:
Chers collègues, je pense que nous allons commencer. Il est 8 h 45. L'un de nos témoins n'est pas encore arrivé, mais je suis certain que Mme Campbell est en route.
J'ai quelques petites informations à vous transmettre rapidement avant d'entendre les témoignages. Premièrement, avec votre permission, chers collègues, j'aimerais nous réserver environ 10 minutes à la fin, peut-être 15, pour discuter de nos travaux futurs et des témoins que nous pourrions rencontrer pour la suite de notre étude concernant la loi sur la protection des dénonciateurs.
Ensuite, j'aimerais vous annoncer que M. Clarke sera absent les deux ou trois prochaines semaines. Il est chez lui, dans sa circonscription, dans l'attente de la naissance de son deuxième enfant, si bien que M. Gourde sera avec nous les prochaines semaines. M. Gourde est un parlementaire d'expérience et un habitué des opérations gouvernementales. Il a siégé à l'ancien comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires environ quatre ans, donc il n'aura pas une courbe d'apprentissage aussi raide que d'autres.
Cela dit, je remercie infiniment nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Chers collègues, nous nous réunissons aujourd'hui conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, pour une séance d'information sur l'utilisation de l'exception relative à la sécurité nationale.
Je crois comprendre que tous nos témoins ont préparé un bref exposé.
Monsieur Breton, si vous avez un exposé à présenter, la parole est à vous.
:
Merci, monsieur le président.
Services partagés Canada, ou SPC, a été créé en 2011 pour développer une infrastructure de technologie de l'information moderne, protégée et fiable pour l'exécution de programmes et la prestation de services numériques destinés à la population canadienne.
Après sa création, SPC a commencé à examiner les exigences de sécurité auxquelles il devrait satisfaire pour remplir son mandat et répondre aux besoins de ses clients.
[Traduction]
À ce moment-là, le secteur de la sécurité et du renseignement avait reconnu l’importance stratégique des approvisionnements de SPC pour l’établissement d’une infrastructure de technologie de l’information sécuritaire et centralisée pour le gouvernement du Canada. Cela comprend les approvisionnements liés au courrier électronique, à l’infrastructure du centre de données ainsi qu’aux systèmes et aux services de réseau et de télécommunications.
Au bout du compte, le SPC a conclu que ces types d’approvisionnement sont essentiels à la sécurité nationale, et que des mesures doivent être prises pour protéger les intérêts nationaux du Canada, y compris l’invocation de l’exception au titre de la sécurité nationale.
[Français]
L'une des principales justifications était que le courrier électronique, les réseaux et les centres de données jouent un rôle central dans tous les aspects des opérations du gouvernement, et que ces systèmes sont souvent la cible de cybermenaces hostiles.
Je mets l'accent sur le fait que la décision a été prise de concert avec un certain nombre d'autres partenaires fédéraux, notamment Services publics et Approvisionnement Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité, le Centre de la sécurité des télécommunications, le Secrétariat du Conseil du Trésor, le ministère de la Défense nationale et le Bureau du Conseil privé.
[Traduction]
Il s’agit d’organisations qui ont appuyé la demande de SPC de solliciter une exception au titre de la sécurité nationale pour remplir son mandat. En règle générale, ce genre d’appui ne fait pas partie du processus déjà rigoureux que ma collègue de SPAC décrira aujourd’hui, mais il a été ajouté pour faire en sorte que notre justification soit soutenue par les principaux ministères responsables de la sécurité nationale du Canada. La décision du Canada d’invoquer l’exception au titre de la sécurité nationale pour tous les approvisionnements de biens et de services concernant le courrier électronique, le réseau et l’infrastructure du centre de données a été annoncée sur le Service électronique d’appels d’offres du gouvernement en mai 2012. SPC a également invoqué l’exception au titre de la sécurité nationale pour des approvisionnements relatifs aux appareils technologiques en milieu de travail ainsi qu’aux logiciels et aux services connexes, qui ont été ajoutés plus tard au mandat de l’organisation.
Dans notre avis aux soumissionnaires, nous avons expliqué que les logiciels et les appareils technologiques en milieu de travail constituent la passerelle vers la plupart des infrastructures du gouvernement et le moyen par lequel les employés envoient et reçoivent des courriels, transmettent de l’information sur les réseaux et consultent de l’information stockée dans les centres de données. Ils représentent donc des cibles attrayantes pour ceux qui désirent les exploiter. L’invocation relative à ces types d’approvisionnement a été annoncée sur le Service électronique d’appels d’offres du gouvernement en 2014.
Permettez-moi maintenant de parler des mesures que Services partagés Canada est en mesure de prendre pour protéger la sécurité nationale du Canada par l’invocation de l’exception au titre de la sécurité nationale. Cela comprend l’application du processus d'évaluation de l’intégrité de la chaîne d'approvisionnement. Il s’agit d’un processus de contrôle de sécurité qui suppose des analyses réalisées par le Centre de sécurité des télécommunications, qui vise à faire en sorte qu’aucun équipement, logiciel ou service fourni par Services partagés Canada ou utilisé dans la prestation et l’appui des services ne pourrait nuire à la sécurité des systèmes, des logiciels ou de l’information du Canada.
[Français]
Parmi les autres mesures, mentionnons les exigences intérieures concernant l'hébergement des données pour protéger la souveraineté du Canada en ce qui a trait à ses données.
Services partagés Canada est également en mesure de diriger l'architecture de son réseau ou de ses autres systèmes pour faire en sorte que la conception respecte les contrôles et les normes de sécurité appropriées.
Ce ne sont que quelques exemples de la façon dont l'exception au titre de la sécurité nationale permet à Services partagés Canada de fournir les biens et les services nécessaires pour remplir son mandat de façon à protéger la sécurité nationale dans un contexte où les cybermenaces augmentent sans cesse.
[Traduction]
Je souhaite souligner, ici, qu'une invocation de l’exception au titre de la sécurité nationale ne signifie pas que les processus d’approvisionnement seront non concurrentiels. En guise d’exemple, pour l’exercice financier 2015-2016, Services partagés Canada a procédé à 725 processus d’approvisionnement qui ont été assujettis à l’exception au titre de la sécurité nationale, pour une valeur totale de 1 milliard de dollars. De ce total, des contrats pour une valeur de 920 millions de dollars ont été attribués en régime de concurrence. Ce volume correspond à 29 % de toutes les transactions d’approvisionnement effectuées par SPC en 2015-2016 ainsi qu’à 77 % de la valeur totale des approvisionnements pour le même exercice financier.
Par ailleurs, l’invocation de l’exception au titre de la sécurité nationale ne vise pas à protéger Services partagés Canada contre les contestations juridiques. Les contestations devant les tribunaux fédéraux et les tribunaux supérieurs provinciaux demeurent accessibles pour tous les approvisionnements de l’organisation.
Permettez-moi de conclure en mettant l’accent sur le fait que Services partagés Canada est déterminé à mener des processus justes, équitables et concurrentiels en matière d’approvisionnement.
[Français]
Nous reconnaissons que la concurrence du marché est le meilleur moyen de s'assurer que les contribuables canadiens bénéficient des meilleures solutions possibles qui ont le meilleur rapport qualité-prix. Cela vise également les processus d'approvisionnement pour lesquels une exception au titre de la sécurité nationale a été évoquée.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
[Français]
Je m'excuse pour le retard de ce matin, monsieur le président. Il y a eu confusion quant à la salle où nous devions nous rendre.
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler de la façon dont Services publics et Approvisionnement Canada invoque les exceptions au titre de la sécurité nationale.
[Traduction]
SPAC fait l'acquisition de biens et de services au nom des ministères et organismes en garantissant le meilleur rapport qualité-prix à la population canadienne. Notre programme d'approvisionnement offre aux organisations fédérales des solutions d'approvisionnement, comme des contrats spécialisés, des offres à commandes, des arrangements en matière d'approvisionnement et des protocoles d'entente permettant d'acquérir une vaste gamme de biens et de services, y compris des services de construction.
Ce programme permet d'offrir des services d'approvisionnement et des services communs connexes au moyen des meilleures pratiques en matière d'approvisionnement (engagement tôt, gouvernance efficace, conseils indépendants et avantages pour la population canadienne) grâce à un processus ouvert, équitable et transparent en vue de garantir le meilleur rapport qualité-prix à la population canadienne et au gouvernement fédéral.
[Français]
Afin de veiller à ce que les intérêts du Canada en matière de sécurité nationale ne soient pas compromis lors de l'acquisition de biens et de services, les accords commerciaux permettent à toutes les parties de prendre toutes les mesures qui s'imposent en invoquant une exception au titre de la sécurité nationale.
[Traduction]
En incluant des dispositions d'exception au titre de la sécurité nationale (ESN), les signataires des accords commerciaux ont décidé consciemment d'exercer un pouvoir discrétionnaire quant au respect de ces accords lorsqu'ils évaluent leurs propres besoins en matière de sécurité nationale. Ce pouvoir discrétionnaire est essentiel, compte tenu de la nature évolutive et changeante de la provenance des menaces à la sécurité nationale. Comme il est très difficile de prévoir l'évolution des menaces à la sécurité nationale, les accords commerciaux permettent au Canada et à ses partenaires internationaux d'invoquer une ESN lorsqu'ils le jugent nécessaire.
Une exception au titre de la sécurité nationale est envisagée lorsque le processus d'approvisionnement est essentiel dans l'un ou l'autre des cas suivants: défense nationale et menaces militaires, souveraineté, protection des renseignements de sécurité, sécurité environnementale, sécurité humaine et sécurité économique. Comme mon collègue l'a dit, le fait d'invoquer une ESN n'élimine pas l'obligation de se conformer aux règlements sur les marchés de l'État en ce qui a trait aux approvisionnements, soit de recourir à un processus concurrentiel, sauf s'il y a une raison valable d'utiliser un appel d'offres restreint. Le régime et les lois du Canada en matière d'approvisionnement favorisent une approche concurrentielle robuste afin d'assurer des choix et d'encourager l'innovation au gouvernement.
[Français]
Lorsque SPAC agit comme autorité contractante, une exception au titre de la sécurité nationale, ou ESN, peut être invoquée uniquement par moi, à titre de sous-ministre adjointe, Approvisionnement maritime et de défense, ou par ma collègue Arianne Reza, sous-ministre adjointe, Approvisionnement. Il en est ainsi car les questions de sécurité nationale doivent être traitées au niveau de la haute direction.
[Traduction]
Vingt ESN sont invoquées en moyenne chaque année dans le cadre du Programme des approvisionnements de SPAC. Au total, 55 ESN ont été invoquées au cours des trois derniers exercices financiers. Le ministère de la Défense nationale constitue notre principal client à cet égard, puisque le nombre d'ESN qu'il a invoquées représente 45 % du total. Parmi les autres ministères clients, citons la Gendarmerie royale du Canada (16 %), l'Agence des services frontaliers du Canada (7 %), Immigration, Réfugiés et Citoyenneté (5 %) et SPAC (4 %).
À ce jour, SPAC a invoqué 18 ESN pour l'exercice financier en cours.
[Français]
Le processus consistant à avoir recours à une ESN est rigoureux et valide. Un ministère client détermine les risques pour la sécurité nationale qui doivent être gérés et atténués dans le cadre de tout processus d'approvisionnement.
Une demande doit être présentée sous forme d'une lettre de la part du sous-ministre adjoint responsable du ministère client. Celle-ci doit faire état de la nature du processus d'approvisionnement proposé et justifier clairement pourquoi une ESN devrait être invoquée en lien avec les accords commerciaux.
[Traduction]
SPAC met en oeuvre un processus d'examen rigoureux pour vérifier la demande du ministère client, de concert avec nos services juridiques et le secteur d'approvisionnement pertinent. Comme dans tout autre processus d'approvisionnement, ces étapes sont suivies avec grandes diligence et vigilance.
Les processus d'approvisionnement pour lesquels une ESN est invoquée continuent d'être visés par toutes les autres politiques et tous les autres règlements pertinents du gouvernement, y compris la Politique des retombées industrielles et technologiques et la proposition de valeur. Une ESN est invoquée uniquement lorsque l'État estime que le processus d'approvisionnement est indispensable à la protection des intérêts du Canada en matière de sécurité nationale. En outre, avoir recours à une ESN ne signifie pas, par définition, que le processus est réservé aux fournisseurs canadiens.
[Français]
Cependant, il pourrait y avoir un besoin légitime de maintenir ou d'établir une source d'approvisionnement au Canada.
Par exemple, lorsque le gouvernement du Canada a établi un contrat pour faire appel à un fournisseur de vaccins antipandémiques, il a dû invoquer l'ESN pour diverses raisons, entre autres non seulement pour veiller à avoir une réserve suffisante du vaccin, mais aussi pour s'assurer que les vaccins sont fabriqués à l'intérieur de ses frontières.
[Traduction]
Habituellement, une ESN est invoquée pour un projet ou une stratégie d'approvisionnement particulière. Cependant, une ESN cadre pourrait être requise dans certaines circonstances. Par exemple, en novembre 2015, j'ai invoqué une ESN cadre afin d'aider à la relocalisation de 25 000 réfugiés syriens au Canada. Cette ESN s'appliquait aux approvisionnements effectués par mon ministère au nom de tous les autres ministères, organismes et sociétés d'État du gouvernement fédéral.
En 2008, le ministère de la Défense nationale a demandé à ce que SPAC invoque une ESN dans le cadre des processus d'approvisionnement requis pour soutenir les opérations militaires du Canada en Afghanistan. Avoir recours à une ESN cadre dans un tel cas a permis au MDN de répondre à ses besoins opérationnels immédiats dans une zone de guerre active tout en protégeant nos intérêts de sécurité nationale.
[Français]
Pour conclure, SPAC reconnaît la gravité du recours à une ESN. Comme je l'ai déjà signalé, le ministère a mis en place un processus rigoureux pour veiller à ce que toutes les demandes respectent les normes élevées que nous avons établies pour ce qui est d'avoir recours à une exception et de gérer nos responsabilités globales en matière d'approvisionnement pour l'État.
[Traduction]
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions après les exposés de mes collègues des autres ministères.
:
Monsieur le président, distingués membres du comité, bonjour.
Je m'appelle Dennis Watters et je suis le dirigeant principal intérimaire des finances et de l'administration à la Gendarmerie royale du Canada.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui des activités d'approvisionnement de la GRC et, plus particulièrement, du recours à l'exception au titre de la sécurité nationale pour fournir au service de police nationale du Canada l'équipement le plus adéquat et le plus efficient qui soit, afin qu'il puisse assurer la sécurité des Canadiens et de ses membres.
[Traduction]
Les activités d'approvisionnement de la GRC sont menées directement en appui des priorités opérationnelles de la GRC, qui comprennent, entre autres, de permettre aux membres de la GRC de déceler et d'enrayer le crime organisé; de protéger les intérêts du Canada en matière de sécurité et de protéger l'intégrité économique du Canada tout en assurant la sécurité des agents de la GRC qui, eux, sont chargés d'assurer la sécurité des Canadiens.
La GRC a recours aux services de SPAC et de Services partagés Canada pour répondre à ses besoins en matière d'approvisionnement qui excèdent les pouvoirs de passation de marchés de la GRC ou pour répondre à des besoins spécialisés. La GRC se procure aussi des biens, des services et des services de construction en vertu des pouvoirs qui lui sont délégués; elle le fait au moyen de processus d'approvisionnement ouverts, équitables et transparents pour assurer le meilleur rapport qualité-prix à la population canadienne tout en répondant aux priorités opérationnelles de la GRC.
Pour réaliser ses priorités opérationnelles et d'autres priorités, la GRC a besoin d'une grande diversité de biens et de services. La majeure partie de ces biens et services sont acquis au moyen de processus ouverts et concurrentiels. Tel qu'elle l'a déclaré en fonction du Cadre de responsabilisation de gestion 2015-2016, la GRC a eu recours à des processus concurrentiels pour 84 % de ses marchés évalués à plus de 25 000 $.
Pour l'année civile 2014, la GRC a attribué plus de 7 000 contrats, pour une valeur totale de 395 millions de dollars. Comme l'a expliqué ma collègue de SPAC, SPAC invoque rarement l'ESN au nom de la GRC au cours d'un exercice financier donné. Je pense que ces cas représentent 16 %. La GRC invoque aussi à de rares occasions l'ESN pour certains achats qu'elle fait en vertu de ses propres pouvoirs; toutefois, le recours à l'ESN est très limité.
Or, même s'il est très limité, la GRC dispose d'un solide cadre régissant le recours à l'ESN, y compris un guide interne sur les exceptions relatives à la sécurité nationale. Toutes les demandes d'ESN faites à SPAC doivent être approuvées par le sous-commissaire et sont passées en revue par le Service des acquisitions et contrats, qui relève de moi. En outre, pour les marchés dans les limites des pouvoirs délégués à la GRC, les demandes doivent être approuvées par le dirigeant principal des finances, soit par moi. Le fait d'invoquer l'ESN ne permet pas à lui seul à la GRC de conclure un marché à fournisseur unique.
La GRC invoque l'ESN pour exempter un approvisionnement de l'application des accords commerciaux pour deux principales raisons, en général. D'abord, lorsque le besoin ne peut pas être diffusé sur le site public du Service électronique d'appels d'offres du gouvernement parce que la révélation des exigences ou des spécifications techniques compromettrait les exigences opérationnelles de l'équipement à acquérir ou, selon l'achat, parce que la divulgation des spécifications de l'équipement pourrait avoir de graves conséquences sur la sécurité de ses membres.
Ensuite, la GRC invoque l'ESN lorsque les échéances minimales d'affichage prévues aux termes des accords commerciaux du Canada ne peuvent pas être respectées en raison de la nature urgente du besoin. Par exemple, les appels d'offres assujettis à l'Accord de libre-échange nord-américain doivent être publiés pendant au moins 40 jours civils. En raison de la nature opérationnelle de la GRC, il n'est pas toujours possible de planifier les besoins en approvisionnement dans un délai suffisant pour pouvoir respecter ces exigences d'affichage. Par exemple, on a invoqué l'ESN avant la tenue du Sommet des leaders nord-américains en 2016. La justification de l'invocation a été, en partie, la protection des détails des opérations pour assurer la sécurité des chefs d'État, mais aussi le peu de temps dont on disposait pour se procurer l'équipement nécessaire avant le sommet.
L'exception au titre de la sécurité nationale est un outil essentiel qui permet à la GRC de combler ses besoins opérationnels pour la protection de la sécurité nationale du Canada.
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je vous remercie d'avoir invité la GRC à vous parler aujourd'hui, et c'est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du Comité, bonjour.
Je m'appelle Karen Robertson. Je suis directrice adjointe des finances et de l'administration au Service canadien du renseignement de sécurité. Je suis responsable de la fonction financière du Service et de la gestion des fonctions administratives liées aux achats, à la gestion des biens, à l'aliénation et aux exigences relatives à l'infrastructure.
Maintenant que mes collègues de Services publics et Approvisionnement Canada, ou SPAC, et Services partagés Canada, ou SPC, vous ont expliqué les exceptions au titre de la sécurité nationale, j'aimerais vous donner un aperçu des motifs qui justifient leur application aux marchés du Service.
Les dépenses liées aux marchés du Service ne représentent qu'une part relativement faible du budget d'approvisionnement global du gouvernement. Toutefois, compte tenu de notre mandat et de nos activités opérationnelles, les biens et les services dont nous avons besoin sont assez particuliers. Ainsi, pour mettre en contexte les déclarations que je vais faire aujourd'hui, j'aimerais d'abord vous donner un bref aperçu des pouvoirs du Service et des raisons pour lesquelles des dispositions particulières sont nécessaires pour protéger l'intégrité de notre travail.
[Traduction]
Toutes les activités du service s'appuient sur la Loi sur le SCRS, qui énonce clairement le mandat et les pouvoirs de l'organisme. L'article 12 autorise le service à recueillir, lorsque c'est strictement nécessaire, des informations sur les activités dont il existe des motifs de soupçonner qu'elles représentent une menace pour la sécurité du Canada. L'article 2 de la Loi définit précisément ces menaces, à savoir le terrorisme, l'espionnage, le sabotage et l'ingérence étrangère.
Le service recueille des informations pour repérer les menaces pour la sécurité du Canada, les évaluer et y réagir. Un élément essentiel de son mandat consiste à faire rapport au gouvernement sur des questions touchant la sécurité nationale et à le conseiller à cet égard. Dans toute société démocratique saine, il faut, en principe, que les pratiques en matière de passation des marchés publics soient concurrentielles et transparentes. Cependant, compte tenu des responsabilités et des fonctions du service, vous comprendrez, mesdames et messieurs, que les biens et les services dont il fait l'acquisition pour soutenir ses activités sont de nature sensible, si bien qu'il faut éviter qu'ils soient connus de tous.
Le service invoque des exceptions au titre de la sécurité nationale pour la vaste majorité de ses marchés dans le but premier de limiter la diffusion d'informations sur ses pratiques, ses transactions et ses fournisseurs. Si les cibles de nos enquêtes savaient exactement ce que nous achetons et connaissaient nos moyens techniques, elles pourraient compromettre nos enquêtes.
Par ailleurs, le fait d'être au courant des besoins en matière d'approvisionnement du service, même ceux qui semblent les plus anodins, pourrait permettre à des acteurs hostiles de mieux connaître nos moyens et nos ressources. C'est ce qu'on appelle I'« effet mosaïque », c'est-à-dire le regroupement graduel d'informations qui ont été diffusées sur nos besoins en matière d'approvisionnement ainsi que sur les coûts et les pratiques connexes. Ainsi, il importe de protéger non seulement les informations sur les biens et les services dont le service fait l'acquisition, mais aussi celles sur les moyens qu'il prend à cette fin. Toute allusion au service dans un appel d'offres risque de révéler ses méthodes opérationnelles et de compromettre ses opérations ainsi que la sécurité de ses employés. Elle risque aussi de nuire à la réputation et à la sécurité des fournisseurs de biens et de services.
Le fait de pouvoir invoquer des exceptions au titre de la sécurité nationale dans le cas des marchés offre au service la latitude nécessaire pour définir les exigences en matière de sécurité qui s'appliquent à un marché ou à un fournisseur donné, compte tenu des enjeux opérationnels et du contexte de la menace.
Ainsi, le service conclut la vaste majorité de ses marchés à l'interne grâce aux pouvoirs spéciaux en matière de passation des marchés que le Conseil du Trésor lui a accordés. II profite de ces pouvoirs spéciaux depuis 1987. II a donc très peu recours aux mécanismes d'approvisionnement habituels du gouvernement gérés par SPAC et SPC. Toutefois, il arrive parfois que le service ait à recourir à SPAC et à SPC pour la gestion de certains marchés, par exemple lorsqu'un achat dépasse ses pouvoirs en matière de passation de marchés. Des exceptions au titre de la sécurité nationale sont invoquées pour de tels marchés parce qu'ils touchent le service.
Le service n'est pas visé par le mandat de SPC concernant les courriels, les centres de données et les réseaux. Par ailleurs, il obtient très peu de ses services de réseautique et de son infrastructure de TI auprès de SPC. Pour ce qui est du mandat de SPC concernant la prestation de services de TI pour les utilisateurs finaux, le service collabore étroitement avec ce dernier pour traiter les marchés liés aux TI d'une manière qui cadre avec ses exigences en matière de sécurité.
Le service n'invoque pas d'exceptions au titre de la sécurité nationale pour éviter d'avoir à lancer des appels à la concurrence. Je ne peux malheureusement pas entrer dans les détails, mais il importe de signaler que les pouvoirs spéciaux du service en matière de passation de marchés reposent sur un cadre interne rigoureux de contrôle et de surveillance.
Nous nous appuyons sur des pratiques exemplaires appliquées à l'échelle de l'administration fédérale pour assurer la saine gestion des ressources du gouvernement. Nos pratiques en matière d'approvisionnement font également l'objet de vérifications internes et d'évaluations ainsi que d'un examen externe par le Bureau du vérificateur général.
[Français]
Mesdames et messieurs, les exceptions au titre de la sécurité nationale constituent un moyen pour le Service d'adapter des normes appliquées à l'échelle du gouvernement aux réalités de son travail. Ces exceptions lui assurent la souplesse nécessaire pour faire l'acquisition de ce dont il a besoin pour mieux faire enquête sur les menaces pour la sécurité du Canada. Le Service cherche avant tout à assurer la sécurité des Canadiens.
Sur ce, monsieur le président, je mets fin à mon allocution. Je suis prête à répondre à toutes les questions des membres du Comité.
[Traduction]
J'ajouterai seulement que c'est la première fois que je comparais devant un comité du Canada et que c'est vraiment un honneur pour moi d'être avec vous aujourd'hui.
Merci.
:
Je devrais d’abord expliquer comment fonctionnent les ESN.
J’ai parlé, plus tôt, des statistiques relatives aux demandes précises que nous avons reçues au cours de la dernière année, mais je veux être claire sur une chose: il y a des demandes des ministères et, comme nous l’avons déjà souligné, des demandes-cadres dont l’application est plus large.
Lorsqu’une ESN est consentie, elle s’applique à l’ensemble du projet. Par exemple, dans le cas des navires de combat de surface canadiens, dont certains d’entre vous ont entendu parler, une exception relative à la sécurité nationale a été invoquée et consentie et elle s’appliquera pour toute la durée du projet.
Il y a aussi des ESN cadres applicables pour une durée limitée. Elles ne s’appliquent pas à jamais; elles sont consenties en fonction des besoins d’un projet précis. Comme l’ont souligné mes collègues, elles assurent l’intégrité du processus et de la chaîne d’approvisionnement et éliminent la nécessité de demander une nouvelle ESN chaque fois qu’un contrat doit être attribué.
:
Merci, monsieur le président.
Je crois qu’il est juste de dire que bon nombre d’entre nous s’inquiétaient que les exceptions relatives à la sécurité nationale puissent empêcher la tenue d’un processus concurrentiel ouvert. Donc, je vous remercie d’avoir précisé, dans votre exposé, que même si une exception relative à la sécurité nationale est invoquée, cela n’empêche pas la tenue d’un processus concurrentiel.
J’aimerais aller un peu plus loin et parler d’un des approvisionnements qui m’a poussé à proposer au Comité de mener cette étude. Il s’agit de l’achat, pour Environnement Canada, d’un superordinateur pour les prévisions météorologiques. Si je ne m’abuse, la facture s’élevait à 1 milliard de dollars. L’achat s’est fait par l’entremise de Services partagés. Il doit y avoir eu un processus concurrentiel, car, à un certain moment, nous avons appris qu’un des soumissionnaires pour fournir l’ordinateur en question n’avait pas été retenu. Monsieur Breton, pourriez-vous nous parler de ce dossier, puisqu’il s’agit d’un approvisionnement majeur pour lequel une exception relative à la sécurité nationale a été invoquée?
:
Je vous remercie de la question.
Selon moi, la réponse est non. Comme elle a été décrite par mes collègues, l'exception au titre de la sécurité nationale assure l'intégrité de la chaîne de fournisseurs et protège les intérêts nationaux du Canada. Par ailleurs, la concurrence est très importante pour nous. Je crois que je devrais d'abord expliquer une chose à ce sujet.
Avant de nous procurer la plupart de nos approvisionnements, nous consultons Industrie Canada pour savoir qui sont les fournisseurs, lesquels peuvent nous approvisionner et quels sont leurs états financiers. Il s'agit de savoir s'il existe un bon éventail de fournisseurs qui pourraient nous aider à combler nos besoins?
Par la suite, nous tâchons de trouver la meilleure façon de nous approvisionner. Quelle est notre stratégie d'approvisionnement? Comme je vous l'ai déjà mentionné, dans 97 % des cas, c'est la concurrence qui joue, même s'il existe une exception au titre de la sécurité nationale.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Robertson, vous vous en tirez à bon compte. Je ne vous rendrai pas la vie difficile.
Je comprends pourquoi le SCRS et la GRC invoquent l'exception relative à la sécurité nationale. Vous êtes des organisations chargées de la sécurité. Je comprends parfaitement cela.
Madame Campbell, monsieur Breton, aidez-moi à comprendre. Lorsque vous attribuez un marché à fournisseur unique, vous devez respecter certaines conditions. Si la valeur est de moins de 25 000 $, vous pouvez le faire. Si personne d'autre dans le domaine ne peut prétendre le faire, vous pouvez afficher un préavis d'adjudication de contrat. Ensuite, s'il est décidé que c'est dans l'intérêt national de le faire, vous pouvez invoquer l'exception relative à la sécurité nationale, qui vous permet d'attribuer un marché à fournisseur unique, mais cela ne signifie pas que vous devez absolument le faire.
:
L'invocation de l'exception relative à la sécurité nationale n'a absolument rien à voir avec le recours à des processus concurrentiels ou non concurrentiels. Si nous pouvons réussir seulement une chose aujourd'hui, je tiens vraiment à vous le faire comprendre. C'est un message important que nous voulons tous vous transmettre.
Je regarde actuellement le Règlement sur les marchés de l'État. Par défaut, les achats se font sur une base concurrentielle au Canada, et ce sera toujours le cas. Toutefois, il y a certaines exceptions dans les cas d'extrême urgence où un retard serait préjudiciable à l'intérêt public. C'est un critère très rigoureux. Il y a de la jurisprudence en la matière, et nous ne pouvons pas en abuser.
Par ailleurs, la valeur ne doit pas dépasser 25 000 $ ou 100 000 $, s'il s'agit d'un marché relatif à des services d'architecture et de génie. Il y a également des limites différentes lorsqu'il s'agit du Conseil privé, etc. La nature du marché est telle qu'un appel d'offres ne servirait pas l'intérêt public. Dans certains cas, cela concerne énormément la sécurité nationale, et il faut le justifier. Il se peut aussi qu'une seule personne soit en mesure d'exécuter le marché. Vous avez parlé du préavis d'adjudication de contrat. Nous diffusons souvent de tels préavis tout simplement pour nous assurer qu'aucune autre personne ne peut le faire.
Comme je l'ai mentionné, l'approvisionnement direct ou l'attribution d'un marché à fournisseur unique sont rares dans notre cas. Par défaut, nous procédons de manière concurrentielle, même lorsque nous invoquons l'exception relative à la sécurité nationale. Ce sont donc deux éléments distincts. Nous invoquons l'exception relative à la sécurité nationale, puis nous allons de l'avant avec un processus concurrentiel. Je vous en ai donné de nombreux exemples récents.
:
Certainement. Le processus commence par une discussion initiale concernant la stratégie d'approvisionnement entre notre secteur d'activité, notre client interne ou même nos clients externes, l'agent d'approvisionnement et d'autres éléments de notre organisation qui sont des intervenants pertinents.
À ce stade, on procède à une évaluation des besoins, dont une analyse de ce qu'offre le marché, afin de déterminer s'il y a un marché concurrentiel ou s'il s'agit d'un besoin précis que seul un fournisseur pourrait combler. Comme mes collègues l'ont mentionné, la notion d'un fournisseur unique fait l'objet de vigoureuses contestations à l'interne. Il est souvent dans l'intérêt du public d'avoir un processus d'approvisionnement ouvert et concurrentiel. Nous avons constaté l'existence d'un marché très concurrentiel sur le plan des TI et des services des TI.
Une fois qu'on a établi la stratégie d'approvisionnement, l'approvisionnement est examiné dans un cadre de gouvernance interne. Il arrive souvent que nos approvisionnements d'entreprise complexes soient assujettis au processus d'approvisionnement collaboratif ouvert, qui commence par une demande de renseignements ou une invitation à se qualifier.
Ensuite, comme on l'a mentionné, nous travaillons avec les soumissionnaires présélectionnés pour établir la demande de propositions et ensuite la publier.