Comme ont pu l’entendre les membres du Comité pendant la récente réunion avec mes fonctionnaires, le mandat du portefeuille de la Sécurité publique est à la fois important et plutôt complexe. Il englobe un éventail incroyable de responsabilités: la sécurité nationale, la gestion des urgences et l’application de la loi, les services correctionnels et la prévention du crime, ainsi que la sécurité frontalière.
Le travail des fonctionnaires dévoués de notre portefeuille ne cesse de m'impressionner. Ils se consacrent à la réalisation du mandat que nous a confié le , un mandat inhérent à notre portefeuille, soit de protéger les Canadiens tout en respectant leurs droits et libertés, de même que nos valeurs nationales.
Si assidus soient-ils, les fonctionnaires ont toujours plus de travail à faire.
Pour commencer, aujourd'hui, j'aimerais aborder certaines des questions prioritaires sur lesquelles nous travaillons — des questions qui préoccupent les Canadiens et à l'égard desquelles ils s'attendent à un leadership et à des progrès.
Premièrement, comme vous le savez, nous avons pris des mesures avec détermination relativement aux blessures de stress post-traumatique qui, nous le savons, sont disproportionnellement élevées chez nos premiers intervenants vu la nature de leurs emplois.
Chaque jour, des policiers, des pompiers, des agents frontaliers et d'autres travaillent dans des situations de stress intense, risquant leur vie pour notre sécurité. Mais, en fin de compte, ils n'ont pas accès aux systèmes de ressources et de soutien dont ils ont besoin pour les aider à surmonter les traumatismes qu’ils vivent dans le cadre de leur travail.
En janvier, à Regina, nous avons lancé la première table ronde nationale sur l'état de stress post-traumatique, ou les blessures de stress opérationnel, un premier pas vers un dialogue national inclusif sur la façon de mieux appuyer ces premiers intervenants.
Je sais que ce comité se penche actuellement sur cette question importante, et je suivrai vos délibérations avec beaucoup d'intérêt.
Un autre sujet d'une grande urgence est le harcèlement en milieu de travail au sein de notre service de police national. Une partie importante du mandat que m'a confié le consiste à prendre des mesures pour veiller à ce que la GRC et toutes les autres parties de mon portefeuille soient des milieux de travail sains, exempts de harcèlement et de violence sexuelle.
Nos membres de la GRC jouent un rôle critique dans nos collectivités, et les Canadiens s'attendent à ce qu'ils s'acquittent de leur tâche d'une manière professionnelle et exemplaire. Je suis déterminé à prendre toutes les mesures nécessaires pour aider les membres de la GRC, les stagiaires et les employés à se sentir en sécurité et respectés parmi leurs collègues et leurs supérieurs. Et je sais que le commissaire ne ménage aucun effort pour réaliser cet objectif.
À cet égard, j’ai écrit au président de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC le 4 février, et je lui ai demandé de lancer un examen approfondi des politiques et des procédures de la GRC sur le harcèlement en milieu de travail, et d'évaluer la mise en oeuvre des recommandations que la Commission avait formulées en 2013.
Je note aussi que le commissaire Paulson de la GRC a demandé à Paul Kennedy, l'ancien président de la Commission des plaintes du public contre la GRC, de servir d'observateur indépendant de l'enquête en cours sur les plus récentes allégations d'inconduite au collège de police. C'est un dossier qui préoccupe les Canadiens, et nous devons nous assurer d'intervenir sur tous les fronts.
Et enfin, j'aimerais mentionner le plus grand défi pour notre sécurité nationale, un sujet qui me préoccupe et qui préoccupe certainement aussi les membres du Comité, soit la menace double du terrorisme et de la radicalisation à la violence.
Comme les membres du Comité le savent, nous lançons des consultations générales sur le cadre de sécurité nationale du Canada auprès des intervenants qui comprennent des parlementaires, des experts en la matière, le grand public et nos partenaires étrangers.
Nous accueillerons et demanderons activement les commentaires des membres de tous les partis dans le cadre de ce processus. Des députés et des sénateurs ont d'ailleurs déjà fait quelques propositions.
Monsieur le président, j'aimerais savoir comment votre comité aimerait prendre part au processus de consultation; nous voulons connaître l'opinion des membres du Parlement, mais aussi du grand public, sur notre cadre national de sécurité.
Au nombre de nos priorités absolues est l’établissement d’un bureau canadien de sensibilisation communautaire et de coordination de la lutte contre la radicalisation. Le but consiste à trouver, à promouvoir et à échanger les meilleures façons de collaborer avec les collectivités afin de prévenir la radicalisation et de lutter contre elle, et d’assurer la résilience communautaire.
L'Aga Khan, un citoyen du monde très respecté, activiste international, et grand ami du Canada, a décrit notre pays comme la plus belle expression du pluralisme que le monde ait jamais vu. Si nous voulons maintenir cette position, nous devons déployer tous les efforts possibles pour propager, instiguer, célébrer et appliquer nos précieuses valeurs canadiennes que sont l'ouverture, la diversité, l'inclusion, le respect et l'accommodement, et j'espère que notre nouveau bureau de sensibilisation communautaire va contribuer à ces efforts.
Comme vous le savez, je travaille aussi avec le afin de mettre sur pied un comité permanent de parlementaires qui examinera les ministères et organismes gouvernementaux qui ont des responsabilités en matière de sécurité nationale. C'était une de nos grandes promesses électorales. C'est une aberration que le Canada ne dispose pas encore d'un mécanisme d'examen parlementaire sur les activités de sécurité et de renseignement. Tous nos grands alliés en ont, y compris ceux du Groupe des cinq — les États-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Nous avons l'intention de remédier à cette lacune au Canada et à assurer un tel mécanisme d'examen ici aussi.
En cours de route, nous allons également déterminer quels autres types de mécanismes et d'instruments nous avons besoin pour surveiller adéquatement les activités de nos services de sécurité et de renseignement. Les autres pays ont généralement différents mécanismes en place en plus d'un mécanisme parlementaire. Nous n'avons pas de mécanisme parlementaire à l'heure actuelle, et nous allons corriger cela.
Les objectifs comportent deux volets. Le premier est de nous assurer que nos services de sécurité et de maintien de l'ordre permettent d'assurer efficacement la protection des Canadiens. Le deuxième est de veiller à ce que cela soit fait dans le respect des valeurs, des droits, des libertés et de la nature fondamentale de notre pays.
Monsieur le président, pour ce qui est du Budget principal des dépenses et du Budget supplémentaire (C), vous constaterez que les crédits demandés pour l'ensemble du portefeuille représentent une hausse nette de 176 millions de dollars, ce qui est relativement modeste pour des programmes pancanadiens. Cela équivaut à une augmentation de 1,98 % pour l'ensemble des crédits à ce jour.
La demande la plus importante, et cela ne vous surprendra probablement pas, provient de la GRC. Le commissaire Paulson a déjà expliqué en toute franchise au Comité d'où proviennent les pressions et les contraintes financières, et il a dû réattribuer des montants à l'interne, en enlever à d'autres secteurs pour en redonner à la sécurité nationale, et cela n'a pas été facile. Nous ne pouvons pas résoudre tout cela avec un seul budget, mais nous avons entrepris de faire ce qu'il faut pour qu'à l'avenir les services votés pour la GRC soient suffisants pour lui permettre de faire le travail qu'elle a à faire et auquel s'attendent les Canadiens. On ne peut pas lui confier un mandat et lui demander de faire des miracles sans lui donner les ressources nécessaires pour le faire. L'augmentation pour la GRC est de 110 millions de dollars, et la majeure partie de ces fonds sont voués aux services de police contractuels. Il y a aussi des fonds de prévus pour la lutte contre le terrorisme et le cybercrime.
Pour l'ASFC, il y a une hausse de 59,2 millions de dollars, principalement pour appuyer son mandat de protéger les frontières. Il s'agit d'améliorer l'intégrité de ses opérations de première ligne, d'assurer le rôle critique de l'ASFC dans la réinstallation des réfugiés syriens, et d'élargir le contrôle biométrique.
Pour le Service correctionnel du Canada, on cherche à obtenir un montant total de 4 millions de dollars, dont la majeure partie servira à répondre aux exigences liées à la Charte canadienne des droits des victimes. Il en va de même pour la Commission des libérations conditionnelles du Canada, qui demande une augmentation de 300 000 $ pour mettre en oeuvre des mesures liées à la même Charte des droits.
En ce qui concerne le SCRS, on demande divers transferts de fonds, tous pour accroître sa capacité concernant les outils logiciels et pour appuyer son travail avec Affaires mondiales Canada, qui prend de plus en plus d'ampleur.
Je vais conclure sur les 2,6 millions de dollars demandés pour Sécurité publique Canada. Cette augmentation est principalement attribuable à l'ajout de nouvelles responsabilités au mandat du ministère, liées au Secrétariat national de recherche et de sauvetage. C'était autrefois la responsabilité du ministère de la Défense nationale, mais elle a été transférée à Sécurité publique.
C'est un aperçu rapide, monsieur le président.
En terminant, je tiens à remercier tous les fonctionnaires dévoués qui travaillent dans l'ombre au ministère et pour ce portefeuille et qui font un travail primordial pour la sécurité de leurs concitoyens. Personne n'est à l'abri des faiblesses de la nature humaine, mais c'est un groupe de fonctionnaires qui travaillent très fort et de façon remarquable pour leurs concitoyens.
Monsieur le président, je tiens également à dire merci et au revoir à mon sous-ministre, François Guimont. Il prendra sa retraite de la fonction publique à la fin du mois, après une brillante carrière au service du Canada, notamment à Sécurité publique, Travaux publics, Environnement Canada, au BCP et ailleurs. François, je vous souhaite une belle retraite, et je vous remercie au nom du gouvernement du Canada pour votre longue et belle carrière au service des Canadiens. Merci, monsieur.
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Il y a deux façons d'aborder la question. C'est un défi qui est vaste et complexe, et auquel le monde entier est confronté.
Bien des pays doivent composer avec des problèmes bien plus graves encore, mais les événements tragiques d'octobre 2014 nous ont montré que le Canada n'était pas à l'abri d'une telle menace. Nous devons aborder la question avec tout le sérieux qu'elle mérite, et le faire en partenariat avec nos collègues et alliés du monde entier.
Parmi les activités de lutte contre l'extrémisme violent et la radicalisation, notons les efforts de première ligne pour combattre les conséquences immédiates qui sont dirigés par la GRC, le SCRS et l'Agence des services frontaliers du Canada. Ils travaillent avec la Défense nationale, de même qu'avec le BCP. En fait, 17 ministères et organismes fédéraux assument des fonctions et des obligations liées à la sécurité nationale.
Ces gens sont constamment au service du Canada, et ils font du travail formidable. Ils absorbent toute l'information nécessaire et prennent les mesures qui s'imposent. Ils évaluent et réévaluent constamment le niveau de la menace qui plane sur le Canada.
Je signale au passage que bien qu'on réévalue sans cesse la situation et qu'on ne tienne rien pour acquis, le niveau de la menace est le même qu'en octobre 2014, c'est-à-dire moyen. Rien ne justifiait que le Canada modifie ce niveau depuis octobre 2014, et c'est encore vrai aujourd'hui.
Nous voulons être davantage proactifs à l'avenir, et comme vous le savez, nous travaillons actuellement à la création du nouveau bureau de sensibilisation communautaire et de coordination de la lutte contre la radicalisation. Son mandat sera de trouver, conformément aux valeurs canadiennes, les meilleurs moyens pour sensibiliser les communautés, comprendre leurs vulnérabilités et déterminer la manière optimale d'intervenir avant qu'une tragédie ne survienne.
De bonnes recherches ont été effectuées dans le cadre du projet Kanishka, initié par le gouvernement précédent. Il nous a permis d'obtenir des détails utiles et éclairants sur le processus de la radicalisation. Certaines provinces, le Québec, par exemple, se sont montrées très proactives et ont élaboré leurs propres stratégies anti-radicalisation. Certaines villes et certains services de police, comme ceux de Montréal, Edmonton, Calgary et Toronto, ont mis en place leurs propres initiatives de sensibilisation. La GRC a aussi son programme de sensibilisation, de même que le ministère de la Sécurité publique.
Nous voulons coordonner tous ces efforts par l'établissement d'un bureau national de sensibilisation et de lutte contre la radicalisation, qui s'appuiera sur des pratiques exemplaires pour veiller à ce que tous les efforts nécessaires soient déployés afin de forger des communautés résilientes et des individus résilients, tout en évitant l'attrait que peut avoir la propagande radicale et violente. Nous allons faire tout notre possible pour que les valeurs canadiennes soient célébrées par tout le monde au pays, ceux qui sont ici depuis longtemps comme les nouveaux venus.