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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi, mesdames et messieurs les membres du Comité. C'est un plaisir de revenir de nouveau. Merci de votre invitation à venir à cette occasion pour parler des consultations qui sont menées au sujet du cadre de sécurité nationale. J'aimerais commencer par remercier le Comité d'avoir entrepris cette étude. Ce cadre fait partie intégrante de l'approche du gouvernement face à l'avenir en ce qui concerne la sécurité nationale, et je suis reconnaissant de la participation du Comité à l'examen de ce cadre.
J'aimerais aussi souhaiter la bienvenue à Malcolm Brown. C'est la première fois qu'il a l'occasion de comparaître devant le Comité en qualité de sous-ministre de la sécurité publique. Je me fie à son bon travail ainsi qu'à celui des femmes et des hommes qui travaillent fort et si fidèlement au sein du ministère au soutien des intérêts du Canada en matière de sécurité.
Au cours de la deuxième heure, vous aurez devant vous le directeur du SCRS, Michel Coulombe, et le commissaire de la GRC, Bob Paulson. Ces séances sont toujours extrêmement intéressantes. Même s'il n'est pas présent en ce moment, j'aimerais saluer en particulier le commissaire Paulson, qui a fait une annonce historique ce matin au sujet d'un règlement hors cour, et qui a présenté des excuses et une approche de l'avenir qui tournera la page, nous l'espérons tous, sur une période marquée par des difficultés considérables au sein du corps policier en rapport avec du harcèlement et de la violence sexuelle sur le lieu de travail. Cette annonce faite ce matin était extrêmement importante, et je félicite toutes les personnes en cause, dont le commissaire, mais aussi les femmes très braves qui ont dirigé ce processus au cours des dernières années et qui ont eu la patience, la persistance, le courage et la persévérance nécessaires pour le mener jusqu'à son terme avec succès.
Monsieur le président, j'aimerais remercier ce Comité de son travail de consultation auprès des parlementaires et des Canadiens en général au sujet du cadre de sécurité nationale du Canada. Cela nous aide à respecter l'engagement que nous avons pris envers les Canadiens l'année dernière de leur donner l'occasion de présenter des observations concernant les questions de sécurité nationale et à être aussi inclusifs et transparents que possible dans le cadre de ce processus.
Avant d'entrer plus avant dans les détails, permettez-moi de faire un dernier petit détour, et ce, afin de remercier le Comité pour le rapport que vous avez déposé plus tôt cette semaine au sujet des blessures liées au stress post-traumatique, qui touche de manière disproportionnée les premiers répondants. Composer avec ce défi est une autre de mes priorités au nom des pompiers, des policiers et des ambulanciers qui travaillent chaque jour à assurer la sûreté et la sécurité du reste d'entre nous. Le rapport du Comité était très bien fait, et il sera très utile au gouvernement au moment de mettre en oeuvre une stratégie nationale cohérente concernant les blessures liées au stress post-traumatique chez les membres de notre personnel d'intervention d'urgence vital partout au pays.
Pour ce qui concerne les consultations publiques au sujet du cadre de sécurité nationale du Canada, cette initiative qui consiste à mener des consultations publiques est sans aucun précédent. Nous voulons entendre les observations de parlementaires, d'experts en la matière et de Canadiens en général sur la façon de mieux réaliser deux objectifs principaux. D'une part, nous devons veiller à ce que nos agences de sécurité et de renseignement réussissent à garder les Canadiens en sécurité. Simultanément, nous devons réussir tout aussi efficacement à préserver nos droits et nos libertés, de même que le caractère ouvert, inclusif, équitable et démocratique de notre pays.
J'ai entrepris ces travaux de consultation sur ce sujet il y a plusieurs mois. Nous avons recueilli d'importantes observations d'universitaires respectés comme les professeurs Wark, Forcese et Roach, et d'agents du renseignement comme Ray Boisvert, anciennement du SCRS, et Luc Portelance, anciennement de l'ACSF et, avant cela, de la GRC. J'ai également entendu des témoignages d'anciens députés au Parlement comme Bob Rae, Anne McLellan et Irwin Cotler ainsi que des anciens sénateurs Hugh Segal et Roméo Dallaire. J'ai rencontré plusieurs autres députés fédéraux et sénateurs actuels ainsi que des organismes non gouvernementaux comme la B.C. Civil Liberties Association, OpenMedia, différents organismes représentant des avocats musulmans et d'autres professionnels, et de nombreux autres.
C'est un bon début, mais mes rencontres en personne se poursuivront parce que la consultation se poursuit, et elle est maintenant élargie grâce aux activités d'extension soutenues et très opportunes du présent Comité.
De manière plus générale, nous avons entrepris, depuis le mois dernier, une consultation en ligne, et elle se poursuivra jusqu'au 1er décembre.
En guise d'arrière-plan, cet été, le gouvernement a publié son « Rapport public sur la menace terroriste pour le Canada ». Ce rapport visait la période du début de 2015 au début de 2016 inclusivement, et il soulignait la menace particulière que constituent des individus ou de petits groupes de loups solitaires dont la violence est inspirée de manière perverse par les influences insidieuses d'organisations comme al-Qaïda et Daesh. Le rapport sur les menaces comportait aussi pour la première fois une description du niveau d'alerte national relatif aux menaces terroristes pour le Canada. Ce niveau, soit dit en passant, est actuellement établi à « moyen », et il n'a pas changé depuis octobre 2014.
Pour entamer notre conversation en ligne avec les Canadiens le mois dernier, la ministre de la Justice et moi avons affiché un document de discussion et un document d'information sur notre site Web. Ces documents ne se veulent pas des énoncés de politique du gouvernement. Ils visent à susciter des idées et à mobiliser les gens relativement à la sécurité nationale, et ils semblent certainement avoir réussi à le faire. En effet, à ce jour, nous avons reçu plus de 8000 réponses, et le processus de consultation se poursuivra encore pendant près de deux mois. Comme je l'ai dit, cette consultation en ligne se poursuivra jusqu'au 1er décembre.
Qu'il s'agisse de notre discussion avec des experts en la matière ou des travaux de votre Comité lorsque vous discutez avec des experts ainsi qu'avec d'autres parlementaires et avec les Canadiens en général ou des observations qui nous sont communiquées en ligne, nous recherchons deux types de conseils : comment nous pouvons améliorer l'efficacité de nos agences de sécurité, et comment pouvons-nous également et simultanément préserver nos droits et nos libertés, notre société ouverte, inclusive et démocratique et notre mode de vie canadien. Ces deux thèmes centraux sous-tendent tout notre programme en matière de sécurité nationale.
Sur ce point, j'ai constaté, évidemment, le rapport la semaine dernière et la comparution devant le Comité, cette semaine, du commissaire à la protection de la vie privée au sujet du partage de renseignements. Je considère que M. Therrien joue un rôle clé dans le cadre de la surveillance parlementaire et de l'appareil de reddition de comptes. Je prends ses observations très au sérieux, et j'ai déjà eu une discussion avec lui au sujet des points qu'il avait soulevés dans son rapport, et j'aurai d'autres discussions avec lui. Entre-temps, en réponse à son commentaire concernant les évaluations des incidences sur la vie privée au sein de différents ministères du gouvernement, je suis maintenant en train d'écrire à tous mes collègues du Cabinet afin de m'assurer que tous les ministères et organismes ont pris les bonnes mesures de protection de la vie privée pour pouvoir traiter la question de l'échange de renseignements.
Pour clore cette introduction, monsieur le président, permettez-moi de situer ces consultations sur la sécurité nationale dans le contexte du programme général de notre gouvernement en matière de sécurité nationale. Ce programme comporte les éléments suivants:
Premièrement, il y a la création de ce nouveau comité de parlementaires qui trouve écho dans le projet de loi , que vous aurez à examiner plus tard. Cela constitue une pierre angulaire de l'intégration d'un tout nouvel élément à notre système de surveillance et d'examen qui n'a jamais existé auparavant au Canada, mais qui a été recommandé à différentes occasions, par des comités parlementaires, par le vérificateur général, par des enquêtes indépendantes externes, et ainsi de suite. Le projet de loi C-22 corrigera cette déficience.
Deuxièmement, nous travaillons d'arrache-pied à la création d'un nouveau bureau de sensibilisation communautaire et de lutte contre la radicalisation. Les fonds nécessaires à la création de ce bureau ont été prévus dans le budget, et nous travaillons actuellement à trouver les individus qui seront les mieux placés pour mener à bien cette nouvelle initiative.
Troisièmement, nous assurerons un respect fidèle de la Charte canadienne des droits et libertés.
Quatrièmement, nous veillerons à ce que les mandats soient clairs.
Cinquièmement, nous définirons la propagande de manière plus précise.
Sixièmement, nous réparerons les listes d'interdiction de vol, et en particulier le processus d'appel relié à la liste d'interdiction de vol.
Septièmement, nous protégerons pleinement le droit de protester.
Huitièmement, nous procéderons à l'examen, après trois ans, de notre législation antiterroriste.
Le neuvième élément est un nouvel accord avec les États-Unis concernant notre frontière commune, y compris un système de préautorisation grandement amélioré et l'établissement d'un mécanisme de collecte de données sur les entrées et les sorties pour la première fois, de même que d'autres améliorations prévues à l'accord concernant les listes d'interdiction de vol.
Le dixième élément, qui est sans précédent, est le présent processus. Les Canadiens sont consultés de façon exhaustive quant à savoir quelles autres mesures, en plus de celles que j'ai déjà mentionnées et qui sont prévues au programme, ils jugent nécessaire de prendre pour les garder en sécurité et pour sauvegarder nos droits et nos libertés.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le ministre, merci encore d'être là. C'est toujours un plaisir de recevoir un ministre à une réunion du Comité.
J'aimerais parler des nouveaux pouvoirs que le projet de loi confère au SCRS. Essentiellement, ce projet de loi a attribué au SCRS de nouveaux pouvoirs lui permettant de perturber des menaces potentielles. Il y a différentes choses, des appels téléphoniques, des plans de voyage, etc. Avant les modifications apportées aux termes du projet de loi C-51, le SCRS pouvait seulement informer les corps policiers au sujet de menaces potentielles, mais il ne pouvait pas agir seul à leur égard. Tout au long de la dernière campagne électorale, monsieur le ministre, votre parti a essentiellement affirmé qu'il y apporterait des changements majeurs.
Maintenant, le directeur du SCRS a comparu devant un comité du Sénat en mars. Il a affirmé que l'organisme avait exercé ses nouveaux pouvoirs plus d'une vingtaine de fois depuis que le projet de loi était entré en vigueur, et six autres mois se sont écoulés depuis. Le directeur du SCRS a également affirmé que l'organisme exercerait probablement de nouveau ces pouvoirs à l'avenir. Lors d'une entrevue subséquente à sa comparution devant le comité du Sénat, le directeur du SCRS a affirmé qu'à la suite de l'examen de la sécurité nationale auquel le gouvernement participait actuellement, une décision serait vraisemblablement prise qui pourrait avoir des incidences sur le pouvoir et d'autres.
Monsieur le ministre, étant donné que, si les autorités en place avaient disposé des moyens appropriés à l'époque, le caporal Cirillo serait probablement toujours vivant... Nous étions tous ici il y a deux ans lorsque cela s'est produit, et je suis certain que vous étiez aussi. De même, le terroriste potentiel, je crois, à Strathroy il y a quelques mois, n'aurait probablement pas été attrapé sans ces nouveaux changements.
Ma question est la suivante: comptez-vous les modifier, et, si oui, quelles modifications préconiseriez-vous à ces pouvoirs? Ceux-ci ont clairement démontré leur efficacité pour perturber des menaces potentielles jusqu'à présent.