:
Merci, monsieur le président.
En réalité, j'ai eu un peu de déjà-vu étant donné que je comparaissais ce matin devant le Comité de la défense et que je revois la plupart des mêmes visages ici. Je suis heureux de tous vous revoir.
J'aimerais commencer par vous remercier tous du travail extraordinaire que vous avez accompli dans le cadre de votre étude du projet de loi . Ces discussions et les experts avec lesquels vous avez parlé ont contribué à l'élaboration de cet important projet de loi. Je vous remercie donc de tous vos efforts.
Je suis accompagné de Greta Bossenmaier, chef du Centre de la sécurité des communications, de Shelly Bruce, chef associée du CST, ainsi que de hauts fonctionnaires du CST, de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes. Nous avons le plaisir de comparaître devant vous alors que vous poursuivez votre examen de la Loi de 2017 sur la sécurité nationale.
Cette loi démontre que notre gouvernement reconnaît que la poursuite de la sécurité nationale comporte deux objectifs indissociables, la protection des Canadiens et la défense de nos droits et libertés. Cet engagement est manifeste dans la troisième partie du projet de loi , qui établirait une loi autonome pour le Centre de la sécurité des télécommunications.
En novembre dernier, j'ai eu l'occasion de parler à la Chambre des communes de la fière histoire du CST au service des Canadiens. Depuis plus de 70 ans, le CST est l'agence de renseignement électromagnétique étranger du Canada et la principale autorité fédérale en matière de sécurité des technologies de l'information au gouvernement du Canada. Au cours de sa longue histoire, le CST s'est adapté avec succès à des changements remarquables, notamment les progrès technologiques rapides et l'évolution du paysage mondial des menaces. Toutefois, ce qu'il faut maintenant, ce sont des autorités modernisées pour faire en sorte que le CST puisse continuer à s'adapter dans cet environnement en constante évolution, tant aujourd'hui que pour les 70 prochaines années.
Dans mes remarques ce matin, j'aimerais souligner l'importance de cette mesure législative pour faire en sorte que nos organismes de sécurité et de renseignement puissent suivre les menaces à la sécurité, tout en améliorant la reddition de comptes et la transparence.
Tout d'abord, la Loi sur le CST moderniserait le mandat du CST en matière de renseignement étranger en lui permettant d'utiliser de nouvelles techniques pour acquérir des renseignements grâce à l'infrastructure mondiale de l'information. Le programme de renseignement électromagnétique étranger du CST est essentiel pour informer le gouvernement en matière de questions de sécurité nationale, de défense nationale et d'affaires internationales. Les changements proposés permettront au CST de continuer à recueillir ces renseignements vitaux.
Ensuite, en tant que centre d'excellence du Canada en matière de cyberopérations, le CST se doit d'être à l'avant-garde des changements technologiques. La loi renforcerait donc le mandat du CST en matière de cybersécurité et de protection de l'information. Elle améliorerait notamment la capacité du CST de défendre les importants réseaux canadiens non gouvernementaux et d'échanger des renseignements sur les menaces et de formuler des conseils en matière d'atténuation. Ces deux mesures prises ensemble permettraient à la Loi sur le CST de renforcer les cyberdéfenses du Canada en protégeant mieux les informations les plus sensibles des Canadiens et d'empêcher que d'importants réseaux cybernétiques ne soient compromis.
Enfin, et c'est là un point particulièrement d'intérêt pour la Défense nationale, le mandat du CST en matière technique et opérationnelle préciserait que ce dernier est bien autorisé à fournir de l'aide aux Forces armées canadiennes et au ministère de la Défense nationale. Le CST pourrait ainsi mieux soutenir les missions militaires menées par le Canada à l'étranger de même que les braves hommes et femmes des Forces armées canadiennes qui servent dans les théâtres d'opération.
Bien entendu, le CST fournit déjà des renseignements importants aux Forces armées canadiennes conformément à son mandat en matière de renseignement étranger. La loi permettrait au CST de faire plus pour les aider, entre autres, de mener des cyberopérations actives en soutien des missions militaires autorisées par le gouvernement. Le projet de loi permettrait au CST et aux Forces armées canadiennes de mieux coopérer afin de garantir la meilleure utilisation des outils et des capacités qui soit et d'atteindre nos objectifs de mission.
Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes sont impatients de collaborer plus étroitement avec le CST afin de mieux pouvoir tirer parti de ses capacités et de son expertise, tel qu'il est mentionné dans la nouvelle politique de défense du Canada, « Protection, Sécurité, Engagement ».
Je tiens également à parler d'un élément crucial de la Loi sur le CST proposée: les cyberopérations à l'étranger. Je sais que lors de sa comparution devant le Comité le mois dernier, Shelly Bruce, chef associée du CST, vous a parlé des cyberopérations actives et de ce à quoi celles-ci ressembleraient dans la pratique. Mais je tiens à réitérer de nouveau aujourd'hui l'importance de ces opérations et en quoi elles sont nécessaires pour protéger la sécurité des Canadiens.
Le mandat du CST en matière de cyberopérations à l'étranger fournirait au Canada les moyens cybernétiques pour réagir aux menaces étrangères graves ou aux crises internationales dans le cadre d'une approche stratégique plus vaste.
Par exemple, le CST pourrait utiliser les cyberopérations actives pour empêcher le téléphone cellulaire d'un terroriste de détonner une bombe embarquée dans un véhicule, ou encore le CST pourrait nuire à la capacité de terroristes de communiquer entre eux en faisant obstacle à leur infrastructure de communications.
Les cyberopérations actives et défensives du CST cibleraient soigneusement, dans le respect de la loi, les activités de particuliers d'États, d'organisations ou de groupes terroristes étrangers ayant des répercussions sur les affaires internationales, la défense ou la sécurité du Canada. Les cyberopérations à l'étranger seraient assujetties à des interdictions légales strictes qui interdiraient de diriger des opérations contre des Canadiens, n'importe qui au Canada ou l'infrastructure globale de l'information au Canada et nécessiteraient un processus d'approbation rigoureux.
Cela m'amène à mon dernier point. Le présent projet de loi améliorerait considérablement la surveillance et l'examen de la communauté de la sécurité nationale et du renseignement au Canada, qui comprend le CST, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes.
Les dispositions relatives à la surveillance et à l'examen contenues dans la Loi sur la sécurité nationale démontrent l'engagement de notre gouvernement à améliorer la légalité et la transparence. Je suis impatient de travailler avec les nouveaux organismes proposés, notamment l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement et le commissaire au renseignement.
En mettant à jour, en clarifiant et en énonçant clairement dans la loi ce que le CST est autorisé à faire, le projet de loi permettrait aux Canadiens de mieux comprendre ce que fait le CST pour protéger le Canada et les intérêts canadiens. En ajoutant de nouvelles mesures en matière de surveillance et de responsabilisation, la Loi sur la sécurité nationale devrait vous assurer, comme à tous les Canadiens, que des mesures sont en place pour garantir que le CST continue de respecter la loi et de protéger la vie privée des Canadiens.
Je tiens à dire aux membres du Comité que je suis très fier du projet de loi . Il s'agit d'une mesure législative importante qui respecte la promesse de notre gouvernement de protéger les Canadiens et leurs droits et libertés.
Merci.
[Traduction]
Comme je pose mes questions en français, j'invite ceux et celles qui en ont besoin à prendre les écouteurs.
[Français]
Monsieur le ministre, c'est un plaisir de vous revoir ainsi que toute votre équipe. Bienvenue au Comité.
Je reviens d'une réunion de deux heures du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, où des représentants de l'Estonie nous ont parlé de cybergouvernance.
De toute évidence, au-delà de ce qu'on fait sur terre, en mer ou dans les airs, l'information devient le nouveau champ de bataille. Les mégadonnées deviennent une nouvelle cible et un nouveau terrain de jeu pour les conflits entre les pays.
Comment ces nouveaux pouvoirs accordés par le projet de loi vont-ils servir au CST?
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Merci, monsieur le ministre.
Merci, monsieur le président, et merci aux autres membres du Comité d'être ici ce matin.
Je pense que l'on peut dire sans se tromper que le Canada, ses alliés et les pays en général font face à un environnement de cybermenace très dynamique. La technologie a changé. Si vous vous rappelez l'époque où notre loi a été adoptée, il y a environ 17 ans, c'était avant que nous parlions de choses comme l'informatique en nuage et l'intelligence artificielle, l'environnement de cybermenace dynamique. Différents types d'acteurs ont été impliqués dans les types de menaces auxquelles nous sommes confrontés. Je pense qu'il est juste de dire que des pays de partout dans le monde, nos alliés et le Canada font tous face à cette nouvelle menace dynamique.
Comme le ministre l'a dit, il s'agit vraiment de mettre en place une loi qui nous permettra d'avoir le pouvoir d'agir et de protéger le Canada et les Canadiens dans ce nouvel espace.
À la question qui a été posée en particulier...
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous souhaite la bienvenue au Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Le projet de loi précise que vous devez collaborer avec la . Nous savons déjà que, en tant que , vous entretenez des relations étroites avec la ministre des Affaires étrangères. De façon probablement hebdomadaire, vous devez discuter de plusieurs dossiers et du déploiement des Forces armées canadiennes dans le monde. Je me demande pourquoi il est nécessaire que le projet de loi vous oblige à communiquer avec la ministre, puisque cette collaboration fait déjà partie, je pense, de votre travail de tous les jours.
Il y a un problème que vous pourrez sûrement m'aider à comprendre, compte tenu de votre étroite collaboration avec la . C'est au sujet d'un bris de sécurité. Je ne sais pas comment cette expression sera traduite, mais, en tant qu'ancien militaire, vous devez savoir de quoi je parle. Cet événement est survenu en Inde: il s'agit de l'invitation envoyée à M. Jaspal Atwal. Nous entendons deux histoires contradictoires. Selon le , M. Atwal a été invité par des représentants voyous du gouvernement indien. De son côté, votre collègue la ministre des Affaires étrangères a confirmé que l'invitation venait de représentants du gouvernement canadien. Nous avons donc deux versions, soit celle du premier ministre, à qui vous êtes redevable de votre poste, et celle de la ministre des Affaires étrangères, avec qui vous travaillez tous les jours.
Quelle version croyez-vous?
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Monsieur le président, comme le ministre ne peut pas répondre à ma question même s'il était présent en Inde et qu'il travaille en étroite collaboration avec la , j'aimerais déposer la motion suivante, que j'ai envoyée au Comité plus tôt cette semaine:
Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité invite Daniel Jean, conseiller à la sécurité nationale du premier ministre, à lui offrir la même séance d'information qu'il a donnée aux journalistes le vendredi 23 février 2018 et que cette séance soit faite en public au plus tard le vendredi 30 mars 2018.
Je dépose cette motion parce que les conservateurs et les néo-démocrates membres du Comité se posent de sérieuses questions sur l'affaire Atwal qui s'est déroulée en Inde.
Le 23 février, le conseiller principal à la sécurité nationale du premier ministre a déclaré à des journalistes que les responsables de l'invitation envoyée à M. Atwal étaient des représentants de l'Inde. Cela a créé un incident diplomatique avec l'Inde. Le 27 février, le a confirmé à la Chambre des communes ce que M. Jean avait dit. Ensuite, la a mentionné que l'invitation venait de représentants du Canada. Le député de Surrey-Center, , a confirmé que l'invitation venait de lui. M. Atwal a également confirmé que l'invitation venait de représentants du Canada, et non de l'Inde. Nous avons donc deux versions des faits actuellement.
Les parlementaires ont le droit de savoir ce qui s'est passé en Inde. Le breffage a été donné publiquement à des journalistes. Nous devrions être en mesure de recevoir ce breffage également. C'est pourquoi je pense que le Comité devrait accepter cette motion.
De plus, les membres libéraux du Comité peuvent voter de manière indépendante, en toute liberté de conscience. Lors de sa dernière comparution, le a confirmé qu'il ne relevait pas de ses responsabilités de donner des directives au Comité et que ses membres étaient autonomes. Si les membres libéraux votent contre la motion, nous pourrons considérer que c'est le bureau du premier ministre qui prend les décisions.
Nous avons besoin de faire la lumière là-dessus. Je crois que les députés du Parti libéral aimeraient également faire la lumière sur cet incident diplomatique grave pour le Canada.
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Bien sûr. Merci, monsieur le ministre.
Il y a environ 17 ans, lorsque la Loi sur la défense nationale a été modifiée pour reconnaître le rôle du CST, ce dernier faisait alors partie du ministère de la Défense nationale. Nous avons toujours eu un mandat d'aide, soit la partie c) de notre mandat, qui nous permet, à la demande d'un autre organisme comme un organisme fédéral d'application de la loi, de demander si le CST pourrait appuyer le travail de cet organisme dans le cadre de son mandat légal. Encore une fois, étant donné que nous faisions partie du ministère de la Défense nationale, l'aide à la Défense nationale ou aux FAC n'était pas énoncée explicitement, puisque nous faisions partie de ce ministère.
Il y a environ six ans, pour faire un peu d'histoire, nous nous sommes séparés du ministère de la Défense nationale et nous sommes devenus un organisme indépendant, le Centre de la sécurité des télécommunications, qui relève quand même toujours du ministère de la Défense nationale. Par conséquent, le projet de loi ajoute les Forces armées canadiennes et la Défense nationale comme organisations qui pourraient faire appel à notre capacité, demander notre appui, comme l'a expliqué le ministre, dans le cadre de l'une de leurs missions légales. Nous participerions à une opération de soutien des Forces armées canadiennes.
Nous avons également ce matin des représentants des Forces armées canadiennes. Ils voudront peut-être aussi parler de leurs opérations.
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Merci, monsieur le ministre.
Je semble toujours revenir à l'histoire, mais je pense qu'un peu d'histoire est important. Depuis plus de 70 ans, comme le ministre l'a souligné dans ses remarques liminaires, nous nous occupons de protéger les renseignements les plus délicats des Canadiens.
Aujourd'hui, 70 ans plus tard, nous bloquons en moyenne tous les jours plus d'un milliard de tentatives malveillantes de compromettre les systèmes gouvernementaux. Nous exploitons des cyberdéfenses sophistiquées au nom du gouvernement du Canada sur les systèmes du gouvernement du Canada. C'est notre réalité aujourd'hui.
Nous prodiguons également des conseils, une orientation et des services au public et aux propriétaires d'infrastructures essentielles quant à la meilleure façon de se défendre, tout depuis nos 10 mesures les plus importantes que l'on devrait prendre pour se protéger dans le cyberespace jusqu'aux conseils techniques plus détaillés.
Si le propriétaire d'une infrastructure essentielle demandait au CST de lui fournir des services supplémentaires pour l'aider à se protéger, par exemple en cas d'attaque, le projet de loi nous permettrait de le faire. Le ministre devrait désigner les propriétaires de l'infrastructure essentielle comme un système important pour le gouvernement du Canada. Le propriétaire du système essentiel devrait nous faire parvenir une demande par écrit. Nous le ferions à sa demande et si le ministre l'avait désigné comme étant d'une importance cruciale. Cela nous permettrait d'utiliser certains de nos outils sophistiqués pour le protéger. Par exemple, s'il était attaqué par un cyberacteur malveillant qui tente de voler ses renseignements ou d'infiltrer ses systèmes, cette loi nous permettrait d'essayer de fournir certaines des techniques et méthodes sophistiquées que nous employons chaque jour pour protéger les renseignements des Canadiens au nom du gouvernement du Canada et pour le compte de propriétaires d'infrastructures essentielles, par exemple.
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Dans le contexte global, nous devons examiner les menaces actuelles, les menaces qui pourraient émerger et ce que nous pouvons prévoir comme menaces futures. C’est la responsabilité du gouvernement de s’assurer que nous avons les ressources nécessaires pour faire face aux menaces aujourd’hui et demain.
Nous traitons avec des acteurs non étatiques depuis un certain temps, ainsi qu’avec des acteurs étatiques.
La cybernétique est une préoccupation importante, mais je tiens aussi à dire que, parce que nous nous en sommes extrêmement bien tirés au Canada, le CST a la capacité et l’expertise de donner aux Canadiens l’assurance que la cybernétique est extrêmement sécuritaire. Cependant, comme vous le savez, avec la technologie, nous devons rester à la fine pointe.
Pour être honnête avec vous, ce qui m’inquiète le plus dans le cas de pays comme la Russie, c’est de savoir comment ils peuvent prendre la cybernétique et ce que nous appelons la guerre hybride, comme ce qui se passe en Ukraine et essayer de manipuler et d’influencer les populations. C’est une préoccupation et pas seulement du point de vue du gouvernement. Nous devons nous assurer d’éduquer nos citoyens et nos médias. Nous l’avons remarqué et nous nous efforçons activement de discuter avec les nations concernées qui ont une expérience éprouvée dans ce domaine et c’est la raison pour laquelle nous faisons les bons investissements dans le domaine approprié. Nous examinons les menaces vraiment coriaces, mais en même temps, nous devons examiner les menaces émergentes.
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Merci, monsieur le ministre.
En ce qui concerne les cyberopérations actives et défensives, ce qui était, je crois, la nature de votre question, le projet de loi dit que le CST ne sera pas en mesure de diriger des cyberopérations actives ou défensives contre des Canadiens, contre quiconque au Canada, ou contre l’infrastructure mondiale de l’information au Canada. Cela fait partie du cadre juridique dans lequel nous fonctionnerions.
De plus, comme je l’ai déjà mentionné, ces opérations exigeraient des approbations de haut niveau et, comme le ministre l’a mentionné, un examen par le nouveau Comité de surveillance de la sécurité nationale et du renseignement, ainsi que par le Comité des parlementaires qui a été mis en place.
En vertu de la loi, les activités que nous entreprendrions ne pourraient viser ni les Canadiens, ni les infrastructures canadiennes, ni quiconque au Canada.
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La partie du projet de loi qui porte sur l’information accessible au public exempte précisément l’interdiction de cibler les Canadiens. Donc, vous ne recueillez peut-être pas les données de façon active, mais vous êtes autorisé à les recueillir dans le cadre de la recherche effectuée en vertu des articles 24 et 25, si je ne m’abuse.
Vous avez parlé de renseignements piratés ou volés, mais en vertu de la loi actuelle, on pourrait soutenir que les renseignements dont nous discutons dans cet exemple particulier — je suis sûr qu’il y en a d’autres que nous ne connaissons pas — n’ont pas été obtenus illégalement. Donc, le travail qu'effectuait Cambridge Analytica — et probablement d’autres entreprises de ce genre — pour les partis politiques, par exemple, était d'obtenir de l’information sur les gens par l’entremise de Facebook, et cela, tout à fait légalement.
Cela ne relève-t-il pas de l’information accessible au public, si une entreprise comme celle-là est en mesure de l’obtenir? Il n’y a pas de répercussions juridiques parce que ce n’est pas illégal. Est-ce que le CST ne pourrait pas faire la même chose en vertu de ces dispositions, même si, incidemment, tel qu’il est énoncé dans la loi, dans le projet de loi ?
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Vous avez couvert beaucoup de terrain. Je commencerai peut-être par le fait que la a demandé au CST d’examiner la question des institutions démocratiques.
J'y repense et je me tourne vers Scott. Il y a environ un an, vers juin 2017, la ministre des Institutions démocratiques, , a demandé au CST d’examiner les cybermenaces qui pèsent sur les institutions démocratiques des Canadiens. Pour la première fois de notre histoire, nous avons produit un rapport qui est à la disposition du comité, au cas où vous ne l’auriez pas vu, et qui porte sur les grandes cybermenaces qui pèsent sur les institutions démocratiques.
Nous avons examiné de près trois aspects différents. Nous avons considéré le processus électoral en tant que tel et fonctionnement du mécanisme électoral. Nous nous sommes également penchés sur les cybermenaces pour les hommes et femmes politiques et les partis politiques, ainsi que sur les cybermenaces pour les médias. Nous avons fait une évaluation à ce moment-là, il y a environ un an.
La nous demande maintenant de revoir notre évaluation de la menace à la lumière des changements survenus au cours de la dernière année. Même lorsque nous avons publié le rapport initial, nous avons dit qu’il s’agirait probablement d’un rapport sans cesse à renouvelé à la lumière nouveaux renseignements, notamment sur les menaces.
C’est le genre de travail que nous nous attendons à faire au cours des prochaines semaines, pour revoir notre évaluation de la menace à la lumière des renseignements et des activités qui ont eu lieu au cours de la dernière année. Il s'agit de la mettre à jour.
Je vais poser mes questions en français, si vous me le permettez.
[Français]
Je vais revenir sur quelques points dont nous avons discuté au sujet du ciblage possible de citoyens canadiens.
Il est clair que le CST n'enquête pas sur des Canadiens à l'étranger. Aussi, lorsqu'il y a une information qui pourrait impliquer un Canadien à l'étranger, on n'en tient pas compte, on détruit l'information obtenue.
Le CST est un partenaire de plusieurs ministères au Canada, mais aussi un partenaire international. Il échange donc de l'information. Comment le CST doit-il gérer l'information qui vient de partenaires étrangers qui, eux, ne sont pas soumis à des restrictions en ce qui a trait aux enquêtes sur des Canadiens?
[Traduction]
Je vais m'exprimer en anglais moi aussi et essayer de répondre en abordant la question sous l’angle du renseignement électromagnétique étranger.
Lorsque nous recueillons de l’information, vous avez tout à fait raison de dire que, compte tenu de la nature du fonctionnement des communications, nous pouvons trouver de l’information concernant un Canadien. Permettez-moi un exemple concret. Nous nous intéressons à un méchant X connu dans le pays Y. Ce type correspond à une priorité du gouvernement en matière de renseignement. Il va sans dire que c’est un méchant qui veut commettre des actes condamnables qui portent atteinte à la sécurité nationale. Nous recueillons des renseignements sur ce type.
À notre insu, ce type pourrait vous téléphoner. Lorsque nous recueillons des renseignements à ce sujet, nous devons comprendre que l’appel devient une communication privée. Le Code criminel dit très clairement qu’il est illégal de recueillir des renseignements sur une communication privée.
Nous avons des autorisations ministérielles qui couvrent nos diverses activités de collecte d’information et qui nous permettent de conserver cette information, si elle est effectivement d’intérêt pour la sécurité nationale ou le renseignement. Comme vous l’avez fait remarquer, nous devons supprimer immédiatement cette information si ce n’est pas le cas. Si vous recevez un appel téléphonique et qu’il est question de quelque chose qui n’a rien à voir avec la sécurité nationale, nous allons supprimer ces renseignements. Nous prenons note du fait et nous supprimons les renseignements immédiatement, et le commissaire les examine chaque année pour s’assurer que nous les supprimons.
Si les renseignements présentent un intérêt pour la sécurité nationale, nous les conservons, mais même en le conservant, nous rédigeons un rapport qui parle de la conversation que vous avez peut-être eue, peut-être au sujet d'un attentat contre quelque chose qui intéresse le Canada. Nous protégerions quand même votre identité dans ce rapport, en utilisant un terme générique pour cacher votre identité.
Puis vient le moment de la communication de renseignements. Où va notre rapport? Évidemment, il y a des organismes nationaux au sein de l’appareil de la sécurité nationale au Canada, le SCRS et la GRC, notamment, que le rapport intéresse. Il est possible que la loi les autorise à connaître l'identité du Canadien en cause. Des mécanismes sont en place pour leur communiquer cette information.
De même, lorsque nous rédigeons des rapports, une partie de l’information est évidemment communiquée à des partenaires étrangers, et il y a d’autres éléments qui régissent cet échange d’information. Mais encore une fois, s’ils veulent que ces renseignements soient communiqués, ils doivent nous expliquer pourquoi il est impératif qu’ils les obtiennent.
Bien sûr, nous sommes liés par d’autres dispositions. Nous avons une directive ministérielle, par exemple, que le ministre a récemment été émise de nouveau, concernant l’échange de renseignements qui peuvent faire apparaître des risques de mauvais traitements. Nous faisons une analyse de ce que nos partenaires veulent obtenir et de l'utilisation qu'ils en feront, et nous analysons les risques pour éviter que la communication de ces renseignements n'entraîne des mauvais traitements. Il y a un calcul qui se fait avant que l’information ne soit communiquée.
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Bien sûr, et je vais demander à Scott Jones, notre chef adjoint à la sécurité des TI, d'intervenir.
Pour répondre à la question, monsieur le président, je vais parler de trois différents éléments du projet de loi.
Tout d’abord, pour prévenir les cyberattaques, nous devons avoir non seulement de bonnes capacités et un personnel exceptionnel qui se consacre à cette mission, mais aussi de bons renseignements pour essayer de comprendre la nature des menaces avant même qu’elles ne touchent le Canada. Le projet de loi renforce notre capacité de continuer à recueillir des renseignements électromagnétiques étrangers, y compris ceux qui se rapportent aux cybermenaces. Voilà un premier élément.
La deuxième chose à souligner, c’est que les dispositions sur la cybersécurité du projet de loi dit tendent à faciliter la communication des renseignements sur les menaces au secteur privé, et il y est également question de l'aider, à sa demande, défendre ses systèmes. C’est une autre façon dont le projet de loi renforcerait notre capacité de contribuer à la cyberdéfense des Canadiens.
Le troisième élément est la défense des cybercapacités. S’il y avait une cyberattaque, au lieu de nous tenir debout avec un bouclier avec lequel nous essaierions de nous protéger contre ces milliards de tentatives malveillantes par jour et d’attendre qu’elles se produisent, nous pourrions essayer de les prévenir. Si nous savons qu'un serveur à l’étranger tente d’infiltrer un système canadien et de voler de l’information aux Canadiens, nous pourrions, grâce à cette mesure législative, essayer de mettre fin à cette attaque avant qu’elle n'atteigne nos systèmes.
Après avoir présenté ce survol, je vais peut-être demander à Scott Jones, notre chef adjoint à la sécurité des TI...
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En fait, quand nous parlons d’un milliard d’actions malveillantes, nous parlons de toute la gamme, depuis les gens qui fouillent dans nos systèmes pour y déceler des vulnérabilités jusqu’à ceux qui essaient d'en compromettre la sécurité ou d’installer des logiciels malveillants, appelés maliciels, ou qui exploitent toute vulnérabilité existante. Il s’agit d’une vaste gamme d’activités, mais ce que nous essayons de faire, c’est de contrer toute cette gamme d'activités, peu importe d’où elles proviennent. Nous voulons contrer toute activité malveillante à l'égard du gouvernement du Canada, et le nombre est ahurissant. C’est vraiment là où nous allons agir sur différents plans. Premièrement, il faut améliorer les systèmes. Comment faire pour rendre les systèmes plus faciles à défendre? Il s’agit de travailler avec le secteur commercial, de communiquer davantage d’information, de mettre en commun certains de nos outils et de nos techniques, et de faire avancer les choses.
Nous avons offert certains de nos outils. Nous avons mis notre système Assemblyline à la disposition de tous ceux qui pourraient en tirer parti. C’est ainsi que nous défendons, par exemple, le gouvernement et examinons chaque jour des millions de dossiers malveillants.
Le deuxième élément consiste à assurer un niveau de défense qui comble l’écart entre ce qu'il y a de mieux dans le commerce et ce qu'il y a de plus avancé en matière de cyberattaque. Le projet de loi nous permettrait d’utiliser ces renseignements sur des systèmes essentiels d’importance désignés par le.
Le troisième élément, c’est l’échange de renseignements en général, qu’il s’agisse de proposer des conseils et des orientations ou de communiquer ce que nous voyons, ce qui se passe, et de préciser notre capacité de communiquer de l’information.
C’est ainsi que nous regroupons tous ces efforts pour commencer à lutter contre ce milliard d'attaques.
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Merci, monsieur le président.
C’est une tâche redoutable, en réalité. C’est pourquoi nous prenons cette question très au sérieux. Encore une fois, nous sommes dans le domaine depuis 70 ans, et je suis sûr que nous avons la meilleure technologie, le meilleur personnel possible avoir pour travailler à cette tâche, et pour y travailler en partenariat. On dit souvent que c’est un impératif d’équipe. Aucun organisme ne peut avoir toute l’information ni toutes les réponses. Alors nous travaillons en étroite collaboration avec le milieu universitaire. Nous travaillons en étroite collaboration avec d’autres partenaires. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos alliés pour acquérir les connaissances et les capacités nécessaires pour nous défendre dans cet environnement très difficile.
En plus de ce qui a déjà été discuté au sujet du budget de 2018... Ce budget propose une augmentation des ressources et un regroupement des capacités cyberopérationnelles du gouvernement du Canada au sein du CST, ce qui aurait un certain effet multiplicateur et il y aurait une source unique de conseils et d’orientations fiables, mais le projet de loi à l'étude nous permettrait également d’exercer des pouvoirs supplémentaires dans l’espace de la cyberprotection. Il s’agit, je le répète, de veiller à ce que nous puissions recueillir des renseignements à l'étranger dans un monde très difficile, percevoir les menaces avant qu’elles ne nous atteignent, échanger plus largement les renseignements sur les menaces et déployer nos cyberoutils — certains des outils perfectionnés dont M. Jones a parlé — sur l’infrastructure privée si la demande est faite et si ce secteur est désigné.
En ce qui concerne la défense des cyberopérations, au lieu de monter une défense seulement à la périphérie de nos réseaux, si nous voyons quelque chose qui se trouve à l’extérieur — dans un pays étranger, sur un serveur, par exemple — et qui vise à détruire l’infrastructure canadienne ou à voler l’information des Canadiens, le projet de loi autoriserait le CST à essayer de protéger le Canada avant que cette menace n'atteigne nos systèmes.
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Je comprends cela. Je n’ai pas beaucoup de temps. Excusez-moi.
L’article 23 de la Loi sur le CST proposée, à la partie 3 du projet de loi , dispose que les activités ne peuvent être menées contre des Canadiens. Le paragraphe 24(1) dit: « Malgré les paragraphes 23(1) et (2) » — et c'est là l’interdiction — « le Centre peut mener les activités ci-après dans la réalisation de son mandat ». Il est ensuite question de la protection de l’information sur ces réseaux.
Les médias sociaux font partie de ces réseaux, et cette information est à risque. Un ministre vous a chargé de veiller à ce que ces renseignements soient en sécurité, et, dans ce cadre, vous êtes exempté des interdictions de collecte de renseignements sur les Canadiens.
Comment pouvons-nous avoir l’assurance que l’information des Canadiens ne sera pas recueillie incidemment, étant donné que la possibilité de la collecte de cette information de façon incidente est expressément prévue dans le projet de loi?