Mes remarques seront divisées en trois grandes catégories: en premier, je ferai des remarques plutôt positives, ensuite, j'aborderai les éléments un peu plus négatifs et, finalement, les aspects très négatifs.
J'aimerais préciser que même si ma présentation met l'accent sur les aspects négatifs, le projet de loi est très intéressant, de façon globale, et doit être soutenu, avec quelques petits amendements cependant.
J'aimerais d'abord souligner l'importance de la surveillance par le Parlement des activités de renseignement et de sécurité nationale dans leur ensemble. C'est très important. Le Canada est un cas particulier dans le monde occidental, et je pense qu'il est grandement temps d'investir dans la surveillance de ces activités. En fin de compte, on fait cela au nom du public, et, pour ce qui est des activités de surveillance de la sécurité nationale, ce dernier doit être représenté par les parlementaires. C'est très important.
Un autre aspect de ce projet de loi qui suscite beaucoup d'enthousiasme chez moi est l'idée que l'entité dont il est question aujourd'hui va se concentrer sur l'ensemble des activités de sécurité nationale. On va en effet cibler non pas une, deux ou trois organisations qui sont plus facilement associées à la sécurité nationale, mais également plusieurs autres qui ont aussi des activités de sécurité nationale, bien que cela ne soit pas leur activité principale. Ces deux aspects sont très importants et, à mon avis, font en sorte que ce projet de loi doive absolument être mis en avant.
Passons maintenant à ce que j'appellerais plutôt des problèmes et qui concerne la façon dont le projet est construit.
D'abord, je crois que le mandat est beaucoup trop large. On veut en effet passer en revue toutes les organisations de sécurité nationale, à tous les niveaux et sur toute la largeur, ce qui est un plus, mais si on essaie de faire passer tout cela dans l'entonnoir du comité, le travail sera très partiel, à mon avis, et ne tiendra pas ses promesses.
On parle à l'article 8 « d’examiner les cadres législatif, réglementaire, stratégique, financier et administratif », ce qui est très pertinent, à mon avis. C'est le genre de travail que les parlementaires doivent faire. Ils doivent effectivement se demander si l'esprit de ces lois est respecté lorsque ces dernières sont mises en vigueur dans ces organisations et si la volonté du citoyen est reflétée dans la loi et même dans la pratique. C'est exactement le genre de travail que les parlementaires doivent faire et qui leur revient, en fait.
Il s'agit aussi d'un travail qui n'est pas assumé par les dispositifs actuels de surveillance, notamment ceux du CSARS et du commissaire du CST. Ces derniers sont beaucoup plus proches de ce qui se passe au jour le jour et se contentent généralement de déterminer si, oui ou non, l'organisme qui est sous surveillance a suivi la loi, autrement dit s'il s'est conformé aux paramètres généraux fixés par la loi qui s'applique dans ce cas.
Les parlementaires doivent également se demander si la loi dans sa forme actuelle est suffisante ou si, au contraire, elle comporte d'importantes lacunes faisant en sorte que les organismes peuvent se donner le droit de commettre certains abus allant à l'encontre de l'esprit de la loi du fait que la loi est formulée d'une façon relativement large.
En plus de s'assurer que les activités du CST, du SCRS ou d'autres organismes cadrent avec la loi, il faut se demander si la loi permettant ces activités est celle que nous voulons en tant que Canadiens. Or je pense que c'est le travail des parlementaires.
Cela dit, les alinéas 8b) et 8c) touchent l'application quotidienne et les opérations. Or il y a deux problèmes. D'abord, le sujet est vraiment très complexe et dépasse énormément la portée des parlementaires. Je ne veux pas juger d'avance des parlementaires qui feront partie de ce comité, mais il faut des compétences extrêmement poussées ne serait-ce que pour comprendre la soupe à l'alphabet, par exemple l'acronyme du CST. Je pense donc qu'on court au désastre ou que ce comité sera d'une inefficacité absolue.
De fait, il y a tellement d'activités et d'organismes sur lesquels devra se pencher ce comité de neuf personnes que, même avec du personnel, ce ne sera pas suffisant. Nous ne savons pas quel sera le budget alloué à ce comité. Même si on imagine un budget idéal, les activités qui doivent être mesurées et surveillées surpassent largement les capacités du comité qu'on est en train de mettre en place.
Par ailleurs, on est en train de faire double emploi avec ce qui devrait plutôt être la mission des organismes de surveillance. Ceux-ci, comme le CSARS ou le CST, doivent se pencher sur les activités quotidiennes, sur les détails les plus fins des programmes pour voir ce qui a été fait et s'il y a eu des abus envers M. Untel ou Mme Unetelle. Je pense que le comité parlementaire ne devrait pas s'intéresser à cela. Il devrait laisser cela aux organismes de surveillance et s'intéresser beaucoup plus à des questions d'un autre ordre. Par exemple, il devrait déterminer si les programmes, dans leur ensemble, cadrent bien avec la volonté du citoyen canadien, si les lois sont adéquates ou si les budgets sont suffisants. Autrement dit, si on observe le mandat prévu par le projet de loi, le rôle du comité devrait correspondre plutôt à ce qui est écrit à l'alinéa 8a) plutôt qu'aux alinéas 8b) et 8c), qui décrivent un mandat beaucoup plus vaste.
De plus, la création de ce comité parlementaire ajoute assez peu à ce que les organismes de surveillance font déjà. Le comité parlementaire va ajouter un grain de sable sur la plage de la surveillance.
Si le problème relève d'une insuffisance de la surveillance des activités opérationnelles par les organismes de surveillance, la solution n'est pas d'ajouter une couche de surveillance politique, mais de bonifier la structure de ces organismes et d'augmenter leurs budgets. Le budget du CSARS et celui du CST stagnent depuis des années et des années. Ils représentent une fraction dérisoire du budget alloué aux activités de sécurité nationale. Je pense que la solution au problème du manque d'efficacité ou de pouvoir de ces organismes n'est pas de créer une couche supplémentaire qui aura beaucoup de difficulté à naviguer dans tout cela.
Un autre problème que je vois concerne l'accès à l'information. Je pense que cela a déjà été noté ailleurs. Il y a beaucoup trop de restrictions sur l'accès à l'information. On donne une ribambelle de possibilités de se soustraire à la surveillance du comité parlementaire. Au sens de la Loi sur la protection de l'information, je pense qu'on accorde des pouvoirs d'enquête qui vont être facilement contrecarrés. Je ne veux pas dire que les organismes sous surveillance sont de mauvaise foi ou cherchent à se soustraire à cette surveillance, mais je pense que la loi devrait couvrir toutes les possibilités. On ne doit pas présupposer que les gens qui travaillent dans ces organismes sont des anges et qu'ils seront extrêmement heureux d'être surveillés. Ce sera peut-être le cas, mais il faut prévoir le pire cas, celui où on veut se dérober. La loi doit être équipée et armée pour faire face à ce cas.
Il y a aussi la restriction pour les cas mettant en danger la sécurité nationale. Je pense qu'on a là un problème sémantique. En effet, un comité se penche sur les activités de sécurité nationale, mais avec une restriction: si la sécurité nationale est en jeu, on ne peut pas avoir accès aux documents. On a donc un vrai problème, puisque ce n'est pas défini, c'est lancé comme cela et c'est très flou. Je pense qu'on pourrait connaître une situation où toutes les activités qui doivent être soumises à la surveillance du comité seraient touchées par la limite voulant que si la sécurité nationale est en danger, on ne communique pas de renseignements au comité. Je pense qu'il s'agit d'une façon de se tirer royalement dans le pied.
Je veux simplement finir en mentionnant deux choses qui, je pense, ne sont pas des problèmes contenus dans le texte de la loi, mais sont des problèmes potentiels.
Premièrement, j'ai extrêmement peur que, après que le gouvernement aura adopté le projet de loi , on mette un terme au projet de bonification de la surveillance des agences de sécurité nationale, c'est-à-dire qu'on n'en fasse pas plus et qu'on ferme le dossier, étant donné qu'il y aura dorénavant le comité des parlementaires. Or, je crains qu'il n'y ait énormément de choses qui échappent à ce comité.
J'ai peur aussi qu'on donne l'impression que les nouveaux pouvoirs très importants qui ont été donnés en vertu de la Loi antiterroriste seront correctement contrebalancés par ce comité des parlementaires, qui, comme je l'ai dit plus tôt, ne sera pas en mesure, sur le plan opérationnel, d'atteindre les objectifs qu'on lui aura fixés.
Merci beaucoup.
:
Monsieur le président, distingués membres du Comité, merci de m'avoir invité à discuter de cet important projet de loi.
Je suis accompagné de Leslie Fournier-Dupelle, qui est analyste stratégique des politiques et de la recherche au Commissariat.
C'est avec intérêt que je viens vous présenter les observations du Commissariat, puisque les travaux du comité proposé seraient à plusieurs égards liés aux nôtres. Permettez-moi de signaler d’emblée que le Commissariat à la protection de la vie privée est favorable à l'instauration d'une surveillance parlementaire des activités de renseignement et de sécurité, une mesure qui a d'ailleurs été recommandée à maintes reprises par le passé. Tout en saluant cette avancée, qui était attendue depuis longtemps, nous pensons que certains amendements pourraient être apportés pour que ce nouveau comité soit aussi efficace que possible dans cet important domaine.
Nous constatons que le comité serait principalement chargé d'examiner trois types de dossiers: premièrement, le cadre législatif, réglementaire, stratégique, administratif et financier entourant les activités de renseignement et de sécurité nationale; deuxièmement, les activités ministérielles liées aux questions de sécurité nationale ou de renseignement, auxquelles un droit ministériel de dérogation s'appliquerait; et, troisièmement, les questions liées au renseignement ou à la sécurité nationale qui lui seraient présentées par un ministre.
Pour l'essentiel, nous estimons que la création de ce comité apporterait une contribution positive au discours crucial entourant le travail des organismes de renseignement et de sécurité, qui est souvent mal compris en raison de l'opacité de ces entités. Un des aspects positifs du projet de loi , c'est qu'il permettrait au Canada de rester en phase avec plusieurs autres démocraties, qui ont déjà pour la plupart une forme de surveillance parlementaire en place.
La surveillance parlementaire comporte plusieurs avantages tangibles. Elle bénéficie notamment d'une légitimité démocratique, puisqu'elle est menée par des élus. Elle permet aussi de situer les activités de renseignement et de sécurité par rapport aux mesures pangouvernementales et aux priorités globales du Parlement. Ainsi, le comité proposé aurait son mot à dire dans l'orientation des politiques, puisqu'il pourrait formuler certaines recommandations en vue d'adopter ou de modifier la loi en s'appuyant sur ses observations. Enfin, la surveillance parlementaire permet d'effectuer un suivi financier plus complet que les organismes spécialisés en surveillance, notamment en ce qui concerne l'optimisation et la gestion des ressources dans l'ensemble.
Cela dit, compte tenu de l'expertise qu'ils ont acquise au fil du temps, les organismes spécialisés en surveillance continueront certainement de jouer un rôle important, notamment dans l'analyse détaillée des activités des organismes de sécurité nationale. De plus, les organismes experts qui ont la responsabilité d'enquêter sur des plaintes, comme le Commissariat à la protection de la vie privée, sont très bien placés pour cerner certains problèmes systémiques qui peuvent documenter les vérifications et les examens de la conformité ou exposer le fonctionnement de l'agence dont ils sont responsables.
Pour mener des examens crédibles, ces organismes doivent avoir la capacité de mener des examens de façon proactive, être non partisans, cultiver une expertise interne, et être en mesure d'informer les citoyens et les parties prenantes.
[Français]
Nous constatons que le projet de loi prévoit autoriser le comité à collaborer avec certains organismes désignés responsables de l'examen et de la surveillance des activités de renseignement et de sécurité. Cela permettrait de combler partiellement certaines lacunes cernées par la Commission O'Connor. Toutefois, le projet de loi n'entend pas autoriser la communication de renseignements entre les organismes de surveillance, ce à quoi il faudrait remédier, selon moi, afin de renforcer le processus d'examen.
À maintes reprises, nous avons exigé une meilleure intégration de nos activités de surveillance à celles de nos collègues, dont le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité qui supervise le SCRS, le bureau du commissaire du Centre de la sécurité des télécommunications et la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC.
Comme les organismes de sécurité nationale sont constamment amenés à traiter une foule de renseignements, notamment des renseignements personnels, le commissariat que je dirige a un rôle important à jouer pour garantir un juste équilibre entre la sécurité et la protection des libertés civiles.
Comme vous le savez, le Commissariat possède une solide expertise dans le domaine de la protection de la vie privée et des renseignements personnels, et nous pensons que d'autres organismes pourraient en bénéficier. Par conséquent, je recommande que le Commissariat soit ajouté à la liste des organismes de surveillance à qui le comité des parlementaires pourrait divulguer de l'information.
Pour finir, j'aimerais parler de transparence.
Nous constatons dans le projet de loi C-22 que les réunions du comité des parlementaires seront « tenues à huis clos lorsque des renseignements à l'égard desquels un ministère prend des mesures de protection y seront probablement révélés ou lorsque le président l'estime autrement nécessaire ». Afin que les travaux du comité des parlementaires contribuent au débat public sur le renseignement et la sécurité, il faudrait que les réunions à huis clos constituent l'exception plutôt que la règle. Selon moi, il serait opportun de définir plus clairement le seuil permettant la tenue d'une réunion à huis clos.
Certaines lois, comme la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, la Loi sur la preuve au Canada et la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, proposent un seuil différent qui pourrait être utile: une réunion dans ces cas est tenue à huis clos lorsque les renseignements pouvant « porter atteinte à la sécurité nationale » risquent d'y être divulgués. Cette expression devrait être utilisée à l'article 18 du projet de loi, qui traite du huis clos. Je sais que l'expression « porter atteinte à la sécurité nationale » a fait l'objet de discussions à ce comité en vue de déterminer si cette limite doit être imposée soit au mandat du comité des parlementaires, soit au type de renseignements auxquels le comité devrait avoir accès dans le cadre de son travail, soit quant aux renseignements qui devraient apparaître dans ses rapports.
Je suis au courant de ces discussions. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions à ce sujet ou à tout autre sujet relatif au projet de loi.
Merci.
:
Je vais supposer que vous faites allusion aux restrictions du projet de loi concernant le contenu des rapports. Je vais en dire un peu plus long au sujet des restrictions, que ce soit celles liées au mandat, à l'accès accordé au comité ou au contenu des rapports. Je pense qu'on en a beaucoup discuté devant le comité.
Dans un certain nombre de passages, aux articles 8, 14, 16 et 22 — et vous parlez de l'article 22 dans le rapport du comité —, le projet de loi stipule que les renseignements dont la divulgation porterait atteinte à la sécurité nationale auraient certains effets restrictifs à l'égard, premièrement, du mandat du comité, deuxièmement, de l'information à laquelle le comité des parlementaires pourrait avoir accès et, troisièmement, des questions dont le comité pourrait faire rapport.
Le mandat du comité des parlementaires ne devrait pas être limité lorsqu’il s’agit de renseignements qui risquent de porter atteinte à la sécurité nationale. Le comité devrait avoir un mandat de grande portée. C'est le premier point à retenir.
Pour ce qui est des renseignements auxquels le comité peut avoir accès, les restrictions imposées aux articles 14 et 16 sont trop vastes. Il y en a beaucoup trop. Certaines de ces restrictions sont peut-être souhaitables, par exemple, pour protéger au besoin les sources ou les témoins. Je ne crois pas qu'il serait nécessaire que le comité des parlementaires étudie en profondeur les questions devant faire l'objet d'un examen. Les parlementaires n'ont pas besoin de connaître le nom des sources de renseignements ou des témoins pour faire un bon travail. Par conséquent, aux articles 14 et 16, je propose de réduire la liste d'exceptions ou de restrictions, mais certaines restrictions pourraient être légitimes.
Enfin, pour répondre à votre question concernant les rapports, c'est la plus difficile, car je pense que le comité devrait avoir accès à tout, plus ou moins, et que son mandat devrait sans aucun doute être plutôt vaste. Cependant, la question de savoir ce que le comité devrait rendre public pose problème. Il faut prendre soin de ne pas faire rapport de certains détails qui indiqueraient aux personnes qui font l'objet d'une enquête les organismes de sécurité nationale concernés, certaines façons de procéder et ainsi de suite. Il est plus facile de justifier la protection du contenu des rapports.
La dernière chose que je vais dire à ce sujet, c'est que le projet de loi propose que l'exécutif, le premier ministre, dicte ce qui devrait être protégé. Je pense que vous devriez vous demander si le comité devrait avoir à cet égard une plus grande latitude, un plus grand pouvoir discrétionnaire, une plus grande autorité. En principe, il est justifié que le projet de loi impose dans une certaine mesure des restrictions concernant les détails qui figurent dans les rapports, mais je ne suis pas convaincu que l'exécutif devrait avoir le pouvoir décisionnel.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, bonjour. Merci d’avoir invité le CSARS à se présenter devant vous aujourd’hui pour discuter du projet de loi , la Loi constituant le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Notre président, l’honorable Pierre Blais, m’a demandé de vous exprimer ses regrets de ne pas pouvoir comparaître lui-même.
Je suis accompagné de Charles Fugère, avocat conseil et directeur par intérim, et de Marc Pilon, avocat, qui appartiennent tous les deux à l'équipe des services juridiques et du greffe du CSARS.
[Français]
Cette discussion sur la reddition de comptes en matière de sécurité nationale tombe à point. Depuis des mois, un débat public salutaire se tient sur les pouvoirs qui devraient être confiés à nos organismes chargés de la sécurité nationale et, parallèlement, sur les freins et contrepoids nécessaires pour garantir que ces pouvoirs sont utilisés à bon escient. La proposition du gouvernement de créer ce comité des parlementaires sur la sécurité nationale est au coeur de cette question.
[Traduction]
Le CSARS a suivi avec beaucoup d’intérêt les travaux de votre Comité sur le projet de loi . Nous savons que vous avez eu des échanges très fructueux avec des représentants du gouvernement, des juristes, des universitaires et des spécialistes.
Aujourd’hui, j’espère faire avancer la discussion et enrichir votre étude du projet de loi en mettant l’accent sur trois idées maîtresses. Tout d’abord, je vais souligner la valeur du travail d’examen mené par des spécialistes. Deuxièmement, je vais discuter d’éventuelles relations entre le CSARS et le comité des parlementaires envisagé. Troisièmement, je vais profiter de l’occasion pour aborder la notion d’un examen horizontal mené par des spécialistes à l'égard des organismes canadiens de sécurité nationale.
Je ne m’attarderai pas à décrire le mandat et les responsabilités du CSARS, mais je répondrai volontiers à toutes vos questions sur nos travaux après mon exposé. Je dirai seulement que le CSARS est un organisme de surveillance externe indépendant qui informe directement le Parlement sur les activités du Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, au moyen de son rapport annuel.
Le CSARS endosse trois principales responsabilités: il donne son aval au rapport annuel du directeur du SCRS à l’intention du ministre de la Sécurité publique; il mène des enquêtes à la suite de plaintes; et il réalise des études approfondies sur les activités du SCRS. Autrement dit, le CSARS joue un rôle déterminant pour assurer la responsabilisation du SCRS.
Cela m’amène à mon premier point. Le CSARS et les organismes de surveillance spécialisés jouent un rôle crucial en garantissant une reddition de comptes adéquate de la part de nos organismes de sécurité nationale. Permettez-moi de décrire brièvement les avantages particuliers d’un examen mené par des spécialistes, selon nous, à savoir l’indépendance, l’expertise et la continuité.
Premièrement, le CSARS est un organisme indépendant sans lien de dépendance. Il prend des décisions de façon autonome, notamment lorsqu'il détermine les sujets qui feront l'objet d'une enquête et d'un rapport. Cette indépendance permet également au CSARS d’émettre des conclusions et des recommandations de façon impartiale et non partisane.
Deuxièmement, la réputation et la crédibilité du CSARS reposent sur son expertise. Notre personnel à temps plein responsable des recherches et des affaires juridiques a accès à toutes les informations que détient le SCRS, à l’exception des documents confidentiels du Cabinet. Nos employés consacrent leur temps à examiner les activités du SCRS, dans tous ses programmes, et partout dans le monde. Ils se tiennent au courant des changements au sein du SCRS, ainsi que de l’actualité politique, juridique ou autre des milieux dans lesquels le Service opère.
Troisièmement, les études du CSARS s’appuient sur des analyses continues et détaillées des activités fondamentales du SCRS. Voici l’un des véritables avantages du modèle du CSARS: sa capacité à mener un examen rigoureux de façon continue. Nos études fournissent une série de portraits des activités du SCRS qui, pris dans leur ensemble et assemblés sur la durée, dépeignent une évaluation complète du rendement du Service.
Permettez-moi de prendre un exemple récent pour souligner la valeur de l’examen réalisé par les spécialistes. Au début du mois de novembre, la Cour fédérale a rendu un jugement public concernant le fait que le SCRS conservait des données connexes sans rapport avec aucune menace à la sécurité du Canada. C’est le CSARS qui avait porté cette grave question à l’attention de la Cour fédérale.
Dans le rapport annuel 2014-2015 du CSARS, déposé au Parlement en janvier dernier, nous avons fait état de notre étude sur l’utilisation de métadonnées par le SCRS. L’une des recommandations formulées à la suite de l’étude encourageait le SCRS à détailler à la Cour fédérale les façons dont il utilise et conserve les métadonnées recueillies sous mandat. Cette recommandation, qui avait été rejetée par le SCRS, a attiré l’attention de la Cour fédérale et a donné lieu à la série d’événements ayant mené à cette décision. Ainsi, pour reprendre les mots du ministre Goodale, le CSARS a sonné l’alarme à ce sujet et a joué un rôle déterminant en matière de reddition de comptes.
De notre point de vue, cette affaire permet d’illustrer la valeur du travail du CSARS. Plus important encore, j’ajouterai qu’elle souligne l’importance que des organismes de surveillance spécialisés tels que le CSARS disposent de ressources suffisantes. À ce sujet, je peux vous assurer que nous ne ménageons pas les efforts pour obtenir un financement à la hauteur de la capacité de notre organisation pour que nous puissions continuer à nous acquitter de notre mandat avec succès.
Pour ce qui est de la deuxième question dont j’aimerais discuter avec vous, c’est-à-dire notre relation avec le comité des parlementaires, je dirais que le CSARS se réjouit à la perspective d’établir des relations de travail positives et productives.
Il y a trois ans, le CSARS avait souligné devant un comité sénatorial l’importance de former un comité des parlementaires qui travaillerait parallèlement et de pair avec lui, et ce, pour éviter le dédoublement des tâches et assurer une complémentarité. C'est toujours vrai aujourd'hui. Par conséquent, nous sommes ravis de voir que le projet de loi stipule expressément que le nouveau comité et les organismes de surveillance doivent prendre toute mesure raisonnable pour coopérer afin d’éviter les dédoublements inutiles.
D’une manière générale, une surveillance parlementaire et un travail d’examen mené par des spécialistes contribuent tous les deux à l’objectif de reddition de comptes. Le nouveau comité envisagé examinera les cadres législatif, réglementaire, stratégique, administratif et financier de la sécurité nationale et du renseignement. Cela signifie qu’il sera bien placé pour se pencher sur les grandes questions de politique publique, les objectifs, les politiques et les programmes des organismes, ainsi que les fins générales de la politique de sécurité nationale du gouvernement. Cette large couverture permettra de compléter les études opérationnelles détaillées et approfondies menées par le CSARS.
L’éventuelle nécessité de mieux encadrer les relations entre le nouveau comité et les organismes de surveillance a été soulevée. Le CSARS estime qu’il y a lieu de garder une certaine souplesse à cet égard et de donner au nouveau comité et aux organismes de surveillance le temps d’établir une relation et de définir les points de recoupement.
Cela étant dit, le CSARS voit plusieurs façons de collaborer avec le nouveau comité.
Par exemple, il pourrait lui faire part de son plan de recherche annuel afin de l’informer des domaines sur lesquels il se concentre. Le CSARS pourrait se présenter devant le comité pour discuter de ses travaux, de ses conclusions et de ses recommandations, ou proposer des séances d’information mettant en lumière des sujets sur lesquels il possède des compétences. Le CSARS pourrait également apporter une valeur ajoutée aux fonctions du comité envisagé en ce qui a trait aux dispositions qui limiteraient sa capacité d’examen des activités du SCRS ou d’accès aux renseignements du SCRS.
Par exemple, si le ministre de la Sécurité publique devait décider que le comité des parlementaires ne peut pas examiner une activité précise du SCRS, après avoir déterminé que l’examen porterait atteinte à la sécurité nationale, ou que le comité ne peut avoir accès à des renseignements précis du SCRS, le CSARS serait le mieux placé pour agir, compte tenu de l’accès dont il dispose, relativement aux renseignements dont la communication a été refusée et au caractère raisonnable de la recommandation.
Le CSARS pourrait également, en vertu de son propre mandat, décider de procéder à un examen de l’activité du SCRS en question. Le CSARS pourrait ensuite faire rapport de ses conclusions au comité ainsi qu’à la population canadienne dans son rapport annuel. Cela représenterait un dispositif de sécurité essentiel, compte tenu des limites imposées à l’accès du comité aux activités et aux renseignements.
En somme, nous croyons que les activités d’examen menées par des spécialistes peuvent compléter une surveillance générale de haut niveau effectuée par le comité des parlementaires, et y contribuer. Je suis persuadé que toutes les parties auront la même volonté de travailler ensemble, et, de toute évidence, il sera rassurant de savoir que si le comité proposé ne peut examiner une activité du SCRS ou avoir accès à l’information du SCRS, le CSARS aura la capacité de s’en charger et d'en faire rapport.
Enfin, la troisième et dernière question que j’aimerais soulever concerne la nécessité d’un examen horizontal mené par des spécialistes de la communauté canadienne de sécurité nationale. Certes, il ne fait aucun doute qu’une plus grande surveillance parlementaire représente un pas en avant vers une meilleure reddition de comptes. Pourtant, il subsiste à notre avis une lacune de taille dans le cadre d’imputabilité en ce qui a trait à la capacité d’effectuer un examen mené par des spécialistes à l’échelle de la communauté.
Le cadre d’imputabilité en matière de sécurité nationale du Canada n’est plus en phase avec les activités contemporaines liées à la sécurité nationale. Les organismes de surveillance actuels, comme le CSARS, sont mal équipés pour examiner les activités de plus en plus intégrées liées à la sécurité nationale. Ainsi, cela fait plusieurs années que le CSARS exprime publiquement qu’il n’a la capacité ni de procéder à des examens conjoints avec les organismes de surveillance existants ni de suivre le fil de l’information puisque son mandat ne s’étend pas au-delà du SCRS.
Ces enjeux révèlent une faille structurelle plus large, soit la compartimentation des activités de surveillance, et soulignent la nécessité d’un organisme de surveillance spécialisé chargé de l’examen de la communauté, qui aurait le pouvoir d’examiner toutes les activités liées à la sécurité nationale. C'est d’autant plus important que la plupart des ministères affectés au domaine de la sécurité nationale ne font actuellement pas l’objet d’une surveillance indépendante.
Je suis bien conscient que cette question va au-delà de la portée du projet . Il est toutefois pertinent de l’évoquer ici aujourd’hui, car elle est intimement liée à notre discussion sur le renforcement de la structure de reddition de comptes en matière de sécurité nationale.
[Français]
Permettez-moi de conclure en vous remerciant de votre engagement à l'égard de vos travaux sur cette question. Le gouvernement a pris l'engagement ferme de renforcer le cadre de reddition de comptes en matière de sécurité nationale, et c'est avec confiance que le CSARS se propose d'apporter son aide en vue d'appuyer et d'atteindre cet objectif.
Je répondrai volontiers à vos questions.
[Traduction]
Merci beaucoup.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie.
Amnistie internationale se réjouit de cette occasion de vous faire part de ses points de vue et recommandations concernant ce sujet fort important.
Permettez-moi tout d'abord de vous expliquer la prémisse sur laquelle reposent toujours nos discussions à propos de la sécurité nationale, qui est une évidence, mais nécessaire. En effet, le respect et la défense des droits de la personne ne nuisent aucunement à la protection de la sécurité nationale. C'en est même un élément fondamental.
Dans le cadre des consultations et des réformes en cours, c'est pourquoi nous avons exhorté le gouvernement d'adopter une approche axée sur les droits de la personne en matière de sécurité nationale qui comporte trois volets. Le premier, c'est que le respect des droits de la personne doit être perçu comme un pilier fondamental de notre cadre de sécurité. En deuxième lieu, des garanties en matière de droits de la personne doivent être adoptées dans le cadre de sécurité nationale. Troisièmement, il faut réformer les dispositions de nos lois et politiques qui n'honorent pas les obligations nationales ou internationales en matière de droits de la personne. Notre réaction au projet de loi repose donc sur cette approche axée sur les droits de la personne.
Quel que soit le contexte, les organismes de surveillance et les procédures jouent un rôle déterminant pour favoriser la protection des droits de la personne. Les autorités qui sont conscientes que leurs activités sont examinées à la loupe pourraient multiplier les mesures pour éviter toute violation des droits de la personne. Les leçons apprises contribueront à éviter les violations ultérieures des droits de la personne. La confiance du public augmente la probabilité que les dirigeants respectent les droits de la personne. Il est possible de réduire le nombre de violations, même pendant qu'elles se produisent, et il se pourrait que les violations des droits de la personne qui constituent une conduite criminelle soient mises au jour pour favoriser la responsabilisation.
Pour des raisons évidentes, un examen est particulièrement nécessaire lorsqu'il s'agit d'activités gouvernementales au chapitre de la sécurité nationale. Les organismes de sécurité nationale détiennent d'immenses pouvoirs qui peuvent avoir des répercussions très graves sur toutes sortes de droits de la personne. Partout dans le monde, de tels organismes ont abusé de leurs pouvoirs, donnant lieu à de graves violations des droits de la personne. Les opérations de ces organismes sont couvertes par le secret, ce qui augmente d'autant plus le risque d'abus. Ce secret place les organismes de sécurité nationale à l'abri d'une pleine surveillance rigoureuse, qui porte généralement les inquiétudes relatives aux droits de la personne à l'attention du public, y compris le rôle des médias, de la société civile et même des tribunaux.
Il y a plus de 12 ans, Amnistie internationale a exprimé pour la première fois des réserves quant aux graves lacunes du dispositif canadien d'examen de la sécurité nationale dans l'affaire de Maher Arar. Il était évident dès le départ que les organismes de surveillance en place, qui auraient pu aider sa famille et lui, n'avaient pas suffisamment de pouvoirs. Leur marge de manoeuvre était limitée parce qu'ils ne pouvaient pas réaliser un examen concerté des façons dont les organismes de sécurité travaillent ensemble. Aussi, il était impossible de demander une surveillance ou un recours aux parlementaires. Il n'y avait vraiment aucun recours, et la seule façon d'aller de l'avant était de procéder à une enquête publique, une solution coûteuse et hors du commun qui a duré plus de deux ans.
Dans le cadre de l'enquête Arar, nous avons insisté pour renforcer la surveillance de la sécurité nationale au Canada de deux façons fondamentales. Il fallait tout d'abord créer un rôle de surveillance pour les parlementaires et, deuxièmement, mettre en place un processus complet de surveillance de la sécurité nationale pour que tous les organismes soient surveillés par des entités qui ont suffisamment de pouvoirs et qui peuvent travailler de façon coordonnée et intégrée.
C'est ce que le juge O'Connor a recommandé dans son rapport de 2006. Dix ans plus tard — une décennie s'est écoulée —, nous sommes saisis du projet de loi , qui est tout à fait souhaitable, mais qui ne parcourt que la moitié du chemin. Amnistie soumet quatre grandes recommandations à propos du projet de loi C-22 et, plus généralement, à propos de l'approche du Canada relative à la surveillance de la sécurité nationale. Les deux premières traitent de ce qui se trouve dans le projet de loi, alors que les deux dernières portent sur ce qui n'y figure pas.
Premièrement, les dispositions législatives doivent préciser que l'examen de la sécurité nationale est censé jouer un rôle déterminant dans la protection des droits de la personne. Par conséquent, il faut modifier l'article 8 du projet de loi en précisant explicitement que le mandat du comité des parlementaires comporte la surveillance des activités de tous les ministères et organismes en matière de sécurité nationale ou de renseignement, dans le but de respecter les obligations nationales et internationales du Canada relatives aux droits de la personne.
En deuxième lieu, nous demandons instamment au gouvernement de prendre des mesures pour que le comité ait accès aux renseignements dont il a besoin afin d'effectuer un examen rigoureux. Voilà l'objectif.
Nous vous exhortons d'apporter des modifications aux dispositions suivantes. L'alinéa 8b) doit être modifié de façon à supprimer le pouvoir permettant au ministre d'interdire l'examen des activités qui, selon lui, porteraient atteinte à la sécurité nationale. Aussi, les exceptions relatives au droit d'accès du comité qui sont prévues à l'article 14 doivent être atténuées considérablement, en particulier l'alinéa 14b), qui porte sur les activités de renseignement de défense en cours qui soutiennent des opérations militaires; l'alinéa 14d), qui traite de façon générale des renseignements qui permettraient de découvrir l'identité des sources confidentielles; et l'alinéa 14e), qui porte sur les enquêtes en cours menées par un organisme chargé de l’application de la loi et pouvant mener à des poursuites.
Ces exceptions sont vastes, et chacune pourrait être au cœur même de ce qui est souvent litigieux et préoccupant dans la relation entre la sécurité nationale et les droits de la personne. Il existe plusieurs affaires importantes où un examen rigoureux aurait pu éviter des violations des droits de la personne, ce qui aurait toutefois été considérablement entravé par ces exceptions.
De même, il faut abroger le pouvoir prépondérant prévu à l'article 16 qui permet au ministre de refuser de communiquer un renseignement au comité s'il s'agit d'un renseignement opérationnel spécial, ou si sa communication porte atteinte à la sécurité nationale. Pourquoi? Si nous voulons que l'examen de la sécurité nationale soit efficace, il faut que l'organisme de surveillance en question ait pleinement accès à tous les renseignements dont il a besoin. C'est essentiel compte tenu du secret qui protège les organismes de sécurité nationale et leurs opérations. Si l'organisme de surveillance ne peut pas examiner l'ensemble des renseignements pertinents, qui pourra le faire?
Il faut bien sûr s'assurer que le comité ne communiquera pas à la population des renseignements qui devraient demeurer secrets pour des raisons tout à fait légitimes. Les articles 10 à 12 du projet de loi fournissent cette garantie en exigeant que les membres du comité aient l'habilitation de sécurité nécessaire, en leur interdisant de communiquer des renseignements, et en leur retirant leurs privilèges parlementaires en cas de communication interdite de renseignements. Voilà qui constitue un cadre juridique suffisant.
Permettez-moi de conclure brièvement en soulignant deux volets importants de l'examen de la sécurité nationale qui sont passés sous silence dans le projet de loi . Amnistie internationale demande instamment à votre comité d'inciter le gouvernement à aller plus loin dans les deux cas.
Tout d'abord, pour faire écho aux propos de M. Doucet, nous aussi voulons dire combien il est important d'aller plus loin que la création d'un mécanisme d'examen parlementaire de la sécurité nationale. Au Canada, il faut en effet améliorer l'examen indépendant mené par des spécialistes — c'est l'examen horizontal dont M. Doucet parlait. Pour l'instant, la procédure est fragmentée: les pouvoirs des organismes sont inégaux; il arrive qu'aucune entité ne surveille des organismes importants; et ces entités ne sont pas en mesure de travailler d'une façon coordonnée et intégrée, comme il a été souligné à maintes reprises. Ce volet est essentiel, mais si le problème n'est pas réglé, il s'agirait d'une grave lacune qui nuirait même à l'efficacité et au travail du comité des parlementaires, à bien des égards.
Enfin, comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, tout examen dans un contexte de droits de la personne a pour rôle, entre autres, de jeter les bases de la responsabilisation lorsque des violations sont mises au jour. Un des éléments au coeur de la responsabilisation consiste à faire en sorte que les victimes de violations des droits de la personne aient un recours en contexte de sécurité nationale.
À ce chapitre, la pratique du Canada est loin de répondre aux exigences du droit international. Je pense à deux affaires particulièrement notoires, qui ont toutes les deux retenu l'attention des Nations unies. La première affaire se rapporte aux trois dossiers qui ont été examinés par le juge Iacobucci dans son examen de 2006-2008, à savoir les affaires d'Abdullah Almalki, d'Ahmad Abou El Maati et de Muayyed Nureddin. Le rapport est tombé il y a huit ans, mais ces trois hommes n'ont toujours pas obtenu réparation pour une série de violations graves des droits de la personne auxquelles le Canada a contribué.
Deuxièmement, la Cour suprême du Canada a statué, dans deux jugements distincts — en 2008 puis en 2010 — que les fonctionnaires canadiens ont porté atteinte aux droits d'Omar Khadr garantis par la Charte en raison des interrogatoires qu'il a subis à Guantanamo Bay, malgré qu'ils savaient que les fonctionnaires américains violaient ses droits reconnus internationalement. Six ans et huit ans après ces deux jugements, M. Khadr n'a pas obtenu réparation.
Pourquoi soulever cela ici? Il est peu rassurant de voir qu'on établit de nouveaux processus d'examen sans avoir l'assurance que les actes répréhensibles qui ont été révélés seront corrigés. Par conséquent, il est urgent, parallèlement à la réforme du processus d'examen, de prendre des mesures visant à assurer une réparation juste pour les personnes dont les droits ont été violés dans le passé dans le cadre d'opérations liées à la sécurité nationale.
Merci.