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Bonjour, je vous remercie de nous avoir à nouveau invités afin de conclure notre propos ici aujourd'hui. Comme vous le savez, je m'appelle Mike Palecek. Je suis facteur à Vancouver et président national du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes.
Je suis accompagné aujourd'hui de notre directeur de recherche, Geoff Bickerton. Il est membre de notre syndicat depuis 1977. Il a même participé de près à la mise en oeuvre de Postes Canada, une société de la Couronne, et aux moindres changements qui ont été apportés à la Société par la suite. J'espère qu'à nous deux, nous saurons répondre à certaines des questions que vous pourriez vouloir nous poser.
Comme nous l'avons indiqué dans notre lettre adressée au président du Comité, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a fait une critique du document préparé par le groupe de travail, comme promis. Je pense que la dernière fois que nous nous sommes présentés ici, nous avons dit que nous déposerions ce document aux fins d'examen. Il fait état de nos préoccupations concernant les questions financières et les services bancaires postaux. J'aimerais en mettre quelques-unes en lumière et répondre à toute question que vous pourriez avoir à ce sujet. Bien sûr, je n'aurai pas le temps d'aborder la question dans tous ses détails.
D'abord, il y a les coûts de main-d'oeuvre. Il est indiqué dans ce document que le coût de production par unité de main-d'oeuvre à Postes Canada est plus de 41 % supérieur à celui d'une entreprise comparable dans le secteur privé. Ailleurs dans ce même document, on indique que le coût de la main-d'oeuvre est de 45 % supérieur à celui de ses concurrents. Selon les renseignements que nous a fournis Postes Canada, ni l'une ni l'autre de ces affirmations n'est exacte. Vous trouverez ces renseignements à la page 2 de notre critique.
Je vais passer à la question du rendement financier. Une bonne partie des projections négatives du groupe de travail se fonde sur son analyse des cinq dernières années, mais il n'aurait pas dû regrouper les résultats de ces années. Pour l'année 2011, il n'a pas tenu compte des conséquences de certaines circonstances exceptionnelles, comme le paiement de parité salariale estimé à 250 millions de dollars ou l'augmentation ponctuelle de 63 millions de dollars des coûts pour les prestations de retraite. Si ce n'était de ces coûts ponctuels, Postes Canada aurait réalisé des profits, malgré les grèves tournantes et le lock-out à grande échelle en 2011 qui, selon les estimations, auraient coûté entre 50 et 70 millions de dollars.
Le groupe de travail a rapporté une perte en 2012, mais c'est faux. Postes Canada a rapporté un profit de 94 millions de dollars en 2012, mais ce montant a été redressé aux fins de comparaison seulement, alors que la société introduisait de nouvelles normes comptables. En 2013, le groupe de travail a complètement ignoré l'énorme impact d'un changement comptable, s'appuyant sur ces résultats financiers pour démontrer la non-viabilité à long terme. En fait, Postes Canada aurait rapporté un profit net de 321 millions de dollars, si la Société n'avait pas apporté ces changements comptables en 2013.
Pour l'année 2014, le groupe de travail reconnaît qu'un profit a été réalisé, mais il l'attribue en bonne partie à des augmentations de prix imposées en mars qui ont généré 214 millions de dollars de revenus. Il passe sous silence les conséquences de l'augmentation du taux d'actualisation des coûts-bénéfices, qui a réduit le coût des avantages sociaux de 181 millions de dollars. Pour l'année 2015, le groupe de travail ne dit pas grand-chose, si ce n'est qu'elle fut une année fructueuse. En revanche, Postes Canada a tenté d'attribuer les profits de 2015 au programme de conversion des boîtes postales communautaires, même si les conversions ont été effectuées à la fin de l'année et que les répercussions sur les coûts ont été minimes.
Les profits réalisés en 2015 sont le résultat d'une augmentation des volumes des colis, de gains de productivité et de la réduction du personnel de Postes Canada en réponse à une perte de volume. Ces résultats ont par ailleurs été obtenus malgré une diminution du taux d'actualisation des avantages sociaux qui est passé de 5 % à 4 %, ce qui a eu pour effet d'augmenter le coût des avantages sociaux de 189 millions de dollars.
En 2016, le groupe de travail prévoit une perte avant taxes de 63 millions de dollars. Il prévoit une perte en dépit de toutes les sources d'information qui nous laissent entrevoir une autre année fructueuse pour Postes Canada. La Société a rapporté 45 millions de dollars en profits avant taxe au cours du premier semestre de 2016. Ce sont les profits les plus élevés jamais réalisés pour la même période depuis 2010, année où l'on a commencé à rendre compte des profits sur une base trimestrielle. Qui plus est, tout cela a été réalisé alors que Postes Canada ordonnait aux gros expéditeurs de courrier d'interrompre leurs activités durant le mois de juin 2016, moment où ils ont éloigné ces entreprises en disant que la situation risquait d'entraîner un conflit de travail.
La Société fait depuis longtemps fausse route. Je vous demanderais d'examiner la page 6 de notre critique à ce sujet.
J'aimerais faire quelques remarques supplémentaires avant de passer aux questions.
Le groupe de travail ne fait mention qu'une seule fois de notre nouvelle entente collective. Il cite une clause du contrat pour les zones urbaines selon lequel il doit y avoir 493 bureaux de poste. Il considère que cette clause a des impacts négatifs. Ce n'est pas notre avis.
Ou il n'a pas voulu le mentionner ou Postes Canada n'a pas fait état de deux conséquences très positives de cette disposition. Le groupe de travail ne mentionne pas les nouvelles règles qui ont été négociées afin que Postes Canada puisse augmenter de manière significative sa part du marché des colis et du courrier publicitaire, plus particulièrement en ce qui a trait à la livraison de colis le soir et la fin de semaine. De même, il n'a pas mentionné une nouvelle activité prévue dans l'entente conclue avec les facteurs ruraux ou suburbains qui aura pour effet d'augmenter la productivité.
Outre les problèmes financiers, nous avons critiqué les observations formulées par le groupe de travail sur les services bancaires postaux. Nous aimerions que vous portiez une attention particulière à la présente section.
J'aimerais d'emblée signaler deux erreurs majeures. Le rapport du groupe de travail indique à la page 82 que seulement 7 % des Canadiens qui sont favorables aux services bancaires postaux utiliseraient ce service. D'après leur propre sondage, ce ne sont pas 7 % des personnes qui appuient l'idée, mais 7 % de tous les Canadiens. De plus, 22 % des Canadiens disent qu'ils utiliseraient probablement un service bancaire postal. Bref, les sondages du groupe de travail portent à croire que les services bancaires postaux présentent un potentiel énorme, et plus de 29 % de la population au pays dit qu'elle utiliserait probablement ces services.
Une deuxième erreur se trouve à la page 86 du document où il est écrit : « La présence d'une entité gouvernementale dans le secteur financier contreviendrait à des accords commerciaux que le Canada a conclus avec d'autres pays. » Cette affirmation est également erronée. Une banque postale serait assujettie aux dispositions des accords commerciaux et devrait se conformer à ces règles, mais aucune entente commerciale ne pourrait actuellement empêcher l'exploitation d'une banque postale.
En conclusion, nous croyons que le document du groupe de travail ne devrait pas être pris en compte, car il est biaisé et il repose sur des erreurs, des omissions, de fausses déclarations et des spéculations non vérifiées.
Je vous remercie de votre attention.
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Certains propos tenus par M. Chopra hier m'ont vraiment surpris. Je vais y aller de mémoire.
Je me souviens de l'avoir entendu dire que Postes Canada avait perdu 300 millions de dollars de revenus en 2009 et que cette année-là avait été très difficile pour la Société. Il a omis de mentionner qu'en fait, en 2009 la Société avait engrangé des profits plus importants que jamais auparavant. J'ai trouvé ça plutôt drôle.
J'ai trouvé étrange qu'il parle du rôle qu'ont joué la direction et le STTP en matière d'innovation et, franchement, il nous encensait comme il ne l'a jamais fait en dehors de cette Chambre.
De plus, il a complètement omis de mentionner que nous avons notre comité sur l'annexe « T », notre convention collective pour les régions urbaines qui concerne le comité de l'expansion du service et de l'innovation et du changement. Il s'agit en fait d'un comité mixte avec deux représentants de la direction et deux représentants syndicaux.
Il a également omis de mentionner que l'an dernier ils ont sans relâche demandé que soit retirée cette disposition de notre convention collective. En fait, c'était l'une des dernières questions laissées sur la table des négociations avant de clore le dossier.
Honnêtement, je pense que Deepak Chopra s'est présenté hier sous un jour très différent de ce à quoi nous sommes habitués.
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Je vous remercie de votre présence ici ce matin.
J'aimerais vous rappeler certains commentaires que j'ai entendus au fil des discussions, des commentaires que nous avons entendus de la direction — dans leur état des faits hier —, et des syndicats, des Canadiens, et de vos clients à l'échelle du pays.
En fait, il existe deux types de clients, n'est-ce pas? D'une part, il y a les citoyens canadiens qui reçoivent leur courrier et qui s'inquiètent à propos de ce qui se passe à Postes Canada et à propos des services qui leur sont offerts dans les bureaux de poste. D'autre part, il y a les clients commerciaux. C'est là que les affaires sont en plein essor, dans la livraison des colis. Ce que j'ai entendu des petits négociants, des gens qui font du commerce électronique, des gens qui travaillent par l'intermédiaire d'eBay, de Shopify et ainsi de suite, m'a étonnée. C'est là que ça se passe.
On a aussi mentionné le besoin de souplesse sur le plan des options de livraison, et ce, quel que soit le service, car le vendeur doit avoir la certitude que le client recevra la marchandise. Les services offerts par l'intermédiaire des bureaux de poste doivent être flexibles. Parallèlement, il faudra assurer la flexibilité nécessaire pour que Postes Canada soit en mesure de faire une offre concurrentielle.
C'est pourquoi j'aimerais vous poser quelques questions au sujet des résultats financiers. Lorsque nous avons parlé de la différence dans les coûts de la main-d'oeuvre, pourquoi selon vous y a-t-il un tel écart entre les calculs de la direction et les vôtres?
:
Merci, monsieur le président et merci aux témoins ici présents
Nous avons tenu des discussions publiques dans ma circonscription au sujet de Postes Canada où les participants étaient essentiellement des employés des postes. Je pense que vous êtes un défenseur indéfectible de Postes Canada, et j'admire cela. Vous offrez un très bon service. Mon cousin vient d'être embauché comme facteur à Surrey, en Colombie-Britannique. Il est très enthousiaste. Il aime son travail. Mais cela ne règle pas le problème auquel est actuellement confrontée la Société canadienne des postes. Je vais faire un résumé macroéconomique de la situation en ces quelques points.
Le courrier transactionnel est en déclin, mais le nombre d'adresses où vous devez livrer va augmentant.
Le secteur des colis est en progression, n'est-ce pas? Mais cela ne compense pas le fait que le nombre d'adresses où vous devez livrer augmente et que les revenus provenant du courrier transactionnel diminuent.
Puis il y a toutes ces propositions comme la prestation de services publicitaires et de services bancaires postaux, la réduction de la main-d'oeuvre, l'élimination des boîtes postales communautaires et la livraison tous les deux jours afin d'assurer la viabilité future de l'organisation.
Beaucoup de vos recommandations aujourd'hui sont fondées sur le fait que Postes Canada est rentable, dans la mesure où les chiffres sont examinés sous un angle particulier et non selon les normes comptables internationales, et nous pourrions en débattre. Nous ne parlerons pas des chiffres en soi, étant donné tout le respect que je dois au travail que vous faites dans ce domaine sur une base régulière, ce qui n'est pas mon cas. J'examine les chiffres avec objectivité, m'appuyant sur l'ensemble de mes compétences. Je ne crois pas que la Société soit viable, mais je vais vous faire confiance et je vais me dire: « D'accord, Postes Canada est une société viable. » Vous cherchez toujours à augmenter vos revenus et à réduire vos coûts n'est-ce pas?
Or, quelles sont les trois choses que M. Chopra devrait faire selon vous pour préserver l'avenir de Postes Canada?
[Français]
Bonjour à toutes et à tous.
[Traduction]
C'est avec plaisir que comparaissons de nouveau devant ce comité parlementaire qui, selon ce qu'on nous dit, travaille très fort. Nous nous réjouissons d'entendre cela parce que cela signifie que vous formulerez d'excellentes recommandations.
Madame Marena McLaughlin, que vous connaissez déjà, se trouve à ma droite et aussi monsieur Jim Hopson, que vous connaissez également très bien et qui, incidemment, a parcouru un long chemin pour être des nôtres. Malheureusement, madame Krystyna Hoeg ne peut pas être avec nous aujourd'hui à cause d'engagements antérieurs qu'elle ne pouvait pas déplacer.
Merci de nous accueillir de nouveau.
Nous nous trouvons en votre présence pour vous rappeler ce que vous avez peut-être oublié ou ce que vous connaissez déjà parfaitement. Nous pensons qu'il est important de revenir en premier, évidemment, sur notre mandat.
[Français]
Notre mandat n'était pas de formuler des recommandations. Nous devions soulever des aspects à considérer qui étaient non pas basés sur nos perceptions et nos impressions, mais sur des faits, ce qui était extrêmement important. Nous avions aussi à respecter les paramètres qui avaient été établis dans le cadre de notre mandat. Entre autres, nous devions évidemment oublier toute forme de subventions et aussi penser à des avenues de privatisation. C'était donc notre carré de sable.
[Traduction]
Cela était très clair et définitif et nous en avons respecté toutes les modalités.
Vous connaissez les représentants d'Ernst & Young avec qui nous avons travaillé et Oliver Wyman. Ils sont très rigoureux et ont fait de l'excellent travail, et nous sommes ravis de cette collaboration. Cependant, vous avez peut-être constaté davantage de rigueur par rapport à celle que nous avons démontrée dans d'autres facettes de notre travail.
Nous avons été rigoureux en nous assurant de ne pas considérer et d'évaluer uniquement l'opinion de quelques personnes. Nous avons rejoint plusieurs gens, pas dans le contexte de consultations comme les vôtres, mais pour faire connaissance avec les intervenants pour nous assurer de bien comprendre les différentes dimensions, les différents aspects de la longue histoire très complexe de cette grande institution. Ce n'était pas seulement pour les fonctionnaires ou les employés de Postes Canada, car tous les Canadiens sont préoccupés et inquiets pour l'avenir de Postes Canada.
Permettez-moi de vous rappeler ce que nous avons accompli. Nous avons rencontré plusieurs intervenants et, à chaque fois, il ne s'agissait pas uniquement d'une personne. Tous les intervenants représentaient leurs membres comme, par exemple, la Fédération canadienne des municipalités ou une association de banquiers. Nous avons aussi rencontré des représentants de l'Association canadienne des individus retraités. Et, bien entendu, les différents syndicats à Postes Canada. Nous avons écouté des experts de la poste, y compris, naturellement, monsieur Robert Campbell, qui a mené la première étude il y a quelques années déjà.
Nous nous sommes appliqués pour bien saisir le point de vue des clients de Postes Canada, ainsi que ses concurrents. Nous avons consulté UPS et rencontré des représentants du Conseil canadien du commerce de détail. Il nous semblait important de ne pas entendre les plaintes — ce n'était pas l'objectif de nos rencontres. Le but était d'obtenir les perspectives pour l'avenir. S'ils avaient des idées pour le futur de la Société.
Toutefois, notre mandat était vaste aussi. On nous avait demandé de bien saisir le point de vue canadien. Pour vraiment bien comprendre l'opinion canadienne, nous avions un site Web où on posait une nouvelle question à toutes les semaines. Cependant, on devait aussi comprendre la perspective scientifique des Canadiens. Nous avons mené un sondage exhaustif auprès de la population dans toutes les provinces et parmi toutes les générations, et nous avons surreprésenté un peu les jeunes, les aînés, les personnes handicapées, même les Autochtones. En tout et partout, nous avons sondé 2 400 personnes.
Nous avons sondé les gens d'affaires séparément. Là aussi, le nombre a été impressionnant. Nous avons consulté les représentants de 1 200 entreprises. Des petites et des grandes dans tous les secteurs d'activités.
Il est important d'y revenir. Dans les discussions que vous avez peut-être eues, il est possible que nous n'ayons pas assez insisté sur ces aspects importants de notre travail.
C'est muni de toutes ces connaissances et suggestions que nous effectué notre travail d'analyse. Nous avons analysé en premier la situation financière présente et future de la Société en formulant des hypothèses et en avançant des prévisions pour les dix prochaines années. Nous nous devions de vous présenter nos opinions sur cette question même si vous menez vos propres consultations. Parce que, bien sûr, vous n'aviez pas le temps de sonder autant de personnes que nous afin d'obtenir l'opinion des Canadiens, de déterminer leurs besoins en ce qui a trait à Postes Canada et comment ils prévoient utiliser leurs services dans le futur.
La troisième dimension portait sur la détermination d'un écart possible entre l'évaluation financière et notre prévision, et le point de vue des Canadiens, quelles solutions retiendrait-on pour assurer la pérennité de Postes Canada?
Nous avons collaboré avec Oliver Wyman et Ernst & Young. Il s'agit de consultants ayant une expertise immense et internationale, même dans le domaine des postes. Dans le cadre de notre travail avec monsieur Wyman, nous avons rassemblé un premier lot, que j'appellerais des options. Il y en avait plus de 40 qui étaient, à première vue, intéressantes, mais une fois ventilées, nous n'avons retenu que celles qui satisfaisaient nos critères. Je dis cela parce que les critères ne correspondaient pas à ce qui pouvait être fait selon une approche hypothétique, mais que cela devait simplement satisfaire les trois critères. Compte tenu de la dynamique du marché, est-ce que l'option est viable? Et compte tenu des affinités avec les compétences de la SPC, est-ce viable? Enfin, est-ce que la croissance est possible? Bien sûr, si la situation financière est morose, vous visez quelque chose qui offrira de nouvelles possibilités. C'est de cette façon que nous avons réduit les possibilités, au moyen d'analyses et d'un processus rigoureux.
Notre conclusion, que vous connaissez déjà, est qu'en fonction de la situation actuelle à Postes Canada, il n'y a pas de solution unique. C'est déjà le cas lorsque vous examinez la façon dont le courrier est livré à la grandeur du pays.
Néanmoins, selon les options évaluées, il n'y a pas de solution magique. La situation financière ne représente pas une tragédie. Plutôt, c'est d'être conscient et au courant qu'on ne peut se contenter de rester dans le passé. Des changements doivent être apportés. Un réalignement est nécessaire. Une transformation doit avoir lieu.
Nous avons décrit les options intéressantes. Dans certains cas, si vous en appliquez une, vous ne pourrez peut-être pas appliquer les autres. Par ailleurs, il ne s'agit pas de régler tous les problèmes. Il s'agit de jeter un pont entre le présent, le réalignement futur et la transformation qui, selon nous, est nécessaire et c'est ce que nous déclarons dans nos conclusions.
Pour nous, il est évident qu'il n'existe pas de recommandation unique qui pourrait être appliquée par l'une des parties ou l'un des intervenants impliqués. La transformation et la pensée qui s'ensuit, puis le réalignement, même les options à court et à moyen terme, nécessitent la collaboration de tous les intervenants. Ce sera définitivement un défi de taille.
Nous avons travaillé à tous les jours pendant quatre mois, de façon très sérieuse, en incluant les voyages — pas à travers le pays, mais pour nous rendre à Ottawa afin de travailler ensemble — pour faire en sorte qu'il y ait un futur pour la Société. Il est clair pour tout le monde, d'après les sondages que nous avons menés et les rencontres que nous avons eues, que l'avenir de Postes Canada est important.
Il ne s'agit pas uniquement d'histoire et du passé, il faut travailler ensemble pour faire en sorte qu'il y ait un avenir.
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Merci, monsieur le président.
Madame Bertrand, je vous souhaite encore une fois la bienvenue devant le Comité.
Ce fut une longue route. Je sais que cela a été un important travail pour vous et aussi pour tous les membres du Comité. Pour nous, ce fut de longues heures d'écoute très enrichissantes, et ce, partout au Canada. Des personnes retraitées et des personne à mobilité réduite sont venues nous faire part de leurs appréhensions et de leurs inquiétudes au sujet de la disparition de ce service public. Il s'agit d'un sujet qui nous tient tous à coeur. Postes Canada est un service public qui fait partie de nos vies, et ce, tous les jours dans nos collectivités.
Comme je vous l'ai déjà annoncé, j'ai été déçue par le rapport. Je m'attendais à plus. Je comprends que vous aviez un cadre défini à respecter. Je comprends aussi que le Comité pourra travailler à partir de vos suggestions pour élaborer un rapport plus exhaustif et peut-être plus approfondi.
D'après ce que j'ai lu et entendu, j'ai vraiment en tête l'image d'une pyramide. On a Postes Canada, les travailleurs et les travailleuses ainsi que la population qui reçoit des services et qui a des attentes par rapport aux services publics. Chaque personne doit faire des efforts et doit travailler à assurer la pérennité de Postes Canada. Je reviendrai un peu plus tard sur la question des services.
Dans votre rapport et avec les témoignages de gens que vous avez interrogés, on constate que les chiffres ne concordent pas. De plus, ils sont basés sur l'année 2011 alors qu'il y a eu un lockout et que Postes Canada a dû payer de gros montants d'argent pour des raisons d'équité salariale. Une moyenne et des prévisions ont été faites au chapitre du déficit alors que, au moment où on se parle et selon les chiffres que nous avons, Postes Canada fait des profits.
Plus tôt, vous avez mentionné qu'on ne pouvait pas trop faire d'hypothèses sur de nouvelles solutions et façons de faire, en particulier pour ce qui est des banques postales. D'un autre côté, le rapport avance des chiffres hypothétiques pour l'avenir, plus spécifiquement pour les dix prochaines années. De plus, selon les intervenants que nous avons rencontrés, les chiffres ne concordent pas.
J'aimerais vous entendre à ce sujet. Je comprends que la firme a fait son travail et que des modifications ont pu être apportées par la suite. Je ne saurais le dire exactement puisque je ne suis pas comptable comme Mme Ratansi. Toutefois, quelle est la différence entre les données? Pourquoi arrive-t-on avec des chiffres différents? De plus, et je tiens à le répéter, pourquoi s'est-on basé sur l'année 2011 alors que c'était une année exceptionnelle au chapitre des dépenses?
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Je vous remercie de la question.
Nous avons travaillé avec beaucoup de rigueur, et ce, à plusieurs égards. D'abord, les chiffres de base proviennent de Postes Canada et des données dont elle dispose. Nous avons aussi des chiffres qui ont été vérifiés par une firme extrêmement responsable et reconnue, soit KPMG. La firme Ernst & Young, avec qui nous avons travaillé, a analysé ces chiffres. Elle n'a pas refait l'audit, mais a travaillé avec ces chiffres.
Les prévisions sont des prévisions, mais comme nous l'avons dit dans notre rapport, il reste que nous avons opté pour les hypothèses les plus conservatrices. On peut dire que 2011 a été une année exceptionnelle à cause des coûts liés à l'équité salariale, mais l'année 2014 l'a été également. En effet, le prix du timbre est passé de 62 ¢ à 1 $. Cela a généré un afflux d'argent d'environ 200 millions de dollars ce qui, forcément, a permis à Postes Canada de reprendre un peu son souffle.
Par ailleurs, il faut se rappeler cet enjeu qu'est la solvabilité du régime de pensions. Certains peuvent dire qu'il ne s'agit ici que de 6 ou 8 milliards de dollars, selon l'évaluation. D'après la dernière, il s'agissait de 8 milliards de dollars. En outre, les paiements liés à la solvabilité sont suspendus pour le moment. Si une entreprise de 6 milliards de dollars fait un profit de 100 millions de dollars, ce n'est pas énorme. Dans le secteur privé, un profit de ce genre ne serait pas considéré extraordinaire, bien au contraire. En outre, ce profit sera rapidement perdu lorsque les paiements liés à la solvabilité devront recommencer.
D'autre part, il y a aussi l'obligation de continuer à investir dans l'entreprise. Il faut effectivement moderniser, avancer vers de nouveaux créneaux et de nouvelles technologies. C'est ce sur quoi sont basées nos projections. C'est plutôt conservateur — et on ne se disputera pas pour 50 ou 100 millions de dollars —, mais lorsqu'on établit la tendance à moyen et à long terme, on voit que la situation est très délicate. Il faut se rappeler ce qui est à la base de tout cela, c'est-à-dire que pour ce qui que des lettres auxquelles nous sommes si attachés, nous n'en recevons plus et nous n'en envoyons plus. De plus, nous recevons et payons nos factures en ligne. Soixante-neuf pour cent des Canadiens sont d'avis que cette tendance va continuer à croître.
Par ailleurs, nous serons de moins en moins favorables à ce qui est distribué par la poste en matière de marketing et de publicité, étant donné que nous sommes de plus en plus conscients qu'à bien des égards, cela représente un gaspillage de papier et que nous pourrions tout aussi bien recourir à Internet.
Enfin, pour ce qui est de la livraison des colis, qui connaît une importante croissance, les prix ne peuvent pas être haussés à volonté, du fait qu'il y a des contraintes non pas à cause de questions législatives, mais en vertu des lois du marché. C'est pourquoi la seule possibilité intéressante à considérer serait probablement qu'un organisme de réglementation établisse un prix plancher et que celui-ci soit appliqué à nos concurrents. Cela permettrait à Postes Canada de souffler un peu.
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Merci de nous avoir rappelé en quoi consistait votre mandat, soit l'élaboration d'un document de travail. Vous n'avez pas tiré de conclusions. Vous nous avez aidé par contre à aller de l'avant et à poser des questions. Il était parfois difficile de déterminer si les remarques étaient valables ou non. Nous avons reçu beaucoup de renseignements contradictoires par rapport à ce que vous avez entendu. J'aimerais vous lire des déclarations de certains témoins, et il ne s'agit pas ici des syndicats.
L'un des intervenants a dit que le rapport du groupe de travail sur la Société canadienne des postes est fondamentalement imparfait et ne sert pas bien la population canadienne parce qu'il ne tire pas avantage des points forts uniques de Postes Canada. C'est de là que vient la confusion. Nous le regardons et nous nous disons: Est-ce que vous examiniez la question du point de vue de l'insolvabilité, c'est vous qui le mentionnez, ou plutôt du point de vue de la préoccupation persistante voulant qu'ils ne savent profiter des occasions?
Je vais faire quelques déclarations et veuillez prendre des notes, car vous répondrez aux questions.
Ils ont aussi affirmé, et vous l'avez évoqué tout à l'heure, que 60 % des Canadiens utilisent les services bancaires en ligne. La personne qui a cité cette source a mentionné qu'elle l'avait reprise de Yahoo Canada, mais les lecteurs de Yahoo Finance ne sont aucunement représentatifs de la population canadienne. Vous pourrez répondre à cette question aussi.
Monsieur Hopson, vous mentionnez dans votre analyse que vous ne vous concentrez pas sur une seule anomalie, mais plutôt sur le fait qu'au cours de 19 des 20 dernières années, depuis que la Société est en affaires, Postes Canada a été rentable. Même Ernst & Young nous ont dit que leurs prévisions ne sont pas justes.
Vous pouvez constater la confusion des gens au chapitre de la viabilité ou non, et de la pérennité. Quelles seraient certaines des solutions créatives?
Monsieur Oliver Wyman s'est présenté ici aussi. Vous dites que vous avez examiné la situation en France et au Royaume-Uni. Il s'agit de deux pays densément peuplés. Même quand nous avons posé cette question à monsieur Wyman, il n'avait pas jugé bon de regarder l'Australie. Si vous n'avez pas examiné ce pays, qui est très semblable sur le plan démographique et de l'étendue, comment pouvez-vous arriver à la conclusion que le service bancaire postal n'est pas viable? Tellement de présentateurs ont affirmé que, dans certaines circonstances, le service bancaire postal est viable, il faut sortir des sentiers battus. Postes Canada n'a pas fait preuve de réflexion intégrée.
La raison pour laquelle je vous dis cela, c'est que vous nous fournirez des réponses, je me tairai par la suite.
Un autre des points soulevés est que vous n'avez pas examiné si la Société avait mal calculé son coup, se faisait concurrence à elle-même en établissant des franchises, alors qu'elle possède des sites centraux. Les gens d'affaires nous ont aussi dit que votre étude était erronée en affirmant que le courrier publicitaire allait diminuer en raison de la technologie. Alors je me demande qui a raison, qui a tort et que dois-je faire?
Je vous cède la parole.
:
Oui, ce n’était pas ce site. Je pense qu’il est très important que nous comprenions que le commerce électronique est en hausse. Il n’a pas atteint son plein potentiel.
En ce qui concerne le problème de solvabilité du régime de pension, ce n’est pas à nous de présenter une solution. Ce que nous avons présenté, ce sont ces options que vous devez considérer, mais c’est un gros poids que vous pouvez oublier pour l’instant. Bien sûr, c’est ce que la Société a été en mesure de faire, compte tenu des congés de cotisations qu’elle a reçus, mais c’est là, et à moins que vous ne modifiiez la loi, comme ils l’ont fait l’année dernière au Québec ou au Nouveau-Brunswick, vous êtes pris avec cela. Cela doit être considéré.
Je vais laisser mon collègue parler de l’Australie.
En ce qui concerne les bureaux de poste versus les comptoirs franchisés, nous avons envisagé la possibilité que le moratoire qui était auparavant approprié, parce que les zones étaient rurales et qu’elles comptaient très peu de population, n’est plus approprié, parce que c’est une autre histoire aujourd’hui. Ici nous pensons à Brampton, à Moncton, et même à Halifax. Nous avons pensé que, si nous essayons d’avoir de l’imagination, n’y a-t-il pas une possibilité d’utiliser les bureaux de poste qui restent dans les régions rurales et les régions les plus éloignées comme des centres opérationnels? Postes Canada pourrait offrir la possibilité d’un partenariat avec les banques, offrir des services municipaux, provinciaux et même fédéraux et peut-être même certains services du secteur privé, afin d’être un lieu de rencontre, mais également de fournir
[Français]
un guichet unique, comme on l'appelle communément,
[Traduction]
toutes sortes de services. Nous avons donc essayé de vraiment trouver un équilibre entre les intérêts des Canadiens et les possibilités.
Peut-être voulez-vous parler de l’Australie.
:
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir invité à nouveau pour discuter de la réforme du Budget des dépenses.
[Traduction]
Je suis heureux d’avoir avec moi aujourd’hui, de mon ministère, Yaprak Baltacioglu, la secrétaire du Conseil du Trésor; et Brian Pagan, le secrétaire adjoint du Secteur de la gestion des dépenses du Conseil du Trésor. Nick Leswick, le sous-ministre adjoint de la politique budgétaire au ministère des Finances, et Siobhan Harty, la secrétaire adjointe du Cabinet des affaires parlementaires, au Bureau du Conseil privé, sont également des nôtres aujourd’hui.
[Français]
Comme je l'ai dit la dernière fois que je me suis adressé à vous, je sais que la réforme du Budget des dépenses est une question qui intéresse particulièrement votre comité. J'apprécie le point de vue du Comité alors que le dossier progresse.
[Traduction]
Je pense que c’est soit ma 13e ou 14e comparution devant un comité parlementaire de la Chambre et du Sénat au cours de l’année dernière. Je prends très au sérieux le travail avec les comités à titre de parlementaire. Comme je l’ai mentionné la dernière fois, le 2 juin sera mon 20e anniversaire de vie politique, après sept élections, à titre de représentant de la population de Kings–Hants. Pendant 16 ans et demi de ces vingt années, j’ai été membre de l’opposition parlementaire, et pendant trois ans et demi, un membre du gouvernement.
En tant que tel, mon point de vue sur ces questions sur le plan de la participation parlementaire ont été façonnées par mon long séjour à titre de député qui reconnaît pleinement l’importance du Parlement et le rôle que les parlementaires jouent en ce qui a trait à la reddition de compte du gouvernement. La capacité d’exercer la surveillance est le rôle le plus important que les parlementaires peuvent jouer au nom de ceux que nous représentons.
J’aimerais aborder certaines des principales questions qui ont été soulevées par les membres du Comité la dernière fois, et lors de réunions ultérieures, et parfois dans des entretiens individuels et de plus petits groupes.
La première est leur souhait connexe à l’importante exigence que les ministres comparaissent devant le Comité pour expliquer leurs prévisions. Au nom du gouvernement, je tiens à vous assurer que notre gouvernement s’engage à ce que les ministres comparaissent devant le Comité lorsqu’ils sont invités à défendre leurs estimations. Nous croyons fermement que la surveillance parlementaire et la reddition de comptes sont absolument essentielles à notre système démocratique.
La présence des ministres devant le Comité, lorsqu’ils sont invités à discuter et à défendre leurs prévisions, est un élément essentiel de la reddition de compte du gouvernement. Vous avez mon engagement personnel, mais également l’engagement de notre gouvernement visant à s'assurer que c’est le cas. Cela était également établi dans nos lettres de mandat envoyées par le premier ministre qui a dit qu’il voulait un « engagement significatif envers... les comités parlementaires ».
Nous prenons cela très au sérieux dans notre gouvernement.
Deuxièmement, j’ai entendu les préoccupations au sujet de la modification du Règlement pour permettre au Budget principal des dépenses d’être déposé au plus tard le 30 avril. Il y avait une préoccupation voulant que cela affaiblisse la surveillance parlementaire, parce que cela raccourcirait le nombre de jours que les parlementaires et leurs comités auraient pour étudier le Budget principal des dépenses.
Pour atténuer cette préoccupation, je propose le 30 avril pour les deux premiers cycles budgétaires et cycles de préparation du Budget principal des dépenses. C’est important parce que sur le plan opérationnel, nous demandons beaucoup du Conseil du Trésor, des Finances et de tous les ministères et de tous les organismes fédéraux qui travaillent ensemble. Il s’agit d’un changement important et substantiel, et il faudra du temps pour le rendre opérationnel. Nous disons que pour les deux premiers cycles budgétaires et cycles de préparation du Budget principal des dépenses, la date limite serait le 30 avril. Avoir une date limite du 30 avril pour le Budget principal des dépenses pour les deux premières années permettrait à nos ministères d’apporter les ajustements nécessaires et leur donnerait le temps de s’assurer que des portions importantes du budget sont reflétées dans le Budget principal des dépenses, renforçant l'importance et la pertinence de ce dernier.
Cette approche fera en sorte que le Budget principal des dépenses, à compter de l’année qui vient, sera un document plus utile et plus pertinent, parce qu’il reflétera les priorités du budget de cette année et permettra d’éviter la situation que nous avons actuellement, dans le cadre de laquelle le Budget principal des dépenses est effectivement débattu pendant plusieurs semaines et est rendu pratiquement inutile lorsque le budget réel est déposé.
Dans la troisième année, un changement permanent se produirait, permettant le dépôt du Budget principal des dépenses le 31 mars. J’ai discuté avec l’ancien directeur parlementaire du budget, Kevin Page, qui croit que c’est une approche raisonnable. Il a dit ce qui suit et a accepté que je puisse le partager avec vous:
Bien que je crois que le Parlement et les Canadiens devraient voir le Budget principal des dépenses avant le début de l’exercice, j’appuie votre recommandation selon laquelle cet ajustement puisse prendre deux ans à mettre en oeuvre.
Il est quelqu’un qui a travaillé comme directeur parlementaire du budget et aussi au sein de la fonction publique en général. Il comprend que ces types de changements importants prennent du temps à mettre en oeuvre pour s’assurer qu’ils soient effectués correctement.
Je comprends les préoccupations que j’ai entendues au sujet d’une éventuelle réduction du temps disponible pour l’étude parlementaire. Je vous assure que la réduction de la capacité des parlementaires à étudier le Budget principal des dépenses est quelque chose que nous voulons éviter. Ce n’est pas notre intention; c’est tout le contraire. Nous voulons que les parlementaires soient en mesure d’étudier les documents qui seront beaucoup plus pertinents que ceux qui sont fournis aujourd’hui. C’est une approche qui permettra d’offrir le meilleur équilibre entre l’étude parlementaire du Budget principal des dépenses et de faire du Budget principal des dépenses un document beaucoup plus utile et plus pertinent.
Une troisième préoccupation est soulevée au sujet du comité plénier. Le dépôt du Budget principal des dépenses avant le 30 avril exigerait une certaine forme de modification corrélative. En vertu des règles actuelles, c’est à l’opposition d’identifier les ministères dont le Budget principal des dépenses sera renvoyé au comité plénier. L’actuel règlement donne au chef de l’opposition jusqu’au 1er mai pour identifier ces ministères. Ce délai devra bien évidemment être déplacé jusqu’après ce moment afin de donner à l’opposition le temps de prendre une décision éclairée. Nous reconnaissons la nécessité de modifier ce délai pour donner à l’opposition le temps de prendre cette décision. Déplacer ce délai aura pour effet de limiter la marge de manoeuvre du gouvernement afin d'organiser ces comparutions devant le comité plénier.
Comme quatrième préoccupation, la dernière fois que j’ai comparu ici, il y avait aussi quelques préoccupations voulant que notre proposition réduirait d’une manière quelconque le nombre de dates possibles. Je tiens à préciser très clairement que ce n’est pas le cas. L’ajustement du dépôt du Budget principal des dépenses n’aurait aucun impact sur le nombre de jours réservé à l’opposition ou sur d’autres aspects du cycle budgétaire, y compris les budgets supplémentaires de dépenses planifiés pour les périodes de crédits se terminant le 20 décembre et le 26 mars. Les comités seraient en mesure d’examiner les documents du Budget des dépenses et de convoquer les fonctionnaires et les ministres tout au long du cycle budgétaire.
Une cinquième préoccupation était en lien avec l’actuel règlement obligeant les comités à faire rapport sur le Budget principal des dépenses avant le 31 mai. Il y avait une préoccupation voulant qu’un mois n’était peut-être pas suffisant pour examiner à fond le Budget principal. Nous sommes ouverts à vos idées sur la façon de traiter cette question. Cela pourrait être une discussion avec les leaders parlementaires afin de permettre une prolongation raisonnable de cette période. C’est une discussion que nous devrions avoir entre les leaders parlementaires, mais nous reconnaissons la nécessité d’aborder cette question et la possibilité de la faire avancer.
Enfin, certains membres du Comité ont exprimé l’avis que la date du budget devrait être fixe. Monsieur le président, comme vous le savez, il n’y a actuellement aucune obligation de déposer un budget. Cela ne fait pas partie du règlement, et le moment du budget relève de la compétence du ministère ou du . La pratique normale est de déposer le budget entre la mi-février et la mi-mars. Des situations extrêmes surviennent parfois et le gouvernement doit recourir à des approches plus souples.
Je tiens à dire au Comité que nous sommes ouverts aux avis de ce Comité sur le sujet. Nous sommes ouverts à ses suggestions, et nous allons les prendre au sérieux.
Monsieur le président, beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui est basé sur le bon travail de ce Comité qui remonte à 2012. C’est un travail important dans le renforcement de la reddition de comptes du gouvernement devant le Parlement et du renforcement du rôle du Parlement.
Nous nous engageons à faire un meilleur travail pour aligner le processus budgétaire et celui du Budget des dépenses. J’attends avec impatience la poursuite de notre engagement actif auprès de ce Comité, mais aussi de l'ensemble du Parlement, sur cette question et plusieurs autres. Je serais heureux de répondre à toutes les questions que vous ou les membres du Comité pourriez avoir. De plus, nos fonctionnaires se feront un plaisir de répondre à vos questions.
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Pour être honnête, je pense réellement que les membres du Parlement, même les membres du parti au pouvoir, ont la même responsabilité de demander au gouvernement de rendre des comptes. Il n’y a pas que les députés de l’opposition qui ont la responsabilité de le faire. Tous les membres du Parlement, même les membres du parti au pouvoir, quel que soit le parti au pouvoir, peuvent, à un moment ou à un autre, avoir une responsabilité de le faire.
Les comités, par leur nature, devraient être moins partisans dans le travail qu’ils font. Je crois que le Parlement lui-même, à plusieurs reprises — à l’exception d’une heure par jour où il est assez difficile de changer cela — doit être en général moins partisan dans le travail que nous faisons. Cependant, les comités, je pense, devraient être tenus de respecter des normes plus élevées en termes du travail qu’ils font et en termes de ne pas être partisans.
La responsabilité du Parlement et des comités parlementaires de demander des comptes au gouvernement pour les dépenses du gouvernement est essentielle. Le système actuel n’est pas destiné à être compris. En fait, si vous essayez de concevoir un système difficile à comprendre et opaque, vous ne seriez pas en mesure de faire un bien meilleur travail que ce qui s’est passé au fil des décennies. En tant que député, je peux vous dire qu’il y a des gens qui ont été membres du Parlement pendant des années qui ne comprennent pas le processus budgétaire et celui du Budget des dépenses, et ce sont des gens intelligents, des gens engagés, et de bons députés, qui ont de la difficulté à comprendre ce qu’est un système ridiculement opaque et inutilement complexe et illogique.
La réponse est qu’à un certain point, nous devrions en fait avoir un système qui puisse être compris non seulement par les députés — et tous les parlementaires, j’inclus les sénateurs dans ce groupe —, mais également par le grand public. C’est ce qui devrait être l’objectif. Je considère cela comme un processus évolutif. Ce sont les changements que nous voulons faire maintenant, mais alors que nous allons de l’avant, je veux que ce soit une chose sur laquelle, sur une base continue, nous travaillons pour renforcer la reddition de comptes du gouvernement en matière de dépenses au Parlement.
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Merci de vous joindre à nous de nouveau.
Si cela peut vous rassurer, monsieur le ministre, je vous laisserai savoir que contrairement à ma cohorte de jeunes là-bas, votre temps au Parlement n'équivaut même pas à la moitié de ma vie.
Je pense que nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il faut promouvoir la transparence dans le cadre du processus budgétaire et l'alignement entre le budget des dépenses et le budget.
Je dois dire, par contre, que je suis encore un peu réticent à l'idée de modifier le Règlement avant d'ajuster le comportement correspondant lorsqu'il vient le temps de créer le budget et de présenter le budget principal des dépenses. Votre prédécesseur, M., a noté à plusieurs reprises dans les discussions entourant le budget de 2012 que les reformes ne requièrent pas nécessairement un changement de règlement, mais plutôt un changement sur le plan de la coordination du processus budgétaire. Je pense qu'il s'agit du chemin que je vais emprunter.
Changer le Règlement est un enjeu assez exceptionnel et je pense que vous avez maintenant recommandé d'en changer un deuxième afin d'accorder le temps d'étudier les documents. Nous modifierons maintenant deux Règlements. Ces règlements gouvernant la Chambre sont, évidemment, très importants. Ils l'emportent sur le gouvernement du jour. Les modifier est une entreprise monumentale et substantielle. Nous souhaitons simplement souligner la portée de la proposition. Modifier le Règlement n'est pas simplement quelque chose que nous pouvons proposer, en disant « Oh, nous avons une journée pour rencontrer le comité plénier. Nous apporterons simplement un autre changement au Règlement. » Je pense que cela établit un très mauvais précédent.
Est-il plus adéquat de modifier le Règlement afin que le budget et le budget des dépenses puissent être alignés, lorsque rien ne dit que nous ne pouvons pas modifier l'alignement dès maintenant?
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Je vous remercie beaucoup.
Je commencerai en disant que nous, au sein du NPD, pensons qu'il s'agit d'une très bonne idée de tenter de mieux aligner les documents du budget et les documents du budget des dépenses. Nous comprenons la valeur de le faire.
Je vous remercie d'en avoir fait une priorité, mais il y a des préoccupations au sujet du temps dont les parlementaires disposeront pour étudier le document, peu importe si l'information qu'il contient est de meilleure qualité. On s'inquiète à propos du fait de s'assurer que ces documents restent coordonnés dans la mesure où il n'y a pas de date budgétaire fixe ni de période budgétaire fixe où le budget serait déposé. Dans la mesure où le Règlement n'affecte pas le budget, il est difficile de sentir que ce changement limité au Règlement assurera en réalité une certaine forme de coordination.
Puis, bien sûr, l'accès au gouvernement est également requis pour une bonne étude du budget des dépenses. Je pense que ces enjeux sont représentés dans les six préoccupations que vous avez cernées.
Nous avons eu votre assurance et celle de vos collègues — ou vous nous avez assurés en leur nom — qu'ils sont prêts à comparaître devant le Comité. Toutefois, nous savons que les gouvernements ne sont pas éternels et même si le plus récent plan d'infrastructures prévoit que votre gouvernement restera en place jusqu'après 2023, les Canadiens pourraient très bien changer d'idée. Avec un gouvernement différent, ces assurances ne signifieront pas grand-chose.
Seriez-vous prêt à considérer des changements au Règlement qui exigeraient que les ministres comparaissent devant le Comité afin de veiller à ce que les parlementaires aient l'accès dont ils ont besoin dans un délai restreint pour être en mesure d'obtenir les réponses nécessaires connexes au budget des dépenses?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre. Je vous remercie d'être avec nous ce matin.
Premièrement, l'opposition officielle de Sa Majesté veut réitérer très fortement que toute modification qui peut apporter plus de transparence et aligner le Budget principal des dépenses et le Budget supplémentaire des dépenses est en elle-même louable.
Deuxièmement, de toute évidence, en théorie, on parle d'une réforme des crédits budgétaires et du processus touchant les crédits budgétaires. Toutefois, il semble également que derrière la façade, on parle d'une réforme fondamentale de la démocratie parlementaire canadienne et je vais vous dire pourquoi. Selon moi, en ce moment, il y a deux philosophies qui s'opposent. Il y a deux prémisses fondamentales que vous avez vous-même abordées indirectement.
Vous parlez premièrement de la prémisse qui veut que les parlementaires puissent mieux comprendre les processus budgétaires, donc le Budget supplémentaire des dépenses et le Budget principal des dépenses. C'est la première prémisse. On ne peut pas être contre cette prémisse, puisqu'elle est bonne.
La deuxième prémisse que vous avez aussi abordée, c'est la nécessité et l'importance de rendre le gouvernement responsable et imputable de ses actions, notamment du budget, qui est fondamentalement l'outil principal du gouvernement.
Ce sont deux prémisses qui s'affrontent. Quand on regarde les 150 dernières années de notre pays, je pense que nos Pères fondateurs et les parlementaires ont clairement choisi la deuxième prémisse. Ils ont choisi la prémisse qui essaie de rendre le gouvernement responsable et imputable par l'entremise de la surveillance de l'utilisation des fonds publics. À cet égard, ma question est la suivante.
Je vous ramène à la lettre de mandat que le vous a adressée publiquement. Au quatrième point , on peut lire ce qui suit:
Renforcer la surveillance des fonds publics ainsi que la clarté et l’uniformité des rapports financiers. Assurer la cohérence et l’harmonisation du Budget des dépenses [...]
Dans cette phrase, on voit un affrontement entre les deux prémisses. Votre réforme propose la clarté et l'uniformité des rapports financiers ainsi que la cohérence et l'harmonisation du Budget des dépenses. A contrario, votre réforme ne semble pas nécessairement assurer et renforcer la surveillance des fonds publics. On a même l'impression que c'est le contraire.
Vous l'avez dit vous même:
[Traduction]
plus significatif — d'accord, mais la reddition de comptes du gouvernement, et la responsabilité est moindre.
[Français]
Il y a donc ces deux prémisse qui s'affrontent et nous, de ce côté-ci de la Chambre, nous voulons nous assurer que la deuxième prémisse, qui a été préservée par les parlementaires depuis les 150 dernières années, ne soit pas changée à la légère. De plus, vous parlez là d'un deuxième ordre permanent. Est-ce qu'il y en aura bientôt un troisième?
Qu'avez-vous à dire sur cet affrontement entre ces deux prémisses philosophiques qui sont importantes pour notre démocratie parlementaire canadienne?
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Yasmin, vous avez l'avantage d'être comptable. Nous ne le sommes pas tous. Je travaillais dans le domaine des finances, mais nous nous fions énormément aux comptables.
Cela porte déjà à confusion. Par opposition, nous avons des ressources limitées. Les membres individuels dans leurs bureaux n'ont pas beaucoup de ressources législatives. J'ai été très chanceux dans l'opposition de pouvoir compter sur Tisha Ashton, qui aimait tout simplement le processus du budget des dépenses. Il n'y avait pas beaucoup de personnes comme elle. Après un certain temps, je suis parvenu à les comprendre dans une certaine mesure, même si je ne les comprenais pas aussi bien qu'elle. Tous nos partis comptent des gens dans leurs bureaux et dans le bureau du chef qui aiment véritablement ce processus.
Toutefois, nous ne devrions pas avoir besoin d'experts qui comprennent et aiment ce processus. Chaque député, et les Canadiens en général, devrait comprendre un processus qui est simple et plus facile à comprendre. Le processus devrait être quelque chose que nous pouvons décrire à n'importe quel Canadien, non seulement en ce qui a trait au séquençage, mais également aux rapports ministériels.
Il y a des milliers de personnes dans les ministères du gouvernement du Canada qui rédigent des rapports que presque personne ne lit. C'est parce qu'on ne fournit pas ces rapports. Ce n'est pas de leur faute en passant. La nature du rapport signifie maintenant qu'ils dépensent beaucoup de temps à fournir de l'information qui n'est pas si utile, qui n'est pas d'une si grande qualité et qui ne reflète pas vraiment les plans ministériels fondamentaux et les résultats ministériels. Nous souhaitons changer cela également.
Il s'agit de changements d'envergure. Je pense que les députés sensés de tous les partis peinent avec ce fait. Ce n'est pas simplement les membres de l'opposition qui ont la responsabilité de tenir le gouvernement responsable.
Merci, monsieur le ministre, de votre présence ici aujourd'hui. Toutefois, j'ai une question et demie à vous poser, au moins une observation et une question qui n'a pas été posée, mais je pense qu'il s'agit de quelque chose de très pertinent dans le cadre de cette conversation.
Je présume, monsieur le ministre, si vous parlez de modifier le Règlement, que vous parlez d'adopter un Règlement provisoire et non un Règlement permanent, parce que vous pouvez imposer une limite de temps à un Règlement provisoire, comme je suis certain que vous le savez.
Il est de coutume au sein de la Chambre que lorsqu'on modifie un Règlement, que la modification obtienne le consentement de tous les partis. Évidemment, il relève de la compétence de ce gouvernement que dans le cadre d'un simple vote, vous puissiez modifier le Règlement comme vous le souhaitez. Est-ce votre intention, monsieur le ministre, d'obtenir le consentement unanime si vous tentez d'aller de l'avant avec une modification vers un Règlement provisoire, et quel serait votre échéancier?
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À cette fin, en février dernier, nous avons effectué un compte rendu pour les députés. Y étaient présents environ 80 parlementaires de la Chambre et du Sénat. Nous avons depuis ce temps rencontré ce comité. Nous avons récemment fait un compte rendu technique.
Nous avons été très engagés auprès du Parlement et des parlementaires afin d'obtenir une orientation et des commentaires. Comme nous l'avons souligné aujourd'hui, six préoccupations ont été soulevées au cours de la dernière période, et nous les avons abordées. Nous faisons tout en notre pouvoir. Je fais tout ce que je peux. Nos responsables font tout en leur pouvoir afin de vous démontrer une bonne foi absolue en ce que nous tentons d'accomplir ici.
Nous nous attendrions, à titre de parlementaires, à une réciprocité sur ce point, parce que nous convenons tous des objectifs. À titre de ministre représentant le gouvernement, je dois également refléter la capacité opérationnelle de ce que nous pouvons faire. Je ne vais pas nous engager à faire quelque chose et tomber à court. Je souhaite que ce soit bien fait.
Je souhaite que cela soit absolument clair que nous démontrons de la bonne foi et que nous souhaitons que les parlementaires de tous les partis en fasse de même. Le processus des comités et le travail que votre comité accomplit, allant aussi loin que 2012, sont importants. Il s'agit d'un processus qui se renouvelle continuellement. Les changements que nous proposons guideront les changements ultérieurs et renforceront le processus de budget et de budget des dépenses et fondamentalement, la reddition de compte à l'endroit du Parlement et des Canadiens. Il s'agit d'un travail important.
Monsieur le président, nous sommes députés depuis un certain temps et il s'agit de quelque chose sur lequel, à titre de parlementaire, nous pourrons faire un retour en arrière plus tard et dire que nous avons participé à un changement fondamental qui a renforcé la démocratie parlementaire au Canada. Nous n'avons pas beaucoup d'occasions à titre de parlementaires de pouvoir dire cela.
J'espère qu'il s'agit — d'un grand projet, d'un important projet — dans le cadre duquel nous pourrons tous collaborer, peu importe les partis, parce que la reddition de compte fondamentale du gouvernement à l'endroit du Parlement et du parlement et du gouvernement à l'endroit des Canadiens, est quelque chose qui devrait être un projet grandiose sur lequel nous pouvons tous nous mettre d'accord et travailler afin de réaliser.