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Bonjour, monsieur le président, et bonjour aux membres du Comité.
Nous tenons à vous remercier de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui pour contribuer à cette étude cruciale sur l'impact des traumatismes liés au stress opérationnel et des troubles de stress post-traumatique pour les agents de la sécurité publique et les premiers intervenants. J'ai l'honneur de prendre la parole devant vous aujourd'hui au nom des Chefs Paramédics du Canada. Notre association représente les chefs des services ambulanciers de toutes les provinces et de tous les territoires.
Nous sommes heureux de pouvoir participer au dialogue national au sujet de cet enjeu primordial pour la sécurité de nos hommes et de nos femmes qui interviennent en première ligne, quelles que soient les fonctions qu'ils assument. C'est une problématique qui est également déterminante pour leur famille qui en subissent souvent les conséquences.
Notre association a pris part récemment à une table ronde sur ce sujet important à l'invitation de , ministre de la Sécurité publique. Pour nous préparer à cette rencontre, nous avons sondé et interviewé plusieurs de nos collègues des différentes régions du pays dans le but de répondre à trois questions très simples. Quel est le problème? Que faisons-nous pour le régler? De quoi avons-nous besoin?
Les commentaires et les réponses reçus étaient sans doute aussi variés que les différentes facettes de l'enjeu en cause, mais il y a tout de même des thèmes communs qui sont ressortis de cet exercice. Je vais faire de mon mieux pour vous en présenter un aperçu aussi fidèle que possible.
Notre communauté s'entend certes sur un point: c'est un problème fort complexe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les impacts sont considérables. Lorsqu'il s'agit d'en évaluer l'ampleur, certaines difficultés se posent du point de vue des définitions et de la terminologie ainsi que des instruments de mesure que l'on utilise. Même si peu de recherches ont été effectuées jusqu'à maintenant, il est facile de conclure qu'il y a tout lieu de s'inquiéter.
Pour situer les choses dans leur contexte, disons que l'Ontario compte quelque 8 000 ambulanciers paramédicaux. Comme certaines études prévoient que 22 % d'entre eux seront affectés par des traumatismes liés au stress opérationnel, on peut estimer que plus de 1 700 de nos collègues ontariens sont aux prises avec des troubles semblables.
Au sein de la communauté des ambulanciers paramédicaux, les premières mesures ont été prises en vue de mieux cerner la magnitude du problème. Il est toutefois difficile de confirmer la validité des efforts ainsi déployés du fait qu'ils ne s'inscrivent pas dans un vaste programme de recherche. Le problème semble prendre de l'ampleur au vu de ses impacts sur les personnes touchées, la performance des systèmes et le fardeau financier qui y est associé.
Les membres de notre communauté ont surtout insisté sur la nécessité de traiter le problème dans son ensemble, plutôt que seulement les troubles ou la maladie — ou pire encore, un événement ou un symptôme en particulier. Chez les intervenants de première ligne, les dommages risquent fort d'être cumulatifs lorsque les situations d'exposition au stress se multiplient. Il faudra donc mener d'autres recherches pour déterminer dans quelle mesure la multiplicité des facteurs de stress auxquels sont confrontés les premiers intervenants se traduit par des troubles ou des traumatismes, et déterminer quels correctifs nous pouvons apporter.
Dans notre rôle de chefs de file et de praticiens au sein du système, nous estimons impératif de déployer un effort de collaboration coordonnée mobilisant les différents groupes de premiers intervenants à l'échelon national afin d'endiguer cette hémorragie de troubles émotifs et psychologiques.
Les premiers intervenants ont besoin du soutien de leurs pairs et d'équipes de gestion du stress lié aux incidents critiques ainsi que de formation en la matière. C'est un besoin déjà clairement établi et largement reconnu, mais des recherches approfondies s'imposent pour guider le déploiement de méthodes efficaces d'intervention sur le terrain en tenant mieux compte des impacts et des limites. Nous estimons par ailleurs qu'il existe des lacunes manifestes au chapitre des options de traitement, lesquelles sont relativement nouvelles. Il ne semble pas y avoir eu suffisamment de travaux soumis à l'examen des pairs quant à l'efficacité de ces options de traitement au sein de la communauté des ambulanciers paramédicaux.
À la lumière de ces différentes préoccupations, nos membres en sont venus à exprimer la nécessité de mieux comprendre le problème, et de fournir sans tarder à nos dirigeants les outils nécessaires pour commencer à apporter les correctifs qui s'imposent dans le cadre d'une démarche efficace et fondée sur des données probantes.
Il convient également de s'attaquer à des problématiques qui n'ont pas encore été prises en compte, comme la réintégration en milieu de travail. Dans l'état actuel des choses, les responsables des programmes de santé et sécurité au travail ne savent pas trop comment permettre à ces certains employés de réintégrer les effectifs en toute sécurité. Il existe dans certains secteurs des programmes de collaboration de portée limitée, mais les seuls programmes offerts dans bien des cas mettent l'accent sur la réintégration en milieu de travail des gens ayant subi des blessures physiques. Il y a assurément une lacune à combler à cet égard.
D'une manière générale, nous nous inquiétons du manque de coordination des efforts de recherche dans tous les domaines associés aux traumatismes liés au stress opérationnel. Selon nous, il convient de faire le nécessaire pour trouver des moyens de mettre en commun les résultats de recherche de façon plus efficace et généralisée.
Qu'est-ce qui se fait actuellement au sein de notre association et de notre communauté? De concert avec nos partenaires ici présents, l'Association des paramédics du Canada, nous nous efforçons d'orienter le débat pour que l'on traite de tous les enjeux liés à la santé et au mieux-être, tant du point de vue physique que mental, plutôt qu'uniquement des troubles liés au stress opérationnel. Nous croyons en une approche holistique qui reconnaît l'importance des efforts de promotion de la santé mentale pour contribuer à prévenir la progression symptomatique de la maladie jusqu'à l'apparition de troubles manifestes.
Notre association collabore aux projets suivants: le programme de recherche sur les services médicaux d'urgence du Canada; l'analyse nationale des lacunes en matière de recherche, et le volet de la communauté de pratique des ambulanciers paramédicaux dans le cadre du Programme canadien pour la sûreté et la sécurité (PCSS). Pour chacune de ces initiatives, des priorités ont été établies en reconnaissance de l'importance de la recherche pour la santé des professionnels du secteur, tout particulièrement pour la problématique qui nous intéresse. À titre d'exemple, une étude en cours à l'Université Queen's grâce au soutien du PCSS permet d'examiner les enjeux liés au mieux-être en santé mentale avec la collaboration de la municipalité de Frontenac.
Nous avons formé de concert avec d'autres associations un groupe de travail tripartite qui collabore avec Sécurité publique Canada et d'autres partenaires importants dans un effort pour mener à bien l'initiative fédérale de création d'une stratégie nationale pour les troubles liés au stress opérationnel.
Notre association a également mis sur pied un comité spécial qui a produit un rapport sur les traumatismes liés au stress opérationnel et psychologique. Nous vous avons d'ailleurs fourni un exemplaire de ce rapport.
Ce comité spécial s'est employé à déterminer les moyens à mettre en oeuvre par les différentes organisations pour optimiser leurs interventions à l'égard des troubles liés au stress opérationnel. Comme c'est le cas pour tous les autres problèmes de santé, nous constatons que les services paramédicaux soucieux de s'attaquer à cet enjeu de façon proactive doivent articuler leurs efforts autour de quatre éléments fondamentaux. Premièrement, il faut voir à ce que le problème soit bien compris et adéquatement pris en compte au sein des services paramédicaux. Deuxièmement, il convient d'élaborer des stratégies de prévention qui ciblent les personnes à risque, leur environnement de travail et les sources possibles de traumatisme. Troisièmement, on doit mettre en place des services et des stratégies d'intervention pour les employés à risque. Quatrièmement, il faut veiller à ce que des programmes de traitement et de réadaptation soient offerts aux personnes aux prises avec des troubles liés au stress opérationnel.
Notre communauté continue de cibler ses efforts en fonction de ces différents éléments, mais nous sommes conscients qu'une plus grande collaboration nous permettrait d'être beaucoup plus efficaces. Le premier intervenant doit avoir accès à une gamme complète de programmes tout au long de sa carrière et toujours obtenir le soutien nécessaire quelle que soit sa situation dans le continuum de la santé mentale, c'est-à-dire qu'il soit en santé, en réaction, blessé ou malade.
L'approche de soutien doit être holistique et s'étendre de la préparation à la carrière jusqu'à la retraite, en passant par l'entraînement à la résilience, la relation entre l'exposition et la réaction, le rétablissement et le retour au travail après un incident critique, les changements de carrière et la réintégration de l'effectif dans un rôle autre que celui de premier intervenant. Les idées et les pratiques exemplaires ainsi mises en oeuvre doivent être fondées sur des données probantes en plus d'être préconisées et mises en commun dans l'ensemble du continuum de la santé mentale en traitant de tous les aspects liés à l'évaluation préalable, la prévention, la résilience et le rétablissement.
À notre avis, il va de soi qu'une vaste collaboration est essentielle si l'on veut s'attaquer à ce problème de façon efficace et appuyer les efforts de nos différents intervenants qui accomplissent au quotidien un travail extraordinaire pour assurer notre protection.
Il est primordial de déployer une stratégie s'appuyant sur plusieurs piliers afin de favoriser la bonne santé mentale de nos premiers intervenants à partir du jour où ils sont embauchés jusqu'à longtemps après leur retraite. Nous avons besoin pour ce faire de nouvelles recherches ainsi que du financement et du soutien nécessaires pour mobiliser nos ressources.
Les Chefs Paramédics du Canada tiennent à féliciter encore une fois le très honorable d'avoir confié au ministre le mandat de travailler avec les différentes parties prenantes en vue d'élaborer un plan d'action national au sujet des traumatismes liés au stress opérationnel, un problème qui touche de façon disproportionnée les intervenants en sécurité publique que nous représentons.
Nous nous réjouissons à la perspective de pouvoir travailler avec le gouvernement fédéral et d'autres partenaires pour contribuer aux efforts de coordination, de recherche et de communication nécessaires afin d'assurer la sécurité de nos premiers intervenants et des citoyens du Canada en établissant des normes nationales fondées sur des données probantes pour guider l'évaluation, le traitement et les soins à long terme au bénéfice des intervenants en sécurité publique.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, je remercie le Comité de me donner l'occasion de parler de la santé et du bien-être des paramédics au Canada.
[Traduction]
J'aimerais d'abord vous indiquer en quoi consiste exactement l'Association des paramédics du Canada, et vous parler un peu de la problématique de la santé mentale. De nombreux ambulanciers paramédicaux sont en détresse, et j'aimerais vous communiquer certains renseignements qui montrent bien à quel point la situation est grave. Je vais aussi vous entretenir de quelques-unes des initiatives efficaces qui ont cours. Enfin, je vous parlerai des possibilités de collaboration. Je constate en effet d'excellentes occasions de travailler en coopération avec les chefs, les différents ordres de gouvernement et, tout particulièrement, le Programme canadien pour la sûreté et la sécurité.
Disons d'entrée de jeu que l'Association des paramédics du Canada est un regroupement d'ambulanciers paramédicaux. Ce n'est pas un syndicat. Je voulais que cela soit bien clair. Nous nous occupons du profil de compétences des ambulanciers paramédicaux, c'est-à-dire des éléments qui définissent la profession. Nous déterminons les capacités, les compétences et les connaissances qu'une personne doit posséder ainsi que le rôle qu'elle doit jouer au service de sa collectivité.
Il s'agit en fait de voir quel genre de formation est nécessaire pour pouvoir s'acquitter efficacement des fonctions d'ambulancier paramédical. D'ici 2025, nous espérons pouvoir faire en sorte qu'une formation au niveau du baccalauréat soit exigée. Le travail d'ambulancier paramédical a effectivement beaucoup évolué.
Notre association regroupe 20 000 membres au Canada, un pays qui compte quelque 40 000 ambulanciers paramédicaux. On dit souvent qu'il faut environ 1 000 ambulanciers paramédicaux pour un million de citoyens. C'est une estimation générale qui est tout de même assez juste. Ainsi, les ambulanciers paramédicaux forment le troisième groupe en importance parmi les pourvoyeurs de soins de santé au Canada
Trois grandes catégories ont été établies pour définir le travail des ambulanciers paramédicaux: soins primaires, soins avancés et soins critiques. Nous utilisons ces trois désignations. Depuis une quinzaine d'années, on est parvenu à une assez grande uniformité quant à la terminologie et aux titres à utiliser partout au Canada.
Le lieu de travail est un autre élément à considérer. On pensait à une certaine époque que nous travaillions uniquement dans les ambulances. On peut voir aujourd'hui des ambulanciers paramédicaux dans des hélicoptères, des cliniques et des hôpitaux, et on commence même à en apercevoir dans les centres de santé communautaires. À ce titre, je peux vous citer l'exemple de l'autobus de la santé à Saskatoon où des ambulanciers paramédicaux sont intégrés à une équipe d'intervention en santé communautaire. Au sein de la gamme des services de santé offerts, le travail de l'ambulancier paramédical a évolué pour inclure les soins préventifs qui viennent s'ajouter aux soins urgents.
La santé mentale est devenue un enjeu d'importance pour les ambulanciers paramédicaux. D'excellentes recherches ont été menées à ce sujet au cours des dernières années. Ainsi, la Dre Lori Gray et les Chefs Paramédics du Canada ont produit il y a un an ou deux un rapport très intéressant sur les traumatismes liés au stress opérationnel chez les ambulanciers paramédicaux. Nous savons désormais qu'il ne faut pas s'intéresser uniquement au stade final d'évolution de la maladie. Nous devons aussi mettre l'accent sur le bien-être général. Nous cherchons les moyens de permettre aux gens d'acquérir une résilience suffisante pour éviter d'être affectés par les traumatismes. C'est un élément primordial. Il y a en quelque sorte un constat d'échec à faire relativement aux traumatismes liés au stress opérationnel. Nous n'avons pas encore trouvé la manière de venir en aide à ces gens-là avant qu'il ne soit trop tard.
L'aspect le plus perturbant demeure le nombre de suicides associés à des problèmes de santé mentale. Je crois qu'il y en a eu 14 ou 15 l'an dernier. Désolé de ne pas pouvoir vous fournir de chiffres exacts, mais c'est tout de même un avertissement à prendre très au sérieux. C'est un signal d'alarme qui nous indique qu'il faut en faire davantage. L'Association des paramédics du Canada a récemment mené un sondage en ligne auquel 6 000 ambulanciers paramédicaux ont répondu. Les résultats sont effarants. Trente pour cent des ambulanciers paramédicaux ont déjà songé au suicide, 60 % connaissent un collègue qui l'a envisagé, et 70 % estiment qu'un de leurs collègues risque de se suicider. Il est assez frappant de constater qu'en dépit des progrès importants réalisés quant à leur rôle et à leur environnement de travail, les ambulanciers paramédicaux estiment à certains égards qu'ils ont été laissés pour compte. Nous avons tous une responsabilité à ce chapitre. Je ne suis pas en train de cibler un groupe en particulier. C'est un problème de société auquel nous devons nous attaquer. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Randy Mellow et moi-même nous réjouissons autant de la lettre de mandat du ministre Goodale. C'est un problème pour tous les premiers intervenants, y compris les ambulanciers paramédicaux.
Certaines initiatives constructives ont été mises en oeuvre, notamment des lois qui présument les effets de l'ESPT sur les gens dans plusieurs provinces, récemment en Ontario, mais également au Manitoba et en Alberta.
Une initiative a été lancée avec l'Université de Regina et on a organisé une table ronde au début de cette année. Nous pensons que c'est un excellent fondement pour aider la communauté des premiers intervenants à travailler ensemble sur cet enjeu. C'est un élément important. Même si on reconnaît que les ambulanciers paramédicaux sont uniques, ils ont des points communs avec les métiers liés à la sécurité publique, ou les premiers répondants, et ces derniers sont abordés de façon appropriée dans les discussions de cette table ronde. Nous recommandons donc d'appuyer ces types d'initiatives.
Récemment, l'Université Queen's a mené une étude pour demander aux ambulanciers paramédicaux comment ils se « sentent », mais il s'agit de comprendre la portée de l'enjeu dans le cadre d'une étude fondée sur des recherches. Mme Renée MacPhee et l'Université Queen's ont lancé ce processus. D'autres travaux sont en cours pour cerner et définir le problème et son contexte.
La mobilisation de tous les membres de la communauté des premiers intervenants et le fait que votre comité est prêt à nous écouter sont des éléments importants pour lancer le processus visant à comprendre le problème, car cela nous permet de remonter à la source. Nous pouvons examiner le processus de la maladie, mais nous pouvons aussi remonter jusqu'à la composante liée au bien-être.
En ce qui concerne la requête — et Randy Mellow et les membres de Chefs Paramédics du Canada sont tous d'accord —, nous continuons d'appuyer les initiatives comme la table ronde de l'Université de Regina et les résultats de ces discussions.
Étant donné que les ambulanciers paramédicaux exercent un métier assez unique — nous ne sommes pas des pompiers ou des agents de police —, il est difficile de comprendre comment nous développons la maladie, et nous ne savons pas si cela se produit à la suite d'une accumulation de facteurs ou d'un événement déclencheur. Il faut mener des recherches à cet égard.
Le Programme canadien pour la sûreté et la sécurité, qui appuie grandement notre communauté depuis les 10 dernières années, pourrait nous aider. En effet, ce programme pourrait effectuer des investissements ciblés pour appuyer la recherche, non seulement en ce qui concerne l'ESPT, mais également la santé mentale et le bien-être chez les ambulanciers paramédicaux.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions.
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Merci, monsieur le président, et merci, membres du Comité.
Je suis heureux d'être de retour. Je suis toujours heureux de comparaître devant votre comité pour vous parler de cet enjeu important que vous avez choisi d'étudier, car il touche un certain nombre d'employés au Service correctionnel du Canada.
La santé mentale en milieu de travail a toujours été un sujet difficile à aborder, à la fois pour ceux qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et pour les membres de la direction. Il est très important pour moi, sur le plan personnel et professionnel, de traiter cette question de façon concrète et efficace. Je suis très heureux de constater que nous commençons à observer une augmentation de la sensibilisation à l'importance de maintenir un milieu de travail sain et qu'un nombre de mesures concrètes ont été prises afin d'améliorer la situation dans l'ensemble du pays.
La décision du Comité de mener une étude sur les blessures liées au stress opérationnel et les effets de l'état de stress post-traumatique, entre autres, a permis de mettre en lumière cet enjeu. Nous espérons que cela continuera de favoriser un dialogue plus ouvert dans la société pour permettre à ceux et à celles qui souffrent en silence de se manifester. La sensibilisation et la prévention constituent l'une des meilleures approches pour mieux comprendre les afflictions telles que l'ESPT et, à cet égard, j'aimerais décrire un aperçu de certaines mesures prises par le SCC.
Comme la plupart d'entre vous le savent, notre personnel exerce ses activités dans un environnement particulier, ce qui peut avoir un effet négatif important sur le bien-être mental. Étant donné la nature du travail accompli par les membres du personnel correctionnel de première ligne, ces derniers sont susceptibles d'observer des événements stressants et traumatisants, notamment des événements pouvant entraîner la mort ou des actes violents. Pendant nos 180 ans d'existence, 34 employés ont été tués en milieu de travail, dont 33 dans des pénitenciers, et un dans la communauté.
Par conséquent, ces employés peuvent souffrir de blessures liées au stress opérationnel. Bien que le SCC reconnaisse les défis considérables que représente le travail en milieu correctionnel, nous nous engageons à offrir un milieu de travail favorisant la santé et la sécurité de tous les employés, ainsi que leur santé mentale. Je suis fier du travail accompli quotidiennement par notre personnel, et particulièrement de son dévouement et de son engagement dans les circonstances stressantes et potentiellement dangereuses qui sont courantes dans un environnement correctionnel.
Le SCC encourage ouvertement les employés à chercher du soutien pour faire face à des problèmes personnels ou professionnels qui pourraient nuire à leur bien-être. À cette fin, nous avons mis en place un Programme d'aide aux employés afin d'inciter les employés qui éprouvent des problèmes personnels ou professionnels à demander de l'aide de manière volontaire, en sachant que nos employés constituent la force et la principale ressource du service et que le bien-être et la productivité des employés peuvent être compromis en raison de problèmes personnels ou professionnels.
De plus, le Programme de gestion du stress à la suite d'un incident critique est également offert aux employés du SCC. Il s'agit d'une initiative patronale-syndicale qui a été mise en oeuvre pour les employés dans les années 1990. Actuellement, les équipes de GSIC — l'abréviation qu'on leur donne — se composent de professionnels de la santé mentale, d'aumôniers et de pairs de divers domaines qui sont formés pour se conformer aux normes nationales. On fait appel à ces équipes lorsqu'il y a un incident qui correspond aux lignes directrices de la politique concernant la prestation de services de GSIC. Il peut s'agir d'incident tel qu'un décès, un suicide, une blessure causée lors du recours à la force dans l'exercice de ses fonctions, un incident où une personne est victime de voies de fait ou tout autre incident jugé critique par la direction de concert avec le gestionnaire régional du PAE-GSIC et un professionnel de la santé mentale.
Plus récemment, des mesures ont été prises pour sensibiliser les employés du SCC aux éventuelles atteintes à la santé mentale qui peuvent découler de leur travail dans le domaine correctionnel; ces mesures comprennent notamment la formation En route vers la préparation mentale . Comme vous le savez, elle a été mise au point par le ministère de la Défense nationale pour ses employés. Cette formation de pointe dotera les employés du SCC des mêmes outils et connaissances que ceux des premiers intervenants à l'échelle du pays.
En mai dernier, nous avons formé un Comité directeur sur les atteintes à la santé mentale en milieu de travail, et il s'emploie à élaborer une stratégie globale en santé mentale en se fondant sur la nouvelle norme sur les milieux de travail sains sur le plan psychologique, laquelle a été élaborée par la Commission de la santé mentale du Canada et l'Association canadienne de normalisation. Nous avons créé une nouvelle page Web interne exhaustive destinée aux employés qui vivent une atteinte à leur santé mentale. Ils y trouveront de l'information sur les mesures qu'ils peuvent prendre et sur les ressources dont ils disposent s'ils ont besoin de soutien. La semaine dernière, nous avons distribué une publication interne portant sur les atteintes à la santé mentale en milieu de travail à tous les employés du SCC à l'échelle du Canada. Cette publication comprenait des récits d'employés du SCC sur leur expérience personnelle, des articles d'un agent de GSIC et du PAE en établissement et d'un psychologue agréé, une affiche pour aider les employés à déterminer où ils se situent dans le continuum de la santé mentale, ainsi qu'une vidéo sur le Comité directeur sur les atteintes à la santé mentale en milieu de travail du SCC.
Je vais m'arrêter bientôt, mais je pourrais parler davantage du Programme d'aide aux employés, de notre Programme de retour au travail ou de notre programme sur l'obligation de prendre des mesures d'adaptation. À mon avis, et je travaille dans ce domaine depuis maintenant 38 ans, il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un sujet très important dont il faut discuter.
Même si je représente le système correctionnel fédéral, je suis heureux de voir que les travailleurs correctionnels des provinces et des territoires peuvent également en profiter. Je suis heureux de voir qu'on les inclut dans les discussions.
Pour vous donner une idée des conditions stressantes dans lesquelles nous travaillons, l'an dernier, 27 employés ou anciens employés ont tenté de se suicider ou se sont suicidés. Cette situation démontre concrètement les difficultés auxquelles ils ont eu à faire face au cours de leur carrière. Étant donné que je suis dans ce service depuis longtemps, je connais un grand nombre de ces personnes, et c'est donc une situation très troublante.
Encore une fois, je vais m'arrêter ici. Je suis heureux de constater que le Comité mène cet examen, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais partager le temps qui me restera avec mon collègue, M. Mendicino.
Je vous remercie tous d'être ici et de votre excellent travail. Par votre entremise, nous aimerions remercier toutes les personnes que vous représentez et qui sont sur le terrain, chaque jour, chaque période de travail. Nous vous sommes reconnaissants de ce que vous faites.
J'aimerais d'abord poser des questions aux représentants de la communauté des ambulanciers paramédicaux. J'ai plusieurs questions concernant les définitions, la sensibilisation et la prévention, ainsi que le traitement.
Étant donné que les membres du Comité sont à l'étape de donner un cadre à leur rapport, j'aimerais que vous nous indiquiez les éléments à inclure dans cet exercice en ce qui concerne les définitions et la terminologie. Nous avons utilisé l'étiquette « ESPT/BSO », mais elle contient plusieurs éléments et notions auxquels nous devons faire très attention.
Monsieur Poirier, vous avez parlé du bien-être, et cela nous force à remonter le long du spectre jusqu'au résultat le plus déplorable, c'est-à-dire le suicide ou la tentative de suicide. Il y a aussi, entre autres, la dépression, l'utilisation ou l'abus de substances, les troubles de panique et d'autres troubles de santé mentale qui peuvent être diagnostiqués, et nous devons en tenir compte et potentiellement les intégrer.
Pouvez-vous formuler des commentaires sur la façon dont nous pouvons être non seulement aussi précis, mais également aussi exhaustifs que possible en ce qui a trait à la terminologie utilisée et à la définition du problème?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être ici parmi nous aujourd'hui.
On parle beaucoup de s'attaquer à la question du stress post-traumatique et c'est très important de le faire, mais je crois que dans certains cas, il faut aussi s'attaquer aux incidents et aux événements qui peuvent le causer.
Ma question s'adresse à vous, monsieur Head, et elle porte sur les institutions carcérales.
Je me souviens d'avoir lu un article, je crois que c'était en 2014, qui parlait d'une augmentation d'environ 60 % des accidents, des workplace accidents comme on le disait dans l'article, dans les institutions carcérales. Nous savons que plusieurs de ces accidents sont liés à la violence. Des situations comme la double occupation d'une même cellule peuvent entraîner des dangers pour les agents correctionnels et de la violence supplémentaire.
Y a-t-il quelque chose qui peut être fait à cet égard? Nous voulons leur apporter de l'aide dans le domaine de la santé mentale, mais y a-t-il lieu aussi de viser, en premier lieu, une réduction du nombre d'événements susceptibles de provoquer un stress post-traumatique?
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Nous n'avons pas examiné cette question en profondeur. C'est en partie attribuable au fait que ces situations surviennent en dehors du lieu de travail, et il est donc parfois difficile de recueillir l'information.
Nous avons réalisé des études au cours des 20 dernières années — rien de très détaillé, mais nous avons constaté avec nos agents correctionnels qu'il y avait certains facteurs de stress ou difficultés liés au travail. Nous avons une bonne idée du type d'événements qui affectent les gens sur le plan psychologique et nous continuons d'essayer de trouver des façons de les réduire au minimum.
Je vais vous donner un bref exemple. Au début, lorsque des gens se trouvaient dans une situation où on avait fait usage de la force létale, il y a 30 ans, on les retirait de leur lieu de travail et on les envoyait généralement au collège afin qu'ils deviennent des formateurs, et ce, sans recevoir aucun soutien.
Presque tous ceux que je connais qui ont été impliqués dans l'un de ces incidents ont fini par souffrir d'importants troubles psychologiques et problèmes de santé mentale. Ce n'est qu'au cours de la dernière décennie que nous avons commencé à nous pencher plus sérieusement sur les interventions appropriées dans ce cas. Comment peut-on offrir du soutien adéquat à ces personnes, sans qu'elles n'aient à décider d'accepter la situation et de revenir au travail ou de partir et d'être oubliées?
Il y a certaines choses sur lesquelles nous devons travailler, mais pour ce qui est des recherches approfondies, nous n'avons pas la capacité de le faire ni l'information à notre disposition.
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Il y a toute une série de mesures que vous voudriez peut-être prendre en considération.
Il faut déterminer comment offrir une formation normalisée en matière de sensibilisation afin d'éliminer les préjugés, d'encourager les gens à chercher de l'aide et de mobiliser les superviseurs. Nous devons également préparer les gestionnaires qui sont appelés à traiter ce genre de situations. Ce ne sont pas des situations faciles à gérer. Alors comment peut-on préparer les gestionnaires à faire face à ce type de situations?
Il y a également le soutien aux membres de la famille. Dans le cadre de notre programme de sensibilisation à la santé mentale En route vers la préparation mentale, non seulement nous cherchons à venir en aide au personnel et aux gestionnaires, mais dans les deuxième et troisième phases de notre initiative, nous essayons d'offrir de l'aide aux membres de la famille.
Pour ce qui est des traitements normalisés accessibles, tout le monde est concerné, et pas seulement certaines catégories de premiers intervenants. Il faut que ce soit uniforme à l'échelle du pays. Que ce soit des militaires, des agents de la GRC, des agents correctionnels ou des ambulanciers paramédicaux, on ne fait pas la distinction. Il faut adopter une approche uniforme et obtenir du financement en conséquence.
Par l'intermédiaire d'organismes provinciaux de la CAT, nous devons trouver le moyen d'aider les gens à naviguer dans le système lorsqu'ils ont besoin d'aide. C'est souvent l'un des plus grands problèmes auxquels nous sommes confrontés.
On parle beaucoup des statistiques concernant les personnes qui vont chercher de l'aide, mais on ne parle pas de la majorité silencieuse qui ne demande pas d'aide parce que le système est trop compliqué. Les processus de la CAT sont si compliqués que nous devons affecter des personnes au sein de notre propre organisation pour aider les gens à naviguer dans un système que nous ne gérons même pas.
Il pourrait donc être très utile de réfléchir à ce genre de choses.
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C'est une très bonne question.
Depuis deux ans, la Gendarmerie royale du Canada dispose d'une stratégie complète en matière de santé mentale. La première année, des gabarits étaient utilisés pour aider les gestionnaires à communiquer avec nos membres. Il s'agissait vraiment de se sensibiliser à nos membres et à leur histoire.
Le gendarme Neily, à Cornwall, a réalisé des vidéos à ce sujet. Il a accompli du très bon travail
[Traduction]
Le gendarme Neily a pris les choses en main et est devenu le porte-étendard de la santé mentale au sein de notre organisation. Nous avons des membres qui vont s'adresser aux gens. Nous avons constaté qu'il y avait un intérêt marqué, et nos membres ont accepté de parler de leur expérience. Lorsqu'un autre agent ou un confrère peut leur dire: « Voici ce qui m'est arrivé et voici comment je m'en suis remis », ce sont des témoignages extrêmement significatifs pour eux. C'était au cours de la première année de l'initiative.
Nous avions des trousses d'outils et nous avons mis l'accent sur la déstigmatisation entourant la santé mentale. Nous n'utilisons pas le terme « trouble » de stress post-traumatique au sein de la GRC. En fait, nous évitons de l'utiliser. Nous parlons plutôt d'une « blessure ». En réalité, il s'agit d'une blessure de stress opérationnel et non pas d'un trouble. Autrement, cela constituerait un stigmate pour les personnes concernées.
La deuxième partie est la formation. Un peu comme tous les autres, nous déployons le programme RVPM. Nous l'avons mis à l'essai au Nouveau-Brunswick, et ce, même avant que la tragédie ne survienne à Moncton. Nous avons mis en place le programme, et des études nous ont démontré qu'il était efficace. Nous poursuivons son déploiement.
Nous avons également un réseau de pairs partout au pays. Ce sont des membres qui sont formés pour examiner ces questions. Dans le cadre de la formation, il en est question dès le programme de formation de base. Nous en parlons au début, puis nous continuons d'en parler tout au long de la carrière.
C'est toujours un travail en cours, et c'est là où nous en sommes pour l'instant. Nous menons un projet de recherche, et nous sommes d'avis qu'il faut élargir nos recherches afin de découvrir ce qui se passe dans la vie de nos membres, à partir de la formation à Regina et pendant toute leur carrière.
Je pense que beaucoup de gens se font demander: y a-t-il des idées préconçues en ce qui concerne votre travail? Oui. Y a-t-il certaines situations qui pourraient faire en sorte que vous subissiez cette blessure? Oui. Nous essayons de repérer ces indicateurs, de manière à pouvoir renforcer la résilience de nos membres et déployer de meilleures stratégies pour leur venir en aide.
C'est ce que nous faisons au sein de notre organisation.
:
Monsieur le président, je vais m'exprimer en anglais car je serai en mesure de mieux répondre à la question.
[Traduction]
J'aimerais parler des trois étapes: l'éducation, le recrutement et la gestion d'un incident, parce que je ne crois pas qu'on a abordé cet aspect.
En ce qui concerne l'éducation, j'ai parlé un peu plus tôt des changements que nous avons apportés à la façon d'enseigner aux ambulanciers paramédicaux. La structure évolue en ce moment car nous reconnaissons que la santé mentale fait partie intégrante du processus.
Les collèges ont déjà commencé à l'adopter, et elle occupe une plus grande place au sein de la structure d'éducation. À mesure que nous le reconnaissons et que nous progressons vers le programme d'études menant au baccalauréat, nous examinons les rôles des ambulanciers paramédicaux. Lorsqu'on est professionnel, l'introspection fait partie de ce concept. C'est un élément très important pour comprendre où on en est dans le contexte. Par conséquent, la formation évolue pour inclure les problèmes de santé mentale.
Le recrutement des ambulanciers paramédicaux est un peu inégal à l'échelle du pays, y compris leur formation initiale, en ce qui a trait à la façon dont ils se perçoivent eux-mêmes et perçoivent leurs problèmes de santé mentale et à la façon dont ils s'intègrent dans l'organisation. Je pense que Randy Mellow a parlé plus tôt de tous ces facteurs qui ont une incidence sur notre bien-être, que ce soit les quarts de travail, les heures de travail, les incidents aléatoires qui surviennent et la façon dont ils peuvent nous affecter.
En ce qui concerne le dernier aspect — la gestion d'un incident —, c'est un domaine dans lequel on a pu observer des changements assez importants et dont on n'a pas beaucoup parlé aujourd'hui. Je m'excuse d'avance, mais je vais utiliser l'exemple de la mort subite du nourrisson. Cet événement peut affecter les gens de différentes façons. À l'heure actuelle, nous ne savons pas encore exactement comment venir en aide à nos ambulanciers paramédicaux à la suite d'un tel événement, et c'est un aspect assez intéressant sur lequel nous nous penchons en ce moment.
On offre des services de gestion du stress à la suite d'un incident critique et on organise des séances de verbalisation suivant un incident critique. Beaucoup de recherches ont été effectuées sur la meilleure façon d'aider ces gens. Nous n'avons pas encore la réponse.
Partout au pays, les différents services ont adopté différentes méthodes. La gestion du stress à la suite d'un incident critique est la plus courante, mais on ne sait pas si c'est la meilleure. La recherche est donc un aspect important si nous voulons comprendre quelle est la meilleure intervention à mettre en place. Pour l'instant, on l'ignore. Je pense que nous sommes tous aux prises avec ce problème, étant donné que les premiers intervenants réagissent tous différemment face à un même événement.
Un ambulancier paramédical, un policier ou un pompier peuvent avoir été témoin du même événement et avoir chacun une perception différente. C'est un domaine où nous...