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Je constate qu'il y a quorum. Il est 15 h 30. Nous pouvons commencer. On peut s'attendre à ce que d'autres membres se joignent à nous en cours de route.
Je ne veux pas déclencher un débat à ce sujet, mais, avant de commencer, je veux simplement mesurer l'intérêt du Comité.
Le Comité a présenté un rapport sur l'incarcération des Autochtones et des choses de cette nature. Il s'agissait d'un rapport unanime, et le Comité a pris très à coeur les discussions. Lorsque le rapport a été présenté, on voulait à ce moment-là rappeler le commissaire du Service correctionnel pour discuter du rapport, des recommandations et de la réponse du gouvernement. J'aimerais tout simplement savoir s'il faut commencer les démarches le plus tôt possible ou s'il faut plutôt renvoyer le dossier au sous-comité.
Un député: Le NPD est-il en faveur?
Le président: Le NPD est en faveur, oui. J'ai vérifié.
Ça va. J'ai parlé à Michel. Ça vous convient?
Un député: Oui
Le président: D'accord. Je vais partir du principe que le Comité veut entendre la réponse.
Un député: Toujours.
Le président: Je sais. Toujours. Remarquez qu'il faudra peut-être circonscrire les questions.
Ensuite, M. Picard a rédigé un projet de résolution concernant la cybersécurité. Encore une fois, le NPD et les libéraux sont d'accord. Il a parlé à Glen. Ce peut être de huit à douze réunions, qui porteraient essentiellement sur les répercussions économiques de la cybersécurité. Je ne veux pas entrer dans un grand débat, je veux simplement savoir...
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Bonjour à tous. Merci de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui.
Je vis près de Medicine Hat, en Alberta, mais je comparais en fait par téléconférence de Calgary, en Alberta. Je suis actuellement sur le territoire traditionnel de la nation des Pieds-Noirs, le peuple de la région visée par le traité no 7. J'aimerais aussi rendre hommage au peuple métis, qui a eu une incidence importante sur le territoire.
Je travaille auprès du SARC depuis plus de 10 ans. Jusqu'à il y a un mois, nous étions le seul comité d'intervention en cas d'agression sexuelle du Sud de l'Alberta.
En tant qu'organisation, le SARC couvre environ 40 000 kilomètres carrés, ce qui signifie que j'ai créé des liens très serrés avec ma voiture, qui s'appelle Lola. La région inclut deux petits centres urbains et plusieurs régions rurales et éloignées.
En ce qui me concerne, rapidement, je suis née et j'ai grandi dans une petite région éloignée du Sud de la Saskatchewan, et je vis actuellement dans une petite ville. En grandissant, je vivais à environ une heure de la bouteille de lait la plus proche. Je suis une travailleuse sociale agréée, dont l'éducation est principalement axée sur le travail social auprès des Autochtones en zone rurale et éloignée. J'ai passé les dix dernières années de ma carrière à travailler précisément pour le SARC en me concentrant sur les initiatives de lutte contre la violence, avec une spécialisation dans le domaine de la violence sexuelle, du développement communautaire et de la collaboration interdisciplinaire. J'ai aussi participé à la création de protocoles d'intervention communautaire coordonnée et de politiques, encore une fois, dans les domaines très précis des interventions liées à la violence sexuelle, des soins adaptés aux traumatismes et des soins précis liés à la violence sexuelle.
Malheureusement, beaucoup de recherches sur la violence sexuelle portent en grande partie sur les grands centres urbains, et la déclaration de la violence sexuelle aux services de police dans les régions rurales est quasiment non existante. Au cours des dix dernières années, il m'est arrivé de me faire dire, par des organisations policières, qu'il y avait peut-être eu un cas divulgué de violence sexuelle, sinon aucun. Une telle situation pourrait porter la population générale et les services de police à croire que la violence sexuelle et familiale ne se produit pas dans les régions rurales éloignées. Cependant, je vous affirme que ce n'est pas le cas; et que la violence sexuelle existe bel et bien. En fait, les facteurs de risque associés à la violence sexuelle sont beaucoup plus élevés dans les régions rurales et éloignées, en raison de la pauvreté accrue, du manque de débouchés et de l'absence de systèmes de soutien professionnel dans les régions rurales.
Il y a des gens formidables qui vivent dans les régions rurales et éloignées. Je viens moi-même d'une telle région. Nous sommes des gens solides et forts. Il y a une approche différente, selon qu'on parle d'une personne bien intentionnée ou de quelqu'un qui aborde la question du point de vue professionnel.
La dure réalité, c'est aussi que les normes communautaires tolèrent parfois la violence sexuelle. Notre société, nos lois et nos pratiques soutiennent aussi l'inégalité entre les sexes, en particulier la façon dont tout ça est interprété sur le terrain ou en ce qui concerne la compréhension qu'ont les services de police de la façon dont ces lois doivent être appliquées.
Au Canada, le taux de condamnation est très faible, même lorsque la violence sexuelle est signalée. Cette situation pousse les victimes à ne pas vouloir déclarer ce qu'elles ont vécu, parce qu'elles se demandent souvent si elles vont passer par tout ça pour rien, puisqu'il n'y aura pas de condamnation.
Les victimes de violence sexuelle se heurtent à plusieurs obstacles au moment de signaler les crimes. Certains des obstacles sont liés aux télécommunications et au transport, à l'importante stigmatisation associée à la violence sexuelle et à l'immense préoccupation entourant la confidentialité ou le manque d'anonymat, ce qui découle de la familiarité accrue des membres au sein de la population. Tout le monde connaît tout le monde. Je connais votre chien, je connais votre histoire. Cette situation empêche vraiment les gens de vouloir signaler ce genre de choses.
Il y a aussi une culture de blâme des victimes dans certains milieux de la justice pénale. Cela fait en sorte que les gens craignent que les policiers n'interviennent pas de façon appropriée. L'interrogatoire par les services de police, surtout lorsqu'ils commencent à donner l'impression que la personne ne dit peut-être pas toute la vérité... Le problème, c'est qu'une entrevue peut finir par ressembler à un interrogatoire. Les victimes sont vraiment craintives au sujet du contre-interrogatoire devant le tribunal et du fait que, de façon générale, on ne les croit pas au sein du système.
Il y a une culture d'acceptation et de banalisation de la violence sexuelle ainsi qu'un manque de protection contre les agresseurs. Dans certaines de nos régions, il faut deux heures à la police pour se rendre à une exploitation agricole ou dans une zone éloignée. Les victimes ne se sentent pas protégées.
L'autre aspect de la question, c'est que, si les personnes font une déclaration, cependant, même si les services d'aide aux victimes où les autres services connexes pourraient les soutenir, ce n'est souvent pas considéré comme une option. Cette situation découle des doubles relations qui existent dans les régions rurales éloignées. Les gens qui font du bénévolat ou qui travaillent peut-être pour les services d'assistance aux victimes ou les services connexes peuvent être des membres de la famille de l'agresseur ou être ses amis. Ce sont les employés, les bénévoles. Il y a aussi l'isolement social, l'incapacité de se rendre sur place ou l'incapacité pour les défenseurs d'aller les rencontrer. Encore une fois, il y a la crainte de la honte et la peur de représailles de la collectivité.
De quelle façon peut-on améliorer nos systèmes?
Certaines personnes, et même en raison des doubles relations, aimeraient quand même avoir un défenseur des victimes. Il faut vraiment appliquer le cadre de renvoi de la GRC aux programmes d'aide aux victimes. Il faut offrir ce service à toutes les victimes, peu importe que l'agent juge qu'une victime mérite ou non les services ou si des accusations sont portées.
Ensuite, il faut s'assurer que les coordonnateurs des services aux victimes ont de solides antécédents et ont fait des études en matière de service humain. On pourrait ainsi accroître le niveau de professionnalisme et de responsabilisation du programme. Souvent, dans les régions rurales éloignées, ce sont de bons bénévoles qui occupent les postes de coordination.
De plus, il faut reconnaître la différence importante en Alberta entre un bénévole du service d'aide aux victimes et un véritable défenseur des droits. Les bénévoles ne s'occupent pas de défense des droits. Ce sont plus des guides à vos côtés. Ils vous accompagnent. Ils vous donnent un verre d'eau et une boîte de mouchoirs, tandis que, de son côté, le défenseur est là pour ralentir tout le processus du système de justice pénale. Il travaille comme interprète et il protège vraiment les droits de la personne de la victime. Il existe certains modèles.
Actuellement, à Medicine Hat, il y a deux travailleurs sociaux agréés qui travaillent au sein du service de police. Ils font tout le travail, de la période avant la déclaration jusqu'à l'autre bout du système, et ce sont les défenseurs des victimes. Nous constatons un niveau réduit de traumatismes vicariants et de victimisation ainsi qu'un engagement accru du système de justice pénale. Les résultats précoces sont très prometteurs.
De plus, il faut s'assurer que toutes les régions rurales éloignées possèdent des trousses de dépistage des agressions sexuelles. Ce n'est pas le cas actuellement.
En outre, il faut s'assurer que tous les agents sont formés sur les interventions en matière de soins tenant compte des traumatismes. Les traumatismes ressemblent beaucoup à des préoccupations en santé mentale. Cette approche adaptée aux traumatismes change vraiment le système et l'approche, de façon à ce qu'on demande non pas « qu'est-ce qui ne va pas avec toi? » lorsque les gens arrivent, mais « qu'est-ce qui t'est arrivé? »
Ensuite, il faut former tous les agents à la neurobiologie du traumatisme. Les agents interprètent souvent à tort les trous de mémoire et les divulgations évolutives comme des signes de mensonge. Les victimes ne peuvent pas raconter leur histoire de façon linéaire. C'est tout simplement ainsi que le traumatisme s'imprègne dans la mémoire. Il est important de comprendre de quelle façon le cerveau encode le traumatisme. Une telle compréhension aidera les enquêteurs au moment non seulement de parler avec les victimes, mais aussi d'avoir accès à tous les souvenirs de celles-ci.
Il existe des modèles propres à la violence sexuelle, comme la formation sur les entrevues judiciaires lors de traumatisme expérientiel. Ces modèles s'éloignent du qui, quoi et pourquoi et visent à avoir accès aux souvenirs provenant des sens, des cinq sens. Des interventions rapides, mais empreintes de compassion sont cruciales durant l'interaction initiale, et savoir reculer et revenir 48 heures plus tard est en fait une pratique exemplaire. Encore une fois, on en saura plus à ce moment-là.
En outre, il faut absolument que la GRC participe aux tables d'intervention communautaire. Il faut beaucoup de ressources, et nous le comprenons, mais c'est là où se produit la véritable intégration.
En outre, il est important de mettre en place des stratégies d'examen par des tiers, comme le modèle de Philadelphie, tout comme il convient de former les agents afin qu'ils cernent, chez eux, les signes de traumatismes vicariants et l'usure de compassion. Il faut aussi rendre la culture policière plus sûre, en faire un contexte où les gens peuvent traiter leurs propres expériences. Le fait d'examiner des travaux comme ceux de Françoise Mathieu et des personnes comme elle aideront, ici.
Pour terminer, si vous voulez augmenter la divulgation et accroître la responsabilisation dans les régions rurales éloignées, il faut commencer par croire les survivants lorsqu'ils se présentent et faire en sorte qu'ils puissent le faire de façon sécuritaire, sur le plan tant physique qu'émotionnel et psychologique.
Merci.
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Je tiens pour commencer à vous remercier de me permettre de comparaître pour parler de ce sujet très important. La Alberta Provincial Rural Crime Watch Association aimerait vous encourager à réaliser votre étude sur la criminalité rurale et son incidence sur la vie en milieu rural au Canada.
Je m'appelle Trevor Tychkowsky. Je suis l'ancien président de la Alberta Provincial Rural Crime Watch Association et je vis actuellement dans une collectivité rurale de l'Alberta.
Nous savons que les taux de criminalité sont à la hausse depuis un certain temps. Le public est de plus en plus préoccupé. C'est devenu très clair, et nous constatons que de plus en plus de personnes s'intéressent à notre organisation. Des journalistes des médias veulent savoir de quelle façon on peut réduire la criminalité en région rurale, et des membres du public nous ont dit qu'ils ne se sentent pas en sécurité dans leur petite collectivité.
La Alberta Provincial Rural Crime Watch Association a fait preuve de diligence en sensibilisant nos membres à l'échelon local aux techniques de prévention de la criminalité dans l'espoir que ces méthodes puissent être adoptées par les résidents des zones rurales. La PCAM, la prévention du crime par l'aménagement du milieu, mise sur des principes qui ont été utilisés à grande échelle, et leur capacité de réduire les cas d'activités criminelles en milieu rural a été prouvée. Nous cherchons constamment d'autres moyens de faire passer le message dans les régions rurales.
À la Alberta Provincial Rural Crime Watch Association, nous faisons de notre mieux et faisons tout ce que nous pouvons pour régler le problème de la criminalité, mais nous savons que les criminels connaissent les délais d'intervention exacts des services de police en milieu rural et qu'ils savent aussi quelle peine ils recevront si jamais ils se font prendre. Nous croyons qu'il s'agit d'une discussion qui ne peut plus attendre, puisque les contribuables veulent des réponses quant à ce qu'on peut faire.
La Alberta Provincial Rural Crime Watch Association encourage les membres du public à s'assurer que leurs biens sont mis sous clé et à commencer à adopter une approche plus proactive, comme en connaissant leurs voisins et, aussi, en appelant — dès qu'ils peuvent le faire de façon sécuritaire, dans l'heure si possible — lorsqu'ils voient quelque chose de suspect, même lorsque leurs soupçons semblent probablement non fondés. Nous encourageons aussi nos groupes locaux de surveillance de la criminalité en milieu rural à organiser un événement informel en soirée pour rappeler les principes de la PCAM.
En conclusion, nous tenons à remercier la députée d'avoir présenté le projet de loi qui propose d'étudier de la criminalité en milieu rural, et nous soutenons ses efforts à l'avenir.
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Merci, monsieur le président.
Madame Johnson, j'ai écouté attentivement votre exposé. Merci, et merci de la passion dont vous avez fait preuve.
Il est assez facile de pointer du doigt un agent de police et de dire qu'il a fait telle chose de mal et qu'il a mal fait telle autre. Cependant, beaucoup des gestes posés par un agent de police, que ce soit un agent de la GRC ou un agent de police d'une ville ou peu importe, eh bien, les gestes posés durant une enquête sont ceux qui sont requis pour faire la preuve d'une affaire devant les tribunaux.
Et là, je sais que la témoin a dit qu'on pourrait peut-être prendre une pause de 48 heures ou je ne sais quoi, si la personne est bouleversée. Essayer d'expliquer une telle chose à un juge ou à un avocat ou encore à un avocat de la défense, je crois vraiment que ce n'est pas une bonne idée. L'agent de police doit réunir les preuves.
Vos idées sont excellentes, mais le problème que je vois concerne les éléments de preuve que les tribunaux sont susceptibles d'accepter. C'est là que le bât blesse. L'avocat de la défense essayera de démolir la déclaration. L'agent de police essaie de prendre une déclaration qui reflète le meilleur souvenir de l'incident qu'a la victime à ce moment-là.
Vous ne connaissez peut-être pas mes antécédents. J'ai été agent de police pendant 35 ans, en région rurale et auprès des Autochtones. Vous savez, en 48 heures, une histoire change plusieurs fois. Nous tentons de connaître les véritables circonstances afin de pouvoir mener notre enquête. Parfois, c'est émotif — je suis tout à fait d'accord avec vous — et c'est difficile.
Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que beaucoup de collectivités rurales au Canada misent sur des recrues, des agents de police sans expérience. Lorsqu'une personne acquiert de l'expérience, elle voudra probablement aller travailler dans un plus grand centre. C'est là où se trouve l'expertise. Selon moi, ce que vous dites, c'est que le contact initial ne se fait pas toujours avec un enquêteur expérimenté connaissant à fond les crimes sexuels. Il peut s'agir d'un agent de police relativement nouveau.
Pensez-vous que nous devons également partager certaines des responsabilités avec les services judiciaires, avec les agents de police, afin que nous puissions présenter un front uni quant à la meilleure façon de gérer ces enquêtes très complexes et très émotives?
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Oui, et comment. Il y a plusieurs groupes différents.
Nous, l'Alberta Provincial Rural Crime Watch Association, tout comme n'importe quelle association de criminalité en milieu rural, nous sommes le groupe passif. Nous disons aux gens que nous ne voulons pas de troupes sur le terrain. Nous ne voulons pas que les gens fassent une patrouille active. Nous voulons que la personne connaisse ses voisins. Nous voulons que la personne aille se chercher un café dans la collectivité juste pour observer ses voisins.
Le mandat de Citizens on Patrol, c'est d'être actif sur le terrain. Ses représentants font en réalité des patrouilles de secours dans leurs collectivités.
Travaillons-nous avec eux? Oui, absolument. Nous avons deux types de mandats différents. Nous visons tous deux la prévention du crime, mais nos mandats sont différents. L'un consiste à être actif sur le terrain, et on leur enseigne comment le faire, et l'autre, c'est que nous enseignons à nos gens qui vivent en milieu rural, soit de revenir à leurs racines, de revenir à la façon dont les choses étaient il y a bien longtemps, quand tous les voisins se connaissaient. Quand quelqu'un est absent, c'est le fait de savoir qui est cette personne.
On dirait que c'est disparu au cours des 20 dernières années, probablement. Nous ne connaissons pas nos voisins. Dans beaucoup des petites collectivités, j'ai parlé à beaucoup de gens, et ils ne connaissent même pas leurs voisins qui se trouvent à un demi-kilomètre. C'est vraiment décourageant.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de participer.
Merci à vous deux d'être ici et de faire don de votre temps et de votre vision pour guider les travaux du Comité.
Trevor, de l'Alberta Provincial Rural Crime Watch Association, j'aimerais vous remercier d'avoir appuyé la motion 167 et de vous joindre aux plus de 101 autres organisations parmi sept provinces et aux milliers de Canadiens qui ont fait front commun pour attirer l'attention sur la criminalité en milieu rural. C'est une épidémie en pleine croissance certainement dans notre province, mais aussi dans d'autres endroits du pays.
Je vous inviterais à vous exprimer davantage par rapport à ce que ma collègue demandait: les réussites qu'on a constatées à ce jour grâce à l'équipe responsable de la réduction de la criminalité.
Il y a un détachement dans ma région, par exemple, ou quatre agents doivent couvrir près de 3 000 kilomètres carrés. On voit rarement deux agents en fonction en même temps. Le personnel de soutien est certainement limité, voire parfois nul.
Je pense qu'il y a là une question à deux volets. Le premier, c'est que j'espère que le Comité fera un examen des ressources de première ligne suffisantes dans les collectivités rurales, éloignées et autochtones.
De plus, diriez-vous, compte tenu du fait qu'il y a eu des réussites et un changement de donne en raison des efforts de ces groupes de travail de réduction de la criminalité dédiés, que cela renforce l'argument selon lequel on devrait accroître davantage la visibilité des agents d'application de la loi de la GRC et la présence active dans les collectivités rurales et éloignées afin de lutter contre la criminalité en milieu rural?
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps avec Mme Sahota, si le temps le permet.
J'aimerais commencer par remercier nos deux intervenants de leur excellent exposé. J'ai une question et un commentaire pour vous deux.
Trevor, j'ai été membre d'un groupe de patrouille de citoyens dans mon propre quartier avant ma vie politique et également membre de CFCA. Je connais très bien le travail qu'ils font, soit non seulement de réduire la criminalité dans les quartiers, mais aussi d'assurer la cohésion communautaire à mesure que nous apprenons à connaître nos voisins. Je dois avouer que se promener à 2 heures du matin dans mon quartier, dans les parcs locaux, ce n'est parfois pas l'idée que les gens se font du plaisir, mais c'était très efficace pour réduire les crimes contre les biens.
Je sais que l'initiative à laquelle j'ai participé était financée aux échelons tant provincial que municipal, pas à l'échelon provincial, donc j'aimerais obtenir vos commentaires quant au rôle du fédéral. Permettez-moi d'abord de poser à Christina mon autre question, puis je vous demanderai à tous deux de répondre, parce que j'aimerais laisser du temps à Mme Sahota.
Nous avons lancé une stratégie de lutte contre la violence fondée sur le sexe de 200 millions de dollars sur cinq ans, que je suis sûr que vous connaissez. Les trois piliers sont la prévention, le soutien aux victimes et à leur famille et un système juridique et judiciaire attentif. Je sais que, particulièrement dans ma province d'origine du Manitoba — nous allons recevoir une délégation de Thompson, au Manitoba — les taux de violence fondés sur le sexe sont très élevés dans notre région du Nord, et que nous allons devoir faire quelque chose. Il y a un manque de services.
Je me demande si vous pourriez parler un peu de la prévention. Nous avons également quelques initiatives signature. Je vais utiliser ma propre collectivité comme exemple. Les Blue Bombers de Winnipeg participent beaucoup à la prévention et à la mobilisation de jeunes hommes et de garçons. Ils se trouvent dans les écoles. Ils ont vraiment une incidence sur la réduction de la violence fondée sur les sexes et sur les causes de la violence fondée sur le sexe en plus d'aborder des enjeux comme le consentement. Avons-nous besoin de ces types d'initiatives dans les régions rurales du Manitoba et du Canada?
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Je vous remercie de votre invitation. Je crois qu'il est extrêmement important de dénoncer ce problème. Mon témoignage portera sur un incident qui m'est arrivé il y a deux mois, sur ses conséquences et sur les commentaires que nous avons reçus lorsque nous en avons parlé publiquement dans notre collectivité. Je vais commencer par vous lire le compte rendu de ce qui est arrivé.
Le 10 août 2018, j'étais seule chez moi avec mes deux jeunes filles. Vers 2 heures, mon aînée m'a réveillée en criant qu'il y avait quelqu'un dans notre arrière-cour qui essayait d'entrer par effraction dans notre maison.
Nous étions en train de faire quelques travaux de rénovation dans notre arrière-cour, et notre patio donnait directement sur la porte extérieure de ma chambre à coucher. J'ai regardé dehors et j'ai vu quelqu'un qui essayait de s'introduire dans ma chambre par la porte-moustiquaire.
Je l'ai poussé avec force et j'ai réussi à refermer la porte; mais je pouvais toujours l'entendre, lui et un groupe de personnes qui me semblait assez nombreux, tout près de chez moi, criant et hurlant.
Tout de suite après avoir refermé la porte et l'avoir verrouillée, j'ai saisi mon téléphone cellulaire et appelé la GRC. À Thompson, ce n'est pas aussi simple que de composer le 911. Le numéro est 204-677-6911. Vous imaginez-vous ce que c'est, d'avoir à composer un numéro à 10 chiffres alors qu'il y a quelqu'un qui essaie de s'introduire dans votre maison? C'est extrêmement difficile.
La première fois que j'ai composé le numéro, un message enregistré m'a répondu automatiquement que tous les opérateurs étaient présentement occupés. J'étais effrayée, alors j'ai raccroché et j'ai composé à nouveau. Encore une fois, j'ai entendu le même message: tous les opérateurs sont présentement occupés.
Je pouvais encore entendre les gens dans mon arrière-cour qui essayaient d'entrer chez moi, et je n'arrivais à joindre personne pour obtenir de l'aide. J'ai donc téléphoné au service d'incendie local. On m'a répondu immédiatement, et j'ai expliqué ce qui se passait. Quelqu'un est resté au téléphone avec moi en essayant en même temps de transférer mon appel à la GRC. La personne du service d'incendie est restée en ligne avec moi, et nous avons entendu encore le même message: tous les opérateurs étaient occupés.
Nous avons continué d'attendre. J'ai eu l'impression que cela a duré une éternité, mais en réalité, il s'est écoulé probablement de cinq à sept minutes avant que je parle finalement à quelqu'un. J'ai expliqué ce qui se passait, et j'ai demandé de l'aide pour mes enfants et moi.
Dès que j'ai réussi à parler à quelqu'un pour lui donner mes coordonnées, il a fallu littéralement moins de trois minutes pour que des agents de la GRC arrivent chez moi. Malheureusement, entre-temps, tout le monde s'était sauvé. La GRC n'a pas pu arrêter qui que ce soit, mais je me dis que si j'avais réussi à parler avec quelqu'un dès mon premier appel, si on ne m'avait pas mise en attente si longtemps, probablement que la GRC serait arrivée beaucoup plus tôt.
Cela me fait peur. J'ai grandi dans cette collectivité. J'ai veillé à ce que mes enfants mémorisent le numéro de 10 chiffres de la GRC. C'est évidemment beaucoup plus difficile qu'un numéro à trois chiffres, mais c'est tout aussi important. J'ai appris à mes filles à composer ce numéro si elles ont besoin d'aide ou de secours. Elles comptent là-dessus. Nous avons toutes été élevées comme cela.
Mes filles sont malheureusement encore troublées par ce qui est arrivé. Elles se posent des questions. Si elles ont besoin d'aide, vont-elles vraiment en recevoir? Est-ce qu'on va les mettre en attente? Elles sont si jeunes... Si quelqu'un les attaque et qu'elles demandent de l'aide, combien de temps seront-elles mises en attente avant qu'une aide concrète leur soit donnée?
Ce que je me demande, c'est pourquoi Thompson n'a pas de service de répartition. Vu le taux de criminalité, à Thompson... Je dois souligner que selon le magazine Maclean's, Thompson se classe au deuxième rang des villes les plus dangereuses du Canada. Nous n'avons pas de service local de répartition. Nous n'avons pas de service 911.
Je trouve inacceptable de devoir attendre. C'est comme si nos vies étaient moins importantes que celle d'une personne qui peut composer le 911 et qui pourra immédiatement parler avec quelqu'un. Je trouve que c'est inacceptable.
Je vais laisser Geri continuer.
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Bonjour. Je m'appelle Geraldine Dixon. Je suis aussi en passant la mère d'Alicia.
Le lendemain de l'incident que ma fille et sa famille ont vécu, je me suis rendue au détachement local de la GRC et j'ai discuté avec un agent. Ensuite, je suis allée parler à Colleen Smook, l'adjointe au maire, qui m'a recommandé d'envoyer une lettre à la ministre de la Justice, au maire et au conseil municipal afin de leur faire part de nos préoccupations. Les lettres ont été envoyées le 13 et 15 août 2018, respectivement.
En guise de suivi aux lettres, ma fille et moi nous sommes adressées au maire et au conseil municipal à la réunion mensuelle du conseil. Monsieur le maire Fenske nous a dit que c'était le gouvernement du Manitoba et non la ville qui avait pris la décision de fermer le centre d'appels du service 911 local. Il a ajouté qu'il n'y avait pas, dans le nord du Manitoba, l'infrastructure requise pour un centre d'appels 911, mais qu'il avait fait pression auprès du gouvernement pour qu'il remédie au problème. Malheureusement, « les choses sont simplement ce qu'elles sont, dans le nord ».
Nous avons aussi envoyé un courriel à Cliff Cullen, notre ministre de la Justice, pour lui expliquer nos préoccupations. Une copie du courriel a aussi été envoyée à Brian Pallister, Kelly Bindle et Niki Ashton. Karen Lambert, la directrice des services de police contractuelle, a répondu à notre courriel en nous recommandant de garder la ligne lorsqu'on appelle le 204-677-6911.
Le 19 septembre 2018, j'ai enfin rencontré le député de Thompson, Kelly Bindle, après de nombreux essais infructueux pour prendre rendez-vous avec lui. Il m'a dit qu'il enverrait une autre lettre à Cliff Cullen, puisque sa dernière réponse était insatisfaisante.
On nous a dit que M. Bindle allait communiquer avec nous, mais depuis c'est le silence complet. Demain, cela fera un mois. Si je vous en parle, c'est parce que, après que nous ayons envoyé au Comité la lettre qu'il nous avait adressée, M. Bindle nous a envoyé un courriel, qui vous a été transmis. Je veux mettre en relief le fait que, dans son courriel, M. Bindle contredit le maire Fenske: il affirme que l'infrastructure nécessaire existe et a toujours existé et que M. Bindle n'a jamais tenté de faire pression sur qui que ce soit pour changer quoi que ce soit.
Ma fille et moi avons lancé une pétition pour sensibiliser la population, et nous allons la présenter au nouveau maire ou à la nouvelle mairesse et au conseil municipal pour qu'ils prennent connaissance des préoccupations de la collectivité et de son désir d'avoir un centre d'appels 911 local. Thompson est parfois appelé le carrefour du Nord, mais le magazine Maclean's classe notre ville au deuxième rang des endroits les plus dangereux où vivre au Canada. Les gens ne se sentent pas en sécurité, et cela doit changer.
Je voudrais aussi ajouter que nous avons reçu un autre courriel de Kelly Bindle relativement à notre appel d'urgence à la GRC. Il y a un paragraphe que j'aimerais beaucoup vous lire, parce qu'il illustre très bien les raisons pour lesquelles nous sommes venues ici aujourd'hui témoigner devant vous. Voici:
La GRC a fourni les renseignements suivants à propos de l'incident en question:le 11 août 2018 entre 1 h 30 et 2 h 30, la GRC a reçu 50 appels d'urgence...
Pardon?
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Je m'appelle Eddie Maurice, et voici mon épouse, Jessica. Merci de nous avoir invités à vous faire part de notre histoire et à discuter d'un sujet qui nous touche énormément.
Si on nous a invités à témoigner, c'est parce que, en février, j'ai chassé deux criminels de ma propriété rurale, mais c'est moi que la GRC a arrêté. Mon histoire — le fait que des accusations ont été portées contre moi parce que j'ai voulu protéger mon enfant, ma propriété et moi-même — a retenu l'attention des médias du pays.
J'étais chez moi, seul avec ma fille de 12 mois. Elle dormait dans sa chambre au rez-de-chaussée. Vers 5 heures, je me suis réveillé et je me suis rendu compte qu'il y avait des criminels à l'extérieur de ma maison qui, comme je l'ai dit, se trouve en région rurale. J'ai tout de suite été pris de panique. Quand vous vivez à la campagne comme moi, vous êtes trop loin de vos voisins pour qu'ils vous entendent crier. Il faisait nuit noire dehors, et tout aussi sombre à l'intérieur. Je ne savais pas combien de criminels il y avait, où ils se trouvaient ni ce qu'ils voulaient.
J'ai attrapé ma carabine de calibre .22 et je me suis dirigé vers la porte d'entrée pour affronter et chasser les deux criminels. Ils n'étaient qu'à 10 pieds de moi. Je leur ai crié de partir, mais ils n'ont pas répondu, alors j'ai tiré un coup de semonce vers le sol pour les faire fuir. Les deux criminels se sont sauvés dans notre allée, en direction d'une camionnette qui attendait dans la rue. J'ai tout de suite composé le 911 pour signaler ce qui venait d'arriver. J'espérais que la GRC les attraperait. Tout ce que je voulais, c'était protéger ma fille qui dormait au rez-de-chaussée.
Nous vivons en périphérie d'une ville de près de 30 000 habitants. Nous sommes à sept minutes de route du détachement de la GRC. J'ai attendu, tiraillé par l'angoisse, que la police arrive. Je craignais qu'il y ait d'autres criminels dans l'obscurité ou même que les criminels reviennent. Deux heures plus tard, trois véhicules de la GRC sont arrivés, les agents sont venus à ma porte avec leurs fusils d'assaut et m'ont arrêté. Ils m'ont dit que j'étais en état d'arrestation, moi, la victime qui avait appelé le 911 pour faire arrêter les vrais criminels. Ce qui est arrivé, c'est que l'un des criminels avait été blessé par le ricochet d'une balle, et la police était là pour répondre à cet appel-là, celui que les criminels avaient fait au 911. J'ai dit aux agents que ma fille dormait dans son berceau, et l'agente de la GRC qui procédait à mon arrestation s'attendait à ce que je la lui laisse. Les agents me traitaient non pas comme une victime, mais comme un criminel.
Au moment de mon arrestation, on m'a dit que j'étais accusé au criminel d'usage négligent d'une arme à feu. J'ai passé 24 heures en détention, puis la GRC a porté trois accusations contre moi: usage négligent, braquer une arme à feu, et, l'accusation la plus grave, voies de fait graves. La partie qui va suivre est la plus importante de l'histoire, puisqu'elle porte sur l'erreur commise par la GRC qui a changé la vie de ma famille. Les accusations contre moi ont été déposées vers 7 heures, le dimanche, mais on a seulement commencé l'enquête judiciaire ou la fouille de ma propriété après 9 heures, le dimanche. Cela veut dire que la GRC a décidé de porter trois accusations graves contre moi en se fondant seulement sur mon appel au 911, sur une déclaration qu'on m'avait forcé à faire sans que mon avocat soit présent ainsi que sur la déclaration du criminel blessé. Ce criminel avait d'ailleurs avoué avoir pris de la drogue plus tôt cette nuit-là. On a trouvé de la méthamphétamine en sa possession, et il avait un casier judiciaire. Nos deux déclarations étaient très différentes. La police n'avait aucune preuve tangible qui aurait laissé croire que j'avais voulu blesser cette personne, et je n'ai jamais rien dit de tel.
La GRC avait un choix à faire. Elle aurait pu et aurait dû me laisser partir. Après tout, je suis un citoyen respectueux des lois, je paye mes impôts et je n'ai pas de casier judiciaire. Les agents auraient pu enquêter sur les événements et porter des accusations contre moi plus tard selon les preuves à leur disposition. Mais non, la GRC a plutôt choisi de porter contre moi des accusations qui ne reposaient sur rien en espérant trouver plus tard des preuves pour les étayer. Pour elle, j'étais coupable jusqu'à preuve du contraire, ce qui va à l'encontre du fonctionnement de notre système de justice.
Les preuves n'ont pas corroboré les accusations de la GRC, et le rapport préliminaire de balistique a confirmé la véracité de ma déclaration. Après quatre mois pendant lesquels ma famille a vécu du stress intense, de l'anxiété et de l'angoisse, la Couronne a finalement retiré les accusations. Toute cette affaire m'a traumatisé. J'ai souffert pendant longtemps de cauchemars, après avoir affronté ces criminels devant chez moi. Ils étaient habillés tout en noir, et dans l'obscurité, je ne pouvais pas savoir s'ils étaient armés. Ensuite, j'ai été arrêté et traité comme un criminel même si j'avais appelé le 911 pour demander de l'aide. Je n'ai rien fait de mal. J'ai seulement fait ce que n'importe quel résident d'une région rurale aurait fait dans ma situation. Ce qui s'est passé a été accablant. Je n'ai jamais voulu que des criminels viennent chez moi et me forcent à prendre cette décision. Je ne souhaiterais à personne de vivre ce que j'ai vécu.
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Nous sommes devenus une référence pour les gens qui vivent dans les collectivités rurales en Alberta et au Canada, et bien des gens se sont identifiés à notre situation, car ils avaient l'impression qu'ils auraient fait la même chose que nous dans une même situation. Lors d'une assemblée publique locale sur la criminalité dans les régions rurales, plus de 300 personnes nous ont fait une ovation inattendue en signe de soutien pour ce qu'Eddie a fait et pour la bataille juridique très publique que nous menons. Des gens se sont rassemblés à l'extérieur du palais de justice — plus de 200 personnes, à la fois — les six fois où Eddie a comparu devant le tribunal, car les gens estimaient qu'il a été victime d'une grande injustice. Nous sommes ici non seulement pour parler de notre expérience, mais aussi pour parler au nom de tous ceux qui nous ont soutenus et nous ont parlé durant les huit mois qui ont suivi l'arrestation d'Eddie.
Ce que de nombreux citadins peinent à comprendre, c'est que pour nous, il n'est pas simplement question des choses que nous perdons quand des crimes comme celui-là sont commis; nous perdons également le sentiment de sûreté et de sécurité que nous nous attendons à éprouver dans nos maisons. Nous avons l'impression d'avoir été violés, nous avons peur que les criminels reviennent pour nous causer encore plus de tort. Le sentiment d'anxiété perdure longtemps après que tout est fini.
Le taux de criminalité dans notre région a plus que triplé durant les cinq dernières années, et les habitants des collectivités rurales ne sont pas uniquement frustrés, ils ont peur. Les criminels n'hésitent pas à recourir à la violence et aux armes, car ils n'ont rien à perdre. Ils savent que le délai d'intervention de la GRC dans les régions rurales est affreusement long, et ils utilisent cet aspect à leur avantage pour commettre plus de crimes. Actuellement, ils sont encore plus audacieux et commettent leurs crimes en plein jour, et même quand les gens sont chez eux.
Les habitants des collectivités rurales, qui représentent une grande partie de notre grande nation, commencent à avoir peur de la GRC aussi, et notre situation en illustre bien les raisons. La GRC dit clairement que, si des citoyens prennent des initiatives pour empêcher un crime de se produire ou pour se protéger ou protéger leur propriété, comme l'a fait mon époux, ce sont eux qui subiront un procès et qui seront passibles d'une peine d'emprisonnement. La GRC est en train de perdre la confiance des gens qu'elle est censée protéger.
Lors des assemblées publiques auxquelles nous avons assisté, les gens demandent constamment à la GRC ce qu'ils sont censés faire quand un criminel pénètre leur propriété. La réponse est toujours la même: retournez à l'intérieur de la maison, trouvez un lieu sûr et appelez le 911. Mais cette réponse ne leur suffit plus. La police ne peut pas arriver assez rapidement, étant donné qu'il lui est impossible d'être présente physiquement au moment même où un crime se produit, et la hausse alarmante de la criminalité dans les régions rurales le prouve.
La GRC nous dit également d'installer des clôtures devant nos entrées, des systèmes de sécurité et des caméras, et de rendre nos propriétés moins attrayantes pour les criminels. Pourquoi est-ce que c'est aux propriétaires de se protéger et de rendre leurs propriétés moins attrayantes pour les criminels? Cela change beaucoup l'ambiance des régions rurales, où les gens ont choisi de vivre pour le respect de la vie privée, la tranquillité et l'ouverture de la collectivité et des voisins. Toute cette idéologie est foulée aux pieds quand vous devez transformer votre propriété en forteresse munie de clôtures et de caméras de sécurité.
Nous en avons assez de nous faire dire qu'on doit se taire et accepter d'être des victimes. Les Canadiens sont des gens forts et courageux, nous nous attendons à pouvoir vivre librement et en toute sécurité, et ce n'est pas le cas. Nous ne réglerons pas le problème de la criminalité dans les régions rurales uniquement en embauchant plus de policiers. Nous devons prendre des mesures supplémentaires. Si le gouvernement n'est pas capable de nous protéger, nous devons être capables de nous protéger nous-mêmes.
Notre recommandation, c'est que ce comité et le gouvernement du Canada mettent en oeuvre des lois plus sévères en matière de légitime défense et de défense des biens, de sorte que les gens puissent se protéger sans avoir peur d'être poursuivis. Nous vous demandons d'envisager d'apporter des changements importants aux lois pour permettre aux gens de se placer eux-mêmes sur la première ligne de défense en cas de crime, comme ils le feraient dans le cas d'un incendie ou d'une urgence sanitaire.
Il semble que l'on craint les armes, dans les régions urbaines du Canada, mais ce n'est pas le cas dans les régions rurales. Dès notre plus jeune âge, nous sommes informés sur les armes à feu, sur la sécurité entourant les armes à feu et sur le respect avec lequel il faut les traiter. Elles font nécessairement partie du mode de vie rural, c'est-à-dire chasser pour se nourrir et effrayer ou tuer les prédateurs pour garder notre bétail en sécurité. Les armes à feu ne sont pas un problème au Canada. C'est notre système de justice qui est le problème, et notre cas n'est pas un cas isolé.
Gerald Stanley et Peter Khill sont d'autres victimes qui ont vécu des situations similaires. La confiance dans notre système de justice s'évapore rapidement, dans les régions rurales. Si vous ne faites rien pour renforcer ces lois dans les collectivités rurales, de plus en plus de gens arrêteront bientôt d'appeler la police. C'est déjà le cas. Les citoyens des régions rurales commencent à prendre en main de la justice et la protection sans demander la participation de la police. Ils ne signalent pas les crimes, et vous pouvez être certains que les criminels ne le font pas non plus.
Tant que les criminels ne commencent pas à subir les conséquences des crimes qu'ils commettent dans les régions rurales, ils continueront à venir nous victimiser. La façon la plus rapide et la moins coûteuse d'influer sur la criminalité dans les régions rurales n'a rien à voir avec la police ou avec les programmes de réadaptation; il s'agit de nous autoriser à nous défendre et à nous protéger, nous et nos biens. La population rurale canadienne n'est pas disposée à rester les bras croisés, et le Comité doit réaliser ses souhaits. Nous voulons pouvoir nous protéger et protéger nos biens, et c'est à vous de faire en sorte que nous le puissions.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vais partager mon temps avec ma collègue, Mme Moore.
Je veux remercier tous les témoins d'être venus aujourd'hui: les Maurice, Mme Bedford et Mme Dixon, qui se sont joints à nous en direct de Thompson, ma ville natale également.
Je vous suis reconnaissante d'avoir pris le temps de nous expliquer ce que vous avez vécu, madame Bedford. Je sais que vous avez raconté cette histoire de nombreuses fois et que les gens de votre collectivité et à l'échelle du Manitoba ont été très touchés.
Je pense qu'il est aussi très important qu'à l'échelle nationale, nous entendions parler de ce que vous avez vécu et, en toute franchise, de ce que vit notre collectivité lorsque vient le temps d'obtenir de l'aide dans une situation potentielle de vie ou de mort.
Vous avez fait allusion à certaines statistiques concernant la criminalité, et des pressions exercées à l'égard du service 911. On nous a dit que la GRC manque de personnel à Thompson et dans les collectivités du Nord, Le Pas, Flin Flon et ailleurs, pour offrir des services non seulement dans notre collectivité, mais aussi dans la région avoisinante.
Selon vous, à quel point est-il important que le gouvernement fédéral et tous les gouvernements investissent et assurent un soutien adéquat de la part de la GRC ou une présence accrue de la GRC, y compris en prévoyant plus d'agents à Thompson?
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Monsieur le président, je vais commencer par dire que je suis un peu déçue de la tirade débitée par Mme Stubbs.
Je ne crois pas que la bonne façon de trouver des solutions, c'est de politiser cette question. Il ne s'agit pas d'un problème des libéraux, des conservateurs ou des néo-démocrates. C'est une chose à laquelle nous devons travailler ensemble, de tous les côtés de la Chambre, afin de pouvoir aider les personnes ici. Les conservateurs ont été au pouvoir pendant 10 ans. Lorsqu'il s'agit de ces questions, les mêmes dispositions du Code criminel existaient à l'époque. Il faut pas mal de culot pour dire qu'il n'y avait pas d'introduction par effraction sous le gouvernement conservateur, mais que, tout à coup, il y en a avec un gouvernement libéral. Nous ne sommes pas ici pour faire ce genre de déclaration.
Je suis heureuse que le Comité étudie cette motion d'initiative parlementaire, nous pourrions ainsi trouver une façon de travailler ensemble pour régler ces problèmes.
C'est horrible, à mon avis, madame Dixon et madame Bedford, ce que vous avez vécu.
Je sympathise également avec vous, monsieur et madame Maurice.
Je sais que la sécurité est très importante pour tous, peu importe leur lieu de résidence. Une fois qu'on vit ce que vous avez vécu, on ne peut pas retrouver ce sentiment de sécurité.
Je vais commencer par vous, madame Bedford et madame Dixon. Que pensez-vous, parce que je sais que le financement... Le délai d'intervention dans nombre de collectivités rurales, comme nous l'entendons aujourd'hui, est assez long. Le gouvernement du Manitoba, comme je l'ai constaté, a augmenté le financement de la sécurité communautaire de seulement 1,9 %, ce qui suit environ le taux d'inflation. Croyez-vous que la province a accordé une assez grande priorité aux services de police et aux investissements dans ces secteurs?
Croyez-vous qu'on peut en faire davantage? Si oui — je sais que vous ne savez pas vers qui vous tourner pour obtenir ce soutien —, qu'avez-vous demandé à ce jour et qu'avez-vous essayé de faire?
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Le Comité est principalement composé de députés de l'Ontario et du Québec et, je crois, issus pour la plupart de régions urbaines, alors nous espérons vous faire comprendre ce qu'est la réalité dans nos régions rurales. Elle est très différente de celle du centre-ville de Toronto ou de celle de circonscriptions urbaines que vous représentez.
Nous voulons également que les politiques et les protocoles de la GRC soient examinés et améliorés au chapitre de la gestion des situations où des propriétaires fonciers et des résidants ruraux doivent prendre des mesures pour se protéger eux-mêmes ainsi que leurs propriétés. Nous voulons que vous vous demandiez qui vous allez réellement protéger ici. Est-ce les criminels qui commettent des crimes ou les contribuables qui respectent les lois, qui contribuent à la société et qui ont fondé ce pays?
Nous croyons également qu'il y a un manque de responsabilisation au sein du système de la GRC. Nous éprouvons également des problèmes avec la répartition des appels au 911 dans notre région en Alberta parce que le service est centralisé. Évidemment, c'est aussi un problème dans d'autres régions. Nous voulons nous assurer que les agents de la GRC rendent des comptes relativement à leurs actions et ne portent pas seulement des accusations pour n'importe quelle raison sans faire preuve de diligence raisonnable.
Également, pour ce qui est du projet de loi , qui a été déposé devant la Chambre et qui concerne les peines, les caractéristiques d'un système de justice efficace ne concernent pas seulement la réadaptation, qui est, à mon avis, une partie importante d'un système de justice, parce que nous devrions favoriser la réadaptation des délinquants. Cependant, il faut également punir les criminels pour leurs infractions, dissuader les autres, ce que le système ne fait pas à l'heure actuelle, et faire en sorte qu'ils fassent face à la justice vengeresse de la société. À mon avis, il faudrait également examiner ces aspects du système de justice pénale, et le faire dans le cadre de l'étude du projet de loi C-75 parce que la réduction des sentences n'offrira pas les piliers dont a besoin le système de justice, et elle ne fera rien pour dissuader les criminels de commettre d'autres crimes.
C'est tout ce que j'ai à dire, mais, essentiellement, nous devons fermer la porte aux criminels.