:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais présenter une déclaration liminaire, puis je pense que ma collègue Shelly, du Centre de la sécurité des télécommunications, fera aussi une déclaration liminaire.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de comparaître avec mes collègues aujourd'hui pour discuter du projet de loi , Loi de 2017 sur la sécurité nationale.
Comme vous pouvez le constater, je suis accompagné de fonctionnaires du portefeuille de la Sécurité publique, dont la GRC et le SCRS, du Centre de la sécurité des télécommunications et du ministère de la Justice.
[Français]
Je tiens tout d'abord à remercier tous les membres du Comité d'examiner ce projet de loi.
[Traduction]
Comme vous le savez, le projet de loi est le point central du mandat du en ce qui concerne la sécurité nationale. C'est aussi le fruit d'une consultation publique nationale sans précédent, au cours de laquelle votre comité a joué un rôle important.
Les consultations entreprises par Sécurité publique Canada et le ministère de la Justice comprenaient un questionnaire en ligne, des assemblées publiques aux quatre coins du pays, une mobilisation dans les médias sociaux et j'en passe. Au total, des dizaines de milliers de points de vue ont été entendus, recueillis, consignés et analysés.
Bien entendu, votre comité a lui-même tenu de nombreuses réunions portant sur la sécurité nationale.
[Français]
Le projet de loi tient compte de tous ces apports — ceux des citoyens, des parlementaires, des dirigeants communautaires, des experts de la sécurité nationale et des universitaires.
[Traduction]
Le projet de loi C-59 compte trois thèmes principaux.
Premièrement, il vise à accroître la reddition de comptes et la transparence. Pour ce faire, il propose de créer le poste de commissaire au renseignement et l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Ce poste et cette entité viendraient compléter les travaux du nouveau Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Deuxièmement, le projet de loi vise à respecter les engagements au titre du mandat prévus dans l'ancien projet de loi . Il s'agit notamment de révisions proposées aux activités de réduction de la menace en vertu de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, de modifications au Code criminel, d'améliorations à la Loi sur la sûreté des déplacements aériens et de révisions à la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada.
Troisièmement, le projet de loi vise à faire en sorte que les organismes canadiens de sécurité nationale et de renseignement puissent s'adapter à l'évolution des menaces à la sécurité. Cela comprend des mesures comme la modernisation de la Loi sur le SCRS, l'édiction de la Loi sur le Centre de la sécurité des télécommunications et d'autres mises à jour législatives.
[Français]
Bref, le projet de loi est conçu pour mettre à jour et moderniser le cadre de sécurité nationale du Canada en fonction des réalités actuelles. Son objectif global est de protéger les Canadiens tout en préservant nos droits et nos libertés.
[Traduction]
Pour s'assurer que le projet de loi atteint cet objectif, le ministre Goodale a exprimé son intention de procéder à un examen et à une analyse en profondeur de son contenu tout au long du processus parlementaire.
Depuis l'été dernier — et les travaux se poursuivent cette année —, des fonctionnaires de Sécurité publique Canada et des responsables du milieu de la sécurité et du renseignement mobilisent des intervenants clés. À bien des égards, c'est la suite des conversations qui ont commencé par les consultations sur la sécurité nationale qui ont été menées en 2016 et que j'ai mentionnées plus tôt.
[Français]
Ces discussions et ces interactions n'ont pas seulement eu pour visée de répondre aux questions techniques concernant le contenu du projet de loi, mais aussi, et surtout, de recevoir une rétroaction et des commentaires sur des façons d'améliorer le projet de loi.
[Traduction]
Nous avons eu des rencontres et des échanges avec le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, le Bureau du commissaire du Centre de la sécurité des télécommunications et la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada.
[Français]
Nous avons aussi eu plusieurs échanges avec d'éminents universitaires du domaine de la sécurité nationale pour recevoir une rétroaction constructive visant à faciliter l'atteinte des objectifs du projet de loi. Je puis vous assurer que ces discussions ont été très utiles.
[Traduction]
De même, nous nous intéressons vivement aux délibérations de votre comité, notamment aux témoignages et aux mémoires détaillés que l'on peut consulter sur le site Web du Comité. Je souligne aussi que, même si cet élément est distinct du projet de loi , le gouvernement a annoncé en juin qu'il adopterait un engagement de transparence en matière de sécurité nationale, qui s'appliquera à l'ensemble de l'appareil fédéral de sécurité nationale. Sécurité publique Canada remplit un rôle de leadership et de coordination eu égard à la mise en oeuvre de cet engagement. II soutient aussi la mise en place et le fonctionnement d'un groupe consultatif. Ces travaux viendront s'ajouter aux objectifs ultimes poursuivis par le projet de loi C-59.
[Français]
Le ministre Goodale cherche à avoir une conversation ouverte et étoffée pour s'assurer que ce projet de loi sera le meilleur possible.
[Traduction]
C'est dans cet esprit que mes collègues et moi comparaissons devant vous aujourd'hui. Nous serons heureux de répondre à vos questions sur le projet de loi.
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je suis chef associée du Centre de la sécurité des télécommunications. Je vous remercie de cette invitation à participer à votre étude du projet de loi , qui édicte la Loi sur le Centre de la sécurité des télécommunications, le CST.
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui afin de clarifier et d'expliquer certains aspects de cet important texte législatif.
[Traduction]
Permettez-moi d'abord de citer les propos que le a tenus lorsque la Chambre des communes a été saisie pour la dernière fois du projet de loi. Le ministre a déclaré ce qui suit:
Il n'y a pas d'obligation plus importante que celle d'assurer la sécurité des Canadiens au pays et à l'étranger. Le projet de loi C-59 accorderait au CST les pouvoirs et les outils nécessaires pour adhérer aux normes les plus rigoureuses en matière tant de sécurité que de reddition de comptes et de transparence.
Le CST aide à assurer la sécurité des Canadiens depuis plus de 70 ans, en produisant du renseignement étranger de premier plan sur les menaces contre la sécurité nationale du Canada et ses forces armées déployées et en protégeant les informations et les systèmes d'information les plus sensibles du Canada. Pour remplir ce mandat important, les gouvernements qui se sont succédé au cours de cette période se sont attendus à ce que le CST se penche sur les priorités du jour, à ce qu'il ait constamment une longueur d'avance par rapport aux menaces mondiales en constante évolution, à ce qu'il suive I'évolution rapide de la technologie et à ce qu'il relève ces grands défis tout en protégeant la vie privée, les droits et les libertés des Canadiens. C'est à cela que serviront les nouveaux mécanismes de reddition de comptes et les nouveaux pouvoirs prévus dans la Loi sur le CST. Ces pouvoirs modernisés permettront au CST de protéger le Canada et les Canadiens contre les menaces mondiales, notamment les cybermenaces, tout en s'adaptant à la technologie en évolution rapide. De plus, grâce aux nouvelles mesures de reddition de comptes, les activités de l'organisme feront l'objet d'autorisations et d'examens, et elles seront aussi transparentes que possible.
Depuis que le Comité a entrepris l'étude du projet de loi, un certain nombre de questions importantes ont été soulevées. Je profite de l'occasion pour vous présenter les réponses à quelques-unes des questions qui reviennent le plus souvent.
Premièrement, j'aimerais aborder la disposition du projet de loi portant sur l'information accessible au public. Certains se demandent comment le CST se servira de l'information accessible au public et quel pourrait en être l'impact sur la vie privée des Canadiens. Précisons que cette disposition ne servira qu'à permettre au CST d'effectuer des recherches de base à l'appui de son mandat dans des ressources publiques auxquelles toute personne au Canada peut avoir accès. Le CST n'utilise pas et n'utilisera jamais de l'information accessible au public pour enquêter ou pour monter un dossier sur des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada. De telles activités ne font pas partie du mandat du CST, et l'organisme prend son mandat très au sérieux.
La Loi sur le CST proposée renforce cette notion en exigeant expressément que le CST mette en place des mesures pour protéger la vie privée des Canadiens et des personnes se trouvant au Canada en ce qui a trait à l'utilisation, à la conservation et à la divulgation d'information accessible au public.
Comment le CST se servira-t-il de l'information accessible au public? Je vais vous présenter brièvement trois exemples. Premièrement, nous pourrions utiliser de l'information accessible au public pour ajouter des renseignements généraux à un rapport de renseignement étranger ou de cybersécurité. Deuxièmement, nous pourrions nous en servir pour déterminer la nationalité d'une personne ou d'un organisme. Troisièmement, nous pourrions l'utiliser pour consulter des manuels techniques associés à des technologies ou à des infrastructures nouvelles.
Le CST n'utiliserait en aucune circonstance cette disposition pour avoir accès à de l'information obtenue illégalement. Les données piratées ou volées ne constitueraient pas de l'information accessible au public aux termes de la Loi sur le CST.
On a aussi posé des questions au Comité sur le volet proposé du mandat du CST qui porte sur les cyberopérations actives, dont des questions sur la façon dont ces cyberopérations seraient utilisées et sur leur incidence possible sur la vie privée des Canadiens. Comme il s'agit d'un nouveau pouvoir pour le CST, j'aimerais apporter quelques éclaircissements. Les cyberopérations actives autoriseraient le CST, en vertu d'un cadre juridique strict et d'autorisations provenant des plus hauts échelons du gouvernement, de prendre des mesures en ligne pour contrecarrer les menaces étrangères, pour mener des activités visant à protéger nos institutions démocratiques, pour contrer les plans de groupes terroristes et extrémistes violents ou pour freiner les cyberattaques perpétrées par des États étrangers. Par exemple, le CST pourrait mener des cyberopérations actives pour empêcher un terroriste d'utiliser son téléphone cellulaire pour faire exploser une bombe dans une voiture piégée; il pourrait empêcher des terroristes de communiquer entre eux en perturbant leur infrastructure de communications; ou il pourrait entraver secrètement les activités d'un auteur de menaces étranger qui tente de perturber le processus démocratique du Canada.
La loi proposée définit clairement les limites relatives à ces pouvoirs et interdirait au CST de diriger des cyberopérations actives contre des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada, ou encore contre l'infrastructure mondiale de l'information au Canada. La loi proposée exigerait également que ces activités soient raisonnables et proportionnelles. De plus, elle interdirait spécifiquement au CST de causer des lésions corporelles à une personne ou la mort de celle-ci, ou de tenter intentionnellement d'entraver, de détourner ou de contrecarrer le cours de la justice ou de la démocratie.
J'aimerais maintenant souligner le principal changement apporté aux modalités régissant les autorisations ministérielles.
Le projet de loi s'appuie sur le régime actuel d'autorisations ministérielles, mais il en élargit l'application et met en place de nouvelles fonctions importantes d'examen et de surveillance. En vertu de la loi proposée, le CST devra obtenir une autorisation ministérielle avant de mener une activité qui entrave l'attente raisonnable qu'un Canadien ou une personne se trouvant au Canada peut avoir à l'égard du respect de sa vie privée, ou qui contrevient à une loi fédérale.
Toutes les activités de renseignement étranger et de cybersécurité du CST devraient être approuvées par le ministre de la Défense nationale et le commissaire au renseignement. Les cyberopérations actives et défensives ne constituent pas des activités de collecte d'information et ne peuvent pas être dirigées contre des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada. Elles devraient être approuvées à la fois par le ministre de la Défense nationale et par le ministre des Affaires étrangères. Toutes les activités du CST seraient également assujetties à des examens complets menés par des organes d'examen indépendants.
[Français]
Monsieur le président, je conclurai en remerciant le Comité de nous avoir invités, mes collègues et moi, à témoigner aujourd'hui.
Je vous remercie de prendre part à ces délibérations importantes sur la Loi sur le Centre de la sécurité des télécommunications. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui. Je vous remercie de vos services et de votre expertise.
J'aimerais d'abord poser une question à M. Brown.
Monsieur Brown, pour la gouverne du Comité, pourriez-vous présenter brièvement votre évaluation des menaces stratégiques auxquelles le pays fera face en 2018, en vous attardant aux deux menaces principales, soit les cyberactivités et les risques d'attentats terroristes, de violence, d'extrémisme et de radicalisation, que ce soit de source intérieure ou d'inspiration étrangère?
Quelles comparaisons faites-vous entre ces deux menaces et devrions-nous tenir compte d'autres menaces en 2018?
:
Sérieusement, je vais tenter de répondre à votre question, mais mes collègues pourront me corriger ou préciser mes propos.
Je pense que vous avez cerné deux des enjeux principaux. Il va sans dire que, à l'heure actuelle, les menaces sont multidimensionnelles, que ce soit sur le plan de la lutte contre le terrorisme ou des réalités auxquelles nous devons tous faire face, en tant que particuliers ou membres d'une entité donnée, ou encore sur les plans social ou professionnel ou en tant que gouvernement, qui doit composer avec des cybermenaces.
Je dois aussi ajouter que, selon moi, nous continuons de faire face à des menaces traditionnelles. Des documents rendus publics par Sécurité publique Canada et le SCRS révèlent clairement que les menaces sont plus complexes que celles qui ont été mentionnées tout à l'heure. Il s'agit notamment des activités traditionnelles de collecte de renseignements réalisées par des pays qui sont des concurrents du Canada ou qui veulent lui causer du tort. En outre, pour ce qui est de la lutte antiterroriste, nous allons continuer de faire face à des menaces de sources à la fois étrangères et intérieures.
Je pourrais très facilement utiliser tout le temps qui vous est alloué, mais je pense qu'il s'agit d'un bon aperçu de la situation. Je vous invite à poser d'autres questions.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je vous remercie de votre présence, qui nous est très utile.
Ma première question concerne le financement des groupes terroristes. Elle s'adresse à M. Brown comme à n'importe qui d'entre vous.
M. Michael Nesbitt a comparu devant le Comité. Il a manifesté son inquiétude en disant que le Canada court le risque d'être le théâtre d'activités de financement du terrorisme et d'autres activités. C'est donc une possibilité.
De son côté, par l'entremise de mon collègue M. Tony Clement, notre parti a déposé le projet de loi , qui est actuellement à l'étude à la Chambre. Ce projet de loi vise à contrer ce qu'on appelle les voies secrètes. Le gouvernement a semblé ne pas vouloir l'appuyer en faisant valoir que le projet de loi ou les autres lois canadiennes donnent les outils nécessaires pour contrer le financement qui provient de voies secrètes et qui vise à favoriser le terrorisme.
Avez-vous quelque chose à dire là-dessus?
:
J'aurais quelque chose à ajouter.
Comme il a déjà été dit, nous ne pouvons pas diriger nos activités contre des Canadiens. Nous les dirigeons vers des cibles étrangères. Si une cible étrangère parle d'un Canadien ou, disons, appelle une personne au Canada et que nous en prenons connaissance, nous devons détruire ces renseignements aux termes de la loi actuelle, sauf s'ils sont essentiels aux affaires internationales, à la sécurité et à la défense. Si nous décidons de conserver l'information, nous devons en prendre compte. Nous devrions expliquer la façon dont nous avons obtenu l'information, la manière dont nous l'avons détruite ou, si nous l'avons conservée, la raison pour laquelle nous avons pris cette décision. C'est quelque chose qui fait maintenant l'objet d'un examen par le commissaire du CST.
Notre système comprend des politiques et des procédures qui sont incluses dans une fiche d'information sur la protection des renseignements personnels sur notre site Web. Cette fiche indique les diverses mesures en vigueur. Le commissaire du CST évalue notre respect de ces mesures.
:
En ce moment, le projet de loi prévoit, sous le titre « Autorisations ministérielles », que le ministre énoncera les mesures de protection des renseignements personnels propres à cette autorisation concernant l'utilisation, la rétention et l'élimination de ces renseignements, et nous sommes tenus d'observer ces mesures. Encore une fois, certains de ces éléments sont énumérés sur notre site Web à l'heure actuelle. Je peux les nommer. Il y a des politiques, des procédures, de la formation et j'en passe.
Je crois qu'il est important de souligner que la seule façon pour nous d'assister un autre organisme de sécurité et d'application de la loi dans la réalisation de son mandat serait pour celui-ci de faire appel à nous en vertu de ses propres pouvoirs légitimes. Le cas échéant, nous l'aiderons, conformément à notre mandat d'assistance, dans les limites de ce pouvoir légitime et de cette activité.
Le Centre de la sécurité des télécommunications est tenu d'avoir des mesures de protection des renseignements personnels pour toutes ses activités, depuis la collecte de renseignements jusqu'à la cybersécurité en passant par la consultation de renseignements publics. Certaines choses pourraient rejoindre nos intérêts en matière de vie privée, alors ces mesures doivent être là.
Il y a tout un éventail de mesures de protection des renseignements personnels pour le genre de recherches générales que nous effectuons, le genre d'activités de collecte de renseignements que nous effectuons pour appuyer les priorités du gouvernement du Canada en matière de renseignement, ainsi que le genre de choses que nous faisons en réponse aux demandes de partenaires.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux fonctionnaires d'être ici.
Je comprends votre rôle en tant que bureaucrates et votre hésitation à parfois vous exprimer librement devant un comité comme celui-ci sur une question comme celle-ci. Cependant, nous savons qu'il s'agit d'une question de sécurité nationale et que, alors que nous étudions le projet de loi avant la deuxième lecture, c'est une occasion d'apporter tout changement qui est, évidemment, probablement nécessaire.
Je commencerai par vous, madame Bruce, et je poserai la même question à M. Brown.
Vous avez parlé des cyberopérations actives et défensives. Les dispositions législatives prévues dans ce projet de loi énoncent des limites très claires concernant les pouvoirs du CST. De plus, selon ce que je comprends, elles prévoient que les cyberopérations actives ne peuvent viser des Canadiens, peu importe où ils se trouvent dans le monde, ni des personnes se trouvant au Canada.
Êtes-vous convaincue que ces limites et ces interdictions sont appropriées, étant donné le climat actuel de menaces nationales concernant des Canadiens en sol canadien?
:
Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse aux représentants du Centre de la sécurité des télécommunications.
Ce n'est pas une initiation pour les personnes qui se présentent devant le Comité pour la première fois, mais votre organisme suscite beaucoup d'intérêt dans le cadre légal qui nous intéresse. On parle ici des menaces qui proviennent de l'étranger, étant donné que vous ne vous occupez pas de ce qui se prépare en territoire canadien. Si, dans le cadre de votre travail de surveillance et d'interception, vous tombez sur une conversation qui implique un citoyen canadien, vous êtes obligés de détruire cette information. La défense des droits et libertés et la protection de la vie des Canadiens sont toujours les prétextes invoqués. Cependant, vous devez prouver qu'il y a une menace ou un doute raisonnable de menace pour obtenir les mandats nécessaires pour enquêter.
Comment pouvez-vous prouver qu'une menace existe si, en détruisant des renseignements qui concernent des Canadiens, vous perdez de l'information sur des comportements ou des schèmes de comportement susceptibles de prouver qu'une menace est en train de se développer?
Évidemment, ma question implique que la source est à l'étranger, mais qu'elle compte sur la collaboration d'éléments canadiens.
Nous avons parlé de nombreux enjeux relatifs à l'attente raisonnable en matière de protection de la vie privée. Je pourrais commencer par cela. C'est une question qui concerne la partie 3 du projet de loi. J'ai lu des choses là-dessus ici et là. Je crois que M. Forcese et la British Columbia Civil Liberties Association ont proposé des amendements aux paragraphes 23(3) et 23(4). Cette modification ajouterait certains mots.
Le paragraphe 23(1) actuel dit ceci:
Les activités menées par le Centre dans la réalisation des volets de son mandat touchant le renseignement étranger, la cybersécurité et l’assurance de l’information, les cyberopérations défensives ou les cyberopérations actives ne peuvent viser des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada.
L'amendement proposé ajouterait les mots « porter sur l'acquisition de renseignements à l'égard desquels des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada pourraient avoir une attente raisonnable en matière de protection de la vie privée ».
Puis le texte reviendrait au libellé actuel du paragraphe 23(3), c'est-à-dire « à moins d’être menées au titre d’une autorisation délivrée en vertu des paragraphes 27(1) ou 41(1) ».
Puisqu'il est abondamment question de l'attente raisonnable en matière de protection de la vie privée et de notre façon de gérer les contraintes découlant de cet ajout, croyez-vous que cette préoccupation est couverte ailleurs dans le projet de loi? Dans la négative, croyez-vous que ce serait une bonne chose que d'apporter cette précision? Je ne pose pas la question du point de vue de la politique. Je cherche seulement à savoir si, d'après vous, cet aspect est couvert ailleurs dans le projet de loi.
À propos des cyberopérations actives, c'est le ministre de la Défense qui mène le bal, si vous me permettez cette expression, et vous existez par l'intermédiaire du ministère de la Défense. Or, le CST — et je connais la réponse à cela, mais je veux que la chose soit consignée dans le compte rendu — est un organisme civil, n'est-ce pas?
Mme Shelly Bruce: C'est exact.
M. Matthew Dubé: Lorsque des cyberopérations sont menées... Dans votre exposé, si je me fie aux notes, vous parlez de « cyberattaques perpétrées par des États étrangers ». Vous ne décrivez pas une cyberattaque comme étant un acte de guerre proprement dit. Vous parlez également de freiner les « cyberattaques perpétrées par des États étrangers ». Comme le CST est un organisme civil qui relève du ministre de la Défense, y a-t-il un risque que les actions essentiellement offensives qu'il mènera contre d'autres États soient perçues comme un acte de guerre? Quelles conséquences juridiques cela pourrait-il avoir? Nous avons reçu des témoins qui nous ont exposé cette situation. Sur le plan juridique, le CST est perçu comme étant une organisation civile, ce qui complique considérablement la donne. Les préoccupations émanent en grande partie de cet état de fait. Je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir entendu parler de cela dans votre exposé.
Je dirais tout d'abord que les cyberopérations actives visent à atteindre un objectif que le gouvernement a établi, et qu'il s'agit d'un sport d'équipe. Cela signifie que nous venons tous à cette table avec nos mandats, nos pouvoirs et nos capacités. En fait, c'est une façon de travailler ensemble afin de déterminer qui a l'autorité voulue pour s'attaquer au bon problème au bon moment, en fonction de ses compétences, de son mandat et de ses pouvoirs.
En ce qui concerne le CST, j'ai parlé de certaines de ces opérations dans ma déclaration liminaire, comme le fait d'interrompre ou de perturber les communications et les réseaux de Daech, de saboter ses appareils médiatiques de manière à freiner la planification d'attaques avant que les choses n'atteignent le stade de crise. Il y a aussi les actions qui visent à stopper la progression des logiciels rançonneurs dans le monde entier et celles qui visent à mettre un terme à la subversion à l'endroit du processus démocratique. Comme l'a dit mon collègue, certains systèmes canadiens se sont déjà fait voler des renseignements délicats, et ces renseignements sont maintenant utilisés par des systèmes situés à l'étranger. Dans cette optique, nous pourrions trouver des façons d'altérer ces données ou de les rendre inutilisables pour ceux que voudraient les exploiter à leur propre compte.
:
J'imagine que ce n'est pas une position de parti.
Ma question s'adresse d'abord au CST, puisque vous avez parlé de cela dans votre exposé, mais aussi au SCRS, parce qu'il est mentionné dans la partie 4 du projet de loi tout autant que dans la partie 3. Il s'agit de la définition de l'« information accessible au public ».
Aux dires de personnes qui connaissent cela mieux que moi et qui ont témoigné ici, il semble que ni le droit canadien ni la jurisprudence n'ont à ce jour défini ce qu'est l'information accessible au public.
Selon vous, il s'agit de ressources publiques auxquelles toute personne au Canada peut accéder. Selon l'Association du Barreau canadien, un exemple de cela serait les renseignements que Facebook vend aux annonceurs — renseignements qui seraient sans doute accessibles à tous ceux qui sont dans ce domaine. Je ne sais pas exactement si nous parlons de quelqu'un qui chercherait dans Google à en savoir plus sur une personne dont la page Facebook aurait peu de restrictions en matière de confidentialité, ou si nous parlons de choses qui, techniquement, sont accessibles à n'importe qui, mais sans vraiment l'être.
Ma première question est donc: pouvez-vous étayer cette définition? Ma deuxième question est la suivante: pourquoi ne trouve-t-on aucune définition de cela dans le projet de loi ou dans le droit canadien, et n'y aurait-il pas lieu, par souci de clarté, d'inclure une définition de cette réalité dans le projet de loi?
:
Je vous remercie de cette question.
Je traiterai brièvement des amendements proposés. La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents admet que les jeunes bénéficient de garanties particulières au chapitre des droits et libertés, et contient un certain nombre de mesures de protection juridiques importantes pour faire en sorte qu'ils soient traités équitablement et que leurs droits soient protégés. La Partie 8 du projet de loi vise à garantir que tous les jeunes qui ont des démêlés avec le système de justice pénale en raison d'un comportement lié au terrorisme aient droit à des mesures de protection renforcées sur le plan de la procédure et à d'autres égards en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Par exemple, le projet de loi stipule que les mesures de protection des jeunes s'appliquent aux engagements et précise que les tribunaux pour adolescents ont le pouvoir exclusif d'imposer des engagements aux jeunes.
Par exemple, si un jeune non représenté par un avocat comparaissait devant un tribunal pour adolescents concernant une demande d'engagement de ne pas troubler l'ordre public lié au terrorisme, les amendements exigeraient que ce tribunal l'informe de son droit de mandater un avocat, le dirige vers un programme d'aide juridique disponible et, si le jeune ne peut obtenir les services d'un avocat par l'entremise de ce programme, fasse en sorte qu'il soit représenté par un avocat de l'État s'il en fait la demande.
À l'échelle internationale, on discute aussi des effets du terrorisme sur le système de justice pour mineurs, et les amendements qu'on propose d'apporter à la Loi sur le système de justice pour adolescents visent à renforcer la protection des jeunes au cours des procédures quand il faut tenir compte des conditions d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public lié au terrorisme. Ils prévoient toutefois aussi l'accès aux dossiers des adolescents en application du Décret sur les passeports canadiens, le tout devant faire l'objet de mesures de protection de la vie privée de la loi.
:
Je pense que cette question a été soulevée au cours de la première heure. Bien sûr, cela aura une incidence positive parce que les
[Traduction]
organismes auront une idée plus nette des attentes.
À dire vrai, il s'agit d'une question dont nous avons discuté aux premiers jours des délibérations sur la législation. Admettant que le régime de responsabilité comportait des lacunes, nous voulions nous assurer que ces dernières seraient corrigées de manière à ne pas avoir d'incidence directe ou néfaste sur les capacités opérationnelles des organismes. Nous l'avons fait notamment en clarifiant les choses et en précisant les attentes.
L'autre attente est limpide et figure dans la Loi sur le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, par exemple. Nous nous attendons à ce que ce comité et l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement se consultent mutuellement et collaborent pour éviter les chevauchements inutiles et assurer la coordination de leurs activités.
Il ne fait aucun doute que ces mesures favoriseront une plus grande transparence et permettront à la population de mieux comprendre nos activités quotidiennes; je pense d'ailleurs que c'est là un des objectifs visés.
Nous prenons également des mesures pour simplifier le processus dans le cadre de l'initiative de transparence pour que les renseignements qui ne devraient pas être retenus soient rendus publics. Il ne devrait ainsi plus être nécessaire de passer par le processus d'accès à l'information ou d'autres processus pour divulguer l'information. Si nous la publions de manière proactive, nous allégeons le fardeau.
J'admets volontiers que certaines remarques ont été formulées sur l'augmentation du fardeau, mais, comme Tricia l'a souligné, tous les sous-ministres ont indiqué qu'ils accueillent favorablement le cadre de surveillance et d'examen proposé, et qu'ils peuvent y fonctionner efficacement.
:
M. Dubé a largement dépassé son temps d'intervention.
Si vous me le permettez, j'aurais une question à poser. J'aimerais revenir sur l'échange entre Mme Bruce et M. Fragiskatos concernant l'infrastructure privée.
La discussion porte principalement sur l'infrastructure publique. Cela me rappelle une conversation que j'ai eue la semaine dernière avec un représentant du secteur bancaire. Selon lui, lorsque nous fournissons des informations aux services de sécurité, cette information disparaît et nous n'en entendons plus parler. À mon avis, cette cyberinfrastructure est partagée entre les secteurs privé et public, mais le projet de loi ne parle pas de l'infrastructure privée — enfin, pas de façon évidente. Cette question a rongé les Britanniques. Le gouvernement britannique est intervenu activement pour protéger l'infrastructure privée.
Premièrement, qu'apporte le projet de loi en ce qui a trait à un cadre? Deuxièmement, quelle est la prochaine étape, disons, pour régler cette situation?
:
Le projet de loi ne fait pas directement référence à l'infrastructure critique, mais je crois qu'il fait référence aux systèmes non gouvernementaux qui sont essentiels à l'infrastructure critique, car, comme vous le dites, notre infrastructure mondiale d'information est composée d'entreprises du secteur privé et public.
Dans cet environnement, le CST, qui se concentre actuellement à défendre l'infrastructure gouvernementale et à bloquer certaines activités, peut uniquement conseiller et orienter les propriétaires d'infrastructures critiques de façon à ce que l'information soit accessible au grand public.
À cet égard, le projet de loi permet au CST d'utiliser l'expertise existante — les outils, les capacités.... D'ailleurs, certaines de ces capacités ont été présentées aux propriétaires d'infrastructures critiques sous forme d'un outil appelé « Assembly Line ». Ces informations sont connues. Cet outil a été développé à l'interne, mais d'autres peuvent s'en servir pour trier et comprendre les logiciels malveillants qui pourraient attaquer leurs systèmes.
Le CST pourrait même aller plus loin avec cette mesure législative pour aider les propriétaires d'infrastructures critiques qui demandent notre aide et que le ministre a désignés comme étant admissibles à recevoir l'aide du CST.
:
Cela fait partie du mandat du . Vous posez une question-cadre sur la façon dont le gouvernement approchera la situation. Il s'agit d'un élément fondamental. C'était une lacune du mandat du CST qui limitait l'aide qu'il pouvait apporter dans le contexte actuel.
Comme je l'ai déjà dit, le gouvernement effectue un examen de la cybersécurité. Les résultats de cet examen seront disponibles bientôt, enfin, je l'espère. Un des éléments clés de cet examen — et j'ajouterais que Sécurité publique gère la relation avec le secteur des infrastructures critiques — est de savoir où aller, vers qui se tourner lorsqu'il y a un problème. La taille du système importe peu; il faut avoir les bons contacts. Actuellement, on communique parfois avec le CST ou le Centre canadien de réponse aux incidents cybernétiques, le CCIRC, de Sécurité publique. Nous devons faire un meilleur travail pour coordonner le tout.
Une bonne partie de cette information se trouve dans un écosystème où l'information doit être partagée très rapidement et il s'agit d'un rôle clé que le CST peut jouer. C'est une question d'expertise technique. Je vais utiliser l'analogie d'un incendie. Nous demandons à des pompiers d'éteindre un incendie. Dans ce cas-ci, un seul pompier pourrait suffire, car tout ce qu'il faut, c'est un lien pour permettre aux gens de comprendre qu'il existe une solution et que cette solution peut s'appliquer à toute l'infrastructure.
Une grande société américaine inconnue a géré beaucoup de données confidentielles de citoyens. Une solution simple n'avait pas été mise en place, ce qui a eu un impact important sur toute l'organisation.
Il est important de bien encadrer le tout. À mon avis, il y aura de nouveaux développements au cours des prochains mois. Il s'agit d'un élément fondamental.