A) de cette année, 66 % des postes étaient de nature budgétaire, contre 6 %, je crois, l'an dernier. C'est déjà l'indication d'une relation de travail plus étroite entre le ministère des Finances et le Conseil du Trésor. Nous voyons dans la modification de l'échéancier du Budget principal des dépenses une occasion d'intensifier cette coopération et d'en renforcer les résultats.
Notre objectif est que 100 % des mesures budgétaires se reflètent dans le Budget principal des dépenses. C'est le cas dans d'autres administrations, en Ontario ou en Australie, par exemple. L'étape initiale est de faire en sorte que le processus s'enchaîne comme il se doit. Je n'ai jamais caché mon admiration pour le modèle australien; en abordant les choses dans l'ordre voulu, nous faisons un pas dans cette direction.
L'ancien directeur parlementaire du budget, Kevin Page, croit que notre approche transitoire est raisonnable. Il a affirmé: « Bien que je crois que le Parlement et les Canadiens devraient voir le Budget principal des dépenses avant le début de l’exercice, j’appuie votre recommandation selon laquelle cet ajustement puisse prendre deux ans à mettre en oeuvre. »
Nous saluons le rapport du DPB. Je tiens également à souligner combien j'apprécie le travail du Bureau du directeur parlementaire du budget. Et cela depuis longtemps. Il accomplit un travail essentiel et fournit de l'information importante aux parlementaires.
Le DPB a indiqué que l'adoption d'une date budgétaire fixe serait une façon d'aller de l'avant. Monsieur le président, cette question relève du ministre des Finances. Rien n'oblige à ce qu'un budget soit déposé à une date fixe. Cela relève de la compétence des Finances. Le Règlement ne prévoit aucune disposition à ce sujet.
D'un point de vue opérationnel, la période de deux ans permettra un alignement beaucoup plus étroit entre le budget et le Budget principal des dépenses, tant sur le plan du contenu que sur celui de l'enchaînement du processus. Selon moi, ce pas dans la bonne direction est cohérent avec les objectifs plus vastes que le DPB pourrait communiquer à notre gouvernement.
Bien que la pratique habituelle consiste à déposer les budgets entre la mi-février et la mi-mars, il arrive que des situations extrêmes obligent le gouvernement à recourir à des approches plus souples. Même sans établir de date budgétaire fixe, notre proposition actuelle permettrait l'intégration de nombreux postes budgétaires au Budget principal des dépenses dès le prochain exercice, de sorte que nous obtiendrons un meilleur résultat lors du deuxième cycle budgétaire de cette période de changement provisoire. Le document budgétaire deviendrait immédiatement utile et pertinent pour tous les parlementaires.
Je tiens à remercier le Comité de son travail sur cette question. Je suis impatient d'entendre vos conseils; nous sommes toujours ouverts aux suggestions du Comité. Je prends votre travail au sérieux et, si on m'invite, je reviendrai. Je pourrais même demander une invitation un jour. J'aime beaucoup comparaître devant vous.
Une dernière chose, monsieur le président et mesdames et messieurs les députés. L'amélioration de la séquence du processus et le changement que nous souhaitons apporter concernant le report temporaire de la date limite du dépôt du Budget principal des dépenses pour les deux prochains cycles budgétaires ne représentent qu'une partie de ce que nous faisons dans le cadre du budget et de la réforme du budget des dépenses. En tant que gouvernement, nous voulons que les rapports ministériels soient plus informatifs, plus révélateurs et plus compréhensibles, et le Conseil du Trésor nous aide à réaliser cet objectif.
Nous effectuons le rapprochement entre la comptabilité de caisse et la comptabilité d'exercice et fournissons ces précieux renseignements aux parlementaires; en outre, nous établissons des rapports fondés sur les objectifs, qui eux aussi permettent aux parlementaires d'acquérir une perspective plus claire sur les dépenses ministérielles engagées à des fins précises et de tirer parti de notre expérience avec le projet pilote à Transports Canada.
Ce sont des éléments que nous voulons continuer à élargir et à approfondir dans le cadre de la réforme globale du budget et du processus budgétaire. Conformément à notre engagement en matière de responsabilité, nous souhaitons renforcer la responsabilité du Parlement et, en tant que gouvernement du Canada, élaborer une approche plus axée sur les résultats.
Merci, monsieur le président.
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Il ratisse large, on dirait...
Pour dire la vérité, la dernière fois que nous nous sommes tous retrouvés ensemble — il y a quelques semaines, si je ne m’abuse — j’ai exprimé mon appréhension quant à la manière de s’y prendre pour obtenir la clarté d’alignement souhaitée. J’ai même demandé si nous ne mettions pas la charrue devant les boeufs en déplaçant la date, ce qui aura certainement des conséquences, avant de réformer le système.
Même si, je le souligne à nouveau, nous appuyons l’alignement et tout ce qui accroît la surveillance et le contrôle, je réitère, aux fins du compte rendu, ma crainte qu’en l’absence de l’obligation de déposer un budget avant une date précise, rien ne garantisse que le budget sera aligné avec le budget des dépenses. Le budget des dépenses prime bien sûr, à tel point qu’il existe un règlement à son sujet et au sujet du rôle du pouvoir ultime sur les dépenses publiques, qui explique notre présence ici.
Par conséquent, dans la quête de l’alignement, il semble plutôt incongru de choisir de modifier la variable qui selon nous, ne devrait pas changer. Nous voulons déplacer le budget des dépenses, mais il reste la variable du budget, qui peut changer n’importe quand.
Une fois de plus, j’exprime simplement ma crainte qu’un déplacement du budget puisse compromettre l’alignement visé. Je me demande seulement quels sont les obstacles à surmonter pour permettre un alignement, étant donné que le budget peut être déposé n’importe quand.
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D’abord, il importe de procéder dans le bon ordre.
Quand on regarde le passé... J’ai les dates du budget de 2006 à 2016: en 2007, 19 mars; en 2008, 26 février; en 2009, 27 janvier; en 2010, en mars. Il y a eu un budget inhabituel en 2015, le 21 avril, mais sinon, d’habitude, l’intervalle est assez constant.
Je comprends votre argument. Je crois qu’il est important de respecter le bon ordre... Le 1er mai nous permettra mieux de nous assurer, au cours des deux prochains cycles budgétaires, premièrement, que le budget des dépenses suit le budget et, deuxièmement, que le budget des dépenses est pertinent, parce qu’il comprend la plupart des postes budgétaires — et, en bout de piste, je voudrais qu’il les inclue tous — et, troisièmement, Kelly, qu’après cette période provisoire, nous pourrons opérationnaliser tout cela, dans le cadre du processus budgétaire, pas seulement au Conseil du Trésor et aux Finances mais plutôt dans l’ensemble du gouvernement, ce qui fera ressortir les autres changements possibles par la suite.
Je n’ai jamais caché mon admiration pour le modèle australien. Il faut du temps pour y arriver et nous avons besoin de temps pour l’intégrer dans l’ensemble du système.
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Merci, monsieur le président.
L’importance du témoignage du DPB est évidente, à la lumière de l’excellent rapport du DPB, qui a aussi exprimé quelques critiques — je ne dirais pas de sérieuses critiques, mais quelques critiques tout de même — quant aux démarches futures.
J’aimerais que nous entendions M. Wernick parce que le DPB affirme ce qui suit:
Avant de consentir aux changements proposés par le gouvernement, les parlementaires pourraient réfléchir au fait suivant: le problème fondamental du régime de contrôle financier réside dans les processus administratifs internes du gouvernement.
Je pense que c’est à cela que vous faisiez allusion quand vous avez employé le terme « sclérosé ». Je pense qu’il faut en savoir plus. Encore une fois, il faut éviter de mettre la charrue devant les boeufs.
J’aimerais reprendre brièvement quelques autres arguments du DPB. Il déclare que « ce n’est probablement pas en retardant de huit semaines le Budget principal des dépenses qu’on réalisera son plein alignement avec le budget ». Là encore, il m’apparaît important de l’entendre à ce sujet.
D’autres propos du DPB se rapportent à ce qui a été dit depuis un mois:
Le gouvernement affirme que le Parlement ne joue pas un rôle significatif dans l’examen des plans de dépenses. Le DPB ne partage pas cette opinion. Nous estimons au contraire que les parlementaires posent des questions pertinentes lors des réunions des comités, pendant la période des questions et en comité plénier.
Ce que dit le DPB, je crois, c’est que, malgré tous les obstacles, les parlementaires passés et actuels de l’opposition ont toujours fait un très bon travail. Je pense qu’il dit de ne pas modifier le Règlement, de ne pas modifier notre raison d’être, parce qu’il n’y a pas de réel problème selon lui.
C’est pour cette raison que j’aimerais inviter ici le DPB, et aussi M. Wernick, pour qu’il explique pourquoi il n’est pas nécessaire d’examiner cette question alors que le problème est d’un autre ordre, soit nos processus administratifs internes. M. Page est déjà venu ici et s’est exprimé sur ces changements. Je n’ai vu que brièvement certaines observations de M. Page sur les changements proposés et je pense être d’accord avec lui. Oui, il veut des changements, mais je crois me rappeler qu’il avait des observations ou des critiques très précises que nous devrions entendre avant d’apporter des changements aussi draconiens à notre système et à notre Règlement.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Si le Comité me le permet, j'ai l'intention d'élaborer quelque peu à propos de certains éléments. Je veux prendre le temps de parler de plusieurs des préoccupations, que nous avons de ce côté-ci de la salle.
Nous ressentons un malaise relativement à cette réforme du Budget des dépenses. J'en ai parlé à quelques reprises au ministre lors de nos dernières réunions. Je suis un député conservateur et j'ai donc peut-être un petit parti pris à cet égard, mais, fondamentalement, à ce titre, je pense qu'il faut prendre toutes les précautions nécessaires lorsqu'on décide de se lancer dans une réforme de cette envergure.
Depuis deux mois, on dit qu'il s'agit d'une réforme bureaucratique minime qui a pour but de rendre plus facile l'examen des Budgets supplémentaires des dépenses. Il me semble, au contraire, que c'est une réforme d'une grande ampleur qui bouleversera probablement la façon dont le gouvernement rend des comptes aux députés et, au bout du compte, aux Canadiens, par l'entremise des processus parlementaires qui existent.
J'aimerais revoir les passages les plus importants du rapport qui a été présenté le 22 novembre par le directeur parlementaire du budget. Cependant, avant de le faire, j'aimerais réitérer ce que j'ai dit au ministre il y a un mois. Selon nous, dans cette réforme, il y a deux grandes prémisses fondamentales au chapitre de la démocratie parlementaire qui s'affrontent. L'une porte plutôt sur le contenu et l'autre sur la forme. Je m'explique à cet égard.
Selon moi, la première prémisse touchant l'imputabilité démocratique parlementaire, soit celle qui porte sur le contenu, signifie la responsabilité à l'égard des chiffres. Bien que celle-ci soit extrêmement importante, ce n'est pas, en définitive, ce qui permet aux parlementaires et aux députés, et ce, depuis 1867, de s'assurer que le gouvernement est tenu responsable au maximum de ses actions sur le plan budgétaire devant les électeurs, les parlementaires et les fonctionnaires, ne serait-ce qu'en matière de crédits.
C'est ma compréhension de cet aspect. Je peux me tromper et je me demande même parfois si je suis un peu fou ou non, mais le rapport du directeur parlementaire du budget m'a un peu conforté dans ma folie. Je pense donc que nous voulons travailler sur l'imputabilité du gouvernement sur le plan de ces chiffres et sur le contenu de celle-ci de la part du gouvernement.
Par ailleurs, considérons l'autre prémisse, soit celle de la forme, qui peut être parfois perçue comme moins importante que celle du contenu. Elle me semble pourtant très importante et extrêmement valorisante pour nous tous, pour les Canadiens et pour le travail des députés. Il s'agit non pas de l'imputabilité relative aux chiffres, mais de celle du gouvernement.
Monsieur Brison, selon moi, il aurait été sage de dire dès le départ qu'il s'agissait d'une grande réforme parlementaire. Je crois d'ailleurs qu'elle devrait faire l'objet d'une vaste consultation auprès des citoyens du Canada.
On peut penser que la meilleure façon pour le gouvernement de rendre des comptes est par les chiffres, mais nous croyons plutôt que, depuis 149 ans et bientôt 150 ans, cela se fait plutôt par la responsabilité et l'imputabilité du gouvernement sur le plan de la forme.
J'aimerais citer un paragraphe qui se trouve à la page 13 du rapport rendu public le 22 novembre par le directeur parlementaire du budget. Celui-ci semble conforter...
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Au contraire, ce à quoi je fais allusion représente tout à fait le sujet dont il est question aujourd'hui.
J'en arrive au rapport du directeur parlementaire du budget présenté le 22 novembre 2016. Je suis désolé si parfois je m'écarte dans des parenthèses philosophiques; c'est un de mes défauts d'académicien.
Je vais commencer par citer ce qui, selon moi, confirme le fait que la reddition de comptes ne doit pas être concentrée sur les chiffres, mais sur la mise au ban chaque année du gouvernement pendant une période de trois mois.
Dans son rapport, le directeur parlementaire du budget mentionne ce qui suit: « Le gouvernement [actuel] affirme que le Parlement ne joue pas un rôle significatif dans l'examen des plans de dépenses. » Il ajoute à cela: « Le DPB ne partage pas cette opinion ». N'est-ce pas intéressant?
Je poursuis la citation.
Nous estimons au contraire que les parlementaires posent des questions pertinentes lors des réunions des comités, pendant la période des questions et en comité plénier, et ce, bien qu’on ne leur donne que des données de rendement de piètre qualité et qu’il leur est impossible de pleinement rapprocher les différentes propositions de dépenses du gouvernement.
C'est fondamental, car c'est de ce dont on parle actuellement. Les données de rendement seraient de piètre qualité et ne seraient pas alignées sur le Budget.
Je poursuis la citation:
À la lumière de ses interactions quotidiennes avec les parlementaires, le DPB estime que les questions qu’ils posent [c'est-à-dire les parlementaires] contribuent à rehausser la transparence (voire même la cohérence) des plans financiers du gouvernement.
Ce passage, qui est la conclusion du rapport du directeur parlementaire du budget, touche tout à fait au point essentiel dont je vous parlais. On tente de confronter deux prémisses, soit celle de la responsabilité à l'égard des chiffres et celle de la responsabilité de la mise au ban ministérielle. Selon lui, que les chiffres soient exacts ou non ou qu'ils soient de piètre qualité, ce n'est pas ce qui importe et ce n'est pas ce qui doit être une priorité. Ce qui doit être prioritaire, c'est le processus de trois mois où les parlementaires peuvent rendre le gouvernement responsable en amenant la mise au ban des ministres lors de comités pléniers, par exemple.
Je vais vous citer les passages du rapport du directeur parlementaire du budget qui, selon moi, sont les plus importants. Ces passages devraient sans aucun doute être entendus par les Canadiens et les Canadiennes qui nous écoutent à l'heure actuelle, qui n'ont probablement pas imprimé ce rapport et qui ne l'ont pas non plus reçu chez eux.
Mes employés disent toujours que je suis un peu perdu dans l'histoire philosophique et que je reviens toujours à la fondation du Canada et de la démocratie parlementaire.
Le début du point 2 du rapport, qui est intitulé « Contexte », se lit comme suit: « Le principe fondamental de notre démocratie parlementaire est qu’aucune loi ne peut être imposée sans le consentement des représentants élus [et] du peuple. »
Cela dit, je sais très bien que l'objectif de cette réforme n'est pas de faire en sorte qu'une loi puisse être adoptée sans que les élus aient pu...
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Je suis tout à fait certain, monsieur Whalen, de traiter de cette motion.
Notre motion invite le directeur parlementaire du budget à comparaître devant ce comité. Or comme nous ne formons pas la majorité au sein de ce comité, je tiens à ce que les Canadiens qui nous écoutent en ce moment puissent prendre connaissance, par l'entremise du compte rendu de nos délibérations, des préoccupations du directeur parlementaire du budget, au cas où vous voteriez contre cette motion et dans l'éventualité où il ne pourrait pas comparaître devant nous.
À la page 4, le directeur parlementaire du budget dit ce qui suit:
Les travaux des subsides forment le processus administratif par lequel le Parlement gère les propositions de mesures d’accroissement des recettes (p. ex. impôts et tarifs) et de dépense des fonds perçus par l’État [...]
Ce passage est très intéressant et très important. Selon une vision rousseauiste de la vie, on veut prétendre que bien des actions démocratiques peuvent permettre de changer la société, mais en réalité, dans notre démocratie, deux actions fondamentales font avancer les choses, soit le vote qui se tient tous les quatre ans, et les finances, incluant les choix budgétaires que font les Canadiens et les députés.
Je crois que le directeur parlementaire du budget tente d'éclaircir ou de soutenir fortement qu'il ne faut jamais, sous prétexte d'une revendication visant à éclaircir la reddition de comptes à l'égard des chiffres, mettre de côté et oublier l'importance du processus par lequel on rend les ministres responsables de leurs décisions budgétaires.