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Bonjour. Je m'appelle Bruno Gendron, et je suis un policier de la Ville d'Ottawa depuis 10 ans. Avant cela, j'ai été ambulancier paramédical à la Ville d'Ottawa pendant 17 ans.
Depuis que je travaille pour la police d'Ottawa, je suis en charge du programme des défibrillateurs, qui a été instauré au début de l'année 2001. Le service paramédical et la Ville d'Ottawa se sont jumelés pour installer des défibrillateurs dans les véhicules de patrouille. En ce moment, à Ottawa, il y a 171 défibrillateurs assignés au service de police. L'installation de défibrillateurs a pour but premier de soutenir les patrouilleurs qui répondent aux appels du 911. On retrouve un défibrillateur dans chaque véhicule de police identifié.
Aussitôt qu'ils reçoivent une demande du service paramédical à la suite d'un appel 911, les policiers y répondent. Il peut s'agir d'une personne inconsciente, qui a des convulsions ou qui subit un arrêt cardiaque. En tout temps, dans la Ville d'Ottawa, il y a 42 patrouilleurs. Il y a donc 42 défibrillateurs disponibles en tout temps dans la ville. À elle seule, la Ville d'Ottawa compte plus de défibrillateurs que les ambulanciers et les pompiers réunis.
Il y a un avantage à avoir des défibrillateurs à bord des véhicules de police. La plupart du temps, les policiers sont dans leur véhicule, prêts à répondre à un appel. D'après mon expérience dans ce métier, je sais que l'ambulancier paramédical passe la plus grande partie de son temps à une station d'ambulance ou à l'hôpital. Quand il doit répondre à un appel, il lui faut donc du temps avant de se mettre en route et d'y répondre. Il y a toujours une à deux minutes de délai avant de pouvoir répondre à l'appel, tandis qu'un policier assis dans son véhicule peut réagir plus rapidement quand il reçoit un appel.
Il y a un autre facteur important. Les policiers travaillent dans différents secteurs de la ville. Ils connaissent leur quartier et savent donc quels sont les chemins en construction et les rues fermées, par exemple. C'est un atout. Le délai d'intervention est critique dans le cas d'un arrêt cardiaque car le temps compte. À Ottawa, on utilise un défibrillateur sur une personne en moyenne six fois par mois, et les efforts des policiers qui utilisent un défibrillateur sauvent en moyenne deux personnes par année.
Il y a quand même un désavantage à placer des défibrillateurs dans les véhicules des policiers: les défibrillateurs doivent être gardés à l'intérieur et entreposés à une certaine température. Le climat d'Ottawa pose un petit problème. Les électrodes sont faits de gel. S'ils sont gardés à une température très froide, ils gèlent, ce qui peut causer des problèmes à long terme. Il n'y a pas assez d'espace pour garder les défibrillateurs dans l'habitacle, là où les policiers sont assis. Les défibrillateurs doivent donc être mis dans le coffre. C'est un des problèmes.
Le défibrillateur s'accompagne d'une trousse de premiers soin, ce qui comprend un masque à utiliser durant les interventions.
Notre programme, en coopération avec la Ville d'Ottawa et le service paramédical, fonctionne très bien. Nous utilisons les défibrillateurs depuis 2001, et il n'a jamais été question de retirer les défibrillateurs des voitures de police.
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Bonjour. Je m'appelle Jocelyn Grondin, directeur général d'Urgence Bois-Francs. Je suis accompagné de Philip Girouard, le président de l'entreprise, qui est aussi ambulancier paramédical. Urgence Bois-Francs est une coopérative.
Nous allons commencer par présenter l'entreprise.
Nous couvrons tout le territoire de la MRC d'Arthabaska, ce qui veut dire que nous sommes situés à mi-chemin entre la ville de Québec et la ville de Montréal. C'est un milieu rural, et nous avons un très grand territoire d'environ 2 000 km2. Pour vous donner une idée de l'envergure de la tâche, 42 ambulanciers paramédicaux travaillent dans notre entreprise et nous répondons à entre 7 000 et 8 000 appels par année avec cinq ambulances. Comme notre territoire est très grand, le fait que les premiers répondants et d'autres personnes aient accès à des défibrillateurs externes automatisés, ou DEA, est extrêmement utile à notre travail d'ambulanciers paramédicaux.
Je vais commencer par une petite déclaration qui peut paraître opportuniste, mais c'est à la mode actuellement. Urgence Bois-Franc est aussi un service de formation, et il vend des DEA pour qu'il y en ait le plus possible dans notre territoire. Nous en vendons aux municipalités, aux premiers répondants, aux clubs d'âge d'or, et le reste.
Comme je le disais, notre territoire est très grand et le délai d'intervention dans les municipalités que nous desservons est de plus de 10 minutes. Vous avez sûrement déjà entendu dire que, lors d'un arrêt cardiaque, chaque minute qui passe entraîne une diminution de 10 % des chances de survie. En gros, nous avons donc 10 minutes pour intervenir. Cela s'applique à la survie, mais pas à la survie sans séquelle. Pour qu'il n'y ait pas de séquelle, il nous faut idéalement intervenir avec un DEA en quatre minutes, plus ou moins. En ce qui nous concerne, compte tenu du nombre d'ambulances que nous avons pour couvrir le territoire, c'est pratiquement impossible d'y arriver, à moins que l'urgence se produise près de la station. Bien sûr, si l'urgence survient à Victoriaville, nous sommes en mesure d'intervenir en deux minutes et demie ou trois minutes, mais pour ce qui est des endroits qui sont à plus de 15, 20 ou 30 km, c'est utopique de penser pouvoir intervenir dans un délai assez rapide.
Nous avons dénombré 53 DEA dans le territoire. Ils appartiennent aux municipalités et ils sont dans des lieux publics. Nous estimons que le double de ce nombre de DEA se trouvent dans des entreprises. C'est un secteur qui a un bon nombre de DEA parce que le gouvernement s'en est occupé, surtout au niveau municipal. Au palier fédéral, M. Alain Rayes a fait adopter une motion pour qu'il y ait des DEA dans les véhicules de la GRC. Il a été très proactif. Cela nous a quand même apporté quelque chose.
Ce qui est intéressant, c'est que nous obtenons des résultats probants compte tenu de ce que je vous mentionnais. Le territoire est très grand, c'est en milieu rural et parfois il n'y a pas de voie rapide pour atteindre certains endroits. La Sûreté du Québec, la SQ, a décidé de lancer un projet pilote en 2013 dans le but d'appuyer les ambulanciers paramédicaux, parce que les délais d'intervention étaient longs, et d'améliorer le taux de survie.
Depuis 2013, il y a donc des défibrillateurs externes automatisés dans les véhicules de la Sûreté du Québec de la MRC d'Arthabaska. Cela a commencé de façon très modeste: en 2013, quatre interventions ont été menées par des policiers qui étaient munis d'un DEA; en 2014, on a pratiqué six interventions; en 2015, on a pratiqué quatre interventions; en 2016, il y a eu 14 interventions; en 2017, il y en a eu trois; et en 2018, cinq interventions ont eu lieu jusqu'à maintenant. Cela semble peu, mais 36 interventions ont été faites depuis 2013 par des agents de la Sûreté du Québec dont les véhicules étaient munis d'un DEA.
Selon les propres statistiques de la SQ, deux vies ont été sauvées grâce à un DEA. Les policiers considèrent qu'ils ont sauvé ces deux vies. Selon nous, c'est un travail d'équipe. Lorsque les ambulanciers paramédicaux interviennent après les policiers, la survie des personnes nous est attribuée. Les gens pensent que nous avons sauvé la vie de la personne mais, dans bien des cas, c'est parce que les agents de la Sûreté du Québec sont intervenus rapidement avant nous, grâce à une bonne formation et en utilisant le bon outil.
Devant le succès que cela a eu, en 2015, la MRC voisine, soit la MRC de l'Érable, a décidé de nous emboîter le pas. J'ai des chiffres: en 2015, huit interventions ont été faites; en 2016, il y en a eu quatre; en 2017, huit interventions ont été faites; et en 2018, jusqu'à maintenant il y a eu deux interventions. Encore là, le total est de seulement 22 interventions, mais deux vies ont été sauvées. Parmi les gens qui ont été sauvés, il y a une femme de 48 ans de Notre-Dame-de-Lourdes, un monsieur de 57 ans de Saint-Norbert-d'Arthabaska et un autre homme de 48 ans.
Le fait que les policiers la Sûreté du Québec aient des DEA dans leurs véhicules facilite notre travail d'ambulanciers paramédicaux pour deux raisons. D'abord, il est plus intéressant pour nous de répondre à un appel, même si nous savons que nous roulerons 15 ou 20 minutes, en sachant au moins, que quelqu'un de la SQ sera intervenu avec un DEA entre-temps. Il est permis de croire que, lorsque nous arriverons, la personne aura de meilleures chances de survie que si le service d'ambulance seulement s'était rendu sur place. Il faut se rappeler aussi, comme je vous l'ai dit, que nous sommes en milieu rural.
Nous travaillons donc beaucoup avec les premiers répondants. Il y a trois services officiels de premier répondant sur notre territoire.
En 2015, 612 interventions ont été faites par les premiers répondants; en 2016, 644; en 2017, 681; et en 2018, jusqu'à maintenant, il y en a eu 490.
Il faut être conscient que plusieurs services de premier répondant, que ce soit les services d'incendie ou autres, ont des DEA dans leurs véhicules. Je n'ai pas pu obtenir le nombre de vies sauvées grâce aux DEA, mais c'est certain que cela a permis d'en sauver, du fait que les premiers répondants interviennent avant nous. En milieu rural, on n'a pas le choix d'avoir de l'aide, parce que le service ambulancier ne réussira jamais à répondre à tous les appels.
Par contre, il y a encore place à amélioration. Nous avons été chanceux, ou malchanceux. Le 19 avril 2018, mon adjointe s'est arrêtée sur la scène d'un accident sur le bord de la route pour faire des manoeuvres de réanimation cardiorespiratoire, ou RCR. C'était à environ 25 minutes de la caserne d'ambulance. Il a fallu attendre l'ambulance. C'est le service de premier répondant, soit le service d'incendie de la municipalité où l'accident a eu lieu, qui est arrivé en premier. Lorsqu'elle a demandé au pompier de lui apporter un DEA, il n'en avait malheureusement pas, et cela l'a beaucoup surprise.
Le pompier n'est donc pas intervenu. Vu que le service d'incendie n'a pas de DEA, il n'offre probablement pas de formation de RCR. L'homme qui était blessé, âgé de 40 ans, est décédé. Un DEA n'est pas une machine miracle. Cela ne veut pas dire qu'il aurait survécu s'il y avait eu un DEA, mais ses chances auraient été meilleures. Malgré toutes les manoeuvres de RCR que mon adjointe a faites, le DEA est arrivé avec l'ambulance, soit une vingtaine de minutes plus tard. Il était donc 10 ou 15 minutes trop tard. Malheureusement pour cet homme, son existence a pris fin à ce moment.
Un autre cas s'est produit dernièrement. Un homme a fait un arrêt cardiaque à Saints-Martyrs-Canadiens, une municipalité située à environ 25 minutes de chez nous. Encore une fois, il a fallu courir chercher le DEA dans le village. Si le service d'incendie avait eu un DEA ou s'il y en avait eu plus proche d'un service d'intervention d'urgence autre que l'ambulance, probablement que cela aurait mieux fini. Cet homme n'est pas décédé, il a survécu, mais il aura peut-être des séquelles qu'il n'aurait pas eues si un DEA fonctionnel avait été disponible.
Pour tout cela, nous croyons au DEA. C'est un appareil facile d'utilisation. En 20 minutes, il est possible d'enseigner l'utilisation d'un DEA à n'importe qui d'une intelligence moyenne. C'est un appareil qui est à l'épreuve des imbéciles. C'est un appareil dont le prix est abordable; les meilleurs modèles coûtent environ 1 000 $ en achat groupé. On peut même s'en procurer un de moins bonne qualité pour quelques centaines de dollars. Il est facile à entretenir et a une durée de vie presque illimitée si on en prend soin. Tout ce qu'on doit vérifier, c'est le crochet vert. C'est un appareil durable.
Voici les petites recommandations que nous avons à la suite de l'implantation de DEA à la Sûreté du Québec.
Premièrement, si les DEA sont implantés, il faudrait en parler aux services ambulanciers dans les municipalités avoisinantes. La Sûreté du Québec a un un DEA qui n'est pas compatible avec nos moniteurs. Étant donné qu'au Québec tout le monde a le même moniteur, il aurait été si simple de prendre les mêmes DEA, avec les mêmes électrodes. On aurait ainsi épargné du temps et de l'argent, parce qu'on se servirait d'un seul ensemble d'électrodes plutôt que de deux.
Ensuite, il faudrait opter pour un modèle dont la durée de vie est pratiquement illimitée. Certains modèles ont une durée de vie limitée. Il faudrait aussi que ce soit un modèle doté d'un seul ensemble d'électrodes. Présentement, des DEA nécessitent des électrodes pour adultes et des électrodes pédiatriques alors que d'autres modèles ne nécessitent qu'un seul ensemble d'électrodes. Il y aurait des économies à réaliser à cet égard.
Enfin, il faudrait prévoir un budget pour la formation et pas uniquement pour l'appareil. On aura beau avoir le meilleur appareil au monde, si la manoeuvre de RCR n'a pas été bien faite et que la personne ne sait pas comment réagir, cela ne donnera pas grand-chose. C'est important d'avoir un outil, mais il faut aussi être capable de s'en servir.
L’Ambulance Saint-Jean forme chaque année plus de 500 000 Canadiens aux premiers soins, à la réanimation cardiopulmonaire, la RCR et à l’utilisation du défibrillateur externe automatisé, le DEA. Cela fait 135 ans cette année que l'Ambulance Saint-Jean forme la population du Canada.
Je m'appelle Shawn McLaren et je suis le responsable de l'Apprentissage chez Ambulance Saint-Jean. Mon homologue, Andrew Stanzel, est le commissaire du conseil du District fédéral. Il dirige tous nos premiers répondants médicaux. Il est lui-même premier répondant médical et infirmier autorisé.
La RCR est souvent ce qui vient à l’esprit lorsque les gens pensent aux premiers soins en cas d’arrêt cardiaque. Cependant, la RCR n’est qu’une partie du portrait. Ambulance Saint-Jean enseigne l'approche de la « chaîne de survie » qui comporte les cinq étapes importantes à suivre pour aider une personne en arrêt cardiaque.
La première étape est la reconnaissance immédiate d'une urgence cardiovasculaire et l'appel au 911. La deuxième est la RCR précoce en mettant l'accent sur les compressions thoraciques. La troisième est la défibrillation rapide.
Je vais m'arrêter ici pour donner plus de détails sur l'utilisation d'un DEA, compte tenu de la nature du Comité. Durant les compressions et les respirations initiales de la RCR, nous disons que quelqu'un doit trouver un DEA et le préparer pour l’utilisation. Le temps est un facteur déterminant de la survie après un arrêt cardiaque. Le coeur ne reste en fibrillation que peu de temps avant que toute activité électrique cesse. La défibrillation doit être effectuée tôt pour être efficace.
La RCR peut permettre au sang oxygéné de circuler dans le cerveau et aider à prolonger le maintien du coeur en tachycardie ventriculaire, TV ou en fibrillation ventriculaire, FV, les seules arythmies qu'un DEA stimulera. La RCR peut donc gagner un peu de temps pour la victime jusqu'à ce que le DEA soit fixé et puisse donner un choc. Ainsi, plus un DEA est facile d'accès, plus il peut être utilisé rapidement. Plus tôt un DEA est utilisé dans cette situation, meilleures sont les chances de survie de la victime.
Poursuivons les étapes. La quatrième est la prestation de soins de réanimation intensive. Comme cinquième étape, nous avons les soins intégrés après un arrêt cardiaque.
Toutes ces étapes sont aussi importantes l'une que l'autre. Le temps est l'élément essentiel. Pour donner une chance raisonnable de survie à une victime d’un arrêt cardiaque, la RCR doit commencer immédiatement, suivie d’une défibrillation dès que possible. Pour les deux procédures, le plus tôt sera le mieux. Un secouriste prêt à agir est essentiel pour les trois premiers maillons de la chaîne de survie.
Outre l'utilisation d'un DEA en cas d'arrêt cardiaque, deux autres facteurs doivent être pris en compte: la disponibilité du DEA et la confiance ou l'efficacité dans son utilisation. La disponibilité d'un plus grand nombre de DEA dans la collectivité permet directement de réduire le délai d'utilisation d'un appareil. La présence de DEA dans les véhicules de la GRC permet de les utiliser rapidement.
La confiance et l'efficacité optimales passent par une recertification annuelle en RCR et à l'utilisation du DEA, ce que nous recommandons, bien que peu de membres du public suivent cette recommandation. Sans certification annuelle du public, il est encore plus important que les personnes certifiées chaque année en RCR et à l'emploi des DEA aient accès à des DEA. À ma connaissance, les agents de la GRC font partie de ce groupe. S'ils ne renouvellent pas actuellement leur certification en RCR/DEA chaque année, ils devraient le faire si le Comité conclut qu'un DEA doit être placé dans tous leurs véhicules.
Pour illustrer l'importance de la formation à l'utilisation d'un DEA, nous avons inclus une enquête menée en février 2018 en Colombie-Britannique. Des personnes ont été interrogées, entre autres, sur la probabilité qu'elles aient à utiliser un DEA si elles se trouvaient devant une urgence médicale. Parmi les personnes interrogées, 67 % ont dit qu'elles seraient « très susceptibles » ou « plutôt susceptibles » d'utiliser un DEA.
En revanche, par rapport à l'utilisation d'un DEA, les personnes interrogées seraient plus susceptibles de prendre les mesures suivantes si elles étaient témoins d'une urgence médicale: pour 98 % d'entre elles, il était « très probable » ou « plutôt probable » qu'elles composent le 911; la proportion passe à 91 % pour ce qui est de vérifier si la personne respire normalement et à 72 % pour ce qui est de pratiquer la RCR. Donc, l'utilisation d'un DEA arrive au quatrième rang dans ces statistiques.
Les principales raisons pour lesquelles il était peu probable que les personnes interrogées dans cette enquête utilisent un DEA dans une situation d’une urgence médicale sont les suivantes: 56 % ont dit ne pas savoir utiliser un DEA; 53 % ont dit craindre de mal l'utiliser et de causer du tort; 36 % ont dit ne pas savoir quand utiliser l'appareil; 19 % craignaient d'être poursuivies en justice par la victime; et 13 % craignaient de se blesser en utilisant un DEA.
Ces réponses sont révélatrices de personnes qui n'ont pas suivi de formation ou qui n'ont pas été formées récemment. Une formation adéquate sur l'utilisation d'un DEA pourrait éliminer la majorité de ces craintes par rapport à l'intervention. Le problème qu'a révélé cette enquête, c'est que seuls 23 % des habitants de la Colombie-Britannique ont suivi une formation à l'utilisation du DEA.
Avec moins du quart des personnes formées à l'emploi du DEA et une proportion encore plus faible ayant suivi cette formation au cours de la dernière année, il y a lieu de croire qu'un petit nombre de personnes auraient assez confiance en elles pour utiliser un DEA en situation d'urgence. C’est d’autant plus une raison de mettre les DEA entre les mains des premiers intervenants qui, non seulement suivent une recertification annuelle en RCR et DEA, mais les auraient à portée de main dans leurs véhicules.
Pour illustrer l'avantage de disposer d'un DEA à proximité d'urgences éventuelles, j'aimerais vous faire part des détails d'un événement survenu le 23 septembre 2018. À l'appui de la Course de l'Armée de terre ici à Ottawa, notre équipe de premiers répondants médicaux faisait partie d'un groupe chargé de fournir les premiers soins à la ligne d'arrivée de toutes les courses de la journée. Durant le demi-marathon, l'un de nos bénévoles a été témoin de l'effondrement soudain d'un coureur dans les 100 derniers mètres.
Peu de temps après, l’équipe était aux côtés de la victime, la RCR a commencé et le DEA — qui fait partie de l'équipement de premiers soins que nos premiers répondants apportent lorsqu'ils sont en fonction — a été préparé en vue de son utilisation. Après la stimulation donnée à l'aide du DEA, la victime a recommencé à respirer et a retrouvé un rythme sinusal normal avant l'arrivée du service médical d'urgence. Les ambulanciers d'Ottawa ont transporté le coureur à l'Institut de cardiologie où il a subi une angiographie d'urgence.
En conclusion, pouvoir fournir une défibrillation rapide est un élément clé de la chaîne de survie. Afin de permettre une défibrillation rapide, un DEA doit être facilement accessible et sa présence dans les véhicules de la GRC contribue à ce que cela devienne une réalité.
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Bonjour, monsieur le président, honorables membres du Comité, je vous remercie d'avoir invité la GRC à prendre la parole aujourd'hui à propos de la motion 124 portant sur les défibrillateurs externes automatisés, ou DEA.
Je suis accompagnée aujourd'hui de mes collègues Bruce Christianson, de la Section de la santé et de la sécurité au travail de la GRC, et Nathalie Guilbault, de la Section de la gestion des biens et du matériel. Nous sommes ici pour vous fournir quelques renseignements et répondre à vos questions de manière à faciliter vos délibérations sur cette motion.
Selon la Fondation des maladies du coeur et de l'AVC du Canada, environ 40 000 Canadiens sont victimes d'un arrêt cardiaque chaque année, dont 80 % en dehors d'un milieu hospitalier. C'est pour cette raison que chaque agent de la GRC doit suivre une formation et être accrédité à nouveau en premiers soins et en réanimation cardiopulmonaire ou RCP, ce qui comprend l'utilisation d'un DEA. La GRC est soucieuse des collectivités, et la formation en RCP et en premiers soins de nos agents est un perfectionnement visible de notre rôle en matière de sécurité publique en tant que premiers intervenants.
En ce moment, dans la plupart des collectivités canadiennes, plus de la moitié des victimes d'arrêt cardiaque ne reçoivent pas la RCP avant l'arrivée des ambulanciers paramédicaux et des premiers intervenants. Tous les agents de police veillent à la sécurité et au bien-être dans les collectivités. Heureusement, l'accès public aux DEA a augmenté considérablement dans les dernières années au Canada. Nous jugeons encourageante l'installation de DEA dans des espaces publics tels que des patinoires, des stades et des centres de loisirs partout au Canada.
Nous sommes conscients que la motion 124 prévoit l'installation de DEA dans tous les véhicules de la GRC, ce qui améliorerait l'accès public à ces appareils qui peuvent sauver des vies. Nous sommes ici aujourd'hui pour fournir des renseignements au Comité et souligner les facteurs à prendre en considération au sujet de la motion, qui, nous espérons, éclaireront les délibérations du Comité.
J'aimerais offrir au Comité un aperçu des politiques et de l'utilisation actuelles des DEA au sein de la GRC.
La GRC a adopté un programme limité sur les DEA qui est encadré par le Manuel national en matière de sécurité au travail de la GRC. L'installation et l'utilisation des DEA ont été approuvées dans les secteurs opérationnels suivants de la GRC: pour les groupes des interventions médicales d'urgence; pour le programme divisionnaire de condition physique et de mode de vie; pour certains pelotons de la police de protection et lorsque les normes provinciales des services de police exigent qu'un DEA soit accessible. De plus, le cours élémentaire de premiers soins comprend une formation sur l'utilisation des DEA. Tous les membres de la GRC doivent suivre ce cours et renouveler leur accréditation tous les trois ans.
En ce qui concerne les coûts, plusieurs facteurs liés à la mise en oeuvre opérationnelle et aux finances doivent être évalués. Nous avons entamé une étude préliminaire de la portée dans le but de faire ressortir les défis précis pour la GRC et de vous fournir des variables pour mieux évaluer l'envergure financière nécessaire.
Par exemple, dans le cadre du Sommet du G7 en juin 2018, la GRC a effectué un exercice d'approvisionnement pour acheter un nombre limité de DEA dédiés à cet événement. Ces appareils étaient d'une valeur approximative de 1 700 $ par unité, ce qui correspond à la fourchette des coûts présentée à ce comité en juin. De plus, les DEA plus compacts qui ont été achetés en 2016 pour nos groupes des interventions médicales d'urgence coûtent environ 4 500 $ par unité.
En date de septembre 2018, la GRC possédait une flotte d'environ 12 200 véhicules. De ce nombre, 5 000 véhicules sont des voitures de police identifiées. Le reste de la flotte est composé de véhicules opérationnels non identifiés, de véhicules administratifs et de véhicules à usage déterminé.
Il est important de prendre en considération les coûts additionnels pour l'entretien continu et le remplacement de ces appareils. Il y a aussi d'autres facteurs qui pourraient faire augmenter les coûts ou créer des difficultés lors de la mise en oeuvre des DEA dans la flotte de la GRC.
La GRC a fait l'acquisition d'un nombre limité de DEA. Ces appareils ont été achetés pour être principalement utilisés dans les installations de la GRC ou lors d'événements de courte durée, comme le récent Sommet du G7. Afin de déterminer quel type ou quelle gamme d'appareils seraient convenables pour la flotte de la GRC, une analyse approfondie des besoins serait nécessaire pour évaluer les paramètres opérationnels, comme le climat, la température, la durabilité et l'interopérabilité avec notre matériel existant. Cette analyse est nécessaire pour s'assurer que les appareils dont nous ferons l'acquisition soient conformes à une norme connue, peu importe les conditions météorologiques, la température ou l'emplacement au Canada.
La GRC tient compte d'un certain nombre de facteurs lorsqu'elle prend une décision concernant l'achat et la mise en oeuvre de nouvel équipement pour les agents de police.
Compte tenu du rôle particulier de la GRC qui consiste à fournir des services de police contractuels au Canada, les décisions prises par les provinces, les territoires et les municipalités ont une grande influence sur la façon dont la GRC gère les questions liées au nouvel équipement, notamment l'achat, l'entretien et la distribution de ce nouvel équipement aux membres de première ligne, ainsi que la formation connexe. Cependant, pour des raisons de sécurité des agents de police au point de vue du Code canadien du travail, la GRC établit des normes minimales. Actuellement, la GRC fournit des services de police contractuels à toutes les provinces, à l'exception de l'Ontario et du Québec, et à environ 150 municipalités. Ces services sont offerts en vertu des ententes sur les services de police, et le coût des services est partagé entre les administrations municipales ou provinciales et le gouvernement fédéral.
Les provinces, les territoires et les municipalités établissent le niveau de ressources, le budget et les priorités en matière de services de police en collaboration avec la GRC. Un financement est alloué à la GRC pour l'achat de nouvel équipement par l'administration locale, qui en déterminera la nécessité grâce à des consultations.
Pour mettre en œuvre la motion 124, la GRC devrait tout d'abord déterminer la gamme d'appareils qui pourraient être convenables pour une utilisation nationale. Une analyse serait également nécessaire pour déterminer la façon dont ces appareils pourraient être intégrés dans les véhicules de la GRC, tout en tenant compte de tout le reste de l'équipement dont un agent a besoin dans l'exercice de ses fonctions quotidiennes, et ce, plus particulièrement dans le Nord. De plus, une consultation serait nécessaire auprès des partenaires contractuels pour déterminer l'envergure possible de la mise en œuvre de ces appareils.
La GRC est résolue à assurer la sécurité de ses employés et des citoyens. Bien que notre mandat principal soit le maintien de l'ordre public, nous nous trouvons souvent à offrir notre soutien aux premiers intervenants. Nous continuerons de travailler en partenariat avec les intervenants partenaires, dont les provinces, les territoires et les municipalités, de manière à établir les priorités en matière de services de police dans leurs administrations respectives.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
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Effectivement. Ce sont précisément ces appareils avec un boîtier Pelican qui équipent les voitures de la police d'Ottawa, leur prix s'élevant à 1 700 $.
Vous avez dit tout à l'heure, madame la surintendante, que vous n'avez pas encore effectué l'analyse coût-bénéfice qu'exige tout achat d'équipement. Or, la motion sur laquelle nous nous penchons aujourd'hui remonte à mars dernier. Je comprends mal comment il se fait que l'évaluation des coûts et des avantages de cet équipement n'ait pas encore été effectuée, et je serais curieux de savoir pourquoi.
Pam, pour ce qui est du coût, n'avez-vous pas évoqué le chiffre de 8,5 millions de dollars?
On a versé à Omar Khadr 10,5 millions de dollars. La patinoire de hockey installée sur la Colline parlementaire a coûté 8 millions de dollars. L'argent consacré à la patinoire aurait à lui seul presque suffit.
Or, puisqu'on estime que les DEA permettraient de sauver chaque année quelque 3 000 vies, cela donne, en moyenne, le chiffre de 2 800 $ par vie. Cela ne me paraît pas excessif, d'autant plus qu'un DEA dure à peu près quatre ans sans...
M. Scott Reid: Dix ans.
M. Glen Motz: Les coussinets ont une vie utile de quatre ans. Leur entretien ordinaire est facile. Ce ne serait pas compliqué étant donné que vos agents ont tous une formation en réanimation cardiorespiratoire et cette formation comprend le maniement de ce type d'appareil.