:
Merci, monsieur le président. Comme vous l'avez demandé, ma présentation sera plutôt courte.
Monsieur le président et distingués membres du Comité, je m'appelle André Boucher. Je suis sous-ministre délégué des opérations au Centre canadien pour la cybersécurité.
Tout d'abord, je vous remercie d'avoir accepté de nous recevoir et d'entendre mon témoignage cet après-midi.
En guise de préambule, permettez-moi de vous présenter brièvement l'organisme que je représente.
Le Centre canadien pour la cybersécurité a été institué le 1er octobre 2018 et relève du Centre de la sécurité des télécommunications. À titre d'autorité canadienne en matière de cybersécurité, l'organisme dirige les interventions du gouvernement suivant des événements liés à la cybersécurité.
Notre équipe nationale d'intervention travaille étroitement avec les ministères, les propriétaires et les exploitants d'infrastructures essentielles, les entreprises canadiennes et les partenaires internationaux pour intervenir en cas d'incidents de cybersécurité ou pour atténuer les conséquences qui découlent de ces incidents. Ce faisant, nous offrons des conseils et du soutien d'expert et coordonnons les communications d'information ainsi que les interventions en cas d'incident.
Les partenariats que le Centre canadien pour la cybersécurité établit avec les intervenants de l'industrie représentent un élément clé de notre mission. Nous avons pour objectif de promouvoir l'intégration de la cyberdéfense dans le modèle d'affaires de nos partenaires de l'industrie, ce qui aura pour effet d'accroître le niveau global de résilience du Canada à l'égard des cybermenaces. Or, malgré les efforts que l'industrie et le Centre ont à déployer, force est de constater que des cyberincidents ont tout de même lieu.
Cela m'amène à aborder le sujet dont j'aimerais vous entretenir cet après-midi. Il convient tout d'abord d'indiquer que le Centre canadien pour la cybersécurité n'est en mesure de fournir aucun détail concernant l'incident en question et qu'il n'émettra aucun commentaire quant aux pratiques de cybersécurité d'une entreprise particulière ou d'un individu. Au reste, toute forme d'atteinte à la cybersécurité peut être vue comme une occasion de réévaluer ses propres pratiques et de renforcer les systèmes, les processus ainsi que les mesures de protection.
Dans le cas présent, les articles de médias et les déclarations publiques indiquent qu'une divulgation de renseignements personnels a eu lieu suivant des actes commis par un individu œuvrant pour l'entreprise en cause, ce que l'on appelle communément une menace interne.
[Traduction]
Dans sa récente publication intitulée Introduction à l'environnement de cybermenaces, le Centre pour la cybersécurité décrit la menace interne comme étant ces individus qui travaillent dans un organisme, mais que l'on considère comme particulièrement dangereux, puisqu'ils ont accès à des réseaux internes qui sont protégés par des périmètres de sécurité. Pour tout intervenant malintentionné, l'accès est l'élément déterminant. Comme ils jouissent d'un accès privilégié aux données protégées par l'organisme qui les emploie, les auteurs de menace internes ne sont pas contraints de recourir aux méthodes que l'on doit normalement appliquer à distance, ce qui leur permet de collecter assez aisément de précieux renseignements. De fait, cet incident nous rappelle l'importance du facteur humain en matière de cybersécurité. Or, les menaces internes ne sont qu'un exemple de ce type de problème.
Les cybercriminels ont été particulièrement ingénieux lorsqu'il s'est agi d'exploiter le comportement humain à des fins de piratage psychologique et d'inciter les personnes à divulguer, bien qu'à leur insu, des renseignements sensibles. La sécurité de nos systèmes dépend essentiellement de la fiabilité des humains, c'est-à-dire les utilisateurs, les administrateurs et les équipes responsables de la sécurité.
Il convient donc de nous demander ce que nous pouvons faire dans un environnement où les cybermenaces se multiplient. Sur le plan de l'entreprise, il est capital d'adopter une approche globale qui se caractérise d'abord par la promotion d'une culture de sécurité et par la mise en place des politiques, des procédures et des pratiques nécessaires en matière de cybersécurité. Nous disposerons ainsi d'un plan d'intervention en cas de problèmes; et nous savons que des problèmes, il y en aura toujours.
Il faut investir pour que les personnes détiennent les moyens d'agir. La formation et la sensibilisation des personnes et des entreprises s'avèrent essentielles. Ce n'est que par la sensibilisation que nous pourrons continuer de développer et d'inculquer de bonnes pratiques de sécurité, une mesure essentielle pour protéger les systèmes informatiques du Canada.
Il faut également déterminer et protéger les actifs essentiels. Il importe de savoir où se trouvent les données clés. Assurez-vous donc de leur protection et surveillez les mesures de protection prises. Soyez prêts à intervenir.
Au Centre pour la cybersécurité, nous continuerons à travailler avec les intervenants de l'industrie ainsi qu'à fournir des conseils et des avis en matière de cybersécurité par l'intermédiaire de notre site Web. En l'occurrence, nous publions des alertes et des avis lorsque des cybermenaces, des vulnérabilités ou des incidents possibles, imminents ou réels touchent ou pourraient toucher les infrastructures essentielles du Canada.
Quoi qu'il advienne, il conviendra de poursuivre le dialogue que nous tenons présentement, de redoubler de vigilance et de porter une attention particulière aux enjeux de cybersécurité.
En dernière analyse, on constate qu'il n'existe aucun remède miracle lorsqu'il est question de cybersécurité. Il nous est donc interdit de baisser la garde. Les enjeux sont beaucoup trop importants. Certes, les prochaines avancées technologiques pourraient très bien nous faciliter la tâche, mais il n'en demeure pas moins que nous devrons toujours pouvoir compter sur un effectif compétent et fiable.
Je vous remercie, et je suis maintenant disposé à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Boucher, je n'ai pas eu la chance de vous poser des questions tout à l'heure.
Ma première question concerne ce qu'a dit votre collègue M. Scott Jones, qui a comparu devant notre comité dans le cadre de l'étude à laquelle on fait référence régulièrement aujourd'hui. Il a mentionné qu'il était important que les institutions et les entreprises signalent les vols ou les fuites de données qui les touchent.
La recommandation du Comité était plutôt vague. Devrait-on insister sur le fait qu'il faut signaler ce genre de fuites à la police, afin de minimiser les dégâts pour la population et arrêter ceux qui ont commis le crime?
Cela m'amène à deux autres questions, lesquelles s'adressent à vous, monsieur Flynn.
Étant donné que l'information va demeurer sur Internet à perpétuité, la police doit-elle traiter ces menaces de la même façon que les menaces physiques? Si un meurtrier ou quiconque pose une menace physique, j'imagine qu'il y a un certain sentiment d'urgence dans les enquêtes policières. Devrait-on faire la même chose dans le cas des cybermenaces? Desjardins a quand même communiqué avec la SQ au mois de décembre, si je ne m'abuse.
Ma dernière question concerne les vérifications d'antécédents et les vérifications continues de sécurité. Maintenant que des individus possèdent une expertise très élevée en la matière, ces vérifications doivent-elles devenir la norme?
Je vous laisse répondre dans le temps qui reste.
:
Merci, monsieur le président. Je vais commencer, si cela vous convient.
[Français]
Je m'appelle Annette Ryan. Je suis sous-ministre adjointe déléguée de la Direction de la politique du secteur financier au ministère des Finances. Je suis accompagnée de Robert Sample, directeur général de la Division de la stabilité financière et des marchés des capitaux, ainsi que de Judy Cameron, directrice principale du Bureau du surintendant des institutions financières du Canada, ainsi que de son collègue. Nous sommes heureux d'être ici avec vous aujourd'hui.
[Traduction]
Mes remarques porteront sur deux sujets que je crois pertinents dans le contexte des questions dont vous êtes saisis. Plus particulièrement, je vais préciser les rôles des ministères et agences du gouvernement ainsi que des acteurs du secteur privé dans le cadre fédéral régissant le secteur financier, et fournir une mise à jour au Comité quant aux efforts entrepris par le ministère des Finances, les organismes fédéraux de réglementation et les banques pour appuyer la cybersécurité et la protection des données.
La protection de la vie privée et des données personnelles et financières des Canadiens est un objectif partagé du gouvernement et du secteur privé; il s'agit d'un objectif qui est essentiel au maintien continu de la confiance dans le système bancaire canadien.
Je vais aborder la question des rôles au sein du gouvernement fédéral, puis de celui des gouvernements provinciaux et des acteurs du secteur privé.
Le ministère des Finances et les organismes fédéraux de surveillance du secteur financier sont chargés des lois et des règlements qui régissent le système bancaire canadien sous juridiction fédérale. Collectivement, nous établissons les attentes et en surveillons la mise en œuvre afin de garantir que les risques opérationnels liés à la cybersécurité et à la protection de la vie privée sont convenablement gérés par les institutions financières que nous réglementons.
Le a une responsabilité générale envers la stabilité et l'intégrité du système financier canadien. La cybersécurité est un aspect essentiel de la stabilité du secteur financier, car elle permet au secteur de demeurer résilient face aux cybermenaces et aux cyberattaques.
Le ministère de la Sécurité publique a, à son tour, reconnu le secteur des services financiers comme un secteur d'importance critique dans le cadre de sa Stratégie nationale sur les infrastructures essentielles.
Le ministère des Finances travaille étroitement avec un ensemble d'intervenants responsables de la réglementation du secteur financier et de la cybersécurité, tant au niveau national qu'avec nos partenaires internationaux, afin de s'assurer que le secteur adopte des pratiques appropriées pour favoriser la cyber-résilience et la protection des données et aussi afin de faire en sorte que les besoins du secteur financier soient pris en compte dans les politiques portant sur l'ensemble de l'économie et la législation ayant trait à la cybersécurité et à la protection des données.
Je vais maintenant aborder les responsabilités des différents régulateurs du secteur financier. Le Bureau du surintendant des institutions financières, l'organisme de réglementation prudentielle des institutions financières fédérales — par exemple, les banques — élabore des normes et des règles pour gérer les risques en matière de cybersécurité. Ceci est conforme à son mandat plus vaste de surveillance des risques opérationnels que les institutions financières doivent gérer.
La Banque du Canada surveille les infrastructures du marché financier, comme les systèmes de paiements, afin d'accroître leur résilience aux cybermenaces et coordonne les réponses de l'ensemble du secteur en cas d'incident opérationnel systémique.
D'autres organismes fédéraux sont responsables de la législation entourant le respect de la vie privée. Le Commissariat à la protection de la vie privée veille à ce que les banques respectent la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui régit la protection des renseignements personnels dans le secteur privé canadien. Cette loi établit les exigences auxquelles les entreprises doivent satisfaire relativement à la collecte, à l'utilisation ou à la divulgation de données personnelles dans le cadre d'activités commerciales. Ces exigences comprennent la mise en place de mesures de protection appropriées pour protéger les données personnelles contre la perte, le vol ou la divulgation non autorisée.
Le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique a une responsabilité stratégique globale à l'égard de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques. En novembre 2018, le gouvernement du Canada a modifié les dispositions de la loi relatives au signalement d'atteinte à la protection des données et aux sanctions pécuniaires connexes pour ne pas avoir signalé une fraude.
Comme vous l'avez entendu plus tôt, d'autres agences et ministères fédéraux, y compris Sécurité publique, le Centre canadien pour la cybersécurité et la Gendarmerie royale du Canada, partagent des responsabilités à l'égard de plus vastes initiatives de cybersécurité du gouvernement du Canada.
[Français]
Il est important de noter que la responsabilité de la surveillance du secteur financier canadien est partagée entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Les provinces sont chargées de la surveillance des courtiers en valeurs mobilières, des conseillers en épargne collective et en fonds de placement, des coopératives provinciales, ainsi que des caisses d'épargne, des sociétés de fiducie, des compagnies d'assurances et des sociétés de prêt constituées par une loi provinciale.
Par conséquent, les autorités fédérales et provinciales du secteur financier ont des protocoles en place à l'égard de l'échange de renseignements, particulièrement pour les questions relatives à la stabilité financière. Les institutions financières ont bien sûr la responsabilité première quant au maintien de la cybersécurité et de la protection des données sur une base quotidienne, puisqu'elles gèrent directement les risques opérationnels grâce à un ensemble exhaustif de mesures de protection et de prévention sur le plan individuel et à la coopération avec les autres acteurs de l'industrie.
Ces mesures sont appuyées par des politiques et des normes qui sont constamment mises à jour pour répondre aux menaces changeantes et demeurent conformes aux pratiques exemplaires de l'industrie.
[Traduction]
Les cyberattaques sont une menace sérieuse et permanente. J'aimerais aborder quelques-unes des mesures mises en place par le gouvernement du Canada, les organismes de réglementation du secteur financier et les banques afin de renforcer la cybersécurité dans le secteur financier.
Dans le budget de 2018, le gouvernement fédéral a investi plus d'un demi-milliard de dollars dans la cybersécurité et, en octobre 2018, le gouvernement a établi le Centre canadien pour la cybersécurité, qui sert de guichet unique d'expertise et de conseils techniques pour les Canadiens, les gouvernements et les entreprises. Le Centre lutte contre les auteurs de cybermenaces qui ciblent des entreprises canadiennes, y compris les institutions financières fédérales et provinciales, en vue d'obtenir des données de leurs clients, des renseignements financiers et des systèmes de paiement. Les efforts de lutte contre la cybercriminalité ont été stimulés par le Centre national de coordination de la lutte contre la cybercriminalité nouvellement créé au sein de la GRC, qui fournit un mécanisme national de signalement des cybercrimes, y compris les atteintes à la protection des données ou les fraudes financières.
Plus récemment, dans le budget de 2019, le gouvernement a proposé une loi et un financement afin de protéger les cybersystèmes essentiels dans les secteurs canadiens des finances, des télécommunications, de l'énergie et des transports.
[Français]
Nos collègues du Secrétariat du Conseil du Trésor continuent de travailler conjointement avec les gouvernements provinciaux, les institutions financières et les partenaires fédéraux à l'élaboration d'un cadre de confiance pancanadien sur l'identité numérique qui vise à renforcer la protection de l'identité numérique dans le contexte des cybermenaces.
[Traduction]
En ce qui concerne la réglementation, plus tôt cette année, le Bureau du surintendant des institutions financières a publié un nouveau guide sur les exigences de signalement des incidents liés à la technologie et à la cybersécurité par l'entremise du préavis sur le signalement des incidents liés à la technologie et à la cybersécurité. Ces directives visent à aider le bureau à déterminer où les banques peuvent prendre des mesures pour prévenir de façon proactive les incidents liés à la cybersécurité ou, lorsqu'un incident survient, à améliorer leur résilience cybernétique.
Bien que notre principal rôle soit de prévenir les atteintes à la protection des données, la réalité est que ces incidents surviennent et ils ne se limitent pas qu'au secteur financier. Cela étant dit, lorsqu'un incident lié à la cybersécurité survient dans une institution fédérale sous réglementation fédérale, des mécanismes de contrôle et de surveillance sont en place pour le gérer.
En résumé, la cybersécurité est un domaine d'une importance critique pour le ministère des Finances. Nous collaborons activement avec des partenaires de l'ensemble du gouvernement et du secteur privé pour nous assurer que les Canadiens sont bien protégés contre des incidents liés à la cybersécurité et que, lorsqu'ils surviennent, les incidents sont gérés de façon à atténuer les répercussions sur les consommateurs et le secteur financier dans son ensemble.
Je vous remercie de votre temps. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Elise Boisjoly et je suis la sous-ministre adjointe responsable des services d'intégrité à Emploi et Développement social Canada. Je suis accompagnée par Mme Anik Dupont, responsable du programme du numéro d'assurance sociale.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Mon allocution portera sur le programme du numéro d'assurance sociale. Plus précisément, j'aimerais clarifier ce qu'est le numéro d'assurance sociale, fournir des renseignements sur son émission et son utilisation, informer le Comité sur la protection de la vie privée en ce qui concerne le numéro d'assurance sociale, et fournir de l'information sur notre approche en cas de fuite d'informations personnelles.
Le numéro d'assurance sociale est un identificateur de dossier ou un numéro de compte utilisé par le gouvernement du Canada pour coordonner l'administration des prestations et services fédéraux, et par le système du revenu. Le numéro d'assurance sociale est requis pour chaque personne qui occupe un emploi assurable ou donnant droit à une pension au Canada, et pour produire une déclaration de revenus.
Un numéro d'assurance sociale est émis avant le premier emploi, en arrivant au Canada pour la première fois ou même à la naissance. Au cours de la dernière année financière, plus de 1,6 million de numéros d'assurance sociale ont été émis.
Le numéro d'assurance sociale sert, entre autres, à verser plus de 120 milliards de dollars en prestations et à percevoir plus de 300 milliards de dollars en impôts. Il facilite l'échange d'information pour permettre l'allocation de prestations et de services aux Canadiens tout au long de leur vie, comme les prestations pour la garde d'enfants, les prêts étudiants, l'assurance-emploi, les pensions et même les prestations de décès. Ainsi, un numéro d'assurance sociale est attribué à une personne pour la vie.
Le numéro d'assurance sociale n'est pas un identificateur national et ne peut pas être utilisé pour obtenir une identification. En fait, il n'est même pas utilisé par tous les programmes du gouvernement fédéral, seulement par un certain nombre. Le numéro d'assurance sociale seul n'est pas suffisant pour accéder à un programme ou à un avantage gouvernemental, ou même pour obtenir du crédit ou des services dans le secteur privé. Des informations supplémentaires sont toujours requises.
[Traduction]
Bien que les fuites de données soient de plus en plus courantes, le gouvernement du Canada suit des procédures rigoureuses et établies pour protéger les renseignements personnels des particuliers. Ma collègue a fait mention de la Loi sur la protection des renseignements personnels et de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui est administrée par Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Ces lois établissent le cadre juridique régissant la collecte, la conservation, l'utilisation, la divulgation et l'élimination des renseignements personnels dans le contexte de l'administration des programmes des institutions gouvernementales et des activités du secteur privé.
Comme l'a dit ma collègue, le 1er novembre 2018, une nouvelle modification a été apportée à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques exigeant que les organisations faisant face à une fuite de données et ayant des raisons de croire qu'il y a un risque réel de préjudice grave en informent le Commissariat à la protection de la vie privée, les personnes affectées ainsi que les organisations associées dès que possible. La violation de cette disposition peut conduire à des amendes allant jusqu'à 100 000 $ par infraction.
Au sein d'Emploi et Développement social Canada , nous avons des stratégies de surveillance interne, des politiques de confidentialité, des directives et des outils d'information sur la gestion de la protection de la vie privée, ainsi qu'un code de conduite ministériel et des formations obligatoires pour nos employés sur la protection des renseignements personnels. Nous croyons que toute atteinte à la sécurité touchant le numéro d'assurance sociale est très grave et, en fait, le gouvernement du Canada n'est pas à l'abri de telles situations. Par exemple, en 2012, des informations concernant des prêts étudiants canadiens ont été potentiellement compromises. Cette fuite a servi de catalyseur à l'amélioration des pratiques de gestion de l'information au ministère.
La prévention de la fraude en matière de numéro d'assurance sociale commence par l'éducation et la sensibilisation. C'est pourquoi notre site Web et nos documents de communication contiennent des renseignements qui aident les Canadiens à mieux comprendre les mesures qu'ils devraient prendre pour protéger leur numéro d'assurance sociale. Les Canadiens peuvent visiter le site Web du ministère, nous appeler ou visiter l'un de nos centres Service Canada pour apprendre la meilleure façon de se protéger. II est important de noter que la protection des renseignements personnels des Canadiens est une responsabilité partagée entre le gouvernement, le secteur privé et les particuliers. Nous encourageons fortement les Canadiens à ne pas donner leur numéro d'assurance sociale à moins d'être certains qu'il est légalement requis ou que c'est nécessaire. Les Canadiens devraient également surveiller activement leurs renseignements financiers, notamment en communiquant avec les agences d'évaluation du crédit du Canada.
[Français]
La perte d'un numéro d'assurance sociale ne signifie pas automatiquement qu'une fraude s'est produite ou se produira.
Cependant, si des Canadiens détectent une activité suspecte touchant leur numéro d'assurance sociale, ils doivent agir rapidement afin de minimiser les répercussions potentielles en signalant tout incident à la police, en contactant le commissaire à la protection de la vie privée et le Centre antifraude du Canada, et en informer Service Canada. Dans les cas où il est prouvé que le numéro d'assurance sociale a été utilisé à des fins frauduleuses, Service Canada travaillera en étroite collaboration avec les personnes touchées.
Le nombre de Canadiens dont le numéro d'assurance sociale a été remplacé par Service Canada en raison d'une fraude est demeuré stable à environ 60 par année depuis 2014, malgré les fuites de données de plus en plus importantes.
Cela dit, nous savons que de nombreux Canadiens ont signé une pétition demandant à Service Canada d'attribuer un nouveau numéro d'assurance sociale aux personnes touchées par cette atteinte aux données. La raison principale pour laquelle nous n'attribuons pas automatiquement un nouveau numéro d'assurance sociale dans ces circonstances est simple: l'obtention d'un nouveau numéro d'assurance sociale ne protégera pas les particuliers contre la fraude. L'ancien numéro d'assurance sociale continue d'exister et est toujours lié aux particuliers. Par exemple, si un fraudeur utilise l'ancien numéro d'assurance sociale d'une personne et que son identité est mal vérifiée, les prêteurs peuvent quand même demander à la personne fraudée de payer les dettes.
Également, il incombera à la personne de fournir son numéro d'assurance sociale à chacune des institutions financières, à ses créanciers, à ses fournisseurs de régime de retraite, à ses employeurs actuels et passés, ou à toute autre organisation à laquelle elle aurait donné son numéro d'assurance sociale. Le faire incorrectement pourrait mettre à risque l'octroi de bénéfices ou laisserait la porte ouverte à la fraude ou au vol d'identité.
Cela signifierait aussi de doubler la surveillance. Les particuliers devraient quand même surveiller leur compte et leurs rapports de solvabilité pour leurs deux numéros d'assurance sociale de façon régulière et continue. La multiplication des numéros d'assurance sociale augmente donc le risque de fraude potentielle.
La surveillance active des bureaux de crédit ainsi que l'examen régulier des relevés bancaires et des relevés de cartes de crédit demeurent la meilleure protection contre la fraude.
En terminant, la protection de l'intégrité du numéro d'assurance sociale est importante pour nous. Je peux vous assurer que nous continuerons à prendre toutes les mesures nécessaires pour y parvenir, incluant la lecture du rapport de ce comité ou d'autres informations provenant de ce comité ou autres sur les meilleures façons d'améliorer la situation.
Je vous remercie de votre temps. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du Comité.
[Traduction]
Je m'appelle Maxime Guénette et je suis sous-commissaire de la Direction générale des affaires publiques et chef de la protection des renseignements personnels de l'Agence du revenu du Canada. Ma collègue Gillian Pranke, sous-commissaire adjointe de la Direction générale de cotisation, de prestation et de service de l'Agence, m'accompagne aujourd'hui.
L'Agence du revenu du Canada est une organisation qui touche la vie de pratiquement tous les Canadiens. Elle est l'un des plus importants détenteurs de renseignements personnels du gouvernement du Canada. À l'Agence, nous traitons plus de 28 millions de déclarations de revenus de particuliers chaque année. II est donc essentiel qu'elle dispose d'un cadre de protection des renseignements personnels exhaustif pour gérer et protéger les renseignements de tous les Canadiens.
[Français]
L'intégrité en milieu de travail est la pierre angulaire de la culture mise en avant par l'Agence. L'Agence aide ses employés à bien agir en leur fournissant des lignes directrices claires et des outils visant à assurer la sécurité et la confidentialité ainsi qu'à protéger les renseignements personnels, les programmes et les données.
L'Agence est tenue de respecter la Loi sur la protection des renseignements personnels ainsi que les politiques et directives du Conseil du Trésor qui y sont liées pour assurer la gestion et la protection des renseignements personnels des Canadiens. L'article 241 de la Loi de l'impôt sur le revenu impose également des exigences en matière de confidentialité aux employés de l'Agence et aux autres personnes ayant accès aux renseignements sur les contribuables.
L'Agence observe aussi la Politique sur la sécurité du gouvernement et les orientations fournies par les principaux organismes de sécurité, comme le Centre de la sécurité des télécommunications et le Centre canadien pour la cybersécurité, qui sont intervenus tantôt.
En avril 2013, l'Agence a nommé son premier chef de la protection des renseignements personnels, qui est, entre autres, responsable des fonctions liées à l'accès à l'information et à la protection des renseignements personnels à l'Agence.
[Traduction]
En tant que chef de la protection des renseignements personnels, mon rôle consiste, entre autres, à faire en sorte que la protection des renseignements que l'Agence détient soit assurée et renforcée par la supervision des décisions liées à la protection des renseignements personnels, y compris l'évaluation des répercussions de nos programmes sur la protection de ces renseignements; la défense des droits relatifs à la protection des renseignements personnels, ce qui comprend la gestion des atteintes à la vie privée à l'interne; et le rapport à la haute direction de l'Agence sur l'état de la gestion de la protection des renseignements personnels.
À l'Agence, la responsabilité quant à la saine gestion de la protection des renseignements personnels ne se limite pas à nommer un chef de la protection des renseignements personnels; il s'agit d'une responsabilité que partagent tous les employés.
Pour préserver son intégrité, l'Agence doit avoir en place les systèmes appropriés pour protéger les renseignements de nature délicate des menaces externes. Les réseaux et les postes de travail de l'Agence sont dotés de logiciels de détection et de suppression de logiciels malveillants et de virus. lls sont mis à jour quotidiennement et protègent l'environnement de l'Agence contre les menaces de virus et de codes malveillants.
[Français]
Pour ce qui est des employés de l'Agence, leurs ordinateurs sont dotés d'un ensemble de produits de sécurité allant de logiciels antivirus à des logiciels de détection des intrusions au niveau de l'hôte.
Les services externes sont pris en charge par des plateformes sécurisées et protégées par des pare-feu et des outils de prévention des intrusions visant à détecter et à prévenir l'accès non autorisé aux systèmes de l'Agence.
Pour ce qui est des transactions en ligne, nous nous assurons que les renseignements de nature délicate sont chiffrés lors de la transmission entre l'ordinateur d'un contribuable et nos serveurs Web. Peu importe la façon dont les Canadiens choisissent d'interagir avec l'Agence, ils doivent suivre un processus d'authentification en deux étapes pour accéder à leur compte.
Ces étapes sont essentielles pour que seules les personnes autorisées aient accès aux renseignements personnels. Le processus comprend la validation d'un ensemble de points de données personnelles et confidentielles, dont, entre autres, le numéro d'assurance sociale d'une personne, mais aussi le mois et l'année de sa naissance, et des renseignements tirés de sa déclaration de revenus de l'année précédente.
[Traduction]
L'Agence mettra sous peu en œuvre un nouveau numéro d'identification personnel pour les contribuables qui appellent la ligne des demandes de renseignements sur l'impôt des particuliers. De plus, l'Agence étudie actuellement des procédures de sécurité supplémentaires pour protéger les renseignements des contribuables. Comme la cybercriminalité et l'hameçonnage sont maintenant fréquents et que les techniques utilisées sont de plus en plus sophistiquées, l'Agence agit de façon proactive en avertissant le public que des fraudeurs communiquent avec les gens en prétendant travailler pour elle.
Une façon simple pour les contribuables de se protéger contre la fraude est de s'inscrire à Mon dossier ou à Mon dossier d'entreprise afin de gérer leur dossier fiscal facilement et en toute sécurité au moyen des portails sécurisés de l'Agence. Ceux qui sont inscrits à Mon dossier peuvent aussi s'inscrire au courrier en ligne afin de recevoir des alertes du compte qui les informent des arnaques possibles ou d'autres activités frauduleuses qui pourraient avoir une incidence sur eux.
L'Agence est fière de sa réputation d'organisation de pointe engagée à assurer l'excellence de l'administration du régime fiscal du Canada. Toutefois, des activités inappropriées ou frauduleuses peuvent se produire en milieu de travail. L'Agence a mis en place toute une gamme de contrôles pour s'assurer que les seules personnes qui accèdent aux renseignements des contribuables sont les employés tenus de le faire dans le cadre de leur travail. Elle peut ainsi détecter les cas d'inconduite qui pourraient se produire.
[Français]
La surveillance de l'accès des employés aux renseignements des contribuables est centralisée, ce qui garantit un processus indépendant permettant à l'Agence de détecter des activités douteuses dans ses systèmes et d'intervenir quand c'est nécessaire. De cette façon, les utilisateurs autorisés ont accès uniquement aux applications et aux données auxquelles ils ont droit d'accéder en fonction de règles administratives strictes.
[Traduction]
En 2017, l'Agence a mis en œuvre une solution de gestion de la fraude d'entreprise, qui complète les contrôles de sécurité existants et réduit encore plus les risques d'accès non autorisé et d'atteinte à la vie privée. La solution de gestion de la fraude d'entreprise permet la surveillance proactive et la détection de l'accès non autorisé des employés. L'Agence prend très au sérieux toute allégation ou tout soupçon d'inconduite de la part d'un employé et fait minutieusement enquête. Lorsque les soupçons d'actes répréhensibles ou d'inconduite sont fondés, des mesures disciplinaires appropriées sont prises, qui peuvent aller jusqu'au congédiement. Si l'on soupçonne une activité criminelle, la question est renvoyée aux autorités compétentes.
[Français]
Au moment de leur embauche, les employés de l'Agence doivent attester avoir lu le Code d'intégrité et de conduite professionnelle ainsi que le Code de valeurs et d'éthique du secteur public.
Le code décrit de façon claire la norme de conduite que les employés doivent respecter, dont l'obligation de protéger les renseignements des contribuables, conformément à l'article 241 de la Loi de l'impôt sur le revenu. L'accès non autorisé à ces renseignements est considéré comme une inconduite grave, comme l'indique la Directive sur la discipline de l'Agence.
[Traduction]
Le code veille à ce que les employés, actuels et anciens, soient au courant que l'obligation de protéger les renseignements des contribuables se poursuit même après leur départ de l'Agence. Chaque année, on demande à tous les employés de relire et de confirmer leurs obligations en vertu du Code d'intégrité et de conduite professionnelle de l'Agence.
Toute atteinte à la vie privée qui survient est évaluée conformément aux politiques et aux procédures du Secrétariat du Conseil du Trésor afin de consigner et d'évaluer tous les risques potentiels pour la personne touchée. Un représentant de l'Agence spécialisé lui offrira un soutien afin qu'elle puisse poser des questions et obtenir les renseignements dont elle a besoin, et selon le cas, accéder à des services gratuits de protection du crédit.
Dans les rares cas où les renseignements d'un contribuable sont véritablement compromis, l'Agence prend des mesures pour résoudre toutes les questions en suspens. Ces mesures comprennent l'examen de toutes les activités frauduleuses qui pourraient avoir eu lieu dans le compte, y compris les remboursements frauduleux.
[Français]
L'Agence est fermement résolue à maintenir la confiance des Canadiens en notre organisation et à répondre à leurs attentes concernant la mise en place des contrôles nécessaires pour assurer la sécurité des renseignements qui lui sont confiés. Nous avons travaillé fort pour gagner la confiance du public, puisque celle-ci est à la base d'un régime fiscal fondé sur l'autocotisation.
[Traduction]
II faut des années pour se forger une bonne réputation, et nous maintenons la nôtre en demeurant vigilants dans nos efforts pour protéger les contribuables contre les atteintes à la sécurité et pour protéger le système d'administration de l'impôt du Canada contre toute inconduite et infraction criminelle.
Je vous remercie, monsieur le président. Je répondrai maintenant avec plaisir à vos questions.
:
J’en ai fait brièvement mention dans ma présentation, et je vous remercie de me donner l’occasion d’en parler plus longuement.
Tout d’abord, une fuite d’information ne signifie pas nécessairement qu’il y a eu fraude ou vol d’identité. Ensuite, si on ne change pas automatiquement les numéros d’assurance sociale à la suite d’une fuite comme celle-ci, c’est d'abord parce que cela ne résout pas vraiment le problème et n'écarte pas nécessairement tout risque de fraude.
Laissez-moi vous expliquer un peu plus ce premier point. Si on ne change pas le numéro d’assurance sociale associé à un certain numéro de crédit et qu’un bureau de crédit utilise l’ancien numéro de crédit, l'individu concerné ne pourra pas nécessairement obtenir du crédit. De plus, si un prêteur ne fait pas une bonne vérification de l'identité de ce dernier et qu'un fraudeur emprunte de l’argent en son nom, le prêteur pourrait lui demander de payer la dette. Il peut donc y avoir d'autres fraudes si le prêteur ne vérifie pas correctement l'identité de l'individu.
La deuxième raison, c’est que cela peut créer de graves problèmes d’accès à des avantages et à des services. Comme je l’ai dit dans ma présentation, la personne qui est victime d'une fuite d’information doit prévenir toutes les personnes, les institutions financières, les agences de crédit, les employeurs passés et futurs et les gestionnaires des régimes de pensions auxquels elle a adhéré avec son ancien numéro d’assurance sociale et faire les changements nécessaires. Souvent, les gens ne se souviennent plus des personnes à qui ils ont donné leur numéro d’assurance sociale, surtout au début de leur carrière. Cela peut empêcher une personne de recevoir sa pension, par exemple, car on ne pourrait plus faire le lien entre l'individu et les avantages auxquels il a droit.
Au sein du fédéral, nous aviserions certainement l’Agence du revenu et tous les organismes concernés, mais les changements pourraient se faire de façon manuelle et il pourrait y avoir des erreurs, ce qui pourrait compliquer le calcul des pensions ou des prestations d’assurance-emploi. Si on oublie un employeur et que celui-ci fait des erreurs, il pourrait y avoir un mauvais calcul des prestations d’assurance-emploi ou de la pension de vieillesse.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être présents aujourd'hui.
À vous écouter, nous nous sentons comme dans Les Douze travaux d'Astérix. Nous nous mettons à la place des citoyens. Ce qui les inquiète, c'est qu'ils ne savent pas trop ce qui va arriver. Nous avons demandé à vous rencontrer pour avoir de l'information à cet égard. On sait que le numéro d'assurance sociale est une mesure en place, mais y a-t-il autre chose qui devrait être fait à l'avenir pour changer le système? Pourrait-on faire ce qu'ont fait d'autres pays, c'est-à-dire avoir plus d'identification numérique, que ce soit au moyen d'empreintes digitales ou d'autre chose?
Madame Boisjoly, vous avez dit qu'il y a environ 60 cas par année, mais là, les données de 2,9 millions de personnes ont été volées. Vous attendez-vous à une grande augmentation de changements requis du numéro d'assurance sociale à la suite de ces vols d'identité?
J'ai aussi une question pour vous, monsieur Guénette.
Les gens qui suivent ce qui se passe actuellement veulent savoir ce qu'on fait. Vous avez proposé une bonne solution, et c'est ce que les gens ont besoin qu'on donne, des solutions. On a parlé d'aller sur le site du gouvernement du Canada et d'ouvrir son dossier de finances. Si j'ai bien compris, en ouvrant son dossier, on peut recevoir des alertes ou des avis.
Cela fait trois semaines maintenant. Nous sommes ici aujourd'hui à la suite d'une demande d'urgence. Pourquoi n'a-t-on pas communiqué avec le public immédiatement ou dans la semaine qui a suivi les vols pour lui faire savoir ce que le gouvernement du Canada peut faire pour l'aider? C'est ce qu'on a besoin de savoir.
Je vous écoute, madame Boisjoly.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à vous tous et merci d'être avec nous.
Je ne siège pas à ce comité ordinairement, mais c'est avec plaisir que j'ai accepté de remplacer un de ses membres permanents.
J'ai discuté avec plusieurs concitoyens dans ma circonscription de Rivière-des-Mille-Îles, qui est au nord de Montréal et qui comprend Deux-Montagnes, Saint-Eustache, Boisbriand et Rosemère, et ils sont très inquiets. C'est quelque chose qui revient constamment depuis que la Chambre a ajourné, le 21 juin dernier. C'est pour cela que j'ai accepté avec empressement d'être ici aujourd'hui, même si je ne connais pas toutes les études qu'a faites ce comité.
Madame Ryan, tantôt, vous avez commencé par dire que c'est le ministère des Finances qui établit les lois et les règlements qui régissent le système bancaire canadien. Vous avez dit par la suite que la surveillance du secteur financier canadien est partagée entre les gouvernementaux fédéral et provinciaux.
Revenons au Québec spécifiquement. Les provinces sont chargées de la surveillance des courtiers en valeurs immobilières, des conseillers en épargne collective et en fonds de placement et des coopératives provinciales, entre autres. Desjardins est une coopérative provinciale. Je viens de parler de mes concitoyens, mais toute ma famille et moi faisons aussi partie des 2,9 millions de personnes touchées. Cela nous préoccupe énormément et nous nous demandons quelles seront les répercussions futures de ce vol sur notre vie.
Avez-vous reçu des demandes de Desjardins? M. Guénette a dit qu'il y a des discussions continues entre les ministères, mais les gens de Desjardins ont-ils communiqué avec vous pour obtenir des informations supplémentaires?
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, bonjour. Je suis accompagnée cet après-midi de M. Denis Berthiaume, premier vice-président exécutif et chef de l’exploitation, et de M. Bernard Brun, vice-président des relations gouvernementales, du Mouvement Desjardins.
D'entrée de jeu, j'aimerais dire que, chez Desjardins, nous étions ambivalents à l'égard de cette séance extraordinaire du Comité.
D’une part, cette séance peut paraître prématurée, dans la mesure où nous sommes en train de gérer cette situation et que des enquêtes policières sont en cours. Il est donc beaucoup trop tôt pour faire un bilan de la situation. Dans ce contexte, nous nous engageons à vous dire tout ce que nous savons de façon, toutefois, à ne pas nuire aux enquêtes en cours.
D’autre part, cette séance spéciale représente à nos yeux une occasion d’alerter les législateurs et l’opinion publique sur l'enjeu de la sécurité des renseignements personnels et sur la nécessité de repenser la notion d’identité numérique au Canada. Dans ma réflexion, c’est ce point qui l’a emporté.
Je vais d'abord dire une évidence: ce qui s’est produit chez Desjardins s’est produit ailleurs et pourrait se reproduire ailleurs, dans n’importe quelle entreprise privée ou n'importe quel organisme public dont la mission comporte la gestion de renseignements personnels. Qu’on pense à plusieurs banques dans le monde, par exemple Chase, aux États-Unis, Sun Trust, le Korea Credit Bureau ou, encore, plusieurs entités gouvernementales du Canada et des États-Unis, pour ne nommer que ceux-là, qui ont d’ailleurs été victimes d’employés malveillants.
Desjardins est une institution financière de premier plan et l'un des plus importants groupes financiers coopératifs dans le monde, avec plus de 300 milliards de dollars d’actifs. En 2015, le Mouvement Desjardins a été classé par Bloomberg au premier rang des institutions financières les plus sûres en Amérique du Nord, devant toutes les banques canadiennes. En d’autres mots, même les meilleurs ne sont pas à l’abri, et ce message doit être entendu, selon nous.
Personnellement, je travaille au Mouvement Desjardins depuis 27 ans. J’ai choisi cette organisation dès le début de ma carrière parce que c’est une institution financière qui réussit, après près de 120 ans, à très bien conjuguer l’économie et le social dans notre société.
Les agissements d’un employé malveillant sont à l'origine de cette situation déplorable, lequel est aujourd’hui congédié. Il a contrevenu à toutes les règles de notre coopérative. Dans cette situation, nous avons agi le plus rapidement possible et de la façon la plus transparente possible, avec pour seul objectif la protection de l’intérêt de nos membres. C’était notre priorité.
Dès le 20 juin, quelques jours après avoir appris l’ampleur de la situation, nous sommes sortis publiquement et avons donné toute l’information disponible, en concertation avec les forces policières. Nous avons aussi annoncé dès ce moment les mesures mises en place concernant la fuite des renseignements personnels.
Nous avons déployé tous les moyens que requiert la situation. Nous avons rapidement apporté des mesures additionnelles de surveillance et de protection, afin de protéger les renseignements personnels et financiers de nos membres et de nos clients. Nous avons avisé toutes les autorités compétentes: le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, la Commission d’accès à l’information du Québec, l’Autorité des marchés financiers, le Bureau du surintendant des institutions financières, ainsi que les ministères des Finances du Québec et du Canada.
Nous avons mis en place des mesures additionnelles pour confirmer l’identité des personnes lorsqu’elles font appel à nous et assurons une vigie constante de l’ensemble des comptes de nos membres. Les procédures pour confirmer l’identité de nos membres et de nos clients, lorsqu’ils appellent les caisses Desjardins, les centres Desjardins Entreprises et notre centre d’appel AccèsD, ont également fait l’objet de mesures additionnelles.
Nous avons communiqué avec les membres concernés par la messagerie privée AccèsD et par lettre personnalisée, afin de les informer de la situation et des actions qu'ils devaient poser.
Nous avons aussi ajouté des mesures complémentaires pour faciliter l’activation du forfait de surveillance d’Equifax. Les membres touchés peuvent maintenant s’inscrire de quatre façons: sur le site Internet d’Equifax, par le service téléphonique d’AccèsD, par l’application Web et mobile d’AccèsD et directement dans nos caisses Desjardins en parlant avec leur conseiller.
Nous poursuivons activement notre collaboration avec les différents corps policiers. Finalement, nous travaillons avec des experts externes pour continuer à protéger les renseignements personnels de nos membres.
Je peux vous confirmer que nous avons agi avec diligence. À la suite des informations transmises par le Service de police de Laval, notre enquête interne a rapidement permis de remonter à la source de la fuite: un employé unique. Cet employé a été suspendu, puis congédié.
À l’heure actuelle, notre première priorité est de rassurer, d’accompagner, de soutenir et de protéger chacun des membres qui ont été touchés par cette situation.
Encore ce matin, nous avons annoncé de nouvelles mesures de protection pour l'ensemble de nos membres. Dans cette ère du numérique, nous croyons, chez Desjardins, que tous nos membres doivent être protégés.
Comme je le disais, ce matin, Desjardins a annoncé qu'à compter de maintenant tous les membres de notre coopérative vont bénéficier d'une protection contre les transactions financières non autorisées et le vol d'identité. L'adhésion est automatique et sans frais, qu'ils aient été touchés ou pas par cette fuite de données. Depuis ce matin, Desjardins protège tous ses membres, tant les membres particuliers que les membres entreprises. C'est un précédent dans le monde des services financiers au Canada; nous sommes la première institution à faire cela. Dans cette situation, Desjardins agit avec rigueur, un sens du devoir et la volonté d'honorer son lien particulier avec ses membres.
Nous sommes entrés dans une ère où les données sont une ressource au même titre que l'eau, le bois et les matières premières essentielles au fonctionnement de pans entiers de notre économie. C'est la matière première, dorénavant, de toute une économie innovante qui va permettre des gains de productivité formidables et faciliter la vie des citoyens.
Le Canada est à quelques mois de l'opérationnalisation de la connectivité mobile 5G, qui va décupler les flots de données en circulation. Selon les spécialistes, cette connectivité ultrarapide sera le déclencheur d'applications futuristes liées à l'intelligence artificielle, un domaine où le Canada figure déjà parmi les leaders mondiaux avec ses trois pôles, Montréal, Toronto et Edmonton. Également, à l'heure où on se parle, le ministère des Finances du Canada est en consultation sur l'open banking, un système bancaire ouvert qui amènerait une ouverture du secteur transactionnel. Le virage a d'ailleurs déjà été entrepris dans plusieurs pays d'Europe.
À vous, législateurs, je me permets humblement de poser les questions suivantes.
Le Canada est-il bien outillé actuellement pour encadrer ces développements technologiques pleins de promesses, mais qui comportent aussi des risques nouveaux? Y a-t-il lieu d'adapter nos systèmes d'identification à cette ère du numérique pour garantir la protection des renseignements personnels et mieux lutter contre les cybercriminels? C'est toute la notion de l'identité numérique à laquelle j'ai fait allusion il y a quelques minutes.
Je vous soumets respectueusement que ce sont des questions réelles soulevées par la situation survenue chez Desjardins.
En terminant, je me permets de faire une proposition. J'invite ce comité à recommander au gouvernement du Canada la formation d'un groupe de travail spécial multipartite qui conseillerait le gouvernement sur la manière d'encadrer la gestion des données personnelles et l'identité numérique. Un tel groupe à l'écoute des préoccupations des citoyens devrait rassembler minimalement, selon nous, des représentants des gouvernements, du secteur des services financiers et des assurances, du secteur des télécommunications, ainsi que des juristes et des experts, ou tout autre groupe que le gouvernement trouverait pertinent de faire participer à la réflexion.
Le mandat de ce comité devrait consister en ceci: conseiller le gouvernement en matière de lois et de règlements; assurer la protection du public; favoriser un développement technologique innovant au bénéfice des citoyens et des communautés; et assurer une veille stratégique des meilleures pratiques dans le monde, afin que le Canada soit toujours à la page.
Personnellement, j'estime que le Canada ne peut viser l'excellence en technologie numérique et en intelligence artificielle sans avoir la même ambition en ce qui a trait à la gestion des données et des renseignements personnels. Nous devons tous tirer des leçons de la situation que vit le Mouvement Desjardins actuellement.
Merci.
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Messieurs, bienvenue. Je vous remercie de vous prêter à l'exercice. Votre présence est très appréciée.
Monsieur Cormier, d'entrée de jeu, je vais vous rassurer en vous disant que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale et le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique ont commencé, en janvier dernier ou même avant, à traiter de questions entourant l'identifiant unique. Nous avons regardé des modèles de l'étranger, par exemple celui de l'Estonie, qui pose un certain nombre d'autres problèmes.
Avant de vous poser des questions d'ordre plus pratique, j'aimerais vous soumettre que l'identifiant unique fait partie des problèmes liés à la cybersécurité. La journée où quelqu'un mettra la main sur l'identifiant unique, on fera face au même problème.
Je suis content d'apprendre que vous offrez une protection à tous vos membres. Cependant, les institutions financières ont tendance à faire payer leurs clients pour protéger leurs données contre le vol d'identité. L'offre est faite par les institutions financières elles-mêmes. Avez-vous la même philosophie?
Pour que mon salaire soit déposé dans mon compte bancaire, pour faire des transactions, des retraits automatisés et des paiements Interac, je suis obligé de donner mon nom, mon adresse et mon numéro d'assurance sociale à l'institution avec laquelle je fais affaire. Or, je dois recourir à une tierce personne pour protéger ces informations. Pourquoi dois-je compter sur quelqu'un d'autre que l'entité à qui je donne ces informations?
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Donc, il n’y a pas eu de directives. Autrement dit, vous êtes réactifs. Je ne parle pas de vous, bien entendu. Vous suivez les ordres politiques, et nous comprenons cela. En ce moment, tout est réactif et absolument rien n'est proactif.
Vous avez dit avoir reçu 1 500 demandes ou appels au sujet du numéro d’assurance sociale. Notre objectif est de savoir comment le gouvernement peut aider les gens de façon proactive. Comme vous ne savez pas quels Canadiens sont touchés, vous devez nécessairement attendre qu’ils communiquent avec vous. C’est ce qui se passe en ce moment. Vous attendez que les gens touchés prennent contact avec vous, et non l’inverse. C’est impossible, parce que vous n’avez pas les données. M. Cormier, de Desjardins, semblait dire qu’eux seraient prêts à envoyer ces données. Je sais que je vous demande d'émettre une opinion politique, mais que vous ne le pourrez pas.
Je dois exprimer quelque chose qui écœure royalement les gens de ma circonscription. J’ai fait beaucoup de porte-à-porte la semaine dernière et l'autre avant. Les gens m'ont dit systématiquement qu'ils doutaient que le gouvernement puisse faire quelque chose. Cela m’a beaucoup attristé. Comment est-ce possible? Moi, je voudrais briser le cynisme et écouter les gens. Les gens versent 50 % de leurs revenus à l’État canadien. Nous, les conservateurs, voulons que le gouvernement travaille pour les citoyens, et non l’inverse.
M. Cormier a dit que, quand une personne appelle chez Desjardins, ils sont proactifs et ils s'occupent de choses pour elle.
Nous avons appris quelque chose de très important aujourd’hui. En fait, nous le savions déjà parce que cela avait été ébruité ici et là. J'ai appris d’un officiel comme vous qu’on peut changer de numéro d’assurance sociale. Je sais que c'est complexe et que, même si on le changeait, il faudrait tout de même joindre une myriade d’institutions, ses anciens employeurs, et ainsi de suite. Or c’est le gouvernement qui oblige le citoyen à avoir un numéro d’assurance sociale. C'est un système qui devrait peut-être même être remis en cause et nous en discutons aujourd’hui, en quelque sorte.
Ne serait-il pas de votre devoir de prendre contact avec les 2,9 millions de personnes? Le gouvernement libéral devrait faire cela pour être proactif. Il connaît ces personnes. Par exemple, à la Pizzeria D'Youville où je travaillais en 2004 quand j’avais 17 ans, c'est le patron qui s’occupait d'envoyer la TPS au gouvernement fédéral. Toutes ces choses sont très connues. Vos ministères pourraient facilement relier ces informations et changer le numéro d’assurance sociale, peut-être pas de manière exhaustive, mais il devrait épauler le citoyen dans ce très lourd travail qui consiste à joindre tous ses anciens employeurs ou les agences gouvernementales.
C’est ce qui me déplaît énormément. Je sais que ce n’est pas votre faute. Vous avez des directives politiques qui viennent du gouvernement libéral, mais on n'est pas proactif en ce moment. Cela me déplaît énormément. Que pouvez-vous dire à ce sujet?