:
Qu'en pensez-vous, chers collègues?
Des voix: D'accord.
Le président: Nous allons donc opter pour des tours de questions de cinq minutes. De cette manière, nous pourrons peut-être rattraper un peu de temps.
Par ailleurs, il y a une dernière chose que j'aimerais mentionner au sujet du vote que nous avons tenu la semaine dernière sur une motion de M. Motz. Cette motion n'ayant pas été présentée, le vote est nul.
Cependant, il est encore possible de voter sur votre motion.
Cela étant dit, je vais demander au Dr Drummond qui attend patiemment à Calgary depuis pratiquement une heure, de commencer, en espérant que nous pourrons compter sur la collaboration de nos services techniques, ce qui n'est pas toujours garanti.
Chers collègues, seriez-vous prêts à prolonger la séance d'une demi-heure, jusqu'à 13 h 30?
Ne voyant pas de réponse négative, je considère que nous allons poursuivre nos travaux jusqu'à 13 h 30, en espérant qu'il n'y aura pas d'autres appels au vote d'ici là.
Encore une fois, docteur Drummond, je vais vous demander s'il vous plaît de commencer. Vous allez partager avec le Dr Kapur un temps de parole de 10 minutes.
Le Dr Kapur exerce la médecine d'urgence à l'Hôpital d'Ottawa. Quant à moi, je suis médecin de famille en région rurale établi à Perth, en Ontario. Par conséquent, nous apportons deux points de vue différents dans cette discussion.
Nous représentons l'Association canadienne des médecins d'urgence, un organe national représentant le milieu de la médecine d'urgence au Canada qui regroupe 2 500 médecins traitant chaque année 16 millions de personnes au pays.
Pour nous, tout le débat sur les armes à feu relève de la santé et de la sécurité publiques. Nous savons que la criminalité est une préoccupation pour beaucoup de nos concitoyens, mais, de notre côté, nous voulons surtout prévenir le suicide, réduire les conséquences mortelles de la violence conjugale et aussi nous assurer que nous pouvons prévenir les blessures non intentionnelles chez les enfants.
Au Canada, le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 34 ans, et la létalité des armes à feu est incontestable lorsqu'elles sont utilisées pour commettre un suicide. Quatre-vingts pour cent de tous les décès par armes à feu au Canada sont liés à des suicides et 500 Canadiens mettent fin à leurs jours chaque année à l'aide d'une arme à feu. Entre 2003 et 2012, au moins 6 000 Canadiens se sont servis d'armes à feu pour s'enlever la vie. Le Canada affiche les taux les plus élevés de tous les pays développés en matière de suicide par armes à feu.
Des études scientifiques ont clairement démontré que la présence d'une arme à feu chez soi augmente le risque de suicide. Plus récemment, on a constaté qu'une diminution de 10 % du nombre d'armes à feu entraînait une réduction globale de 4,2 % du nombre de suicides par arme à feu.
Entre 21 et 31 % des homicides de conjoint sont perpétrés à l'aide d'armes à feu et les carabines et les fusils de chasse, qui représentent les armes à feu les plus courantes au Canada, sont utilisés dans 62 % des homicides de conjoint. Le simple fait de posséder un fusil chez soi constitue un risque d'homicide conjugal.
Pour nous, le problème n'est pas l'accès aux armes à feu, ni le fait d'en posséder, mais plutôt d'éviter que des armes à feu tombent entre les mains de personnes à risque.
L'ACMU a déjà produit deux exposés de principes consacrés à la violence due aux armes à feu au Canada. Depuis 1995, c'est la troisième fois que nous témoignons devant un comité à propos de cette même question qui demeure une grande préoccupation pour nos membres.
Nous appuyons globalement le projet de loi à l'étude tout en estimant qu'il ne va pas assez loin. Nous sommes tout à fait favorables au renforcement des mesures de contrôle ou tout au moins à la prolongation de la période de recherche de signes cliniques. C'est vraiment important pour nous.
Nous appuyons totalement l'imposition de mesures de contrôle plus strictes et de conditions plus restrictives pour l'octroi de permis aux personnes jugées à risque. Nous souhaiterions que ces mesures soient même renforcées afin que les médecins soient contraints de signaler les détenteurs d'armes à feu qui sont jugés à risque en raison de maladie mentale, de psychose, de toxicomanie ou d'antécédents de violence conjugale. Cela permettrait d'identifier les individus à risque et de leur interdire de posséder des armes à feu, du moins de façon temporaire, pendant leur traitement initial.
Nous souhaiterions que les dispositions relatives à l'entreposage sécuritaire soient plus efficaces afin qu'il fasse l'objet d'une évaluation, que son existence soit documentée et que l'on mette peut-être plus l'accent sur les sûretés d'armes. Toutes les mesures de prévention devraient insister sur l'éducation, la conception et l'application. Le concept d'entreposage sécuritaire est sans doute un élément central et il faudrait s'assurer que les dispositions d'entreposage sécuritaire soient véritablement appliquées lors de l'achat d'une arme à feu ou de son acquisition à des fins de collection.
Nous proposons d'approfondir les recherches sur les blessures et les décès liés à des armes à feu, afin que les futurs efforts entrepris en vue d'accroître la sécurité des Canadiens puissent s'appuyer sur des données scientifiques plutôt que sur des opinions.
Enfin, nous souhaiterions que le grand public et la profession médicale soient mieux renseignés sur le rôle des armes à feu et sur leur implication dans des suicides réussis.
Voilà qui conclut mon exposé. Merci.
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Monsieur le président, distingués membres du Comité, j'aimerais vous remercier à nouveau d'avoir accordé à l'Association canadienne des chefs de police l'occasion de témoigner aujourd'hui dans le cadre de son étude sur le projet de loi . Je m'appelle Mario Harel et j'ai le plaisir de comparaître devant vous à titre de président de l'ACCP.
Permettez-moi de vous présenter mon collègue le surintendant Gordon Sneddon, qui est le superviseur de l'unité d'enquête sur le crime organisé du service de police de Toronto. Il agit aussi à titre de conseiller en matière d'armes à feu pour l'ACCP.
Je ne peux me prononcer sur les positions extrêmes dans ce débat qui préconisent soit l'augmentation du nombre et de la puissance des armes à feu soit leur interdiction totale. Je suis uniquement en mesure de vous parler de ce que je crois être la position de la majorité des citoyens canadiens, qui sont honnêtes et qui favorisent un équilibre entre les privilèges individuels et les droits de la société en général. Ils comprennent et appuient les règlements qui, autant que possible, accordent la priorité à la sécurité publique et à la protection des plus vulnérables de notre société. J'estime que ces gens et cette position sont le reflet d'une société juste et responsable.
Nous sommes d'avis que le a communiqué de manière appropriée une tendance très inquiétante, en matière de violence armée, qui continue à se manifester au Canada, et ce, malgré la réduction du taux de criminalité. Entre 2013 et 2015, nous avons observé une hausse de 30 % des délits criminels liés aux armes à feu. Le nombre d'homicides commis avec des armes à feu a connu une hausse de 60 %. Les infractions de violence entre partenaires intimes et de violence fondée sur le genre commis avec une arme à feu ont augmenté du tiers.
Les homicides liés aux gangs de rue, dont la majorité implique des armes à feu, ont également augmenté du tiers. Le nombre d'effractions commises dans le but de commettre un vol d'arme à feu a connu une hausse de 56 %. En 2016, 31 % des homicides commis avec des armes à feu impliquaient l'usage d'un fusil sans restriction. Plus inquiétant encore est le fait qu'environ 50 % de toutes les armes de poing qui ont été utilisées pour commettre un crime et que nous avons été en mesure de retracer provenaient de propriétaires canadiens honnêtes d'armes à feu légales.
Nous prévoyons que, si aucune mesure concrète n'est mise en vigueur, cette tendance croissante ne changera aucunement. Nous avons besoin de mesures de protection afin de réduire l'impact des pires résultats, dans les cas de violence armée, même si ces mesures imposent des exigences aux honnêtes propriétaires d'armes à feu. Il est important de souligner, dès le départ, que nous appuyons ce projet de loi. À notre avis, il ne s'agit pas d'une panacée visant à résoudre le problème de la violence armée, mais d'une composante importante d'une stratégie plus globale qui contribue à empêcher que des agresseurs munis d'une arme à feu ne causent des victimes.
Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour minimiser les occasions qui permettent aux criminels de continuer à semer le chaos dans nos communautés, et ce, non seulement dans les principaux centres urbains comme Toronto et Vancouver, mais partout au Canada. Il ne fait aucun doute que des mesures additionnelles sont encore nécessaires et qu'à titre de chefs de police, nous allons établir une position plus globale prochainement. J'aimerais en profiter pour mettre en évidence certaines dispositions du projet de loi qui sont particulièrement importantes et vous proposer quelques modifications qui permettaient de renforcer la loi. Je me prononce en tenant compte des principales responsabilités des organismes chargés de faire appliquer la loi et d'assurer la sécurité et la sûreté de tous les Canadiens.
Pour ce qui est de l'admissibilité à la détention d'un permis d'arme à feu, ce projet de loi apporte des améliorations à la vérification des antécédents. Celle-ci s'étendrait sur plus de 5 ans pour les individus qui cherchent à se procurer des armes à feu. Ainsi, on pourrait tenir compte du dossier complet du demandeur en ce qui concerne l'historique de violence ou les comportements criminels. Nous appuyons pleinement ce changement. De plus, nous appuyons le principe voulant que des professionnels de la santé soient tenus d'aviser les autorités si, en tant qu'experts, ils considèrent qu'un individu ne devrait pas posséder une arme à feu. Le but, ici, serait d'assurer la sécurité de cette personne et celle du public en général. Cette approche serait semblable à une mesure que nous connaissons tous déjà, à savoir le retrait du permis de conduire lorsque des questions particulières de santé sont en jeu.
En ce qui a trait à la vérification du permis, nous considérons essentiel que l'acheteur présente un permis d'arme à feu et que le vendeur en vérifie la validité avant d'effectuer le transfert d'une arme à feu sans restriction. À l'heure actuelle, la vérification du permis est facultative.
Ainsi, il est malheureux que des armes à feu sans restriction soient vendues et achetées par des individus sans qu'il y ait un processus de vérification approprié.
Trop souvent, nous sommes témoins du fait que des individus possèdent des armes à feu même s'ils font l'objet d'une ordonnance d'interdiction ou sont tenus de se conformer à une condition d'engagement. Ce fait est particulièrement remarquable lorsqu'il s'agit de cas de violence familiale. Nous avons aussi été témoins de situations dans lesquelles des achats d'armes à feu ont été effectués en ligne au moyen d'un permis volé ou obtenu frauduleusement.
Alors que le nombre de cas de trafic d'armes à feu est à la hausse au Canada, cette initiative facilitera l'identification, par la police, d'achats d'armes à feu de masse, dont le modèle d'achat suggère la revente illégale. Ainsi, la capacité de repérer le dernier propriétaire des armes à feu sans restriction qui ont été utilisées pour commettre un délit sera nettement améliorée.
Relativement à la tenue des dossiers par les vendeurs, je dirai que la majorité des entreprises de bonne réputation ont déjà mis cette pratique en place pour satisfaire à leurs propres besoins. Depuis l'abolition du registre des armes d'épaule, la police a été, pour ainsi dire, aveugle au nombre de transactions en matière d'armes à feu sans restriction effectuées par tout particulier titulaire d'un permis. L'absence de tels dossiers élimine pratiquement la capacité de la police de repérer le dernier propriétaire d'une arme à feu sans restriction utilisée pour commettre un délit. Le repérage d'une arme à feu liée à un acte criminel peut contribuer à l'identification d'une personne soupçonnée d'avoir commis une infraction et du réseau de trafic responsable.
Lorsque le numéro de série est connu, le Centre national de dépistage des armes à feu est en mesure de fournir des renseignements sur le vendeur et l'emplacement de la vente initiale. Nous devons encore obtenir une ordonnance de production qui doit être présentée au vendeur pour accéder à l'information sur l'acheteur.
L'ACCP est d'avis que la norme pour obtenir cette ordonnance devrait être modifiée. Plutôt que d'exiger des « motifs raisonnables », nous proposons d'exiger des « raisons de soupçonner ».
Il est intéressant de noter que, aux États-Unis, tous les magasins doivent respecter un mandat fédéral qui leur impose d'enregistrer et de conserver les renseignements sur la vente de leurs produits. Les autorités américaines ont ainsi déclaré que l'un de leurs plus importants enjeux est la vente d'armes à feu par l'entremise du marché secondaire, telles les transactions de vente d'armes à feu qui ne sont pas enregistrées.
Relativement au transport des armes à feu prohibées et à autorisation restreinte, l'ACCP apprécie et appuie ce changement, qui est perçu comme un pas dans la bonne direction. Cette modification à la loi veut dire que l'on accorde un pouvoir discrétionnaire aux contrôleurs des armes à feu en ce qui a trait à la détermination des limites qui se rattachent au transport des armes à feu.
Selon nous, le changement antérieur qui a permis une autorisation automatique pour le transport était trop général et accordait une trop grande latitude, ce qui laissait place à l'abus. Sur le plan pratique, le détenteur d'un permis pouvait porter une arme à feu en tout temps, même s'il n'était pas disposé à communiquer son objet et ses intentions.
Cette norme avait également permis l'articulation de défenses frauduleuses devant les tribunaux, qui suggéraient que le transport des armes à feu avait pour but de les apporter à un point de passage frontalier, à une exposition d'armes à feu ou à un armurier. Bref, cela ouvrait la porte aux échappatoires.
Finalement, il faut rétablir un système par lequel le Parlement définit les classes, mais confie à des experts de la Gendarmerie royale du Canada le soin de classer les armes à feu. Nous appuyons l'identification des classes d'armes à feu par les représentants élus. Toutefois, nous devons nous appuyer sur l'expertise professionnelle fournie par la GRC pour catégoriser les armes à feu, sans influence politique. Leur impartialité repose sur la sécurité publique qui, comme je l'ai déclaré précédemment, doit avoir priorité sur les privilèges individuels.
Je vais conclure en disant que nous respectons le débat qui a lieu et la position contraire à la nôtre de la part des gens qui souhaitent tout simplement pratiquer la chasse et le tir sportif. Nous ne voulons pas punir les honnêtes citoyens à cause des actions illégales des criminels. Cela dit, nous voulons que les citoyens honnêtes acceptent leurs responsabilités et adhèrent aux lois et aux règlements qui visent à assurer la sécurité des citoyens canadiens.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, messieurs les vice-présidents, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de nous avoir invités à présenter un témoignage à propos du projet de loi .
Je m'appelle Solomon Friedman. Je suis avocat criminaliste et associé directeur du cabinet Edelson and Friedman LLP. Je suis accompagné aujourd'hui de mon associé, M. Fady Mansour. Nous sommes tous deux membres de la Criminal Lawyers' Association.
Comme vous le savez peut-être, notre association regroupe plus de 1 000 avocats criminalistes, dont beaucoup pratiquent dans la province de l'Ontario, mais aussi dans d'autres régions du pays. C'est à la fois un privilège et un plaisir d'avoir l'occasion de comparaître devant votre comité pour exprimer nos points de vue sur ce texte législatif particulier.
La Criminal Lawyers' Association est en faveur d'une réforme du droit pénal modeste, fondamentalement rationnelle et fondée sur des données objectives. Selon nous, le projet de loi ne répond à aucun de ces critères.
Tout d'abord, les réformes que propose le projet de loi ne sont fondées sur aucun élément de preuve. En fait, lorsque le gouvernement a expliqué la raison pour laquelle il présentait ce projet de loi, il a faussé les statistiques objectives afin de créer l'apparence d'un problème qui tout simplement n'existe pas. La société dans son ensemble est pénalisée lorsque le gouvernement justifie une législation pénale en s'appuyant sur un quiproquo ou, pire, sur une manipulation volontaire de ce qu'il prétend être des données empiriques.
Le 8 mai 2018, le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale, a déclaré devant votre comité qu'entre 2013 et 2016, les incidents criminels faisant appel à des armes à feu ont augmenté de 30 %. Au cours de la même période, les homicides par armes à feu ont augmenté des deux tiers. Ces chiffres sont alarmants. Ils donnent nettement l'impression que les crimes et les homicides faisant appel à des armes à feu se multiplient et constituent un problème de plus en plus courant dans notre société.
En dépit du respect que je dois au , j'affirme que ce n'est tout simplement pas vrai. L'année 2013, point de référence de cette prétendue tendance, n'a pas été choisie au hasard. Comme nous le savons désormais, l'année 2013 a représenté une aberration statistique en matière de crimes violents et d'homicides au Canada. Notre pays a connu en effet cette année-là le taux d'homicides le plus faible depuis 50 ans. Pour replacer ces statistiques en perspective, signalons que chaque année depuis 1966 s'est caractérisée par des résultats pires qu'en 2013. Il n'est donc pas surprenant que les trois années suivant 2013 aient affiché de moins bons résultats.
La vérité, c'est que les homicides par armes à feu sont en fait en baisse au Canada depuis le milieu des années 1970 et, si l'on prend un échantillon approprié, on découvre que la prétendue tendance alarmante signalée par le n'est en fait qu'une manipulation sélective des statistiques. L'examen des statistiques sur une décennie, période raisonnable, révèle que le taux d'homicides par arme à feu est demeuré relativement stable. En fait, il était légèrement plus faible en 2016 qu'il ne l'était 10 ans plus tôt, en 2006.
Cette même absence de données empiriques s'applique à la prétention du , reprise par d'autres témoins entendus par le Comité, selon laquelle on assiste à un changement radical dans la provenance des armes à feu utilisées pour commettre des actes criminels. On prétend que ces armes à feu sont de plus en plus d'origine canadienne, ayant été acquises au cours de cambriolages ou par l'intermédiaire de prête-noms. Ces prétentions sont purement anecdotiques et ne sont absolument pas attestées par les recherches de Statistique Canada dans ce domaine. Permettez-moi de citer nul autre que Lynn Barr-Telford, directrice générale de Santé, Justice et enquêtes spéciales de Statistique Canada qui a déclaré, à l'occasion d'un récent sommet sur les armes à feu et les gangs: « Nous ne connaissons pas l'origine des armes à feu utilisées dans des actes criminels » au Canada.
Il est clair que si les chiffres cités par certains représentants de la police s'appuyaient sur des éléments concrets, Statistique Canada en aurait eu vent. Or, ce n'est pas le cas.
Deuxièmement, votre comité devrait se rappeler qu'il n'est pas possible au Canada de réglementer les armes à feu de manière autonome, à l'extérieur du droit pénal. En conséquence, toute infraction, qu'elle soit mineure ou technique, engage le processus pénal. Tous ceux qui exercent dans le secteur du système judiciaire savent que le droit pénal est un instrument qui ressemble plus à une masse qu'à un scalpel. Mais surtout, il est mal adapté à la mise en oeuvre de la politique publique. En effet, le projet de loi crée inutilement de nouvelles infractions. Par exemple, le projet de loi considérera que le propriétaire d'une arme à feu commet une infraction s'il cède son arme — c'est-à-dire s'il la donne, la vend ou l'échange — à une autre personne, sans avoir obtenu au préalable un numéro de référence auprès du registraire des armes à feu. Soyons clair: c'est déjà une infraction criminelle que de céder une arme à feu à une personne qui n'est pas autorisée à en posséder.
L'article 101 du Code criminel interdit précisément une telle action et la rend passible d'un maximum de cinq ans de prison. De fait, j'ai représenté personnellement des détaillants qui ont été accusés en vertu de la réglementation actuelle de n'avoir pas vérifié la validité d'un permis de détention d'armes.
Le gouvernement affirme que les nouvelles dispositions du projet de loi sont nécessaires pour éviter que des armes à feu soient cédées par des personnes qui ne sont pas légalement habilitées à le faire. Il n'est pas étonnant que l'infraction existante prévue à l'article 101 soit intitulée « Cession illégale ». En revanche, le projet de loi C-71 autorise le propriétaire d'une arme à feu détenteur d'un permis et respectueux de la loi à céder une arme à feu à un propriétaire d'armes à feu respectueux de la loi et détenteur d'un permis, mais le vendeur commettra une infraction s'il omet d'en aviser dûment le gouvernement. Cela n'est rien d'autre qu'un piège pour les consommateurs imprudents, un piège qui comporte des conséquences pénales. Pour quelle raison? Il ne s'agit pas d'une question de sécurité publique, mais d'une apparence de sécurité publique.
Il y a un dernier aspect du projet de loi qui me paraît particulièrement inquiétant. Je vais laisser le reste de mon temps de parole à mon collègue, M. Mansour, pour qu'il puisse en parler.
Le projet de loi élimine dans les faits le contrôle parlementaire sur les décisions en matière de classification des armes à feu qui peuvent désormais être prises unilatéralement par la GRC. Il s'agit là d'une mauvaise politique en matière de droit pénal et d'un mauvais précédent.
Tout d'abord, cette mesure est particulièrement troublante à la lumière des décisions de classification technique contestables et parfois incorrectes prises par la GRC au cours de son histoire. Cependant, indépendamment de ces décisions erronées, cette complaisance est foncièrement antidémocratique. Le projet de loi deviendra ainsi le seul instrument de notre droit pénal à conférer à un organisme policier le pouvoir de déterminer ce qui est légal et ce qui ne l'est pas en matière d'armes à feu et de leur classification et d'imposer une sanction pénale à toute personne reconnue coupable d'une telle infraction.
Comme dans de nombreux enjeux de politique publique, des personnes raisonnables peuvent diverger d'opinion quant à la manière appropriée de classer et de réglementer les armes à feu, mais le projet de loi retire ce débat du domaine des législateurs à qui l'on confie traditionnellement la tâche de débattre de ces questions complexes et importantes de politique gouvernementale. En fait, c'est un renversement complet de notre processus démocratique. Dans notre système de gouvernement responsable, les assemblées élues sont chargées d'écrire les lois, tandis que la police a pour mission de les appliquer. Le projet de loi C-71 retourne carrément la situation. Encore une fois, souvenons-nous que ces décisions de classification faites par la GRC ne sont pas de simples opinions quant au statut légal des armes à feu. Elles peuvent, en un instant, faire d'un citoyen respectueux de la loi, propriétaire autorisé d'une arme à feu, un criminel qui peut faire l'objet de sanction pénale.
Je vais conclure en disant ceci: il s'agit d'une infraction qui est essentiellement de nature réglementaire, qui fait l'objet d'une sanction pénale dans un système judiciaire affligé actuellement par des délais extrêmement longs et qui ne peut traiter les nombreuses affaires dont il est surchargé. Cela ne ferait qu'aggraver le problème.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
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Merci beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous.
Je suis Gary Mauser, professeur émérite à l'Université Simon Fraser. Conformément à mes obligations universitaires, je publie depuis plus de 20 ans des articles dans des revues de criminologie et de science politique. L'exposé que je vais vous présenter se fonde sur des données de Statistique Canada plutôt que sur des anecdotes émouvantes.
Le projet de loi fait fi des crimes violents et harcèle les gens respectueux des lois. Il nous distrait des vrais problèmes. Le Canada a un problème avec les gangs, pas avec les armes à feu.
En 2016, les deux tiers des homicides avec armes à feu étaient attribuables aux gangs. C'est dans nos grandes villes que la plupart de ces homicides sont commis. Comme vous pouvez le constater, la criminalité et les homicides attribuables aux gangs sont à la hausse depuis une décennie. Ils ont diminué pendant un certain temps, mais depuis la date magique choisie par ils ont recommencé à augmenter. La récente augmentation est due à la multiplication des homicides attribuables aux gangs.
Le projet de loi fait fi de la souffrance des Autochtones du Canada. Les crimes commis par des Autochtones contre des Autochtones représentent la plupart des crimes violents perpétrés dans les régions rurales du Canada. La possession d'armes à feu par les citoyens ne pose aucune menace à la sécurité publique.
Gary Kleck, professeur de criminologie comptant parmi les plus éminents et les plus respectés des États-Unis, a examiné récemment toute une série d'articles universitaires étudiant le lien entre la possession d'une arme à feu et l'augmentation des taux de crimes violents. Il a constaté que les études bien faites et d'une grande qualité technique ne révélaient aucun lien à cet égard. Par contre, les études médiocres, mal réalisées et éventuellement manipulées, révélaient l'existence d'un tel lien. Cela prouve bien que la possession d'armes à feu par les citoyens n'a aucune incidence sur la sécurité publique.
Les propriétaires d'armes à feu canadiens détenant un permis sont moins dangereux et présentent un taux d'homicide plus faible que les autres habitants du Canada. Pour la période que j'ai étudiée, le taux national d'homicide s'élève à 1,85, alors que celui des titulaires de permis d'armes à feu est trois fois moins élevé. Ce groupe n'est pas dangereux.
Dans les régions rurales du Canada, où les armes à feu sont plus nombreuses par habitant que dans les zones urbaines, le pourcentage des homicides et des mauvaises utilisations des armes à feu est plus faible que dans les zones urbaines.
La recherche montre clairement que la possession d'une arme à feu n'est pas la source de crimes violents. Il n'est donc pas surprenant que le contrôle général des armes à feu ne parvienne pas à réduire la violence criminelle. À titre d'exemple, permettez-moi de citer le cas de la République d'Irlande qui a pratiquement banni toutes les armes à feu, à l'exception des carabines de tir de calibre 22, dans l'espoir de freiner l'augmentation des homicides. Cette décision n'a pas donné de bons résultats. La même chose s'est produite en Jamaïque. Pourtant, ce sont des pays insulaires où l'on pourrait penser que le contrôle serait plus facile. Les armes à feu sont totalement interdites. La possession d'une balle peut vous valoir 10 ans de prison, celle d'un fusil, la prison à perpétuité. Aucune défense n'est acceptée. Si vous possédez une arme, même si vous l'avez trouvée, la police vous jette en prison. Cette stratégie n'a pas donné de bons résultats. Le taux d'homicide a continué à augmenter et demeure encore aujourd'hui à la hausse.
L'erreur fondamentale du projet de loi est de s'appuyer sur l'hypothèse que les bandits obtiennent leurs armes à feu de propriétaires qui respectent les lois. Ce raisonnement s'appuie sur deux fausses prémisses.
Tout d'abord, la police a secrètement modifié la définition « d'arme à feu liée à un acte criminel ». Le bassin étant désormais plus grand, le taux de criminalité augmente. À cause de cette définition, la police augmente l'accès aux sources intérieures.
Deuxièmement, les « sources intérieures » comprennent à tort les propriétaires d'armes à feu qui respectent les lois. Les membres de gangs ne peuvent pas, statistiquement, se procurer leurs armes à feu principalement de sources légales. Au plus fort de la période dans laquelle le registre des armes d'épaule était en vigueur, Statistique Canada a noté que 9 % des armes à feu utilisées dans des homicides étaient enregistrées. C'était à l'apogée du registre des armes d'épaule.
Plus de 90 % des armes à feu servant à commettre des homicides proviennent d'ailleurs. Pourquoi le projet de loi n'en tient-il pas compte? Où les membres de gangs se procurent-ils leurs armes à feu? Parfois, la police fournit des réponses claires. Le chef de la police de Toronto reconnaît que 70 % des armes à feu liées à un acte criminel sont issues de la contrebande. Selon le service de police de Vancouver, 90 % des armes sont issues de la contrebande. Selon les services de police de Toronto, de 2 à 16 % des armes à feu ont été volées à des propriétaires canadiens.
Revenons à la définition d'une arme à feu. J'ai dit qu'elle avait été modifiée; alors, voyons en détail ce qu'il en est. La définition traditionnelle d'une arme à feu liée à un acte criminel est une arme qui a été utilisée ou soupçonnée de l'avoir été pour commettre une infraction criminelle, c'est-à-dire une infraction violente. Cette définition est toujours utilisée par le FBI et le Home Office du Royaume-Uni, mais elle n'a plus cours au Canada.
Selon la nouvelle décision prise par la GRC, à l'insu du public et du Parlement — jusqu'à ce que le député finisse par en obtenir une copie — nous constatons qu'une arme à feu liée à un acte criminel est toute arme acquise illégalement. Cela signifie que les armes trouvées sont désormais considérées comme des armes liées à un acte criminel. Prenons le cas d'un individu qui se suicide chez lui par pendaison. La police arrive sur les lieux et trouve un fusil — un fusil d'épaule ou autre — dans un placard. Elle le confisque, considérant que c'est une arme à feu liée à un acte criminel.
Si un vieux comme moi oublie de renouveler son PPA, ses fusils seront confisqués et considérés comme des armes liées à un acte criminel. En effet, c'est un crime de posséder un fusil sans permis. Par conséquent, ces fusils sont considérés comme des armes de crime, mais cela ne répond pas à la définition traditionnelle d'armes à feu liées à un acte criminel. Autrefois, cela n'était pas considéré comme un crime, mais un simple problème administratif.
De fait, la plupart des crimes liés aux armes à feu sont de nature administrative. Chaque année, environ 1 300 victimes sont blessées par un agresseur utilisant une arme à feu, mais environ 10 fois plus de contraventions administratives liées aux armes à feu — environ 15 000 — sont déposées chaque année et 2 000 de ces contraventions ont trait à l'entreposage non sécuritaire ou à la documentation.
On voit donc qu'une erreur — toute erreur — dans la documentation que vous remettez pour obtenir un PPA est de votre responsabilité. Il s'agit d'une accusation criminelle. Dans 90 % des cas, il n'y a aucune accusation de crime violent. L'accusé est tout simplement une personne calme, non violente, qui a fait des erreurs dans les formulaires de demande.
Mon dernier point technique concerne la définition de « sources intérieures ». Contrairement à ce qu'affirme le ministre, les sources intérieures ne sont pas synonymes de détenteurs de PPA. Il existe au Canada un grand bassin d'armes à feu dont la légalité est discutable. En 2001, lorsque l'enregistrement est devenu obligatoire, entre un tiers et la moitié des propriétaires d'armes à feu canadiens respectueux des lois ont refusé de présenter une demande de permis de possession et d'acquisition d'arme à feu. Officiellement, d'après les statistiques du gouvernement du Canada et non pas les données de Statistique Canada — on estime que le nombre des propriétaires d'armes à feu parmi la population civile du Canada, se situe entre trois et quatre millions. Moins de deux millions de permis ont été délivrés.
En résumé, le gouvernement n'a pas justifié de manière convaincante de quelle manière un surcroît de réglementation permettrait d'améliorer la sécurité publique. En fait, le gouvernement n'a jamais produit aucun rapport public visant à évaluer le système actuel. La sécurité publique est-elle améliorée? Nous l'ignorons.
En dehors des prétentions de la police fondées sur une définition secrète et exagérée, rien ne justifie que la provenance des armes liées à des actes criminels ait changé. Selon Statistique Canada, les propriétaires légaux d'armes à feu ne sauraient être une source importante d'approvisionnement d'armes liées à des activités criminelles. Selon Statistique Canada, les détenteurs de permis de possession et d'acquisition d'armes à feu sont moins susceptibles de commettre des homicides que d'autres Canadiens.
La complexité réglementaire supplémentaire ne se traduit pas par une augmentation de la sécurité publique. Pourquoi le gouvernement choisit-il les détenteurs de PPA comme boucs émissaires?
Merci beaucoup.
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Non. C'est aussi simple que cela et je vais vous expliquer pourquoi.
Prenons par exemple les autorisations de transport dont nous venons tout juste de parler. Une personne qui demande une autorisation de transport est obligatoirement titulaire d'un permis, ce qui veut dire qu'elle a probablement subi plus de contrôles que quiconque dans cette pièce. Les habilitations de sécurité qu'effectue le gouvernement n'ont rien de comparable aux contrôles quotidiens qu'applique le programme canadien des armes à feu aux titulaires de permis de possession et d'acquisition d'armes à feu. En tant que tireur sportif et chasseur, mes antécédents font l'objet d'une vérification quotidienne. Je ne sais pas combien de personnes peuvent en dire autant dans cette pièce — peut-être certaines personnes assises autour de cette table.
Les détenteurs d'armes à feu ont déjà fait l'objet d'un contrôle préalable pour s'assurer qu'ils sont dans la légalité. Regardons l'autorisation de transport. On peut considérer qu'il s'agit d'une simple feuille de papier. Ce n'est pas un cadenas. Ce n'est pas un dispositif de repérage. Les amendements apportés par l'ancien gouvernement étaient tout à fait logiques. Ils reconnaissaient que les armes à feu à autorisation restreinte sont toujours utilisées de façon légale et au cours d'activités qui ne présentent aucune menace pour la sécurité publique lorsqu'elles sont entre les mains de détenteurs responsables et légaux. C'était autorisé, pour ne pas alourdir le système. Voilà la situation. Toutes les décisions prises par le Parlement sont coûteuses; toutes ces ressources utilisées par la police peuvent être détournées des véritables préoccupations en matière de sécurité publique.
En matière d'autorisation de transport, je ne peux même pas imaginer d'anecdotes... Lorsque le gouvernement précédent avait proposé les amendements, je me souviens que , qui est aujourd'hui notre premier ministre, avait déclaré: « Avec de tels amendements, les gens vont pouvoir venir au Tim Hortons avec leur fusil. » C'était curieux. Même dans le langage utilisé aujourd'hui, j'entends dire qu'il est question « d'apporter » avec soi des armes à feu à autorisation restreinte. Soyons bien clairs: il est impossible d'apporter avec soi des armes à feu à utilisation restreinte ou des armes interdites. Personne ne peut le faire, à l'exception des agents de police à qui nous faisons confiance et d'un infime pourcentage de trappeurs et de personnes qui vivent dans des régions sauvages et qui ont énormément de difficulté à obtenir des permis dans notre pays.
Personne ne peut porter sur soi des armes à feu interdites ou à utilisation restreinte. On peut les transporter — et si c'est le cas, elles sont équipées d'une sûreté et soigneusement rangées dans un coffre fermé à clé, dans un véhicule — ou alors, elles sont utilisées dans un champ de tir. Dès le moment où quelqu'un mentionne la possibilité de porter sur soi des armes interdites ou à utilisation restreinte, il est clair que la discussion ne s'appuie pas sur des preuves réelles.
C'est ce qui me préoccupe. Selon moi, ce projet de loi ne vise pas la sécurité publique. Il vise plutôt les détenteurs d'armes à feu respectueux de la loi et titulaires d'un permis.
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Disons que ce sont des présumés voyous, d'accord?
Je trouve en fait qu'il y a une grande cohérence entre le projet de loi et le projet de loi .
Je dois vous dire que beaucoup d'avocats de la défense avaient de grandes attentes lorsque le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir, parce qu'on nous avait promis — quelle était donc l'expression? — des prises de décision fondées sur des données probantes. On nous avait promis que la réforme du droit pénal s'appuyait sur des critères empiriques. On nous promettait une ère nouvelle.
Or, quand je parcours le projet de loi ou le projet de loi , je me demande où sont les données. Ce qu'il en ressort, c'est une pensée des plus rétrogrades. Nous ne sommes pas ici pour parler du projet de loi C-75. Je pourrais vous parler du projet de loi C-71 pendant longtemps, alors imaginez tout ce que je pourrais dire à propos du projet de loi C-75! Qu'est-il advenu des décisions fondées sur des données probantes et objectives? La Criminal Lawyers' Association est profondément inquiète à ce sujet.
Nous sommes ici une assemblée très disparate, mais nous sommes tous intéressés par une chose: une société juste et équitable dans laquelle les individus ne sont pas privés de leur liberté sans toutes les protections que nous tenons pour acquises en tant que société. C'est ce que veut la Criminal Lawyers' Association. C'est ce que veulent les parlementaires.
C'est la question fondamentale que je me pose. Comment pouvons-nous créer de nouvelles lois en matière de justice pénale qui augmentent le risque que des personnes soient injustement pénalisées par des décisions qui ne s'appuient pas sur des données probantes? C'est le cas avec le projet de loi , ainsi qu'avec le projet de loi .
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Merci beaucoup, monsieur le président et merci à tous d'être venus témoigner.
Monsieur Mansour, j'aimerais vous poser certaines questions sur la façon dont vous jugez la classification de la GRC. Vous avez parlé de contournement du processus démocratique et j'en suis très surpris, étant donné que le processus en place faisait suite à une recommandation du gouverneur en conseil. Autrement dit, si ce processus existait, aucun député assis autour de cette table n'aurait eu son mot à dire à propos de ce type de réglementation.
Par ailleurs, selon les informations dont je dispose, mais peut-être que je fais erreur, 180 000 armes à feu figurent au tableau de référence. Ce n'est peut-être pas tout à fait exact, mais c'est à peu près de cet ordre-là et je vais utiliser ce chiffre aux fins de la discussion.
Je me demande, étant donné que la GRC peut faire des erreurs, pour quelle raison nous devrions faire confiance au Cabinet pour prendre de telles décisions, en particulier lorsque le Cabinet de l'époque semblait être moins proche idéologiquement de certains des objectifs qui semblent avoir été atteints.
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Merci, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à M. Sneddon.
Monsieur Sneddon, je représente la circonscription de Mississauga—Lakeshore, située dans la région de Peel, la quatrième en importance au Canada.
J'ai sous les yeux quelques données sur les fusillades survenues en 2015-2016. Par fusillades, on entend toute forme de décharge d'une véritable arme à feu. Leur nombre était en hausse de 25 %, et le nombre de victimes de 58 %. Selon les estimations, le nombre de coups tirés avait grimpé de 100 %, et leur nombre net s'établissait à 271 en 2016. La tendance était similaire en 2017.
Pour la gouverne du Comité, pourriez-vous nous dire comment, selon vous, le projet de loi pourrait contribuer à renverser ces tendances? Je sais que la question des gangs revient souvent sur le tapis, et qu'une grande partie du problème vient des gangs. Il existe d'autres mécanismes pour lutter contre ce phénomène en particulier. Rien ne se fait en vase clos.
Selon ce que vous avez lu dans le projet de loi, comment pourra-t-il contribuer à stopper cette flambée?
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Merci, monsieur le président. Je suis très content d'être ici.
Je tiens aussi à remercier les invités de s'être joints à nous.
Comme l'a dit M. Spengemann... En fait, je vais y aller d'une petite variante: je suis un conservateur, et je suis un fervent adepte de la possession responsable des armes à feu, tout comme la plupart des propriétaires respectueux de la loi.
MM. Friedman et Mauser nous ont présenté des statistiques fondées sur des données scientifiques du genre de celles qui devraient toujours éclairer l'élaboration de lois cohérentes et responsables.
Plus particulièrement, M. Mauser a parlé, si j'ai bien saisi, d'une infraction liée au transport ou à quelque chose d'aussi banal, ou du fait que si une personne s'est suicidée par pendaison possédait une arme à feu, l'affaire sera traitée comme un crime commis au moyen d'une arme à feu.
Monsieur Harel, pouvez-vous nous le confirmer, oui ou non?
J'aimerais revenir à certaines statistiques que vous nous avez présentées, je crois, monsieur Friedman.
La criminalité liée aux gangs est en hausse de 66 %, les vols d'armes ont augmenté de 56 %, mais la hausse des crimes impliquant une arme à feu est de 33 %. Si j'en juge par ces chiffres, les propriétaires d'armes à feu responsables et respectueux de la loi ne sont à peu près jamais impliqués dans de tels crimes. Je ne dis pas jamais, bien entendu, puisque des événements malheureux peuvent se produire, mais quand même.
Je m'adresse à vous deux, messieurs Harel et Sneddon, et je suis conscient que mon temps de parole est limité.
Le gouvernement prétend qu'il veut lutter contre les vols d'armes à feu et la criminalité des gangs, et je sais que c'est aussi l'un de vos chevaux de bataille. Pouvez-vous m'indiquer les dispositions du projet de loi qui portent précisément sur ces 2 choses, en 15 ou 20 secondes?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins d'être venus à notre rencontre aujourd'hui.
M. Calkins est absent, monsieur le président, mais il nous a bel et bien dit tout à l'heure qu'il aimerait entendre le point de vue des marchands d'armes, et je crois aussi que c'est important. Je profite donc de l'occasion pour que ce soit inscrit au compte rendu. Au moins un marchand d'armes — et d'autres avec qui j'en ai parlé mais qui ne se sont pas exprimés publiquement — appuie le projet de loi . Ces marchands n'y voient aucun problème et ils ne pensent pas qu'il rétablit le registre des armes à feu. En fait, je vais en profiter pour lire les réflexions sur le projet de loi C-71 d'un marchand d'armes ontarien, pour qu'elles soient consignées au compte rendu. Voici ce qu'il en pense:
Il n'y a pas de réel changement pour ce qui concerne l'enregistrement des renseignements des clients et de leurs achats dans nos fichiers. Nous le faisons déjà pour les munitions, et on nous demande maintenant de le faire pour les armes de poing. Nous aiderons ainsi la police et la communauté à retracer le lieu où les armes ont été achetées, à comprendre leur trafic et comment elles sont utilisées. Je n'y vois rien de mal.
Il poursuit en affirmant, monsieur le président, que le projet de loi donnera simplement un point de départ aux policiers pour leurs enquêtes criminelles.
Le projet de loi , comme nous l'avons vu, prévoit l'enregistrement par le marchand, au point de vente, de la date d'achat d'une arme, du numéro de permis, de la marque et du modèle.
J'aurais quelques questions à ce sujet pour les représentants des milieux policiers.
Sous le régime du projet de loi , la GRC aurait-elle un droit de regard sur les données figurant aux registres de vente, oui ou non?
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Merci, monsieur le président.
Docteur Drummond, merci d'être des nôtres. Ma première question sera pour vous.
Pendant ma carrière, j'ai eu la malchance, pourrais-je dire, d'avoir à intervenir dans un nombre beaucoup trop élevé de suicides. Certains ne s'effaceront jamais de ma mémoire.
Selon une étude parue dans le Harvard Journal of Law & Public Policy, il existe un lien évident entre les taux de possession d'armes à feu et les taux de suicide par balle, mais il n'existerait pas de lien direct entre les premiers et les taux globaux de suicide. Logiquement, on pourrait penser qu'une personne ayant des idées suicidaires sera portée à recourir à un moyen plus expéditif, pour ainsi dire, si elle se trouve à proximité d'une arme à feu, mais il semble que les faits ne corroborent pas toujours cette présomption.
Se peut-il que d'autres facteurs plus complexes, d'origine sociétale, influencent aussi les taux de suicide, et que la simple présence d'une arme à feu ne soit pas seule en cause?