:
Mesdames et messieurs, je vous invite à prendre vos places.
Que les témoins nous excusent pour cette interruption, mais comme notre greffier l’a expliqué, nous avons dû participer à toute une série de votes. Nous avons donc déplacé tout ce qui était prévu de 11 heures à 13 heures et de 12 heures à 14 heures. Deux heures d'interruption, c’est beaucoup. À moins que mes collègues n’aient d'objections originales, je propose de respecter les périodes de questions habituelles.
Je vois que nos témoins par vidéoconférence sont en ligne, ce qui est bien, car la technologie est une chose capricieuse — j’allais dire « une maîtresse » capricieuse, mais je ne le ferai pas.
Une voix: C’était bon comme idée.
Le président: Je propose de commencer par nos témoins qui sont en vidéoconférence. Je suis conscient que certains doivent aller à l’aéroport, mais je pense que nous aurons le temps d'y aller.
À moins que les témoins par vidéoconférence n’aient d'objections, je vais suivre l’ordre dans lequel vous êtes inscrits, soit en commençant par l’Association des moniteurs de tir du Canada, avec MM. Martin et Nielsen, en en poursuivant avec Heather Bear, vice-présidente, Région de la Saskatchewan, Assemblée des Premières Nations.
Sur ce, nous allons entendre M. Martin ou M. Nielsen.
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Deuxièmement, je dois modifier un peu mon libellé parce qu’il y a beaucoup d’informations, dans le cours sur la sécurité des armes à feu, que ne possèdent pas ceux qui ne l'ont pas suivi.
Les instructeurs au Canada sont à l'avant-garde de la sécurité en matière d'armes à feu. Personne ne s’adresse à la GRC pour obtenir un permis avant d’être passé par nous. Nous avons pour rôle d'enseigner et de veiller à ce que les candidats à l'obtention du permis soient compétents et en mesure de réussir le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu. C'est ensuite que nous les dirigeons vers la GRC pour confirmation. L’information transmise par les instructeurs aux candidats est la même partout au Canada. Il semble cependant que, dans certaines provinces, des contrôleurs d'armes à feu se soient bâti de petits empires et qu'ils changent les choses à volonté.
Cette nouvelle loi est censée assurer la sécurité des propriétaires d’armes à feu et de la population canadienne. Ce que l'on voit ici ne répond pas au problème. On dit que, depuis 2013, la criminalité augmente de façon constante; il se trouve que 2013 a été l’année la plus sûre au Canada depuis les années 1960. Il est vrai que certains ont causé des problèmes, mais le projet de loi ne fait rien à cet égard. Je parle donc « d'attaque » contre le monde rural, où les agriculteurs doivent utiliser des armes à feu, d'attaque contre les Premières Nations dont les membres essaient de gagner leur vie dans des régions éloignées grâce à des armes à feu qui sont alors des outils de survie. Le projet de loi frappera les tireurs sportifs ordinaires, mais je ne pense pas qu'il contraindra les membres des gangs d’Abbotsford ou de Surrey à suivre nos cours pour obtenir un PPA. On a vu des PPA contrefaits à Courtenay. Je ne peux pas en dire plus parce que c’est la GRC qui s’en occupe.
Quant aux renseignements à obtenir pour cette proposition, pour ce projet de loi, vous avez les gens sur le terrain. Vous avez les agents qui sont en premières lignes. Vous avez les préposés aux armes à feu et les agents de conservation qui, dans le cadre de leurs fonctions, rencontrent plus de gens munis d'armes à feu que le commun des mortels parce qu’ils travaillent auprès des chasseurs et des autres. Il faut recueillir l’avis des agents sur le terrain pour que cette proposition porte fruit. Pour avoir dispensé ce cours en Colombie-Britannique, je pense qu'il devrait être obligatoire pour tout le personnel d’application de la loi.
Je rédige souvent des documents destinés à des agents de la GRC et beaucoup me disent qu'ils auraient aimé suivre ce cours à leur arrivée au dépôt. Selon moi, ce serait là un grand progrès.
Il faudrait assortir ce cours d'un protocole à l'intention des personnes contactées par des représentants du gouvernement, c’est-à-dire par un agent des armes à feu, par un agent de conservation ou par quelqu'un de la GRC. Nous devrions pouvoir dire à celles et ceux à qui nous enseignons: « Voici ce que vous devez faire parce que vous possédez une arme à feu. » Ce serait pour assurer leur sécurité, comme dans le cas des jeunes recrues sortant de Regina et qui n'ont probablement pas vu certaines armes à feu. Voilà certaines des choses sur lesquelles je veux travailler.
La dernière chose pour moi concerne les armes à feu pour les Premières Nations. Je ne sais pas ce qui se passe à l'échelle du Canada...
Je veux tout d’abord dire au Comité que je suis heureuse d’être là, j'aurais certes préféré ne pas avoir eu à me présenter ici, mais je vous salue au nom du magnifique territoire non cédé et non visé par le Traité no 6 de Saskatoon.
Le projet de loi suscite beaucoup de polémique et de commentaires partout au Canada. Les membres des Premières Nations utilisent des armes à feu depuis longtemps dans le cadre d’activités culturelles. Dans toutes les questions législatives susceptibles d’avoir une incidence sur les droits ancestraux et issus de traités, l’APN continue de préconiser et de travailler avec les gouvernements pour intégrer nos points de vue dans les lois canadiennes.
Les principaux enjeux du projet de loi sont le pouvoir du Canada de surveiller les activités des propriétaires d’armes à feu, notamment en élargissant les exigences qui leur sont faites. On peut songer: à la vérification des antécédents; à l’imposition de restrictions sur le transport des armes à feu à autorisation restreinte et prohibées; à l'application de nouvelles exigences relatives à la tenue de dossiers dans le cas des commerces de détail qui vendent des armes à feu; aux pouvoirs accrus confiés à la GRC pour classifier les armes à feu hors surveillance ministérielle, et à l'obligation faite aux simples citoyens, lors du don ou de la vente d'une arme, de confirmer la validité du permis d’arme à feu du destinataire afin de réduire la violence causée par des gangs et à l'aide d'armes à feu.
Sur ces questions, les Premières Nations disposent d'une connaissance et d'une expérience qu'elles peuvent mettre à la disposition du Comité, ainsi qu’au gouvernement et à l’ensemble des Canadiens. Bien que de nombreuses Premières Nations soient d’accord pour que les armes de poing, les armes à feu à autorisation restreinte et d’autres armes utilisées par les gangs soient retirées des rues, tout ce débat porte essentiellement sur l’équilibre à réaliser entre, d'une part, les lois et les pouvoirs fédéraux et, d'autre part, les points de vue des Premières Nations ainsi que les droits ancestraux et issus de traités confirmés par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Les Premières Nations et leurs membres feront valoir leurs droits culturels fondamentaux de chasser, de pêcher et de piéger. Les Premières Nations ont le droit de transmettre leurs cultures aux générations à venir sans ingérence extérieure.
Étant donné que le gouvernement canadien a promis de renforcer la relation de nation à nation avec les Premières Nations, il est essentiel — pour le cadre juridique canadien, mais aussi pour l’ensemble du Canada — de pouvoir exprimer nos préoccupations. Le Parlement doit examiner les répercussions de ce projet de loi sur les Premières Nations dès les premières étapes du processus. Le projet de loi contient des dispositions qui pourraient avoir un effet négatif sur les droits des Premières Nations, et ces dispositions devraient être modifiées par le Comité avant que le projet de loi ne franchisse l’étape de la prochaine lecture.
Les modifications proposées à la Loi sur les armes à feu soulèvent de graves préoccupations d'ordre constitutionnel chez les Premières Nations. Avant tout, nous estimons que ce projet de loi n’incorpore pas ou ne protège pas nos droits ancestraux et issus de traités qui pourraient être violés, comme notre droit de chasse issu de traités. Nulle part dans ce projet de loi, on ne dit comment les dispositions de ce texte seront mises en oeuvre pour les Premières Nations ou dans nos réserves. Il faut préciser que les droits de chasse des Premières Nations seront respectés et que nous n’aurons pas besoin d’un certificat de transport pour quelque type de fusil de chasse que ce soit, même pas pour ceux considérés comme étant restreints.
Nos droits ancestraux et issus de traités sont fondamentaux et ils sont confirmés à l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Ils ont préséance sur les lois qui s’appliquent généralement à tous les Canadiens. Nous demandons au Canada de protéger notre droit de transporter librement des armes à feu sur nos territoires, dans l’exercice de nos droits de chasse.
Notre deuxième préoccupation concerne les nouvelles exigences relatives au transport et au transfert des armes à feu prohibées et à autorisation restreinte. Il n’y a pas de lignes directrices pour ces nouvelles modifications et la façon dont elles s’appliqueraient aux Premières Nations. En particulier, comment cela s’appliquerait-il aux activités de chasse des Premières Nations? Bien que la plupart des fusils de chasse ne soient pas actuellement restreints, cela pourrait changer dans le système de classification. Ces dispositions auront un effet supplémentaire sur la transmission intergénérationnelle de notre culture par le transfert d’une arme à feu.
Des changements futurs au système de classification pourraient faire en sorte que les armes à feu actuellement sans restriction deviennent des armes à feu à autorisation restreinte. La GRC a le pouvoir discrétionnaire de désigner une arme à feu comme étant à autorisation restreinte, prohibée ou sans restriction. Sur quoi la GRC se fondera-t-elle pour prendre ces décisions? Qui recevra la classification pour s’assurer que les fusils de chasse demeurent libres?
En ce qui concerne la vérification des antécédents, en vertu des nouvelles règles, toute la vie d’une personne qui fait une demande de permis d’arme à feu sera examinée, plutôt que seulement les cinq dernières années. Les membres des Premières Nations sont plus susceptibles d’avoir un casier judiciaire en raison de la discrimination systémique dont ils sont victimes, et d’autres raisons que je n’aborderai pas maintenant, mais est-il juste qu’une personne se voie refuser un permis en raison d’une infraction criminelle commise il y a 20 ou 30 ans? Cela peut-il vraiment permettre de prédire la probabilité que la personne concernée utilise aujourd'hui une arme à feu à mauvais escient? De toute évidence, nous devons garder les armes à feu hors de la portée des criminels dangereux et des personnes atteintes de maladies mentales graves, mais pourquoi punir une personne qui a commis une erreur il y a des décennies?
Le Canada affirme que le projet de loi réduira la violence des gangs, mais de nombreux membres de gangs obtiennent illégalement des armes à feu sur le marché noir. Les nouvelles règles touchent les citoyens respectueux des lois et ne font rien pour réduire la violence des gangs. Au Canada, le taux d’homicides chez les propriétaires d’armes à feu titulaires d’un permis est de 0,6 % pour 100 000 habitants, soit le tiers du taux pour la population générale. Au lieu d’imposer des restrictions inutiles aux droits des propriétaires d’armes à feu titulaires d’un permis, le Canada devrait faire davantage pour lutter directement contre la violence des gangs. Cela signifie qu’il faut s’assurer que les Premières Nations disposent des fonds nécessaires pour avoir leurs propres forces policières et que celles-ci soient bien formées et bien équipées.
Le projet de loi propose de nouvelles dispositions devant régir le transport des armes à feu, des dispositions qui imposeront une responsabilité supplémentaire pour les services de police des Premières Nations. Le Canada continue de désigner nos services de police comme non essentiels et ne fournit pas suffisamment de financement dans le cadre du Programme des services de police des Premières Nations. Les services de police des Premières Nations doivent offrir un service égal à celui des services de police non autochtones. Ce projet de loi alourdira le fardeau de nos forces policières, et nous devrons investir davantage pour respecter les exigences d’application de ce projet de loi.
En outre, les services de police des Premières Nations sont équipés d’armes de qualité inférieure à celles des gangs, et ils doivent avoir accès à plus de formation sur la certification des armes à feu utilisées par d’autres services de police. À l’heure actuelle, le projet de loi ne contient aucune disposition visant à accroître le financement des services de police des Premières Nations.
Ce projet de loi propose des exigences supplémentaires comme le fait d'imposer aux entreprises de tenir des registres sur la vente d’armes à feu et sur les acheteurs. Nous sommes préoccupés par les dispositions relatives à la protection de la vie privée, qui ne se trouvent pas dans ce projet de loi. En cas d’atteinte à la sécurité de ces dossiers, comment cette loi permettra-t-elle d'assurer la sécurité des renseignements confidentiels? Les dossiers doivent être conservés pendant 20 ans et doivent aider les autorités à suivre la vente et la distribution des armes à feu. Qu’en est-il des droits des personnes qui achètent ces armes? Les dossiers doivent être conservés dans un coffre-fort verrouillé, à l’épreuve du feu et à l’épreuve de l’eau auquel seul le gestionnaire ou le propriétaire de l’entreprise a accès.
Voilà nos préoccupations au sujet de ce projet de loi. Nous continuerons de défendre les droits des Premières Nations et de perpétuer nos traditions de longue date de chasse, de piégeage et de cueillette sur les terres que nous gérons depuis d’innombrables générations. Malheureusement, le processus d’élaboration de ce projet de loi n’a pas respecté l’obligation du gouvernement fédéral de consulter et d’accommoder. Nous sommes solidaires des nombreux autres Canadiens qui ne sont pas prêts à renoncer à leurs libertés et à leurs droits fondamentaux et qui demandent au gouvernement d’élaborer plus soigneusement cette importante mesure législative. Le Canada doit faire mieux et plus pour s’acquitter de ses responsabilités constitutionnelles et découlant des traités envers les Premières Nations.
Je tiens à remercier le Comité de ses efforts pour écouter les Premières Nations. Nous aimerions continuer de travailler avec le gouvernement canadien sur cette importante question et nous sommes prêts à fournir plus d’informations sur la législation sur les armes à feu.
J’aimerais également ajouter que, dans l’ensemble, les Premières Nations ont compétence exclusive pour régir et réglementer toute activité sur leurs terres et leurs peuples, y compris l’utilisation et la réglementation des armes à feu, mais je veux aussi parler du point de vue culturel en tant que mère et grand-mère. S'agissant de nos jeunes hommes — comme mon fils, mes neveux et mes petits-enfants —, ils sont beaux à voir durant leur rite de passage quand ils peuvent porter une arme à feu. C’est généralement un cadeau.
[Le témoin s’exprime en cri.]
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Au nom de la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario, de nos 100 000 membres, partisans et abonnés et de nos 740 clubs en Ontario, je vous remercie de nous avoir invités à parler du projet de loi , Loi modifiant certaines lois et certains règlements relatifs aux armes à feu.
Je m’appelle Matt DeMille et je suis gestionnaire des services des pêches et de la faune à l’OFAH. Je suis accompagné de Brian McRae, qui est chargé d’examiner les aspects techniques de la politique sur les armes à feu de l’OFAH.
L’OFAH est le plus grand organisme de conservation en Ontario, mais nous représentons également tous les intérêts possibles en matière d’armes à feu, y compris de ceux qui pratiquent la chasse, le piégeage et le tir récréatif. De plus, nous représentons 56 clubs de tir qui exploitent 80 champs de tir autorisés par le contrôleur des armes à feu.
Nous sommes la seule organisation de pêche et de chasse à comparaître devant le Comité, mais le mémoire que nous vous avons présenté a reçu l’appui de nos organismes affiliés d’un océan à l’autre. Ceux-ci comprennent la Yukon Fish and Game Association, la Northwest Territories Wildlife Federation, la British Columbia Wildlife Federation, l’Alberta Fish and Game Association, la Saskatchewan Wildlife Federation, la Manitoba Wildlife Federation, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, la Prince Edward Island Wildlife Federation, la Nova Scotia Federation of Anglers and Hunters et la Newfoundland and Labrador Wildlife Federation. Au total, nos organisations représentent environ 345 000 Canadiens.
Étant donné le temps dont nous disposons aujourd’hui, nous ne pourrons aborder que quelques points saillants du projet de loi . Dans notre mémoire, vous trouverez une analyse approfondie de chaque article du projet de loi, y compris la description du contexte, les questions et les préoccupations en suspens, ainsi que les résultats d’un sondage mené par l’OFAH en avril sur le projet de loi C-71 auprès de plus de 3 500 utilisateurs d’armes à feu. Nous avons des exemplaires du rapport complet du sondage, s'il en est que cela intéresse.
Le projet de loi a été déposé à titre de projet de loi de sécurité publique apte à respecter les propriétaires d’armes à feu. Nous ne croyons pas que ce projet de loi atteigne ces objectifs et, par conséquent, nous ne pouvons pas l’appuyer tel quel.
Malheureusement, le projet de loi est beaucoup trop faible sur le plan du gros bon sens et beaucoup trop fort sur le plan de l’incertitude pour nous convaincre qu’il améliorera vraiment la sécurité publique. La faiblesse des justifications qui le sous-tendent a fait en sorte de miner davantage une relation déjà tendue entre les propriétaires d’armes à feu et le gouvernement en matière de politique sur les armes à feu.
Pour commencer, le gouvernement a exagéré et déformé les statistiques dans le but de créer, dans le contexte d'après 2013, une crise des armes à feu qui n’existe tout simplement pas. En fait, la tendance à long terme indique plutôt une baisse de la criminalité liée aux armes à feu. Qu’elle soit délibérée ou non, cette tactique a engendré un certain scepticisme quant à la nécessité d’apporter des modifications aussi radicales à la législation sur les armes à feu. C'est mal parti.
De plus, le projet de loi vise à accroître la sécurité publique dans le cadre d’une initiative beaucoup plus vaste de lutte aux gangs et à la violence liée aux armes à feu. À cet égard, le projet de loi est muet. Un survol rapide du projet de loi ne fait aucune référence directe aux gangs, à la violence armée, au crime organisé et à la contrebande transfrontalière illégale d’armes à feu.
Ce survol rapide révèle également que le projet de loi est entièrement axé sur les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi 97 % des répondants à notre sondage ont dit qu’il était trop axé sur les citoyens respectueux de la loi pour permettre des gains nets en matière de sécurité publique. De toute évidence, les propriétaires d’armes à feu se sentent ciblés de façon injustifiée avant même d’avoir examiné le projet de loi.
Jetons un coup d’oeil aux éléments précis du projet de loi, en commençant par la vérification accrue des antécédents. L’OFAH ne s’oppose pas à la vérification des antécédents qui remontent à plus de cinq ans, mais le gouvernement doit nous convaincre que cela va effectivement accroître la sécurité publique. Les propriétaires d’armes à feu constituent déjà l’un des segments les plus contrôlés de la population canadienne. À l’heure actuelle, les propriétaires d’armes à feu font l’objet d’un contrôle d’admissibilité continu par le Centre d’information de la police canadienne, qui vérifie qu'ils ne se sont pas livrés à des activités criminelles depuis l’obtention de leur permis. Nous croyons savoir qu’en Ontario, à l’heure actuelle, le contrôleur des armes à feu n’est pas limité quant au nombre d'années dans le passé pouvant faire l'objet d'un examen en fonction des critères qu’il utilise pour évaluer l’admissibilité des demandeurs de permis. La question qui se pose est la suivante: ces propositions ne constituent-elles que des vérifications encore plus poussées des antécédents?
Passons maintenant à la vérification des permis. À l’heure actuelle, les détaillants d’armes à feu responsables vérifient que les acheteurs sont munis d'un permis et ils ont déjà la possibilité d’appeler le Programme canadien des armes à feu pour vérifier, au besoin. L’OFAH est d'accord avec l’intention derrière la vérification des permis, car elle protège le vendeur et garantit une transaction légale, mais notre appui à la modification proposée dépend de l'instauration d'un mécanisme convivial d'appel rapide et efficace si la vérification mène à un refus. Nous pensons également que cela devrait s’arrêter là. Nous n’avons pas encore vu de preuves qui montrent clairement que subsistent des problèmes, comme la vente illégale d’armes à feu, dans le cadre du processus actuel, ou que la base de données de numéros de référence proposée pourrait aider efficacement la police. Combien coûtera une base de données de numéros de référence et va-t-elle vraiment améliorer la sécurité publique?
Passons maintenant à la tenue de dossiers des détaillants. La tenue de dossiers constitue déjà une pratique exemplaire dans de nombreuses entreprises. L’OFAH ne s’oppose pas à la tenue obligatoire de dossiers chez les détaillants, mais de nombreux propriétaires d’armes à feu s’inquiètent de la protection des dossiers et de la façon dont la police y accédera.
Pour atténuer ces préoccupations, nous aimerions que des dispositions précises soient ajoutées afin d’établir des normes de sécurité et des sanctions en cas de non-conformité pour assurer la protection et la sécurité des renseignements personnels. De plus, il doit y avoir des lignes directrices strictes sur l’accès des policiers aux dossiers, afin de s’assurer qu'ils ne soient pas utilisés de façon inappropriée.
Passons maintenant à l’autorisation automatique de transport d'armes. L’OFAH ne peut appuyer le retrait proposé des autorisations automatiques. Le projet de loi devrait être modifié pour annuler cette proposition.
Lors de son témoignage devant le Comité, le 8 mai 2018, la GRC a indiqué que le nombre d’autorisations de transport délivrées pour les expositions d’armes à feu, soit 250, et les armuriers, soit 131 en 2015, représentait un pourcentage infime de l’ensemble des 143 000 autorisations délivrées au Canada. C’est à peine un peu plus d’un quart de 1 %. Il s'agit d'une proposition différente, mais notre question est la même: en quoi cela peut-il bien améliorer la sécurité publique?
Passons maintenant à la classification. On ne devrait pas mettre l'accent sur la responsabilité des personnes. On devrait plutôt le mettre sur la classification des armes à feu. La forme et la fonction de celles-ci devraient déterminer leur classification, et non des réactions émotionnelles fondées sur l’apparence ou la perception d’une arme. Un des répondants à notre sondage a déclaré: « L'infraction de voies de fait est l’acte d’infliger un préjudice ou de menacer de le faire. Ce n’est pas une arme synthétique avec un chargeur incurvé et une action semi-automatique. » La classification arbitraire des armes à feu constitue une importante préoccupation.
Le gouvernement devrait établir et respecter un processus normalisé de classification ou de reclassification uniforme, transparent et fondé sur des données probantes, en consultation avec les utilisateurs d’armes à feu, et l'assortir d'un processus d’appel efficace. Le projet de loi devrait établir cette exigence.
Enfin, examinons les dossiers du registre des armes d’épaule. Il subsiste beaucoup de confusion au sujet des dossiers du registre des armes d’épaule. Bien qu’on nous dise que seuls les dossiers du Québec existent encore, les propriétaires d’armes à feu veulent des déclarations publiques claires sur ce qui reste des dossiers, sur la façon dont ils peuvent être utilisés et sur les raisons pour lesquelles le gouvernement les remet encore au Québec en dépit de la décision de la Cour suprême. Cette transparence aidera à rétablir la confiance.
En conclusion, il devient de plus en plus clair que le projet de loi , dans sa forme actuelle, n’est pas susceptible d’atteindre les nobles objectifs qui avaient été établis. Nous implorons le Comité de poser des questions rigoureuses et d’envisager sérieusement des amendements valables. Notre opposition au projet de loi n'est pas partisan. Elle n'est pas émotive. Elle n'a pas été déterminée à l'avance sur la base de principes. Ce n’est qu’après une analyse critique approfondie que nous sommes parvenus à la même conclusion pour presque toutes les propositions: elles n'amélioreront pas la sécurité publique. Il n'y a simplement aucune preuve à l'appui.
Les détenteurs d’armes à feu titulaires d’un permis se soucient autant de la sécurité publique que les autres Canadiens. Les propriétaires d’armes à feu ne sont pas contre les lois sur les armes à feu. Si les faits démontrent qu’un changement est nécessaire pour améliorer la sécurité publique, nous l’examinerons objectivement. Tout d’abord, nous devons nous demander s'il est utile d'imposer plus de restrictions à des Canadiens respectueux de la loi ou s'il ne s'agit pas plutôt de la politique la plus simple pour démontrer qu'on fait quelque chose pour améliorer la sécurité publique. L’alourdissement des formalités administratives pour les propriétaires d’armes à feu déjà hautement réglementés n'améliorera en rien la sécurité publique.
Nous saluons l'engagement du gouvernement de verser 327,6 millions de dollars au cours des 5 prochaines années pour la lutte aux gangs et à la violence liée aux armes à feu, de même que son intention de dépenser 100 millions de dollars par année une fois les 5 premières années écoulées, mais pourquoi le projet de loi reste-t-il muet sur la lutte aux gangs et à la violence liée aux armes à feu? Des mesures législatives ciblées à l’égard des gangs, et non des armes à feu, constitueraient un véritable complément au financement promis par le gouvernement en 2017. Cela peut se faire au moyen d'amendements au projet de loi .
En fin de compte, le projet de loi a suscité de la confusion et des inquiétudes, en plus de provoquer une érosion de la confiance à l’égard de l’approche du gouvernement en matière de politique sur les armes à feu. On nous a montré très peu de preuves convaincantes de la nécessité des changements proposés et la majorité des propriétaires d’armes à feu sont opposés au projet de loi. Si le gouvernement tient à respecter les propriétaires d’armes à feu, il ne peut pas aller de l’avant avec le projet de loi sans y apporter des amendements importants, non seulement pour minimiser la portée inutilement importante de ses répercussions sur les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi, mais également pour présenter des dispositions concrètes qui s’attaquent directement à l’intention déclarée de lutter contre la violence armée. À tout le moins, des amendements significatifs montreraient que le gouvernement est à l’écoute et souhaite regagner la confiance perdue au cours de ce processus.
Merci.
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Un autre problème est le recours de plus en plus fréquent par la GRC à ce qu’on appelle l’affaire
R. c. Hasselwander. C’est l'affaire en vertu de laquelle un juge a statué que, si une arme à feu pouvait être rapidement et facilement convertie de façon à tirer des balles en succession rapide avec une simple pression sur la détente dans un délai relativement court et avec une relative facilité, elle était dans les faits interdite. Il s’agit d’une déclaration très générale et les aspects clés comme « rapidement et facilement », « délai relativement court » et « relative facilité » ne sont pas définis. Tout cela est sujet à interprétation. Dans l’affaire initiale, un armurier expérimenté de la Police provinciale de l’Ontario avait utilisé une lime pour modifier un pistolet semi-automatique Thompson afin de le rendre entièrement automatique en moins de 15 minutes.
La GRC se sert de ce jugement pour classer de nombreuses armes à feu comme prohibées, même si, pour les modifier, d’importants ajustages de même que la conception et la fabrication de pièces manquantes seraient nécessaires. Lors d’une conversation récente avec M. William Etter, le chef technologue en armes à feu, il a dit qu’ils s’étaient procuré des pièces manquantes dans leur propre magasin et que cela n’avait pas été pris en compte dans la décision. Ces pièces ne sont pas offertes sur le marché aux propriétaires civils d’armes à feu.
Avec des connaissances et des outils techniques de pointe, il est théoriquement possible, bien qu’illégal, de modifier des armes à feu pour qu’elles deviennent entièrement automatiques. Il est entendu, pourtant, que cela dépasse la capacité de la plupart des chasseurs et des tireurs sportifs ordinaires. C’est pourquoi nous estimons qu’il est si important d’avoir des définitions claires dans ce domaine.
Il doit être possible d’interjeter appel des décisions relatives à la classification des armes à feu devant une commission d’examen composée d’experts en la matière, y compris des experts de l’industrie et des juristes, des ingénieurs et des concepteurs, car nous exigeons une décision fondée sur la mécanique et le droit, et non sur des opinions personnelles. Si nous continuons de permettre aux SSSMAF de la GRC de dicter la classification du TRAF en fonction de son opinion sur l’intention de la loi et de son interprétation des décisions des tribunaux, il faut qu'il y ait un mécanisme d’appel en place avant qu'il soit supposé que cette classification a force de loi.
En résumé, d’après ce que nous comprenons du projet de loi , la GRC aura le pouvoir de classer les armes à feu sans appel et sans ingérence gouvernementale. Les SSSMAF de la GRC ont commis des erreurs dans le passé, et il n’y a aucune raison de croire que cela changera.
Il faut établir des définitions claires et précises des critères utilisés pour classer les armes à feu. Ce domaine est trop important pour qu’on s’en remette à des interprétations et à des opinions personnelles. Il faut établir un mécanisme d’appel pour la classification des armes à feu devant une commission indépendante d’experts en la matière. Il s’agirait en fait d’un comité technique impartial. Des délais raisonnables pour la classification des armes à feu et les appels doivent être établis et une indemnité doit être versée si ces délais ne sont pas respectés.
Sur ce, j’aimerais vous remercier de m'avoir donné l’occasion de prendre la parole cet après-midi.
Ma question s’adresse à M. Martin et à M. Nielsen.
Monsieur Nielsen, quand j’étais enfant, j’ai suivi un cours sur la sécurité dans le maniement des armes à feu, pour ce que cela vaut. Je n’ai pas encore posé ma question, mais nous verrons bien où cela nous mènera.
J’aimerais vous poser une question au sujet de l’autorisation de transporter des armes à feu. Jusqu’en 2012, les propriétaires d’armes à feu prohibées et à autorisation restreinte devaient obtenir une autorisation pour transporter leur arme à feu jusque chez un armurier. Ce n’était donc pas automatique. En vertu du projet de loi , comme vous le savez, cette exigence changera.
Ma question, monsieur, est donc la suivante. Quelles sont, le cas échéant, les règles provinciales qui régissent ce qu’est un armurier et, plus important encore, l’endroit où il exerce ses activités? D’un point de vue juridique, quelqu’un peut-il être un armurier, détenir ce titre et exercer ce genre d’activité? De plus, peut-il exercer cette activité, disons, d’un garage ou de son sous-sol?
Je m’adresse à la Fédération des pêcheurs et des chasseurs de l’Ontario, et en fait à vous tous, mais particulièrement à la Fédération. Je représente une circonscription urbaine — London, en Ontario —, mais elle est entourée par des collectivités rurales. Je sais que vous avez beaucoup travaillé pour promouvoir la chasse en Ontario. C’est une tradition prisée, tout comme le tir à la cible. Oui, je représente une ville, mais je respecte vraiment le travail que vous avez fait, bien que nous soyons en désaccord sur certains points.
C’est sur la classification que je veux insister. Votre argument suppose que vous trouverez une audience favorable dans le cadre de toute controverse sur la classification. Dans votre mémoire, vous dites que vous préféreriez que la loi, en matière de classification, permette aux parlementaires, et aux Canadiens en général, de se prononcer. Je peux vous dire — je suis celui qui connaît le mieux ma circonscription ici, alors je vais parler au nom de London-Centre-Nord — que les armes à feu suscitent beaucoup d’inquiétude. Les Canadiens vont appuyer selon moi la moindre occasion de renforcer la sécurité publique, particulièrement en ce qui concerne les vérifications des antécédents, mais aussi d’autres façons.
Examinons la situation des parlementaires. Il y a 338 députés. Certains d’entre nous sont des experts en armes à feu, semble-t-il. M. Calkins a beaucoup parlé de son expertise dans le domaine des armes à feu, et rien ne me permet d’en douter. Pensez-vous que les parlementaires sont les mieux placés pour donner suite à ce genre de préoccupations?
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Merci monsieur le président.
J’aimerais revenir en arrière et préciser certaines choses.
M. Fragiskatos essaie de faire croire qu’il est déjà embrouillé en ce qui concerne non seulement les classifications, mais aussi les armuriers.
Si vous regardez la Loi sur les armes à feu, l'on y précise qu'il est autorisé de transporter une arme à feu « vers une entreprise titulaire d’un permis l’autorisant à réparer et à évaluer les armes à feu prohibées ou les armes à feu à autorisation restreinte, et à partir de celle-ci ». Si vous voulez en savoir davantage à ce sujet, Peter, vous pouvez consulter la Loi sur les armes à feu. C’est déjà dans la loi.
Deuxièmement, il y a la classification. Nous avons entendu de nombreux témoins, et j’ai reçu énormément de correspondance soulignant des préoccupations, du fait que la GRC est l’arbitre final en matière de classification des armes à feu, étant donné les erreurs flagrantes qui ont été commises par le passé, qu'elle joue ce rôle et qu'elle soit seule à le faire, sans surveillance parlementaire. Je ne dis pas que les parlementaires doivent être ceux qui classifient les armes à feu, mais plutôt qu’ils doivent avoir le dernier mot en la matière, et que ceux qui ont ce dernier mot devraient rendre des comptes à la population canadienne. Je sais que vous avez peut-être des commentaires à faire à ce sujet, et je vous invite à le faire.
Monsieur DeMille, vous avez dit que votre organisme avait mené un sondage auprès de vos membres. Lorsqu’on leur a demandé si le projet de loi rendrait les collectivités plus sûres, combien de personnes, diriez-vous, ont répondu à ce sondage parmi vos centaines de milliers de membres?