:
Merci, monsieur le président.
J'en suis à ma douzième comparution devant un comité parlementaire, que ce soit du Sénat ou de la Chambre, depuis l'investiture du nouveau gouvernement en novembre dernier. Je suis ravi d'être ici.
[Français]
J'ai le plaisir d'être accompagné aujourd'hui de Yaprak Baltacioglu, secrétaire du Conseil du Trésor du Canada; de Brian Pagan, secrétaire adjoint de la Gestion des dépenses de mon ministère; de Marcia Santiago, du Secrétariat du Conseil du Trésor, et de ma collègue Joyce Murray, de notre ministère.
[Traduction]
Quel plaisir de revenir. Depuis notre dernière rencontre, nous avons réalisé des progrès considérables, comme le montre bien le document que je vous ai remis.
Votre comité joue un rôle important pour ce qui est de la réforme des budgets et des prévisions budgétaires depuis un certain temps déjà, depuis 2012 en fait, lorsque vous avez déposé le rapport intitulé Renforcer l'examen parlementaire des prévisions budgétaires et des crédits, soit une analyse en profondeur et des recommandations qui ont servi de feuille de route à la réforme budgétaire. En fait, bon nombre des mesures déjà prises découlent de ce rapport et des recommandations qui y figuraient. Cela comprend notamment la création d'une base de données en ligne, soit InfoBase, qui peut être consultée et qui a été reconnue par le directeur parlementaire du budget comme étant la source de renseignements sur les dépenses gouvernementales. Il y a également un projet pilote mené avec Transports Canada afin d'essayer une nouvelle structure de crédits axée sur les programmes, et l'identification, dans le budget des dépenses, de tous les nouveaux crédits accordés dans les documents budgétaires connexes afin de rendre la consultation plus aisée pour les parlementaires.
Nous continuons à avancer dans le programme, notamment sur la question de l'échéancier et de l'alignement du budget et du budget des dépenses, et je voulais vous en parler rapidement ce matin.
Notre rôle le plus important, en notre qualité de parlementaires qui représentent les Canadiens, est d'assurer la surveillance des dépenses gouvernementales.
[Français]
Toutefois, le processus actuel fait en sorte qu'il est difficile pour les députés d'assumer cette fonction. Étant député depuis de nombreuses années, moi aussi j'ai été mécontent de divers éléments du processus des prévisions budgétaires.
[Traduction]
L'autre soir, lors d'une séance d'information à laquelle certains d'entre vous ont assisté, j'ai fait remarquer que le 2 juin prochain, j'aurai été député parlementaire depuis 20 ans. J'aurai siégé en qualité de député du parti ministériel pendant 3 ans et demi, et passé 16 ans dans l'opposition, donc ma perspective a été façonnée non simplement pour avoir été député du parti ministériel mais également député parlementaire. C'est l'une des raisons pour lesquelles je suis heureux de discuter avec vous de la vision du gouvernement quant à la réforme budgétaire.
Il n'est pas facile d'apporter des changements dans ce domaine. En fait, Robert Marleau, l'ancien greffier de la Chambre, a fait remarquer que la présentation et le contenu du Budget principal des dépenses n'a été modifiée que quatre fois depuis la Confédération, le plus récemment en 1997. Il y a donc amplement de travail à faire pour ce qui est de renforcer la capacité du Parlement d'exiger des comptes du gouvernement.
Je suis convaincu que la vision que nous proposons nous aidera à régler les nombreux problèmes liés à l'inefficacité du processus budgétaire au Canada. Cela comprend les préoccupations du vérificateur général, qui a souligné la nécessité de mieux aligner le budget et le budget des dépenses.
Notre vision comprend quatre domaines qui constituent actuellement une grande source de frustration pour les parlementaires. Afin de rendre les choses plus gérables et pour réaliser des progrès dès le départ, je propose que nous examinions le premier domaine tout de suite. Il porte sur le moment où le Budget principal des dépenses est déposé et nécessiterait une petite modification du Règlement.
Une fois que cette réforme importante aura été apportée, nous pourrions prendre le temps qu'il faudra pour étudier les autres domaines. J'aimerais passer en revue chaque domaine avec le Comité.
Comme je l'ai dit auparavant, le premier domaine concerne l'alignement du Budget principal des dépenses et du budget. À l'heure actuelle, le Budget principal des dépenses pour l'exercice prochain doit être déposé au Parlement au plus tard le 1er mars. Dans la pratique, cela veut dire que le Budget principal des dépenses ne peut tenir compte des décisions prises par le Conseil du Trésor après janvier environ, bien avant la parution du budget.
L'alignement concerne les parlementaires, car le Budget principal des dépenses, que les parlementaires doivent examiner et ensuite voter, est un document qui ne tient pas compte finalement des plans et priorités décrits dans le budget du même exercice.
L'autre problème, c'est que tout le travail consacré à l'examen par le Parlement du Budget principal des dépenses devient essentiellement inutile lorsque le budget est déposé. Moi, je n'ai pas comme priorité de faire perdre du temps au Parlement en lui demandant de faire du travail qui n'est pas utile. Nous devons régler le problème et nous assurer que le Parlement a du travail important, comme le fait d'exiger des comptes du gouvernement.
Nous proposons donc que le Budget principal des dépenses soit déposé au plus tard le 1er mai plutôt que le 1er mars, afin que ce document puisse contenir les postes budgétaires.
[Français]
Le deuxième défi à relever est lié aux différences de portée et de méthodes comptables entre le budget et le Budget des dépenses.
[Traduction]
Le problème ne concerne pas seulement des concepts comptables. Le budget présente l'ensemble des dépenses du gouvernement fédéral. Cela comprend des comptes consolidés, comme le compte de l'assurance-emploi, et des dépenses fiscales telles que la nouvelle Allocation canadienne pour enfants. Le budget des dépenses, quant à lui, renferme les demandes de crédit plus limitées des ministères et organismes.
Néanmoins, les parlementaires doivent pouvoir comparer les éléments du budget et du budget des dépenses. Le gouvernement misera sur les efforts déployés récemment pour améliorer la planification selon la comptabilité d'exercice dans les ministères et le rapprochement avec les crédits selon la comptabilité de caisse dans le budget des dépenses. Nous avons travaillé sur le rapprochement de la comptabilité d'exercice et de la comptabilité de caisse. Nous voulons poursuivre et même intensifier nos efforts.
[Français]
Le troisième point concerne le fait que les députés ont de la difficulté à établir un lien entre les fonds que nous votons et les programmes auxquels ils serviront.
[Traduction]
Le Parlement autorise les ministères à effectuer des dépenses en fonction des crédits prévus dans les lois de crédits. Ces lois décrivent comment les fonds sont dépensés sur des postes comme les immobilisations, le fonctionnement et les subventions et contributions. Nous aimerions plutôt mettre l'accent sur les raisons pour lesquelles nous prévoyons des dépenses et renforcer le lien entre les crédits et les programmes ainsi financés.
[Français]
Finalement, beaucoup de rapports ministériels ne sont ni pertinents ni informatifs.
[Traduction]
Chaque ministère dispose d'une grande équipe chargée de rédiger des rapports qui ne sont pas utiles en ce qui concerne la qualité de l'information présentée et qui ne sont pas grandement consultés. Ainsi, lorsque je vous ai dit qu'il n'est pas utile de faire perdre le temps des parlementaires, parallèlement, nous faisons perdre beaucoup de temps aux fonctionnaires chargés de rédiger ces rapports que les gens ne consultent pas puisqu'ils ne sont pas présentés d'une façon utile.
La nouvelle politique sur les résultats du Conseil du Trésor simplifiera la façon dont le gouvernement rend compte des ressources utilisées et des résultats obtenus. Les rapports renseigneront désormais les gens sur ce que font les ministères, ce qu'ils tentent de faire et comment ils mesurent leurs réussites. On accordera davantage d'importance aux méthodes utilisées pour mesurer les résultats et la prestation des services, afin que les ministres, le Parlement et au final, les Canadiens, puissent exiger des comptes du gouvernement et comprendre l'efficacité des programmes. De plus, nous fournirons des renseignements détaillés sur les dépenses liées aux programmes et au nombre d'employés à temps plein dans une base de données mise en ligne et conviviale.
[Français]
Monsieur le président, ce sont les grandes lignes de notre vision pour changer fondamentalement le processus du Budget des dépenses afin que les députés puissent plus facilement obliger le gouvernement à rendre des comptes.
[Traduction]
C'est notre objectif, et j'espère pouvoir compter sur l'appui de votre comité pour faire avancer la réforme budgétaire au profit de tous les parlementaires. À court terme, j'ai hâte de travailler avec vous pour ce qui est de l'alignement du budget et du budget des dépenses.
Merci beaucoup.
Je vais maintenant céder la parole à Brian, qui vous décrira de façon plus détaillée les réformes proposées.
:
Merci, monsieur le président.
Comme le mentionnait le président du Conseil du Trésor, la présentation d'aujourd'hui vise à vous expliquer la vision du gouvernement en ce qui a trait à la réforme du Budget des dépenses. Nous voulons aussi vous expliquer comment nous prévoyons mieux appuyer les parlementaires avec la meilleure information possible quand vient le temps d'approuver les dépenses du gouvernement.
[Traduction]
J'ai beaucoup de diapositives. Je vous propose de revoir rapidement les quatre piliers liés au budget. Je vais présenter le premier pilier qui concerne l'alignement, et ensuite faire une pause pour les questions sur cet élément essentiel.
Comme nous voyons ici dans l'aperçu, l'approche proposée des quatre piliers fait fond sur les recommandations avancées par votre comité dans l'étude effectuée en 2012 sur le processus budgétaire, ainsi que notre mémoire préliminaire déposé auprès de votre comité en février dernier, lorsque nous avons décrit les défis entourant l'alignement.
Nous croyons qu'une fois que les divers éléments seront alignés correctement, nous comprendrons davantage les besoins et les exigences pour ce qui est de la portée, de la comptabilité, de la structure des crédits, des résultats et des rapports.
[Français]
Il est évident que les Budgets des dépenses sont essentiels au bon fonctionnement du gouvernement. Les Budgets des dépenses constituent la base de la surveillance et du contrôle parlementaires, ils reflètent les priorités du gouvernement en matière de dépenses et ils servent de mécanisme principal pour l'établissement de rapports sur les plans et résultats.
Cependant, les parlementaires ont mentionné à maintes reprises qu'ils ne sont pas en mesure de remplir leur rôle qui consiste à examiner les prévisions budgétaires afin d'assurer un contrôle suffisant. Cette situation est attribuable à l'incohérence du processus budgétaire qui fait que les initiatives du budget ne sont pas incluses dans le Budget principal des dépenses. Les fonds de dépenses sont difficiles à comprendre et à rapprocher, et les rapports ne sont ni pertinents ni instructifs.
[Traduction]
Ainsi, le gouvernement a prévu une approche axée sur quatre piliers pour apporter des changements en profondeur, en commençant par le moment du dépôt du Budget principal des dépenses. Comme le président l'a indiqué, cette mesure nous permettra de déposer un document plus cohérent et nous permettra d'y insérer les prévisions budgétaires.
[Français]
Par la suite, on peut plus facilement concilier les différences de portée de la méthode comptable entre le budget et le Budget des dépenses, s'assurer que les structures des crédits votés pour chaque ministère rejoignent les parlementaires et réformer le rapport annuel des ministères de manière à ce que les parlementaires soient mieux informés sur les dépenses prévues, les résultats attendus et les résultats obtenus.
Je vais maintenant parler en détail de chaque pilier.
[Traduction]
Le moment du dépôt des prévisions budgétaires est un élément critique pour ce qui est de prendre connaissance des intentions du gouvernement en ce qui concerne le Budget et de la compréhension et du contrôle des dépenses ministérielles par le Parlement.
Conformément à l'article 84(1) du Règlement, le gouvernement doit déposer au plus tard le 1er mars le Budget principal des dépenses pour l'exercice. Dans la réalité, afin de pouvoir respecter cette date butoir, nous devons préparer un document qui tient compte des décisions prises par le Conseil du Trésor jusqu'à la fin janvier. Nous savons que dans un exercice typique, le gouvernement déposera son Budget entre la mi-février et la mi-mars, et le fait de finaliser le Budget principal des dépenses à la fin janvier exclut toute possibilité de tenir compte des postes budgétaires dans le document.
Comme le président l'a indiqué, nous sommes donc confrontés à un scénario selon lequel nous présentons au Parlement la certitude de dépenses liées à des programmes qui ne tiennent pas compte des nouveaux plans du gouvernement, ni de ses nouvelles priorités, telles qu'elles sont exprimées dans le Budget déposé en février ou en mars. Cela crée donc un défi et des incohérences de taille pour ce qui est de comprendre le processus du Budget et du Budget principal des dépenses.
Pour y remédier, le gouvernement propose que le Budget principal des dépenses soit déposé au plus tard le 1er mai, plutôt que le 1er mars. À ce moment-là, le Budget aura été déposé, et nous aurons la possibilité d'inclure les postes budgétaires dans le Budget principal des dépenses soumis à l'examen du Parlement.
Ce changement comporterait de nombreux avantages, y compris l'alignement plus cohérent des documents, la mise en oeuvre plus rapide des initiatives prévues dans le Budget, la capacité de rapprocher le Budget principal des dépenses avec le Budget déposé en février ou en mars, et la possibilité d'éliminer un budget supplémentaire. À l'heure actuelle, nous avons le Budget principal des dépenses et trois budgets supplémentaires. Nous pourrons simplifier le processus et déposer moins de documents au Parlement, ce qui réduira la confusion.
Je souligne le fait que rien ne changera par rapport au début de l'exercice et à l'approbation des crédits provisoires. Comme il est indiqué clairement dans le document, nous présenterions un budget provisoire accompagné d'un projet de loi des crédits provisoires qui serait fondé sur la prolongation des autorisations existantes pour l'exercice en cours et qui permettrait aux ministères de commencer l'exercice. Le budget principal serait ensuite déposé en juin, conformément au calendrier des crédits actuel.
Avant de faire une pause pour répondre à vos questions sur l'alignement, j'aimerais vous montrer un graphique où nous voyons la période actuelle, soit octobre-novembre, lorsque le gouvernement prépare sa mise à jour économique et financière. Ce document est utilisé pour planifier le Budget. Nous comprenons que le gouvernement aura l'intention de déposer son Budget auprès du Parlement pendant la période de février-mars. Nous déposerions des crédits provisoires au 1er mars, ce qui permet aux ministères de commencer l'exercice en avril dotés des autorisations nécessaires, et ensuite nous déposerions le Budget principal des dépenses qui tient compte des priorités budgétaires et fait le rapprochement avec le budget déposé en mai aux fins d'examen par le Parlement du projet de loi pour la dotation totale en juin.
Monsieur le président, je crois qu'il vaut mieux que je m'arrête maintenant pour permettre aux membres du Comité de digérer ces renseignements concernant l'alignement et peut-être poser des questions sur cette étape, qui est d'une importance critique.
:
Merci beaucoup, monsieur Pagan.
Monsieur le ministre, merci pour votre exposé. Avant de commencer la série de questions, permettez-moi de faire quelques observations.
Monsieur le ministre, je ne siège pas au Parlement depuis aussi longtemps que vous. Or, mis à part vous-même, je crois que je suis le doyen de la table. Je suis d'accord avec votre évaluation du processus budgétaire et de la surveillance parlementaire. À mon avis du moins, et je le dis depuis plus de 12 ans, c'est presque risible. Nous n'avions tout simplement pas la capacité d'étudier les chiffres efficacement et de procéder à un examen comme il se doit. Je vous félicite de vos efforts visant à simplifier le processus et à le rationaliser afin que tous les parlementaires puissent au moins avoir la possibilité d'observer et de commenter le fonctionnement du Parlement, qui représente des milliards de dollars. Je vous en félicite.
J'ai une question pour vous. Au cours de la dernière législature, on m'a mandaté d'effectuer un examen du Règlement. Comme vous le savez, à chaque année de la législature, il y a une période délimitée pour l'examen du Règlement. En fait, lorsque nous étions en déplacement il y a une semaine ou deux, la Chambre a tenu un débat au Parlement à ce propos.
L'approche que j'ai retenue dans le cadre des travaux effectués par le comité multipartite chargé d'examiner le Règlement, c'était qu'il fallait prendre des décisions à l'unanimité parce que le Règlement constitue le fondement de nos travaux et du fonctionnement de notre établissement. Nous avons apporté quelques changements mineurs.
Monsieur le ministre, avez-vous songé à apporter des changements au Règlement moyennant l'approbation de tous, ou comment pensez-vous procéder?
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, il faudra modifier le Règlement pour reporter la date limite du dépôt du budget principal du 1er mars au 1er mai. Votre comité peut recommander un tel changement au Parlement. Nous travaillerons là-dessus avec les députés parlementaires de tous les partis.
En ce qui concerne l'échéancier, afin de pouvoir apporter des changements au cycle budgétaire, il faudrait le faire en novembre. Je ne voudrais pas que nous perdions toute une année pour apporter une telle amélioration importante. Je perçois tout changement de ce genre comme faisant partie d'une approche de renouvellement continu. Le Parlement devrait toujours chercher des façons de renforcer la gouvernance parlementaire responsable sur une base permanente.
En d'autres termes, si nous apportons un changement maintenant au Règlement, le prochain cycle financier sera plus logique pour ce qui est de l'agencement du Budget et du Budget principal des dépenses, et ce dernier document tiendra véritablement compte du Budget. Ensuite, au fur et à mesure que nous avançons...
Si l'on prend le modèle australien, par exemple, le budget et le budget principal des dépenses paraissent presque en même temps, et même en Ontario, c'est avec un écart de 12 jours. Au fur et à mesure que les ministères s'habitueront au nouvel échéancier et à la nouvelle façon de faire, on pourra resserrer les délais et obtenir des gains d'efficacité avec le temps. Ce n'est que le début, à mon avis. Au fil du temps, le budget principal et les prévisions se rapprocheront et seront plus cohérents.
:
Merci, monsieur le président.
Comme il a été dit, il s'agit d'une approche de réforme du processus budgétaire fondée sur quatre piliers. Nous venons tout juste de parler de l'alignement, qui fait partie intégrante de l'approche. Je vais rapidement passer en revue les trois autres piliers.
Une fois que nous serons en mesure de régler la question de l'alignement du budget des dépenses, nous devrons nous attaquer à d'autres sources d'incohérence et de coordination, y compris la portée et la méthode comptable, la nature du contrôle et la production de rapports.
Le deuxième pilier concerne la portée et la méthode comptable, ou ce que nous appelons l'« univers » du budget des dépenses. Le problème est plutôt simple. Le budget présente une vue d'ensemble complète de la totalité des dépenses gouvernementales, y compris pour ce qui est des sociétés d'État; des comptes consolidés; comme l'assurance-emploi; et des programmes offerts au moyen du régime fiscal, comme l'Allocation canadienne pour enfants. En revanche, le budget des dépenses est tout simplement une sous-catégorie plus restreinte de dépenses gouvernementales, qui met l'accent sur les dépenses qui doivent être approuvées au moyen d'un crédit. Voilà l'univers dont nous parlons.
Bien entendu, nous avons ensuite les différentes méthodes comptables. Le budget est présenté selon la méthode de comptabilité d'exercice, tandis que le budget des dépenses l'est selon la comptabilité de caisse. Je pense qu'on a trop simplifié le problème en parlant de comptabilité de caisse et de comptabilité d'exercice, car il est plus vaste.
À la huitième diapositive, nous voyons les avantages du rapprochement de ces méthodes et de l'univers du budget des dépenses en déposant le budget principal des dépenses après le budget. Le a d'ailleurs mentionné que nous voulons accentuer le rapprochement entre les deux documents.
Dans le budget fédéral de l'année dernière, les dépenses prévues se chiffraient à 317,1 milliards de dollars. Le Budget supplémentaire des dépenses (A) a autorisé des dépenses de 251,4 milliards de dollars. La différence se chiffre à 65,7 milliards de dollars. L'univers du budget des dépenses représente environ 60 milliards de dollars de ce montant — c'est-à-dire les comptes à fins déterminées consolidés, comme pour l'assurance-emploi; les dépenses engagées par l'entremise du régime fiscal, comme pour l'Allocation canadienne pour enfants; et les autres dépenses gouvernementales, comme celles engagées pour les sociétés d'État consolidées. La différence entre les méthodes comptables — entre la comptabilité d'exercice et la comptabilité de caisse — est d'environ 4,8 milliards de dollars. Cette différence s'explique par des choses comme l'amortissement des immobilisations, la provision pour créances douteuses et les intérêts sur les obligations futures.
Enfin, pour compléter le rapprochement, il y aurait des postes budgétaires qui n'ont pas encore été soumis aux fins d'approbation. Comme nous l'avons vu l'année dernière dans le Budget supplémentaire des dépenses (A), ce montant était d'environ 4,9 milliards de dollars.
C'est un exemple de la façon, si nous déposons le budget des dépenses après le budget, dont nous pouvons rapprocher les deux documents et éliminer ainsi une partie de la confusion et de la frustration éprouvées par les parlementaires et les comités.
Brièvement, pour ce qui est de la structure des crédits — il en a été question dans la dernière série de questions —, l'objectif est de permettre au Parlement de porter un meilleur regard sur les coûts et les résultats des programmes. Nous menons actuellement avec Transports Canada un projet pilote portant sur le crédit pour les subventions et les contributions du ministère. L'idée serait d'en faire autant pour l'ensemble des activités ministérielles et de permettre ainsi aux comités de porter un meilleur regard sur le lien entre les ressources et les programmes.
Par exemple, comme le président l'a mentionné, le Secrétariat du Conseil du Trésor assume la fonction d'employeur; nous approuvons les dépenses et possédons un pouvoir de réglementation. Plutôt que d'avoir un seul crédit pour dépenses de fonctionnement, nous pourrions peut-être faire l'essai de crédits liés à chacune des responsabilités essentielles.
Monsieur McCauley, voilà ce que nous entendons par une approbation à une « échelle plus globale » pour ce qui est des responsabilités essentielles. Nous pourrions en faire autant pour tous les ministères.
Affaires mondiales, par exemple, n'a qu'un seul crédit pour dépenses de fonctionnement, mais nous savons que le ministère assume des responsabilités en matière de développement, de diplomatie et de commerce. Nous pouvons diviser ces responsabilités à presque tous les niveaux, mais il y a évidemment des coûts et des difficultés. Certaines administrations utilisent jusqu'à 12 000 crédits. Je dirais que ce ne sont pas les administrations les mieux dirigées, mais c'est une chose que nous pourrions étudier et examiner avec le Comité.
Enfin, nous avons notre dernier pilier qui porte sur les résultats et les rapports. Comme il a été dit dans l'introduction, le Conseil du Trésor a une nouvelle politique en matière de résultats. Elle est entrée en vigueur le 1er juillet. Nous travaillons maintenant avec une poignée de ministères pour la mettre en oeuvre et présenter de nouveaux cadres ministériels des résultats et de nouveaux rapports au Parlement que nous devrions voir au cycle du printemps. Cette politique sera pleinement opérationnelle dans tous les ministères d'ici novembre 2017.
Avant de conclure, je vais dire un mot — une annonce, si vous voulez — concernant l'InfoBase du SCT. Comme on l'a mentionné dans l'introduction, le Comité a recommandé en 2012 la création d'une base de données accessible en ligne. Nous avons réalisé de grands progrès pour que cela se concrétise. Je recommande aux députés qui ne connaissent pas InfoBase de s'en servir pour mieux connaître les activités ministérielles et faciliter leur étude.
Le graphique présenté ici est tout simplement un instantané du genre de renseignements disponibles grâce à Infobase, y compris toutes sortes d'indicateurs liés aux dépenses réelles et prévues, à l'utilisation des ETP et à leur distribution au pays, à des renseignements démographiques et ainsi de suite. Comme le ministre l'a mentionné, nous prévoyons élargir la base de données et enrichir l'information à la disposition des comités.
[Français]
En conclusion, pour aller de l'avant, il reste encore de nombreuses questions complexes à considérer, notamment en ce qui concerne les cadres comptables et le retrait des crédits du Budget principal des dépenses. Des changements de cette ampleur obligeront le Parlement à modifier sa manière de fonctionner ainsi que la façon dont les ministères publient leurs informations.
Nous proposons d'y aller par petites étapes afin d'éviter des échecs à grande échelle. Nous recommandons de commencer par un changement de la date d'échéance du Budget principal des dépenses et par la suite, au fur et à mesure que ce changement sera intégré dans le processus, de travailler avec le Comité pour développer des options pour les autres aspects.
[Traduction]
Monsieur le président, voilà qui conclut l'exposé. Madame Santiago et moi serons très heureux de répondre à d'autres questions.
En fait, dans le document de discussion, il y a une annexe qui présente une illustration du budget des dépenses provisoire. Ce serait très semblable à ce qui existe en ce moment; nous présenterions le budget des dépenses provisoire au plus tard le 1er mars. Cependant, il se fonderait sur les autorisations de l'exercice en cours plutôt que sur celles de l'exercice à venir, qui sont encore inconnues en raison du budget.
D'après nous, cela aurait l'avantage d'éviter certaines situations que nous avons connues dans le passé. Le Comité se rappellera peut-être le cas de Marine Atlantique en 2015-2016, alors que le maintien de certains fonds dépendait d'une décision qui allait être prise dans le budget. Étant donné que le Budget principal des dépenses avait été présenté avant le budget, il y a eu une diminution assez importante des fonds dans le Budget principal des dépenses pour Marine Atlantique, cette année-là. On avait présumé qu'il y avait une réduction, alors qu'en fait il n'y en avait pas; le maintien des fonds dépendait tout simplement de la décision finale donnée dans le budget.
En présentant un budget des dépenses provisoire fondé sur le maintien des autorisations existantes, il n'y aurait aucune réduction, sauf celles qui ont été annoncées dans le budget, et le Budget supplémentaire des dépenses continuerait de se fonder sur une fraction. Nous parlons de « douzièmes ». Les crédits provisoires correspondent habituellement à trois douzièmes des besoins globaux d'un ministère.
Cela demeurerait la base des crédits provisoires, mais nous travaillerions avec les ministères. Ils pourraient cerner les besoins particuliers très tôt dans l'année. Ils obtiendraient des fractions croissantes en fonction de cette autorisation. Par exemple, les subventions et les contributions qui sont versées aux bandes autochtones dès le début de l'année justifieraient un...
J'ai mentionné que les budgets des 10 dernières années avaient été présentés parfois très tôt, en janvier, ou très tard — une fois le 21 avril. Il y a de bonnes raisons pour cela.
En 2009, avec la crise économique mondiale, il était très important pour le gouvernement de montrer aux Canadiens et au marché canadien qu'il était capable d'investir dans l'emploi et dans le fonctionnement des marchés du crédit et d'en assurer le soutien. Dans cet exemple, le gouvernement a agi rapidement.
Plus récemment, en 2015, la chute marquée du marché de l'énergie a causé de la confusion. On ne savait pas s'il s'agissait d'une baisse temporaire qui serait suivie d'une remontée rapide, ou d'une situation permanente qui aurait des incidences sur le contexte économique sous-jacent, sur les investissements en immobilisations, sur les niveaux d'emplois, etc. Cette année-là, le gouvernement a en fait repoussé la présentation du budget et a cherché la meilleure information possible avant de présenter ses plans.
Ces deux situations extrêmes montrent bien les avantages d'une certaine latitude pour le dépôt des budgets. Notre proposition de présenter le budget le 1er mai conviendrait aux deux scénarios, et le Budget principal des dépenses serait présenté après le budget, ce qui se traduirait par des documents plus cohérents et pouvant être rapprochés.