:
Merci, monsieur le président, de m'avoir invité à comparaître à nouveau pour discuter de l'examen de la LPFDAR, comme nous l'appelons. Je suis heureux d'être ici ce matin et de poursuivre la discussion que nous avons entamée le mois dernier.
J'ai le plaisir d'être accompagné de mon conseiller général, Brian Radford, que j'aimerais inviter à participer activement aux discussions d'aujourd'hui. M. Radford connaît cette loi depuis longtemps, car il a notamment participé à la planification de sa mise en oeuvre à l'échelle du gouvernement avant la création du Commissariat. Je suis sûr qu'il sera en mesure de fournir des renseignements utiles dans le cadre de notre discussion.
[Français]
Je suis très heureux d'avoir déposé, lors de ma comparution du 14 février dernier, 16 propositions concrètes touchant des changements positifs et progressifs visant à améliorer le régime de dénonciation de la fonction publique fédérale.
[Traduction]
Depuis ma dernière comparution devant le Comité, monsieur le président, le Commissariat a déposé deux rapports sur des cas fondés d'actes répréhensibles. De plus, nous avons publié un document de recherche et de discussion sur la crainte de représailles, rédigé par M. Craig Dowden. D'après ce que je comprends, les membres du comité ont reçu un exemplaire de ce rapport plus tôt cette semaine. C'est la première fois que le Commissariat produit un document de ce type — je crois que c'est également une première au pays — et c'est une contribution importante à la discussion en cours sur la divulgation au Canada. Lorsque j'ai comparu devant vous le mois dernier, j'ai dit qu'il fallait effectuer un changement de culture, et je remarque que plusieurs témoins ont depuis souligné cette même importante question. Le document de recherche aborde cette question et il contient des recommandations qui soutiennent un processus continu pour effectuer un tel changement.
[Français]
Comme je vous l'ai dit la dernière fois que j'ai comparu devant vous, l'un des buts que je vise en tant que commissaire est de normaliser la dénonciation. À mon avis, les activités que nous avons menées le mois dernier constituent un progrès important vers la réalisation de ce but.
[Traduction]
J'ai suivi les délibérations du comité depuis ma comparution le mois dernier, et je suis encouragé par l'intérêt manifesté par un si grand nombre de témoins en vue de réaliser des progrès importants en ce qui concerne le régime de divulgation. Même si je ne partage pas nécessairement l'avis selon lequel le régime est un échec et la Loi doit être complètement remaniée, je peux dire que je soutiens ardemment ce que je considère comme un désir collectif d'appuyer un régime de divulgation efficace, tout en reconnaissant qu'il n'existe pas de modèle universel qui conviendrait à tous les pays ou régimes. Je pense que tous les témoins — y compris moi-même — appuient les objectifs de ce processus évolutionnaire.
Je remarque également qu'il y a des discussions approfondies et ciblées sur le processus visant à aborder les représailles et sur le fait qu'il peut être intimidant, et même décourageant, pour une personne de devoir attendre la fin de l'enquête du Commissariat pour ensuite se prêter à une audience officielle devant le tribunal — un processus semblable à un procès —, afin d'obtenir un jugement final. J'ai hâte d'avoir une discussion approfondie sur ces sujets, notamment sur la question d'un accès plus direct au tribunal, car j'appuie cette initiative.
[Français]
Cela m'amène à un point très important que je n'ai pas eu l'occasion d'aborder pleinement le mois dernier, soit notre pouvoir de régler les dossiers de représailles et de recourir à la conciliation à cette fin. Jusqu'à maintenant, nous avons réussi la conciliation dans neuf dossiers, ce qui a abouti à un règlement auquel le plaignant a participé et qu'il a accepté de plein gré. Dans cinq autres dossiers, le Tribunal a eu recours à la médiation pour régler l'affaire ou les parties ont réglé l'affaire elles-mêmes au cours du processus devant le Tribunal.
[Traduction]
Le premier emploi de ma carrière juridique a été celui d'avocat plaidant dans un cabinet privé et dans mon dernier emploi au ministère de la Justice, j'ai dirigé le programme relatif au mode substitutif de règlement des différends. Je pense que vous pouvez constater que je crois qu'il faut fournir aux gens l'accès à la justice et l'occasion de participer activement à la résolution de leurs propres différends et qu'il faut éviter, dans la mesure du possible, les litiges inutiles et les coûts élevés connexes.
Oui, tout dossier pour lequel mon bureau a mené une conciliation avec succès se traduit par un dossier de moins devant le tribunal, une décision publique de moins sur un cas de représailles et un précédent de moins. Ce sont tous des éléments importants, mais cela signifie également qu'une victime de représailles de plus est en mesure d'obtenir réparation pour ce qu'elle a vécu, d'économiser du temps et de l'argent, de s'éviter des bouleversements sur le plan émotionnel et de passer à autre chose. À mon avis, cela ne représente pas un échec du régime de protection contre les représailles que j'applique en vertu de la Loi. Et j'aimerais ajouter que chaque plainte ayant fait l'objet d'une conciliation est passée en revue par le Commissariat et officiellement approuvée par moi-même, afin de nous assurer que personne n'est contraint d'accepter un règlement ou de prendre une décision non éclairée ou involontaire en ce sens.
J'avais prévu clore ici mon intervention ce matin, mais étant donné les témoignages que j'ai entendus — et que vous avez entendus — plus tôt cette semaine, je crois qu'il est important que j'apporte quelques précisions sur certaines des questions déjà visées par la Loi. J'espère que le tout mettra en contexte certaines des propositions de modifications législatives que j'ai formulées le mois dernier.
[Français]
D'entrée de jeu, je reconnais que la Loi est complexe et qu'elle est rédigée d'une manière qui la rend difficile à naviguer et à comprendre, croyez-en mon expérience personnelle.
J'aimerais aborder trois questions que je crois pertinentes au vu des délibérations du Comité jusqu'à maintenant. Ces questions concernent la portée et l'efficacité des protections et des mécanismes de recours qui s'offrent aux lanceurs d'alerte et aux autres parties mises en cause dans nos activités.
[Traduction]
Premièrement, la Loi n'interdit pas aux parties mises en cause dans une divulgation ou des représailles de demander le contrôle judiciaire d'une décision du Commissariat par la Cour fédérale; en fait, elle prévoit explicitement cette possibilité dans l'article 51.2. Ces décisions, comme celles de tout autre organisme administratif décisionnel, sont susceptibles de contrôles judiciaires, et les tribunaux disposent de pouvoirs considérables en vertu de la Loi sur les Cours fédérales. En outre, rien dans la Loi n'empêche un fonctionnaire d'exercer tout autre recours qu'il pourrait avoir dans sa situation.
Deuxièmement, la Loi protège explicitement les entrepreneurs faisant affaire avec le gouvernement fédéral qui signalent des gestes répréhensibles contre la résiliation de leur contrat ou le non-versement de leur paiement. De plus, les gestes posés par l'entrepreneur ne peuvent pas être pris en considération dans la décision de lui accorder des contrats subséquents, car cela constituerait une infraction criminelle.
Parallèlement, si une personne employée par le secteur privé fournit au Commissariat des renseignements sur des gestes répréhensibles, la prise de représailles à son endroit par l'employeur constituerait une infraction criminelle. Ces gens peuvent également avoir recours aux tribunaux pour obtenir toute autre réparation appropriée.
Troisièmement, l'article 51.1 de la Loi donne à l'administrateur général le pouvoir d'assigner temporairement d'autres attributions à un fonctionnaire mis en cause dans une divulgation ou une plainte relative à des représailles, au sein du même ministère ou d'un autre ministère, avec le consentement du divulgateur ou du plaignant concerné.
Les membres de votre comité souhaitent peut-être examiner et renforcer ces dispositions, et je serai heureux d'en discuter avec vous ce matin ou au cours des prochaines semaines, mais je tenais à corriger ce qui me paraît être une perception erronée selon laquelle ces questions cruciales ne sont pas abordées dans la Loi.
J'aimerais également profiter brièvement de cette occasion pour mentionner que mon équipe juridique offre une séance d'information technique sur la LPFDAR à tous les membres du comité intéressés, si vous croyez que cela pourrait vous aider dans votre étude approfondie de cette importante loi. Nous avons le même objectif, c'est-à-dire offrir un régime de divulgation adaptable et complet dans la fonction publique. Je suis donc heureux de faire tout ce que je peux pour appuyer cet objectif.
[Français]
En terminant, je souhaite réaffirmer mon appui ferme aux 16 propositions de modifications législatives que je vous ai présentées le 14 février. J'espère que les membres du Comité pourront les soutenir à la fin du présent processus d'examen. Je me réjouis d'avoir l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui.
:
Il sera très bref, comme mon dernier exposé.
[Français]
Merci, monsieur le président.
Ce matin, je suis accompagné de M. François Choquette, qui est conseiller juridique principal du Tribunal.
L'existence même du Tribunal constitue une mesure de protection de l'intégrité de la fonction publique, puisqu'elle confirme le sérieux de l'engagement du gouvernement envers la protection des fonctionnaires qui font des divulgations. Le Tribunal est, en fait, le dernier filet de sécurité dont disposent les fonctionnaires et il aide à encourager le dévoilement d'actes répréhensibles.
[Traduction]
Comme on l'a dit plus tôt aux membres du comité, dans le cadre de la loi actuelle, les plaintes liées à des représailles doivent d'abord être présentées au commissaire pour faire l'objet d'une enquête. Si le commissaire juge que la plainte liée aux représailles est justifiée, il demande au tribunal de déterminer si des représailles ont été exercées.
La compétence du tribunal et le nombre de cas qu'il traite dépendent vraiment de facteurs sur lesquels il n'a aucun contrôle.
[Français]
Notre expérience sur le plan des règlements de conflits a été limitée jusqu'à présent, en grande partie à cause du nombre peu élevé de dossiers dont le Tribunal a été saisi.
[Traduction]
Selon le paragraphe 21(1) de la LPFDAR, « L'instruction des plaintes se fait sans formalisme et avec célérité dans le respect des principes de justice naturelle et des règles de pratique. » En effet, le tribunal, comme d'autres organismes quasi judiciaires, mène ses activités conformément au principe d'audience publique et est régi par ses règles de procédures, qui ont été établies en 2011.
Ces règles peuvent être interprétées largement en vue d'assurer une résolution informelle et rapide. Ainsi, le tribunal offre généralement un processus de médiation volontaire pour tenter de résoudre des plaintes liées à des représailles sans tenir d'audience. Étant donné que le recours à la médiation est volontaire, elle ne peut pas être imposée aux parties. Ce mécanisme permet également aux parties de trouver une solution mutuellement acceptable par l'entremise d'une tierce partie neutre. En général, la médiation est plus rapide, moins coûteuse et moins accusatoire qu'une audience judiciaire. En fait, cela a permis de régler la plupart des affaires qui se retrouvent devant le tribunal sans devoir tenir une audience.
[Français]
Le Tribunal a pour rôle d'entendre les plaintes et de déterminer s'il y a eu des représailles, et d'appliquer la loi aux faits qui lui sont présentés, tel qu'il est édicté par le pouvoir législatif. Si le Parlement souhaite que des pouvoirs supplémentaires soient conférés au Tribunal ou que des règles juridiques soient modifiées concernant son mandat, ces pouvoirs et ces règles seront appliqués dans le même esprit d'équité et de justice qui a caractérisé le travail du Tribunal jusqu'à présent.
[Traduction]
Monsieur le président, c'est ce qui termine mon exposé. Je serai heureuse de répondre aux questions des membres du comité.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais également remercier tous les témoins de comparaître à nouveau devant nous.
Monsieur Friday, j'aimerais parler de certains cas précis. Tout d'abord, je tiens à vous remercier d'avoir expliqué ces articles techniques aux membres du comité, et d'avoir précisé comment ils visent les entrepreneurs et les intervenants du secteur privé.
L'autre jour, un entrepreneur a comparu devant nous, comme vous le savez, monsieur Garrett. Il semble que la Loi lui offre certaines protections, mais pour une raison quelconque, il est juste de dire qu'il n'a pas l'impression que ces protections sont fournies ou il se trouve manifestement dans une situation difficile. Je lui ai parlé après les événements. Vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'avec le recul, il n'aurait probablement jamais rien dit s'il avait connu à l'avance le déroulement de l'enquête et les changements concrets que cela a causés dans sa vie.
Que pouvons-nous faire dans cette situation? Vous n'avez qu'à penser aux cas de Mme Therrien et de Mme Gualtieri, qui ont comparu devant nous. Sont-elles seulement passées à travers les mailles du filet d'une loi adéquate dans d'autres cas? Les problèmes vécus par ces personnes sont bien réels. Leur vie a changé pour toujours, et on me dit que la Loi devrait les protéger. Où est donc le problème?
:
Les trois cas dont vous faites mention offrent des contrastes intéressants. Par exemple, Mme Gualtieri n'est jamais passée dans le système de dénonciation. Elle est passée par le système de justice, qui est toujours une possibilité, pour toute personne. Dans son cas, c'est peut-être parce qu'elle n'avait pas confiance dans le système — je ne pourrais le dire —, mais je respecte sa décision à cet égard.
Ce que cela démontre en fait, c'est le degré de complexité d'un système de dénonciation. Lorsque je m'entretiens avec mes collègues dans les provinces et les territoires, ainsi que dans d'autres pays, nous avons nombre de préoccupations communes, mais aussi beaucoup de préoccupations différentes qui résultent des différents modèles de lois sur la protection des dénonciateurs. Tout dépend de la reconnaissance — du moins, de ma part, personnellement — de la difficulté de se manifester comme dénonciateur.
Ce que nous avons tenté de faire dans nos 16 propositions était de résoudre de façon significative ces difficultés. L'une d'entre elles que j'aimerais souligner et à laquelle je reviendrai sans doute souvent est l'inversion du fardeau de la preuve devant les tribunaux, qui a un genre d'effet en cascades qui fera des merveilles. Je ne veux pas exagérer, mais elle permettra des progrès très importants. Il s'agit de l'inversion du fardeau de la preuve devant les tribunaux, mais elle aura d'autres effets qui résoudront différents problèmes que ces personnes et d'autres gens pourraient avoir à présenter des dénonciations.
L'un des objectifs est, comme l'a dit Mme Boyer et comme je l'ai aussi mentionné, que les affaires portées devant les tribunaux doivent être, en vertu de la loi, expéditives et informelles. Mes délibérations doivent aussi respecter cette même exigence législative.
En ce moment, il est facile de dire que j'ai une obligation. C'est un peu plus difficile dans une démarche formelle et de plus en plus litigieuse d'assurer la rapidité et le caractère informel des délibérations. Un de nos objectifs est de réduire d'un certain degré la formalité, si possible, sans placer les dénonciateurs dans une situation encore plus précaire.
C'est un jeu d'équilibre continu qui est reflété de façon appréciable dans mes propositions, mais il existe aussi d'autres façons d'y parvenir.
Je partagerai mon de temps de parole avec ma collègue parce que j'ai une question particulière à poser.
[Français]
J'aimerais revenir sur la question des griefs.
Selon ce que je comprends, les griefs sont gérés de façon distincte des plaintes de dénonciateurs.
J'aimerais que vous m'expliquiez ce qui pourrait se passer dans l'éventualité suivante. Admettons qu'un employeur décide de muter à un autre endroit un employé qui aurait dénoncé une situation — dans certains ministères, ce genre de mutation est plus facile — et qu'on soupçonne que ce soit une façon de punir cet employé. Disons, par exemple, qu'il travaillait à Montréal et qu'on a décidé de l'envoyer aux Territoires du Nord-Ouest, et ce, sans aucune raison. Or, aux yeux du syndicat, ou sur le plan des normes du travail, cette mutation ne semble pas être déraisonnable. Néanmoins, dans la vie de tous les jours, il est clairement démontré, ou du moins on s'en doute, qu'il s'agit d'une façon de punir quelqu'un qui a fait une dénonciation. Dans un tel cas, cela ne pourrait donc pas faire l'objet d'un grief et vous ne pourriez pas intervenir dans la situation. On ne pourrait pas démontrer que ce changement constitue une punition; on pourrait même percevoir qu'il s'agit d'une promotion.
Où vous situez-vous, dans une situation semblable? Pourriez-vous reprendre le dossier en déclarant qu'il y a là un cas de dénonciation qui mérite d'être étudié?
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Je vais faire de mon mieux.
Ce n'est pas moi qui ait pris la décision concernant le dossier de M. Garrett. Je comprends parfaitement qu'il ait dû endurer une situation pénible, situation qui, à ma connaissance, comporte de multiples facettes. Il y avait des problèmes contractuels et des préoccupations en matière de santé et de sécurité au travail, qui relèvent du Code canadien du travail, du droit provincial, ainsi que de la loi sur les accidents du travail de la Colombie-Britannique.
D'après ce que m'ont dit les personnes ayant travaillé directement sur le dossier quand il était entre les mains du commissaire précédent, et d'après ce que j'ai pu moi-même constater, M. Garrett a utilisé divers recours pour résoudre les problèmes avec lesquels il était aux prises, y compris la divulgation de la situation au Commissariat.
Nous avons analysé la situation, mené une enquête et conclu que l'allégation d'actes répréhensibles n'était pas fondée. Les conclusions de cette enquête concordaient avec celles de la Commission de la santé et de la sécurité au travail de la Colombie-Britannique, ainsi qu'avec celles d'une enquête menée en vertu du Code canadien du travail.
Ces enjeux ont été examinés par d'autres organismes, et nous nous sommes fondés en partie sur leurs conclusions pour notre enquête.
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Oui, mon bureau l'a fait. Je ne veux pas paraître trop sur la défensive, mais mon bureau est un microorganisme qui compte 30 employés, dont trois à temps plein sont affectés à l'éducation ainsi qu'aux relations parlementaires pour tenter de communiquer ces messages.
J'ai mentionné la vidéo, par exemple, et que le Conseil du Trésor est tenu par la loi de communiquer l'information et de créer un climat plus positif. Je serais donc intéressé à entendre le témoignage de cet après-midi. Toutefois, nous avons fourni, à l'onglet 3 de la documentation fournie à l'origine au comité, une liste des activités auxquelles nous nous consacrons à l'heure actuelle.
C'est quelque chose que nous faisons constamment. Je crois que si vous consultez, par exemple, le rapport de l'OCDE sur la dénonciation qui décrit notamment le système du Canada, on y souligne que le Canada a l'une des meilleures pratiques globales en matière de communication. La communication n'est pas une activité ponctuelle; c'est un défi quotidien pour nous.
Les gens n'ont pas envie de se lever le matin et de penser, première chose « où est donc le commissaire à la dénonciation? » Nous utilisons plutôt l'analogie du service d'incendie. Si une personne voit quelque chose qui n'est pas correct, elle devrait automatiquement savoir qui appeler: nous, ou son supérieur, qui lui est au courant du régime.
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Nous faisons tout notre possible pendant le processus initial d'analyse des cas pour avoir des conversations avec les gens qui demandent de l'information sur leurs options afin de pouvoir prendre des décisions éclairées. C'est très important pour nous à l'échelle de l'apport et de l'analyse des cas.
De plus, je tiens à souligner que nous avons été placés dans un environnement déjà très bondé lorsque le commissariat a été créé et nous fonctionnons dans cet environnement. Nous voulons gérer et éviter le risque d'avoir plus d'un processus portant sur la même affaire en même temps, dans l'optique de la duplication des ressources, de la multiplication du temps et des efforts du plaignant ainsi que de la possibilité d'obtenir des résultats contradictoires. Ici, la discrétion d'agir et certaines des interdictions d'agir ou de ne pas agir représentent une tentative de réduction de l'achalandage de l'environnement.
Pour répondre à votre question, en l'absence d'un organisme officiel, nous essayons de notre mieux de fournir les renseignements nécessaires, ce qui représente un aspect de la formation sur la communication que je viens de mentionner.
De plus, il y a des entités externes qui sont très actives dans d'autres pays, comme l'organisme Public Concern at Work au Royaume-Uni, qui est toujours mentionné dans les discussions sur la dénonciation. Public Concern at Work est un organisme de bienfaisance enregistré et non un organisme gouvernemental.
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Oui, et je crois que la Loi reconnaît visiblement que les représailles représentent un obstacle important qui empêche les gens de faire des divulgations.
J'aimerais également souligner que le processus lui-même pourrait représenter un obstacle aux divulgateurs. Encore une fois, je reviens à la question que se pose tout divulgateur, à savoir « Pourquoi devrais-je faire cela? » Si j'étais un divulgateur, je devrais me poser cette question. J'ai une famille à nourrir. J'ai un bon emploi. J'aime mon emploi et mes collègues. Tous ces éléments seront probablement à risque si je fais des divulgations, même si je ne fais l'objet d'aucune représailles. En effet, les divulgateurs sont étiquetés et on les juge différemment.
Ensuite, je pense que le divulgateur doit s'assujettir à un processus onéreux sur le plan procédural. En effet, une personne a besoin de conseils juridiques pour déterminer où aller, à qui parler ou à qui formuler des plaintes dans ce système. Le divulgateur se demande donc s'il devrait s'adresser au syndicat ou au responsable en matière de harcèlement. Il peut aussi se demander s'il doit s'adresser à un intervenant à l'interne. Devrait-il communiquer avec le Commissariat, monsieur Friday? Que se passera-t-il s'il fait cela? Quelles sont les conséquences? Cette analyse doit être effectuée, honnêtement, sans les compétences nécessaires pour la mener, car personne ne comprend nécessairement toutes les conséquences liées à ces grosses décisions.
Je comprends qu'il faut traiter le problème des représailles, mais comment pouvons-nous faciliter les choses à une personne qui est témoin d'actes répréhensibles, afin qu'elle ne craigne pas de faire des divulgations? Comment lui faire comprendre qu'elle ne fait rien de mal et que cela devrait naturellement faire partie de son emploi, et que nous sommes reconnaissants qu'elle dénonce le problème? Comment pouvons-nous en arriver là?
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Je ne veux pas que vous pensiez que j'essaie d'éviter la question, mais cela revient au problème d'un changement de culture à plus grande échelle. Je peux souligner quelques recommandations contenues dans le document de recherche que nous venons de publier, car je les appuie. Ces recommandations visent à modifier certains styles de leadership et de communication, et à définir la loyauté d'une autre façon. Le préambule de notre Loi énonce expressément que cette Loi tente d'équilibrer le droit à la liberté d'expression tel que protégé par la Constitution avec le devoir de loyauté envers l'employeur, comme l'a exprimé la Cour suprême dans plusieurs affaires.
Le système actuellement en place non seulement pour la divulgation, mais également pour tous les types de différends ou de conflits — et je le sais en raison de mon service de solution de rechange au règlement de conflits — s'intègre dans un système officiel. Toutefois, plus un système est officiel et plus ses processus sont longs et dispendieux, plus il est caractérisé par une tendance aux litiges.
Ce qui est peut-être tristement ironique dans le fait de devenir bien connu, ou mieux connu, par l'entremise des 13 rapports de cas que nous avons publiés, c'est que les gens se rendent compte qu'ils ont peut-être des moyens d'exercer des pressions. En effet, des gens sont congédiés. Des personnes démissionnent pendant des enquêtes à des niveaux élevés. Cela semble avoir poussé les gens à faire appel à un avocat plus tôt dans le processus, ce qui est compréhensible, mais ce qui ne facilite pas nécessairement l'accès au système judiciaire, dont nous faisons certainement partie.
En ce qui concerne précisément les représailles, et comme dans mon...
:
Il faut dire que les analyses que nous faisons actuellement en vue de déceler les faiblesses et les problèmes relèvent de la microanalyse. Depuis le début des travaux du Comité, nous étudions vraiment les détails du projet de loi et des processus internes. Or je me demande si le problème n'est pas plus global.
De fait, au Canada, c'est comme si on hésitait entre la façon de procéder aux États-Unis et la façon de procéder en Angleterre. Je vais préciser ce que je veux dire. Aux États-Unis, la responsabilité des décisions politiques prises au sein de la bureaucratie passe par la responsabilité bureaucratique dans la fonction publique, alors que, selon la tradition britannique, elle passe par la responsabilité ministérielle.
On constate certainement que la responsabilité ministérielle, dans sa finalité la plus extrême, c'est-à-dire la démission d'un ministre, n'existe pratiquement plus au Canada. Aucun politicien n'a le courage nécessaire de démissionner. Nous pourrions en parler longuement.
C'est comme si nous avions voulu, en 2007, pour nous conformer à ce qui se faisait ailleurs dans le monde, créer une loi qui, en quelque sorte, ne s'accorde pas de manière adéquate avec notre système politique inspiré du système de Westminster.
Mon collègue a parlé du processus interne. Ainsi, si un fonctionnaire est témoin d'un acte fautif, il va le dire à l'agent supérieur chargé de prendre connaissance des divulgations au sein du ministère. Cet agent supérieur doit en informer non pas le public ni le commissaire, mais le sous-ministre du ministère en question. Ce sous-ministre va peut-être en informer le ministre — sûrement pas —, ou peut-être en informer le Conseil du Trésor, qui est censé être en haut de la chaîne de décision. Cela découle de notre système parlementaire de responsabilité ministérielle.
C'est un peu ce qu'on observe du côté du système de paie Phénix: aucun employé qui a été témoin d'actes fautifs commis à l'endroit de Phénix ne va aller le dire à l'agent supérieur du ministère des Services publics et de l'Approvisionnement pour qu'il aille ensuite dire cela à Mme Lemay. Mme Lemay, c'est elle qui gère la crise en ce moment. Sa ministre lui a demandé de régler cela le plus vite possible, en lui affirmant qu'elle-même ne démissionnerait pas à cause de cela. Or, à une certaine époque, il y a longtemps que la ministre aurait démissionné, ne serait-ce que par honneur.
Ne pensez-vous pas que, plutôt que de rapporter les actes fautifs au Conseil du Trésor ou au sous-ministre, les agents supérieurs devraient vous les rapporter directement? Ce serait là un moyen d'établir un vrai système de responsabilité bureaucratique.