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Comme il est 11 heures, je déclare la séance ouverte.
Chers collègues, j'ai deux ou trois remarques d'ordre administratif. Premièrement, la réunion est publique et télévisée. Deuxièmement, comme vous pouvez le constater d'après les témoins réunis à la table, nous accueillons aujourd'hui un certain nombre de représentants ministériels. En raison du grand nombre de témoins, nous allons laisser tomber les déclarations préliminaires habituelles et passer directement aux questions, histoire de vous donner plus de temps pour poser des questions aux fonctionnaires présents.
Le Conseil du Trésor et ses représentants resteront avec nous pendant les deux heures complètes. Nous allons commencer par un premier groupe de témoins durant la première heure, suivi d'un deuxième groupe à partir, environ, de midi. Dans le premier groupe de témoins, en plus des représentants du Conseil du Trésor, nous accueillons des représentants du ministère des Finances, du ministère de l'Industrie, du ministère des Ressources naturelles, du ministère des Transports et du Conseil national de recherches du Canada.
Sur cette brève introduction, nous allons commencer notre tour de questions de sept minutes.
Madame Ratansi, la parole est à vous.
Comme vous l'avez mentionné dans votre question, le crédit 40 marque une étape très importante dans la réalisation du programme du président du Conseil du Trésor visant à améliorer la transparence des rapports sur les besoins budgétaires et de ses efforts continus pour assurer la meilleure harmonisation possible entre le budget déposé par le ministère des Finances et les budgets des dépenses préparés par le Secrétariat du Conseil du Trésor pour informer le Parlement des besoins du gouvernement pour l'année à venir.
Dans le Budget principal des dépenses de 2018-2019, nous avons fait un pas en avant très important en clarifiant les choses entre le budget et le budget des dépenses. Le budget qui a été déposé en février indiquait l'intention du gouvernement de demander l'autorisation de dépenser un peu plus de 7 milliards de dollars pour toute une gamme d'initiatives réalisées par les ministères et organismes de l'ensemble du gouvernement. Au cours des dernières années, le Parlement devait attendre l'approbation du budget des dépenses. Il n'était pas possible de savoir si ces besoins allaient être comblés dans le premier Budget supplémentaire des dépenses de l'année, le dernier Budget supplémentaire des dépenses ou même le budget principal de l'année suivante.
Cette année, pour la première fois, nous avons intégré la description claire du budget, qui précise les postes par ministère, par initiative et par montant, et nous avons reproduit le tout dans le budget des dépenses de façon à ce que les parlementaires puissent voir très clairement ce que le gouvernement envisage de faire durant l'année à venir. C'est une façon pour les parlementaires de demander des comptes au gouvernement sur les besoins des ministères. Il n'y a rien de répréhensible, ici. Il y a une transparence totale entre le budget et le budget des dépenses.
Si des postes ne sont pas présentés par les ministères aux fins d'approbation, comme le l'a dit clairement, les fonds resteront dans le crédit. On ne veut pas utiliser ces fonds à d'autres fins. Nous sommes liés par la liste de l'annexe du budget des dépenses, de sorte que nous pouvons seulement affecter les fonds qui ont été expressément mentionnés dans le budget des dépenses par ministère, initiative et montant.
Encore une fois, au cours des deux ou trois dernières années, dans le cadre de nos efforts visant à améliorer la transparence du Parlement, nous avons profité du dernier Budget supplémentaire des dépenses de l'année pour souligner au Parlement les montants qui avaient déjà été approuvés, mais auxquels les ministères n'allaient pas avoir accès et nous avons gelé ces fonds. Nous avons fait en sorte qu'ils n'étaient pas accessibles pour les ministères. Le même principe s'appliquera cette année pour le crédit 40 du CT. Si les fonds ne sont pas affectés, ils seront alors présentés aux parlementaires comme étant des montants gelés à la fin de l'année. Ils seront périmés et réintégreront le cadre financier, et, si ces mêmes fonds sont requis durant des exercices subséquents, alors ils seront cernés dans des budgets des dépenses des exercices futurs.
En résumé, le crédit 40 est une étape importante pour aider les parlementaires à comprendre le lien entre le budget et les budgets des dépenses. Il n'y a pas de différence entre les montants des initiatives cernées dans le budget et les montants de celles cernées dans le budget des dépenses. De cette façon, nous avons réussi à atteindre l'harmonisation avec le budget. Nous avons fourni au Parlement des renseignements supplémentaires lui permettant de tenir le gouvernement responsable. En outre, les parlementaires peuvent régulièrement procéder à des vérifications auprès des ministères et du Secrétariat du Conseil du Trésor et poser des questions au sujet du rythme de mise en oeuvre de ces priorités budgétaires.
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Pour la gouverne du Comité, je tiens à vous rappeler que le programme du était lié à la réforme des budgets des dépenses. Il voulait corriger le tir en ce qui a trait au déroulement des processus afin que la séquence des documents soit appropriée: un budget, puis les budgets des dépenses. Il voulait aussi favoriser le rapprochement entre les deux documents. C'était là le deuxième pilier de son programme. Le troisième, c'était l'idée que nous pourrions envisager d'autres mécanismes de contrôle parlementaire. Au lieu que les crédits soient fonction des intrants, on pourrait examiner des crédits fondés sur un but. Le quatrième consistait à améliorer les rapports, principalement grâce à des documents de tableau reformatés et des outils en ligne comme l'InfoBase du SCT.
En réponse à votre question sur la façon dont nous en sommes arrivés là, le rapport du Comité de 2012 cernait une bonne partie de ces problèmes. Le programme du président visait à y répondre. Nous avons réglé le problème de la chronologie. Puisque les budgets des dépenses paraissent maintenant après le budget, nous pouvons intégrer tous les postes budgétaires dans le budget des dépenses par ministère, par initiative et par montant. C'est quelque chose de très important. Dans le passé, nous aurions inclus un poste budgétaire dans le Budget supplémentaire des dépenses, nous aurions nommé le ministère, nous aurions précisé l'initiative et le montant. Nous aurions associé ce poste au budget de 2015, de 2016, ou peu importe.
La quantité de renseignements fournis dans le crédit d'exécution du budget est, tout à fait, conforme au type d'information qu'on fournissait précédemment dans les budgets supplémentaires des dépenses. Au lieu d'attendre ces documents et d'attendre de connaître aussi la façon dont les budgets des dépenses sont harmonisés avec le budget, nous croyons avoir accru la transparence du processus en dressant la liste de chaque poste du budget, et ce, selon le même niveau de détails dont, autrement, on aurait bénéficié seulement plus tard dans le cadre du processus des budgets supplémentaires des dépenses. Il n'y a plus d'attente. Il n'y a plus d'écart entre le budget et le budget des dépenses. Nous cernons ce que nous croyons être les autorisations maximales requises par les ministères pour mettre en oeuvre les initiatives budgétaires.
En ce qui a trait à la question de M. McCauley au sujet de la différence entre les sommes allouées et les sommes retenues, il n'y a rien de répréhensible, ici. Nous en avons parlé. Tout ça est lié au fait que le poste budgétaire est complet. On précise le coût total de l'initiative, tandis que le budget des dépenses demande seulement l'argent requis pour réaliser l'initiative. La différence, c'est le montant couvert par d'autres autorisations. Il y a les coûts des régimes d'avantages sociaux des employés. Les coûts du RASE sont retenus, parce que ces paiements sont prévus par la loi. Dans un même ordre d'idées, lorsque le ministère présente son initiative, on facture des coûts de locaux afin que nous puissions faire en sorte que les coûts soient neutres pour SPAC, lorsque ce dernier fournit des locaux et de l'espace immobilier aux ministères.
Par conséquent, les montants retenus reflètent les autres autorisations requises pour mettre en oeuvre les initiatives budgétaires. Ce que nous demandons, c'est l'argent, mais nous faisons rapport du coût total de l'initiative. Encore une fois, nous croyons améliorer ainsi la transparence du processus à l'intention des parlementaires.
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Je crois que nous avons fait du très bon travail cette année en fournissant des renseignements qui permettent d'améliorer la transparence, mais ce n'est pas notre vision de l'état final. C'est une étape en cours de route dans le cadre d'un processus sans fin pour améliorer cette harmonisation et cette transparence.
Comme le l'a dit, il y a des administrations qui commencent le processus de planification plus rapidement. Dans ces endroits, ils peuvent prendre les décisions liées au budget et celles liées au CT parallèlement, et c'est ce à quoi nous aspirons. Le président a aussi dit qu'il faudra un certain nombre d'années pour changer la machinerie et les processus liés à l'élaboration du budget.
J'aimerais également souligner que, même si nous avons cerné d'autres administrations que nous aimerions imiter, ces modèles ne sont pas parfaits non plus. Même en Australie et en Ontario, il y a un certain nombre de postes dans les documents budgétaires qui n'ont pas encore été élaborés et relativement auxquels une approbation subséquente du CT est nécessaire. En fait, en Australie, on parle de près de 10 % des budgets des dépenses. Notre crédit d'exécution du budget représente quant à lui beaucoup moins de 10 % des dépenses.
Nous estimons avoir fait un grand pas en avant, mais ce n'est qu'un pas, pas l'aboutissement.
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Merci, monsieur le président. Je vais passer directement à M. Pagan.
Monsieur Pagan, j'essaie de comprendre. Au départ, lorsque le budget de 7 milliards de dollars a été soumis et que l'information était présentée dans le tableau A2.11 de façon détaillée... À quelle information ai-je accès dans mon rôle afin de pouvoir déterminer si mon approbation est requise ou non? J'aimerais utiliser deux exemples en m'appuyant sur le document des sources et des utilisations, celui produit le 5 juin, surtout le poste qui concerne « Renforcer l'Agence des services frontaliers du Canada » d'un montant de 85 millions de dollars montant duquel nous avons maintenant affecté 73 millions de dollars et retenu 11 millions de dollars. Il y a un autre poste, soit « Bâtir plus de logements locatifs pour les familles canadiennes », associé à un montant total de 447 millions de dollars.
Il semble y avoir de l'information disponible, et je crois que c'est au fur et à mesure que les renseignements détaillés sont fournis au Conseil du Trésor, information que le Conseil du Trésor examine puis approuve. C'est là où les 73 millions de dollars entrent en jeu. J'imagine qu'il y a très peu d'information disponible, ou que vous êtes en train d'examiner tout ça et que c'est la raison pour laquelle rien n'a été affecté. Au départ, à quelle information ai-je accès, vu que les fonds ont été affectés... Eh bien, on dirait que, au départ, il y aura seulement des zéros. Dites-moi quels renseignements sont disponibles de façon à ce que vous ayez pu prendre une décision relativement aux 73 millions, mais aucune dans le cas des zéros? Et dites-moi aussi pourquoi cette information n'est pas accessible plus rapidement lorsque vous présentez ce document, afin que nous puissions bel et bien savoir tout ce qui se passe.
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Merci, monsieur Jowhari.
C'est un point très important. C'est fondamental, et je crois que cela témoigne de la confusion qui règne au sujet de ce que nous présentons et ce que, en fait, les parlementaires approuvent. Avec tout le respect que je vous dois, je vais essayer de vous exposer très soigneusement les choses.
Le Parlement n'approuve pas les initiatives individuelles. C'est le rôle de l'exécutif. C'est une fonction qui revient au Conseil du Trésor. Le processus budgétaire est là pour aider les parlementaires à tenir le gouvernement responsable de ses dépenses.
Ce que nous avons fait dans le crédit 40 du CT, c'est d'énumérer toutes les initiatives que le gouvernement a l'intention de présenter à la suite du budget de 2018 et tout ce que la Chambre des communes a approuvé en acceptant le budget de 2018, en mars. Les renseignements qui vous sont fournis visent à vous aider à tenir le gouvernement responsable de ces dépenses.
Quel montant a été alloué? À quelle fin? Combien d'ETP y a-t-il? Quels sont les résultats? Quels sont les indicateurs? Ce sont toutes là des questions légitimes et valides que les parlementaires peuvent et devraient poser aux ministères à mesure que les initiatives sont approuvées et que l'argent leur est remis.
Ce que nous avons sous les yeux aujourd'hui, c'est 1,2 milliard de dollars liés à des décisions qui ont été prises, de sorte que les parlementaires puissent poser des questions à mes collègues sur des aspects précis de ces initiatives, dont les ETP, les résultats, les partenaires avec lesquels ils travaillent et ainsi de suite.
Pour ce qui est des autres postes, comme nous l'avons dit clairement, ils sont en cours d'élaboration, de sorte que nous n'avons pas de renseignements détaillés précis sur les ETP ou les partenaires, mais nous avons assurément de l'information sur ce que le gouvernement veut réaliser grâce à cet investissement, et les ministères peuvent aussi vous parler de ça. Ils ne peuvent pas vous fournir des renseignements détaillés sur les discussions en cours avec le Conseil du Trésor en ce moment, mais ils peuvent assurément décrire de façon assez détaillée ce qu'ils espèrent réaliser avec l'argent prévu dans le budget.
C'est le principe sous-jacent au crédit 40 et c'est la raison pour laquelle nous croyons aider les parlementaires à tenir le gouvernement responsable au sujet des autorisations qui seront demandées au cours de l'exercice 2018-2019.
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Je vous remercie, monsieur le président.
C'est pour moi un plaisir, un privilège et un honneur d'être ici.
En tant qu'ancien fonctionnaire de la fonction publique fédérale, je peux dire que, lorsque le président du Conseil du Trésor a annoncé la nouvelle approche, beaucoup de gens ont applaudi à cette démarche. Les initiatives qui étaient présentées pour approbation et qui avaient été retenues dans le cadre du budget auront désormais beaucoup plus de prédictibilité.
Le fait que l'on ait su, dès le début d'avril, que des fonds allaient être disponibles pour mener à bien ces initiatives est une excellente nouvelle. J'applaudis franchement à cette démarche. Elle permet de mettre ces initiatives en avant. Ce sont des initiatives importantes dans différentes régions du Canada.
J'aimerais que les représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor m'expliquent quelque chose au sujet du tableau que la Bibliothèque du Parlement nous a fourni, soit le tableau 2. Des 7 milliards de dollars, le total des fonds restants s'élève à environ 5,2 milliards de dollars.
Pouvez-vous m'expliquez le processus permettant d'avoir accès à ces fonds?
On sait que des fonds ont déjà été affectés le 16 avril et le 5 juin, et je présume que d'autres fonds le seront. Expliquez-moi le processus par lequel on peut avoir accès aux fonds restants.
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Je vous remercie de cette question, monsieur Massé.
En fait, travailler avec les ministères à la mise en oeuvre des projets annoncés dans le budget de 2018 est fondamental. Notre système comporte deux étapes.
Premièrement, dans le cadre du budget, le gouvernement s'est fixé des priorités pour l'année prochaine.
Deuxièmement, au Conseil du Trésor, nous travaillons étroitement avec les ministères à l'élaboration des modalités d'application des programmes, de façon à régler des questions concernant les effectifs, les emplois, les résultats et les indicateurs. Nous devons nous assurer que les programmes se déroulent correctement. Il faut parfois des semaines, des mois et parfois même des années pour finaliser les modalités de ces projets.
[Traduction]
C'est une question, monsieur Massé, où les réponses varient selon l'initiative et le ministère. Certaines initiatives sont intrinsèquement complexes parce qu'elles concernent d'autres administrations, qu'on parle des Autochtones, des provinces ou même d'autres gouvernements. Il est important pour le ministère responsable de l'initiative de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires pour cerner les résultats à réaliser et les ressources qu'il faut utiliser pour le faire, de sorte que, lorsqu'un poste est présenté au Conseil du Trésor, les responsables peuvent répondre à toutes nos questions sur le nombre d'ETP nécessaires et d'où l'initiative sera dirigée. C'est d'Ottawa ou des régions?
[Français]
Il faut du temps pour finaliser toutes ces questions. C'est seulement quand tous les éléments sont déterminés que le ministère peut présenter le projet au Conseil du Trésor.
Monsieur Scott-Douglas, du Conseil national de recherches, je veux vous poser une question sur une affectation dans la mise à jour de juin: on prévoyait environ 53 millions de dollars pour le Conseil national de recherches, sous la rubrique « La conversion des crédits venant à échéance aux fonds permanents ».
Je sais que cela ne figure pas en tant que poste dans le plan ministériel, même si on prend un peu de temps dans ce plan pour expliquer qu'un certain nombre d'apparentes réductions de financement découlent de programmes venant à échéance.
Je me demande si le but de cet argent, c'est d'éviter ce décalage, c'est-à-dire le fait de ne pas savoir ce qui sera approuvé ou non. En quoi le fait que l'argent soit destiné à éviter la temporarisation, dans un crédit central dont les fonds deviennent périmés à la fin de l'exercice, de sorte qu'ils devraient donc ensuite être réapprouvés l'année suivante aussi, règlent-ils le problème des crédits venant à échéance pour le Conseil national de recherches?
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Nous reprenons la séance.
Chers collègues, j'ai quelques renseignements pour vous tous. Nous devrons nous occuper du Budget principal des dépenses pour le Secrétariat du Conseil du Trésor à la fin de la réunion, alors je vais suspendre la réunion probablement vers 12 h 50. À ce moment-là, nous pourrons parler du crédit 40.
D'ici là, nous accueillons un groupe de témoins qui sont à nouveau parmi nous aujourd'hui. Je répète que nous accueillons des représentants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, du ministère de l'Environnement, du ministère des Pêches et des Océans, du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, du ministère des Services aux Autochtones du Canada et du Bureau du commissaire à la magistrature fédérale.
Comme toujours, M. Pagan et ses représentants sont aussi des nôtres.
Encore une fois, nous poursuivons notre tour de questions en commençant par des interventions de sept minutes.
Monsieur Peterson, vous êtes le premier.
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Merci, monsieur le président.
C'était amusant d'entendre M. Peterson continuer à défendre le modèle de gouvernance budgétaire du gouvernement de l'Ontario moins d'une semaine après que le gouvernement a été complètement expulsé... en fait, pas complètement, mais il n'a conservé que sept sièges, j'imagine. Mon point, c'est que la gouvernance budgétaire et la santé financière générale d'un régime sont effectivement interreliées.
Des témoins précédents ont parlé du fait que des postes qui étaient passés par le processus du Secrétariat du Conseil du Trésor depuis que le tableau a été préparé pour nous dépassent les montants qui figurent dans le tableau et que nous n'avons pas encore soumis aux voix. J'affirme que les modèles de gouvernance comptent et qu'ils ont une incidence sur la santé financière globale.
Je vais passer aux ministères qui sont ici. Nous avons entendu à nouveau le 22 mai que la plupart des postes du crédit 40 n'ont pas fait l'objet d'une présentation au Conseil du Trésor, mais on nous a dit que les gens continuent d'y travailler et que c'est un processus en cours, alors nous nous retrouvons maintenant avec une diversité de ministères ici, et j'aimerais poser des questions à certains des représentants de ces différents ministères dont les postes ont maintenant été soumis au processus du Conseil du Trésor.
Je vais commencer par Mme Jordan de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Sur vos 22,5 millions de dollars dans le crédit 40, quelle portion a maintenant été approuvée par le Conseil du Trésor?
Je veux commencer par rassurer M. Drouin quant au fait que l'une des raisons pour lesquelles cette question n'a pas été soulevée en Ontario, c'est que, sans égard au fait qu'il s'agit de ce qu'on considère comme un exemple de ce que le gouvernement fédéral voudrait faire, il n'existe en Ontario aucun crédit pour la mise en œuvre du budget central. Si vous voulez consulter les divers crédits qui sont affichés en ligne, je serai heureux de vous communiquer l'adresse. Même si les Ontariens assurent la coordination entre leur Finances et leur Conseil du Trésor, ils n'ont pas opté pour un genre de crédit omnibus comme moyen d'obtenir cette harmonisation.
Il me semble — et faites-le-moi savoir si vous pensez que je tiens des propos injustes, monsieur Pagan — que la tâche du Conseil du Trésor est d'assurer la responsabilisation et qu'il le fait au moyen de sa fonction de remise en question. Lorsqu'un représentant d'un ministère s'adresse à ses agents en disant: « Hé, voici plus ou moins ce que nous voulons faire, et voici comment nous prévoyons le faire », ils prennent du recul, lui demandent s'il a réfléchi à divers éléments, affirment qu'il pourrait y avoir un meilleur moyen et lui demandent s'il a tenté de faire ceci ou songé à cela... Voilà où réside la responsabilisation. S'agit-il d'une évaluation assez juste du fonctionnement du Conseil du Trésor?
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Sous le régime du gouvernement responsable, le gouvernement a l'obligation de montrer au Parlement que ce qu'il prévoit faire de l'argent des contribuables est logique. À la lumière de ces réponses, le Parlement approuve ou rejette les propositions de financement. Voilà pourquoi le gouvernement s'adresse au Parlement afin de demander de l'argent.
Concernant votre notion de responsabilisation, selon le tableau que vous brossez, le Parlement doit, je ne sais trop comment, tenir le gouvernement responsable sans disposer d'aucun pouvoir, et la façon dont le gouvernement prévoit atteindre un but général n'a rien à voir avec la responsabilisation parlementaire.
Si le but général est de soutenir l'Agence des services frontaliers du Canada, cela pourrait être fait d'un certain nombre de manières, et il est tout à fait logique que le Parlement puisse approuver certains moyens, mais pas d'autres. Là où je veux en venir avec le crédit 40, c'est qu'on nous demande maintenant d'approuver ce financement sans que nous connaissions la façon dont le gouvernement prévoit atteindre ce but général.
Ne convenez-vous pas qu'il y a un problème lié à la notion fondamentale de responsabilisation en cause ici?
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Je vous remercie, monsieur le président.
C'est toujours intéressant de voir les états d'âme de l'opposition relativement à la façon de fonctionner d'un gouvernement, surtout en présence de fonctionnaires qui appliquent exactement ce qu'un gouvernement doit faire et qui respectent la façon dont un gouvernement doit fonctionner.
Un gouvernement doit rendre des comptes. Il faut donc lui poser des questions sur des sujets particuliers, et non pas sur des façons de faire qui ne font pas votre affaire. De toute façon, peu importe la manière dont le gouvernement s'y prendrait, cela ne ferait pas votre affaire, que vous soyez du parti ministériel ou dans l'opposition.
Comme je veux que mon temps de parole de sept minutes soit bien utilisé, je vais poser des questions sur la façon dont les fonds sont dépensés.
Je m'adresse à M. Thoppil, de Services aux Autochtones Canada.
Je voudrais que vous nous donniez de l'information sur la somme de 1 milliard de dollars, tel qu'indiqué dans le budget de 2018. Pour Services aux Autochtones Canada, une somme de 91 millions de dollars a été affectée le 16 avril 2018, et 109 millions de dollars viennent de l'être en juin 2018. Il reste donc une somme de 832 millions de dollars pour ce ministère.
Quelle somme a-t-on prévu allouer pour que les membres des Premières Nations aient accès à de l'eau potable? Dans les grandes villes ou dans les régions développées, l'eau potable est un acquis, mais ce n'est pas le cas partout au Canada. Le et le gouvernement se sont engagés de façon claire et précise envers les Canadiens à redonner ce service aux Premières Nations.
J'aimerais que vous nous donniez plus d'information sur les mesures qui ont été prises dans ce sens.
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Je vous remercie, monsieur Ayoub.
Vous avez raison de dire que la politique de l'eau potable est très importante pour le gouvernement.
Une somme d'environ 100 millions de dollars servira à faire avancer le plan visant à éliminer le problème des communautés qui n'ont pas accès à de l'eau potable à long terme.
[Traduction]
Au début de mai, 75 ou 76 collectivités de partout au pays avaient des avis d'ébullition de l'eau potable à long terme en vigueur, et le gouvernement a l'intention de réduire ce chiffre à zéro d'ici quelques années. Un problème se pose, car un certain nombre de collectivités sont près de passer au statut « à long terme » en raison d'un sous-financement de longue durée de la gestion des eaux dans la réserve.
Même si le gouvernement a essentiellement éliminé environ 62 avis d'ébullition à long terme depuis le mois de novembre 2015, en même temps, 30 autres collectivités ont obtenu ce statut. L'argent qui est alloué dans le budget de 2018, qui s'ajoute aux sommes qui ont été fournies par le truchement des budgets précédents, vise essentiellement à garantir non seulement que les 76 cas sont éliminés, mais aussi que l'on empêche les collectivités qui sont sur le point de passer au statut « à long terme » de le faire.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Tout à l'heure, j'expliquais qu'il m'apparaissait important de pouvoir synchroniser des mesures qui sont ciblées dans le budget afin de s'assurer que ces projets peuvent aller de l'avant très rapidement, plutôt que d'attendre que les budgets supplémentaires des dépenses soient approuvés. Sinon, les initiatives sont retardées parfois jusqu'à huit, neuf ou dix mois.
J'ai posé une question à M. Pagan tout à l'heure, et j'aimerais qu'il me réponde, mais auparavant, j'aimerais poser une question à M. Morel, du ministère des Pêches et des Océans.
Monsieur Morel, je vois dans le rapport qui a été déposé que 150 millions de dollars sont alloués aux ports pour petits bateaux. C'est une importante initiative.
Je vais faire de la politique, et cela me fait plaisir d'en faire. Pendant une dizaine d'années, nos ports pour petits bateaux ont été négligés. Nous en avons plusieurs, dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie.
Compte tenu de cette négligence, des ports se sont détériorés. Il a fallu se battre et investir beaucoup d'argent. Je pense notamment au quai de Carleton-sur-Mer. Nous avons finalement réglé ce dossier. Le port va être reconstruit. C'est une initiative très importante. Lorsque nous parlions avec le , nous lui expliquions combien c'était important et qu'il restait encore plusieurs ports à moderniser. Selon ce que j'ai compris, ces 150 millions de dollars représentent la première tranche des 250 millions de dollars qui vont être octroyés pour moderniser les ports pour petits bateaux.
Ce que je crois savoir aussi, en ce qui concerne le processus que M. Pagan nous a expliqué, c'est que dès maintenant — et j'aimerais que vous me le confirmiez —, soit depuis le mois d'avril, vous avez accès à ces fonds pour pouvoir investir dans la modernisation des ports pour petits bateaux qui seront ciblés.
J'aimerais savoir si je ce que je dis est exact.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
À titre indicatif, il s'agit de l'amendement 69. Je propose:
Que le crédit 40 sous la rubrique SECRÉTARIAT DU CONSEIL DU TRÉSOR, au montant de 7 040 392 000 $, tel qu’indiqué à la page II–241 du Budget principal des dépenses 2018-2019, soit réduit de 745 000 $, tel qu’indiqué à la page A1–3 du Budget principal des dépenses 2018-2019 pour Un nouveau processus pour les débats des chefs lors des élections fédérales sous Bureau du Conseil privé, en plus des réductions précédemment convenues.
Vous savez bien sûr, monsieur le président, que le montant de 7 040 392 000 $ représente la totalité du crédit 40 du Conseil du Trésor, et la réduction correspond aux fonds affectés au Bureau du Conseil privé relativement au nouveau processus pour les débats des chefs pendant les élections fédérales. Je le précise pour plus de clarté, puisqu'en temps normal, il n'y a pas tous ces éléments mobiles attachés à un crédit. Je voulais seulement préciser d'où j'avais tiré ce montant, étant donné que nous allons examiner sur un grand nombre de réductions éventuelles — plus de 200, à dire vrai — pour le crédit 40 du Conseil du Trésor.
J'ai cru bon de commencer par celui-là. Les représentants du Bureau du Conseil privé nous ont dit qu'ils n'étaient pas prêts à répondre à nos questions à propos de l'affectation proposée au titre du crédit 40 parce qu'ils n'avaient aucun plan pour cet argent. Je crois que le Comité sait déjà — je pense avoir été on ne peut plus clair —, que je doute qu'il soit approprié d'autoriser des dépenses gouvernementales sans savoir comment sera dépensé l'argent. C'est bien d'avoir une idée générale de ce qu'on prévoit, mais je me dis que ce n'est pas ce que les gens ont en tête lorsqu'ils demandent à un comité d'exiger du gouvernement qu'il rende des comptes rigoureux.
Peut-être est-ce une initiative importante. Je ne dis pas que réformer le processus pour les débats des chefs pendant les élections fédérales est une mauvaise idée ou qu'il faudrait renoncer. Ce que je dis, c'est qu'avant d'autoriser ce montant — 750 000 $ — pour cette initiative particulière, je crois que nous devons aux Canadiens de veiller à ce que le gouvernement ait déterminé de manière générale comment l'argent sera dépensé. Après tout, il y a plus d'une façon de soutenir un nouveau processus pour les débats des chefs pendant les élections fédérales.
Je crois que j'étais sur le point d'expliquer au Comité les diverses façons dont ces 750 000 $ pourraient être dépensés pour élaborer un nouveau processus pour les débats des chefs pendant les élections fédérales.
Le gouvernement actuel mène souvent des consultations, entre autres choses. Il est adepte des consultations, et, en principe, c'est une très bonne chose. Bien entendu, il existe différentes façons de consulter les Canadiens à propos d'un nouveau processus pour les débats des chefs pendant les élections fédérales. Prenez les médias sociaux, par exemple, monsieur le président. Je suis sûr que vous l'avez remarqué, le gouvernement s'est plus d'une fois dit favorable aux consultations par les médias sociaux au cours de la présente législature; il a déjà mené un certain nombre de consultations sur les médias sociaux. Imaginons donc que si ce qui est prévu relativement à cette initiative, si le plan définitif consiste en une consultation sur Twitter, comme cela s'est déjà vu, en tant que député, je crois avoir parfaitement le droit et, franchement le devoir, de demander pourquoi il faut un budget de 750 000 $ pour une consultation sur Twitter. Le ministère dispose déjà d'un certain nombre de fonctionnaires. Le Bureau du Conseil privé a des employés à sa disposition. Je tiens pour acquis qu'une partie du personnel est à l'aise avec Twitter ou les médias sociaux; il n'y a aucune raison d'embaucher un consultant à 750 000 $ pour mener une consultation sur Twitter.
Ce serait une possibilité. Et encore là, la somme d'argent demandée serait aberrante. D'ailleurs, on aurait beau avoir l'idée d'organiser une consultation sur Twitter, il y a des points de discorde, monsieur le président. Comment peut-on juger de la réaction des Canadiens avec précision? Doit-on compter le nombre de messages retransmis, ou le nombre de « J'aime »? A-t-on vraiment assez de 240 caractères pour se faire une bonne idée de l'opinion des Canadiens quant à cette question si importante?
Bien entendu, nous savons depuis les dernières élections fédérales que le déroulement des débats des chefs suscite une certaine controverse. Le public se demandait si certains chefs acceptaient suffisamment d'invitations à des débats, et leurs adversaires politiques se posaient la même question.
Une autre façon dont le gouvernement pourrait procéder — et je n'ai pas dit que j'étais favorable à l'idée — serait de modifier la loi et d'exiger que les chefs des partis participent au minimum à un certain nombre de débats organisés spécialement pour eux. Je suis sûr que nous reviendrons à cette idée pendant le débat. Si c'était le résultat...
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Merci beaucoup de cette précision utile, monsieur le président.
Si le gouvernement décidait de soutenir par voie législative un processus plus robuste pour les débats des chefs pendant les élections fédérales, on peut encore se demander pourquoi il aurait besoin de 750 000 $ de plus pour mener à bien ce processus, alors que les ressources existantes suffiraient amplement. J'irais même jusqu'à dire que l'organe législatif du gouvernement actuel a peut-être déjà trop de ressources, vu le petit nombre de projets de loi qu'il y a eu à examiner au cours de la présente législature par rapport aux précédentes. Donc, si le gouvernement procède par la voie législative, je doute qu'il soit approprié d'accorder 750 000 $ supplémentaires qui s'ajouteraient aux ressources existantes. C'est bien là le noeud du problème, et il ne se limite pas à l'initiative à l'étude, d'autres aussi sont concernées. Le problème est que les parlementaires doivent se prononcer sur le montant approprié pour un poste budgétaire donné, sans que les ministères aient à comparaître devant eux pour leur rendre des comptes. Ce n'est pas qu'ils refusent de répondre aux questions ni qu'ils nous évitent délibérément. C'est qu'ils ne peuvent pas, en principe, répondre à des questions à propos de programmes qu'ils n'ont pas encore élaborés. C'est un problème récurrent.
Des consultations sur Twitter, des modifications législatives... Même en ce qui concerne la consultation sur les médias sociaux, je crois que beaucoup de députés ici présents savent qu'il y a d'autres façons que Twitter de consulter les Canadiens sur les médias sociaux. Il serait possible de mener une consultation un peu plus approfondie sur Facebook que sur Twitter. Grâce à Facebook Live, les gens peuvent interagir en temps réel avec l'hôte de la consultation. Il y aurait un véritable échange avec les Canadiens. Je tiens aussi pour acquis, bien sûr, que si le gouvernement cherchait en même temps à adopter un angle politique et à faire valoir son image de marque politique, il demanderait à la de mener des consultations en interagissant directement avec les gens, et il y a aussi eu des cas où...
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Merci beaucoup madame la présidente.
Je venais tout juste de dire que le gouvernement pouvait aussi consulter les Canadiens sur les médias sociaux par Facebook. Facebook Live est un outil particulièrement intéressant, et je sais que certains députés l'ont utilisé; il permet d'interagir en temps réel, de poser des questions et de recevoir les réponses, et quoi encore. Le gouvernement devrait l'envisager comme solution.
Pour revenir à l'amendement à l'étude, la question que je pose, encore une fois, est la suivante: pourquoi aurions-nous besoin de 750 000 $ pour une consultation de ce genre? Facebook est gratuit dans la plupart des cas, y compris Facebook Live. Le gouvernement pourrait ainsi consulter diverses tranches de la population canadienne directement et économiser sur les déplacements. Bien entendu, les déplacements sont des dépenses parfois inévitables dans un processus de consultation, que ce soit une consultation menée par le gouvernement ou — comme nous en avons l'habitude — par un comité gouvernemental. Notre comité s'est déjà déplacé. Je me rappelle — je n'étais pas membre permanent du Comité à l'époque — que nous nous étions rendus à Winnipeg aux fins de notre étude sur Postes Canada. Il va sans dire que ces déplacements ne sont pas gratuits, mais il demeure que nous ne savons même pas si une partie des 750 000 $ demandés sera utilisée à des fins de déplacement.
Instagram est une autre plateforme de médias sociaux, mais je vais laisser aux experts le soin de décider s'il s'agit d'un bon outil de consultation. Je connais mieux Twitter et Facebook, et il me semble qu'ils sont plus interactifs et conviennent davantage à la consultation. Il est difficile de se faire une idée claire, à partir d'images, de ce que les Canadiens souhaitent relativement au processus des débats électoraux, même si certains Canadiens sont très habiles pour créer des mèmes. J'imagine que certains Canadiens auraient des commentaires intelligents et humoristiques à faire dans le cadre d'une consultation par Instagram, mais je vais laisser à d'autres personnes plus compétentes que moi le soin de décider quelle forme cela devrait prendre.
J'admets qu'il faudrait peut-être des fonds pour mettre au point un concept de consultation par Instagram. Je ne sais pas combien cela coûterait, mais certainement pas 750 000 $, du moins je l'espère. Si le prix était si élevé, ce serait un prix bien trop fort pour une expérience sur les médias sociaux, selon moi. Je ne crois pas que ce soit aux Canadiens de payer la facture; j'imagine que le secteur privé va finir, inévitablement, par s'y intéresser si l'idée a du potentiel. On verra si les consultations par Instagram ont de l'avenir.
En outre...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'espère que les membres du Comité trouveront que je suis pertinent. Je remercie M. Massé de renforcer mon argument, en partie, c'est-à-dire que le problème en ce qui concerne l'argent qui est demandé pour cette initiative en particulier, c'est que nous ne savons pas réellement à quoi il va servir.
M. Rémi Massé: [Inaudible]
M. Daniel Blaikie: Eh bien, non, ce n'est pas le cas, pas de la part du Bureau du Conseil privé. Je reconnais que le membre n'est pas un membre permanent du Comité. S'il l'était, il saurait que, lorsque les représentants du Bureau du Conseil privé ont témoigné pour parler de leur affectation du crédit 40, ils ont dit clairement qu'ils ne pouvaient pas nous dire à quoi servait l'argent; le programme n'avait pas encore été élaboré.
Maintenant, cela laisse la porte assez grande ouverte. Ce que j'essaie de faire dans mes commentaires, c'est de supposer ce que peut être un programme potentiel qui appuierait un nouveau processus pour les débats électoraux fédéraux. Mon point était très pertinent concernant les coûts. Ce que j'essayais de dire, c'est que si c'est le cas... et nous ne le savons pas parce que nous n'avons absolument aucune directive du BCP sur ce qu'il prévoit faire avec l'argent. Ses représentants ont été très clairs.
M. Rémi Massé: [Inaudible]
M. Daniel Blaikie: Non, nous avons déjà posé la question aux représentants du BCP. Je n'ai pas eu besoin de poser la question à ces fonctionnaires.
M. Rémi Massé: [Inaudible]
Le président: Silence, s'il vous plaît.
M. Daniel Blaikie: J'ai posé la question aux représentants du Bureau du Conseil privé.
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Mon point, qui était pertinent en ce qui a trait aux coûts, c'était que si le Bureau du Conseil privé finit par adopter l'idée d'essayer une nouvelle forme de consultation des Canadiens par Instagram, et qu'il dépense 750 000 $ à cet égard, cela s'avérerait être un gaspillage d'argent. Je ne voterais pas pour appuyer cela parce que nous n'avons aucune assurance du Bureau du Conseil privé que ce n'est pas ce qu'il va faire. En toute bonne conscience, je ne peux pas approuver l'octroi de cet argent.
Voilà mon argument. Je crois que c'est très pertinent relativement à la motion, monsieur le président. Je m'oppose à l'idée que ce n'était pas pertinent. Je parlais de ce que pourrait être un programme potentiel et je disais simplement que je ne pense pas que c'est le rôle du gouvernement d'être le premier à lancer ce type de programme.
C'est ce que j'allais ajouter au moment où j'ai été interrompu; je crois que, s'il s'agissait d'une voie prometteuse pour consulter les Canadiens, le secteur privé concevrait probablement ce type de consultation. Le gouvernement pourrait ensuite tirer profit du modèle établi par des entreprises qui consultent leurs clients au Canada. À ce moment-là, les coûts de démarrage d'une consultation sur Instagram seraient bien plus faibles qu'ils le seraient à l'heure actuelle, si ce type de consultation n'existe pas déjà. Voilà simplement ce que je disais, monsieur le président. Je crois que c'est très pertinent.
Tout cela pour dire que, si nous ne parlons que de consultation, sous la seule catégorie de la consultation au moyen de médias sociaux, je crois qu'il est assez clair qu'il existe un certain nombre d'options possibles. Probablement que, pour n'importe laquelle de ces options, 750 000 $ est tout simplement un budget trop important. Je crois que c'est illogique.
Bien sûr, les médias sociaux ne sont pas la seule façon de consulter les Canadiens. Même seulement à l'étape initiale de l'élaboration du programme, il y a plusieurs choix de programmes, et je crois que le montant d'argent que nous approuvons sous cette catégorie est important, tout comme ce que le gouvernement choisit de faire.
Si on présume que, au lieu de tenir une consultation avec les médias sociaux, ou en plus de le faire, puisque ce moyen est peu coûteux, le gouvernement décidait qu'il désire se déplacer partout au pays dans un certain nombre de collectivités, non pas seulement dans les grands centres urbains, mais également dans les collectivités rurales et éloignées. Il serait alors logique d'avoir besoin d'un budget important, s'il s'agissait d'argent affecté à la consultation. À ce moment-là, il faudrait envisager de réserver des vols. Encore une fois, je crois qu'il serait dans l'intérêt des parlementaires de savoir, s'il s'agit d'une raison essentielle pour laquelle on demande cet argent, combien de membres du personnel le gouvernement prévoit avoir besoin pour ce voyage. Parle-t-on d'un ministre, d'un attaché politique, de deux interprètes et d'un animateur? C'est peut-être le strict minimum. Nous voudrions à ce moment-là savoir si 750 000 $ est un montant approprié ou combien de collectivités on s'attend à visiter avec cette somme.
Si on envisage d'avoir une plus grande équipe pour mener les consultations, alors je crois qu'il serait pertinent pour les parlementaires de demander si cette grande équipe est absolument nécessaire et de remettre en question le nombre de membres qui doivent faire le voyage, le cas échéant.
Nous faisons cela même pour notre comité. Je suis ici depuis un bon bout de temps et j'ai siégé à nombre de comités et je suis certain que vous avez déjà voyagé avec des comités; vous savez que, parfois, on peut faire les préparatifs entre les membres du comité même si tous les membres ne font pas le voyage. C'est plutôt un groupe réduit de membres qui se déplace. C'est précisément parce que les comités sont préoccupés par les coûts et le budget. Ce n'est pas illimité.
Un principe similaire s'applique à la consultation gouvernementale. Si le gouvernement envisage un long voyage, il importe de savoir combien de personnes feront partie du voyage et pourquoi il croit avoir besoin d'autant de personnes. Le gouvernement mène-t-il ces consultations dans des collectivités, des salles communautaires ou des écoles locales différentes? Loue-t-il des chambres dans des hôtels luxueux pour inviter des gens dans une suite de réception? À mon avis, ce sont des choses que les membres du Comité souhaitent peut-être savoir.
Contrairement aux remarques de certains représentants du Conseil du Trésor plus tôt aujourd'hui, je crois que les parlementaires ont tout à fait le droit de savoir ces choses et, ils ont le devoir de poser des questions avant que des choses du genre se produisent — une demande de 750 000 $ — afin de savoir si c'est en réalité l'intention du gouvernement. On peut imaginer certains types de consultation. Je crois que nous avons même entendu parler de certaines consultations plus exclusives que le gouvernement mène parfois, même le gouvernement actuel l'a fait récemment, sur invitation seulement.
C'est une chose de sillonner le pays et de parler aux Canadiens dans des clubs communautaires et des écoles dans leur propre collectivité et de tenir des consultations ouvertes au public afin que quiconque puisse faire valoir son opinion sur le caractère approprié d'une forme particulière ou d'un style particulier de débat des chefs fédéraux. C'est tout à fait autre chose de dire que nous allons louer des chambres dans un hôtel luxueux de Vancouver, de Montréal et de Toronto, inviter de puissants magnats des médias, les traiter aux petits oignons, leur offrir du champagne et du caviar et entendre ce qu'ils ont à dire. Il s'agirait aussi d'une consultation.
Je ne dis pas que c'est ce que ferait le gouvernement en place. Je dis que c'est ce qu'un gouvernement pourrait faire et je pense que ce serait une erreur d'agir ainsi. Je crois que les Canadiens seraient mécontents d'apprendre que ces 750 000 $ ont servi à trois consultations dont la liste de participants était réservée à seulement certaines personnes influentes sur invitation.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux de préciser que ces références au champagne et au caviar ne sont pas venues de nulle part. Je parle d'une façon particulière dont on pourrait consulter les Canadiens. Et parfois, on l'a vu, le gouvernement se lance dans une consultation sur invitation seulement. Maintenant, je me répète, mais seulement au bénéfice de M. Massé, qui, à mon avis, n'a pas compris initialement en quoi mes commentaires concernent la motion. Je m'efforce de le lui faire comprendre. Alors si vous m'accordez une certaine latitude afin que je puisse me répéter quelque peu, c'est uniquement au bénéfice de M. Massé.
Bien sûr, c'est une façon de mener des consultations, sur invitation seulement. Alors la question est la suivante: dans quel cadre tient-on cette consultation sur invitation seulement? Si on avait un gouvernement qui se préoccupait de frayer avec les grands de ce monde, on pourrait imaginer que, si on lui donne toute la latitude voulue pour gérer un budget de 750 000 $ et qu'il avait peu de scrupules, il pourrait faire quelque chose comme commander du caviar et du champagne à cette chambre d'hôtel pour cette consultation en particulier afin d'impressionner ces gens riches et puissants, ce qui n'aurait pas grand-chose à voir avec le fond de la question: un nouveau processus pour les débats des chefs pour les élections fédérales. Ce serait quelque chose dont les parlementaires de tous les partis autour de la table se préoccuperaient. C'est certainement quelque chose dont ils devraient s'inquiéter. Voilà pourquoi la référence au champagne et au caviar concerne directement cette motion en particulier, Il s'agit des utilisations potentielles du budget et de la façon de mener des consultations.
Il existe d'autres façons de tenir des consultations pour le gouvernement... ce n'est pas sorcier de tenir des consultations gouvernementales. Il faut rencontrer les gens et leur parler. Bien sûr, le gouvernement actuel est appuyé par un parti politique. En fait, ce gouvernement, comme tous les gouvernements majoritaires, est soutenu à la Chambre par un parti politique ayant le plus grand nombre de députés à l'heure actuelle. Une autre forme que pourrait prendre la consultation, qui ne coûterait rien, et qui, par conséquent, n'exigerait pas de budget — certainement pas 750 000 $ —, serait que ces députés se rendent dans leur collectivité et fassent du porte-à-porte. Ils pourraient parler aux Canadiens à leur domicile et leur demander ce qui, à leur avis, a bien ou moins bien fonctionné lors du débat des chefs de la dernière élection fédérale. Ils pourraient essayer d'obtenir de bonnes idées de leurs électeurs, en ce qui concerne la façon d'améliorer ce processus, et puis transmettre cette information au ministre approprié, ou au Cabinet, ou dans le cadre d'un processus quelconque qu'ils élaboreraient afin d'obtenir cette rétroaction. Il s'agirait d'une autre forme de consultation peu coûteuse.
Le but de l'amendement est de souligner le fait que nous n'avons pas en réalité de bons renseignements sur ce que le gouvernement a l'intention de faire avec cet argent et qu'il existe nombre de façons dont le gouvernement pourrait respecter cet objectif général. Le gouvernement pourrait dire « nous honorons ce que nous avons dit ce que nous ferions avec l'argent », mais être en réalité très loin de ce qu'on pensait que le gouvernement ferait avec l'argent. Bien sûr, c'est pourquoi nous avons un processus dans le cadre duquel nous convoquons des fonctionnaires devant le Comité et nous avons l'occasion de leur poser des questions afin de comprendre...
Plus tôt, j'ai utilisé l'analogie de l'Agence des services frontaliers du Canada. C'est bien beau de dire que nous allons affecter de l'argent pour appuyer l'ASFC et rendre la frontière du Canada sécuritaire, mais cette information est insuffisante pour que l'on puisse approuver ce financement parce qu'il est important de savoir s'il faut simplement embaucher davantage de membres du personnel, acheter des chars d'assaut ou construire un mur. Ce sont toutes des façons différentes d'honorer cet engagement général. Elles ne sont pas toutes égales. Elles ne sont certainement pas égales sur les plans financier, moral et politique, mais ce sont toutes des options.
Sous l'objectif général, il importe de préciser les principales façons dont le financement sera utilisé afin d'atteindre l'objectif. Lorsque les représentants du Bureau du Conseil privé ont témoigné devant le Comité, ils ont été très clairs: ils n'avaient pas encore pris de décision à cet égard. Nous n'avons pas obtenu plus d'information que nous en avions au début, et on nous a dit de ne pas nous attendre à en avoir davantage.
J'ai décrit comment, à mon avis, si on devait considérer cela en ce moment — parce qu'il reste un an avant l'élection —, comme un budget de consultation pour aller parler aux Canadiens; on pourrait avoir un certain nombre d'options assorties de différentes répercussions financières. Au-delà des consultations, si nous nous tournons vers des mesures, il n'est pas clair si ce poste est prévu pour des consultations ou pour des mesures, ou encore un mélange des deux.
On fait allusion dans le budget à davantage d'argent l'an prochain pour la même initiative, alors nous ne savons pas si nous allons mener les consultations cette année et prendre des mesures l'an prochain. L'inverse serait certainement étrange, mais je sais qu'on ne doit pas avoir de trop grandes attentes envers ce gouvernement et que tout peut arriver.
Pour rappeler aux membres du Comité où nous en étions avant cette discussion, je vais seulement dire que ce que j'essaie de faire, c'est de souligner que, même s'il ne s'agit que d'un budget de consultation, monsieur le président, il y a beaucoup de questions en suspens à propos de la façon dont le gouvernement va s'y prendre; nous ne savons pas, en réalité, si ce budget est destiné seulement à des consultations ou également à des mesures. Nous ne savons pas si les mesures sont prévues pour la première ou la deuxième année. Je disais que, à mon avis, il est logique, évidemment, de mener les consultations avant de prendre des mesures, mais on ne sait jamais.
Le problème, c'est que nous n'avons pas obtenu de réponse. Les représentants du Bureau du Conseil privé, lorsqu'ils ont témoigné devant le Comité, n'ont même pas donné une réponse simple et générale du genre qu'ils prévoyaient tenir des consultations et prendre ensuite des mesures. Ils ont simplement dit: « Nous ne savons pas ce que nous allons faire avec cet argent. » Nous n'avons même pas pu obtenir une réponse à cet égard.
Si les gens pensent que c'est absurde, alors je vais poser la question suivante au gouvernement: pourquoi ne peut-il pas au moins nous donner une réponse toute simple? Le fait qu'il était si mal préparé qu'il ne pouvait même pas seulement dire qu'il allait tenir des consultations avant d'aller de l'avant et qu'une partie du budget de cette année servirait à soutenir ces consultations montre, à mon avis, à quel point nombre des ministères ne sont pas en mesure de planifier adéquatement l'utilisation de l'argent qu'ils demandent.
À propos de cet aspect, qui touche directement l'amendement à l'étude, un représentant du Conseil du Trésor nous a dit plus tôt, comme vous le savez, monsieur le président, que ce n'est qu'après la présentation du budget que les ministères ont reçu un appel les avisant du crédit central du Conseil du Trésor pour la mise en oeuvre du budget.
Nous avons ici une toute nouvelle façon de fournir du financement aux ministères pour toutes leurs nouvelles initiatives budgétaires, et ils ne savaient même pas, avant que le budget soit présenté, que cet argent s'en venait. On pourrait supposer qu'ils travaillaient sur certains aspects qu'ils espéraient obtenir dans le budget, mais, bien sûr, l'approbation du budget est une approbation de principe. Voilà une chose. Ils n'auraient pas effectué le type d'évaluation rigoureuse des coûts qu'exige une approbation du Conseil du Trésor, et on se demande ensuite d'où vient le chiffre.
En réponse à certaines questions de M. McCauley, je sais que les représentants des ministères ont parfois dit qu'ils ne savaient pas vraiment d'où venait le chiffre ou comment on était arrivé à ce chiffre. On penserait que, s'ils avaient assuré une gestion de base du budget, les ministères seraient au moins en mesure de nous dire s'ils avaient l'intention de mener des consultations la première année et de prendre des mesures la deuxième ou quelque chose du genre, mais nous n'avons rien obtenu.
Si nous mettons de côté la question des consultations juste pour un moment et passons aux mesures, alors il y a toutes sortes de possibilités en ce qui concerne la façon dont le gouvernement peut agir afin de soutenir un nouveau processus pour les débats des chefs lors des élections fédérales. Je devrais dire d'entrée de jeu que je vais proposer certaines mesures possibles. Je ne dis pas qu'elles sont bonnes ou mauvaises, que je les soutiens ou pas. Tout ce que j'essaie de faire à ce stade, c'est de présenter certaines possibilités. Comme nous n'avons reçu aucune orientation de la part des représentants du gouvernement en ce qui concerne ce qu'ils ont l'intention de faire à cet égard, il nous incombe d'examiner toutes les possibilités. Je ne prétendrai pas fournir une liste exhaustive, mais j'espère offrir un compte rendu le plus exhaustif possible concernant certaines façons d'agir à ce sujet.
J'ai parlé plus tôt de l'idée que cela supposera peut-être du travail législatif. D'emblée, je dirais que, si cela suppose effectivement du travail législatif, alors nous devrons tenir compte de certains principes importants de la Chambre des communes qui consistent à se demander s'il est approprié pour le gouvernement de demander des fonds à l'heure actuelle. C'est un principe bien établi selon lequel, si le gouvernement s'apprête à demander des fonds, il doit le faire en respectant ses autorisations législatives ou légales. En fait, s'il y a un doute à cet égard, nous avons entendu parler plus tôt d'une initiative qui a été présentée sous le crédit 40, qui concerne les biens immobiliers matrimoniaux et qui était initialement énumérée sous le mauvais ministère. C'était une erreur parce que ce ministère n'a pas l'autorisation législative ou légale de dépenser de l'argent dans ce domaine.
Comme le gouvernement a présenté une demande de financement à l'extérieur des autorisations législatives ou légales d'un ministère en particulier, le Conseil du Trésor a lui-même jugé opportun de retirer cette affectation particulière et de la réallouer — en fait, ne pas la réallouer parce qu'on ne peut pas le faire selon la structure du crédit 40 — il est indiqué qu'on ne peut pas. Cela ira au Budget supplémentaire des dépenses. Il importe que l'argent qu'on demande sous le crédit 40 soit cohérent avec les autorisations législatives ou légales qui ont déjà été accordées aux ministères.
Je soulignerais le fait que l'initiative particulière figurera dans le Budget supplémentaire des dépenses, et cela ne semble pas avoir causé de panique chez les membres du gouvernement ou les membres du parti au pouvoir qui siègent au Comité. Ils savent très bien que ne pas aller de l'avant avec une décision sur le financement dans le crédit 40 ne veut pas dire que le gouvernement ne peut pas obtenir les fonds. Cela signifie simplement qu'il doit passer par le processus normal. Il ne s'agit pas de bloquer une initiative gouvernementale particulière; il faut tenir le gouvernement responsable de demander des fonds de la façon appropriée, conformément à l'obligation de rendre des comptes du Parlement et à son rôle de surveillance. Nous avons constaté que, du moins concernant certains postes, le gouvernement semble le comprendre.
Un autre exemple se trouve dans le plan ministériel des Anciens Combattants, dans lequel le gouvernement propose un programme pour les pensions des anciens combattants. Vous remarquerez, monsieur le président — et je suis certain que vous l'avez déjà remarqué —, que sous le crédit 40, il n'y a aucun nouveau montant d'argent affecté à ce programme, même s'il était mentionné dans le budget et même s'il s'agit d'un poste important en ce qui concerne les coûts dans le plan ministériel. On l'explique dans une note d'un tableau, dans lequel sont décrits les coûts prévus de ce nouveau programme. La note indique que le gouvernement ne demande pas ce financement pour le moment parce qu'il n'a pas l'autorisation législative ou légale de le faire en raison des modifications législatives nécessaires à la loi qui régit le programme de pensions, et il serait inapproprié pour le gouvernement de demander ces fonds avant de modifier la loi.
J'ai également affirmé à d'autres moments, et je crois qu'il s'agit d'un des problèmes que pose ce crédit, que le crédit 40 en soi ne semble pas être assujetti à l'autorité législative ou légale du Conseil du Trésor, et c'est pourquoi j'ai demandé au Président de juger le crédit 40 irrecevable à la Chambre. Le Président n'a pas encore pris de décision pour l'instant. Ce que le Président a à dire à cet égard m'intéresse parce que je crois qu'il s'agit d'un cas évident où le gouvernement demande du financement d'une manière qui va à l'encontre de l'autorisation législative ou légale.
Ce qui m'inquiète, c'est que si le Bureau du Conseil privé exige des modifications législatives afin de mettre en oeuvre ce nouveau processus pour les débats des chefs lors des élections fédérales, lequel n'a pas encore été déterminé, et si ce financement finit par servir à des choses qui sont actuellement impossibles, mais qui le seront après que le Parlement aura adopté une nouvelle loi ou modifié une loi existante afin de mettre en place ce processus, alors le gouvernement et le Parlement auront violé ce principe important qui veut qu'il faille avoir dûment obtenu une autorisation législative ou légale avant de demander du financement, et pour l'instant, nous ne savons pas si c'est le cas.
Alors, j'y suis arrivé, monsieur le président. Vous êtes surpris, mais je...
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C'est un principe important ici. Je crois que c'est logique. La raison pour laquelle ce principe est logique, c'est parce qu'il exige du gouvernement qu'il n'anticipe pas la volonté du Parlement. Le Parlement n'a rien décidé jusqu'à ce qu'il prenne une décision. Ce n'est pas au gouvernement de demander des fonds à certaines conditions.
Cela veut dire que, si telle ou telle loi est adoptée, l'argent nécessaire sera déjà là. Cela reviendrait à présumer l'issue d'un vote au Parlement. Franchement, je crois que c'est un manque de respect à l'égard des membres du parti au pouvoir qui ne sont pas au Cabinet parce qu'on s'attend essentiellement à ce qu'ils fassent tout ce qu'on leur demande et à ce qu'il n'arrive jamais que les membres du gouvernement soient en désaccord et décident d'agir en conséquence.
Nous avons déjà eu un projet de loi au Parlement qui concernait un peu les initiatives parlementaires, comme vous vous en souviendrez peut-être, monsieur le président. Il portait en effet sur la discrimination génétique et la capacité — ou maintenant, la capacité amoindrie — des compagnies d'assurance d'exiger comme condition que les gens leur soumettent tous les renseignements dont ils disposent issus de tout type de test génétique.
Bien sûr, c'est un problème. C'était un problème au Canada que cette pratique soit maintenue alors que de nombreux autres pays avaient à juste titre aboli cette pratique. Le problème tenait au fait que les compagnies d'assurances pouvaient alors décider de refuser d'assurer des gens en fonction des résultats de ces tests génétiques, et cela pourrait dissuader les Canadiens de se soumettre à ce genre de test, car ils craindraient d'obtenir des renseignements négatifs, qu'ils seraient alors obligés de transmettre à leur compagnie d'assurances.
Essentiellement, d'un point de vue financier, il valait mieux qu'ils n'en sachent rien, car ils pouvaient ainsi souscrire une assurance appropriée ou obtenir une assurance à un meilleur prix que si les facteurs de risque étaient connus des compagnies d'assurances. Toutefois, du point de vue de la santé, ils seraient désavantagés, car s'ils avaient fait le choix pour des raisons financières, ils auraient donc renoncé à la possibilité de bénéficier de ces renseignements génétiques pour savoir s'ils devraient se soumettre à des évaluations de dépistage précoce de diverses maladies ou affections.
Le gouvernement s'est vivement opposé à ce projet de loi, et a dit clairement à ses membres qu'il allait voter contre le projet de loi. Maintenant, imaginez si le gouvernement, avant le vote... Je ne veux pas vous gâcher le plaisir, mais sachez qu'il y avait un certain nombre de députés d'arrière-ban. Je crois que c'était de l'ordre de 40. J'ai peut-être tort. Peut-être que certains membres ici ont une meilleure idée, mais je crois qu'il y avait environ 40 députés libéraux d'arrière-ban qui ont décidé de voter contre le gouvernement et d'adopter le projet de loi.
C'est grâce à leurs efforts et à leur volonté de défier le gouvernement au sujet de ce projet de loi que les Canadiens pourront maintenant se soumettre à des tests génétiques et déterminer s'ils devraient passer des examens de dépistage des premiers signes de diverses affections, sans avoir à craindre d'être pénalisés sur le plan financier. C'est en raison de cette défiance, si vous voulez, de la part d'un certain nombre de députés libéraux d'arrière-ban que la loi a été adoptée.
C'est excellent, mais maintenant, imaginez si le gouvernement avait, pour quelque raison que ce soit, affecté des fonds aux fins du projet de loi, pour mettre en oeuvre des mesures s'il était adopté, et qu'il n'était pas adopté. Vous seriez alors en train de vous demander quoi faire avec cet argent.
Si l'argent avait été autorisé, mais que les conditions selon lesquelles il était censé être dépensé n'étaient pas réunies, est-ce que le gouvernement changerait simplement son plan et dirait: « Bien, nous n'avons pas obtenu les modifications législatives escomptées, mais nous allons revenir à l'objectif de portée générale et faire quelque chose qui ne requiert pas ces modifications législatives »? Dans ce cas, l'argent servirait clairement à d'autres fins que celles approuvées par le Parlement.
C'est pourquoi il est important que les autorisations législatives et légales soient en place avant la demande de financement. Cela signifie que le gouvernement et le Parlement ne présumeraient pas l'issue d'un vote ou d'un débat au Parlement. Je crois que nous pouvons imaginer de nombreux scénarios dans lesquels la mise en place d'un nouveau processus pour les débats des chefs lors des élections fédérales précipiterait certains changements législatifs.
Plus tôt, j'ai mentionné l'idée que... encore une fois, simplement pour être parfaitement clair, je n'approuve aucune des possibilités que je vais mentionner. Certaines d'entre elles sont louables, d'autres peut-être pas. Il y en a certaines que je pourrais soutenir, et d'autres non, mais ce n'est pas l'objet de la discussion. À l'heure actuelle, nous lançons des idées quant aux façons dont nous pourrions mettre en place un nouveau processus pour le débat des chefs fédéraux, puisque nous n'avons reçu aucune directive du Bureau du Conseil privé.
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Si nous poursuivons assez longtemps, nous nous y rendrons peut-être, mais à ce moment-là, je parlerais d'autre chose. Je parlerais de l'essence d'un nouveau processus de débats des chefs fédéraux. Étant donné mon engagement à tenir des propos pertinents par rapport à l'amendement à l'étude, je ne parle que des possibilités et de l'incidence qu'elles pourraient avoir soit sur le budget proposé, 750 000 $, soit sur les règles et les procédures de la Chambre, d'où les commentaires sur les mandats législatifs et réglementaires, car je crois qu'il s'agit d'un principe important qui doit être respecté tout au long du processus d'affectation de crédits ou du processus d'octroi des crédits.
Ce serait probablement la manière la plus rudimentaire, et vraiment pas une bonne façon à mon avis, d'adopter un projet de loi qui oblige les chefs fédéraux à se présenter à un certain nombre de débats. Je vais commencer avec la solution la plus extrême, et je vais me rendre progressivement aux versions plus modérées de cette position.
Dans le pire des cas, le gouvernement pourrait se charger lui-même d'arrêter des dates et des heures et d'organiser un débat, puis d'exiger que les chefs de partis fédéraux s'y présentent. La question est de savoir quels seraient les coûts liés à cela et quels seraient les frais assumés?
Selon l'approche la plus rigoureuse, je pense qu'on trouverait un gouvernement qui légifère... Je ne dis pas que c'est ce que le gouvernement actuel ferait. Je dis que c'est selon moi l'une des versions les plus extrêmes que je peux imaginer. Peut-être que d'autres membres ont une imagination plus fertile que la mienne, et lorsque leur tour viendra au débat, ils nous illumineront avec la vivacité de... Je ne sais pas vraiment comment dire cela, mais peu importe.
Je dirais que, si vous aviez un gouvernement qui décidait d'établir lui-même les dates et les heures, et que, tout comme le sont les dates d'élection, les dates des débats des chefs seraient également fixées au cours de ce cycle, et que, si le chef d'un parti fédéral enregistré ne se présente pas, il est emprisonné... Le droit pénal pourrait être modifié. Ce serait une option. Encore une fois, je ne dis pas que c'est une bonne chose ni que c'en est une mauvaise. Je dis que c'est l'une des choses qu'on pourrait imaginer de la part d'un gouvernement.
Je crois que les membres s'y opposeraient. À coup sûr, les chefs de partis fédéraux s'y opposeraient en ce qui a trait à l'essence, car ils diraient qu'il s'agit réellement d'une sanction qui n'est pas proportionnelle au crime. Ils pourraient dire qu'ils devraient pouvoir exercer une certaine discrétion politique en ce qui a trait aux débats et à leur présence. On pourrait certainement imaginer qu'ils verraient les choses de cet oeil-là. Bien sûr, le fait de soutenir un nouveau processus pour les débats des chefs lors des élections fédérales engendrerait probablement, dans ce cas-ci, de nouvelles dépenses pour le ministère de la Justice par opposition au Bureau du Conseil privé, ce qui serait étrange.
Y a-t-il un concert dans le couloir?
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Ce serait une manière de faire les choses. Vous pourriez dire: « Écoutez, en fait, vous devez être ici, et si vous n'êtes pas là, cela constitue une infraction criminelle. »
Une autre manière de procéder serait de le faire en vertu de la Loi électorale du Canada. Dans ce cas, particulièrement si la sanction pour ne pas se présenter était une sorte d'amende, vous généreriez en fait un revenu. Si nous savions qu'un nouveau processus pour les débats des chefs lors des élections fédérales allait générer des revenus, nous devrions alors en tenir compte au moment d'examiner ces 750 000 $, car les coûts associés à l'élaboration et à la mise en oeuvre de ce nouveau processus seraient peut-être compensés par les revenus. Il est fort probable que les chefs fédéraux voudraient se présenter et ne pas assumer ce coût, mais il reste à savoir s'ils se présenteraient ou non.
Même lorsque nous pensons à cela, une autre question se pose. Quels chefs de partis fédéraux seraient admissibles ou obligés en vertu de la loi? Serait-ce uniquement les chefs des partis officiels de la Chambre des communes avant la dernière élection? Est-ce que les chefs de tous les partis politiques enregistrés feraient alors partie de ce débat? Serait-ce les chefs des partis politiques fédéraux qui obtiennent un certain nombre de votes la veille du débat? Je crois que nous pourrions entretenir un débat considérable quant aux qualifications. La raison pour laquelle il pourrait y avoir des conséquences financières tient seulement au fait que, lorsqu'on examine si un système d'amendes permettrait de générer ou non des revenus, le nombre de chefs de partis politiques fédéraux qui sont tenus d'être présents au débat est important. S'ils doivent être présents en grand nombre, il y a plus de chances que ce soit une proposition qui générera des revenus que le contraire.
Bien sûr, une autre question se pose relativement au fait d'essayer de prévoir les revenus et, par conséquent, ce que le Parlement devrait approuver si chaque chef d'un parti politique fédéral est obligé d'être présent au débat. Bien sûr, nous savons que certains partis ont plus de ressources que d'autres, et qu'un certain nombre de petits partis n'ont peut-être pas les moyens de financer la présence de leur chef à ce débat. Dans ces cas-là, les partis devront en subir les conséquences ou payer l'amende. C'est une question qui se rapporte à cela.
Ce ne sont que certains des scénarios les plus extrêmes dans lesquels le gouvernement dit qu'il va fixer la date et que la présence des chefs sera obligatoire sous le régime de droit pénal, auquel cas le Code criminel serait modifié, ou conformément à une exigence administrative en vertu de la Loi électorale du Canada, auquel cas on pourrait imposer des amendes qui pourraient générer des revenus. Dans le cadre du projet de loi , le projet de loi omnibus sur la réforme électorale, le gouvernement a en fait employé ce mécanisme comme pénalité à l'égard d'autres mesures. Dans ce projet de loi, le gouvernement a proposé que, si les partis politiques ne respectent pas la politique de confidentialité qu'ils affichent sur leur site Web, cela pourrait entraîner la radiation du parti. C'est très sévère, mais c'est une conséquence qui a déjà été proposée par le gouvernement. S'il était enclin à utiliser certains mécanismes qu'il suggère déjà à l'égard de certaines infractions importantes au droit électoral, nous pourrions alors voir un scénario où, si les chefs de partis politiques fédéraux ne se présentent pas au débat des chefs de l'élection fédérale, le parti serait radié. Encore une fois, c'est une mesure assez extrême, mais il s'agit certainement de quelque chose qui est du domaine du possible.
J'aimerais vous rappeler, monsieur le président et membres du Comité, que le débat que nous tenons sur cette initiative particulière est tellement vaste, car lorsque nous avons reçu les fonctionnaires du ministère et que nous leur avons posé des questions à propos de ce qu'ils voulaient faire avec l'argent, ils ont laissé la porte ouverte à presque toutes les possibilités. En aucun cas, ils n'ont cherché à limiter nos hypothèses quant à ce qu'ils pourraient faire ou non avec cet argent. C'est pourquoi je crois qu'il est très pertinent d'explorer certaines des possibilités quant à ce qu'ils pourraient proposer en définitive.
Assurément, si je peux penser à ces choses et si nous entendons d'autres suggestions venant d'autres membres du Comité, alors cela ne dépasse aucunement la capacité du gouvernement d'envisager ces choses également. Ce serait la question qui se poserait s'il envisageait des modifications législatives de la manière la plus élémentaire stricte possible.
Une autre façon pour le gouvernement d'introduire des modifications législatives qui seraient relativement complexes et qui, selon moi, nécessiteraient plus de financement... Par contre, comme je l'ai dit, je crois que ce serait important qu'il apporte ces changements législatifs et qu'il demande ensuite le financement. C'est une autre raison pour laquelle je pense que nous pouvons en toute conscience appuyer cet amendement et retirer cet argent du crédit 40.
Un autre type de changement législatif consisterait à ne pas laisser le gouvernement décider des dates de ces débats des chefs, mais à mettre sur pied, par voie législative, une sorte de commission indépendante qui deviendrait alors l'organisation responsable, et qui agirait de manière indépendante.
Vous vous rappellerez, monsieur le président, que certaines plaintes — et il s'agissait d'une discussion importante lors de la dernière élection, mais certains de ces griefs dataient certainement d'avant la dernière élection; il n'y a pas qu'à ce moment-là qu'ils ont été mis en lumière —, concernaient un consortium médiatique sans mandat ou pouvoir particulier ni autorisation de décider quand et où ces débats auraient lieu et de quelle manière ils se dérouleraient. C'est un aspect que toute nouvelle mesure législative prévoyant l'établissement d'une commission pourrait étudier. Nous ne savons pas si ce serait le cas, puisque nous n'avons pas la mesure législative proposée. Nous ne savons même pas si le gouvernement envisage réellement cette mesure législative. Il en est question dans le budget, et si quelqu'un veut savoir à quelle page... Je la chercherai peut-être pendant que je parle, monsieur le président, car je crois que ce serait bénéfique, et j'ai une note ici à cet égard. Le problème, c'est qu'il y en a vraiment beaucoup. J'essayais de cerner les programmes où il manquait de renseignements au sujet d'un poste budgétaire avant de donner l'approbation, et le BCP est clairement là, car il en faisait partie.
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Merci de votre intervention, monsieur Peterson. Cela m'a permis de trouver la page que je cherchais plus tôt. Si vous regardez le poste budgétaire pour un nouveau processus pour les débats des chefs lors des élections fédérales, les membres du Comité trouveront cela à la page 211 du document budgétaire intitulé « Égalité + croissance = Une classe moyenne forte. » Pour ceux qui n'ont pas la copie du budget en main, je vais simplement lire le passage suivant pour le compte rendu:
Les débats des chefs jouent un rôle essentiel lors d’une élection fédérale canadienne en faisant participer les Canadiens à la campagne électorale et en éclairant leur décision de vote. Au cours des 50 dernières années, la façon dont les débats des chefs ont été négociés a miné la transparence du processus et menaçait la structure et l’utilité éventuelle des débats.
Le gouvernement propose d’accorder 6 millions de dollars sur deux ans […]
À titre d'information, ce que vous voyez, c'est ce que, si le gouvernement demande seulement 750 000 $ cette année, il prévoit des dépenses assez importantes l'année prochaine. Cet argent servirait à soutenir un nouveau processus selon lequel les débats des chefs fédéraux seraient organisés dans l'intérêt public et renseigneraient mieux les Canadiens sur les partis, leurs chefs et leurs positions politiques. Le budget prévoit aussi ce qui suit:
Au cours des prochains mois, la ministre des Institutions démocratiques proposera des approches possibles à l’égard des débats des chefs. Il est possible que le gouvernement dépose des mesures législatives afin de mettre en oeuvre l’approche adoptée afin d’établir un nouveau processus pour les débats des chefs.
Vous pouvez voir très clairement que des modifications législatives quelconques sont envisagées. On ne s'engage pas à apporter quelque modification législative que ce soit, mais on les envisage de toute évidence. Nous avons aussi entendu que la va proposer des approches possibles, mais, encore une fois, on ne sait pas si elle va tenir des consultations, puis élaborer certaines approches. À cette étape-ci, est-ce que cela va se passer seulement au Parlement? Est-ce que cela relève du gouvernement du Canada? Quelle est la nature de la consultation? Quel est le coût de la consultation ou est-ce qu'elle a déjà préparé quelque chose qui sera examiné, qui sera présenté? À cette étape-ci, soit nous...
Un député: Ce que vous dites est très intéressant.
M. Daniel Blaikie: Ce que je trouve intéressant, c'est que tous les membres libéraux du Comité viennent de partir.