:
Je déclare la séance ouverte. Il est 14 heures, et je crois que nous avons tous les membres du Comité.
Monsieur McCauley, excusez-moi, je vais juste faire quelques remarques préliminaires avant de vous revenir, si vous le voulez bien, puis de passer à Mme Ratansi.
Tout d'abord, bienvenue à tout le monde. Je suis heureux de vous voir ici. Ça me fait plaisir.
J'espérais que nous ne nous reverrions pas avant septembre, mais évidemment, c’est un jour très important pour nous. Je rappelle à tous les membres qu’il s’agit d’une réunion extraordinaire, conformément à l'article 106(4) du Règlement, et qu'elle est également télévisée.
Je voudrais consacrer un moment à certains aspects du règlement et à la manière dont la réunion sera menée, puis nous passerons à la réunion elle-même. Contrairement aux réunions régulières du Comité, qui sont structurées pour durer deux heures et deux heures seulement, cette réunion extraordinaire n'a pas d’heure d'ajournement prédéterminée. Par conséquent, nous siégerons aussi longtemps que les membres autour de cette table auront des questions ou des commentaires à formuler. Nous lèverons la séance lorsque tous les membres auront épuisé toutes leurs questions, commentaires ou observations.
Notre premier point à l’ordre du jour est que le Comité doit décider d’examiner le système de paie Phénix. Cela ressort de la lettre de convocation en vertu de l'article 106(4) du Règlement. Nous devons convenir à cette table que nous voulons aller de l'avant et examiner le système de paie Phénix. Alors, et alors seulement, cette réunion pourra se poursuivre.
Nous savons tous que M. Weir, par exemple, a un avis de motion qui traite des témoins potentiels. Je soupçonne, sans en avoir la certitude, qu’il y aura d'autres motions. Vous pouvez présenter une motion, c’est recevable, concernant les témoins appelés à comparaître.
Nous avons un certain nombre de responsables à la tribune aujourd'hui. Pour le bénéfice des membres du Comité, et peut-être des membres des médias ici présents, je tiens à vous faire savoir qui sera dans la galerie et sera disponible, sur demande, pour venir parler à ce comité.
Nous avons Donna Lackie, présidente nationale du Syndicat des services gouvernementaux; Marie Lemay, sous-ministre des Services publics et Approvisionnement; Rosanna Di Paola, sous-ministre adjointe déléguée, Comptabilité, gestion bancaire et rémunération; Gavin Liddy, sous-ministre délégué, et aussi Debi Daviau, présidente de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada. Ces fonctionnaires sont dans la salle. Si l'un d'entre eux est invité à se présenter, il sera disponible, si le Comité est d'accord.
Mesdames et messieurs, si une motion est présentée, le débat sur cette motion sera ouvert. Nous suivrons les règles normales de procédure, c'est-à-dire qu'il n'y aura aucune limite de temps pour les débats, et chacun pourra parler plus d'une fois.
Cependant, en tant que président, je vous invite à être aussi succincts que possible dans vos commentaires. Plus nous débattrons des motions, plus nous retarderons le moment d’entendre les témoins. Dans le cas de motions demandant la comparution de certains témoins, je pense que ceux-ci comprendront d’eux-mêmes pourquoi ils sont invités à comparaître. Je ne crois pas que nous devions consacrer énormément de temps aux débats, mais cela dépendra entièrement des membres du Comité.
Je vous encourage aussi vivement à essayer d'éviter si possible le petit jeu des blâmes, et je le dis en toute sincérité. Nous sommes tous des animaux partisans ici. Nous pouvons tous faire notre numéro devant les médias, mais le fait est que c’est un problème très grave. Les parties lésées sont les employés du gouvernement fédéral. Je pense qu'il ne servirait à rien que les membres de ce comité se mettent à se blâmer les uns les autres pour savoir qui a fait quoi et quand.
J’espère que nous sommes tous du même avis. Notre réunion vise certainement à déterminer ce qui a mal marché, mais surtout à trouver les remèdes pour résoudre les problèmes. Si nous pouvons nous concentrer là-dessus, alors nous pourrons tous contribuer à la solution, espérons-le.
Enfin, mesdames et messieurs, sur une question distincte, je demande l’assentiment des membres autour de cette table pour tenir une réunion à huis clos de cinq minutes, une fois notre réunion extraordinaire terminée, afin que notre greffier puisse faire le point pour nous des travaux futurs du Comité.
Cela met fin à mes remarques liminaires.
Monsieur McCauley et monsieur Weir, vous êtes sur la liste des orateurs. Vous êtes les premiers que j’ai inscrits sur ma liste.
Bonjour. Je vous remercie de l'occasion de comparaître devant ce comité pour discuter du nouveau système de paie du gouvernement canadien, Phénix, et de notre plan pour résoudre certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Je comprends parfaitement que vous souhaitiez comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés.
Je suis accompagnée aujourd'hui par le sous-ministre délégué Gavin Liddy et par Rosanna Di Paola, la sous-ministre adjointe déléguée à la comptabilité, la banque, et la rémunération.
Quelques mots, pour commencer, sur le contexte entourant le système Phénix, puis nous vous donnerons un aperçu des défis auxquels nous sommes confrontés, de la situation aujourd'hui, avant de discuter de notre plan visant à résoudre ces problèmes, si cela vous convient.
Avant d'aller plus loin, je tiens à souligner qu'il est inacceptable qu’un employé du gouvernement du Canada ne reçoive pas sa paie ou la paie prévue pour le travail effectué. Les employés viennent travailler tous les jours, ils travaillent le nombre d’heures qu'on attend d'eux, et parfois plus, pour fournir les services dont les Canadiens ont besoin, et ils assurent la sûreté et la sécurité de notre pays. En échange, ils ont le droit d’être payés en temps opportun pour payer leurs hypothèques, pour nourrir leurs familles, et nous comprenons parfaitement cela.
[Français]
J'aimerais maintenant faire une brève mise en contexte de l'important besoin qui a mené le gouvernement du Canada à adopter un nouveau système de la paie et des défis associés à une entreprise d'une telle complexité.
Services publics et Approvisionnement Canada est responsable de l'administration de la paie de plus de 290 000 employés fédéraux, notamment de l'ensemble des fonctionnaires fédéraux qui travaillent au sein de plus de 100 ministères et organismes, de même que des députés, des sénateurs et de leur personnel.
L'administration de la paie du gouvernement du Canada est complexe, étant donné que quelque 27 conventions collectives prévoient plus de 80 000 règles sur la rémunération, que nous devons programmer dans les systèmes. Il y a de cela plusieurs années, il est devenu très clair que les services de la paie du gouvernement du Canada étaient inefficaces et que les systèmes présentaient des risques de défaillance.
Le système régional de la paie, tel qu'on le connaissait, avait plus de 40 ans. Plus de 1 000 solutions de rechange et de correctifs à court terme y avaient été apportés au cours des années. Il était de plus en plus difficile à maintenir et il misait sur une technologie désuète qui mettait à risque la durabilité de l'administration de la paie.
Parallèlement, le bassin des spécialistes qui comprenaient cette technologie obsolète diminuait rapidement. Une panne importante aurait pu mettre en péril les opérations pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. De fait, en 2003, une défaillance majeure a eu des répercussions sur la paie de 4 000 fonctionnaires.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada a conçu un plan pour transformer l'administration des services de la paie par le biais de deux projets connexes. Le premier visait à remplacer le système de paie désuet par un nouveau système commercial, prêt à l’emploi, qui serait intégré aux applications du gouvernement dans le domaine des ressources humaines. Dans le cadre de son processus d'approvisionnement, le gouvernement a acheté le système basé sur PeopleSoft, un logiciel de paie de bonne réputation et bien connu. Le ministère l’a configuré en collaboration avec le vendeur, IBM, et l’a appelé Phénix.
L'autre visait à centraliser la gestion de tous les services de paie en rapport direct avec les administrés pour l'ensemble du gouvernement dans un nouveau centre des services de paie de la fonction publique à Miramichi, au Nouveau-Brunswick. Le centre de Miramichi a été doté de 550 employés, qui ont été embauchés en trois étapes, dont la dernière a pris fin en décembre 2014.
Un rapport du comité des opérations gouvernementales de 2008 recommandait de soutenir la modernisation de la paie et d’en délocaliser les activités dans les régions autant que possible. L'objectif était, et reste, d’aboutir à un système de rémunération moderne, réactif et souple qui soit en même temps rentable et durable.
[Français]
Le déploiement de Phénix a nécessité au préalable six années de préparation par notre ministère, d'autres ministères et IBM, le fournisseur responsable de la configuration et de l'exécution de Phénix. Plus de 16 000 différents scénarios de paie ont été mis à l'essai pour assurer le bon fonctionnement du logiciel.
À la recommandation d'IBM, le calendrier de déploiement original a été retardé pour permettre d'autres mises à l'essai et pour faire preuve de diligence raisonnable. Nous avons reporté le déploiement prévu en octobre 2015 à février 2016, et le déploiement de décembre 2015 à avril 2016.
En décembre, les résultats positifs des essais et la revue d'une tierce partie ont confirmé la décision d'aller de l'avant avec la mise en oeuvre du système. De plus, en janvier, les consultations menées auprès des sous-ministres de tous les ministères concernés ont aussi appuyé le déploiement du système. Par conséquent, le 24 février dernier, Phénix a été déployé pour 120 000 employés de 34 ministères. Le 9 mars, Phénix a émis ses premiers chèques de paie. Le 21 avril, 67 ministères de plus ont participé au deuxième déploiement, ce qui correspond au total à près de 170 000 fonctionnaires.
[Traduction]
Lorsque Phénix est entré en action en février, le centre des services de paie avait un arriéré de 20 000 dossiers concernant des employés qui auraient dû être payés avant cette date, mais qui n’avaient pas été bouclés à temps. À cela se sont ajoutés les dossiers en souffrance dans les ministères. Par exemple, après l’entrée en service de Phénix, nous avons reçu 20 000 demandes de rémunération pour des heures supplémentaires de la part des employés. De plus, le nouveau système exigeait un apprentissage rapide de la part des employés des ministères et du centre des services de paie. C’est pourquoi, en dépit d’une planification et d’une préparation substantielles, nous avons été confrontés à des problèmes critiques affectant un nombre considérable d'employés qui ont connu un problème de paie d'un type ou d'un autre.
Voici, pour vous en donner une idée, une liste des différentes catégories de problèmes rangés dans l'ordre de priorité auquel nous nous y attaquons, le nombre de cas associés à chacune, et un aperçu de notre plan pour remédier à la situation.
[Français]
Notre priorité absolue vise les employés qui ne reçoivent aucune paie. Comme je l'ai déjà mentionné, cette situation est tout à fait inacceptable. Les personnes touchées sont notamment de nouveaux employés, des étudiants ou des employés revenant au travail après un congé sans solde et dont la rémunération n'a pas été rétablie.
J'ai indiqué, lors de notre séance d'information technique de la semaine dernière, que 720 employés avaient signalé ne pas avoir reçu de paie. Nous nous étions engagés à ce que 486 d'entre eux reçoivent un paiement lors du prochain jour de paie, soit le 27 juillet. Je peux vous dire que ces employés ont tous reçu une paie hier. Nous prévoyons que 139 d'entre eux seront payés le 10 août, puisque nous disposons maintenant de l'information nécessaire pour le faire. Nous attendons toujours des renseignements sur 35 personnes. Après avoir fait une vérification approfondie, nous en avons déduit que 60 personnes ne figurent dans aucun de nos systèmes.
Depuis la semaine dernière, 589 employés additionnels ont signalé un problème lié à la paie manquante. Nous traitons 210 de ces cas avec pour objectif de les payer le 10 août. Nous travaillons, comme nous l'avons fait la semaine dernière, avec les ministères afin de résoudre les cas pour lesquels nous avons besoin d'information sur les employés.
[Traduction]
La deuxième priorité concerne les employés qui partent en congé ou quittent la fonction publique, ce qui peut affecter leur rémunération. La semaine dernière, comme je l'ai signalé, près de 1 100 employés ont attiré notre attention sur ces questions. Depuis le 18 juillet, nous avons traité 74 dossiers et nous traitons le reste le plus rapidement possible. Les employés ayant déclaré ce type de problèmes peuvent s'attendre à ce que les choses soient résolues dans les six semaines.
La troisième priorité concerne ceux qui reçoivent leur salaire régulier, mais sans les suppléments au titre des ajustements pour une rémunération d’intérim ou pour des heures supplémentaires ou d'une augmentation d'échelon salarial, par exemple. Ce groupe compte environ 80 000 employés. Sans vouloir minimiser le problème, ce sont des employés qui reçoivent leur paie régulière, mais pas les divers suppléments. Depuis le 18 juillet, sur un arriéré de 80 000 dossiers, 1 100 cas environ ont été réglés, et les employés verront les ajustements sur leur chèque de paie du 10 août sinon avant.
[Français]
Nous n'avons pas terminé, mais nous réalisons des progrès. De plus, nous prenons des mesures pour nous assurer que tous les cas sont traités.
Premièrement, nous augmentons l'effectif et créons des unités de rémunération temporaire aux quatre coins du pays.
Nous avons augmenté l'effectif du Centre des services de paie, à Miramichi, en y ajoutant 40 employés au début de l'année. Nous prenons actuellement des mesures pour gérer la charge de travail des employés du Centre, qui sont surchargés depuis les derniers mois.
La et moi-même avons eu l'occasion de rencontrer hier les employés du Centre des services de paie, à Miramichi. Nous les avons remerciés de leur travail et leur avons répété qu'ils n'étaient pas responsables de la situation.
Nous avons établi une unité de paie temporaire à Gatineau dont font partie 57 employés jusqu'à maintenant. Nous nous attendons à ce que le nombre d'employés atteigne 115 au cours des prochaines semaines. J'ajoute que nous sommes très reconnaissants des efforts que déploient nos partenaires des syndicats, qui nous aident à trouver des façons d'encourager les employés et de mettre d'anciens experts de la rémunération à contribution, de sorte qu'ils se joignent à nos équipes de paie de façon temporaire.
Nous créons aussi des centres régionaux temporaires: un à Winnipeg, un à Montréal et un à Shawinigan. Le bureau de Winnipeg, qui compte 20 conseillers en rémunération, commencera à traiter des cas vers la mi-août. Le nombre de conseillers passera à 50 et, au cours des prochaines semaines, les centres de Montréal et de Shawinigan pourraient être opérationnels. Tous deux compteront également 20 conseillers en rémunération.
Nous avons aussi établi un centre d'appel national à Toronto. Il ne s'agit pas d'un centre de rémunération, mais bien d'un centre d'appel. Hier, 2 500 appels ont été reçus. Aucun n'a été interrompu et le temps d'attente moyen était de moins de quatre minutes. Les appels concernant l'absence de rémunération sont renvoyés au Centre des services de paie par l'entremise d'un formulaire électronique qui est rempli par l'agent au centre d'appel.
[Traduction]
Deuxièmement, nous veillons à maintenir la souplesse nécessaire dans le système de manière à pouvoir répondre aux besoins financiers réels de chaque employé touché. Nous avons encouragé les gestionnaires à tirer profit des mécanismes existants permettant d’émettre des paiements d'urgence aux employés. Le Secrétariat du Conseil du Trésor étudie des options pour défrayer les employés des montants payés de leur poche suite à des erreurs dans le calcul ou le versement de leur paie.
Nous avons encouragé les employés à signaler leurs problèmes de paie le plus rapidement possible grâce à notre site Web et à en parler à leur gestionnaire pour discuter des étapes ultérieures et des ressources à leur disposition.
[Français]
Troisièmement, d'autres sources sont actuellement déployées, lesquelles visent à faire en sorte que les utilisateurs de Phénix comprennent bien le rôle qu'ils jouent afin que les demandes de paie soient traitées rapidement et avec exactitude.
Il s'agit d'un enjeu qui est au coeur des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Bien que nous ayons offert de la formation aux employés et rencontré les représentants de tous les ministères toutes les semaines avant la mise en oeuvre, il est évident que nous avons sous-estimé le temps nécessaire pour que les utilisateurs soient formés et à l'aise avec le système. Cela a donné lieu à un stress supplémentaire chez les employés du Centre des services de paie de la fonction publique.
Des outils améliorés et d'autres séances de formation sont actuellement en cours d'élaboration et seront offerts aux employés et aux gestionnaires de notre ministère et d'autres ministères.
Le premier ensemble d'outils comprendra des outils de travail, des tutoriels et des webémissions. Il sera accessible à l'ensemble de la fonction publique au cours des prochaines semaines.
De plus, notre ministère et l'École de la fonction publique du Canada travaillent de concert afin d'élaborer d'autres séances de formation obligatoires, qui aideront les employés et les gestionnaires. Nous élaborerons aussi une trousse à l'intention des gestionnaires, qui comprendra des documents de référence comme des listes de vérification et des conseils pour aider les employés aux prises avec des problèmes liés à la rémunération.
[Traduction]
Nous avons déjà apporté des améliorations qui accélèrent les transactions. C’est ainsi, par exemple, que le système ajuste désormais automatiquement le niveau de la paie pour les agents assurant un intérim de manière à assurer le paiement du montant adéquat.
Quatrièmement, nous travaillons surtout sur le système lui-même. Nous continuons à faire des ajustements et à concevoir des améliorations permettant une automatisation plus poussée dans des délais plus courts. Nous avons commencé à envoyer des courriels aux gestionnaires pour les informer qu'ils doivent approuver les transactions dans le système. Nous prévoyons que cela aura un impact substantiel.
L’efficacité de ces mesures, dont je peux témoigner, ne nous fait pas perdre de vue un seul instant que chaque employé mérite d'être payé pour les heures qu'il travaille. Tout le reste est inacceptable.
La semaine dernière, j'ai signalé que deux failles du système Phénix pouvant porter atteinte à la vie privée ont été corrigées. Le 26 juillet, on m’a informé d'un autre cas de violation de la vie privée, une faille ayant permis à quatre employés d'accéder à des noms et des numéros d'identification d’employés d'autres ministères. Nous avons informé le Bureau du commissaire à la vie privée. Notre unité d'enquête spéciale a évalué l’affaire et conclu que ces violations présentent un risque très faible. J'ai demandé à mon ministère d'effectuer des tests supplémentaires pour identifier d’autres failles éventuelles.
Le chemin menant à la transformation du système de paie n'a pas été facile, mais nous cherchons à en tirer le maximum d’enseignements. Nous entendons recourir à des évaluations indépendantes qui fourniront des informations précieuses pour notre ministère et d'autres organismes gouvernementaux en matière de planification et de mise en œuvre de grands projets.
La ministre Foote a demandé au vérificateur général du Canada d'examiner la mise en œuvre du système Phénix. S'il y a une vérification, nous soutiendrons, bien sûr, pleinement le vérificateur général et son personnel dans leur travail.
[Français]
Pour terminer, je souhaite reconnaître le travail acharné de l'équipe du projet Phénix et de notre personnel du Centre des services de paie de la fonction publique. Je souhaite également remercier les autres ministères de leur appui.
Ce sera un plaisir pour moi d'aider le Comité dans son travail.
Je tiens à mentionner que nous sommes en train de régler les problèmes. Je répète aux membres du Comité que nous considérons toujours comme notre priorité la plus importante de nous assurer que les employés sont rémunérés.
[Traduction]
Quelqu'un, hier, m'a demandé « Les employés ont-ils été payés aujourd'hui? » La réponse à cette question est que plus de 294 000 d’entre eux ont touché leur salaire régulier hier et, en plus, près de 35 000 autres types de paiement, comme les rémunérations pour heures supplémentaires par exemple, ont été effectués.
Je vous remercie. Il me tarde d’entendre vos questions. Mes collègues et moi sommes ici pour répondre à toutes les questions que vous pourriez avoir.
:
Pour moi, quand on parle du système, cela va du moment où quelqu'un travaille jusqu'au moment où il encaisse un chèque dans son compte bancaire. Il y a de nombreuses pièces dans ce système. Il y a évidemment l'utilisateur, qui doit entrer l'information et les gestionnaires, qui doivent approuver. Il y a le logiciel qui est entre les deux, et le centre des services de paie, où les conseillers en matière de paie doivent travailler. Donc, le système comporte différents éléments.
Nous savions, et je pense que c’était un fait reconnu que lorsque vous lancez un système et une transformation de l'ampleur de celle-ci, rappelez-vous que nous parlons de près de 300 000 employés et plus de 100 départements... Rappelez-vous la règle dont nous avons parlé, les 80 000. C’est une entreprise de grande envergure.
Nous étions conscients que certains problèmes n'apparaîtraient qu’à l’entrée en service du système et que les personnels auraient besoin d’une période d'apprentissage pour se familiariser avec le système.
Rétrospectivement, je dirais qu'il y a deux choses que nous n’avons pas vu venir. La première, c’est que nous ne nous attendions pas à avoir un arriéré lors du basculement. Donc, à la toute fin, avant le passage à Phénix, nous avions environ 20 000 transactions dans la file d’attente que nous n'avons pas eu le temps de traiter. Nous avons donc démarré avec un arriéré.
En plus de cela, quelque 20 000 opérations de paiement d'heures supplémentaires nous ont été transférées après le déploiement du système, des opérations qui étaient antérieures à Phénix. Donc, rien qu’avec ça, on commençait avec un arriéré de 40 000 transactions. Nous n’avions pas évalué correctement ce facteur.
L'autre chose que nous avons sous-estimée, je crois, c’est le temps et les efforts nécessaires pour que les utilisateurs comprennent bien le nouveau système, car c’est un système différent sur le plan de l'utilisation.
Je vais vous donner un petit exemple: les heures supplémentaires. Jusque là, vous remplissiez votre formulaire pour les heures supplémentaires, puis ça prenait huit à douze semaines pour être payé, parce que c’était du papier qui devait franchir toutes les étapes du système. Aujourd'hui, si vous faites des heures supplémentaires, vous entrez les données, votre gestionnaire approuve, et elles sont payées avec le prochain chèque de paie.
Si vous entrez vos heures supplémentaires... Peut-être que l’exemple des heures supplémentaires n’est pas le bon. Prenons l'exemple de la paie des agents assurant un intérim. La rémunération d’intérim, c’est la même chose. Si vous entrez la rémunération d’intérim quand l’agent assure effectivement l’intérim dans le poste, la paie se fait automatiquement. Mais si vous décidez d'attendre, et qu’un mois ou trois mois plus tard, vous dites: « Oh, je dois faire en sorte que cette personne reçoive sa rémunération d’intérim », et que le traitement ait lieu par la suite, cela devient une opération manuelle. Le traitement n’est pas automatisé, parce qu'il est en dehors du système actuel.
Ce système est conçu pour être utilisé en direct. Nous avons, je pense, sous-estimé le besoin de bien expliquer aux employés bon nombre de choses: comment utiliser le système, ce qu'il faut faire. Nous y travaillons très dur maintenant.
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Premièrement, je tiens à vous remercier de nous avoir invités à venir vous rencontrer aujourd'hui. Je suis présidente du Syndicat des services gouvernementaux, un des éléments de l'Alliance de la fonction publique du Canada. Nous représentons l'administration de la paie et nous sommes évidemment concernés par la transformation du service de paie de Miramichi qui a été incorporé à Miramichi et par le sort des conseillers en rémunération.
Depuis cinq ans, nous travaillons en étroite relation avec SPAC, anciennement TPSGC, à la transformation du système de gestion de la paie. Nous sommes d'accord avec ce projet dont nous voyons la valeur.
Il y a cinq ans, un comité regroupant l'employeur et SPAC a été mis sur pied sous le nom de Comité consultatif syndical-patronal de l'initiative de transformation et de modernisation de la paie, qui se réunit tous les trois mois. Au cours des cinq dernières années, Chris Aylward, le vice-président exécutif national de l'AFPC, et moi-même avons participé à ces réunions pour parler de tous les problèmes concernant la transformation.
Tandis que nous sommes passés au travers de chaque vague de transformation et que nous avons suivi la formation donnée par des consultants et des conseillers en rémunération récemment embauchés, nous avons senti plus d'affinité avec ce nouveau milieu des conseillers en rémunération. On dénombre 400 à 420 conseillers en rémunération, chargés de l'administration de la paie à Miramichi
J'estime que c'est l'un des emplois les plus compliqués qu'on puisse imaginer. La majorité des employés qui travaillent à Miramichi ont été récemment embauchés. Ils sont nouveaux à la fonction publique et très certainement nouveaux dans l'univers de la paie. Devoir apprendre le contenu de 27 conventions collectives et administrer la paie au gouvernement fédéral pour 27 agents négociateurs différents représente une tâche phénoménale. Je compte près de 30 ans d'expérience au gouvernement et j'imagine ce que cela peut représenter pour quelqu'un qui est tout nouveau et qui a tout à apprendre.
Une énorme pression s'est exercée sur tout le monde lors du déploiement du système, parce qu'il fallait savoir quand le programme Phénix serait effectivement mis en oeuvre, comment se déroulerait le transfert et de quoi seraient constituées les vagues de dossiers à traiter. Les employés n'ont pas pu tenir la cadence. Quant à moi, j'estime que notre combat le plus important a consisté à essayer de demander à l'employeur de lever le pied. Nous l'avons rencontré à plusieurs reprises pour lui adresser cette requête.
Nous lui avons fait savoir que nous appréciions la valeur de ce projet et des résultats qu'il visait, mais nous recevions quotidiennement des appels de conseillers en rémunération à Miramichi qui étaient au bout du rouleau. Certains n'en pouvaient plus sur le plan émotionnel. D'autres pleuraient à leur arrivée au travail, ils pleuraient en rentrant chez eux le soir, et ils craignaient de perdre leur emploi. Ils tenaient à ces emplois qu'ils avaient trouvés à Miramichi. Ils étaient très fiers de travailler pour le gouvernement du Canada, mais ils transportaient chez eux, à la maison, cette pression qui s'exerçait également sur les autres membres de la famille.
Nous avons donc communiqué avec le ministère pour lui demander de relâcher la pression sur le traitement des dossiers, sur le dernier transfert des 130 000 dossiers. Nous lui avons demandé de lever un peu le pied et de permettre aux gens de reprendre leur souffle, parce qu'ils ne comprenaient pas. Ils se démenaient comme des diables pour que les paies soient versées. Malgré tout, le déploiement a été décrété.
Je comprends que le gouvernement a l'obligation de payer ses employés en temps opportun et je parle ici non seulement au nom du milieu de la paie, mais aussi de l'AFPC qui représente plus de 130 000 fonctionnaires méritant d'être payés toutes les deux semaines pour les services qu'ils assurent. C'est une règle d'emploi de base. Nous travaillons en étroite relation avec le milieu de la paie et de la rémunération, avec des gens qui nous disent ce que sont les problèmes, et nous apprécions leur appui.
Nous avons développé une excellente relation de travail avec Mme Lemay et son personnel Nous lui soumettons les problèmes, y compris tout ce qui concerne la crise et nous nous parlons quotidiennement au téléphone. Debi vous parlera de ses propres enjeux. Des membres me disent qu'ils vont à la banque alimentaire, qu'ils ont épuisé leur crédit sur leur carte, qu'ils ne peuvent plus payer leur loyer, ni la garde des enfants. Nous sommes donc dans une situation de crise sur le plan humain.
Nos membres, au centre de paie, font l'objet d'une intense pression, non seulement parce qu'ils traitent la paie, mais aussi parce que, quotidiennement, ils doivent annoncer à des collègues qu'ils ne les paieront pas cette semaine, que même si c'est une semaine de paie, ils ne recevront rien, qu'il n'a pas été possible de traiter leur paie. Pour quelqu'un qui est nouveau dans le domaine de la rémunération, il est terrible de devoir annoncer à un fonctionnaire qu'il n'aura pas de paie cette semaine.
Nous n'avons pas cessé d'attirer l'attention de l'employeur sur le fait que nous sommes préoccupés. Nous avons été préoccupés d'entendre nos membres de Miramichi nous dire qu'ils ne seraient pas en mesure de débloquer les paies attendues. Quand on passe de 2 700 conseillers en rémunération, comptant 10 à 20 ans d'expérience, à 400 nouveaux venus, dont beaucoup sont même nouveaux à la fonction publique, il est irréaliste de s'attendre à ce que tout fonctionne bien dans un domaine aussi complexe que la paie.
La formation nécessaire n'a jamais été dispensée. Au début, un nouvel arrivant à Miramichi suivait une formation de 18 mois. Après deux ans, la durée de la formation a été ramenée à 12 mois. C'était trop peu parce que ces gens-là étaient en formation dans la matinée et qu'ils se retrouvaient en ligne et au téléphone dans l'après-midi. La formation n'était pas cohérente.
Nous avons exprimé les réserves au sujet des projets pilotes et j'ai noté qu'il en a été question aujourd'hui. Le fait que ces tests n'aient pas été réalisés sur un échantillon de paie à risque nous a préoccupés. Dans 30 % des cas, l'administration de la paie est compliquée. Que l'on parle des équipages de navire, des travailleurs sur les lignes de haute tension ou des étudiants à Parcs Canada, l'administration de la paie est complexe.
Nous avons réclamé que la seconde phase du déploiement soit ralentie et nous avons signalé les problèmes, mais personne ne nous a écoutés et les problèmes se sont aggravés. Nous savons maintenant, après avoir appris notre leçon à la faveur de la formation donnée et des tests réalisés, que nous n'aurions pas dû nous fier à cette technologie qui était défaillante. Les administrateurs de la paie à Miramichi n'étaient pas en mesure d'obtenir des réponses. Personne ne répondait à nos questions quand nous voulions rentrer les données de paie et personne n'était en mesure de nous renseigner. Les employés se sont montrés à ce point créatifs qu'ils ont créé leurs propres aide-mémoire. Quand un administrateur de la paie trouvait une solution, tout le monde se rassemblait autour d'un bureau et prenait note de ce qu'il fallait faire sur une petite fiche aide-mémoire afin de savoir comment régler ce genre de problème par la suite. Finalement, ils sont devenus autonomes.
Je ne pense pas que telle était l'intention recherchée.
Nous avons toujours été ouverts à la discussion et nous avons proposé de nombreuses recommandations. En fin de compte, il faut régler le problème. Il est normal que les employés s'attendent à être payés.
Les effets négatifs sur ce nouveau milieu de la rémunération ont été épouvantables. En janvier, à Miramichi, 40 personnes ont été embauchées, mais ces gens n'avaient absolument aucune expérience du milieu de la rémunération. Or, une expérience est nécessaire. Nous nous sommes alors tournés vers les retraités, nous avons aidé le ministère à essayer d'inciter ces gens-là à revenir au travail, mais beaucoup se sentaient blessés et avaient l'impression d'avoir été congédiés prestement, voire à la légère et ils n'avaient plus aucun sentiment de loyauté envers leur ancien employeur. Nous sommes donc intervenus auprès d'eux pour les implorer, leur disant que 300 000 fonctionnaires devaient être payés et qu'ils devaient nous apporter leur soutien. Nous leur avons expliqué que nous comprenions leur déception et leur frustration vis-à-vis de l'ancien employeur, mais nous leur demandions leur appui.
Je ne suis pas experte en technologies. Je vais laisser le soin à Debi de vous parler de cet aspect, tel qu'il est vu à Services partagés, mais nous n'avons pas eu l'impression que cette technologie et son déploiement à Miramichi ont été correctement gérés. Il faut des spécialistes et des années pour gérer ce genre de projet et nous avions d'énormes réserves à son sujet. Nous avons exprimé ces réserves à chaque occasion. Nous voilà donc aujourd'hui devant vous, après avoir eu l'extraordinaire occasion de suivre vos travaux. Je sais que Debi entretient les mêmes préoccupations que moi. Au bout de compte, nous voulons faire tout notre possible pour que nos membres soient payés et que les fonctionnaires de Miramichi, qui ont travaillé très, très fort, soient respectés.
Merci.
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Je commencerai, moi aussi, par remercier le Comité de m'avoir invitée à venir témoigner sur ce qui est sans doute devenu le problème le plus important et le plus pressant auquel sont confrontés nos membres, et je ne prends certainement pas cela à la légère, puisque nous sommes actuellement dans une phase cruciale de la négociation collective.
Je représente donc l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada qui compte plus de 50 000 professionnels de la fonction publique travaillant dans les différents ministères et organismes de l'appareil fédéral. Il s'agit de médecins, d'infirmiers et infirmières, de scientifiques, de chercheurs, d'informaticiens, etc.
Comme vous le savez tous, le système de paie Phénix du gouvernement continue d'être accablé de problèmes, et de nombreux membres de l'IPFPC ne sont toujours pas payés ou reçoivent des paies lourdement tronquées. Bien que les hauts fonctionnaires reconnaissent le problème et que le gouvernement présente ses excuses, nous n'avons toujours pas de solution en vue, ni aucun échéancier de mise en oeuvre de correctifs individuels et collectifs.
L'IPFPC a sonné l'alarme et vous avez posé la question tout à l'heure. L'IPFPC a commencé à sonner l'alarme en avril, soit quelques mois après le SPAC. Nous avons rencontré Mme Lemay avant la seconde vague et avons alors demandé que la transformation soit retardée jusqu'à ce que les problèmes découlant de la première vague soient corrigés. On nous a dit qu'il n'était pas prévu que les choses se déroulent ainsi. Les administrateurs ne voulaient pas retarder la mise en oeuvre de la seconde vague qui était imminente. Ils nous ont cependant assurés qu'ils avaient analysé tous les problèmes soulevés lors de la première vague et que presque tous avaient été réglés. Malheureusement, tel n'était pas le cas.
On dénombre 400 cas officiels. Cela veut dire que des syndiqués ont communiqué avec leur syndicat pour déposer une plainte parce que plus personne ne faisait confiance à leur garantie de rémunération. Beaucoup de ces cas remontent à la phase un, c'est-à-dire au mois de février. Dans les deux dernières semaines, nous avons vu apparaître deux nouveaux problèmes sur le plan de la paie, ce qui est particulièrement préoccupant. Il n'est plus désormais question des problèmes qui sont apparus au moment du déploiement du système, mais tandis qu'on règle certains dysfonctionnements, on voit apparaître deux nouveaux problèmes ailleurs.
Les problèmes s'empilent les uns sur les autres. Dans le nord, où le recrutement et le maintien en poste des effectifs font déjà problème, des infirmières ont démissionné à cause des problèmes de paie. Le groupe des soins infirmiers est particulièrement touché parce qu'en plus de leurs heures régulières, ces employées comptent sur les heures supplémentaires comme salaire d'appoint. Le nord est une région qui souffre déjà du manque de bons services de soins de santé.
Nous avons entendu maints récits de jeunes parents devant retourner au travail après avoir passé des mois sans salaire, et qui doivent faire face au coût que représentent la garde d'enfants et le logement; il y a aussi tous ces étudiants qui, se retrouvant dans une telle difficulté économique, sont aidés par leurs gestionnaires qui organisent des collectes pour leur permettre de faire leur épicerie.
J'ai récemment assisté à une réunion, en Alberta, où le conjoint d'une de mes membres m'a demandé pourquoi les employés continuaient d'aller travailler sans être payés. Lui, qui était un propriétaire de petite entreprise, faisait remarquer que si ces employés n'étaient pas payés, ils ne se présenteraient pas au travail. C'est alors qu'une autre de mes membres, une infirmière praticienne, s'est levée pour expliquer avec passion qu'elle et ses collègues continuaient de faire le travail, même si elles n'étaient pas payées, parce qu'elles croyaient dans ce qu'elles faisaient et qu'elles étaient loyales envers les Canadiens et envers le service qu'elles leur offraient.
Le gouvernement fédéral ne devrait pas profiter du dévouement et du dur labeur des fonctionnaires fédéraux. Nous devons régler ce problème.
Pour ce qui est des membres qui ont contacté notre syndicat national, 360 d'entre eux ont constitué un dossier et, dans 138 cas, leur situation est critique. Que veut dire un cas critique? C'est celui d'une personne qui ne touche aucune paie ou qui ne reçoit pas suffisamment pour joindre les deux bouts. Et ces chiffres ne sont pas forcément représentatifs à l'échelle de la fonction publique. Il s'agit simplement du nombre de personnes dont nous avons entendu parler. Nous savons d'ailleurs, d'après les propres chiffres du gouvernement, que des dizaines de milliers de fonctionnaires sont touchées.
Il convient, dans un premier temps, que les ministères et les organismes versent immédiatement des paies d'urgence. Si c'est la seule façon d'aider les employés qui ont déjà connu plusieurs périodes de paie sans rémunération, il faut que les ministères fassent mieux et qu'ils agissent plus rapidement. Cette solution semblait pouvoir fonctionner, pourtant tel n'est pas le cas.
À cause des problèmes continus de Phénix et compte tenu de son désir de faire quelque chose pour aider ses membres, le conseil d'administration de l'IPFPC a institué un programme de prêts pour ceux qui ont été les plus durement touchés. Nous consentons donc des crédits à nos membres, ce qui échappe carrément à notre mandat, afin de nous assurer qu'ils puissent s'en sortir à la fin du mois. Nous espérons que cela allégera une partie de leur stress tout à fait justifié et du mal qui a été fait à nos membres à cause de cette transition très mal exécutée vers un nouveau système de paie.
Nous avons aussi écrit au président du Conseil du Trésor et à la ministre de Services publics et Approvisionnement Canada. Quand vous vous demandez si elle était au courant, je dirais qu'elle aurait dû l'être. Mon syndicat et 17 autres syndicats de la fonction publique fédérale ont clairement décrit non seulement les problèmes rencontrés, mais aussi leur nature et ils ont même proposé des solutions.
Nous collaborons maintenant avec le Conseil du Trésor afin d'établir des mesures concrètes pour faire en sorte que nos membres soient payés et dédommagés pour les pénalités financières subies; malgré tout, certains n'ont toujours rien reçu depuis février. Nous adressons donc ces cas urgents directement au Secrétariat du Conseil du Trésor, mais jusqu'ici peu ont été résolus et certainement pas dans les délais appropriés et de façon efficace, comme nous l'a décrit Mme Lemay en parlant de la nouvelle manière de procéder.
Beaucoup de questions se posent et demeurent sans réponse quant à la façon de régler tout ce cafouillage. Voici donc, pour commencer, les premières questions que j'aimerais soumettre au Comité parce que j'estime que mon rôle, ici, consiste davantage à poser des questions qu'à répondre à celles que vous allez m'adresser.
Tout semble indiquer qu'un produit commercial, un produit clé en main, n'a pas été correctement testé. D'après les rapports, j'ai cru comprendre qu'on a testé jusqu'à 16 000 dossiers. Cependant, ce nombre semble nettement insuffisant pour un système à propos duquel on a dit, par le passé, qu'il devrait respecter plus de 70 000 règles.
À quels protocoles et à quels échéanciers ces tests ont-ils obéi? Pourrait-on voir les rapports et les éléments probants de ces procédures d'essais? À l'évidence, les résultats de ces tests ne sont pas confirmés par ce que nous constatons actuellement. Peut-on imaginer pouvoir tester 70 000 règles à partir de 16 000 dossiers seulement? Il semble difficile de tester les interactions entre toutes ces règles à partir de 16 000 dossiers seulement.
Avait-on établi un plan de contingence en cas de panne de Phénix? On peut dire, je pense, que le système ne fonctionne pas.
Bien qu'on puisse en douter, ne pourrait-on pas revenir à l'ancien système ou trouver les réponses dont nous avons besoin afin qu'à partir d'ici, nous disposions d'un système qui fonctionne?
Notre syndicat a également soulevé de nombreuses préoccupations relativement à l'affermage et à la sous-traitance de nombreux services publics. Le nombre de fournisseurs externes a explosé, surtout dans le secteur des TI. Nous avons la preuve que, dans d'autres projets, les budgets et les échéanciers ont été dépassés de beaucoup, comme pour la transformation du système de courriel du gouvernement qui a été confiée à contrat à Bell et à CGI. Dans quelle mesure a-t-on confié à contrat, à IBM ou à d'autres entreprises, la mise en oeuvre et les tests de cette transition, tandis que nos membres étaient prêts à s'en charger?
Nous aimerions que ce comité se penche très sérieusement sur ces questions et qu'il continue de chercher une solution afin que nos fonctionnaires, qui travaillent fort et qui sont dignes de confiance, puissent être rémunérés. Nous conviendrons tous, j'en suis sûre, que les fonctionnaires ne devraient pas avoir à payer le prix des échecs du système.
L'IPFPC demeure à votre disposition — à celle du gouvernement et à celle de ce comité — pour contribuer à recenser les problèmes et à trouver les solutions qui s'imposent. Tout ce que nous pouvons faire pour que nous puissions rémunérer nos membres au titre des services loyaux qu'ils rendent ne représente pas une énorme tâche pour nous, pas plus que le fait que j'ai dû interrompre mes vacances pour venir donner ce compte rendu à votre comité. Je demeure à votre disposition.
Merci beaucoup pour cette occasion.