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Bonjour. Je suis heureux de déclarer ouverte la 49
e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale durant la présente législature et de souhaiter la bienvenue à nos invités.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à M. Aboultaif et à M. Vandal qui se joignent aujourd'hui à notre comité comme membres à part entière.
Bienvenue, monsieur le ministre, et merci d'avoir accepté de venir seconder le Comité dans son étude du Budget supplémentaire des dépenses (B) pour 2016-2017, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement.
Nous allons étudier le Budget supplémentaire des dépenses. J'aimerais rappeler aux membres du Comité qu'en raison d'un conflit d'horaires, nous n'avons pas été en mesure d'examiner le Budget supplémentaire des dépenses (B) avant qu'il soit réputé avoir été accepté par nous et qu'il ait été soumis au Parlement. Cependant, comme nous ne voulons jamais manquer une occasion de passer du temps avec le ministre, nous sommes ravis qu'il puisse être avec nous.
Pendant la première heure, nous nous pencherons sur le Budget supplémentaire des dépenses (B) et d'autres questions connexes qui ne manqueront pas d'être soulevées.
Pendant la seconde heure de la réunion, nous allons continuer avec M. Coulombe du SCRS pour discuter des événements récents et de la décision Noël à la Cour fédérale.
De toute évidence, mesdames et messieurs les députés, vous savez que vous pouvez poser des questions à tout le monde, mais je pense qu'il serait peut-être plus efficace de garder la plupart des questions pour M. Coulombe pendant la seconde heure, mais à vous de voir.
Je tiens simplement à attirer votre attention sur le document de travail, le document sur les enjeux et les options du cadre de sécurité nationale du Canada qui a été envoyé aux membres du Comité cet après-midi. Vérifiez votre boîte de réception et jetez un coup d'oeil au document sur les enjeux et les options. Je n'ai pas encore eu la chance de le faire, mais je sais déjà qu'il sera bien fait. Je remercie donc les analystes pour leur travail.
Monsieur Goodale, la parole est à vous.
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Monsieur le président et membres du Comité, merci de m’avoir invité à venir vous parler aujourd’hui du Budget supplémentaire des dépenses (B).
Je suis ravi d’être accompagné de la plupart de mes collaborateurs habituels: Malcolm Brown, mon sous-ministre; Michel Coulombe, directeur du SCRS; le commissaire Paulson de la GRC; et Caroline Xavier, vice-présidente des opérations à l’Agence des services frontaliers du Canada.
J’aimerais signaler que l’ancienne présidente, Linda Lizotte-Macpherson, est partie à la retraite vendredi dernier et que son successeur, John Ossowski, est en train d’entrer en fonctions. Il se fera très certainement un plaisir de témoigner devant le Comité à l’occasion de rencontres futures. Dans l’intérim, c’est Caroline qui représente l’AFSC aujourd’hui.
Fraser Macaulay, commissaire adjoint au Service correctionnel du Canada, est aussi présent, tout comme Harvey Cenaiko, président de la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
Vous remarquerez en étudiant le Budget supplémentaire des dépenses (B) que le portefeuille du ministère de la Sécurité publique demande des rajustements qui donnent lieu à une augmentation de nos autorisations de dépenses budgétaires de 256,3 millions de dollars. J’aimerais passer en revue très brièvement les postes qui figurent dans ce total.
Comme vous le savez, le Canada est un pays sécuritaire et pacifique, mais nous savons aussi que nous ne sommes pas à l’abri des menaces, y compris des catastrophes naturelles, du terrorisme et d’autres crimes et actes de violence. Les femmes et les hommes qui travaillent au dossier de la sécurité publique, dont ceux du ministère même et de tous les autres organismes qui sont représentés ici aujourd’hui, font le travail essentiel et souvent dangereux d’assurer la protection des Canadiens, et pour leurs efforts, ils méritent notre admiration et notre gratitude — et je crois qu’ils les ont déjà. C'est à nous, parlementaires, qu'il revient de les appuyer dans leur travail pour qu’ils puissent continuer à assurer la sécurité des Canadiens et à protéger les droits et libertés qui nous sont très chers. C’est ce que visent les postes énumérés dans le budget des dépenses.
J’aimerais d’abord parler de Fort McMurray. Comme vous le savez, on y a fait face à des incendies dévastateurs plus tôt cette année, probablement les pires de l’histoire canadienne. En coordonnant l’intervention fédérale dans le cas de cette catastrophe, j’ai été témoin de choses assez remarquables, y compris le courage des habitants de Fort McMurray, le leadership déterminé dont ont fait preuve les représentants locaux, provinciaux et fédéraux, la compétence et l’altruisme des sapeurs-pompiers, des policiers et des autres premiers intervenants, les efforts inlassables des employés de la Croix-Rouge canadienne et, bien sûr, la générosité des Canadiens de tout le pays qui ont fait des dons pour venir en aide aux personnes si gravement touchées.
Le gouvernement du Canada a transféré 104,5 millions de dollars à la Croix-Rouge canadienne pour honorer l’engagement qu’avait pris le d’égaler les dons de charité des Canadiens en soutien aux habitants de Fort McMurray. Ces fonds de contrepartie pour la Croix-Rouge représentent une part importante des autorisations totales demandées aujourd’hui.
En outre, au titre des Accords d’aide financière en cas de catastrophe, nous avons consenti une avance de 307 millions de dollars à l’Alberta comme mise de fonds sur l’aide qui sera versée à cette province pour gérer cette catastrophe. Ce montant d’argent ne figure pas dans le Budget supplémentaire des dépenses, car il est couvert dans le Budget principal des dépenses. Chaque année, une affectation est prévue dans le cadre des Accords d’aide financière en cas de catastrophe, et le montant requis pour l’Alberta est couvert dans l’affectation prévue dans le Budget principal des dépenses. Le budget supplémentaire contient le fonds de contrepartie de 104,5 millions de dollars pour la Croix-Rouge.
Le deuxième sujet est celui des équipes de recherche et sauvetage en milieu urbain à l’aide d’équipement lourd. Nous avons mentionné dans notre programme électoral que nous rétablirions le financement de ces équipes à la grandeur du Canada. Elles sont absolument indispensables aux interventions en cas, par exemple, d'urgences comme des tempêtes de verglas, des inondations, des feux de forêt et des effondrements de bâtiments.
Le gouvernement précédent a décidé à un moment donné d’éliminer ce financement. Nous avons jugé qu’il s’agissait d’une priorité suffisante pour qu’il soit rétabli. En octobre, j’ai eu le plaisir d’honorer cet engagement en lançant le Programme de recherche et de sauvetage en milieu urbain à l'aide d’équipement lourd, qui affectera un financement annuel de 3,1 millions de dollars aux groupes de travail de recherche et de sauvetage en milieu urbain. Ce programme appuiera et renforcera non seulement les quatre groupes de travail déjà en place à Vancouver, Calgary, Brandon et Toronto, mais il contribuera aussi au développement de nouvelles capacités à Montréal et au rétablissement des capacités à Halifax. À cette fin, on demande un financement de 3,1 millions de dollars par le truchement du Budget supplémentaire des dépenses (B).
Le troisième sujet important est celui des recours collectifs de la GRC. Une autre partie du mandat que m’a confié le a été de prendre des mesures pour veiller à ce que tous les organismes du portefeuille de la sécurité publique aient des milieux de travail sains et exempts de tout type de harcèlement. Je travaille à ce dossier depuis le tout début de notre mandat; j’ai notamment invité la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC à entreprendre un examen exhaustif des politiques et procédures de la GRC en matière de harcèlement, et j’ai nommé Sheila Fraser comme conseillère spéciale pour examiner le processus de plaintes et le traitement des plaignants à la GRC. Ces travaux sont en cours. Je m’attends à avoir des nouvelles des deux processus au cours du printemps prochain.
J’ai été aussi ravi de me joindre au commissaire Paulson le 6 octobre pour annoncer le règlement de 100 millions de dollars entre la GRC et un grand nombre de plaignants dans deux recours collectifs proposés relatifs au harcèlement, pour lequel on demande un montant de 40 millions de dollars par le truchement du Budget supplémentaire des dépenses (B) pour 2016-2017. On demandera les 60 millions de dollars restants au cours de l’année suivante. En plus des 40 millions de dollars pour verser le règlement en tant que tel, on demande un autre montant de 17 millions de dollars par l’intermédiaire de ce budget supplémentaire pour payer les avocats du recours collectif et l’évaluation des demandes. Le montant demandé pour régler les recours collectifs se chiffre à 40 millions de dollars plus 17 millions de dollars, pour un total de 57 millions de dollars.
Je pense que nous devrions être encouragés par ce développement et par les excuses éloquentes qu’a offertes le commissaire. Nous continuons de faire avancer d’autres initiatives dans le dossier crucial des milieux de travail sécuritaires. C’est une étape importante pour nous aider à laisser derrière nous une période profondément troublante de l’histoire de notre force policière nationale et à nous tourner vers un avenir bien différent.
Je pense qu’il importe de souligner qu’un processus entièrement indépendant du gouvernement et de la force policière a été lancé pour rendre des décisions concernant les demandes. La GRC n’y participera que pour fournir la documentation demandée, tandis que la participation du gouvernement sera uniquement financière. L’évaluateur indépendant, l’honorable Michel Bastarache, ancien juge à la Cour suprême, rendra les décisions. Il déterminera les montants appropriés au cas par cas.
Dans le dossier de la sécurité nationale, le gouvernement poursuit ses travaux pour veiller à ce que le cadre de sécurité nationale du Canada permette d’assurer la sécurité des Canadiens tout en préservant leurs droits et libertés. Je suis ravi de vous signaler que l’engagement sans précédent auprès des Canadiens, que nous avons lancé à la grandeur du pays, a été très fructueux: nous avons tenu une série d’assemblées générales, de tables rondes, d’audiences publiques, de discussions personnelles et de réunions avec des experts en la matière. Nous avons aussi reçu, littéralement, des dizaines de milliers de contributions par courriel dans le cadre de nos consultations en ligne. Le processus de consultation reste ouvert jusqu’au 15 décembre, mais le nombre total de participants a déjà dépassé les 45 000 Canadiens. C’est un nombre très encourageant.
Encore une fois, permettez-moi de remercier le Comité des audiences que vous avez tenues et du rapport que vous présenterez concernant les conseils que vous prodigueriez au gouvernement s’agissant du cadre de sécurité nationale. Nous analysons toutes les contributions et nous présenterons une série de mesures qui viseront à atteindre les deux objectifs simultanément: protéger le public, et assurer sa sûreté et sa sécurité, tout en protégeant les droits et libertés des Canadiens dans une société démocratique libre et inclusive.
Je tiens aussi à souligner le travail que le Comité a accompli concernant le projet de loi . Je crois comprendre que vous êtes en train d’en faire rapport à la Chambre, et il me tarde vraiment de le lire.
Une autre question relative à la sécurité nationale qui requiert un poste dans le Budget supplémentaire des dépenses (B) est la création d’un Bureau de sensibilisation des collectivités et de lutte contre la radicalisation menant à la violence. Ce poste a été prévu au budget du printemps dernier et, à cette fin, vous prendrez note que dans le présent budget supplémentaire, mon ministère cherche à obtenir 2,3 millions de dollars en 2016-2017 pour fonder et doter le bureau, ainsi que soutenir les programmes et initiatives de recherche nationales par le truchement d’un nouveau programme de subventions et de contributions appelé le Fonds de résilience des collectivités.
Le Bureau dirigera l’action du Canada pour contrer la radicalisation menant à la violence, il coordonnera les initiatives nationales et internationales, il appuiera les programmes et la recherche, et il rehaussera notre expertise. Nous devons simplement très bien nous en tirer avec cette initiative si nous voulons conserver le caractère fondamental du Canada en tant que société démocratique, ouverte et inclusive.
J’aimerais aussi parler des centres de détention de l’immigration. Nous demandons 22,7 millions de dollars pendant le présent exercice pour appuyer l’Agence des services frontaliers du Canada dans la mise en oeuvre de notre nouveau Cadre national en matière de détention de l’immigration. On a annoncé en août un financement total de 138 millions de dollars pour cette initiative, réparti sur un certain nombre d’années. Pendant la première année, nous demandons 22,7 millions de dollars.
Voici quelques-uns des objectifs du nouveau cadre: premièrement, trouver d’autres solutions pratiques et réalisables pour remplacer la détention; deuxièmement, améliorer considérablement les conditions aux centres de surveillance de l’immigration, y compris la prestation de meilleurs services de santé mentale et physique; troisièmement, réduire notre dépendance à l’égard des installations provinciales; et quatrièmement, réduire le nombre de mineurs en détention dans la mesure du possible.
Du financement qu’on demande pour cette année, 21,3 millions de dollars seront affectés à la construction de nouveaux centres de surveillance de l’immigration à Laval, au Québec, et à Surrey, en Colombie-Britannique. Ces installations feront en sorte qu’il soit moins nécessaire de dépendre des établissements correctionnels provinciaux pour la détention d’immigrants.
Le reste du financement de cette année servira à rehausser les services médicaux offerts dans nos centres de surveillance de l’immigration et à mettre en œuvre d’autres options que la détention pour que, dans la mesure du possible, la détention des immigrants reste une mesure de dernier plutôt que de premier recours.
Nous avons beaucoup de projets en chantier. Nous en avons déjà réalisé un bon nombre, mais il reste toujours fort à faire, bien entendu. Mes fonctionnaires et moi-même serons heureux d’essayer de répondre à vos questions aujourd’hui. Nous nous réjouissons à la perspective de travailler avec le Comité à toute une gamme de questions de sécurité nationale pour l’avenir.
Merci.
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Le premier ministre nous a confié, à la et à moi-même, le mandat de collaborer avec tous les intervenants du système de justice pénale pour gérer les répercussions très négatives de ce système sur un très grand nombre d'Autochtones. Comme vous le savez, la ministre Wilson-Raybould étudie actuellement un large éventail de lois et de procédures.
L'un de ces éléments est lié à mon portefeuille, et il s'agit du Programme des services de police des Premières Nations. Ce programme a été établi au début des années 1990. La dernière mise à jour des politiques de ce programme remonte à 1996, et elle a été effectuée par le solliciteur général Herb Gray, qui exerçait les fonctions de ministre à l'époque. Les politiques de ce programme n'ont donc pas été améliorées depuis ce temps-là. J'attribue à M. Gray le mérite qui lui revient pour ce qu'il a fait à l'époque, mais c'était il y a plus de 20 ans, et ces politiques ont maintenant besoin d'une mise à jour. De plus, on n'a pas augmenté le financement de ce programme depuis 2009.
Il s'agit essentiellement d'un arrangement moitié-moitié, ou presque — le ratio est 52:48 —, entre le gouvernement fédéral et les provinces. Nous fournissons chacun une certaine somme pour le Programme des services de police des Premières Nations et nous mettons ensuite tout en oeuvre pour fournir, en consultation avec les collectivités des Premières Nations, des services de police adéquats, mais avec les fonds et le cadre stratégique offerts aujourd'hui, nous n'arrivons pas à répondre aux besoins. Un peu plus de la moitié des collectivités qui sont admissibles à ce type de service parviennent probablement à l'obtenir.
L'objectif, dans ce cas-ci, c'est de mettre à jour la politique, afin que les collectivités autochtones puissent compter sur d'excellents services de police dont les normes et le professionnalisme correspondent à ceux des services de police que tous les autres groupes de Canadiens tiennent pour acquis. Il faut également s'assurer de tenir compte de la sensibilisation aux réalités culturelles dans la prestation des services et de fournir un financement adéquat et à long terme.
Un grand nombre de ces Premières Nations nous ont dit que nous devrions vraiment nous demander si un programme de services de police pour les Premières Nations — ce qui laisse présumer qu'il s'agit d'une mesure temporaire — représente la meilleure façon d'offrir un service fondamental comme un service de police, et que nous devrions fonder les efforts de collaboration des gouvernements en vue d'assurer la sécurité des collectivités des Premières Nations sur une base plus complète et permanente.
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Merci, monsieur Mendicino.
Ce programme n'est pas très coûteux. Il coûte environ 1 million de dollars par année, alors ce n'est pas un programme qui nécessite une somme considérable de fonds publics, mais il s'agit d'un programme très utile pour les groupes et les organisations qui se sentent vulnérables aux crimes haineux. Malheureusement, ces dernières semaines et ces derniers mois, nous avons été témoins d'exemples particulièrement pénibles.
À Regina, dans ma propre ville, il y a eu des graffitis très haineux, de nature vulgaire et grossière, prônant des symboles de suprémacisme blanc. Ici à Ottawa, quatre lieux de culte ont été la cible d'attaques de ce genre. Nous l'avons vu à Toronto, à Peterborough et ailleurs au Canada.
Lors des dernières semaines et des derniers mois, les groupes et les organisations qui se sentent vulnérables ont fait valoir que le Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité était utile, mais qu'il pourrait l'être davantage, sans que cela coûte très cher, en modifiant les conditions du programme. Nous avons donc élargi les critères d'admissibilité en conséquence.
Antérieurement, il fallait avoir été victime d'une attaque par le passé pour être admissible au financement. Les fonds servent à financer des barrières, des clôtures, des pellicules de sécurité sur les fenêtres, des systèmes de télévision en circuit fermé, des caméras, des lumières, bref tout ce qui contribue à la sécurité publique. Comme je l'ai dit, pour y être admissible, par le passé, on devait avoir subi une attaque, ce qui correspondait à de la prévention a posteriori.
Nous avons donc modifié ces conditions. Évidemment, si vous avez déjà été la cible d'une attaque, vous êtes toujours admissible. Toutefois, maintenant, vous pouvez prouver à l'avance que vous êtes une cible potentielle en présentant une demande au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, qui l'évaluera. Dans le cadre de votre demande, vous pouvez obtenir une opinion extérieure sur les risques que vous courez. C'est donc une modification importante que nous avons apportée.
Par ailleurs, nous avons apporté un autre changement au programme de financement. Nous assumons désormais les coûts associés aux infrastructures de sécurité à l'intérieur des bâtiments, et non pas seulement à l'extérieur. Autrefois, seul le périmètre extérieur était couvert. Maintenant, nous finançons les modifications apportées aux infrastructures à l'intérieur des bâtiments.
De plus, nous veillons à ce que les collectivités qui se sentent vulnérables soient bien renseignées sur le programme. Nous déployons des efforts de communication pour rejoindre ces groupes et ces organisations afin qu'ils sachent qu'un programme est offert et qu'ils peuvent présenter une demande au besoin.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie du temps que vous avez consacré à la préparation et à la présentation de vos propos. Mes remerciements s'étendent à vos collaborateurs.
J'aimerais vous parler de frontières et de douane. J'aimerais porter à votre attention le problème que je qualifie de celui des trois A: accueil, apparence et attente.
Je vais commencer par le problème de l'accueil. Les gens qui se présentent à nos frontières, donc à la douane, sont soit des citoyens canadiens, donc des gens à qui le pays appartient, soit des gens qui ne sont pas des citoyens canadiens. Il m'apparaît qu'il y a un minimum, sur le plan de l'accueil, qui doit être réservé à ces gens.
Cela m'amène au deuxième problème, qui est celui de l'apparence. Quand on se présente aux postes frontaliers canadiens, on remarque que la façon dont les agents sont vêtus est quasi militaire et que l'organisation revêt des apparences militaires. L'approche one size fits all semble poser problème. C'est une chose d'arriver à l'aéroport de Montréal, mais c'en est une autre d'arriver à un poste frontalier en zone rurale.
Le troisième problème est lié à l'attente. Il m'apparaît inadmissible qu'on fasse attendre un citoyen canadien qui revient dans son pays, ce pays qui lui appartient.
J'ai porté à votre attention le problème de façon globale en le décomposant, monsieur le ministre. J'aimerais que vous puissiez nous éclairer quant aux mesures qui seront entreprises par notre gouvernement pour régler cette situation.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter aujourd'hui d'une question très importante.
À titre de service national du renseignement touchant la sécurité, le Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS, a pour mandat de repérer les menaces qui pèsent sur la sécurité du Canada, de faire enquête sur ces menaces et de conseiller le gouvernement du Canada à cet égard.
Pour remplir son mandat, le SCRS emploie tout un éventail de techniques d'enquête. Cependant, quelle que soit la méthode employée, l'activité opérationnelle doit être autorisée, juste et adaptée aux circonstances, et ce, en tenant compte de la nature de la menace.
[Traduction]
Au besoin, et avec l'approbation du ministre, le SCRS peut présenter une demande à la Cour fédérale afin d'obtenir des mandats contre les cibles d'une enquête. Ces mandats décernés par la Cour fédérale autorisent l'utilisation de techniques d'enquête précise, conformément à des conditions particulières établies par la Cour, s'il y a lieu.
L'une des techniques utilisées par le SCRS consiste à intercepter les communications. Lorsque le Service intercepte des communications, il obtient le contenu de la communication ainsi que les données connexes. Les données connexes renseignent sur le contexte de la communication et non pas sur son contenu. Les systèmes informatiques se servent de ce genre de données pour opérer, décrire, gérer et acheminer les communications dans un réseau. Prises isolément, elles ne révèlent pas l'identité des personnes qui participent à la communication.
Alors que le SCRS continue d'analyser le contenu des communications interceptées en vertu de mandats afin de déterminer si elles doivent être conservées ou détruites, en 2006, il a pris le parti de conserver et d'exploiter les données connexes afin de pouvoir mieux repérer les menaces. Il importe de souligner que le SCRS recueille les données connexes dans le respect de la loi, en vertu de mandats décernés par la Cour fédérale. Toutefois, la conservation par le Service de ces données recueillies légalement en vertu de mandats est aujourd'hui remise en question, et en particulier, la décision de conserver toutes ces données, y compris celles qui sont liées à des communications de tiers, mais qui n'ont peut-être pas trait à la menace.
[Français]
La Cour fédérale s'est également prononcée clairement sur le respect par le Service de son obligation de franchise. Elle a conclu que celui-ci avait manqué à son obligation de franchise en omettant de la mettre au courant de sa politique sur la conservation des données connexes et de la création du Centre d'analyse de données opérationnelles, ou CADO. Je peux vous assurer que ce n'était pas intentionnel.
Je conviens que le Service aurait dû informer plus tôt la Cour fédérale de sa politique de conservation des données connexes et de la mise sur pied du programme. Des intervenants clés du gouvernement ont toutefois été informés de la situation. Les anciens ministres de la Sécurité publique, le Commissariat à la protection de la vie privée, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité et l'inspecteur général du SCRS ont tous été informés de l'existence du CADO et de l'utilité de l'analyse des données dans le cadre des enquêtes du Service. De toute évidence, le Service ne cherchait pas à dissimuler l'existence de son programme d'analyse des données.
[Traduction]
Monsieur le président, comme je l'ai indiqué lors de mon intervention du 3 novembre dernier, j'accepte la décision de la Cour et j'ai pris immédiatement des mesures pour remédier à la situation. Je reconnais les préoccupations sérieuses de la Cour et je suis déterminé à poursuivre mes efforts pour y répondre.
Immédiatement après que la Cour a rendu sa décision, le SCRS a suspendu l'accès à toutes les données connexes ainsi que l'analyse de celles-ci. Il avait alors agi par excès de prudence, mais a depuis autorisé l'accès aux données connexes aux communications liées à la menace et l'utilisation de ces données. S'il l'a fait, c'est parce qu'il est incontestablement autorisé à conserver ces informations dont l'utilisation est nécessaire pour assurer la sécurité publique. Le Service s'efforce aussi actuellement d'élaborer et de mettre en oeuvre des politiques et des procédures appropriées qui répondent clairement aux préoccupations de la Cour. Je tiens à souligner que la Cour a reconnu dans sa décision l'utilité de l'analyse des données dans le cadre des enquêtes du Service.
Le SCRS collabore aussi étroitement avec le ministère de la Justice afin de trouver des moyens de veiller au respect de ses obligations envers la Cour en matière de transparence et de franchise. J'aimerais également souligner que, comme le l'a indiqué, le CSARS a été informé de la situation et il examinera la réponse du Service à la décision de la Cour avant de préparer un rapport à l'intention du ministre.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je tiens à préciser que, selon l'interprétation de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité que le Service avait adoptée en consultation avec le ministère de la Justice, la Loi autorisait la conservation de données connexes liées à des communications de tiers, même si elles n'avaient pas trait à la menace, lorsqu'elles avaient été obtenues en vertu de mandats.
Même s'il est maintenant manifeste que la Cour fédérale ne partage pas cette interprétation — et le SCRS accepte cette décision —, je dois dire que le Service n'a pas cherché sciemment à excéder les pouvoirs prévus par la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité.
Je tiens à réitérer que le Service reconnaît l'importance non seulement de se conformer à la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, mais aussi de faire preuve d'ouverture et de transparence envers la Cour fédérale.
Sur ce, monsieur le président, je termine mon allocution. Je suis prêt à répondre aux questions des membres du Comité.