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Merci, monsieur le président.
Voici à ma gauche M. John Glowacki, chef de l'exploitation à Services partagés Canada. À ma droite se trouve M. Alain Duplantie, dirigeant principal des finances de Services partagés Canada, qui s'est joint récemment à notre ministère.
Sur ce, monsieur le président, je propose de vous présenter un bref aperçu.
[Français]
L'objectif, ici, est simplement de vous donner un aperçu du mandat de SPC, du programme de transformation de la technologie de l'information ainsi que de ses priorités à court terme et, bien sûr, de répondre à vos questions.
SPC a été créé il y a cinq ans dans le but d'améliorer la prestation des services en infrastructure de TI, de transformer les services de courriel, les centres de données et les réseaux du gouvernement du Canada et de rentabiliser la gestion de la TI en mettant en oeuvre une approche pangouvernementale.
[Traduction]
La création de SPC s'est étalée sur plusieurs années. Elle a été annoncée en août 2011, puis diverses lois et décrets ont été pris l'établir. Elle a entraîné le transfert de personnel, de ressources et de contrats de 42 organisations distinctes dans un ministère central.
L'échelle et la portée de la transformation entreprise sont sans précédent au gouvernement du Canada. Habituellement, on parle de fusion et d'acquisition lorsque deux organisations se regroupent, alors que dans ce cas-ci, nous avons rassemblé du personnel et des ressources de 42 organisations. Cela vous donne une idée de toute l'ampleur de la transformation. Pour accomplir notre mandat, nous travaillons en étroite collaboration avec le Secrétariat du Conseil du Trésor, Services publics et Approvisionnement Canada, les organismes de sécurité et tous les ministères partenaires.
Je tiens donc à souligner d'où nous venons. C'est très diversifié. Nous avons hérité d'environ 1 500 systèmes essentiels à la mission, des applications liées à des programmes de prestations très importants du gouvernement du Canada, de l'assurance-emploi, de systèmes policiers et de systèmes financiers. Ces services représentent des dépenses d'environ 2 milliards de dollars par année. Pour vous donner une idée de leur envergure, lorsque SPC a été établi, les dépenses totales en TI du gouvernement du Canada s'élevaient à environ 5 milliards de dollars. Ce sont donc environ 40 % des dépenses totales du gouvernement qui ont été touchés par les transferts et la création de SPC.
Le reste des dépenses, qui incombe toujours aux ministères, concerne les applications déployées sur l'infrastructure et tous les appareils pour les utilisateurs des ministères, comme les ordinateurs portables et les ordinateurs de bureau.
Au départ, on nous a transféré 63 systèmes de courriel différents de 43 ministères et plus de 500 centres de données de diverses tailles et affichant divers niveaux de qualité. Avec le temps, nous avons découvert un grand nombre de serveurs et d'appareils un peu partout au pays que je n'oserais pas qualifier de centres de données. Il y avait 50 réseaux étendus distincts et isolés, qui ne communiquaient pas nécessairement entre eux, dans plus de 3 500 immeubles.
Vous pouvez donc voir qu'il y a beaucoup de doublons et beaucoup de possibilités d'optimisation. J'y arriverai dans un instant, mais cette multiplication des points d'entrée dans les systèmes du gouvernement du Canada le rend vulnérable et crée un grave problème de sécurité.
Notre point de départ était donc une infrastructure complexe, coûteuse et non sécuritaire. Elle constituait une dette non approvisionnée à long terme. Comme la vérificatrice générale l'avait souligné dans son rapport de 2010, il était temps d'investir massivement. C'est l'un des facteurs qui a donné naissance à Services partagés Canada.
En quoi consiste la transformation? Elle vise à regrouper ces centres de données. L'objectif est de passer de plus de 500 centres de données à environ 5, de 63 systèmes de courriel à un seul, de plus de 50 réseaux cloisonnés à un seul réseau pour l'ensemble du gouvernement du Canada et de moderniser les services de télécommunications. Bon nombre de nos infrastructures de télécommunications achèvent leur cycle de vie. Nous avons besoin d'un centre d'approvisionnement centralisé pour les appareils technologiques en milieu de travail, afin d'améliorer la sécurité de tous ces appareils grâce à la centralisation.
Quel en sera le résultat pour les Canadiens et pour nos clients qui leur offrent des services? Il y aura moins de systèmes, moins de défaillances de systèmes, une amélioration de la sécurité, une augmentation de la largeur de bande, une augmentation de la capacité de stockage et une amélioration de choses comme les vidéoconférences.
Comment cela s'inscrit-il dans le portrait général? Dans le monde numérique, nous serons mieux en mesure de traiter les mégadonnées, de soutenir les opérations essentielles à la mission, de protéger les renseignements de nature délicate des Canadiens, et le gouvernement gagnera en souplesse et en capacité de stockage et de traitement. C'est tout un enjeu dans le milieu scientifique, par exemple. Il y a de très vastes ensembles de données au départ, puis les scientifiques les utilisent, les analysent, après quoi ils n'en ont plus besoin et souhaitent les archiver. Est-ce qu'on veut conserver indéfiniment toutes ces données dans un centre de données du gouvernement du Canada? Probablement pas, si ce sont des données non protégées.
Tout cela s'harmonise avec les priorités de prestation de services numériques, d'efficience des services internes et d'une fonction publique moderne et mobile.
[Français]
Je pense que des progrès significatifs ont été accomplis dans le cadre de la transformation. Comme je l'ai dit plus tôt, les centres de données sont un aspect important.
Nous avons établi trois centres de données d’entreprise pour le gouvernement du Canada. Nous avons apporté des améliorations aux processus et des améliorations importantes à la sécurité du système. Nous avons établi des centres d'opérations de sécurité. Nous nous penchons sur l'ensemble des achats du gouvernement et vérifions d'où provient l'équipement, de façon à nous assurer qu'il est sécuritaire.
Enfin, nous avons rationalisé substantiellement le système téléphonique. Nous avons établi des contrats avec deux entreprises afin de commencer la rationalisation des réseaux. Cette semaine, nous avons commencé l'installation et la mise en application de nouveaux réseaux. Dans le cas de ce projet également, c'est un début.
En 2016-2017, nous allons relancer nos plans de transformation. Nous sommes en train de regarder de près toutes les hypothèses que sous-tend le plan de transformation. Pour faire cet examen et cette étude, le moment est crucial. Nous regardons de près les budgets, le temps qu'il faudra pour atteindre les objectifs ainsi que la taille de ces projets, et ce, afin de pouvoir répondre aux besoins du gouvernement dans le cadre d'une économie axée sur l'innovation et les services offerts aux Canadiens.
[Traduction]
Nous nous dirigeons vers un modèle opérationnel différent du modèle précédent, en mettant clairement l'accent sur les éléments nécessaires à la transformation et à l'amélioration des services du ministère: une nouvelle stratégie de services pour renforcer la prestation de services de qualité aux clients; une stratégie financière qui prévoit diverses stratégies d'établissement des prix; et la durabilité à long terme de l'infrastructure des TI. La gestion de projets est un élément clé pour un ministère comme SPC.
Enfin, il y a la stratégie de gestion des employés, qui est probablement la plus importante d'entre toutes, puisque nos employés sont notre plus grand atout: ce sont leurs compétences et leur talent qui nous permettront de concrétiser nos projets.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à saluer le travail de ma collègue, Mme Ratansi, qui a présenté de bons arguments et qui a bien campé les travaux du comité qui ont pour objet de chercher à améliorer la situation dans ce domaine.
Monsieur Parker, je vous souhaite la bienvenue, à vous et à vos éminents collègues.
Un peu plus tôt, je lisais rapidement le rapport du vérificateur général. Parfois, le vérificateur général aime annoncer de bonnes nouvelles, mais s'il veut trouver la solution à un problème, il faut parfois prendre le taureau par les cornes. Une phrase prononcée par le vérificateur général m'a étonné. Je paraphrase, mais il a mentionné que si Services partagés Canada était une société privée, celle-ci aurait perdu tous ses clients. C'est préoccupant pour les contribuables quand on pense aux services des ministères.
Simplement pour camper la discussion, je voulais vous poser la question citée dans le rapport. Y a-t-il toujours plus de 6 000 employés au sein de Services partagés Canada?
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Je retiens quelques leçons des expériences que nous avons vécues. Premièrement, le changement de culture est un aspect important dans ce projet, et l'on ne peut pas sous-estimer ce qu'il représente lorsqu'on regroupe 43 ministères différents, 43 façons de faire différentes et 43 façons de penser différentes. C'est problématique.
Deuxièmement, et cela rejoint les observations du vérificateur général, il faut établir des jalons solides en début d'exercice pour évaluer les progrès ensuite et savoir de quelle infrastructure on hérite. Les estimations des dépenses en infrastructures étaient approximatives. Dans une grande mesure, on ne savait pas vraiment quelles étaient les ressources. Les niveaux de service qui venaient avec le matériel n'avaient pas été établis. Dans certains cas, il y avait des services, mais dans beaucoup d'autres, il n'y avait pas de point de référence pour commencer.
Troisièmement, je constate qu'il est important d'investir dès le début dans ce genre de projet. Je serais porté à surinvestir dans la formation pour préparer le personnel à opérer la transformation. Je serais porté à surinvestir dans les outils, pour nous assurer d'avoir tout le matériel et les outils nécessaires pour démarrer en trombe et pouvoir garantir un certain niveau de service aux clients. Comme M. Blaney l'a dit, les niveaux de service en ont souffert. Il faut prendre des mesures afin de prévenir que cela ne se reproduise.
Quatrièmement, je prendrais plus de temps afin de tout planifier plus en détail avant de lancer des projets, et c'est la raison pour laquelle ce que nous sommes en train de faire est si important. Nous sommes en train d'évaluer quel serait l'échéancier réaliste pour l'approvisionnement et la réalisation des projets en collaboration avec nos partenaires. Nous avons un dialogue ouvert. Nous devons savoir à quel point ils sont prêts à adopter un nouveau centre de données. Ils doivent investir du temps et des ressources de leur côté aussi. De plus, il y a toute une orchestration requise pour nous assurer d'avoir tout le matériel, les réseaux et les mesures de sécurité en place. Voilà quelques-unes des principales leçons que j'en retire.
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Il faut toujours jauger de la vulnérabilité qui vient avec le fait de mettre tous ses oeufs dans le même panier. J'ai deux choses à dire à ce sujet. D'abord, nos centres de données d'entreprise sont véritablement des centres de données du XXI
e siècle. Nous avons commencé à faire visiter nos centres de données d'entreprise pour le faire comprendre aux clients. Nous demandons aux fonctionnaires d'aller d'abord visiter l'un de leurs propres centres de données, dont certains remontent aux années 1950, puis de venir voir les nôtres. Vous verrez que la différence réside dans diverses mesures de défense passive qu'on trouve à l'extérieur. Il y a des doubles murs fortement renforcés, toutes sortes de protections de sécurité qui rendent nos structures physiques très solides et protégées.
De plus, nous continuons de revoir notre stratégie. Les TI sont un milieu très dynamique. On ne peut pas établir un plan, puis s'y tenir pendant 20 ans.
Nous réfléchissons à une chose que vous avez mentionnée, soit notre durabilité. De nos jours, la principale menace ne prend peut-être pas la forme de bombes venues du ciel, mais il y a des menaces ciblées, et un petit groupe de personnes pourrait causer beaucoup de dommages. Nous ne voudrions pas qu'un incident catastrophique paralyse le gouvernement, si bien que nous essayons d'établir ce que j'appelle un « bunker ». Ce n'est pas encore documenté. Nous n'en sommes qu'aux premières étapes. Notre équipe du centre des données évalue diverses options, mais c'est l'idée que nous nous faisons de nos centres de données. Il y en a un qui sera à l'épreuve des balles, un autre qui sera un véritable abri nucléaire souterrain. Nous aurons des systèmes de sauvegarde pour nos réseaux essentiels dans les autres centres de données, de sorte que s'il arrive une catastrophe à nos réseaux essentiels, nous pourrons tout de même émettre des chèques, prélever des revenus, nous pourrons tout de même gouverner et offrir ces services au gouvernement.
Ce n'est pas encore au point, mais je peux vous dire que nos nouveaux centres de données sont véritablement ultramodernes, et nous invitons les gens à venir les visiter.
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Dans un exercice de la sorte, il faut toujours accomplir différentes choses en parallèle. Je le sais pour l'avoir moi-même fait auparavant. Ce n'était peut-être pas à une aussi grande échelle avec 43 organisations, mais il y avait tout de même un quart de millions d'utilisateurs. Vous ne voulez surtout pas qu'un tel exercice soit séquentiel.
Il faut dire qu'il y a toujours des mesures plus faciles à réaliser, des occasions dont il faut profiter... Nous savions qu'il était possible de fermer un certain nombre de centres de données dès la première année, et c'est ce que nous avons fait. C'est ainsi que nous en sommes arrivés à fermer 80 emplacements. Je parle d'« emplacements », car il y a par exemple un cas où nous avons trouvé un bâti de serveur dans la salle de bains des hommes. Il serait difficile de parler d'un centre de données en pareille situation.
Il y a par contre d'autres centres de données qui ont rendu de bons services à leur époque et dont la fermeture exige bien évidemment plus de temps. Nous pouvons agir beaucoup plus rapidement dans le cas d'un simple placard où quelqu'un a dissimulé un serveur.
Il n'est pas question d'attendre d'en être arrivé à un certain degré de planification avant de tirer parti de ces possibilités qui se présentent. L'organisation s'est assurée d'exploiter ces occasions.
Bien que l'on ait été plutôt discret à ce sujet dans les comptes rendus précédents, les coûts unitaires ont été réduits de 30 % pour les serveurs et de plus de 50 % par téraoctet de stockage. Nul besoin d'attendre le prochain plan de transformation pour ce faire. Ce sont des gains qui ont déjà été réalisés, mais il est bien certain que pour obtenir le résultat final souhaité, nous devons revoir notre plan, et c'est ce que nous faisons actuellement.