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Merci beaucoup, mesdames et messieurs. Je suis reconnaissant d'avoir la possibilité de prendre la parole devant le Comité.
Premièrement, laissez-moi vous dire à quel point je suis encouragé par le fait que le Canada, en l'espace de seulement quelques années, a adopté deux projets de loi sur la sécurité nationale. Sans égard au contenu, le débat que nous tenons contribue à améliorer... notamment les choix que nous ferons délibérément en tant que pays, soit pour réduire, soit pour améliorer notre sécurité, et j'accepte le fait qu'il y a un compromis.
J'aborde cet enjeu en me fondant non seulement sur mon expérience dans les forces spéciales, mais aussi sur mon expérience à titre d'officier supérieur responsable de la sécurité internationale au ministère de la Défense nationale ainsi que de planificateur stratégique en chef. Après mon départ à la retraite, je suis demeuré actif dans ce domaine, surtout en travaillant dans le secteur de la haute technologie et dans des universités.
Concernant la question dans son ensemble, je souhaiterais cibler ma déclaration préliminaire sur trois défis précis. Le tout premier, c'est le compromis entre la protection des renseignements personnels et la sécurité, entre la Charte et les mesures raisonnables visant à protéger les Canadiens. Il s'agit non pas — de mon point de vue, évidemment — d'un enjeu binaire faisant intervenir deux options dans l'absolu, mais plutôt d'une relation dynamique qui devrait constamment demeurer à l'étude. Nous devrions accepter cette tension au lieu de prétendre qu'elle n'existe pas et considérer la conversation comme ayant une valeur en soi.
Le deuxième défi tient aux difficultés inévitables que pose le fait de traiter le renseignement et les données probantes recevables, l'information de qualité. Il s'agit notamment de la présentation d'une idée cohérente aux décideurs. Aucune politique ni loi ne pourra régler ce problème; toutefois, l'amélioration des processus et des choix délibérés faits au cas par cas peuvent mieux éclairer la voie que nous devons suivre. Je crois que ces éléments sont manquants. Selon moi, cela commence par une structure de renseignement plus cohérente, concertée et dirigée par un organe central. Une telle structure existe dans d'autres pays, mais, bien franchement, pas tout à fait ici, au Canada. J'aborderai cette question un peu plus tard. Même si de nombreuses personnes le contesteront, la lacune peut simplement être définie par l'absence d'un ministre — autre que le premier ministre — responsable de faire la synthèse d'une perspective nationale. La structure actuelle qui relève du BCP n'a pas les pouvoirs ni la portée nécessaires, mais il lui manque aussi très certainement un processus établi. En conséquence, des représentants du gouvernement, élus ou non, n'ont pas connaissance d'une évaluation pangouvernementale complète du renseignement, et des vulnérabilités en découlent.
Enfin, voici le troisième défi: nous sommes atteints de cécité culturelle en conséquence de la qualité de vie dont nous profitons tous. Il est certain qu'il s'agit d'une arme à double tranchant, mais la volonté de penser aux autres, au fait qu'ils pourraient partager nos valeurs, nos pratiques, essentiellement, notre mode de vie, est imprudente. Bien entendu, j'oscille entre le désespoir et l'admiration devant cette capacité de faire fi des réalités du monde tel que je l'ai connu. Je ne proposerai pas de solution à ce problème.
Tout d'abord, je voudrais voir un processus qui peut réagir au cas par cas. Je reconnais que des processus sont intégrés dans les rouages du gouvernement du Canada. Je crois qu'ils sont inadéquats. Cet espace devrait être occupé par une entité non politique, probablement comme une extension de nos processus judiciaires actuels. Plus particulièrement, je crois que ce processus doit être étayé par certaines règles grâce auxquelles le jugement automatique selon lequel une mesure est appropriée ou non est tempéré par un ensemble de décisions délibérées. Même s'il existe certaines structures de base qui permettent l'établissement de mandats pour la prise de certaines mesures, je ne crois pas qu'elles reçoivent l'attention ou l'expertise qui sont justifiées d'un point de vue holistique. Nous sommes dotés d'un excellent système judiciaire, notre primauté du droit est excellente, et je crois que c'est là que se trouve la solution.
Enfin, à cet égard, je considère qu'il faut que le processus adopté, quel qu'il soit, se déroule à huis clos de manière à protéger cette information, ce qui m'amène à mon prochain argument. Par nécessité, il y a un chevauchement entre divers membres du milieu de la sécurité et du renseignement, dans les rouages du gouvernement. Nous avons besoin d'une meilleure coordination, pas seulement d'information. Trop souvent, même après l'affaire Maher Arar, il reste des écarts dans la façon dont l'information et le renseignement sont traités dans ce domaine. Soit dit en passant, je pense qu'il est d'une importance exceptionnelle que l'on fasse la distinction entre les deux: l'information et le renseignement. Même si diverses personnes prétendent que nous sommes en train de régler ce problème, je rappellerais au Comité que — comme vous le savez, j'en suis certain — cette affirmation est répétée par divers responsables de divers gouvernements depuis maintenant des décennies. Aucune bonne solution n'a été obtenue, à mon avis.
Au moment de rendre cet ensemble de connaissances utilisable en cas de poursuites, nous devons faire mieux. Même si je reconnais la clameur publique qui en découlera, dans certains cas, cela pourrait vouloir dire, ou continuer de signifier, qu'un processus judiciaire n'est pas transparent pour le grand public. Voilà les types de compromis qui, je le crois, sont nécessaires. Ce n'est pas une bonne solution. De fait, ce pourrait en être une mauvaise, mais ce n'est pas la pire. En fait, il se pourrait que ce soit la meilleure d'un certain nombre de mauvaises solutions. Nous appliquons actuellement la pire solution, c'est-à-dire que nous ne semblons pas du tout nous attaquer au problème. La création de postes de surveillants indépendants, etc., ou la mise en oeuvre de tout processus additionnel pourraient être considérées comme faisant partie de la solution.
En ce qui concerne la surveillance électronique et la sécurité, j'admets être incrédule face à l'incapacité ou à la naïveté des Canadiens en général et, bien franchement, du gouvernement en particulier, qui n'arrivent pas à accepter que ces activités doivent être régies par des règles et des politiques. Cela me choque. Au cours des quatre ou cinq dernières années, j'ai beaucoup travaillé dans le domaine cybernétique. Je suis choqué de constater le peu d'effets qu'ont eus les gouvernements successifs pour ce qui est d'atténuer les cybermenaces auxquelles le pays fait face au quotidien. La vulnérabilité de notre réseau énergétique, du secteur financier, entre autres, et l'absence d'un ensemble pangouvernemental de politiques et de lois visant à assurer la conformité m'amènent à croire que nous vivons dans un pays qui est maintenant pleinement compromis par des acteurs étrangers aux échelons étatique et non étatique.
Un système facultatif ne fonctionnera pas, car la vulnérabilité de l'un s'applique à tous, en fait. Le mandat prévu par la loi du CST est une étape bonne et utile, mais il ne s'agit que d'une partie du tableau dans son ensemble. Je crois fermement que les métadonnées découlant d'une surveillance de masse, pas la surveillance individuelle ni la collecte de renseignements individuels, et l'apprentissage automatique dirigé et non dirigé sont essentiels afin que l'on puisse accepter et mieux comprendre l'espace dans lequel nous fonctionnons. Sans cela, nous accuserons encore plus de retard.
Pour aborder brièvement la responsabilité et la fonctionnalité au sein du gouvernement, je mentionnerais le dernier rapport produit par le directeur du renseignement national américain, qui joue un rôle vraiment différent de celui du commissaire au renseignement proposé, dont le mandat échappe complètement à mon champ d'expertise et de compréhension, quoique cela me semble être une très bonne mesure. Même si l'actuel Secrétariat de l'évaluation du renseignement exerce certaines des fonctions du directeur du renseignement national, il n'est pas à la hauteur. Comme sa tâche principale est de fournir des renseignements au , et compte tenu de sa place au sein du Bureau du conseil privé, il ne dispose pas des pouvoirs appropriés pour assurer la direction, ni du degré de responsabilité ministérielle nécessaire. Nous n'avons aucun ministre responsable à cet égard ni aucun poste équivalant à celui du directeur du renseignement. Il n'y a aucun mandat; par conséquent, la fonction n'est pas exercée.
Il me semble qu'une grande part du débat public sur le projet de loi en question, , porte sur les mandats prévus par la loi, la conformité, la surveillance et la gouvernance. Je ne souhaite pas sous-entendre que ce débat n'est pas nécessaire, ni qu'il n'a pas de valeur ajoutée, mais je dirais qu'il ne faut pas s'y méprendre: la nécessité du débat ne dénote pas que l'effort est suffisant. En soi, le débat sur ces enjeux est insuffisant.
Dans un monde qui évolue rapidement, une discussion tout aussi importante devrait porter sur l'efficacité des organismes de sécurité et de renseignement et des ministères qui les appuient, sur la qualité de leur collaboration et sur leur capacité d'intervenir rapidement, non seulement sur le coup, mais aussi par la suite pour s'adapter aux menaces changeantes, etc.
En guise de critique, je ferais valoir qu'on dirait que l'obligation de protéger jalousement les pouvoirs conférés par les mandats — ou, pour dire les choses crûment, les guerres de territoire — sera invoquée par un grand nombre des représentants qui viendront comparaître devant le Comité. Je soutiendrais que vous vous berceriez d'illusions si vous croyiez que ces guerres de territoire ne sont pas livrées activement de façon quotidienne et n'empêchent pas, par conséquent, une compréhension pleine et vaste des menaces auxquelles nous faisons face et des mesures que nous pouvons prendre en réaction. Toutefois, j'ai été fortement et exceptionnellement encouragé de voir Mme Rennie Marcoux être nommée directrice générale du comité proposé. Elle est une véritable professionnelle du renseignement, mais il s'agit d'une fonction distincte, et je ne me méprendrai pas en croyant que son rôle remplace celui de directeur du renseignement national proposé, auquel je serais favorable. Il s'agit d'une lacune qui requiert notre attention.
De plus, comme je ne suis actuellement pas au gouvernement, je ne suis jamais informé de l'interaction et de la collaboration entre cette commission et le BCP, le secrétaire adjoint du renseignement de sécurité et le conseiller national pour la sécurité, ce qui nous rappelle que le BCP ne relève que du Cabinet du premier ministre et qu'aucun ministre n'a de responsabilité ni de mandat et, par conséquent, qu'il n'existe aucun pouvoir réel, hormis celui qui est prévu, mais qui n'est pas appliqué.
Pour aborder le comité de surveillance, je crois avoir souligné ma préoccupation à l'égard du fait que, dans certains cas, le comité — et corrigez-moi si je me trompe — n'aurait pas accès à certains renseignements. Je pense que j'ai lu cela dans certaines des critiques. Pour être très clair, à défaut d'une meilleure expression, je crois que c'est manifestement idiot. Le comité devrait avoir accès à tous les documents vus et utilisés par le comité du renseignement, sans égard aux mesures de contrôle de leur source. En faire moins constituerait à se moquer de la surveillance. Des décisions seront prises. On agira en fonction de ces renseignements d'origine étrangère.
Il faut continuer de forcer l'interaction, surtout entre les organismes de renseignement et de sécurité et les ministères connexes. Je suis convaincu que le projet de loi constitue un bon pas en avant, mais il doit être élargi au chapitre des processus et des interactions, et un ministre responsable doit être nommé.
Je serai extrêmement heureux d'aborder les menaces et les autres processus durant notre période de questions.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis heureux de vous revoir.
Je voudrais remercier le Comité de m'avoir invité à comparaître devant lui en ce qui a trait au très important projet de loi . J'ai eu l'occasion de suivre certaines des procédures et de lire certaines des transcriptions, et il est très encourageant de voir la profondeur et la qualité des questions posées à chaque témoin qui comparaît, notamment ceux qui ont des points de vue différents.
J'ai une longue expérience, et j'y pensais avant de me présenter ici aujourd'hui. Je pense que la première fois que j'ai témoigné devant un comité parlementaire, c'était il y a près de 30 ans. J'étais procureur de la Couronne de l'Alberta, et, comme je l'ai expliqué, j'en ai eu assez de buter contre les erreurs du système de libération conditionnelle dans ma salle d'audience, et je me suis rendu compte que la seule façon de changer la situation consistait à modifier les lois. Cela signifiait que je devais venir à Ottawa, parce qu'il était question de lois correctionnelles fédérales. Je comparaissais devant des comités parlementaires, où j'exposais ce qui s'était passé dans deux ou trois cas.
À ce moment-là, le travail important de l'organe législatif m'a frappé, et j'ai gardé cette impression depuis. Ce travail passe parfois inaperçu, et, selon la façon dont les choses sont traitées par l'organe exécutif du gouvernement, l'analyse très importante et cruciale que les comités peuvent faire est très importante. Un projet de loi comme celui-ci en est un très bon exemple, car on peut avoir des opinions divergentes sur divers sujets, mais on a la capacité de poser des questions et de tenter d'obtenir des renseignements pour analyser si les résultats escomptés seront obtenus grâce au libellé actuel du projet de loi, ou bien si on doit faire d'autres choses. Selon moi, c'est particulièrement le cas en ce qui a trait à des projets de loi comme le projet de loi , qui est manifestement très complexe et qui porte sur beaucoup de sujets.
En toute équité, la discussion en soi a soulevé des questions qui ne figurent pas dans le projet de loi . Selon moi, le fait que le gouvernement l'a envoyé ici avant la deuxième lecture, de sorte que vous puissiez obtenir des commentaires et des suggestions sur d'autres sujets, est très encourageant. J'ai des propositions à faire sur des choses de ce genre. Je dois toutefois admettre que je soutiendrais qu'il serait probablement une meilleure idée, simplement d'un point de vue procédural, de limiter vos recommandations aux particularités du projet de loi, et peut-être présenter dans un rapport complémentaire des suggestions sur d'autres sujets, au lieu d'apporter une énorme quantité de nouveaux amendements aux dispositions et de soulever diverses questions qui ne sont pas abordées précisément dans le projet de loi . Ce projet de loi a tellement de valeur qu'il serait une bonne idée de le faire avancer.
L'exposé que je présente aujourd'hui portera essentiellement sur trois aspects. Tout d'abord, je vais simplement utiliser des exemples d'éléments qui, selon moi, sont remarquables et très importants dans le projet de loi . J'ai aussi deux ou trois commentaires à formuler sur certains aspects, dont un en particulier qui me pose problème, mais je suppose — pour m'exprimer de façon plus générale — que ce ne sont que des éléments au sujet desquels je vous proposerais de poser des questions et de vous assurer que ce que vous prévoyez qui va se produire se produit effectivement. Ensuite, comme le ministre a manifesté son souhait d'obtenir des suggestions sur d'autres questions, si nous avons le temps — et probablement pas dans la déclaration préliminaire, mais durant la période de questions —, j'ai certaines suggestions à faire sur d'autres questions qui, selon moi, pourraient être intéressantes.
Laissez-moi simplement vous présenter un peu le contexte ainsi que mon expérience personnelle à ce sujet, car ces éléments ont une incidence sur les réflexions dont je vais vous faire part. Comme je l'ai mentionné, j'ai été procureur de la Couronne en Alberta. En raison de l'une des affaires auxquelles j'ai pris part, en 1992, j'ai fini par devenir l'agent exécutif de l'Association canadienne des policiers. Il s'agit des agents de police de la base, les syndiqués. De 1992 à 1998, nous avons participé activement à la réforme de la justice pénale, à la défense des politiques. C'est en raison de cette expérience, en particulier, et de mon travail de procureur de la Couronne que j'ai ressenti l'importance d'utiliser les connaissances opérationnelles de première ligne pour apprendre comment on peut ensuite façonner les outils législatifs ou stratégiques de manière à obtenir les résultats souhaités.
En outre, il n'est pas nécessaire que tout soit fait au moyen d'un projet de loi. Il y a souvent des cas — et j'ai été frappé par ce fait au moment où je regardais certaines des déclarations faites par des témoins que vous avez accueillis — où nous n'avons pas nécessairement besoin de nouvelles lois. Nous devons faire appliquer celles dont nous disposons déjà, et nous devons nous assurer que les outils sont en place afin que l'on puisse les utiliser adéquatement. Selon moi, le projet de loi en contient des exemples précis.
En 1998, je me suis retrouvé à travailler pour le gouvernement de l'Ontario, après avoir été nommé par décret. Ce gouvernement avait l'intention de réaliser des réformes de la justice pénale, mais il n'y arrivait pas, alors il voulait des personnes ayant une certaine compréhension du système de justice.
Après le 11 septembre, j'ai été nommé conseiller spécial en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme en raison de certains travaux auxquels j'avais déjà participé. J'ai eu des interactions importantes avec les Américains à ce titre. Anciennement, c'était l'Unité mixte d'enquête sur le crime organisé, qui est devenue l'EISN. Essentiellement, mon rôle consistait à être le représentant provincial dans certaines des discussions, et j'observais les interactions entre les organismes, ou l'absence de telles interactions, et les conséquences qu'elles pouvaient avoir.
Depuis, je fais partie des personnes qui ont effectué l'examen qui a mené à l'armement des agents des services frontaliers. Je travaille encore avec le syndicat relativement à des affaires de politique. Je fais également certaines choses avec les comités sur les technologies de sécurité. La valeur de ce travail tient au fait qu'on apprend à comprendre certaines des réalités opérationnelles et ce qui est nécessaire pour obtenir les résultats escomptés.
Je suppose que je devrais ajouter le dernier élément. L'an dernier, j'ai accepté un poste de professeur adjoint à l'Université Simon Fraser. Je sais que vous allez être choqués d'entendre cela. C'est pour un cours offert à cette université, un programme de maîtrise: le programme d'études du terrorisme, des risques et de la sécurité. Le cours que je donne concerne l'établissement d'un équilibre entre les libertés civiles et la sûreté et la sécurité publiques. Pour revenir sur un argument qu'a formulé le général, je pense qu'il ne s'agit pas de situations où on doit faire un choix entre deux options. Nous sommes pleinement capables de faire les deux, et cela suppose l'établissement d'un équilibre. En règle générale, il s'agit d'une très bonne idée, si on regarde ce qui est proposé dans le projet de loi, surtout dans un texte législatif comme celui-ci, qui a des conséquences sur la sécurité nationale, afin de ne pas laisser de côté les principes généraux de la protection des droits civils.
Ce principe comporte deux volets. Vous remarquerez que dans le terme « droits civils », le mot « droits » est modifié par l'adjectif « civils ». Autrement dit, ce sont des droits qui existent dans le contexte d'une société civile. Selon moi, cette signification a des ramifications du point de vue de ce que les citoyens ont le droit d'attendre de leur gouvernement. Je ne veux pas que le gouvernement fasse intrusion dans ma vie privée, mais, en même temps, si le gouvernement a la capacité d'accéder à des renseignements pertinents et de prendre des mesures à l'égard d'une personne qui pose une menace pour ma famille et moi, je m'attends, au titre de mon droit civil, à ce que le gouvernement fasse ce qu'il a à faire pour étendre cette protection.
L'autre volet de ce principe — et, je sais, M. Dubé a posé de nombreuses questions à ce sujet, tout comme d'autres membres du Comité —, c'est l'importance d'étudier ce qui est proposé d'un point de vue général, pour s'assurer qu'il y a effectivement une surveillance initiale ainsi qu'un examen approprié afin que l'équilibre puisse être établi. À mon avis et, plus précisément, d'après mon expérience, le fait que l'autorité exécutive relève d'elle-même pour l'obtention d'une autorisation, c'est quelque chose qui devrait susciter des inquiétudes. Le projet de loi contient des dispositions qui finiront par régler ce problème, quoiqu'il en contient certaines qui soulèvent des questions à ce sujet.
Pour le très peu de temps qu'il nous reste, laissez-moi simplement affirmer que je pense qu'entre autres choses importantes prévues dans le projet de loi, il y a l'utilisation abondante de préambules et de définitions au sujet de l'importance de la vie privée et ce que nous appellerions généralement les droits civils, en ce que cela s'applique aux raisons pour lesquelles nous prenons des mesures. Il s'agissait selon moi d'une lacune du projet de loi . Je peux vous dire qu'il est d'une importance cruciale dans le monde d'aujourd'hui, qui est régi par la Charte, que l'on veille à ce que ce soit inclus, afin que les tribunaux puissent déterminer si les mesures prises par l'autorité législative tenaient effectivement compte des questions liées à la Charte. « Le préambule d'une loi tu examineras au moment même de la rédaction » est une règle relative à l'interprétation des lois.
Il me reste une minute; je pense que l'aspect opérationnel du projet de loi qui est probablement le plus important, c'est l'autorisation de cyberactivité proactive accordée au CST. C'est une réalité du monde dans lequel nous vivons. Nous sommes totalement cyberdépendants, ce qui signifie également que nous avons d'énormes vulnérabilités à cet égard. En réalité, la cybersécurité a été une considération secondaire. Il s'agit d'une première étape; ce n'est pas la réponse complète. Je fais également un certain travail dans le domaine cybernétique, et c'est quelque chose qui, selon moi, est extrêmement important.
La question que je soulèverais pour conclure, qui me préoccupe particulièrement, est liée au changement dans ce que je pense être la norme de preuve associée à l'infraction de propagande terroriste. Je pourrai aborder ce sujet plus en détail, mais ma préoccupation tient essentiellement au fait qu'il pourrait rendre plus difficile — pour aucune bonne raison, aucune raison justifiable que je puisse imaginer — l'utilisation de cette disposition, qui est extrêmement pertinente maintenant, vu l'environnement de terrorisme intérieur dans lequel nous vivons.
J'ai hâte de répondre à vos questions et, je l'espère, d'aborder d'autres sujets.
:
Je ne veux pas vous interrompre.
Vous avez mentionné dans votre exposé vos préoccupations concernant les modifications apportées par le projet de loi à la disposition touchant l'infraction pour propagande terroriste contenue dans le projet de loi C-51
. J'ai lu un article que vous avez rédigé — qui a peut-être paru sur le site iPolitics l'automne dernier — dans lequel vous avez fait part de votre opposition à ces modifications.
Aux fins du compte rendu, dans le projet de loi C-51
, il est prévu qu'une personne commet un acte criminel lorsqu'elle « sciemment, par la communication de déclarations, préconise ou fomente la perpétration d’infractions de terrorisme en général ». Dans le projet de loi , ce passage a été remplacé par des termes plus communs en droit criminel: « conseiller la commission d’infractions de terrorisme ».
J'ai lu votre critique à ce sujet, donc je souhaite vous poser immédiatement une question à propos de la formulation relative à l'infraction dans le projet de loi . Prenons l'exemple d'un journaliste ou d'un groupe d'opposants qui soutient un groupe — je sais que la période ne correspond pas, mais je crois que vous comprendrez l'exemple — d'activistes antiapartheid liés au Congrès national africain et à Mandela. Vous savez très bien que, en particulier au début du mouvement contre l'apartheid, on appelait à perpétrer des attaques ne causant pas la mort contre les infrastructures publiques.
Si un journaliste au Canada écrivait un article en faveur de ce type d'approche — encore une fois, le mouvement antiapartheid a mené une des plus importantes batailles du XXe siècle — on pourrait facilement concevoir, et je ne suis pas le seul à utiliser cet exemple, que ce journaliste pourrait être accusé selon la formulation des dispositions dans le projet de loi .
Le fait d'apporter des modifications maintenant, d'utiliser les termes « conseiller la commission d'infractions de terrorisme », ne clarifie-t-il pas l'infraction et ne permet-il pas de mieux comprendre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas?
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Comme je l'ai mentionné, l'élément le plus important qui soulève chez moi des questions concerne la propagande terroriste. Pour revenir sur la question et y répondre, c'est précisément parce que la définition proposée se trouve à l'article 22 du Code criminel, soit une personne qui conseille à une autre de commettre une infraction. Si je comprends bien le libellé, dans les faits, cette infraction figure déjà dans la loi.
Je peux vous garantir que, si on conserve le libellé, dans certaines affaires, des avocats de la défense se présenteront devant le tribunal quand une personne est accusée et demanderont: « À qui cette personne conseillait-elle de commettre une infraction? » S'il n'y a pas une autre personne d'impliquée, il n'est pas possible de prouver que l'infraction a été commise.
Cela se rapporte à la notion générale, qui reflète la réalité à laquelle nous faisons face maintenant: nous savons que ce qui devrait être inclus dans la définition de propagande terroriste, ce sont les moyens utilisés pour la radicalisation, le recrutement et la facilitation, y compris, et surtout, dans des situations qui surviennent ici. C'est ce à quoi nous faisons face dans les faits.
En ce qui concerne les questions plus larges que vous avez soulevées, je vais revenir à ce que j'ai mentionné précédemment. Je crois que certains éléments du projet de loi nous aident à composer avec la réalité du retour des djihadistes. La chose la plus importante, c'est que le gouvernement n'a pas changé la norme de preuve exigée à l'article 810.011, qui concerne l'engagement de ne pas troubler l'ordre public dans le cas de crainte d'une infraction de terrorisme. Le libellé comprend toujours « craindre la possibilité qu'une personne commette ». Si cela avait été remplacé par « craindre qu'une personne commette », cela aurait créé un obstacle beaucoup plus important.
L'autre élément qui est très important dans ce projet de loi, c'est la disposition qui exige le dépôt annuel d'un rapport indiquant le nombre d'engagements contractés et la disposition portant sur un examen des effets de la loi après cinq années d'application. D'après mon expérience au gouvernement, ce genre de disposition a tendance à favoriser la reddition de comptes. Je peux vous assurer que, si ces dispositions sont incluses, on verra apparaître des tableaux blancs dans les différents bureaux des services et des organismes de sécurité, et les gens y inscriront ce dont ils sont responsables et ce qu'ils doivent livrer. C'est une bonne chose, parce que je suis d'avis que l'obligation de rendre des comptes favorise l'atteinte de résultats.
:
Merci beaucoup de votre question.
Je vais essayer de répondre en français, mais il se peut que je ne relève pas les petites nuances. Pour les autres questions, je vais répondre en anglais.
[Traduction]
J'aimerais brièvement revenir sur la question précédente.
À mes yeux de personne de terrain, si le Comité ne met l'accent que sur les mesures législatives, il ratera environ 80 % des lacunes possibles qu'il cherche à cerner. Dans les faits, les mesures législatives doivent s'appuyer sur des pratiques mises en place et des structures qui les sous-tendent. C'est la capacité totale. Il existe beaucoup de mesures législatives au Canada qui ne sont pas appliquées en raison du manque de pratiques, de structures, de mécanismes de reddition de comptes et d'autres choses encore. Je serais très prudent quant au fait de ne mettre l'accent que sur les lacunes dans les mesures législatives. Comme personne qui possède de l'expérience acquise sur le terrain, j'affirmerais que nous devons avoir une vision un peu plus globale.
En ce qui concerne votre question en particulier, je crois que c'est excellent. Les djihadistes ou les religieux extrémistes forment un groupe plutôt hétérogène qui comprend des aventuriers, des mécontents, des opprimés et des personnes réellement engagées. Des personnes de tous ces horizons reviendront au Canada. Quiconque croit que chacune d'entre elles qui reviennentt au Canada est soit foncièrement mauvaise, soit simplement bonne, compte tenu de la situation, et ainsi de suite, se fait des illusions.
Nous recevrons des personnes qui se sont rendues à l'étranger pour des raisons qui ne sont pas liées aux combats livrés par Daech ou l'État islamique et ainsi de suite, et qui ont été déçues de ce qu'ils ont vu.
Nous verrons aussi parmi ces personnes qui reviennent des gens très déterminés à continuer à soutenir ce conflit. Les gens se leurrent. J'ai traité avec ces personnes ailleurs dans le monde. Elles sont engagées. Vous vous leurrez si vous déclarez le contraire, et vous mentez. Vous le savez.
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J'ai fourni mon allocution et aussi le document que j'ai rédigé pour l'Institut Macdonald-Laurier et quelques autres documents au Comité, donc vous aurez accès à ces informations.
Je suis totalement d'accord pour dire que les problèmes touchant la frontière ne sont pas vraiment inclus. En toute franchise, je ne crois pas que c'était intentionnel au moment de rédiger le projet de loi et il faut dire qu'on utilise d'autres lois. Toutefois, à mon avis, il y a de nombreuses choses qui pourraient et devraient être faites. J'ai été étonné quand vous avez reçu vos derniers témoins, dont certains représentants de la GRC, car ils ont formulé des commentaires inhabituels, à mon avis, malgré qu'ils portaient moins sur l'aspect juridique que sur l'aspect pratique.
Avons-nous en place un système de signalement de personnes suspectes qui utilise la biométrie et des logiciels de reconnaissance des visages? C'est peut-être une surprise, mais les criminels utilisent de fausses identités. Pourquoi nos agents des services frontaliers ne sont-ils pas clairement autorisés à mener des activités d'application de la loi entre les points d'entrée? C'est ridicule. Nous devons renégocier l'Entente sur les tiers pays sûrs.
Soyons clairs. De toute évidence, vous pouvez appeler ce phénomène la migration mondiale ou le passage de clandestins, mais ce n'est pas par accident que ces personnes, par coïncidence... En passant, plus de 50 % d'entre eux, dans les dernières vagues, étaient non pas des Haïtiens qui s'attendaient à quitter les États-Unis, mais des personnes qui avaient obtenu un visa de façon légale pour se rendre aux États-Unis pour ensuite se rendre de façon illégale au Canada. Cela devrait faire sourciller. Pourquoi est-ce ainsi? Somme toute, le mot s'est passé voulant que ce soit quelque chose de possible.
À mon avis, les questions sont tellement nombreuses à ce sujet qu'il faudrait mener une étude et une analyse distinctes, et ne pas nécessairement ajouter ces aspects à l'étude du projet de loi , parce que ce projet contient suffisamment d'éléments légitimes. Toutefois, les problèmes touchant la sécurité à la frontière, selon moi... Nous n'avons pas réalisé tous les engagements pris dans le cadre du programme Par-delà la frontière et du Projet de perfectionnement de la technologie de l'intégrité des frontières qui touche les technologies de surveillance de la frontière. Ce sont des choses qu'on doit absolument réaliser.
Comme je l'ai dit, les malfaiteurs nous disent ce qu'ils prévoient faire. Souvenez-vous du moment où cette situation a commencé et qu'un flot de réfugiés a déferlé sur l'Europe et qu'ils ont dit qu'ils allaient s'infiltrer parmi les réfugiés. La semaine dernière, un rapport de l'UE a été publié au sujet de ces personnes qui reviennent. Nous devons nous y attarder.
Pour terminer sur ce point, je suis d'avis que les responsables de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié ont bien communiqué des statistiques sur le nombre de personnes qui ont été interdites de territoire, les délais de traitement et ainsi de suite. Un chiffre qui n'est pas publié, c'est le nombre de personnes qui ont été renvoyées. Dans notre système, ce n'est pas la même chose que d'être visé par une mesure de renvoi.
Il s'agit de renseignements accessibles, et ce serait une bonne idée de les communiquer, parce que, selon mon expérience, notre système est trop axé sur la bureaucratie et les processus. Les processus doivent servir à atteindre un but. Permettez-moi d'ajouter une réflexion découlant d'une carrière dans le domaine de l'application de la loi; trop souvent, ce n'est pas le cas, surtout en ce qui a trait aux problèmes qui touchent la frontière.
Vous recevrez une liste de recommandations, monsieur.
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Je vous remercie de votre question et de vos commentaires.
[Traduction]
Je pense que je suis d'accord avec votre point sous-jacent concernant l'exagération des menaces. Nous devrions comprendre ce qu'est vraiment le risque dans ce domaine. C'est une combinaison de trois éléments distincts: la fréquence, la probabilité et la conséquence de l'événement.
À mon avis, n'importe quelle mesure donnerait à penser que, au pays, le terrorisme axé sur les combattants étrangers ne fait probablement pas partie des 100 menaces les plus importantes mettant la vie des personnes en danger. N'allez pas croire que je ne pense pas qu'on s'en occupe, toutes proportions gardées.
C'est pourquoi j'ai dit, dans ma déclaration préliminaire, que pour ce qui est de l'équilibre entre notre sécurité, les droits que confèrent la Charte et tout le reste, nous devrions prendre des décisions délibérées qui diminuent en réalité notre sécurité parce que c'est une position éclairée sur le risque et la menace. On y arrive seulement, cependant, si on a les mécanismes de soutien dont j'ai parlé plus tôt ce matin pour prendre des décisions éclairées.
Je ne m'inquiète pas de l'exagération de la menace, mais plutôt de l'ignorance de celle-ci. Je suis tout à fait d'accord que les gouvernements, les organismes, les organismes d'application de la loi, etc. décident de ne pas faire quelque chose. Mais je suis vraiment mal à l'aise lorsqu'ils décident de ne pas agir parce qu'ils ne savent rien, et c'est en fait la réalité, à mon avis.
Je serais d'accord avec la partie sous-jacente de cela. Certaines personnes désirent exagérer la situation pour faire de l'effet parce que cette idéologie correspond à la leur ou parce qu'il s'agit du fondement de leur politique ou de quoi que ce soit d'autre. Je ne suis certainement pas là, mais cette situation requiert assurément un processus décisionnel conscient, une acceptation et une analyse de la menace fondés sur un processus décisionnel éclairé qui est soutenu par une structure gouvernementale pleinement intégrée. Ces trois dernières étapes n'existent tout simplement pas.
Monsieur le président, honorables membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité ici aujourd'hui à vous parler du projet de loi . Comme vous l'avez précisé, monsieur McKay, je suis accompagné de Mme Joanne Gibb, qui est la directrice de la Recherche des politiques et des enquêtes stratégiques à la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada.
[Traduction]
Mes commentaires porteront sur la partie 1 du projet de loi, qui vise à mettre sur pied l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, organisme auquel certains pouvoirs et fonctions de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC seront transférés.
À titre de dirigeant de la Commission, je crois fermement en l’importance de la surveillance et de l’examen par des civils, qu’elle porte sur la sécurité nationale ou, plus précisément, sur des questions générales d’exécution de la loi. L’examen indépendant favorise le changement positif et améliore les organisations, et je crois qu’il s’agit d’un objectif que nous ne devons pas perdre de vue lorsque nous parlons de ces modifications. Par conséquent, la Commission appuie les efforts déployés en vue d’améliorer le cadre d’examen en matière de sécurité nationale.
[Français]
La confiance des Canadiens et des Canadiennes à l'endroit des organismes responsables de la sécurité publique et de la sécurité nationale est fondée en grande partie sur la responsabilisation et la transparence, dans la mesure où cette transparence est possible. Qu'il soit effectué par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement ou par des organismes civils d'experts, notamment la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité ou le Bureau du commissaire du Centre de la sécurité des télécommunications, l'examen indépendant complète le cadre de responsabilisation général des organisations chargées de veiller à la sécurité du Canada.
Le gouvernement veut renforcer ce cadre en créant l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. La Commission s'engage donc à collaborer avec le nouvel organisme d'examen pour faire en sorte que les activités de la GRC puissent faire l'objet d'un examen indépendant approprié.
[Traduction]
Créée en 1988, la Commission possède une expérience et une expertise considérables en ce qui concerne la gestion de plaintes et l’exécution d’examens concernant diverses activités de la GRC, notamment les activités de la GRC en lien avec les sommets du G8 et du G20, la saisie d’armes à feu à High River ou la prestation de services de police dans le Nord de la Colombie-Britannique.
La Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC, telle qu’elle est appelée aujourd’hui, constitue depuis longtemps un élément clé de la structure de responsabilisation de la GRC. En examinant les plaintes de manière indépendante et en formulant des recommandations correctives au besoin, la Commission vise à apporter des changements constructifs au sein de la GRC.
[Français]
À l'heure actuelle, la Commission effectue un examen de la mise en oeuvre par la GRC des recommandations du juge O'Connor concernant l'affaire Maher Arar. Cette enquête est en cours et devrait être terminée avant la fin de l'année financière. La Commission rédigera alors un rapport exposant les conclusions et les recommandations, s'il y a lieu, relatives aux six secteurs étudiés par le juge O'Connor.
J'espère bien que les conclusions ou les recommandations formulées par la Commission aideront à orienter le nouvel office d'examen dans ses travaux sur les activités de la GRC touchant la sécurité nationale.
[Traduction]
Dans son rapport de 2006, le juge O’Connor a souligné qu’il est important que le nouvel Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement soit en mesure de « suivre le fil ». Conformément au projet de loi , c’est exactement le mandat qu’aura le nouvel organisme d’examen : il fournira une approche plus globale aux examens en matière de sécurité nationale. Le juge O’Connor a aussi précisé qu’il faut briser les cloisonnements et que les organismes d’examen spécialisés doivent collaborer davantage. Nous espérons que cela sera un résultat de la nouvelle loi et des nouvelles structures de surveillance.
Puisque la sécurité nationale ne constitue qu’une infime partie du mandat de la GRC, je suis heureux que le projet de loi permette à l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement de fournir à la Commission des renseignements qu’il a obtenus de la GRC si ces renseignements concernent notre propre mandat. Je crois que ces éléments sont essentiels à l’efficacité globale des organismes d’examen spécialisés.
Par exemple, si, dans le cadre d’un examen touchant la sécurité nationale, l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement est informé d’une question stratégique qui n’est pas liée à la sécurité nationale, cette question pourrait être renvoyée à la Commission en vue d’un examen plus approfondi. C’est la réalité du monde dans lequel nous vivons.
[Français]
Pour mieux illustrer l'importance de la collaboration et de la coopération, je pense que, si la Commission reçoit une plainte du public qui touche la sécurité nationale et que celle-ci contient aussi des allégations relatives à la conduite d'un membre de la GRC, les deux organismes d'examen devraient pouvoir, tout en respectant le mandat législatif de chacun, unir leurs efforts pour traiter cette plainte. C'est de cette seule façon que les Canadiens ou les Canadiennes qui auraient formulé une plainte recevraient une réponse adéquate à toutes leurs plaintes.
Même si la loi précise que la plainte doit être envoyée à l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, la Commission, en tant qu'organisme d'examen spécialisé en ce qui concerne les activités policières et la conduite des agents, pourrait s'occuper des éléments d'une allégation visant la conduite d'un membre ou des membres. Cela fournirait une approche cohérente et uniformisée de l'examen de plaintes relatives à la conduite des membres de la GRC dans l'exercice de leurs fonctions.
[Traduction]
En ce qui concerne les changements apportés au mandat de la Commission dans le projet de loi , certaines ambiguïtés doivent être clarifiées. Le Comité voudra peut-être les prendre en considération. Selon les modifications proposées à la Loi sur la GRC, la Commission doit refuser de traiter une plainte qui concerne une activité étroitement liée à la sécurité nationale et la renvoyer à l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Cela signifie que la Commission continuera d’accueillir toutes les plaintes du public liées à la GRC et, par conséquent, elle demeurera le point d’arrivée de ces plaintes. C’est à elle qu’il incombe de déterminer si la plainte, selon le libellé de la loi, est « étroitement liée à la sécurité nationale » avant de décider la façon de la trancher.
En l’absence d’une définition de « sécurité nationale », toutefois, la Commission doit décider si elle renvoie ou non la plainte à l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Si ce renvoi est effectué, l’Office doit recevoir la plainte et faire enquête conformément à l’article 19 de la nouvelle loi. Il n’existe aucun pouvoir à l’heure actuelle, cependant, permettant au nouvel Office de renvoyer le dossier à la Commission s’il estime, après l’avoir examiné, que la plainte n’est pas étroitement liée à la sécurité nationale. Il s’agit d’une modification que le Comité pourrait envisager d’apporter.
[Français]
Par ailleurs, aux termes du projet de loi , bien que la Commission ne puisse pas recevoir de plaintes ou enquêter sur les plaintes qui sont étroitement liées à la sécurité nationale ni examiner une activité de la GRC liée à la sécurité nationale, rien n'interdit au président de la Commission de déposer une plainte concernant la sécurité nationale. Actuellement, en vertu de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada, le président peut déposer une plainte s'il est convaincu qu'il existe des motifs raisonnables d'enquêter sur la conduite, dans l'exercice de ses fonctions, d'un membre de la GRC. Conséquemment, puisque le projet de loi C-59 ne modifie pas le paragraphe 45.59(1) de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada, le président pourrait déposer une plainte étroitement liée à la sécurité nationale. Je propose, avec le respect que je dois au Comité, qu'il se penche sur cette question pour déterminer si cela est conforme aux objectifs visés par la nouvelle loi.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné au début de ma déclaration liminaire, je crois en l'importance de la surveillance civile de l'application de la loi, et, à la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC, nous sommes fermement résolus à travailler avec le nouvel Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement.
Pour terminer, j'aimerais remercier le Comité de m'avoir permis d'exprimer mon opinion sur le rôle important de l'examen civil indépendant. Je serai heureux de répondre à vos questions.