Monsieur le président et honorables membres du Comité, c'est un plaisir pour moi de comparaître devant vous aujourd'hui à titre de nouvelle commissaire du Service correctionnel du Canada, ou SCC.
[Français]
Comme vous le savez, je suis accompagnée aujourd'hui de M. Fraser Macaulay, qui est sous-commissaire principal par intérim, et de M. Larry Motiuk, qui est commissaire adjoint du Secteur des politiques.
[Traduction]
Bien que j'aie déjà eu l'occasion de comparaître devant ce comité en tant que sous-commissaire principale et en tant que commissaire intérimaire, j'aimerais prendre un moment pour mentionner brièvement mon expérience.
D'abord, je suis honorée d'avoir été nommée commissaire du SCC, un poste occupé par huit autres personnes avant moi.
J'ai entrepris ma carrière dans les services correctionnels fédéraux en 1983 en tant qu'agente de gestion de cas et, depuis, j'ai eu le grand privilège de travailler avec des employés travaillants et dévoués des services correctionnels.
[Français]
Au cours de mes 35 années de carrière dans le domaine correctionnel, j'ai occupé divers postes dans les établissements, dans la collectivité et à l'échelle nationale, notamment ceux de directrice générale des programmes correctionnels et de la réinsertion sociale, de sous-commissaire pour les femmes, de sous-commissaire régionale de la région du Pacifique, ainsi que de sous-commissaire principale.
[Traduction]
J'ai eu la chance de constater l'évolution du SCC et de son approche à l'égard des services correctionnels, ainsi que les importants progrès réalisés pour assurer la réadaptation efficace et la réinsertion sociale en toute sécurité des délinquants sous responsabilité fédérale. Dans la foulée de cette évolution, j'ai constaté l'importance de la collaboration avec les partenaires et les intervenants du SCC, tant au sein du gouvernement que dans la collectivité, qui nous permet d'améliorer nos stratégies, programmes et services de manière à mieux atteindre nos objectifs prioritaires et à assurer la sécurité publique.
Le 5 septembre 2018, j'ai reçu ma lettre de mandat de la part de l'. Cette lettre de mandat permet de réfléchir à ce que nous avons déjà accompli au sein du SCC, et elle nous incite à continuer de viser l'excellence en matière de services correctionnels. La lettre met l'accent sur le rôle clé que joue le SCC pour veiller à ce que les délinquants qui retournent dans leur collectivité soient bien préparés pour mener une vie productive à titre de citoyens respectueux des lois. Elle fait aussi des partenariats un thème clé, et nous invite à travailler avec les bénévoles, les membres de la collectivité et nos nombreux partenaires et organismes d'intervenants. Grâce à leur appui, le SCC veillera à ce que les délinquants dont il est responsable soient mieux préparés et outillés pour faire les choix appropriés et apporter des changements positifs dans leur vie.
[Français]
J'ai aussi appris de première main à quel point il est important que l'approche correctionnelle du Service soit adaptée aux besoins de notre population diversifiée de délinquants. Pour atteindre cet objectif, le Service offre aux délinquants toute une gamme d'interventions, notamment des programmes et des services qui ciblent les besoins liés à la culture, à l'éducation, à l'emploi, à la vie sociale, à la santé mentale et aux facteurs criminogènes de chacun.
[Traduction]
La lettre de mandat insiste sur l'importance d'une réflexion continue, un processus qui nous est familier au SCC et que nous entendons poursuivre. En fait, notre ouverture au changement nous a permis de faire des progrès dans des secteurs importants, et j'aimerais souligner quelques-uns de ces secteurs.
Au plan national, nous observons une baisse continue de la population carcérale, laquelle est passée de plus de 15 000 en 2012-2013 à un peu plus de 14 000 à l'heure actuelle, et une hausse continue du nombre de délinquants pris en charge dans la collectivité, lequel est passé d'environ 7 500 en 2012-2013 à plus de 9 200 à l'heure actuelle. Par ailleurs, en 2017-2018, nous avons constaté le plus grand nombre de semi-libertés accordées depuis 2012-2013, notamment pour les délinquants autochtones et les délinquantes. Cela signifie que le travail réalisé par notre personnel pour préparer les délinquants à leur libération et à leur réinsertion dans la communauté porte réellement fruit.
[Français]
En 2017-2018, nous avons également pu constater les répercussions positives de l'augmentation du niveau de scolarité des délinquants. En effet, environ 72 % des délinquants autochtones et des délinquantes ainsi que 67 % des délinquants non autochtones ont augmenté leur niveau de scolarité avant la fin de leur peine. En comparaison, en 2012-2013, entre 50 et 53 % des délinquants et des délinquantes avaient augmenté leur niveau de scolarité avant la fin de leur peine.
[Traduction]
L'annonce de la réouverture, cette année, des fermes pénitentiaires des établissements de Joyceville et de Collins Bay à Kingston, en Ontario, représente également une nouvelle occasion de favoriser la réinsertion sociale des délinquants en leur permettant d'acquérir des compétences relatives à l'emploi et à l'employabilité qui sont utiles au moment de leur libération.
Dans le cadre du mandat du SCC, l'une de nos principales priorités consiste à lutter contre l'incarcération disproportionnée des Autochtones et à veiller à ce que nos programmes et interventions soient adaptés aux réalités culturelles des délinquants et contribuent à leur réinsertion sociale. Le SCC continue de renforcer ses partenariats avec les peuples autochtones afin de créer davantage d'occasions, pour les collectivités des Premières Nations, métisses et inuites, de participer à la prise en charge, à la garde et à la surveillance des délinquants autochtones, conformément aux articles 81 et 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
[Français]
Le Service examine actuellement les propositions de certaines collectivités autochtones qui ont manifesté leur intérêt à conclure une entente, en vertu de l'article 81, en vue de créer un pavillon de ressourcement pour les soins et la garde des délinquants et des délinquantes autochtones.
[Traduction]
Le SCC a également établi des centres d'intervention pour Autochtones dans tout le pays, dans sept établissements pour hommes et dans tous les établissements pour femmes. Cette initiative vise à renforcer l'accès des délinquants autochtones à des programmes adaptés à leur culture afin d'accroître leur potentiel de réinsertion sociale dans nos collectivités.
Pour ce qui est de la santé mentale, grâce au financement consenti dans les budgets de 2017 et 2018, le SCC a augmenté sa capacité de prestation de soins de santé mentale intermédiaires dans certains établissements pour hommes à sécurité moyenne et maximale et dans tous les établissements pour femmes. Le modèle du SCC s'harmonise avec les principes énoncés par l'Organisation mondiale de la santé, notamment des soins primaires pour assurer une intervention précoce dans les établissements réguliers auprès de ceux souffrant de troubles mentaux légers ou modérés qui favorise le rétablissement; des soins intermédiaires pour les délinquants qui ont des besoins plus importants, mais qui n'ont pas besoin d'être hospitalisés; des soins aigus ou hospitaliers dans un centre de traitement régional pour stabiliser les délinquants présentant les symptômes et les types de déficience les plus graves.
[Français]
En ce qui concerne l'isolement préventif, le Service a révisé ses politiques pour veiller à ce que certains groupes de détenus, comme les détenus atteints d'une maladie mentale grave ou susceptibles de se mutiler ou de se suicider, ne soient plus placés en isolement préventif. Nous consacrons un temps considérable à nous assurer que nous gérons adéquatement l'isolement préventif. Entre 2013-2014 et 2017-2018, le Service a constaté une diminution du recours à l'isolement préventif. Le nombre total d'admissions a diminué de 35 % chez les hommes et de 42 % chez les femmes.
[Traduction]
Enfin, comme il est indiqué dans ma lettre de mandat, les partenariats sont essentiels à notre succès et les employés du SCC sont mes partenaires les plus importants. S'assurer que le SCC offre un milieu de travail positif, respectueux et sécuritaire est absolument essentiel à notre succès dans la réalisation de notre mandat et de nos priorités. Je m'engage à veiller à ce que nous ayons un milieu de travail respectueux dans l'ensemble du pays, un milieu de travail qui soit sécuritaire autant pour le personnel et les délinquants que pour les visiteurs. En tant que commissaire, ma priorité est d'envoyer un message clair selon lequel aucune forme de comportement irrespectueux, qu'il s'agisse de paroles ou de gestes, ne sera tolérée.
Monsieur le président, il me paraît clair que la contribution du SCC à la sécurité des collectivités serait impossible sans le dévouement et la passion de notre personnel et de nos nombreux bénévoles. Dans le même ordre d'idées, je terminerai en soulignant à quel point le SCC est reconnaissant pour le travail de son personnel, de ses partenaires et de ses bénévoles. C'est un grand honneur pour moi de servir à titre de nouvelle commissaire du SCC et d'être le symbole d'un bon régime correctionnel. Aucune responsabilité n'est plus grande que de se voir confier les soins et la garde d'autres êtres humains et, par conséquent, nous devons nous acquitter de ces responsabilités avec le plus haut niveau d'intégrité et de professionnalisme. Travailler au SCC, c'est plus qu'un travail; c'est une vocation qui peut avoir des répercussions profondes sur la vie des délinquants, de leurs familles et de la société tout entière. Comme le dit ma citation préférée: « Tout travail est le reflet de la personne qui l'a réalisé. Marquez votre travail du sceau de l'excellence. Toujours. »
[Français]
Je vous remercie de nouveau de m'avoir donné l'occasion de vous adresser la parole aujourd'hui. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
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Tout d'abord, merci pour cette question.
Je tiens à saluer les membres du personnel qui sont ici. Au cours de mes 35 années de carrière au SCC, s'il y a une chose que je peux dire, c'est que les membres du Service correctionnel sont passionnés et ils croient en ce qu'ils font. C'est un travail incroyablement difficile.
Je pense à nos agents correctionnels qui sont nos intervenants de première ligne lorsqu'il se produit des incidents dans les établissements. Ce n'est pas toujours facile. Ils font leur travail avec professionnalisme. Les membres de notre personnel infirmier interviennent également en cas d'incident, tout comme nos agents de libération conditionnelle et nos agents de programmes, qui travaillent à favoriser la réadaptation des délinquants et leur réinsertion sociale en toute sécurité. À cela s'ajoutent notre groupe d'aînés, nos agents de liaison autochtones, nos gens de métier et nos aumôniers — bref, tout le monde au SCC.
C'est une excellente organisation. Comme je l'ai dit, lorsque nous recevons des visiteurs au SCC, ils me disent notamment à quel point le personnel est passionné par son travail.
Encore une fois, en réponse à la question de M. Dubé, nous avons lancé une campagne de promotion du respect en milieu de travail pour nous assurer que les gens travaillent dans un bon climat de travail, comme ils le méritent. C'est important.
Nous voulons également veiller à ce que les allégations de harcèlement ou d'intimidation soient immédiatement traitées. Je le répète: en tant que membres du Comité de direction, nous avons créé une vidéo, que nous avons envoyée à toutes les régions, et nous avons reçu de bons commentaires à cet égard. Cela sert à dénoncer le harcèlement et l'intimidation. Voilà donc une mesure qui favorise un milieu de travail sûr et positif.
Nous faisons également en sorte que nos employés disposent des outils nécessaires pour faire leur travail, qu'ils suivent la formation dont ils ont besoin pour accomplir leurs tâches et qu'ils reçoivent le soutien dont ils ont besoin lorsqu'ils doivent malheureusement intervenir en cas d'incident. Parfois, cela peut avoir des répercussions sur nos employés qui sont des intervenants de première ligne.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que nous nous préoccupons tous de la sécurité publique — c'est la priorité absolue. Il est important pour nous de nous rappeler que presque toutes les personnes qui sont incarcérées aujourd'hui seront un jour libérées et seront nos voisins, nos collègues. C'est un fait, tout simplement.
Au chapitre de la sécurité publique, j'aimerais que les gens soient réadaptés et qu'ils ne récidivent pas lorsqu'ils sont remis en liberté pour éviter de me retrouver avec un voisin au comportement criminel.
Je suis certaine que vous avez lu les deux études que nous avons menées. Elles portaient en grande partie sur le bon travail qu'accomplissent les employés dans les prisons pour s'assurer que les personnes remises en liberté réussissent.
Je veux porter votre attention sur un point, celui de la carte d'identité. Ce n'est pas une responsabilité fédérale, mais le problème est que lorsque les personnes sortent de prison, elles n'ont ni carte d'assurance-maladie, ni permis de conduire, ni carte d'identité avec photo, si bien qu'elles n'arrivent pas à trouver d'endroit où vivre ou du travail, et cela peut prendre des mois. Je ne m'attends pas à ce que vous répondiez nécessairement aujourd'hui, commissaire Kelly, mais c'est quelque chose...
C'est ce qu'on m'a dit lors d'une récente visite à Willow Cree. Les employés de la Sécurité et de la Justice m'en ont parlé. C'est un énorme obstacle à la réussite des gens après leur remise en liberté. J'ignore si vous en êtes consciente.
Voulez-vous vous prononcer brièvement sur les mesures éventuelles que nous pouvons prendre pour collaborer avec nos homologues provinciaux dans ce dossier? De nos jours, nous pouvons faire les choses en ligne. Comme Scott Brison l'a mentionné, c'est comme être un blockbuster dans un monde de Netflix.
Les détenus ont des cartes d'identité avec photo lorsqu'ils sont dans le système correctionnel. Comment faire avec nos homologues provinciaux pour nous assurer qu'ils obtiennent ces cartes avant leur remise en liberté et sans devoir être escortés?