:
Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour aux membres du Comité.
Je vous remercie de m'avoir invité et de me permettre de vous présenter la GRC.
Je n'ai pas préparé de notes d'allocution. J'ai cependant une présentation qui est en cours de traduction. Elle n'est disponible qu'en anglais et sera diffusée ultérieurement, avec la version française. Je pense que je vais m'en inspirer, si cela convient au Comité. Merci.
L'idée, c'est de vous donner une vue d'ensemble de la GRC. Quel est son rôle? D'où tient-elle ses pouvoirs? À quels obstacles se heurte-t-elle dans le contexte actuel?
La Loi sur la Gendarmerie royale du Canada définit le mandat de la GRC, qui se divise en trois volets: appréhender les délinquants, les criminels; prévenir la criminalité; et assurer la protection de personnes précises. Voilà le triple mandat prévu dans la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada.
Bien qu'elle constitue un unique corps policier, la GRC évolue dans divers contextes et dans de nombreux domaines. Ainsi, son mandat premier vise l'administration des forces de police fédérales, mais les services de police contractuels qu'elle fournit sur le terrain aux provinces, aux localités et aux territoires comptent pour l'essentiel de ses activités. Elle offre par ailleurs des services policiers spécialisés à l'appui des activités policières aux quatre coins du pays.
Vous constaterez que j'ai inclus la liste des membres de l'état-major supérieur avec leurs fonctions.
La GRC dispose d'une enveloppe d'environ 4,5 milliards de dollars. Souvent, c'est méconnu, car le budget des dépenses fait état des crédits fédéraux sans tenir compte des recettes tirées des activités contractuelles, mais le tout totalise 4,5 milliards de dollars.
En février, nous comptions plus de 30 000 employés — 30 101 très exactement au 1er février —, qui occupent diverses fonctions. Pensons par exemple aux policiers, que nous appelons membres réguliers, aux membres civils, c'est-à-dire les employés civils embauchés pour que la GRC puisse s'acquitter de ses responsabilités au titre de la loi, aux fonctionnaires ou, souvent, aux employés municipaux.
La GRC a trois secteurs d'activité opérationnels. J'ai déjà mentionné les Services de police fédérale, qui s'occupent de ce qui concerne le crime organisé, le terrorisme, le contre-terrorisme, les enquêtes menées en collaboration avec mon collègue le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité et l'application d'une multitude d'autres lois fédérales.
Les Services de police spécialisés assurent sur le terrain des services essentiels comme les analyses en laboratoire, le séquençage génétique et la gestion de l'information, notamment par l'intermédiaire du Centre d'information de la police canadienne, ou CIPC. Vous avez peut-être déjà entendu parler du CIPC. Il gère les mandats d'arrestation, les dossiers criminels, les empreintes digitales et ainsi de suite. Les agresseurs sexuels d'enfants et la cybercriminalité relèvent également des Services de police spécialisés.
Les Services de police contractuels et autochtones se chargent des activités policières contractuelles. La GRC assume les fonctions de police provinciale de toutes les provinces, à l'exception de l'Ontario et du Québec. Elle assume les fonctions de police territoriale dans les trois territoires. Elle assure des services policiers dans plus de 600 communautés autochtones et 150 localités. Tout cela rend d'autant plus complexe la prestation courante de services de police aux Canadiens.
Depuis plusieurs années, nous sommes en transformation. Vous aurez sans doute entendu beaucoup parler du changement de culture à la GRC. Les efforts sont en cours depuis des années, mais ils s'intensifient assurément depuis que j'ai été nommé commissaire, il y a quatre ans. Nous cherchons à revenir à l'éthos traditionnel de la GRC, notamment par l'établissement du Plan d'action pour l'égalité entre les sexes et le respect à la suite d'une évaluation comparative entre les sexes de nos pratiques et politiques réalisée après que des problèmes de harcèlement, y compris des allégations de harcèlement sexuel, au sein de notre organisme ont été étalés sur la place publique.
Nous avons par ailleurs réussi à obtenir une nouvelle loi pour la GRC, appelée Loi visant à accroître la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada, qui a joué un rôle névralgique dans l'adoption d'une approche plus réparatrice en matière de mesures disciplinaires et de gestion des ressources humaines.
Nous avons conçu une stratégie en matière de santé mentale et nous appliquons maintenant un plan d'action à ce sujet. Nous avons revu le profil de mission de la GRC pour l'axer sur les résultats et le respect tout en favorisant un milieu de travail empreint de respect. Aussi, n'oubliez pas que notre travail consiste à fournir des services de police aux Canadiens.
Des problèmes subsistent, bien sûr, dont ceux qui ont été rendus publics dernièrement. Nous nous efforçons constamment de transformer notre culture organisationnelle pour la rendre plus tolérante, plus accueillante à l'égard de toutes les dimensions sociales. La situation est également complexe au chapitre des relations de travail puisque, lorsque le gouvernement aura fait adopter une nouvelle loi à cet effet, les membres de la GRC pourront demander l'accréditation d'un agent négociateur.
Nous avons eu du mal à composer avec les restrictions budgétaires, surtout dans le contexte de la conciliation de nos diverses responsabilités. Nous procédons actuellement à un examen complet des programmes, ce qui nous permettra de chiffrer ce qui est attendu de l'organisme. Au fur et à mesure que la société et les menaces évoluent, nous devons constamment revoir nos outils juridiques et de soutien aux enquêtes.
Les priorités stratégiques de la GRC demeurent axées sur les crimes graves et le crime organisé, la sécurité nationale, la jeunesse, les communautés autochtones et la santé financière. Depuis quelques années, nous nous concentrons également sur d'autres dossiers importants, comme les enquêtes visant la sécurité nationale, la cybercriminalité, l'exploitation sexuelle des enfants et la santé au travail dans nos rangs.
L'organisme est très vaste. Il comporte 16 divisions. Tous les commandants de division relèvent de moi et de l'état-major supérieur. Dans l'ensemble, les divisions correspondent aux provinces et aux territoires; il suffit d'ajouter la Division Dépôt, l'administration centrale et la Division nationale pour arriver à 16.
Nous faisons des efforts considérables dans une foule de domaines. La GRC est un organisme exceptionnel qui rassemble des femmes et des hommes loyaux et déterminés qui adorent leur travail. Je suis ravi de venir vous aider à la comprendre.
Merci, monsieur le président.
:
Bonjour. J'ai, moi, des observations préliminaires.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du comité, bonjour.
J'ai le plaisir de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous donner un aperçu du Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, et vous entretenir brièvement des principaux facteurs et des grandes tendances qui influent sur la sécurité nationale du Canada et de ce qu'ils signifient pour le SCRS et le Canada.
Mon objectif est de vous donner une bonne idée de ce que nous faisons, des méthodes que nous utilisons et de nos priorités actuelles.
Toutes les activités du SCRS s'appuient sur la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité. Celle-ci énonce clairement le mandat et les pouvoirs de l'organisme. Malgré les modifications qui ont été apportées à la loi, la plupart des principes fondamentaux qui régissent le Service demeurent les mêmes.
[Traduction]
Le mandat du service comporte trois principaux éléments. D'abord et avant tout, le service est appelé à recueillir des informations sur les activités dont il existe des motifs de soupçonner qu'elles constituent une menace pour la sécurité du Canada, de les analyser et d'intervenir. La loi définit clairement les menaces sur lesquelles le service est autorisé à faire enquête. Celles-ci sont d'ailleurs demeurées inchangées depuis 1984. Le service fait enquête sur l'espionnage, le sabotage, l'ingérence étrangère et, bien sûr, le terrorisme et l'extrémisme.
II convient de signaler que la Loi sur le SCRS exclut explicitement les enquêtes sur les activités de défense d'une cause, de protestation ou de manifestation d'un désaccord, à moins que celles-ci aient un lien avec les activités liées à la menace que je viens de mentionner. Le pouvoir d'arrêter et de détenir des personnes ainsi que celui de faire respecter les lois demeurent du ressort de nos partenaires de l'appareil d'application de la loi. Le SCRS n'est pas un service de police.
Le service fournit des conseils au gouvernement de diverses façons, notamment en rédigeant des évaluations du renseignement et des rapports, qu'il diffuse à ses clients à l'échelle de l'administration fédérale.
Le SCRS peut aussi prendre des mesures pour réduire les menaces qui pèsent sur la sécurité du Canada. Ces pouvoirs sont semblables à ceux qu'exercent bon nombre de ses partenaires étrangers.
Dans le cadre du deuxième élément de son mandat, soit le filtrage de sécurité, le service fournit des conseils et des évaluations à ses partenaires du gouvernement. Par exemple, il donne des conseils à ses partenaires chargés des questions d'immigration afin de les aider à déterminer si une personne est interdite de territoire au Canada. II prépare aussi des évaluations de sécurité à l'appui du filtrage des employés et des entrepreneurs qui doivent avoir accès à des biens, à des sites ou à des informations sensibles du gouvernement.
Enfin, l'article 16 de la Loi sur le SCRS autorise le service à recueillir des renseignements étrangers dans les domaines de la défense et de la conduite des affaires internationales du Canada, et ce, seulement à la demande écrite du ministre de la Défense nationale ou du ministre des Affaires étrangères. II importe de signaler que ces activités de collecte ne peuvent être menées qu'au Canada et ne peuvent viser ni des citoyens canadiens ni des résidents permanents. Cet élément du mandat du service n'a pas été modifié.
Pour remplir son mandat, le SCRS collabore étroitement avec de nombreux partenaires fédéraux et avec des administrations provinciales et territoriales. Grâce à ces partenariats, il peut plus facilement échanger des informations en toute légalité, donner des conseils et assurer l'harmonisation des opérations. Ces relations sont essentielles aux enquêtes en cours du SCRS.
[Français]
La relation entre le SCRS et la GRC est essentielle pour contrer la menace terroriste. Les deux organismes comprennent bien leurs rôles respectifs et collaborent efficacement afin d'assurer la sécurité du public. Les poursuites contre des terroristes qui ont été intentées avec succès depuis 2002 témoignent de l'engagement du Service et de la GRC à l'égard de la lutte contre cette menace et de la priorité qu'on lui accorde.
Maintenant que j'ai décrit sommairement le mandat du Service, j'aimerais ajouter, monsieur le président, que la surveillance et la reddition de comptes étaient des facteurs importants au moment de la création du Service en 1984 et qu'elles continuent de jouer un rôle de premier plan dans la façon dont le Service mène ses activités aujourd'hui.
Le Service respecte de diverses façons ses obligations de rendre compte, d'abord en donnant suite aux instructions que le ministre peut lui envoyer par écrit et qui peuvent porter sur toutes les questions touchant le SCRS, dont ses priorités en matière d'enquête et d'analyse, la conduite des opérations ainsi que le moment et la façon dont le Service informe le ministre de ses activités. Le SCRS doit aussi soumettre à l'approbation du ministre les ententes de coopération avec des partenaires canadiens et étrangers ainsi que les demandes de mandat à la Cour fédérale.
La Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité établit des exigences claires en matière de rapport, un autre élément clé de la reddition de comptes. Chaque année, le Service rédige à l'intention du ministre un rapport classifié sur ses activités opérationnelles dont un exemplaire est remis à son organisme de surveillance, soit le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, le CSARS, à des fins d'attestation. Le CSARS peut alors vérifier que le SCRS mène ses activités de façon adéquate et efficace en respectant le principe de la primauté du droit.
Le SCRS rédige aussi un rapport public que le ministre dépose au Parlement et qui présente un aperçu de haut niveau des priorités opérationnelles du Service et des faits saillants. Ils s'agit d'un moyen important de sensibiliser le public et d'éclairer le débat public.
[Traduction]
De toute évidence, l'examen indépendant des activités constitue un élément important du régime de reddition de comptes du service. Le CSARS examine les activités du SCRS et fait enquête sur les plaintes qu'il reçoit à ce sujet. Il a accès à tous les documents du SCRS, à l'exception des documents confidentiels du Cabinet, et rédige un rapport annuel qui contient des résumés des résultats de ses examens et de ses enquêtes sur les plaintes.
Même si ce rapport n'est déposé qu'une fois l'an, le dialogue entre le SCRS et le CSARS se poursuit tout au long de l'année à mesure que les examens et les enquêtes sur les plaintes évoluent. Les recommandations du CSARS sont examinées de près et permettent couramment d'orienter les politiques et les pratiques du service, ce qui favorise la création d'une culture organisationnelle axée sur l'amélioration et l'apprentissage continus.
En outre, toujours sur le plan de la reddition de comptes, des employés du service comparaissent régulièrement devant des comités sénatoriaux et parlementaires, comme le Comité sénatorial permanent de la sécurité publique et nationale, et ce comité-ci. De même, les activités du SCRS peuvent faire l'objet d'un examen des commissaires à la protection de la vie privée et à l'information ainsi que du vérificateur général. Ces échanges fréquents avec des organismes de surveillance de l'extérieur permettent au SCRS d'accroître son efficacité et son professionnalisme. La reddition de comptes est essentielle puisqu'elle favorise la confiance et le soutien du public, ce dont le service a besoin pour assurer son efficacité.
Monsieur le président, le SCRS est un organisme dynamique et diversifié. Il compte actuellement quelque 3 400 employés dans six bureaux régionaux, à l'étranger et à son administration centrale ici, à Ottawa. Au total, 68 % de ses employés sont bilingues, tandis qu'environ 20 % possèdent une bonne ou une excellente maîtrise d'une langue autre que le français ou l'anglais. Ensemble, les employés du Service parlent plus de 100 langues. La diversité favorise la participation des employés et l'innovation et, au bout du compte, aide le service à atteindre ses objectifs.
Le SCRS est reconnu comme un employeur de choix, et je suis heureux de signaler que cette année encore, et ce, pour une huitième année consécutive, il s'est classé parmi les 100 meilleurs employeurs au Canada.
[Français]
Permettez-moi maintenant de vous donner un aperçu du contexte de la menace.
Comme vous le savez, le terrorisme, notamment la radicalisation de Canadiens, demeure la menace la plus importante, la plus grave et la plus immédiate qui pèse sur les Canadiens ainsi que sur les intérêts canadiens au pays et à l'étranger.
Il m'appartient de présenter au comité la meilleure évaluation possible au sujet de la nature et de l'ampleur de la menace. Sans vouloir exagérer cette menace terroriste, je crois fermement qu'il ne faut pas relâcher la vigilance dans un contexte complexe et en évolution constante et qu'il est risqué pour la sécurité des Canadiens de tenter de minimiser cette menace.
Je crois qu'il serait utile de présenter le contexte des allégations.
En avril 2014, une plainte a été déposée contre deux employés du Groupe de la formation aux explosifs du Collège canadien de police au sujet de leur comportement. Les faits reprochés se seraient déroulés en 2012-2013. Le directeur général du Collège a ordonné la tenue de ce qu'on appelle une enquête relative au code de déontologie, qui s'est déroulée comme elle se serait déroulée en vertu de l'ancien système. Au final, les individus auxquels on reprochait un comportement inapproprié se sont faits retrancher respectivement l'équivalent de quatre et cinq jours de salaire.
En novembre 2014, à peu près au moment où la nouvelle Loi visant à accroître la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada est entrée en vigueur, un autre employé a porté plainte au sujet d'un de ces deux individus. Permettez-moi de vous dire que les deux avaient été suspendus pendant la durée de la première enquête. Ils avaient par la suite réintégré le collège, mais pas sur le même lieu de travail. Cela ne s'est pas déroulé sans anicroche, car les deux officiers ont fait valoir à leurs supérieurs qu'ils avaient le droit de réintégrer leur ancien poste.
De toute façon, une nouvelle plainte a été déposée et elle a été traitée en vertu de la nouvelle loi, ce qui a eu pour conséquence une sanction disciplinaire de 15 jours à l'endroit de l'individu.
Je tiens à souligner que la nouvelle loi permet à l'organisation d'examiner les sanctions et d'interjeter appel lorsqu'elle considère qu'elles n'étaient pas proportionnelles au comportement reproché. C'était impossible en vertu de l'ancien système. Ce processus était en cours au moment où, le 9 février, j'ai reçu un courriel d'une personne qui a une fois de plus élargi la portée des allégations. Cela a mené au transfert quasi immédiat des individus visés. Au départ je n'étais absolument pas au courant d'aucun des faits reprochés, mais je me suis renseigné et j'ai retiré ces individus du lieu de travail. Quelques jours plus tard, on a ordonné la tenue d'une nouvelle enquête relative au code de déontologie, et les individus visés ont été suspendus.
Je peux vous dire qu'une équipe d'enquêteurs chevronnés a entrepris de faire la lumière sur ces allégations plus étendues, qui étaient jusque-là inconnues. Nous avons constitué une équipe multidisciplinaire chargée d'effectuer certaines tâches pendant la tenue de l'enquête, comme s'assurer qu'on s'occupe adéquatement des victimes et des plaignants. En examinant le processus décisionnel pendant toute la période que je viens de décrire...
:
Merci, monsieur le président.
Messieurs, je vous remercie d'être ici parmi nous aujourd'hui.
Il est très important de dire que, dans le cas de débats très émotifs comme celui qui a eu lieu sur le projet de loi , malgré nos différences politiques, il est certain que nous appuyons les hommes et les femmes qui travaillent au sein de vos organismes. Là-dessus, je fais écho aux commentaires de M. O'Toole.
Monsieur Paulson, vous avez parlé de l'impact qu'ont eu les coupes budgétaires. Dans les rapports déposés par le président du Conseil du Trésor, on constate que le gouvernement précédent a fait des compressions de 687,9 millions de dollars par année dans le ministère de la Sécurité publique, dont 195 millions de dollars à la GRC et 24,4 millions de dollars dans l'organisation que représente M. Coulombe. J'ai deux questions à poser à ce sujet.
Premièrement, pouvez-vous me parler brièvement de l'impact de ces compressions et étoffer vos commentaires à cet égard? Deuxièmement, qu'est-ce que le gouvernement actuel devrait faire dans son prochain budget pour combler les besoins de vos organismes?
:
J'aimerais vous expliquer brièvement nos méthodes de recrutement.
Il y a quelques années, malgré l'avis de certaines personnes qui pensaient que ce n'était pas une bonne idée, j'ai fixé des objectifs très ambitieux. Nous souhaitons que les femmes représentent 30 % de l'effectif de l'organisation d'ici 2020, je crois. C'est très ambitieux sur le plan des chiffres et du nombre de recrues. Néanmoins, nous avons mis l'accent sur le recrutement de femmes au sein de l'organisation, et les chiffres s'améliorent à cet égard.
Je suis d'accord avec vous en ce qui concerne les postes de direction. À l'heure actuelle, des femmes occupent des postes supérieurs de direction. Par exemple, nous avons une sous-commissaire en Alberta, une sous-commissaire en Saskatchewan qui occupe le poste de commandante divisionnaire et, à la Direction centrale, une sous-commissaire qui est responsable des contrats et de la police des Autochtones.
Il est difficile de maintenir le taux de représentation à ce niveau étant donné le nombre de femmes pouvant faire l'objet d'un avancement. Nous appliquons des pratiques de mentorat au groupe de la relève. Les femmes ne souhaitent pas obtenir une promotion en raison de leur sexe, mais plutôt en raison de leurs compétences. Nous jumelons les femmes compétentes à des cadres supérieurs — hommes et femmes — au sein de l'organisation.
Ces derniers temps, nous avons réussi à augmenter le nombre de femmes qui occupent des postes de direction. Je suis d'accord avec vous, et nous prenons les mesures qui s'imposent.
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Monsieur le président, madame, messieurs, bonjour et merci de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui. C'est vraiment un plaisir pour moi d'être ici.
Je suis heureux de comparaître aujourd'hui devant le Comité pour donner un aperçu du Service correctionnel du Canada, ou SCC, comme nous l'appelons.
Pour commencer, j'aimerais prendre quelques instants pour me présenter officiellement aux membres du Comité.
Au cours de mes 38 ans de carrière, j'ai eu le privilège de travailler avec des dizaines de milliers d'employés dévoués et engagés des services correctionnels. J'ai commencé ma carrière dans la fonction publique comme agent de correction en 1978. J'ai occupé divers postes opérationnels, de gestion et de direction dans quatre pénitenciers fédéraux, dans deux administrations régionales et à l'administration centrale du SCC. De 1995 à 2002, j'ai occupé divers postes au sein des systèmes correctionnels territorial et provincial du Yukon et de la Saskatchewan. En 2002, j'ai réintégré le SCC en tant que sous-commissaire principal, puis, en 2008, j'ai été nommé commissaire.
Au cours des huit dernières années, à titre de commissaire du Service correctionnel du Canada, j'ai comparu à maintes reprises devant ce Comité et d'autres comités parlementaires et sénatoriaux. C'est pour moi un privilège de pouvoir fournir aux membres des comités de la Chambre et du Sénat des renseignements sur un large éventail d'enjeux touchant le SCC lorsque le Parlement étudie des projets de loi ou lorsque des comités réalisent des études précises.
Fait plus important encore, en tant que dirigeant d'un des organismes de sécurité publique du Canada, je crois que comparaître dans ce type de tribune publique est pour moi l'occasion de souligner les réalisations et l'excellent travail que fait mon personnel quotidiennement, tant dans les établissements que dans la collectivité.
Le SCC est un organisme fédéral qui relève du portefeuille de la Sécurité publique du gouvernement du Canada. Ses responsabilités découlent de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition et du Règlement sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. En plus de la Charte des droits et libertés, environ 70 autres lois et règlements ont une incidence sur le SCC.
La Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition et son règlement d'application exigent du SCC qu'il contribue à la sécurité publique en administrant les peines d'emprisonnement de deux ans ou plus imposées par les tribunaux. Dans le cadre de ce travail, il gère des établissements à différents niveaux de sécurité, prépare les détenus à une mise en liberté en temps opportun et en toute sécurité et surveille les délinquants en liberté sous condition et ceux faisant l'objet d'une ordonnance de surveillance de longue durée dans la collectivité.
Aux termes de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, le SCC doit aussi se charger de l'élaboration, de la mise en oeuvre et du suivi de politiques, de pratiques et de programmes correctionnels qui respectent les différences ethniques, culturelles et linguistiques, ainsi qu'entre les sexes, et qui tiennent compte des besoins propres aux femmes, aux hommes et aux délinquants autochtones. De plus, la Loi exige que le SCC offre aux délinquants les soins de santé essentiels et un accès raisonnable aux soins de santé mentale non essentiels qui peuvent contribuer à leur réadaptation et à leur réinsertion sociale. La Loi exige aussi du SCC qu'il fournisse des services aux victimes d'actes criminels, par exemple par l'échange d'information et la sensibilisation, pour appuyer les efforts de guérison des victimes.
En tant que commissaire, je bénéficie du soutien d'un comité de direction composé de représentants nationaux et régionaux. Je supervise le fonctionnement de 43 pénitenciers fédéraux, de 91 bureaux principaux et secondaires de libération conditionnelle et de 15 centres correctionnels communautaires. Le SCC gère aussi quatre pavillons de ressourcement et travaille en partenariat avec les communautés autochtones dans le but de soutenir la réinsertion sociale des délinquants autochtones. Au cours d'une journée normale, le SCC est responsable d'environ 23 000 délinquants, dont quelque 15 000 sont incarcérés.
Depuis que j'ai accepté le rôle de commissaire en 2008, j'ai été témoin de changements importants au sein de la population de délinquants et des pressions que ces changements ont exercées sur le SCC et ses activités.
Par exemple, le nombre de délinquantes sous responsabilité fédérale a augmenté de façon importante au cours des 10 dernières années. Par ailleurs, les délinquants arrivent maintenant avec des antécédents de violence plus lourds et ils sont plus susceptibles d'avoir des besoins en matière de santé mentale. Les délinquants continuent de présenter un taux de prévalence élevé de problèmes de toxicomanie et de maladies infectieuses. De plus, en raison du vieillissement de la population carcérale, la prévalence des problèmes de santé physique augmente. L'admission de délinquants autochtones dans le système correctionnel fédéral continue d'accroître leur surreprésentation au sein de ce système.
Ces changements ont exigé du SCC qu'il change son mode de fonctionnement pour s'adapter aux délinquants en améliorant ses systèmes de renseignements et d'information, en mettant en oeuvre des stratégies en matière de gestion des délinquants et de santé mentale et en examinant et modernisant régulièrement la prestation des activités et des programmes de réadaptation en établissement.
Monsieur le président, comme l'indique le Budget supplémentaire des dépenses de 2015-2016 présenté à la Chambre des communes en décembre dernier, les autorisations budgétaires du SCC s'élèvent à environ 2,4 milliards de dollars. Comme c'est le cas pour les autres ministères et organismes fédéraux, le SCC a dû composer avec d'importantes réductions et pressions budgétaires au cours des dernières années. Le Plan d'action économique du Budget de 2012 a entraîné une réduction du financement de 295 millions de dollars. De plus, le gel du budget de fonctionnement annoncé dans le Budget de 2014 a généré une pression financière estimée à 27 millions de dollars en 2015-2016, et on s'attend à ce que ce montant passe à 31 millions de dollars au cours du prochain exercice et des années financières suivantes.
Cette situation est venue s'ajouter au gel du budget de fonctionnement imposé dans le Budget de 2010, qui avait entraîné une pression financière permanente de 55 millions de dollars. En général, depuis 2008-2009, l'incidence continue totale des réductions et des pressions financières s'élève à 400 millions de dollars. Afin de faire face à ces réductions budgétaires, le SCC a mis en oeuvre une série d'initiatives visant à réaliser des gains d'efficience et à rationaliser les activités. Actuellement, compte tenu des répercussions cumulatives des initiatives pangouvernementales et législatives qui ont eu une incidence sur le SCC, nous ne sommes plus en mesure d'absorber des coûts supplémentaires sans que cela risque de nuire à la sécurité publique.
Le Service correctionnel du Canada compte environ 18 000 employés, dont 85 % travaillent dans les établissements correctionnels ou les bureaux de libération conditionnelle dans la collectivité, et 15 % au sein de l'administration centrale ou des administrations régionales. L'effectif du SCC reflète la grande diversité de compétences requises pour assurer le fonctionnement des établissements et des bureaux dans la collectivité. Notre effectif comprend des agents de correction, des agents de libération conditionnelle, des agents responsables de l'exécution des programmes, des professionnels de la santé, des plombiers, des électriciens, du personnel de cuisine et j'en passe. Des employés sont aussi chargés de fournir des services essentiels dans la collectivité et les établissements. De même, des membres du personnel remplissent des fonctions générales et administratives aux échelons local, régional et national.
Comme beaucoup d'autres organisations fédérales, le SCC doit gérer les défis associés au recrutement et au maintien en poste du personnel en raison du vieillissement de la main-d'oeuvre au sein du gouvernement. Cela dit, le SCC est résolu à créer et à maintenir un effectif diversifié et représentatif de la société canadienne. Le fort accent mis sur la diversité a permis d'augmenter considérablement le taux de représentation des femmes et des membres des minorités visibles au sein du SCC au cours des trois dernières années. Compte tenu de la proportion élevée de délinquants autochtones, le SCC a fait des efforts ciblés pour recruter et maintenir en poste des Autochtones et, par conséquent, il est le plus important employeur d'Autochtones au sein de l'administration publique centrale. II convient de noter que, en 2014-2015, 47 % des employés du SCC étaient des femmes, 9 %, des membres de minorités visibles, 5 %, des personnes handicapées, et un peu plus de 9 %, des Autochtones.
Monsieur le président, tous les jours, partout au pays, les employés du SCC assurent la sécurité de nos collectivités en travaillant dans un des milieux les plus exigeants de la fonction publique fédérale. Les contributions du SCC à la sécurité publique ne seraient pas possibles sans la passion et le dévouement de nos employés.
De nouveau, je vous remercie de m'avoir permis de comparaître devant vous aujourd'hui. Je serai ravi de répondre aux questions que vous souhaiterez me poser dans quelques instants.
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Monsieur le président, madame, messieurs, merci beaucoup d’avoir invité la Commission des libérations conditionnelles du Canada à comparaître devant vous aujourd’hui.
Je profiterai de l’occasion qui m’est ainsi donnée pour vous parler de l’important mandat de la commission en matière de sécurité publique et du travail qu'elle accomplit.
La Commission des libérations conditionnelles du Canada est un tribunal administratif indépendant qui fait partie du portefeuille de la Sécurité publique. Le président de la commission en est également le premier dirigeant et rend des comptes au Parlement par l’intermédiaire du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. La commission mène ses activités à partir de son bureau national, situé dans la capitale nationale, et de ses bureaux régionaux, situés dans les régions de l’Atlantique, du Québec, de l’Ontario, des Prairies et du Pacifique.
Les décisions relatives à la mise en liberté sous condition se prennent dans les bureaux régionaux de la commission, tandis que les décisions concernant les appels ainsi que les décisions et les recommandations touchant la suspension du casier ou la clémence sont rendues au bureau national. La commission a un effectif de 89 commissaires à temps plein et à temps partiel, comme le prévoit la loi. Ils sont soutenus par 437 fonctionnaires à temps plein. Le budget de la commission pour le présent exercice est de 45,9 millions de dollars.
La commission, en tant que partie intégrante du système de justice pénale, prend en toute indépendance des décisions judicieuses sur la mise en liberté sous condition et la suspension du casier judiciaire et formule des recommandations en matière de clémence. Elle contribue à la protection de la société en favorisant la réintégration en temps opportun des délinquants comme citoyens respectueux des lois. La commission compte trois principaux secteurs de programmes: les décisions relatives à la mise en liberté sous condition; l'application transparente et responsable du processus de mise en liberté sous condition; et les décisions relatives à la suspension du casier judiciaire et les recommandations concernant la clémence. Ces secteurs sont soutenus par un quatrième secteur de programmes, soit les services internes.
Le programme de la commission relatif aux mises en liberté sous condition représente 77 % de son budget, tandis que son programme relatif à la suspension du casier judiciaire est financé suivant un modèle de récupération des coûts, au moyen de frais d’utilisation de 631 $ par demandeur. Le mandat de la commission en matière de mise en liberté sous condition est régi par la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, ou LSCMLC. La LSCMLC est le cadre juridique qui oriente la composition, les politiques, la formation et les activités de la commission. Le mandat de la commission en matière de suspension du casier judiciaire est régi par la Loi sur le casier judiciaire. Les pouvoirs de la commission en matière de clémence et de prérogative royale de clémence sont régis en vertu de la LSCMLC, de même qu’en vertu du Code criminel du Canada et des Lettres patentes.
Les commissaires sont nommés par le gouverneur en conseil, c’est-à-dire par le gouverneur général, sur les conseils du Cabinet fédéral. Les commissaires proviennent de tous les horizons, et leurs antécédents variés aident la commission à bien représenter le vaste éventail de valeurs et d'opinions collectives du Canada.
À leur nomination, tous les commissaires reçoivent une formation exhaustive sur l’évaluation du risque et sur les techniques d’entrevue, ainsi que sur les lois qui régissent les activités de la commission. Les commissaires reçoivent également de la formation continue dans leur région respective, ainsi qu’une formation annuelle à l’échelon national.
Comme je l’ai indiqué, le principal secteur de programmes de la commission est la mise en liberté sous condition. En vertu de la LSCMLC, la commission a le pouvoir exclusif de déterminer si un délinquant sous responsabilité fédérale purgeant une peine de deux ans ou plus peut être mis en liberté conditionnelle et à quelles conditions. De plus, elle rend des décisions concernant la libération conditionnelle des délinquants sous responsabilité provinciale purgeant une peine de moins de deux ans dans toutes les provinces, sauf le Québec et l’Ontario, car ces provinces ont leur propre commission des libérations conditionnelles. L’an dernier, la commission a effectué 17 800 examens en vue de la libération conditionnelle.
La LSCMLC comporte deux principes fondamentaux qui guident la commission dans son processus décisionnel en matière de mise en liberté sous condition. Premièrement, la protection de la société doit être le critère déterminant dans toute décision relative à la mise en liberté sous condition. Deuxièmement, les conditions que nous imposons sont nécessaires et appropriées compte tenu du but de la mise en liberté sous condition et de l’objectif de protection de la société. Pour mettre ces principes en pratique, la commission détermine si le délinquant ne présentera pas, en récidivant, un risque inacceptable pour la société avant l’expiration de sa peine, et si la libération du délinquant contribuera à la protection de la société en facilitant sa réinsertion sociale en tant que citoyen respectueux des lois. La protection de la société est le critère déterminant de toute décision de la commission.
Afin de maintenir un processus décisionnel de la plus haute qualité possible, la commission a élaboré un cadre d’évaluation du risque qui permet de fonder toutes ses décisions sur une solide analyse des renseignements pertinents en ce qui a trait au risque. Dans leurs examens, les commissaires évaluent le risque en tenant compte de mesures actuarielles et des éléments pertinents du cadre d’évaluation du risque. Ces éléments comprennent les antécédents criminels et les antécédents en matière de libération conditionnelle du délinquant, son comportement en établissement, ses progrès et son plan de libération, ainsi que tout autre facteur particulier.
Les commissaires tiennent également compte des renseignements fournis par les victimes, notamment les déclarations officielles des victimes. Les commissaires prennent en compte les facteurs atténuants, neutres et aggravants pour tous les éléments, ainsi que les renseignements obtenus lors de l’audience ou de l’examen, afin de rendre leur décision finale. Cela inclut les facteurs propres aux délinquants autochtones, par exemple, les principes de l'arrêt Gladue de la Cour suprême du Canada liés aux pensionnats, à l'éducation sociétale et à la victimisation.
La commission est très sensible au fait que les Autochtones sont surreprésentés dans la population de délinquants de sexe masculin et féminin. Pour répondre aux besoins de ce groupe, la commission offre d’autres types d’audiences de libération conditionnelle, plus particulièrement des audiences tenues avec l’aide d’Aînés et de membres de la collectivité, pour tenir compte des valeurs et des traditions culturelles des Autochtones. De plus, la commission a établi des politiques et fournit une formation spécialisée tenant compte des facteurs sociaux et culturels propres aux délinquants, aux victimes et aux collectivités autochtones. La commission a également un comité consultatif, appelé le cercle autochtone, qui lui fournit des conseils stratégiques sur les façons dont elle peut améliorer son efficacité et son efficience dans la réponse aux besoins de ce groupe. En outre, la commission fait appel à des Aînés pour l'aider à mener des entrevues avec des candidats à des postes de commissaire.
La commission est également d’avis que les victimes jouent un rôle important dans le processus de mise en liberté sous condition et s’efforce d’assurer un équilibre entre les droits des victimes et ceux des délinquants. Les victimes peuvent recevoir des renseignements relatifs à la libération conditionnelle d’un délinquant; elles peuvent aussi assister aux audiences et y présenter des déclarations de victime et recevoir les décisions écrites. Plus de 8 000 victimes sont inscrites auprès de la commission et reçoivent des renseignements sur plus de 4 200 délinquants.
L’an dernier, 231 déclarations de victime ont été présentées lors de 128 audiences, et on a enregistré 27 191 communications avec les victimes. En ce qui a trait aux résultats de la commission en matière de libération conditionnelle, ils se sont améliorés depuis deux ans, atteignant leurs plus hauts niveaux en plus d’une quinzaine d’années. Au dernier exercice, près de 99 % des périodes de semi-liberté et de 96 % des périodes de libération conditionnelle totale accordées à des délinquants sous responsabilité fédérale purgeant une peine de durée déterminée se sont achevées sans récidive, et le taux d'octroi a été de 71 % pour la semi-liberté et de 30 % pour la libération conditionnelle totale.
De même, l'an dernier, aucune infraction violente n’a été commise au cours de ces périodes de libération conditionnelle — semi-liberté et libération conditionnelle totale. Cela témoigne du travail accompli par la commission au cours des dernières années pour élaborer un cadre d’évaluation du risque plus solide.
Compte tenu de son important mandat en matière de sécurité publique, il est essentiel que la commission soit perçue comme un organisme ouvert et responsable par le public qu’elle sert. La LSCMLC exige que les décisions de la commission soient rendues publiques sur demande. Au cours des cinq dernières années, la commission a publié plus de 31 700 décisions par le truchement de son registre des décisions. De plus, des citoyens peuvent également demander d’observer une audience de la commission. Durant le dernier exercice, 4 171 observateurs ont assisté à des audiences de la commission un peu partout au pays.
Comme je l’ai indiqué au début, la commission est également chargée de prendre des décisions relatives à la suspension du casier judiciaire en vertu de la Loi sur le casier judiciaire. La suspension d’un casier efface la honte rattachée au fait d’avoir un casier judiciaire chez les personnes reconnues coupables d’une infraction à une loi qui, après avoir purgé leur peine et avoir laissé s’écouler une période d’attente déterminée, n’ont pas commis d’autre infraction.
Aux termes de la Loi sur le casier judiciaire, la commission doit tenir compte de certains facteurs dans sa décision de suspendre ou non un casier judiciaire, notamment si cela peut procurer un avantage mesurable au demandeur, si cela aidera celui-ci à réintégrer la société en tant que citoyen respectueux des lois, et si cela est susceptible de déconsidérer l’administration de la justice.
Depuis 1970, plus de 490 000 Canadiens ont obtenu un pardon ou une suspension du casier. Quatre-vingt-quinze pour cent de ces pardons et suspensions du casier demeurent en vigueur, ce qui montre que la grande majorité des personnes qui ont obtenu un pardon ou une suspension du casier continuent d’être des citoyens respectueux des lois dans la collectivité. En outre, la commission a pris d'importantes mesures en vue d'éliminer l'arriéré de demandes de pardon soumises en vertu de l'ancienne Loi sur le casier judiciaire. L'arriéré est passé de plus de 22 400 demandes à environ 4 480.
Conformément à la LSCMLC, la commission fait aussi des recommandations en matière de clémence en vertu de la prérogative royale de clémence. La clémence n’est accordée que dans des circonstances exceptionnelles, dans des cas où le bien-fondé de la demande a été établi et où il est question d’infractions à des lois fédérales, lorsque la loi ne prévoit aucun autre moyen de réduire les effets négatifs exceptionnels des sanctions imposées pour des actes criminels. La commission examine les demandes de clémence, mène des enquêtes à la demande du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile et formule des recommandations au ministre relativement à l’octroi de la clémence.
Je vous remercie de votre attention. Je répondrai maintenant à vos questions avec plaisir.
Merci.
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Monsieur le président Cenaiko, je vous remercie et je remercie aussi vos collègues de tout ce que vous faites pour le Canada ainsi que de votre présence au Comité pour discuter de questions très importantes.
Je suis content que vous ayez parlé du triste sort qui est réservé aux Autochtones. J'aimerais poursuivre cette discussion cet après-midi.
La semaine dernière, le 18 février, le magazine Maclean's a publié un article dont le titre laisse entendre que les prisons canadiennes seraient les nouveaux pensionnats indiens. Selon le sous-titre, le système de justice canadien s'acharnerait systématiquement contre les Autochtones.
J'aimerais vous lire un paragraphe du début de l'article pour que vous preniez conscience des chiffres dont il est question. On peut lire ceci dans l'article:
Le nombre d'incarcérations d'adultes blancs dans les prisons canadiennes a diminué au cours de la dernière décennie...
— l'article porte particulièrement sur la dernière décennie —
... mais le taux d'incarcération chez les Autochtones a monté en flèche: une hausse de 112 % chez les femmes. Actuellement, 36 % des femmes et 25 % des hommes qui purgent une peine d'emprisonnement dans un établissement provincial ou territorial du Canada sont autochtones. Ce segment de la population ne représente pourtant que 4 % de la population canadienne. Si on ajoute les prisons fédérales, les détenus autochtones comptent pour 22,8 % de l'ensemble de la population carcérale.
Il s'agit quasiment du quart de la population carcérale, presque une personne sur quatre.
Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que la société canadienne est jugée en fonction de la façon dont elle s'occupe de ses membres les plus vulnérables, et selon moi, cet article a de quoi troubler et attrister bon nombre d'entre nous. La question à laquelle nous devons répondre est donc la suivante: que faire pour régler ce problème? Quelle est la nature du problème systémique qui nous afflige, et quelles ressources faut-il y consacrer pour le régler?
Je voulais connaître votre avis sur cet article et savoir si les organismes que vous représentez étaient pleinement conscients de ce problème avant la publication de cet article.
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Je pense qu'il y a quelques points à retenir.
D'abord, le recours à l'« isolement préventif » — c'est le terme employé dans la Loi — fait l'objet d'un examen approfondi depuis plusieurs années. C'est ce que les gens appellent, entre autres, l'« isolement cellulaire ». Nous utilisons le terme énoncé dans la Loi pour définir l'isolement des délinquants du reste de la population carcérale.
Cela dit, nous avons évalué nos pratiques. Nous avons examiné les procédures de surveillance existantes. Nous continuons de trouver des moyens nous permettant de respecter l'esprit et la lettre de la Loi en ce qui concerne toute personne placée en isolement.
Pour ce qui est du travail que nous avons accompli au cours de la dernière année seulement, il faut dire que, pendant des décennies, il y avait en moyenne de 700 à 800 personnes placées en isolement en tout temps dans l'ensemble du pays, et ce, sur une population carcérale d'environ 15 000 détenus. À l'heure actuelle, le nombre de détenus placés en isolement se situe entre 410 et 440, et la durée de leur séjour a été considérablement réduite.
Nous avons mis certaines mesures en place. Les individus placés en isolement interagissent davantage avec des professionnels de la santé mentale et les directeurs de ces établissements exercent une surveillance directe accrue. En effet, les directeurs sont maintenant tenus de se rendre sur place tous les jours et de voir tous les délinquants qui sont placés en isolement.
En outre, nous disposons d'un organisme de surveillance national plus important qui cherche des solutions de rechange. Si un individu ne peut pas réintégrer le reste de la population carcérale de l'établissement où il est incarcéré, peut-il être déplacé vers la population générale d'un autre établissement se trouvant dans la région, ou ailleurs au pays?
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Cela ne fait aucun doute. Comme je l'ai mentionné au cours de mes observations préliminaires, toute compression additionnelle visant notre organisation aurait une incidence sur les résultats que nous sommes censés offrir en matière de sécurité publique.
Quant au financement visant à renforcer la capacité en santé mentale, je soutiens toujours que je ne veux pas devenir le système de santé mentale par défaut du pays. C'est une question qui doit être abordée par les provinces, à la maison et à l'école. Ce problème doit être abordé ailleurs que dans un milieu pénitentiaire. Cependant, d'ici à ce que le problème soit réglé, nous avons besoin de fonds pour la santé mentale et pour faire face au nombre disproportionné de délinquants autochtones qui se trouvent actuellement dans le système.
Les services destinés aux femmes sont un domaine pour lequel nous continuons d'avoir besoin de financement. Bien que la population totale des femmes purgeant une peine de ressort fédéral soit de petite taille, il s'agit de la sous-population affichant la croissance la plus rapide. Les besoins des délinquantes qui entrent dans notre système sont plus grands que ceux des hommes. Il est essentiel que nous recevions des fonds pour pouvoir offrir le soutien approprié.
J'estime, et je dois profiter de l'occasion pour en parler, que la société canadienne doit trouver le moyen de mettre en place des mécanismes de financement dans la collectivité pour soutenir les délinquants lorsque ceux-ci quittent le système. Je peux faire beaucoup avec l'argent dont je dispose et, si vous me donnez plus d'argent, j'en ferai encore plus et obtiendrai de meilleurs résultats, mais les délinquants ont besoin de soutien après leur libération. Ils ont besoin de soutien auprès de leur famille, pour trouver du travail, pour se loger et pour obtenir des soins de santé.
Si vous trouvez des fonds pour faire cela, vous n'aurez pas besoin de me donner plus d'argent. Nous ferons le meilleur travail possible et nous alimenterons un système qui aide ces gens à devenir des citoyens respectueux des lois.
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Nous reprendrons la discussion sur cette motion jeudi.
Monsieur Mendicino, avant que vous partiez, je voudrais vérifier quelque chose.
Normalement, le Sous-comité du programme et de la procédure se réunit dans le but d'accélérer le travail du Comité. Le sous-comité se réunirait, par exemple, pour poursuivre l'étude du programme de travail entreprise par le Comité. J'ai le choix de convoquer une réunion du sous-comité ou du Comité en entier et je voudrais obtenir l'avis des membres à ce sujet parce que je pense qu'il serait mieux de convoquer tout le Comité à une réunion jeudi sur notre programme de travail. À mon avis, si nous tenions une réunion du sous-comité, nous ralentirions nos travaux. C'est qu'après la réunion du sous-comité, il faudra que le greffier prépare un rapport, puis que le Comité étudie le rapport. Je crains que les questions dont le Comité débattrait alors ne soient les mêmes que celles dont le sous-comité aurait débattu.
J'aimerais simplement obtenir rapidement un oui ou un non pour que je puisse convoquer une réunion du Comité en entier jeudi. La motion de M. O'Toole serait alors considérée en premier. Étant donné que la réunion porterait strictement sur les travaux du Comité, il ne serait pas nécessaire d'envoyer une convocation 48 heures à l'avance. Alors, si les membres ont des études à proposer, des objections à formuler ou des idées à exprimer concernant les travaux du Comité au cours des prochaines semaines ou des prochains mois, ils devraient être prêts à nous présenter leurs motions.
Je pense que nous procéderons de manière à examiner plusieurs motions et à déterminer par quel sujet nous allons commencer. Nous pourrons mettre deux ou trois questions au programme afin d'aider les analystes et de leur permettre d'établir leur plan de travail en tenant compte de notre programme d'ici juin.
Est-ce d'accord? Puis-je obtenir votre assentiment et convoquer tout le monde à une réunion sur notre programme de travail qui aura lieu jeudi?
Des voix: D'accord.
Le président: Bien.
La séance est levée.