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Bonjour. Je vous remercie de me donner l’occasion de témoigner aujourd’hui. Au nom d’eBay Canada, je soulignerai que nous sommes ravis que le Comité se penche sur les moyens d’améliorer la Société canadienne des postes, étant donné que nous avons aussi un intérêt marqué pour cet enjeu. En effet, eBay a participé à la première étape des audiences du groupe de travail, et j’ai déjà dit et écrit des choses à ce sujet dans différents forums.
Nous nous préoccupons de Postes Canada pour les mêmes raisons qui devraient motiver ce comité et tous les Canadiens: les services de Postes Canada sont indispensables pour plus d’un million de petites et moyennes entreprises, ou PME, à travers le Canada. Il n’est pas exagéré de dire que Postes Canada offre une infrastructure habilitante essentielle pour l’économie canadienne.
Permettez-moi de commencer en vous donnant un aperçu d’eBay. Créée il y a plus de 20 ans, eBay est devenue l’un des plus grands marchés virtuels au monde, lequel représente environ un milliard d’annonces et 165 millions d’acheteurs actifs. Ici au Canada, eBay est une destination de commerce électronique de premier plan: plus de huit millions de visiteurs s’y rendent chaque mois, pour dépenser plus de 1 milliard de dollars chaque année.
En plus de changer la façon dont les consommateurs achètent, le cybercommerce a changé notre façon de vendre. L'entreprise eBay a créé une plateforme qui permet à tous de devenir entrepreneurs, en commençant par une annonce, et le cybercommerce a placé les détaillants en milieux rural et urbain sur un pied d’égalité. Plus besoin de vivre en ville pour avoir suffisamment d’acheteurs pour assurer la viabilité d’une entreprise.
Les entrepreneurs canadiens ont réalisé des gains impressionnants grâce au cybercommerce, et nous voulons souligner très clairement que Postes Canada est un partenaire essentiel de cette réussite. On parle beaucoup à l’heure actuelle de programmes d’innovation, mais la réalité est que c’est une société âgée de plus de 200 ans qui favorisent l’innovation des PME.
Postes Canada permet aux petites et moyennes entreprises canadiennes de participer à l’économie mondiale en leur offrant un accès relativement efficace à ses marchés au moyen de ce que l’on pourrait appeler la route commerciale du XXIe siècle. Il s’agit d’un commerce important. Au Canada, les vendeurs commerciaux qui utilisent eBay exportent à concurrence de 99,9 % vers 20 différents marchés, ce qui dépasse de loin les résultats des PME traditionnelles. En raison de la capacité de ces entreprises à desservir efficacement les marchés étrangers, plus de la moitié de leurs ventes proviennent de clients internationaux.
Postes Canada s'occupe de plus de 90 % des transactions d’eBay Canada. Il ne fait aucun doute que les micromultinationales dont je viens de parler dépendent de Postes Canada pour leurs activités à l’échelle nationale et internationale.
Postes Canada est un catalyseur pour les petites et moyennes entreprises, mais elle crée également des défis importants pour elles. Par exemple, l’incertitude qui planait l’été dernier au sujet d’une perturbation possible a créé de sérieux obstacles pour les PME canadiennes. Bien qu’un arrêt de travail n’ait pas eu lieu, les entreprises canadiennes ont dû se préparer à la possibilité d’une grève ou d’un lock-out. Elles ont dû investir temps et efforts pour prendre d’autres dispositions, plus coûteuses dans bien des cas. D’après ce que nous ont dit nos vendeurs, nous n’avons pas été surpris quand Postes Canada a annoncé le 8 juillet dernier que la quantité de colis qu’elle expédiait avait chuté de plus de 80 %.
Contrairement à leurs concurrents de plus grande taille, les petites entreprises n’ont pu tirer parti d’économies d’échelle pour négocier des tarifs favorables auprès des messageries privées, ce qui a forcé nombre de PME à créer une mosaïque de solutions pour répondre aux attentes de leurs clients. La propriétaire d’une petite entreprise basée à Winnipeg, Maureen Lyons, a expliqué devant ce comité qu’elle avait dû « offrir un ramassage local pour les ventes régionales, un service de messagerie pour les commandes sur le marché intérieur, et des déplacements d’une journée au sud pour pouvoir recourir à USPS pour les ventes internationales ». Maureen était parmi les milliers de vendeurs qui ont dû affronter cette incertitude.
Comme le risque d’un arrêt de travail a duré jusqu’en août, eBay a rédigé une lettre au demandant un retour aux services postaux uniformes. Dans les 24 heures, plus de 2 000 vendeurs eBay préoccupés avaient signé la lettre. Tous se sont réjouis qu’un règlement négocié soit intervenu peu après; toutefois, étant donné qu’il s’agit d’un accord de deux ans, les PME craignent le retour de l’incertitude d’ici quelques mois.
Nous croyons que Postes Canada devrait dorénavant miser sur la croissance accélérée de son service de colis en élargissant ses activités de cybercommerce, tout en offrant un suivi abordable et en fixant des niveaux de tarification agressifs. De plus, Postes Canada devrait investir pour améliorer la commercialisation des services de cybercommerce qu’elle a créés, comme la FlexiLivraison, afin de favoriser une sensibilisation et une adoption plus larges.
La modernisation des règles douanières ferait également augmenter le volume d’activités de Postes Canada. Comme l’a noté le groupe de travail, le seuil de minimis du Canada, c’est-à-dire la valeur des marchandises qui peuvent être expédiées au Canada avant l’imposition des droits de douane, n’est pas conforme aux normes internationales. Son relèvement pourrait accélérer la croissance du volume de colis expédiés. eBay Canada appuie ce rehaussement et demande que le Comité recommande le relèvement du seuil de minimis du Canada.
À titre de plateforme desservant les petites et moyennes entreprises canadiennes, eBay se réjoui de l’occasion de comparaître devant vous aujourd’hui et il me tarde de répondre à vos questions.
Bonjour monsieur le président et bonjour aux membres du Comité. Merci beaucoup de nous avoir invités. Je vous présente mes associés, Uros Karadzjc et Pierre Lanctôt. Pierre est ici pour parler de l'évaluation financière, et Uros est ici pour passer en revue les questions liées au régime pension.
Le mandat que nous avons reçu du groupe de travail était de passer en revue quatre volets de travail.
[Français]
Notre analyse comportait quatre chantiers: premièrement, faire la revue et la validation de la performance financière de Postes Canada au cours des cinq dernières années; deuxièmement, faire l'évaluation de l'incidence financière de la reprise des paiements au titre du déficit de solvabilité; troisièmement, apporter un point de vue indépendant sur les projections financières de Postes Canada jusqu'en 2026, y compris les mesures du plan d'action en cinq points; et, finalement, valider la cible d'économies annuelles de 400 à 500 millions de dollars liées au passage aux boîtes postales communautaires et évaluer les possibilités de maintenir le service de livraison porte-à-porte.
[Traduction]
Si vous le permettez, les principales constatations que nous aimerions porter à votre attention porteront sur trois enjeux. Le premier est celui de la situation financière de la société; le deuxième est celui des économies associées aux BPCOM (les boîtes postales communautaires); et le dernier est celui de la situation des pensions.
Commençons par la situation financière de la société. On se rappelle que l'augmentation de prix stratégique ponctuelle d'avril 2014 et la hausse du volume partiel ont momentanément freiné l'affaiblissement de la situation financière de Postes Canada. À plus long terme, les projections financières jusqu'en 2026 laissent entrevoir une situation insoutenable, avec des pertes annuelles de l'ordre de plus de 700 millions de dollars. Les facteurs de ces résultats négatifs sont multiples, mais comprennent l'érosion soutenue du courrier postal en raison de l'usage répandu des communications électroniques; la pression inflationniste sur les coûts; l'agrandissement du réseau lié à la croissance démographique au Canada; la concurrence, notamment la venue de nouveaux fournisseurs de services, des fournisseurs de services à moindre coût et l'avènement de technologies perturbatrices; et les besoins de financement du régime de retraite. Notre analyse nous porte à croire que le montant des pertes projetées par Postes Canada se situe à la limite optimiste de la fourchette des pertes estimatives raisonnables. Il pourrait être plus élevé.
La structure des coûts de main-d'oeuvre est un facteur important à l'origine des pertes financières. Si nous prenons les heures travaillées par les employés de Postes Canada, c'est d'environ 68 % plus élevé que celui des concurrents. Le coût des agents de livraison est d'environ 26 % plus élevé. Les coûts de main-d'oeuvre comptent pour environ 70 % des coûts de Postes Canada. L'existence de tels écarts pose problème, en particulier à l'heure où la réussite future de la société dépend de plus en plus de sa capacité de mener ses activités dans le marché de la livraison des colis.
Je dirai peut-être quelques mots sur le...
[Français]
programme de boîtes postales communautaires.
La proposition initiale visait à dégager des économies de l'ordre de 450 millions de dollars par année. Nous avons revu les hypothèses, testé celles-ci, revu aussi la mise en oeuvre partielle du programme jusqu'au moment de sa suspension à l'automne 2015, et nous croyons que les montants de 450 millions de dollars sont cohérents.
La réalisation de ces économies est un facteur essentiel à la stabilisation temporaire de la situation financière de Postes Canada. Si le programme n'était pas relancé de manière essentiellement conforme à la proposition initiale, Postes Canada y épuiserait rapidement ses fonds, ce qui l'obligerait à emprunter un montant estimatif de 2,9 milliards de dollars d'ici à 2026.
Maintenant, j'aimerais dire quelques mots sur la pension.
[Traduction]
Le passif au titre du régime de retraite de Postes Canada est important par rapport à ses revenus. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette situation. Certains touchent tous les régimes de retraite au Canada, alors que d'autres sont propres à Postes Canada. Tous les régimes au Canada ont été touchés par la conjoncture de faibles taux d'intérêt et d'affaiblissement des taux d'intérêt, l'accroissement de la longévité et la volatilité du rendement des actifs.
En outre, l'exonération de l'obligation d'effectuer des paiements au titre du déficit de solvabilité dont s'est prévalue Postes Canada ces dernières années a permis de relâcher une certaine pression de financement du régime, mais a fait en sorte que ce dernier, comptant moins d'actifs, affiche un passif de retraite plus important.
La plupart des employeurs canadiens offrant des régimes de retraite sont passés à des régimes de retraite à cotisations déterminées. Bien que Postes Canada ait apporté de semblables modifications ces dernières années à l'égard de certains dirigeants et de tous les membres de la haute direction, la très grande majorité de ces salariés reste visée par un régime à prestations déterminées assorti d'une clause d'indexation. Modifier le régime à l'intention des futurs salariés ne freinera que partiellement l'évolution du problème, n'accordant aucun répit significatif à la situation financière de la société à court ou à moyen terme. Le déficit actuel est un problème qui ne se résoudra pas tout seul.
Finalement, nous proposons plusieurs façons d'aborder la question du déficit de solvabilité. Elles comportent toutes des avantages et des inconvénients. Certaines sont plus faciles à mettre en œuvre que d'autres, mais aucune n'est sans conséquence. La décision quant à la solution à préconiser repose sur des questions d'équité entre les pensionnés, les salariés, les contribuables et les générations futures. Il s'agit clairement d'une question stratégique.
Sur cette note, nous vous remercions, monsieur le président, ainsi qu'au nom de nos collègues.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité. Merci de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
Oliver Wyman est un cabinet mondial de conseil en gestion. Nous faisons partie de Marsh & McLennan, une société de services-conseils et de gestion des risques globale qui facture 13 milliards de dollars. Nous combinons des connaissances approfondies de l'industrie et une expertise spécialisée dans la stratégie, les opérations, la gestion des risques et la transformation organisationnelle. Nous aidons les entreprises à optimiser et à améliorer leur performance et à renforcer l'efficacité organisationnelle dans les domaines les plus prometteurs. La crédibilité de notre entreprise se fonde sur plus de 40 années d'expérience au service de clients comptant parmi les entreprises classées au « Global 1000 ». Nous avons plus de 4 000 employés et des bureaux et des opérations dans plus de 50 villes dans 26 pays.
Plus précisément, nous sommes organisés verticalement, par industrie, ce qui signifie que nous apportons l'expertise du domaine à chaque projet. Je représente une équipe de deux autres partenaires impliqués. Je fais partie de notre pratique du transport. Nous avions un leader venant de la banque commerciale, ainsi que notre leader européen de la pratique des transports internationaux et trois consultants à plein temps sur le projet.
Oliver Wyman a été engagé par le groupe de travail pour évaluer les opérations commerciales prévues et potentielles tant dans les secteurs traditionnels d’activités que dans les nouveaux. Pour faire simple, mes collègues de EY se sont concentrés sur les activités de base et le rendement de référence, alors que nous nous sommes intéressés aux nouveaux domaines possibles pour Postes Canada.
Sur la base de notre expérience internationale, nous avons identifié près de 40 initiatives présentant un potentiel pour Postes Canada, qui ont été examinées en détail dans le rapport. Elles couvraient les nouvelles branches d’activités, les changements aux services existants, ainsi que les changements appliqués au modèle d'actif existant. Nous avons créé une méthodologie de filtrage pour évaluer la longue liste des idées et nous concentrer sur les domaines potentiellement les plus payants. Cette évaluation itérative de la longue liste, selon la méthodologie de filtrage, a permis de sélectionner les opportunités offrant le plus fort potentiel. Le rapport du groupe de travail comprend des analyses plus détaillées et des analyses des éléments clés de chacune de ces listes.
Voici quelques-unes des principales constatations en termes de facteurs de valeur et de délimitation de ces futurs domaines d'opportunité. Les principaux facteurs sont les suivants. Le premier est l’évolution de la demande; le volume du courrier électronique continue de diminuer, tandis que le volume des colis augmente, principalement en réponse à la croissance du commerce électronique. Ensuite, la concurrence croissante; la concurrence pour la livraison de colis, ainsi que les services connexes qui remplacent la communication papier, est de plus en plus féroce. Il y a un modèle commercial hybride. Bien que la distribution de lettres et de colis partage des actifs, ce sont des modèles d'entreprise fondamentalement différents. De plus, l’une bénéficie d’une garantie d'exclusivité du gouvernement alors que l'autre est très concurrentielle, ce qui est encore compliqué par la scission entre Postes Canada et les entreprises de colis Purolator. Enfin, le coût élevé de la main-d'œuvre; les conventions collectives déterminent des taux de coûts de la main-d'œuvre supérieurs d’environ 20 % aux taux du secteur privé, ce qui ajoute de nouvelles contraintes à la flexibilité des entreprises et limite la capacité d'adaptation ou de changement des opérations courantes.
L’une des conclusions à retenir est qu'il n'y a pas de panacée. Certaines des options sont valables et ont été jugées intéressantes à poursuivre. Il n'y a pas d'initiative crédible capable d’infléchir les tendances de la demande. Parmi les initiatives potentiellement les plus payantes, les meilleures opportunités étaient axées sur l'amélioration ou l'optimisation des opérations actuelles de Postes Canada en réponse à la baisse des volumes. Toutefois, la plupart de ces possibilités exigeraient une certaine souplesse de la part du gouvernement, de la politique et de la main-d'œuvre.
Il existe des possibilités d'augmenter la rentabilité. La plupart sont insuffisantes, même combinées, pour compenser la réduction des volumes. La publicité et la consolidation avec les centres de Service Canada en font partie. Nombreuses sont également celles qui échappent à la SPC parce qu’elles cadrent mal avec ses compétences ou en raison du coût élevé de ses services, et aussi en raison de préoccupations concurrentielles, tenant au fait pour le gouvernement de mettre en lice une entité subventionnée dans un contexte déjà établi de concurrence sur le marché privé.
Dans bon nombre des domaines identifiés, les contraintes en matière de relations de travail constituent un défi majeur, en particulier pour les initiatives où des ajustements à la convention collective en place seraient nécessaires. Un alignement complet sur les calendriers de négociation des contrats exigerait que la mise en oeuvre s’étale sur 5 à 10 ans.
Enfin, un certain nombre d'initiatives envisagées pour réduire les coûts ou accroître les recettes pourraient miner la SPC en lui faisant perdre de la clientèle tout en renforçant la concurrence, ce qui pourrait accélérer la dégradation de sa situation financière malgré les avantages qui en découlent. C’est potentiellement le cas du système de distribution un jour sur deux ou de livraison du dernier tronçon pour compte de tiers.
Voici les résultats de l'analyse détaillée des options. Il s’agit de possibilités envisagées, pas de recommandations spécifiques, et elles doivent être soupesées par rapport aux autres priorités. La première consisterait à passer à un système de distribution du courrier un jour sur deux, ce qui permettrait d'économiser 74 millions de dollars par an. Une autre consisterait à assouplir le moratoire de 1994 et la convention passée avec le STTP, ce qui permettrait à la Société de convertir davantage de bureaux de poste en franchises. Et d'économiser 177 millions de dollars par an. Ensuite, il y a la rationalisation des dépôts et des centres de tri pour adapter le réseau aux changements du volume et de la composition des produits, ce qui permettrait d'économiser environ 66 millions de dollars par an et nécessiterait probablement des dépenses en immobilisations.
Ensuite, confier à Postes Canada la prestation de services gouvernementaux, permettrait de consolider certains centres de Service Canada, et d'économiser environ 11,5 millions de dollars par an. La généralisation de la distribution par alternance et du service de livraison de proximité pour compte de tiers, représente environ 10 millions de dollars par an. Le renforcement des synergies avec Purolator au-delà des efforts en cours et déjà identifiés générerait environ 16,5 millions de dollars par an. Finalement, la vente d'espace publicitaire dans les magasins de détail et sur la flotte des véhicules de livraison rapporterait près de 20 millions de dollars par an.
Nous avons effectivement fait une étude de la possibilité d’offrir des services bancaires postaux. Il en ressort que cela ne représente qu'une opportunité marginale pour Postes Canada et, après comparaison avec d'autres initiatives à plus haut rendement et à moindre risque explorées dans le rapport principal, comme la redéfinition des activités de vente au détail, nous ne la préconisons pas.
Veuillez noter que ce rapport et l'examen connexe des options commerciales stratégiques de la SPC contiennent une quantité importante d'informations jugées commercialement sensibles par Postes Canada.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions maintenant, et plus tard pendant la séance à huis clos.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être parmi nous.
Je dispose de sept minutes. Ce n'est pas toujours facile, dans ce laps de temps, de poser des questions et d'obtenir des réponses complètes. Je vais essayer de formuler des questions plus directes, plus courtes, sans trop de préambule.
Il y a différentes approches possibles. Selon les études réalisées ou la vision adoptée pour arriver à un résultat, on peut voir Postes Canada comme un service, ou encore comme une entreprise commerciale qui fournit un service selon le principe de l'utilisateur-payeur. On pourrait voir cela de cette façon.
Votre étude aurait-elle donné lieu à une vision ou à des recommandations différentes, si vous aviez utilisé une philosophie ou une approche différente, une approche qui ne soit pas strictement axée sur la dimension des affaires, sur la rentabilité, sur l'absence de subventions, sur la viabilité de la chose? Au contraire, on aurait pu entrevoir Postes Canada comme un service au même titre qu'un service de la santé, c'est-à-dire pour lequel il y a toujours des coûts, mais pas de déficit, du fait qu'il constitue un service essentiel.
Est-ce que l'approche change beaucoup les résultats?
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En public, s'il vous plaît
Merci à vous tous encore une fois.
Je vais dire d'abord quelques mots et vous pourrez répondre ensuite.
Des gens nous ont dit, et nous avons tenu de nombreuses consultations, qu'au cours des 19 ou 20 dernières années, Postes Canada a fait des profits, versé des dividendes et payé des impôts, ce qui représente des milliards de dollars. Vos hypothèses sont probablement un peu faussées parce que vous avez dû prendre des données qui étaient parfois fiables et parfois non. Vous avez déjà répondu à cela, mais ce que j'ai aussi compris de ce que les gens nous ont dit, c'est que la direction de Postes Canada ne sort pas des sentiers battus et n'adopte pas une approche intégrée dans sa réflexion. Ce n'est pas votre mandat, parce que votre mandat était totalement différent. Mais nous devons trouver un bon équilibre. Vous dites de s'en tenir à ce que l'on connaît, mais si ce que l'on connaît disparaît, que diable faites-vous alors? Il faut être créatif et faire preuve d'imagination. Ma question est la suivante: quels autres domaines stratégiques envisageriez-vous?
Vous dites que Postes Canada, dans son format actuel, pourrait se désintégrer. Le devrait-elle?
Monsieur Spear, ma question concerne plus précisément l'Australie. J'ai regardé le cas de l'Australie. C'est à peu près aussi grand que nous avec une forte population rurale, mais elle possède un service bancaire postal qui marche très bien. Avec une population de 24 millions, elle fait apparemment 6,6 milliards de dollars de profits. Que pouvons apprendre de cet exemple et avez-vous eu l'occasion de tirer des enseignements? Nous ne pouvons pas simplement rejeter l'idée parce qu'en 1968, la banque postale a été un succès et que le lobby bancaire est ensuite intervenu. Nous devons avoir un équilibre. Donnez-moi votre analyse et je poserai ensuite l'autre question.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour. Je m'appelle Lynn Hemmings. Je suis la chef principale des paiements et pensions à la direction de la politique du secteur financier au ministère des Finances.
Je suis ici aujourd'hui pour répondre à vos questions au sujet du régime de pensions de Postes Canada, mais permettez-moi d'abord de vous expliquer le contexte des exigences de provisionnement dans le cadre de la législation sur les pensions fédérales, la Loi sur les normes de prestation de pension, ou LNPP.
Dans le cadre de la LNPP, le gouvernement fédéral réglemente les régimes de pension des sociétés d'État et du secteur privé recouvrant des secteurs d'emploi sous compétence fédérale tels que les télécommunications, le secteur bancaire et le transport interprovincial. Il y a actuellement plus de 1 200 régimes de pensions sous réglementation fédérale dont plus de 300 sont des régimes à prestations déterminées. Le régime pensions de Postes Canada est le plus important régime à prestation déterminée sous compétence fédérale, avec près de 22 milliards de dollars d'actifs du régime au 31 décembre 2015.
Dans le cadre de la LNPP, les régimes à prestation déterminée doivent être financés à la fois sur la base du passif à long terme et sur celle du passif de solvabilité. « Le passif à long terme » considère que le régime opère indéfiniment tandis que la solvabilité considère que le plan se termine et que toutes les prestations de pension promises doivent être payées immédiatement.
Le but des exigences de provisionnement de solvabilité est de protéger les prestations de pension pour les participants du régime et les retraités en garantissant que les actifs du régime sont suffisants pour répondre à toutes les obligations du régime. Dans les cas où un régime n'a pas de déficit de provisionnement de solvabilité, la LNPP donne la souplesse nécessaire pour financer ce déficit pendant cinq ans.
Aujourd'hui, certains promoteurs continuent à faire face à des difficultés de provisionnement pour leurs régimes à prestations déterminées à cause d'une combinaison de facteurs, dont le contexte actuel de faiblesse des taux d'intérêt, de volatilité du rendement des marchés et d'accroissement de l'espérance de vie des retraités. Au cours des 10 dernières années, le gouvernement a mis en oeuvre un certain nombre de mesures d'allégement temporaire de la capitalisation du déficit de solvabilité des régimes pour gérer ces problèmes.
En 2006, un déclin brutal des taux d'intérêt à long terme combiné avec de faibles rendements des investissements et un accroissement de l'espérance de vie ont eu pour conséquence des déficits de solvabilité pour de nombreux régimes. Pour aider à alléger ces pressions, le gouvernement a adopté des mesures d'allégement temporaire de la capitalisation du déficit de solvabilité des régimes qui ont permis que les déficits de solvabilité soient payés sur une longue période. À la suite de la mise en oeuvre de ces mesures, le niveau de provisionnement des régimes a commencé à s'améliorer.
En 2009, dans le sillage de la crise financière, le niveau de provisionnement des régimes a recommencé à se détériorer à cause d'un déclin important des marchés mondiaux et une nouvelle baisse des taux d'intérêts. Pour aider les régimes confrontés à ces difficultés, le gouvernement a une nouvelle fois adopté des mesures d'allégement temporaire de la capitalisation du déficit de solvabilité des régimes. Alors qu'il devenait évident que la faiblesse des taux d'intérêt et la volatilité du rendement des marchés devenaient la nouvelle norme, le gouvernement est passé à la mise en place de mesures d'allégement permanentes. Ces mesures ont inclus l'autorisation de l'utilisation de lettres de crédit pour couvrir les paiements spéciaux de solvabilité dans la limite de 15 % de la valeur sur le marché des actifs du régime et le passage à une moyenne de trois ans pour le calcul des taux de solvabilité afin de réduire la volatilité du déficit du régime.
Pour les régimes de pension qui sont confrontés à des défis financiers uniques, le ministre des Finances a le pouvoir d'accorder un soutien financier en utilisant des réglementations spéciales. Dans le cas d'Air Canada, par exemple, afin de donner à l'entreprise le temps nécessaire pour restructurer ses opérations, son régime de retraite a été exempté d'exigences de provisionnement de solvabilité entre 2014 et 2020 en échange d'une injection d'au moins 150 millions de dollars par an dans le régime. Le résultat de l'amélioration des opérations commerciales, des changements dans la conception du régime et d'une nouvelle stratégie d'investissement a été qu'Air Canada a pu éliminer son déficit de solvabilité et annoncer en mai 2015 que l'entreprise sortait des réglementations spéciales avec un régime désormais excédentaire.
Le ministre des Finances a aussi exempté Postes Canada des exigences de provisionnement de solvabilité de 2014 à 2018. Cet allégement a été apporté dans le cadre d'un déclin continu des volumes de courrier et une recette nette faible ou nulle générée par la Société. Comme pour Air Canada, le but du soutien était de donner le temps à Postes Canada de redevenir financièrement durable. Comme l'allégement de capitalisation expire à la fin de 2017, nous continuons à suivre les développements du régime de pensions de Postes Canada.
Nous avons hâte d'entendre les recommandations de ce comité sur les activités commerciales de Postes Canada, qui aideront à informer nos conseils au pour la suite du régime de retraite.
Merci.
:
Merci de nous avoir invités à parler aujourd'hui avec le Comité au sujet du régime de pension de Postes Canada.
Je voudrais faire quelques observations au sujet du régime, je me référerais au document supplémentaire qui a été distribué, puis nous nous réjouirons de répondre à vos questions.
Je suis actuaire chez Mercer, qui est la firme d'actuariat du régime depuis son lancement en 2000. Dans mon rôle d'actuaire, je travaille sur les validations annuelles du régime préparées à des fins de capitalisation et de comptabilité. Nos évaluations sont réalisées selon la législation applicable et les consignes réglementaires sous compétence fédérale et selon les normes professionnelles de l'Institut canadien des actuaires. Les résultats de l'évaluation sont présentés chaque année à la direction de Postes Canada, au comité des retraites du conseil d'administration et au comité consultatif du régime de retraite auquel siègent des représentants de la direction et de divers syndicats.
Je suis accompagné par mon collègue Michel St-Germain. Michel apporte un point de vue plus large sur les tendances qui parcourent les régimes de retraites dans l'histoire et en différents lieux. Michel joue ou a joué divers rôles au sein de l'Institut canadien des actuaires et de l'Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite.
J'ai quelques remarques à faire sur la taille du régime. Le régime de pensions de Postes Canada a connu une croissance régulière depuis son lancement. Comme le montre le graphique 1 des documents supplémentaires, les actifs du régime ont presque triplé de taille entre 2001 et 2015. Au cours de la même période, le passif de solvabilité a plus que quadruplé.
Le déficit de solvabilité était d'environ 6 milliards de dollars à la fin 2015 et est passé à environ 8 milliards jusqu'ici pour 2016. Le plus grand facteur de ce passif de solvabilité et de ces déficits a été le déclin des taux d'intérêt ces dernières années. Le graphique 2 montre que le taux d'intérêt net de l'inflation utilisé pour évaluer le passif de solvabilité était tombé à 1,2 % à la fin de 2015 contre 2,25 % 10 ans plus tôt. Au 30 juin 2016, ce taux était tombé à 0.08 %
À mesure de sa croissance, le régime est devenu très important comparé à la taille de Postes Canada. Nous avons illustré cela de deux manières dans les graphiques 3 et 4. Le graphique 3 montre la taille des obligations en matière de pensions sur la base d'une comptabilité d'entreprise exprimée en pourcentage du chiffre d'affaires. Cela exclue d'ailleurs les obligations en matière d'avantages complémentaires qui représentent environ 4 milliards de plus. Ce pourcentage a augmenté presque chaque année au cours des 10 dernières années, passant de 226 % à 390 % des recettes. Pour mettre ces chiffres en perspective, le graphique montre aussi la distribution du même type de résultats pour des organisations de l'indice composite TSX ayant des régimes à prestation déterminée.
Il est clair que la croissance du régime de pensions de Postes Canada a largement dépassé celle de ses recettes qui sont restées aux environs de 6 milliards de dollars par an sans les succursales au cours de la période donnée.
À part ces recettes à croissance à peu près nulle, une autre explication de ces pourcentages élevés est la relative générosité des régimes de pensions de Postes Canada, par exemple l'indexation intégrale garantie. Étant donné le nombre actuel de participants actifs et étant donné que beaucoup des nouvelles recrues de Postes Canada continuent à rejoindre le régime à prestation définie, on s'attend à ce que la croissance du régime continue pendant de nombreuses années.
Le graphique 4 montre une autre manière de représenter la taille relative. Il montre les cotisations de l'employeur au régime de retraite en pourcentage des revenus d'entreprise. Les exigences de contribution de Postes Canada en l'absence des mesures d'allégement de capitalisation qui lui sont accordées ont varié fortement, entre 1 % et 15 % au cours de cette période.
Le graphique 5 montre l'historique des cotisations au régime de pensions de Postes Canada. Les barres rouges et bleues pleines montrent comment les cotisations courantes des employés et de l'employeur ont évolué au cours du temps pour refléter une répartition plus équilibrée de ces coûts. En supplément des cotisations courantes, Postes Canada est responsable du financement des déficits. Les déficits de continuité d'exploitation doivent être payés dans les 15 années. Les exigences de provisionnement de solvabilité sont plus compliquées puisque nous avons l'obligation selon les règles de financement fédérales de déterminer les paiements spéciaux sur la base d'un ratio de solvabilité sur une moyenne de trois ans. Le graphique 8 des documents supplémentaires montre les détails de ces calculs, mais nous n'entrerons pas dans les détails sauf si vous avez des questions sur ce point.
Les barres rouges hachurées montrent le déficit de cotisations de Postes Canada qui représentent plus de 1,6 milliard de dollars au total, principalement pour les déficits de solvabilité. Il y a deux éléments à souligner dans ce graphique. Depuis 2011 les sociétés d'État mandataires comme Postes Canada ont eu le droit de réduire leurs paiements spéciaux de solvabilité à hauteur d'une réduction cumulée totale de 15 % des actifs du régime. Postes Canada a utilisé cela pour réduire ses exigences de paiements spéciaux de 2011 à 2013 avec une réduction cumulée des paiements spéciaux de 2,4 milliards. Cette limite de réduction cumulée de 15 % des actifs aurait été atteinte en 2014 avec la possibilité que les exigences de paiements restantes dépassent la capacité de Postes Canada à payer.
En réponse à ce problème, des régulations spéciales ont été promulguées au début 2014 — c'est le soutien spécial à CSP — exemptant Postes Canada des exigences de paiements spéciaux de 2014 à fin 2017. La barre jaune du graphique 5 montre les principaux paiements qui auraient été faits au régime si le soutien spécial à CSP n'avait pas été mis en oeuvre.
Au graphique 6, nous voyons l'amplitude prévue des projections des cotisations d'employeur sur les cinq prochaines années, basées sur les conditions de marché et les résultats d'évaluation à la fin 2015. Comme l'indiquent les petits carrés bleus, la cotisation médiane prévue au cours de cette période varie entre 260 millions et 540 millions. Toutefois, le graphique montre qu'il y a une probabilité d'au moins 25 % que les exigences de cotisations excèdent 1 milliard de dollars en 2019 et 2020 comme l'indique le haut des barres vert clair. Depuis la fin de l'année, les taux d'intérêt du marché ont significativement décliné, donc nos estimations actuelles des cotisations futures ont tendance à être supérieures à celles indiquées sur ce graphique.
Le groupe de travail a proposé des solutions pour modifier ou éliminer les exigences de provisionnement de solvabilité pour Postes Canada. L'élimination du provisionnement de solvabilité obligatoire enlèverait une bonne partie de la pression de financement à court terme que le régime met sur Postes Canada; toutefois, des risques importants demeureraient à plus long terme. Même en l'absence de paiements spéciaux de solvabilité, la taille relative du régime par rapport à Postes Canada resterait au moins aussi importante. Par exemple, la taille relative de l'obligation comptable du graphique 3 n'est pas du tout affectée par les exigences de cotisation.
Actuellement, le passif à long terme est beaucoup moins coûteux que la solvabilité; toutefois, c'est largement dû à l'hypothèse que la composition des actifs du régime — en particulier son allocation à des catégories d'actifs plus risquées telles que les actions publiques — générera des rendements plus élevés que la composition plus conservatrice d'actifs qui est nécessaire aux besoins de solvabilité. Alors que nous nous attendons à ce que cela soit le cas en moyenne sur le long terme, il n'est pas garanti que cela se produise sur une période en particulier. Il faut aussi noter que si les participants vivent plus vieux que ce que nous avons supposé, les coûts du régime pourraient augmenter.
Postes Canada peut réduire le risque de volatilité de la situation nette du régime en réduisant ses allocations vers des actifs risqués; cependant cela réduira les prévisions de rendement et augmentera le coût. Il n'est pas difficile d'imaginer le surplus actuel du passif à long terme se transformer en déficit à cause d'une mauvaise expérience. Une année de rendement d'actifs comme nous l'avons vue lors de la crise des marchés de 2008 pourrait aboutir à des paiements spéciaux à hauteur de 2 milliards de dollars vers le régime sur 10 ans, même en l'absence d'exigences de provisionnement de solvabilité. De plus, les hypothèses peuvent changer au fil du temps alors que la composition des actifs ou les prévisions actuarielles évoluent.
Ces types de risques sont attendus avec des régimes traditionnels à prestation déterminée. C'est la taille de ce régime de pension par rapport à la taille de Postes Canada qui fait que c'est particulièrement préoccupant.
Il est intéressant de noter que deux des régimes de pensions du secteur public les mieux considérés, le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario et le Healthcare of Ontario Pension Plan — HOOPP — sont exemptés de provisionnement de la solvabilité et pourtant ces régimes ont tous deux avancé vers une modification des droits qu'ils offrent, en particulier le niveau d'indexation garanti, pour contrôler les coûts et la volatilité.
Si Postes Canada devait bénéficier d'une exemption de financement sur une base de solvabilité, nous pourrions aussi encourager une réflexion sur des changements supplémentaires pour nous attaquer aux risques restants.
En ce qui concerne la politique d'investissement, Postes Canada prévoit de graduellement réduire ses allocations vers des actifs plus risqués à mesure que la situation du régime s'améliore. Cela rendra le régime moins sensible aux changements des taux d'intérêt du marché, même si cela ne règle pas le déficit actuel.
En ce qui concerne les régimes à cotisations déterminées comme celui proposé par Postes Canada, ils représentent la plus faible volatilité de coût possible pour la portion du régime qu'ils couvrent. Les régimes à cotisations déterminées sont de plus en plus courants, en particulier dans le secteur privé. Récemment, Unifor a accepté un régime à cotisations déterminées pour les nouvelles recrues de General Motors lorsqu'il est devenu clair que GM ne pourrait pas payer un régime à prestations déterminées. Tandis que l'extension d'un régime à cotisations déterminées à davantage de participants ralentirait la croissance de la composante à prestations déterminées du régime, le problème du financement de la composante à prestations déterminées demeurerait.
Concernant les régimes à risques partagés, il y a des possibilités intermédiaires qui visent à conserver une grande partie de sources de revenus prévisibles des régimes à prestations déterminées tout en réduisant considérablement la volatilité des coûts. De tels plans partagent les risques entre l'employeur et les participants, ou entre les participants en tant que groupe, ce qui est préférable au risque individuel. Une telle conception réduirait ou éliminerait l'indexation garantie des pensions, en indexant les pensions uniquement sur ce que permet la situation financière du régime, selon des règles établies à l'avance. Postes Canada a réfléchi à ce type de conceptions.
Une autre possibilité est le régime à prestation cible. Dans un régime à prestation cible, les cotisations de l'employeur seraient prévisibles et des règles claires seraient établies à l'avance en ce qui concerne la gestion des excédents et des déficits, avec un risque de diminution de certaines prestations dans les périodes difficiles. Le gouvernement fédéral a présenté un projet de loi ce mois-ci pour permettre l'établissement de régimes à prestation cible dans la compétence fédérale. Nous avons discuté du concept de régime à prestation cible avec Postes Canada.
Tandis que les régimes à risque partagés peuvent bien fonctionner pour l'avenir, les prestations déjà acquises restent dans les régimes à prestations déterminées traditionnels sauf si des participants ou leurs syndicats consentent à passer au nouveau régime.
Une dernière possibilité à envisager est la gouvernance conjointe. Certains des plus importants régimes de retraites canadiens sont administrés conjointement par des représentants de l'employeur et des participants, ils prennent des décisions ensemble. Le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario et le Healthcare of Ontario Pension Plan sont des exemples de tels régimes. Dans les bonnes conditions, cela peut fonctionner très bien, mais nous pensons que la gouvernance conjointe est mieux réalisée en conjonction avec la responsabilité partagée pour le financement des prestations pour services passés.
C'est la conclusion des remarques que nous avions préparées. Merci, nous attendons vos questions.
Je suis également actuaire de profession et l'on m'a demandé de présenter certaines des caractéristiques principales du régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario qui contribuent à la pérennité du dispositif.
Le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario, ou RREO, a été pensé comme une organisation indépendante en 1990. Nous sommes un régime de retraite administré conjointement, conçu et gouverné pour assurer un équilibre entre les intérêts des différentes parties. Nous avons une structure de gouvernance robuste qui articule clairement les rôles et les responsabilités composée d'un conseil professionnel et indépendant de 11 membres. Les promoteurs du plan sont la province de l'Ontario, plus précisément le ministre de l'Éducation et la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, la FEO, qui représente les participants au régime de pension.
Les responsabilités du conseil incluent la gestion des investissements du fonds de pension, établissant les hypothèses clés de charges à payer, y compris l'évaluation du taux d'actualisation et l'administration des prestations de pension pour nos 385 000 professeurs en activité et à la retraite. Les responsabilités des promoteurs du régime incluent la détermination des niveaux de prestations et de cotisations en établissant la manière dont les déficits doivent être financés et la façon dont les excédents sont utilisés. La structure du plan de retraite administré conjointement garantit que les participants, représentés par la FEO et la province ont voix au chapitre pour ces prises de décision critiques et ont conscience des risques associés. Nous sommes un régime de pension à prestations définies cotisables avec une protection complète contre l'inflation pour les prestations acquises avant 2010 et avec une protection contre l'inflation plus conditionnelle pour les prestations acquises après 2009. J'en dirai davantage sur le fonctionnement de la protection conditionnelle contre l'inflation, dans un instant.
Nos enseignants cotisent actuellement à hauteur de 12 % de leur salaire, en moyenne, ce qui est doublé par la province de l'Ontario. Notre objectif stratégique est d'avoir un régime entièrement financé avec une cotisation de 11 % du salaire, en moyenne, doublé par la province assorti d'une protection à 100 % contre l'inflation sur toutes les pensions. Fin 2015, la valeur de nos actifs sur le marché était de 171 milliards de dollars. Nous avons récemment publié le rapport d'évaluation du 1er janvier 2016, dévoilant un excédent du passif à long terme de 4,5 milliards de dollars. Notez que nos évaluations doivent être à l'équilibre, car nous ne pouvons pas produire une évaluation avec un déficit.
Si l'on remonte au début des années 2000, la situation financière du régime et les réalités démographiques ont un impact direct sur la manière dont nos actifs sont gérés. Nous fixons une politique de combinaison d'actifs en prenant en compte les besoins du régime pour honorer ses obligations de prestations. Le maintien du niveau des prestations pour nos futurs enseignants sans augmentation des cotisations nécessite de toujours atteindre nos objectifs de rendement. Aujourd'hui, pour un nouveau participant au régime, fournir une pension entièrement indexée à un taux de cotisation moyen de 11 % doublé par la province nécessiterait un rendement réel de 4 % par an. Les circonstances démographiques du régime modèrent notre capacité à prendre des risques. L'objectif de rendement et la capacité du régime à prendre des risques en gérant l'impact des pertes potentielles doivent rester alignés pour atteindre notre objectif de durabilité.
L'espérance de vie estimée de nos participants constitue un facteur important sur le long terme et a un impact sur nos objectifs de rendement. Cela a finalement conduit à l'adoption en 2008 d'une table de mortalité sur mesure pour le RREO et d'échelle d'amélioration de la mortalité. Ces tables ont été mises à jour en 2014, y compris en adoptant des échelles bidimensionnelles d'amélioration de la mortalité.
En 2001, des discussions ont commencé entre le RREO et les promoteurs du plan concernant la possibilité de réserver une partie des gains du fonds pour créer un coussin d'amortissement contre les pertes dans les périodes difficiles et pour stabiliser les taux de cotisation.
En 2003, les promoteurs ont adopté une politique de gestion du fonds avec pour objectif de donner un cadre de référence pour la prise de décision lorsqu'il y a un excédent ou un déficit. Une composante clé de la création de la politique de gestion du fonds a été le concept de zones de capitalisation, chacune définie par une catégorie. Les zones de capitalisation donnent un point de référence permettant de savoir si une action de la part des promoteurs est nécessaire et si oui, des directives sont données sur la manière d'utiliser les excédents ou de combler des déficits, en répondant particulièrement à la question de savoir quand il est prudent d'augmenter ou de réduire les bénéfices, d'augmenter ou de réduire les taux de cotisations ou simplement de conserver les actifs pour une période d'incertitude.
Tandis que la politique de gestion de fonds souligne les mécanismes privilégiés associés à ses différentes zones de capitalisation, il revient en définitive aux promoteurs de décider de la marche à suivre.
En mars 2015, une zone pour les améliorations temporaires de régime a été ajoutée à la politique de gestion de fonds pour permettre des réductions temporaires de cotisations, une distribution des excédents ou l'amélioration des prestations, tant qu'ils n'augmentent pas les coûts à long terme du régime.
L'utilisation des excédents dans cette zone est séquencée et une disposition est incluse de sorte que les améliorations provisoires cessent si un événement significatif a lieu sur les marchés.
Il y a environ une décennie, nous avons commencé à avoir des déficits récurrents dans les évaluations financières préliminaires résultant d'une combinaison de faibles rendements, d'un contexte de faiblesse des taux d'intérêt et d'une longévité accrue. Il est nécessaire de prendre des risques au point de vue de l'investissement pour obtenir les rendements nécessaires à la durabilité du régime, en particulier dans un contexte de faiblesse des taux d'intérêt.
Sachant que nous aurons des pertes de temps en temps, nous avons eu besoin d'introduire un mécanisme de gestion des récessions, qui partagerait les pertes avec les participants au régime, y compris les retraités.
Notre ratio actuel d'actifs par retraités est de 1,4:1, il est prévu qu'il continue de décroître et atteindra probablement 1:1 dans l'avenir. Nous avons des sorties nettes de trésorerie de 2,2 milliards de dollars. Nous avons reçu 3,3 milliards de cotisations en 2015 et payé 5,5 milliards en pensions, ce qui signifie qu'une gestion rigoureuse des liquidités est cruciale.
En moyenne, les enseignants en Ontario prennent leur retraite à 59 ans après avoir cotisé au régime de pension pendant 26 ans, et ils reçoivent des prestations pendant 31 ans en moyenne. Des prestations complémentaires peuvent être versées à un conjoint survivant pour une période donnée.
Nous devons nous assurer que notre combinaison d'actifs et notre gestion des risques tiennent compte du vieillissement du régime. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, le conseil a la responsabilité de la gestion du fonds de pension et donc nous sommes en permanence concentrés sur la gestion des risques et l'attribution des actifs.
Il est clair que les augmentations de cotisations seules ne seront pas suffisantes pour protéger le régime contre des pertes majeures d'investissements. Cela s'accompagne d'une réalité: avec un taux de contribution de 11 %, il faut un rendement de 4 %, ce qui est difficile à obtenir, en particulier dans le contexte actuel.
Par conséquent, en 2008, le concept de protection conditionnelle contre l'inflation a été introduit. Ce n'est pas seulement un puissant levier de gestion de la volatilité du fonds, c'est aussi un outil d'équité intergénérationnelle.
Les prestations acquises après 2009 sont indexées sous condition d'une concordance avec la capacité du fonds à payer. Il y a trois catégories, avec les différents niveaux de protection suivants: tous les bénéfices acquis avant 2010 sont toujours pleinement indexés sur l'inflation. Les bénéfices acquis après 2009, mais avant 2014 sont indexés sous conditions avec une garantie d'ajustement minimum de 50 % de l'indice des prix à la consommation. Les prestations acquises après 2013 sont indexées sous conditions sans garantie minimale.
De façon cohérente avec l'esprit d'un régime à risques partagés, tous paiements d'inflation auxquels renoncent les participants au régime sont doublés par le gouvernement via des contributions additionnelles vers le fonds à hauteur des premiers 50 % de la protection contre l'inflation sacrifiée.
La protection conditionnelle contre l'inflation est un levier de financement extrêmement puissant et les prévisions indiquent que d'ici 2025, en convoquant l'intégralité de cette protection elle sera assez puissante pour absorber une perte d'actifs de 62 milliards de dollars.
Comme l'a indiqué mon collègue, le RREO est soumis à des exigences de provision de passif à long terme et est exemptée de provision de solvabilité sur la base d'un régime donné dans le cadre de la Loi sur les régimes de retraite de l'Ontario.
En 2010, le projet de loi 120 a été adopté en réponse aux recommandations de la commission Arthurs pour renforcer les règles de financement des pensions et pour clarifier les règles de gestion des excédents, des congés de cotisation et d'autres problèmes liés au financement. La logique de l'exemption de provision de la solvabilité inclue le fait qu'à la fois la province et la FEO jouent un rôle dans la sélection des membres du conseil qui supervisent le régime de pension, faisant donc la promotion de la bonne gouvernance.
Le modèle de gouvernance du plan de retraite administré conjointement signifie que les deux promoteurs du plan sont impliqués et responsables des décisions relatives à la définition des prestations.
Le provisionnement du passif à long terme est approprié pour notre régime étant donné sa taille, sa maturité et sa structure de gouvernance robuste. Par conséquent nous pouvons utiliser la méthode des coûts cumulés, qui nous permet de prendre en compte l'impact prévu des cotisations futures et l'accumulation des bénéfices, tandis que la résolution de tout déficit de solvabilité pourrait se faire uniquement par une augmentation des cotisations, un mécanisme en contradiction avec ceux proposés par politique de gestion du fonds et particulièrement la capacité à partager le risque avec les retraités via la protection conditionnelle contre l'inflation.
Les vérifications basées sur la solvabilité ne sont pas une mesure valable pour le RREO étant donné notre perspective de long terme et notre capacité de gouvernance conjointe pour changer les niveaux de contribution et de prestation futurs afin d'anticiper les déficits et les excédents.
Dans le cas improbable de liquidation du régime, étant donné sa taille, il serait impossible de verser les prestations sous forme de rentes de liquidation étant donné la petite taille du marché canadien. Par conséquent il faudrait une intervention législative pour permettre au régime de poursuivre dans une certaine mesure.
Enfin, nous ne sommes pas soumis au Fonds de garantie des prestations de retraite du gouvernement ontarien et ne constituons pas un risque pour celui-ci.
Pour conclure, la durabilité du régime est définie comme sa capacité à répondre aux besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire leurs propres besoins. La robustesse du cadre de gouvernance du régime est la clé pour garantir sa pérennité à long terme.
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Je vous remercie, monsieur le président et les membres du Comité.
Je m'appelle Tony Irwin et je suis le président de la Canadian Consumer Finance Association, anciennement la Canadian Payday Loan Association. Je suis heureux d'avoir la possibilité de prendre la parole devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes au sujet du document de travail « Postes Canada à l'ère du numérique ».
Notre association représente les sociétés de services financiers qui offrent des prêts sur salaire aux Canadiens ainsi qu'un éventail d'autres produits financiers incluant les prêts à tempérament, l'encaissement de chèques, des services de transferts télégraphiques, des services de paiement de factures et l'échange de devises. La CCFA compte 18 sociétés membres qui détiennent des permis de prêteur pour environ 960 points de services et plateformes de prêts en ligne. Cela représente 69 % de l'industrie des prêts sur salaire au Canada.
Un prêt sur salaire est habituellement un prêt d'un montant de 400 à 500 $ que l'emprunteur doit rembourser dès sa prochaine paie. La définition juridique d'un prêt sur salaire est un prêt qui n'excède pas 1 500 $ sur une période de moins de 62 jours. En 2008, le gouvernement fédéral a transféré la réglementation de ce produit aux provinces. La Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard régissent maintenant les permis de prêteur et le Nouveau-Brunswick apporte une touche finale à ses règlements.
Pour mener des activités dans ces provinces, un prêteur sur salaire doit d'abord faire une demande de permis de prêteur; cela exige de payer des droits de permis annuels et souvent de fournir des données des transactions ou de produire des états financiers chaque année. Chaque province établit les frais maximums pouvant être imposés pour les prêts, et tous les aspects du fonctionnement de l'entreprise sont strictement réglementés, notamment la divulgation des renseignements, les clauses contractuelles types, le droit des emprunteurs de renoncer à un prêt, les restrictions quant aux frais de défaut de paiement, la publicité, la vente de produits connexes et les pratiques de recouvrement.
Il y a beaucoup d'idées fausses et de renseignements erronés au sujet de l'industrie. Certains adversaires ont qualifié notre industrie d'abusive, mais celle-ci a connu une expansion en réponse à la demande des consommateurs. De nombreux Canadiens ont besoin d'obtenir rapidement un petit prêt pendant une courte période. Les banques et les caisses de crédit ne répondent pas à ce besoin pour les personnes qui n'ont pas une bonne cote de solvabilité ni de relation bancaire établie. L'Agence de la consommation en matière financière du Canada a publié, le 25 octobre 2016, un sondage mené auprès des emprunteurs de prêts sur salaire. Ce sondage révèle que 45 % des répondants ont généralement utilisé les prêts sur salaire pour payer des dépenses essentielles imprévues et 41 %, pour des dépenses essentielles prévues. Les emprunteurs vous diront que nos membres offrent un service précieux et nécessaire. Les gouvernements provinciaux l'ont compris lorsqu'ils ont décidé de réglementer l'industrie de façon à protéger les consommateurs tout en permettant la viabilité de l'industrie.
D'aucuns ont l'impression que l'industrie des prêts sur salaire connaît une croissance rapide et que les prêteurs font des profits excessifs. C'est faux. En 2009, lorsque les réglementations sont entrées en vigueur dans la plupart des provinces, on comptait environ 1 452 établissements de prêts sur salaire dans tout le pays. Aujourd'hui, il y a environ 1 426 établissements autorisés ayant pignon sur rue ou offrant leurs services en ligne. Le retour sur investissement des prêteurs sur salaire est bien inférieur à celui des banques. Si l'industrie était extrêmement rentable, elle aurait connu une croissance au cours des cinq dernières années et non un recul.
Comme le dit le document de travail portant sur Postes Canada, malgré les taux élevés, l'industrie du prêt sur salaire a de faibles marges. Le coût du crédit est élevé, car il est très coûteux à fournir. Si les coûts sont onéreux, ce n'est pas seulement en raison des taux de défaut plus élevés, comme le souligne le document de travail, mais aussi en raison du coût de fonctionnement élevé. Contrairement aux banques et aux caisses de crédit, les prêteurs sur salaire ne détiennent pas des dépôts et n'offrent pas d'importants prêts garantis pour aider à payer le coût de fonctionnement. En outre, notre industrie sert une grande proportion d'emprunteurs ayant un maigre dossier de crédit, et les prêteurs doivent utiliser une technologie et des systèmes complexes et onéreux pour gérer leurs offres de produits, leurs évaluations des risques et leur conformité aux règlements.
De nombreux prêteurs sur salaire offrent le service d'encaissement de chèques, dont il est question dans le document de travail. L'encaissement de chèques est un secteur concurrentiel, et le taux habituel pour l'encaissement de chèques est 2,9 % de la valeur nominale plus des frais par article de 3 $ en moyenne. Pour un chèque de 300 $, cela équivaut à 11,70 $. Alors que le gouvernement indemnise les banques, les caisses de crédit et les sociétés de fiducie pour les pertes attribuables aux fraudes découlant de l'encaissement de chèques allant jusqu'à 1 500 $, aucune indemnité du genre n'est offerte aux sociétés de services financiers. Elles doivent assumer le risque.
Il est important de noter qu'au cours des 10 dernières années, l'utilisation de chèques a chuté considérablement, et cette tendance se poursuit, car un nombre croissant d'entreprises effectuent leurs paiements par voie électronique. Résultats L'encaissement de chèques devient un service accessoire et de plus en plus marginal.
Le document de travail portant sur Postes Canada mentionne que les sociétés de prêts sur salaire se tournent de plus en plus vers les services en ligne. C'est très vrai. Il y a cinq ans, obtenir un prêt en ligne n'était pas monnaie courante. Aujourd'hui, il existe un certain nombre d'applications que vous pouvez télécharger sur votre téléphone pour obtenir un prêt. Un sondage mené auprès de nos membres qui sont principalement des prêteurs ayant pignon sur rue révèle que, de 2010 à 2014, le montant prêté par leurs divisions en ligne a augmenté de 520 %.
Dans le passé, le client qui demandait à bénéficier d'un prêt en ligne, devait régulièrement attendre 24 heures avant que l'argent soit déposé dans son compte de banque. Grâce au progrès récent de la technologie, les prêteurs peuvent désormais déposer instantanément les fonds dans le compte de l'emprunteur. L'élimination de ce délai donnera lieu à une percée beaucoup plus importante et beaucoup plus rapide des transactions en ligne au Canada.
Une étude récente commandée par le Conseil des consommateurs du Canada conclut qu'au Royaume-Uni plus de 80 % des transactions se font en ligne. Aux États-Unis et en Australie, ce type de transactions représente les deux tiers de toutes les opérations de prêts sur salaire. Nous nous attendons à ce que la même chose se produise au Canada. Dans l'avenir, comme de plus en plus de clients seront branchés, il sera de moins en moins nécessaire de mettre des locaux à leur disposition pour les opérations bancaires et les avances de fonds.
L'accès au crédit pour tous les Canadiens est important. La Canadian Consumer Finance Association croit que plus les consommateurs disposeront d'options pour répondre à leurs besoins de crédit et mieux ce sera. Cependant, toute entreprise envisageant de s'installer sur le marché doit savoir que celui-ci est hautement réglementé et qu'il est très compétitif. Les marges sont faibles et même au maximum des frais d'emprunt permis dans chaque province, seuls les prêteurs les plus efficaces réussissent.
Merci.
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Merci de m'avoir invité à venir témoigner devant vous cet après-midi pour contribuer à votre examen de la Société canadienne des postes.
Je m'appelle Darren Hannah et je suis vice-président, Finances, Risques et Politique prudentielle à l'Association des banquiers canadiens.
L'ABC représente 59 banques nationales, des filiales de banques étrangères ainsi que des succursales de banques étrangères au Canada.
Comme le comité le sait sans doute, l'ABC a été une participante active de la première phase du processus d'examen dirigé par le Groupe d'examen de Postes Canada. Le secteur bancaire n'a qu'un intérêt limité dans cet examen qui ne dépasse pas le projet caressé par certains de voir Postes Canada s'engager dans la prestation de services bancaires à l'échelle du pays. Nous craignons qu'une telle proposition n'aille pas dans le sens d'un besoin clair énoncé par une politique publique. Également, elle semble ignorer le fait que le Canada bénéficie d'un secteur des services financiers hautement concurrentiel et accessible, et que le secteur bancaire est l'un des plus strictement réglementés et supervisés de notre économie.
Le secteur bancaire du Canada est hautement concurrentiel. Actuellement, le Canada compte 80 banques actives, dont plus de 40 offrent des produits et des services aux consommateurs. Le Canada compte davantage de grandes banques qui se livrent une concurrence dynamique que tout autre pays européen, y compris le Royaume-Uni dont la population est près de deux fois celle du Canada. II existe également des fournisseurs non bancaires de services financiers, notamment plus de 1 000 coopératives de crédit, qui livrent une concurrence active aux banques.
Grâce à ce grand nombre de fournisseurs de services financiers, les consommateurs canadiens tirent fort bien avantage des options qui leur sont offertes et magasinent avant de choisir les options qui répondent le mieux à leurs besoins. En vue de réduire les frais de service, près de 60 % des Canadiens ont changé de compte alors que 32 % ont carrément changé de banque. En outre, 65 % des Canadiens font affaire avec plus d'une institution financière; parmi ces personnes, 34 % sont clients de trois institutions ou plus. Avec le nombre de fournisseurs de services bancaires — banques et non-banques — qui se livrent une concurrence active à travers le pays, les consommateurs sont toujours bien servis sur le marché concurrentiel des services financiers au Canada.
Certains des partisans d'une banque postale avancent que les services bancaires sont devenus inaccessibles au Canada. Au contraire, les services bancaires sont plus accessibles que jamais auparavant. En effet, selon la banque mondiale, 99 % des adultes au Canada sont titulaires d'un compte auprès d'une institution financière. En outre, les Canadiens peuvent désormais effectuer leurs opérations bancaires en tout temps et de n'importe où, au moyen de diverses options qui reflètent leurs attentes croissantes à l'égard de services bancaires faciles et pratiques.
Les services en ligne font de plus en plus l'unanimité d'un très grand nombre de Canadiens de tous les groupes d'âge. Les services bancaires n'ont cessé d'évoluer. Les clients qui accèdent à leurs comptes en dehors des heures de bureau valorisent le caractère pratique de cette innovation. De nos jours, 55 % des Canadiens utilisent Internet comme le principal moyen d'effectuer des transactions bancaires, comparativement à 8 % en 2000. En outre, 48 % ont recours aux services bancaires en ligne pour payer leurs factures. Par ailleurs, le nombre de transactions effectuées en ligne continue d'augmenter, atteignant environ 615 millions en 2015.
Avec le nombre accru de propriétaires d'appareils mobiles au Canada, la plupart des banques offrent des services bancaires mobiles et des applications qui permettent aux consommateurs d'effectuer un ensemble de transactions quotidiennes à partir de ces appareils. Et le nombre de Canadiens qui en profitent est en hausse: au cours de l'année dernière, 31 % des Canadiens ont utilisé les services bancaires mobiles, comparativement à 5 % en 2010.
Les succursales demeurent une partie intégrante des services bancaires offerts au Canada. Les banques ont maintenu leur vaste réseau de succursales malgré le fait que seulement 13 % des Canadiens visitent une succursale pour obtenir les services bancaires courants. Ainsi, les besoins des clients désireux de recourir à une succursale pour des services bancaires ou bien pour obtenir des conseils en personne auprès d'experts au moment de prendre des décisions importantes, comme acheter une maison, effectuer des placements ou planifier sa retraite, seront comblés.
Affirmer qu'une banque postale est nécessaire pour que les Canadiens aient accès aux services bancaires ne reflète aucunement l’innovation soutenue et la commodité caractéristiques des services bancaires au pays.
Un secteur financier en santé est une composante clé d'une économie en santé. Le système bancaire canadien est largement reconnu comme étant l'un des plus solides et des plus sécuritaires au monde. Cette robustesse s'est principalement manifestée tout au long de la crise financière, lorsque le secteur bancaire canadien est demeuré performant et n'a nécessité aucun repêchage de la part des gouvernements, ce qui est tout à fait à l'opposé de ce qui a été vécu dans d'autres pays.
Les banques du Canada, avec la prudence dont elles font preuve ainsi que la réglementation et la supervision qui les encadrent, présentent un modèle de stabilité au sein du système financier mondial. Vu la force du système financier canadien et son importance pour la santé et la stabilité de l'économie nationale en générale, les propositions visant l’implication de Postes Canada dans les services financiers de détail doivent être minutieusement examinées. Le coût de la conformité réglementaire est élevé. II est donc essentiel que tous les fournisseurs de services financiers aient en place l’expertise, les processus et les systèmes adéquats, ainsi que des pratiques de gestion de risque rigoureuses, afin de pouvoir protéger le système financier canadien. Étant donné que Postes Canada est une société d'État, au bout du compte, ce sont les contribuables qui en assument les risques d'exploitation.
Les Canadiens bénéficient d'un plus grand choix, d'une facilite accrue et d'un accès plus important que jamais auparavant en matière de services financiers. Les Canadiens sont bien servis par un système bancaire concurrentiel, réglementé avec prudence et géré efficacement. Nous convenons avec les membres du Groupe de travail qui ont trouvé que le Canada bénéficie déjà d'un marché des services financiers bien établi. Par conséquent, nous sommes d'avis qu'il n'existe aucun objectif d'intérêt général ni aucune lacune sur le marché justifiant que le gouvernement du Canada s'engage dans la prestation de services financiers de détail par l'intermédiaire de Postes Canada.
Merci encore pour cette occasion de présenter notre point de vue. Je vous invite à poser vos questions.
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Bonjour. Je m'appelle Rob Martin et je suis conseiller principal de la politique à l'Association canadienne des coopératives financières. En faisant un tour de table, je pense que certains d'entre vous savent qui nous sommes.
L'Association canadienne des coopératives financières est l'association professionnelle nationale qui représente toutes les coopératives financières à l'extérieur du Québec. La Caisse Desjardins est notre partenaire, mais elle est surtout présente au Québec. L'ACCF représente 293 coopératives financières y compris la toute première caisse populaire à détenir une charte fédérale, UNI Coopération financière qui a pris naissance au Nouveau-Brunswick.
Les coopératives de crédit et les caisses populaires sont des institutions bancaires détenues par leurs membres et par leurs clients. Cela veut dire que nous sommes des concurrents, détenus à 100 % par des intérêts canadiens, des grandes banques. Actuellement, 5,6 millions de Canadiens font confiance à leur coopérative financière locale pour leurs besoins bancaires quotidiens. Ensemble, les coopératives financières du Canada emploient plus de 27 000 personnes et gèrent plus de 196 milliards de dollars d'actif. Nous sommes ainsi plus gros que la Banque nationale.
Nous détenons environ 6,3 % des actifs que possèdent les institutions de dépôt au Canada, mais nous sommes particulièrement présents dans deux segments clés du marché, puisque nous occupons 11,5 % des parts du marché de la PME et 10,4 % du marché de l'agriculture. Les coopératives financières sont, par définition, différentes des autres institutions bancaires. Nous ne sommes pas motivés par la maximisation des bénéfices, et nous nous concentrons surtout sur les avantages que nous procurons à nos membres et à nos collectivités. Cela veut dire que nous offrons des taux préférentiels ainsi que des ristournes aux membres des coopératives de crédit, et que nous maintenons des filiales et des points de service dans les régions mal desservies.
D'ailleurs, les coopératives de crédit sont les seules à offrir des services bancaires dans 380 collectivités du Canada. De plus, les coopératives de crédit offrent d'autres formules de prêts sur salaire, comme le service de prêts « Fair and Fast » de Vancity ou « cash crunch loan » de la First Calgary Financial, afin d'aider les particuliers à se sortir d'une dette due à un prêt sur salaire. Servus Credit Union, dans le nord de l'Alberta, propose le même genre de service, tout comme notre réseau en Ontario.
Bien que les coopératives de crédit fassent appel aux services de courrier et de colis de Postes Canada, si nous nous présentons aujourd'hui devant vous, c'est pour parler de l'arrivée possible de Postes Canada dans l'industrie des services financiers. Nous savons que le STTP fait la promotion d'une banque postale afin d'augmenter les revenus de Postes Canada, de contrecarrer ses pertes et de maintenir des emplois. D'autres appuient l'offre de services financiers dans les régions rurales ou éloignées et dans les communautés autochtones qui sont mal desservies par les banques. Évidemment, étant donné leur passé et leur orientation, les coopératives de crédit se préoccupent beaucoup du sort des personnes exclues financièrement et elles sont toujours ouvertes à nouer le dialogue avec le gouvernement sur ces questions-là. Cela étant posé, l'ACCF n'est pas favorable à l'idée d'instaurer une banque postale autonome au Canada. Notre raisonnement à cet égard rejoint tout à fait le contenu du rapport du groupe de travail chargé de l'examen de Postes Canada.
Plus précisément, nous estimons que l'analyse de rentabilisation de cette entreprise est faible et que l'arrivée de Postes Canada dans le domaine bancaire pourrait entraîner des conséquences négatives non voulues dans le marché. Pour ce qui est de notre premier point, étant donné la rapidité avec laquelle le secteur des services financiers est en train d'évoluer, nous sommes convaincus qu'une banque postale aurait beaucoup de difficultés à s'implanter sur un marché saturé et par ailleurs fort bien desservi. Du côté de l'offre, le marché est en effet desservi par près de 80 banques à charte, par l'ATB en Alberta, par Desjardins et par quelque 293 coopératives de crédit partout au Canada. Ces institutions offrent des services de saisie de chèque à distance, ce qui élimine la nécessité d'accéder à un guichet bancaire ou à une succursale et la plupart des institutions permettent à leurs clients ou à leurs membres d'effectuer toutes leurs opérations bancaires — de la demande de prêt aux transferts de fonds — dans le confort de leur foyer. Il n'est donc pas surprenant que les coopératives de crédit constatent un déclin régulier de la fréquentation de leurs succursales.
De plus, les Canadiens peuvent se prévaloir des services de la Banque de développement du Canada, du Crédit agricole Canada et d'Exportation et Développement Canada. Côté demande, comme mon collègue l'a dit, une recherche de la Banque mondiale laisse entendre que très peu de demandes de services financiers ne peuvent être comblées. L'étude de la Banque mondiale indique que 99 % des Canadiens adultes âgés de 15 ans et plus ont un compte en banque d'un type ou d'un autre. D'autres recherches effectuées par le Centre canadien de politiques alternatives indiquent que 3 % de tous les Canadiens adultes n'ont pas du tout de compte en banque. Certes, cette proportion passe à 8 % dans le cas des Canadiens à faible revenu. Cet état de chose mérite l'attention de nos décideurs. L'ACCF est ouverte au dialogue avec le gouvernement sur la façon dont on pourrait régler ces problèmes. Cependant, nous ne croyons pas que la situation justifie la création d'une banque postale autonome au Canada.
Venons-en à notre deuxième point. Un mouvement concerté visant à instaurer une banque postale au Canada pourrait donner lieu à des conséquences imprévues et à une sursaturation du marché des services financiers. Les banques et les coopératives de crédit pourraient elles-mêmes se retrouver en concurrence avec une banque postale bénéficiant des privilèges et des avantages que constituent les subventions de l'État, difficiles à égaler dans le secteur privé. Dans une recherche, l'Institut C. D. Howe constate que les institutions financières d'État bénéficient d'un capital à un coût comparativement moindre à celui du secteur privé parce qu'elles peuvent émettre des dettes qui sont garanties par le gouvernement fédéral et qu'elles peuvent directement emprunter auprès du gouvernement lui-même à des taux préférentiels.
L'institut estime que les sociétés d'État empruntent à des taux de 30 à 50 points de base inférieurs à ceux disponibles pour les concurrents du secteur privé, comme les coopératives de crédit. En période de difficulté économique, cet écart peut atteindre 300 points de base. Un tel avantage sur le plan du financement peut nettement favoriser les secteurs étatiques qui sont en mesure d'offrir de meilleurs prix. Si une banque postale devait consentir des prêts sur la base de ces avantages, elle risquerait d'entraîner des effets pervers, si bien que des banques et des caisses d'épargne de crédit pourraient se retirer de tous les marchés où les marges sont minces.
De plus, une banque postale bénéficierait d'un réseau de points de vente déjà établi. Une banque postale aurait donc un avantage par rapport à la concurrence grâce à un réseau de points de vente constitué de quelque 6 400 emplacements à l'échelle du Canada. Ce réseau a été mis en place grâce aux investissements du gouvernement du Canada, sur plusieurs décennies, dans le cadre de la réalisation du mandat des Postes. D'entrée de jeu, une banque postale devrait assumer des coûts inférieurs à ceux auxquels doivent faire face les autres institutions financières pour l'établissement et l'administration d'un réseau financier.
Il sera difficile, pour certaines banques et caisses d'épargne et de crédit dans les régions, qui ont une assiette économique limitée ou des marges d'exploitation très faibles, de rivaliser avec la banque postale, ce qui pourrait venir saper leur modèle économique. Je pourrais vous en dire davantage à ce sujet en réponse à vos questions.
Pour terminer, une banque postale serait soumise à moins de contraintes réglementaires. En effet, si le passé est garant de l'avenir, il faut s'attendre à ce qu'une banque postale fasse l'objet de moins de pressions réglementaires que les banques et les caisses d'épargne et de crédit. Par exemple, Financement agricole Canada, la BDC et EDC n'ont pas à répondre auprès d'un organisme national prudentiel de réglementation. Qui plus est, ces institutions d'État font souvent l'objet de moins de restrictions législatives quant à leur pouvoir de gestion et à leurs activités. Tel n'est pas le cas des caisses d'épargne et de crédit et des banques qui sont soumises à d'importantes restrictions qui limitent leurs pratiques commerciales; elles sont donc sujettes en permanence aux lignes directrices prudentielles.
Avant de conclure, je tiens à souligner le fait que le gouvernement fédéral a lancé deux initiatives parallèles pour étudier la concurrence et l'inclusion financière dans le secteur bancaire canadien. La première, annoncée dans le budget de 2016, a consisté à repousser de deux ans l'examen quinquennal des services financiers, soit de 2017 à 2019, et à financer cet effort à hauteur de 4,2 millions de dollars. Il est question d'examiner la concurrence et les services sur le marché. La seconde initiative, récemment annoncée par le Bureau de la concurrence, vise à déterminer quelles répercussions les percées technologiques dans le secteur des services financiers au Canada peuvent avoir sur la façon dont les consommateurs utilisent les services et les produits financiers.
Du point de vue des politiques, il serait mal avisé pour le gouvernement du Canada d'instaurer une banque postale avant que ces études ne soient terminées et que leurs recommandations ne soient connues du public.
En conclusion, l'Association canadienne des coopératives financières remercie le comité de lui avoir donné l'occasion de contribuer à son étude. Bien que l'ACCF n'appuie pas la création d'une banque postale au Canada, nous comprenons tout à fait qu'il soit nécessaire de rendre plus accessibles les services bancaires dans certaines régions cibles. L'ACCF est prête à collaborer avec le gouvernement pour trouver la meilleure solution possible, par le biais de la collaboration entre les secteurs public et privé.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
Nous sommes, depuis toujours, très présents à l'ouest de la frontière de l'Ontario, surtout en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et au Manitoba. Nous avons fait des percées en Alberta, mais nous sommes confrontés à l'ATB.
En Ontario, vous risquez de ne pas avoir une idée de l'ampleur du réseau des coopératives de crédit si vous vivez à Toronto ou à Ottawa, parce que vous n'en verrez pas beaucoup. Mon père était membre de l'Ontario Educational Credit Union et je me souviens que nous devions nous rendre en voiture jusqu'à un petit bâtiment cubique. Je me suis toujours demandé ce qu'il allait faire là-bas et, un jour, je me suis rendu compte que c'était une coopérative de crédit. Donc, ce genre d'institution n'a pas marqué ma jeunesse.
À London, à Guelph ou à Kawartha, vous verrez que les caisses de crédit poussent comme des champignons, en partie parce que les banques, nos concurrentes, modifient leur stratégie de positionnement sur le marché et que nous pouvons combler les vides.
Encore une fois, nous ne sommes pas très présents sur le marché de l'Atlantique, mais les banques y sont depuis toujours, depuis le début de la Confédération et les choses sont donc difficiles pour nous.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs les représentants de l'Association des banquiers canadiens et de l'Association canadienne des coopératives financières, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Nous en sommes à la fin de notre processus de consultation. Nous avons beaucoup entendu parler du service de banque postale. On nous a dit que c'était une solution viable dans certains cas. En tout cas, c'est ce que les membres du syndicat pensaient, plus particulièrement.
Je vous ai écoutés. J'aurais été étonné d'entendre le contraire de ce que vous nous avez dit. En effet, je n'ai jamais entendu personne ni aucune industrie se prononcer en faveur de l'arrivée d'un nouveau concurrent. Je ne m'attendais pas à un autre discours de votre part. Je vous dis cela sans vous enlever quoi que ce soit; ce n'est rien de personnel.
Par contre, j'ai entendu M. Martin dire des choses intéressantes. Du côté des coopératives, on se penche davantage sur les besoins des membres. On s'attarde à une préoccupation qu'on a soulevée à maintes reprises partout au Canada. Dans les régions éloignées, il y a moins de services. Dans certains cas, même les coopératives se retirent. C'est malheureux, étant donné que, dans certains cas, c'est la dernière forme d'institution financière présente dans la région.
Cela dit, il y a pire. Souvent, les gens qui sont en région n'ont pas accès à des réseaux Internet de qualité. Lorsqu'on sort des grands centres urbains, on est pris dans un étau.
Par ailleurs, comme vous l'avez confirmé, monsieur Martin, 1 % des gens n'ont pas de compte bancaire, et ce sont surtout des gens à faible revenu, des gens qui ont des besoins particuliers et qui n'ont pas facilement accès au crédit.
On le dit, l'intérêt des banques est de faire de l'argent. Monsieur Hannah, vous avez dit qu'il y avait un processus robuste qui menait à la décision de fermer une succursale. Néanmoins, si vous faites de l'argent, vous ne la fermerez jamais. Si vous ne faites pas d'argent, vous allez la fermer assez rapidement. Pour moi, c'est aussi simple que cela.
Peut-on voir les choses d'une nouvelle façon et profiter de cette occasion qui se présente? De fait, c'est une occasion. On parlait initialement de Postes Canada, or voilà qu'on en vient à parler de service de banque postale. Cela met en lumière une lacune du système bancaire et coopératif canadien. Il y a des améliorations à apporter de ce côté. Il y a peut-être une occasion qui se présente du côté de Postes Canada, peut-être pas.
J'aurais aimé vous entendre dire comment on peut coopérer — M. Martin va être content — en vue d'offrir de nouveaux services qui ne sont peut-être pas offerts présentement aux Canadiens qui en ont besoin, et en vue de devenir un leader mondial en matière de services bancaires et coopératifs, en collaboration avec Postes Canada.
J'ai utilisé trois minutes de mon temps de parole pour faire toute cette grande introduction.
Monsieur Martin, voulez-vous répondre en premier?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Merci beaucoup à vous tous.
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui.
Nous avons organisé des consultations dans nos circonscriptions sur les services de Postes Canada. Je représente une circonscription suburbaine, celle de Brossard—Saint-Lambert, à proximité de Montréal. Nous ne sommes donc pas dans la grande nature. À 40 minutes de ma circonscription, il y a une station de ski assez réputée, à Bromont. Juste à côté, il n'y a pas d'accès à Internet ni au réseau cellulaire. Je répète que l'endroit est à 40 minutes de Montréal. Toutes sortes de contraintes empêchent les citoyens d'avoir accès à Internet.
C'est pourquoi il est nécessaire d'étudier la possibilité pour Postes Canada d'offrir des services bancaires. Plusieurs régions de ce pays, pas si lointaines, n'ont pas de réseau à large bande. Les gens ne peuvent donc pas faire leurs transactions bancaires sur Internet, comme c'est le cas pour tant d'autres Canadiens. Je suis moi-même une grande consommatrice des produits d'Internet. J'adore faire toutes mes transactions en ligne. Je n'ai aucun problème de ce côté.
Des caisses populaires au Québec ferment leurs portes. Plusieurs d'entre elles sont situées dans des régions éloignées, et les citoyens ne peuvent plus encaisser un chèque. Faire un dépôt à distance avec une capture d'image ne fonctionne pas si on n'a pas Internet. Comment le fait-on? Si on ne peut pas aller à un guichet ou à une caisse pour déposer un chèque, comment fait-on? Ce sont des contraintes liées à la géographie de notre pays et aux défis qu'elle pose.
Je n'ai pas entendu les banques parler de s'associer éventuellement à l'implantation d'un réseau à large bande au pays. Cela pourrait être une initiative nationale en vue d'encourager le développement de l'accessibilité pour tout le monde. Je crois que ce sont des options qui pourraient être évaluées pour résoudre le problème d'accessibilité des personnes vivant en dehors des grands centres urbains.
J'aimerais entendre vos commentaires au sujet de l'accessibilité.
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Deux ou trois remarques.
Je ne veux pas laisser l’impression — car je ne pense pas que c'est l'impression qu'on devrait avoir — qu’en quelque sorte, l’accès aux services bancaires se dégrade. Permettez-moi de vous faire part d’une anecdote personnelle.
J’ai grandi juste au nord de la route 7 — si quelqu'un sait où se trouve Madoc, c’est à environ 15 ou 20 minutes plus au nord — dans un hameau de 50 ou 75 habitants. Il n’y a bien sûr jamais eu de succursale bancaire, et ce n’est évidemment même pas envisageable. En fait, ce n’est que périodiquement que l’on a pu même avoir un magasin.
Quelqu’un qui grandissait là prenait pour acquis que pour faire la moindre transaction bancaire, il fallait se rendre à Madoc, à la succursale de la Banque TD, laquelle est d’ailleurs toujours là. Quand j’étais petit, cela voulait dire qu’il fallait aller à cette banque-là, qui était ouverte de 9 à 15 heures en semaine, et quelques heures le samedi. Il n'y avait pas de guichet automatique. On avait un certain nombre d'heures pour faire un certain nombre de transactions, et c'était tout.
Mes parents vivent toujours là-bas, et ils peuvent faire leurs transactions bancaires en ligne. Ils peuvent aller à la succursale, dont les heures ouvrables ont été prolongées, et si la banque est fermée, il y a un guichet automatique.
L’accès s’est-il amélioré pour eux ou s'est-il dégradé? Je crois pouvoir dire qu’en ce qui les concerne, il s’est amélioré. Je ne veux pas laisser entendre qu’en quelque sorte, tous les Canadiens qui vivent dans les zones rurales du pays ont vu leur accès aux services bancaires diminuer à cause des changements intervenus dans le milieu, car je sais que ce n'est pas le cas.
Il y a des situations où, comme vous le dites, des changements sont intervenus. Nous efforçons-nous tous de trouver des accommodements? Oui, nous essayons tous de résoudre les problèmes, mais je ne veux pas donner l’impression qu’il n’y a pas aussi des situations où les choses se présentent autrement.
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Au cours de nos déplacements, nous avons souvent demandé aux témoins, quel que soit leur domaine, s'ils considéraient Postes Canada comme une entreprise ou un service? Très souvent, ils nous ont répondu les deux à la fois, ce qui est tout à fait logique, bien sûr. C’est un service essentiel, mais il faut que ce soit rentable du point de vue commercial. Ensuite, reste à décider si les bénéfices doivent être versés ou réinvestis.
Si on part du principe que c'est un service essentiel, on peut alors concevoir de faire de ces bureaux des carrefours communautaires. Ce serait particulièrement utile dans les régions rurales et éloignées, mais il y a également un marché dans les centres urbains, où d'autres services pourraient être fournis, par exemple, le traitement des demandes de passeport, ou quelque chose qui me tient beaucoup à cœur, la préparation des déclarations de revenus, particulièrement si cela devient à l'avenir, comme je l'espère, beaucoup plus facile.
J’ai été très intéressée par ce que fait Vancity sur le plan de l'éducation financière. Très souvent, les gens ne savent tout simplement pas qu'ils ont droit à un remboursement de la TPS, etc. Ils ne remplissent pas leur déclaration de revenus. Ils vont voir le prêteur sur salaire, parce que c’est le service le plus simple et le plus proche, et ils basculent dans la spirale de l'endettement.
Mesdames et messieurs les témoins, j'aimerais savoir ce que vous pensez de cette idée de carrefour communautaire. Autrement dit, que pensez-vous de l'idée d'exploiter ce qui est probablement l'actif le plus important de Postes Canada, c'est-à-dire son réseau de distribution d'un océan à l'autre?
On pourrait commencer par M. Irwin.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les membres du Comité. Je suis très heureux d'être ici, aujourd'hui.
Je m'appelle David Druker, président de MBEC Communications, titulaire de la licence liée à l'exploitation des franchises de boutiques UPS au Canada. Nous formons un réseau d'environ — selon nos dernières compilations, car je crois que nous avons ouvert une nouvelle boutique aujourd'hui — 365 installations de détail offrant des services à plusieurs transporteurs. Nous existons essentiellement pour aider le consommateur, la petite entreprise et les Canadiens à trouver la bonne solution en matière d'expédition. Nous faisons également de l'impression en plus d'offrir divers services de soutien aux entreprises. Nous formons vraiment un guichet unique. Notre franchisé type est une famille canadienne qui s'occupe de sa propre entreprise. C'est vraiment un réseau de petites entreprises qui soutiennent la petite entreprise au Canada.
Plus récemment, si on remonte à il y a environ quatre ans aux États-Unis, nous avons créé des partenariats en vertu desquels il était possible de faire livrer un colis par les services postaux américains à partir des boutiques UPS Store des États-Unis, et la chose a été bénéfique pour les deux parties. On a ainsi mis à la portée du consommateur et de la petite entreprise une solution aisée leur permettant de choisir le service répondant le mieux aux besoins du moment.
Nous sommes un multi-transporteur à la base. En fait, nous ne nous attachons pas à l'identité du transporteur utilisé: en ce moment, DHL, Canpar, UPS, bien sûr, et Loomis sont les services que nous offrons, et à cela s'ajoutent nos différents forfaits de messagerie. Historiquement parlant. nous nous appelions autrefois Mail Boxes Etc. et nous avons modifié notre image de marque en associant notre marque à UPS. UPS est notre transporteur privilégié compte tenu de notre association de marque, mais nous demeurons une organisation indépendante regroupant des franchisés indépendants — des Canadiens vendant des solutions aux Canadiens.
Nous avons tenté durant plusieurs années — je dirais bien huit ans voire plus — de dialoguer avec Postes Canada des avantages dont nous profiterions mutuellement en offrant ces services et nous n'avons pas vraiment progressé sur ce plan. En conséquence, devant les récentes suggestions voulant que Postes Canada cherche des façons de développer ses affaires, d'élargir son offre à la population canadienne et de diversifier sa démarche, nous croyons que nos installations ont ce qu'il faut pour que les colis transitent par le réseau de ce transporteur qu'est Postes Canada.
Actuellement, nous traitons au détail environ 35 à 45 millions de dollars en livraison de colis et nous croyons que Postes Canada pourrait profiter d'une partie de ce volume.
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Merci, monsieur le président.
La société UPS est heureuse de participer à l'examen de Postes Canada. Et je suis contente de pouvoir m'adresser à vous.
UPS estime que le présent examen procure au gouvernement une occasion de refaçonner l'infrastructure de la livraison de colis au Canada, d'en faire un système rationalisé, plus harmonisé et novateur qui servira encore mieux la population canadienne. UPS misera en tout respect sur l'examen du groupe de travail et présente aujourd'hui trois recommandations qui, nous le croyons, contribueront à l'efficacité de la livraison des colis tout en aidant Postes Canada à réaliser des revenus.
Premièrement, UPS appuie l'option du groupe de travail qui amènerait la SCP à explorer les synergies possibles avec le secteur privé en collaborant à la livraison sur le « dernier kilomètre » et à une infrastructure ouverte de boîtes postales communautaires. Le document de discussion propose que Postes Canada s'occupe de la livraison sur le « dernier kilomètre » pour le compte de tiers. UPS estime que cette suggestion représente une occasion en or pour Postes Canada. En fait, le service de livraison sur le « dernier kilomètre » est le produit qui affiche actuellement la croissance la plus rapide dans l'ensemble de produits offert par les services postaux américains. Nous voyons un intérêt dans une collaboration de Postes Canada avec des partenaires transporteurs en vue de trouver une solution au problème auquel l'ensemble de l'industrie du transport fait face relativement à la livraison sur le « dernier kilomètre », en ouvrant l'accès à cette vaste infrastructure autour du dernier kilomètre, dont le réseau des boîtes postales communautaires.
En donnant accès à son infrastructure, Postes Canada profiterait d'un partage des frais avec des partenaires de l'industrie et aurait davantage accès à de nouvelles technologies de messagerie. Une telle pratique exemplaire est déjà en cours ailleurs dans le monde. En France et en Belgique, UPS et les gestionnaires des postes nationales collaborent à des expériences pilotes locales afin d'essayer des boîtes de colis modifiées et des technologies de gestion de colis perfectionnées.
À Singapour, le gouvernement mène actuellement des consultations auprès du service postal et des compagnies de messagerie privées en vue d'élaborer un projet pilote de boîtes postales fédérées gérées par le gouvernement. Singapour a l'intention de se servir de ce modèle pour créer des revenus pour le gouvernement, résoudre certains problèmes comme l'accès aux zones urbaines et leur congestion, et améliorer le mouvement du commerce électronique.
Aux États-Unis, le Bureau de la responsabilité gouvernementale évalue actuellement si un accès partagé aux boîtes communautaires servirait mieux le consommateur américain compte tenu du marché en ligne d'aujourd'hui.
Deuxièmement, UPS recommande qu'on applique de façon plus uniforme les politiques de droits et taxes applicables aux colis importés. Le groupe de travail a établi que Postes Canada avait besoin de nouvelles sources de revenus et a en outre mentionné qu'il faudrait davantage d'uniformité au sein de l'industrie. Il y a actuellement une différence entre le processus de recouvrement des recettes applicable aux colis importés livrés par la poste et celui des colis livrés par un service de messagerie.
En fait, les résultats préliminaires d'une étude actuellement réalisée par Copenhagen Economics établissent une disparité entre l'application des droits et de la cotisation de TVH préparées par Postes Canada relativement aux colis importés au Canada et celles des compagnies de messagerie privées. Les conclusions finales du rapport devraient être prêtes d'ici deux semaines, et UPS pourra alors vous transmettre davantage d'information.
De plus, Postes Canada a la possibilité d'accroître ses revenus en augmentant les frais terminaux facturés aux sociétés postales des autres pays lorsqu'un colis entre au Canada. Les frais terminaux du Canada sont assez faibles quand on les compare aux coûts engendrés pour rendre le service. Une augmentation des frais terminaux aiderait Postes Canada à gérer ses dépenses tout en s'assurant que les sociétés étrangères ne gagnent pas du terrain au détriment des entreprises canadiennes présentes sur le marché intérieur.
Enfin, UPS appuie la proposition avancée par le Comité d'examen de Postes Canada en vertu de laquelle on modifierait la gouvernance administrative de Postes Canada pour faire place à un organe de réglementation postale canadien indépendant. Un organe de réglementation postale veillerait à la mise en place de structures équitables et concurrentielles dans le domaine relativement peu réglementé de la messagerie et de la livraison de colis. Comme le mentionne le document de discussion du groupe de travail, il est nécessaire de resserrer la réglementation afin d'équilibrer la structure entre l'intérêt du public et en réponse aux forces concurrentielles du marché.
De même, la mise en place d'un organe de réglementation nous semble bénéfique tant pour Postes Canada que pour le secteur privé de la messagerie. Postes Canada pourrait revoir son moratoire rural, rationaliser son fonctionnement et explorer l'intérêt d'un partenariat accru avec le secteur privé. Celui-ci aurait l'assurance de faire face à une concurrence loyale grâce à une plus grande transparence de l'imputation des coûts démontrant que Postes Canada ne se trouve pas à interfinancer des secteurs d'activité concurrentiels avec son privilège exclusif. Plus important encore, la population canadienne aura l'assurance que ses frais postaux sont optimisés de manière à permettre à Postes Canada de s'acquitter de son mandat: la livraison du courrier. UPS exhorte le gouvernement du Canada à se pencher sur les meilleures pratiques retenues en Europe, en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni, ainsi qu'à mettre en place un organe indépendant de réglementation du service postal au Canada.
Pour terminer, nous croyons que les recommandations présentées aujourd'hui pourraient faciliter, accroître les revenus du gouvernement fédéral et de Postes Canada, stimuler l'innovation et fournir aux Canadiens l'assurance que Postes Canada est gérée efficacement tant aujourd'hui que demain.
Merci. Je serai heureuse de réponse à vos questions.
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Il existe deux ou trois possibilités.
Tout d'abord, nous travaillons actuellement avec certains transporteurs régionaux, qui confient la livraison finale à Postes Canada. Nous aimerions avoir un dialogue, où nous travaillerions directement avec Postes Canada pour gérer une partie de ce dernier kilomètre, même au-delà de régions vraiment éloignées, où il serait préférable qu'un seul camion de livraison se dirige au centre plutôt que de nous faire utiliser un autre véhicule.
Ensuite, Postes Canada possède une infrastructure qui a été fondamentalement établie pour le courrier transactionnel. Il y a les points de vente au détail, les boîtes aux lettres communautaires. Pourtant, de plus en plus, les consommateurs commandent des colis, et de plus en plus, des services de messagerie, y compris UPS, font la livraison finale dans les zones résidentielles. Cette infrastructure pourrait également favoriser l'acceptation des colis postaux, comme c'est le cas aujourd'hui pour Postes Canada. Postes Canada a l'occasion d'offrir aux services de messagerie privés l'accès à cette infrastructure pour la livraison au dernier kilomètre, permettant ainsi aux consommateurs de récupérer leurs colis plus facilement, peu importe le transporteur.
Je vais vous donner un exemple. Quelqu'un qui commande un colis en ligne a le choix entre trois modes d'envoi différents: UPS, Postes Canada, ou FedEx, disons. Ce consommateur aura probablement trois expériences différentes pour récupérer ce colis. S'il est en appartement, il peut descendre à son casier au rez-de-chaussée et récupérer le colis qui lui aura été livré par Postes Canada, ou il verra une note autocollante sur la porte de son immeuble lui demandant d'aller le ramasser dans un bureau d'UPS, par exemple. Quant à FedEx, le colis peut avoir été déposé dans un autre établissement. On arriverait à une certaine synergie si tous les colis pouvaient être livrés dans un centre de ramassage plus moderne et innovant pour le consommateur.
Bon après-midi mesdames et messieurs. Je suis heureux de pouvoir vous parler de Purolator dans le cadre des travaux que vous avez entrepris et j'espère que mes brefs commentaires vous permettront de comprendre ce que Purolator fait pour ses clients ainsi que ses contributions à Postes Canada. Permettez-moi de commencer par vous donner un aperçu de l'entreprise.
Lorsque la plupart des Canadiens entendent le mot « Purolator », ils songent d'emblée à un messager, car les messagers sont nos plus importants ambassadeurs. Pour de nombreux clients, Purolator, c'est le messager qui s'occupe de la prestation du service et de créer une relation avec eux. Cette personne livre des colis urgents d'une entreprise à une autre d'un bout à l'autre du Canada, car Purolator est le service de messagerie numéro un du pays pour les livraisons entre entreprises.
Mais nous faisons beaucoup plus qu'assurer le service de messagerie. Nous sommes une grande organisation. Nous avons de l'expérience. Nous avons un réseau très complet à travers le pays et de nombreuses entreprises apprécient nos solutions intégrées.
Nos services et nos solutions sont en fait essentiels à de nombreuses entreprises, principalement dans les centres urbains qui grouillent d'activité. Nous sommes fiers d'avoir plus de 140 000 clients, grands et petits, partout au pays, dans presque tous les secteurs. Nous employons plus de 10 000 personnes.
Nous avons une marque canadienne emblématique. Les sondages sur les marques vous apprendront que la marque Purolator est très forte, très bien considérée et une véritable icône canadienne. Je pense que le fait que Purolator soit canadien est une considération très importante.
Purolator se spécialise dans l'expédition aérienne et en surface d'envois urgents, de marchandises et de colis, du courtage en douane et des services de livraison. Nous offrons une vaste gamme de produits que nous intégrons comme un tout pour nos clients.
Notre rentabilité demeure solide depuis la dernière décennie. En 2015, Purolator a généré 1,5 milliard de dollars, soit un peu moins de 20 % du chiffre d'affaires du Groupe d'entreprises de Postes Canada, dont nous sommes le deuxième membre en importance. Nous sommes détenus en propriété par Postes Canada à 91 % et, comme vous l'avez certainement découvert dans vos travaux, il n'est pas rare qu'une administration postale investisse dans un service de messagerie, comme l'ont fait l'Allemagne, le Royaume-Uni et d'autres pays.
Quel est notre rôle dans le Groupe d'entreprises de Postes Canada? Nous apportons au groupe le savoir-faire de la chaîne d'approvisionnement et du service d'une entreprise à l'autre. Notre présence sur le marché des États-Unis par l'intermédiaire de notre filiale américaine contribue également à ce que nous offrons à Postes Canada. Les entreprises demandent souvent des solutions intégrées et, ensemble, c'est justement cela que le Groupe d'entreprises de Postes Canada peut offrir.
Chez Purolator, nous nous concentrons primordialement sur le segment des affaires interentreprises. Postes Canada offre ses services principalement aux entreprises qui doivent livrer des colis aux consommateurs, un marché où son principal attrait réside dans l'étendue de sa présence et le nombre de ses bureaux partout au pays, comme vous venez de commenter avec les derniers témoins.
Purolator exploite un réseau qui permet les livraisons à temps du jour au lendemain, voire à une heure déterminée. C'est ce qui a fait le pain et le beurre de Purolator dès le début. Au fil des ans, Purolator a également versé des dividendes à Postes Canada de l'ordre de 10 à 11 millions de dollars par année.
Nos concurrents sont multinationaux et mondiaux pour la plupart, même si au Canada, nous avons beaucoup d'entreprises de messagerie régionales et de petits exploitants. Les grosses sociétés sont là, certes, mais il y a aussi beaucoup de petites entreprises et d'entreprises régionales dans le secteur de la messagerie.
Le segment entreprise à entreprise du marché rétrécit. Pensez aux documents essentiels qui représentaient une part importante du chiffre d'affaires de Purolator il y a cinq ou dix ans. En ce moment, nous livrons une quantité beaucoup moins importante de documents chaque jour. Nous devons nous recentrer et travailler plus fort pour maintenir notre importance dans le segment entreprise à entreprise du marché, tout en cherchant de nouvelles possibilités dans le segment entreprise à consommateur.
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Monsieur le président, membres du Comité, merci beaucoup de m'avoir donné la chance d'être ici aujourd'hui.
Je m'appelle Bill Mackrell, directeur général de Pitney Bowes du Canada. Pour ceux qui ne connaissent pas notre entreprise, Pitney Bowes aide les services postaux de pays à travers le monde. Nous travaillons en étroite collaboration avec Postes Canada depuis 1923. Nous sommes souvent reconnus comme étant les inventeurs de la machine à affranchir. Nous fournissons aussi une panoplie de solutions logicielles et matérielles qui aident les petites et grandes entreprises (qui sont aussi clientes de Postes Canada) dans leurs efforts en envois postaux, en expédition et en publicité. De plus, nous sommes très fiers de dire que Pitney Bowes emploie actuellement plus de 500 Canadiens d'un océan à l'autre.
Pitney Bowes dessert plus de 100 000 entreprises canadiennes. La plupart d'entre elles sont de petites et moyennes entreprises, en plus de plusieurs des plus grands expéditeurs au pays. Chaque jour, nous facilitons des milliers d'envois nationaux et internationaux de colis au Canada. Nous récoltons efficacement et en toute sécurité plus de 500 millions de dollars en revenus annuels pour Postes Canada grâce à nos machines à affranchir et nos solutions de paiement de colis.
Nous sommes enchantés de voir que le gouvernement passe beaucoup de temps à comprendre les problèmes complexes et significatifs auxquels Postes Canada et l'économie d'expédition qu'elle appuie font face. Au nom de Pitney Bowes, j'aimerais ajouter notre grain de sel à cette discussion nationale.
Dans le mémoire que nous avons remis au groupe de travail cet été, nous avons souligné une série de problèmes qui, selon nous, méritent que vous vous y attardiez durant votre examen. Nous avons mentionné les points importants pour Postes Canada: premièrement, se concentrer sur ses principales activités; deuxièmement, contrôler les coûts tout en minimisant les effets sur les services; et troisièmement, respecter les modèles tarifaires qui favoriseront une stabilité de l'entreprise à long terme. À la lumière de certaines recommandations faites dans le rapport, nous aimerions revenir sur quelques-uns de ces points.
Premièrement, nous encourageons le gouvernement à protéger le modèle de livraison cinq jours par semaine. C'est essentiel si nous voulons maintenir le volume de courrier et les options de services appropriées pour les expéditeurs de publicités. Le modèle de livraison cinq jours par semaine est un élément important des stratégies de marketing des entreprises canadiennes, en plus d'être un rouage critique de l'infrastructure de facturation et de paiement pour les petites et moyennes entreprises. Ces entreprises se doivent d'avoir entre les mains les fonds dont ils ont tant besoin, et ce, le plus rapidement possible. Il ne faut pas sous-estimer l'importance du modèle de livraison cinq jours par semaine pour l'avenir de Postes Canada. C'est indispensable pour l'économie. Il s'agit de l'un des éléments de différenciation du secteur des colis et l'une des principales compétences que Postes Canada devra conserver si elle veut profiter des dernières possibilités dans le secteur de la livraison de colis.
Deuxièmement, pour amenuiser le potentiel de réduction du volume d'envois postaux, Postes Canada doit assurer aux expéditeurs que ses tarifs seront stables, prévisibles et abordables. Nous nous inquiétons de l'impact potentiel d'une hausse importante des tarifs sur le volume des envois et le succès des entreprises canadiennes. Les structures tarifaires doivent être établies et inclure des incitatifs de prix qui favorisent la conception de courrier à haute efficacité. Ceci aidera Postes Canada à contrôler les coûts et mènera les expéditeurs commerciaux à faire plus souvent appel à ses services.
Troisièmement, en proposant des tarifs qui conduiront à l'adoption de pièces de courrier à haute efficacité, Postes Canada peut gagner en efficacité et obtenir de l'aide de la part des expéditeurs. La décision prise en 2014 par Postes Canada d'aller dans cette direction nous a impressionnés. La technologie, telle que les machines à affranchir, aide à simplifier le processus de paiement des expéditeurs et facilite la collecte de revenus et le traitement du courrier pour Postes Canada. En suivant l'exemple d'autres pays qui offrent des incitatifs tarifaires aux expéditeurs faisant appel à la technologie, nous avons remarqué que Postes Canada et ses clients, qui sont les mieux placés pour maintenir ou augmenter leur volume d'envois, étaient tous deux gagnants.
Comme l'ont mentionné à la fois le groupe d'examen et Postes Canada, l'envoi de colis a déjà augmenté, mais Postes Canada se doit de maximiser les occasions dans ce secteur. Pitney Bowes est heureuse de s'associer à Postes Canada afin de fournir aux expéditeurs de partout au Canada de nouvelles technologies d'impression d'étiquettes et de paiement des frais de poste. Ces technologies aideront à rendre l'envoi de colis plus efficace pour Postes Canada et pour nos clients.
En plus des améliorations traditionnelles des processus et de la technologie, nous nous réjouissons de voir les occasions de croissance du volume de colis liées au commerce électronique transfrontalier. Récemment, Pitney Bowes a publié son sondage annuel sur les achats en ligne internationaux. Ce sondage a démontré que les Canadiens achètent couramment des biens, qui ne sont pas offerts au Canada, à l'international. Cependant, ils se plaignent des frais de douanes, des taxes et des frais d'expédition. Le commerce électronique transfrontalier aide aussi à la croissance des entreprises canadiennes. Nous espérons que le gouvernement modifiera bientôt la politique de minimis, vieille de 30 ans, ce qui aidera aussi à augmenter le nombre de colis expédiés du Canada et vers le Canada.
En conclusion, j'aimerais souligner l'importance qu'il y a d'assurer la livraison cinq jours par semaine pour la clientèle du secteur du courrier transactionnel de Postes Canada, ainsi que pour le secteur des colis, qui croît rapidement. Nous demandons au Comité de veiller à la mise en place d'un modèle tarifaire et opérationnel qui assure aux expéditeurs des tarifs prévisibles, fixes et abordables. Nous souhaitons un examen en profondeur des mesures de contrôle des coûts et d'efficacité afin de rationaliser les opérations. Nous encourageons Postes Canada à contacter les partenaires du secteur privé pour trouver des manières innovatrices de maximiser les occasions en matière d'envois de colis et de lettres.
Nous aimerions remercier encore une fois le Comité. Nous admirons et apprécions le travail exhaustif de recherche et d'analyse qui a déjà été fait sur ce sujet.
Je vous acheminerai des exemplaires de ma présentation dans les deux langues officielles.