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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, chers membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Je suis très fier d'être ici devant vous afin de vous présenter la motion M-124, que j'ai eu la chance, et je dirais même le privilège, de présenter et de débattre à la Chambre des communes le 9 novembre 2017. Cette motion a été mise aux voix le 29 janvier 2018 et adoptée à l'unanimité le 31 janvier 2018. J'en profite pour remercier tous les députés de la Chambre des communes, tant ceux du gouvernement que ceux des partis de l'opposition, d'avoir appuyé cette motion.
Aujourd'hui, je vous demande d'entreprendre une étude afin de déterminer s'il est possible d'équiper de défibrillateurs externes automatiques — ce qu'on appelle les DEA — les véhicules d'urgence partout au Canada, et que soient prises les mesures nécessaires à cet égard à la suite de discussions avec les autres ordres de gouvernement, les municipalités et les organisations concernées, tout en respectant les compétences de chacun.
Chaque année, quelque 40 000 arrêts cardiaques soudains se produisent. C'est dans ces moments que chaque seconde compte. Pour chaque minute écoulée, les chances de survie d'une victime d'arrêt cardiaque diminuent de 7 à 10 %. Dans 85 % des cas, ces malaises se produisent à l'extérieur des centres hospitaliers, très souvent dans les résidences, loin des défibrillateurs externes automatiques.
C'est malheureusement ce qui est arrivé à M. Michel Picard, un résidant de Victoriaville, la municipalité où je suis né, dans ma circonscription. Le 30 décembre dernier, il s'est écroulé sans crier gare dans sa résidence, en présence de sa famille. Michel Picard avait subi une arythmie mortelle. Heureusement, les secours ont immédiatement été appelés et, pendant les six minutes d'attente des secours, le gendre de M. Picard, Steve Houle, a prodigué les premiers soins en donnant un massage cardiaque. Cette manoeuvre a permis d'augmenter les chances de survie de la victime en attendant que les ambulanciers arrivent avec un défibrillateur cardiaque et lui administrent trois décharges électriques. M. Picard a heureusement repris connaissance, et il est aujourd'hui ce qu'on appelle un miraculé, puisqu'il ne conserve aucune séquelle de son accident. Cette conclusion a été possible grâce à la vitesse de réaction des ambulanciers.
Lors d'un arrêt cardiaque, le massage cardiaque est utile pour continuer à faire circuler le sang et l'oxygène dans le corps de la victime. Cependant, il n'est pas possible de réanimer une personne seulement avec le massage cardiaque. Il faut absolument un défibrillateur pour arrêter l'arythmie et permettre au coeur de retrouver son état normal.
Cet appareil augmente les chances de survie de 75 %. C'est pourquoi il est primordial d'avoir accès à un défibrillateur.
Que serait-il arrivé à M. Picard, si les premiers intervenants avaient été des pompiers ou bien des policiers qui ne possédaient pas de DEA dans leurs véhicules?
Malheureusement, seulement moins de 5 % des victimes qui subissent une crise cardiaque à l'extérieur d'un centre hospitalier survivent. En situation d'urgence, les premiers répondants sont souvent les policiers ou les pompiers, en raison de leur proximité; ils arrivent même avant les ambulanciers. Tous ces intervenants sont formés pour prodiguer les premiers soins en attendant les ambulanciers. Si tous leurs véhicules étaient équipés d'un défibrillateur, cela offrirait un temps de réponse beaucoup plus rapide, ce qui aurait pour conséquence de sauver plus de vies.
Au Québec, une certaine mobilisation est déjà en branle. En effet, la Sûreté du Québec a lancé un projet pilote afin d'équiper tous ses véhicules de défibrillateurs. Il y en a aussi chez nos pompiers et dans certains lieux publics. C'est d'ailleurs ce qui a sauvé la vie de Stéphane Campagna, un de mes amis personnels. Alors qu'il jouait au hockey à l'aréna avec des amis à Victoriaville, il a subi un arrêt cardiaque. Heureusement, l'endroit possédait un défibrillateur, grâce à une généreuse contribution des gens d'affaires de la région. C'est grâce à cet outil et au sang-froid de Marcel Duquette, Jean-François Gagné et Francis Garneau que Stéphane a pu être réanimé. Les trois hommes lui sont venus en aide rapidement et lui ont sauvé la vie grâce au défibrillateur cardiaque qui était sur place, à proximité.
Plusieurs services policiers possèdent déjà des défibrillateurs dans leurs véhicules. Malheureusement, cette couverture n'est pas uniforme ni complète au pays. Certains territoires n'ont toujours pas commencé à assurer la disponibilité de ces appareils qui permettent de sauver des vies.
Lorsque j'étais maire de Victoriaville, après l'événement qu'a subi mon ami Stéphane, je me suis assuré, avec mon équipe, d'équiper de défibrillateurs cardiaques tous les édifices municipaux, toutes les installations sportives ainsi que tous les véhicules de premiers répondants. De plus, un appel avait été lancé aux gens du milieu économique, lors du Souper du maire, afin de les inciter à se procurer eux-mêmes un tel appareil. En l'espace de deux à trois semaines, plus d'une centaine d'entreprises s'étaient équipées d'un défibrillateur.
Il s'agit d'un appareil essentiel lorsque vient le moment de sauver des vies. Comme la grande majorité des citoyens, je tiens à savoir que mes enfants, ma famille, mes amis et tous les citoyens canadiens sont en sécurité, peu importe l'endroit où ils se trouvent. Je veux savoir que, même s'ils sont plus loin d'un hôpital, ils sont en sécurité, puisque les véhicules des premiers répondants et les lieux publics sont équipés de défibrillateurs cardiaques automatiques. Tous les Canadiens méritent d'avoir la même chance et de bénéficier du même niveau de sécurité, peu importe l'endroit où ils décident de s'installer, que ce soit en ville ou à la campagne. Les chances de survie de chaque citoyen et citoyenne devraient être égales, et aucune personne ne devrait être pénalisée en raison de l'endroit où elle choisit de fonder sa famille et de résider.
Toutes les 12 minutes, une personne subit une crise cardiaque. C'est bien prouvé: plus cette personne est loin d'un hôpital, plus ses chances de survie diminuent. En effet, les chances de survie sont pratiquement nulles lorsqu'une victime d'un arrêt cardiaque arrive à l'hôpital; souvent, il est déjà trop tard. Afin que les victimes aient plus de chances de survie et n'en gardent aucune séquelle, un défibrillateur doit être utilisé le plus rapidement possible.
Je vous rappelle que les chances de survie diminuent de 7 à 10 % pour chaque minute écoulée. On dispose donc d'un maximum de 10 minutes pour sauver la victime, d'où l'urgence d'équiper d'un défibrillateur tous les véhicules d'urgence sur le territoire canadien.
Heureusement, les défibrillateurs sont faciles à utiliser. Aucune formation n'est nécessaire pour utiliser l'appareil. Il contient une fonction intégrée qui dicte chaque étape de l'opération, et l'appareil décide de la force de la décharge électrique administrée. Il est donc impossible de blesser quelqu'un par erreur avec un défibrillateur, puisqu'une décharge électrique est administrée seulement à une personne en arrêt cardiaque.
Il n'y a donc qu'une conclusion possible à mes yeux: la présence de plus de défibrillateurs cardiaques automatiques sauvera plus de vies chaque année, partout au Canada. Nous pouvons augmenter considérablement le nombre de survivants en équipant les véhicules des premiers répondants de défibrillateurs cardiaques automatiques.
La crainte de plusieurs personnes liée au fait d'équiper tous les véhicules d'urgence de défibrillateurs, c'est bien entendu le coût de l'opération. Je tiens à souligner que ce petit appareil est beaucoup moins coûteux que ce que l'on peut imaginer. En moyenne, un défibrillateur coûte entre 1 000 $ et 2 000 $, ce qui représente un montant vraiment dérisoire lorsqu'on le compare au prix de chacune des vies sauvées.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit que le défibrillateur cardiaque automatique est un appareil de la plus grande nécessité qui permet de sauver la vie de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Il est évident que cet appareil joue un rôle très important dans la survie des gens subissant une crise cardiaque. Il permet de sauver des centaines, voire des milliers de vies tous les ans. C'est une donnée qu'il ne faut surtout pas négliger.
Je suis convaincu que votre étude et les recommandations qui en découleront donneront des résultats positifs. Plus de Canadiens et de Canadiennes pourront vivre dans la sécurité et la paix d'esprit, plus de premiers répondants pourront agir en cas d'arrêt cardiaque en faisant un geste concret et, bien entendu, plus de vies seront sauvées chaque année. C'est une solution concrète qui peut contribuer à augmenter les chances de survie.
Je vous demande ouvertement que cette étude ne se limite pas aux véhicules de la GRC, mais qu'elle s'étende à tous les véhicules des premiers répondants.
J'espère de tout mon coeur que nous serons capables de sauver des vies grâce à cette étude. Je vous offre mon plein soutien dans votre démarche, si vous avez besoin de mon aide.
Merci.
Je ne dirais pas que la GRC n'a pas commencé le processus. Selon mes données, certaines divisions dans certains secteurs, par exemple en Colombie-Britannique, ont déjà commencé à équiper leurs véhicules de défibrillateurs. C'est la même chose du côté de la Sûreté du Québec. Je peux vous dire aussi que plusieurs corps municipaux ont commencé l'exercice.
J'imagine que, en 2018, si tout le monde n'a pas enclenché le processus, ce doit être pour des questions budgétaires. Je ne vois pas ce qui fait que, aujourd'hui, on n'a pas équipé l'ensemble des véhicules d'urgence de défibrillateurs. Cela démontre à quel point il est important que votre comité fasse une analyse un peu plus exhaustive de la situation, qu'il procède aux évaluations nécessaires et qu'il soumette ensuite ses recommandations.
Je tiens à souligner une chose à propos de cette motion. Je l'ai séparée en deux étapes distinctes, parce que je voulais vraiment qu'elle soit adoptée. Je pense qu'il faut respecter les compétences, mais rien n'empêche le gouvernement, une fois l'analyse faite, de s'entendre avec les provinces, les territoires, les Premières Nations ou les municipalités pour déterminer quel est le meilleur moyen d'offrir les ressources financières nécessaires, si c'est ce qui bloque le projet.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Rayes, merci d'être parmi nous. Je vous remercie de l'initiative que vous avez eue.
Votre expérience en tant que maire vous permet d'amener ce genre de point de vue, ce genre de perspective, au débat législatif. Dans le cas présent, cela prend la forme d'une motion. Je vous en suis très reconnaissant.
J'aimerais revenir sur certains éléments soulevés par M. Paul-Hus, notamment la question du respect des compétences.
Tout comme vous, je viens du Québec. Nous savons bien que, malgré les bonnes intentions et les gestes nobles, les chicanes entre les territoires peuvent parfois être importantes.
Dans cet esprit, je me demandais quelle recommandation vous envisagiez de formuler afin que le fédéral, en toute bonne foi, fasse ce qu'il peut pour amener ce dossier à d'autres paliers, mais sans piler sur les orteils de personne?
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Je vais être très honnête avec vous: selon les prévisions, il en coûterait environ 8 millions de dollars pour finaliser le projet qui consiste à équiper de défibrillateurs l'ensemble des véhicules d'urgence. Il s'agit donc de moins de 1 million de dollars par province, si l'on fait un calcul rapide. C'est un chiffre approximatif. Ma formation de professeur de mathématiques me permet d'en arriver à cela assez rapidement.
Comparativement à d'autres enjeux pour lesquels le gouvernement fédéral a négocié avec l'ensemble des provinces, c'est un montant minime, selon moi. Tout ce qu'il faut pour que ce projet s'applique à l'ensemble du territoire et des organisations, c'est un peu de volonté politique.
Maintenant que je siège au fédéral, j'essaie de pousser le dossier plus loin. J'ai fait l'exercice alors que j'étais au palier municipal: je me suis demandé quel rôle je pouvais jouer, comme maire de la municipalité. J'ai fait preuve de leadership. Je ne pouvais pas imposer cette mesure aux entreprises ni à la Sûreté du Québec. Je pouvais seulement avoir une influence sur les pompiers et sur l'organisme de sécurité bénévole de la municipalité. Je crois que c'est en grande partie une question de leadership. Comme je l'ai déjà dit, je ne crois pas que ce soit l'argent qui bloque ce projet.
Maintenant que j'agis comme législateur fédéral au même titre que vous tous ici, mon souhait est que tous les citoyens sur le territoire aient les mêmes chances de survie, tout simplement.
Je m'attends à ce que, à la suite de votre étude, votre comité se soit bien documenté, qu'il ait plus d'outils que je n'en avais pour faire la première partie du travail et qu'il puisse faire des recommandations. J'imagine que c'est le genre de chose qui pourrait être relativement facile à imposer dans le cadre d'un budget. Cela étant dit, comme vous le savez tous, ma motion ne pouvait pas inclure d'éléments comportant un coût budgétaire, puisque je ne fais pas partie du gouvernement. Toutefois, je crois que c'est quelque chose qui pourrait très bien se faire.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, Randy. Bon retour au Comité. C'est bon de vous revoir.
L'été dernier, je déjeunais avec ma soeur dans un restaurant d'Oakville lorsqu'un homme âgé derrière nous a eu un malaise cardiaque. Mon cours de premiers soins remontait à 20 ans. L'opérateur du 911 m'a guidée pour que je sache quoi faire en attendant que les auxiliaires médicaux arrivent avec l'équipement nécessaire. Par la suite, j'ai demandé à tout mon personnel d'Ottawa et de circonscription de suivre le cours de réanimation cardiorespiratoire, qui comptait une formation sur le défibrillateur externe automatisé, qui est vraiment très simple.
Le problème est que je pense que la plupart des gens ne sont pas assez assurés pour les utiliser. Ils les voient sur les murs, mais comme ils n'ont pas fait la formation, ils ne seront pas conscients du fait qu'ils ne fonctionnent pas sur quelqu'un qui ne fait pas de crise cardiaque. Vous ne pouvez pas placer le défibrillateur au mauvais endroit. Vous ne pouvez pas vous tromper. Cependant, la plupart des gens n'ont pas cette confiance.
Je vous félicite vraiment d'avoir présenté cette motion. Dans ma collectivité, les défibrillateurs se trouvent dans les centres communautaires. Encore une fois, le problème, c'est que les gens ne savent pas comment les utiliser correctement.
Vous avez mentionné que sur la Colline, après la crise cardiaque de Gord Brown, nous avons vérifié auprès des gardiens de sécurité dans l'édifice de la Bravoure, qui ne savaient pas où se trouvaient les défibrillateurs externes automatisés ou même si nous en avions, ce qui est vraiment préoccupant. Nous devrions au moins savoir où ils se trouvent.
Dans ma circonscription, je me trouve dans un immeuble médical, et ils ne savent pas où se trouvent les défibrillateurs externes automatisés.
La Fondation des maladies du coeur et de l'AVC recommandait notamment qu'on tienne un registre national des défibrillateurs externes automatisés accessibles au public. Voyez-vous cela comme un point que nous pourrions ajouter à notre étude?
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Non, pas prochainement.
Monsieur Rayes, merci beaucoup d'être venu aujourd'hui. Merci pour le leadership dont vous faites preuve non seulement dans votre ville, mais aussi ici avec la motion que vous nous avez présentée.
Je vous parle du point de vue de quelqu'un qui a travaillé dans un service de police dans une vie antérieure. Une des dernières choses que j'ai faites à partir de l'exécutif du service de police a été d'acquérir plus de défibrillateurs, des défibrillateurs externes automatisés, pour nos services de police. Il y a bien des façons différentes d'aborder le processus. Nous avons travaillé en partenariat avec l'organisme Alberta Health Services.
M. Dubé a posé une question concernant les auxiliaires médicaux. Je ne suis pas au courant d'une quelconque équipe d'ambulanciers au pays dont le véhicule n'est pas équipé d'un défibrillateur externe automatisé. Ils s'en servent; il s'agit d'un équipement qui sauve des vies.
Nous avons établi des partenariats avec les responsables d'Alberta Health Services, dont relèvent nos services médicaux d'urgence, et nous avons acquis un nombre considérable de ces dispositifs pour les mettre dans nos voitures. Nous les avons déjà dans nos voitures depuis des années. Ils sauvent des vies. Nous avons sauvé des dizaines de vies grâce à ces appareils vu que nos membres sont les premiers intervenants. Dans notre service, il était normal pour nous de faire des interventions médicales. C'est quelque chose que bien des services de police font à la grandeur du pays. Comme vous l'avez dit, les policiers peuvent arriver sur place avant les autres.
Dans certaines administrations, les services d'incendie en sont aussi dotés, car ils font aussi des interventions médicales d'urgence. Cela fait la différence.
M. Dubé a posé une question concernant l'entretien. De notre point de vue, le fournisseur avait un calendrier d'entretien. Les personnes responsables de la santé et de la sécurité en milieu de travail dans chacun des organismes étaient responsables de s'assurer que la série de défibrillateurs externes automatisés soit entretenue.
Comme pour toute chose, leur durée de vie dépend de leur entretien. Ils se trouvent dans des étuis assez durables. Dans le véhicule d'un premier répondant, ils se font pas mal malmener; on ne les garde pas dans le compartiment à gants, mais bien dans le coffre, en général. Nous n'en avons jamais eu d'endommagé au point qu'il ne soit plus fonctionnel, alors ils sont durables.
Vous suggérez la GRC, comme Mme Damoff l'a demandé, et vous avez aussi suggéré qu'on les fournisse aussi aux services de police autochtones.
Selon vous, les coûts pourraient-ils être partagés entre les fournisseurs et d'autres types de gouvernement au lieu de les laisser aux municipalités. Pensez-vous que les gouvernements fédéral ou provinciaux pourraient aussi être responsables?
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Merci, monsieur le président.
Je suis vraiment ravi que cette motion soit déposée. C'est une question que je traite dans ma propre circonscription depuis l'époque où j'étais député provincial. Nous avons examiné un certain nombre de clubs philanthropiques qui ont contribué au placement de ces appareils dans les hôtels de ville, les arénas communautaires et un certain nombre d'autres endroits. Leur prix était, en quelque sorte, plus élevé à une certaine époque. Vous avez parlé de technologie. Je présume que le coût de perfectionnement de ces appareils continuera de baisser au fil du temps.
Vous avez parlé de deux secteurs précis, dont un auquel je n'avais pas autant pensé que vous. On se préoccupait toujours de savoir où ces appareils se trouvaient dans les lieux publics. Je crois aussi qu'ils ont besoin d'être dans des entreprises et que ces dernières doivent être concernées. On offre des cours de formation en matière de sécurité et un certain nombre de ces types de besoins dans les entreprises aujourd'hui font partie des règles, mais les consignes affichées sont très importantes. J'aimerais que vous donniez des détails à ce sujet. Comment peut-on les inclure à l'utilisation et au coût de chacun?
Le processus de sensibilisation est extrêmement important. Il s'agit d'un dispositif à sûreté intégrée, mais je pense qu'il faut sensibiliser les gens aux questions que Mme Dabrusin vient de poser. Nous devons avoir un style de vie sain de toute façon. Si nous vivons sainement, peut-être qu'il faudra attendre cinq ou dix ans de plus avant qu'on ait besoin d'un défibrillateur externe automatisé. Si c'est le cas, ainsi soit-il. Ce n'est pas le cas pour tout le monde. J'ai vu un certain nombre — entre guillemets — de personnes « en forme » être terrassées par des crises cardiaques. C'est bien documenté dans l'histoire canadienne au cours des dernières décennies et siècles, probablement.
Pouvez-vous nous dire comment d'autres groupes pourraient participer, qu'il s'agisse de groupes philanthropiques ou de chambres de commerce, comme vous l'avez dit? Pouvez-vous donner des détails sur les consignes affichées et la sensibilisation?
Monsieur Rayes, je vous remercie de votre présentation.
Il y a une vingtaine d'années, j'ai reçu un appel de l'hôpital situé à St. Albert. C'était en 1997. On m'a dit que ma soeur y était hospitalisée et que je devais m'y rendre. À mon arrivée, j'ai trouvé toute ma famille à l'extérieur de l'hôpital. Ma soeur, qui avait alors 20 ans, était morte subitement ce matin-là, alors qu'elle était en parfaite santé. On ne savait pas pourquoi elle était décédée. On a déterminé par la suite que son coeur s'était arrêté. Elle était au travail, au téléphone, et elle est tombée de sa chaise. Elle est décédée en moins de 20 minutes. Nous sommes convaincus maintenant qu'un défibrillateur aurait sauvé la vie de ma petite soeur. Il y a aussi eu le départ de mon père, il y a six ans, qui est mort d'une crise cardiaque. Ma famille est donc le parfait exemple des cas où les chances de survie sont pratiquement nulles sans défibrillateur. Je vous appuie totalement et j'appuie les démarches du Comité.
Il est intéressant de noter qu'à Morinville, où j'ai grandi, nous étions essentiellement couverts par la GRC. Dans ma circonscription, Edmonton-Centre, où je vis maintenant, cette responsabilité incombe aux services policiers d'Edmonton. J'ai donc connu les deux systèmes policiers.
J'aimerais savoir si, d'après vous, votre motion est suffisante pour fournir à des autorités autres que le fédéral et la GRC le leadership nécessaire ou l'appui moral pour inciter les villes et les municipalités à donner suite à ce que vous proposez dans votre motion.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier tous de m'avoir invitée à témoigner devant ce comité alors que vous vous apprêtez à entreprendre l'étude que nécessite la motion M-167. Je suis reconnaissante que la Chambre des communes l'ait adoptée à l'unanimité le 30 mai.
Dans ce qui pourrait être un moment rare pour moi, peu importe le nombre d'années que les citoyens de la circonscription de Lakeland continueront de me choisir pour les représenter, je tiens à remercier expressément les libéraux d'avoir appuyé la motion no 167 pour que nous puissions en arriver ici aujourd'hui. Je suis reconnaissante de pouvoir contribuer aux mesures pour contrer le crime en milieu rural que mes électeurs et moi-même méritons. Les députés des régions rurales militent activement en faveur de cette question urgente, notamment par l'intermédiaire des travaux du groupe de travail de l'Alberta sur la criminalité en milieu rural, et des assemblées générales conjointes en Saskatchewan entre les députés fédéraux et provinciaux et les représentants municipaux, les membres de la GRC et les résidants préoccupés.
Entre son dépôt et la deuxième heure de débat, la motion M-167 a reçu 101 approbations de la part de groupes locaux de lutte contre la criminalité et d'un large éventail de députés provinciaux, de municipalités et d'associations municipales importantes dans sept provinces, y compris l'Alberta Provincial Rural Crime Watch Association, qui compte 17 000 membres, Farmers Against Rural Crime, qui compte 16 000 membres, l'Alberta Association of Municipal Districts and Counties, l'Association des municipalités urbaines de l'Alberta, l'Association des municipalités rurales de la Saskatchewan et l'Association des municipalités du Manitoba. Des centaines de Canadiens de plus m'ont manifesté leur appui et des dizaines d'autres m'ont fait part de leurs expériences personnelles.
Je veux souligner le soutien du NPD à l'égard de la motion M-167 dès le départ. J'ai accepté une modification qui ajoutait des mesures pour accroître l'efficacité des services de police autochtones, les ressources destinées aux systèmes de justice et de réadaptation dans les régions rurales et l’amélioration du soutien aux victimes de la criminalité en milieu rural. Il ne fait aucun doute que cette modification a renforcé la version originale de la motion.
Je ne veux pas prendre d'approche prescriptive à l'égard de la façon dont le Comité entreprend cette analyse, mais je tiens à mentionner que vous pourriez faire appel à Georgina Jolibois, députée de , à titre de témoin potentiel ou de personne que vous pourriez consulter dans le cadre de vos travaux. Elle est originaire du Nord de la Saskatchewan, elle a siégé pendant neuf ans au Comité consultatif sur les Autochtones de la division F de la GRC, et c'est l'ancienne mairesse de La Loche. Elle pourrait vous donner un point de vue unique, et nous avons des points de vue communs sur les approches cohérentes à l'égard de la protection des Canadiens respectueux des lois, quelle que soit leur collectivité ou leur région.
Je veux vous dire pourquoi j'ai présenté cette motion.
Après les élections de 2015, la principale préoccupation à Lakeland a été la perte des emplois dans le secteur pétrolier et gazier en Alberta; cependant, elle a rapidement été remplacée par la criminalité en milieu rural, sujet que les résidants et les entreprises n'ont cessé de répéter l'été dernier lorsque je faisais du porte-à-porte dans les villes et que je visitais les fermes familiales dans ma circonscription, dont la superficie est d'environ 32 000 kilomètres carrés. Nombre d'entre eux ont été victimes de multiples introductions par effraction et cambriolages, avec divers degrés de violence. Nombreux sont ceux qui disent qu'ils connaissent plus de gens qui ont été victimes d'introduction par effraction que le contraire, et d'autres croient que c'est inévitable. En réalité, ils ne se sentent pas en sécurité chez eux, et ils se préoccupent du manque de présence policière visible. La plupart d'entre eux disent qu'ils n'ont jamais vécu rien de semblable. Cela influe sérieusement sur le maintien des entreprises et les renouvellements d'assurance personnelle et d'entreprise en raison de la probabilité élevée que des biens soient endommagés et volés dans ces collectivités. En effet, les statistiques reflètent l'expérience de mes électeurs.
La criminalité en milieu rural est un problème croissant à la grandeur du Canada. Statistique Canada rapporte que, en 2015, l'indice national de criminalité a augmenté pour la première fois en 12 ans. La hausse la plus marquée était dans l'Ouest canadien, notamment une hausse marquée de 10 % en Alberta rurale. En 2016, l'indice a augmenté pour une deuxième année consécutive alors que plusieurs milliers d'incidents de plus ont été signalés à la police. À l'heure actuelle, certains font valoir que les chiffres sont légèrement à la baisse, mais on s'entend raisonnablement pour dire que les statistiques sont faussées parce que tant de Canadiens vivant en milieu rural ont baissé les bras et arrêté de faire des signalements.
En 2015, la hausse de l'Indice national de gravité de la criminalité non violente, l'IGC, a découlé en partie d'une augmentation considérable des crimes contre les biens, plus particulièrement en Alberta. En 2016, l'IGC a monté de 2 % à l'échelle nationale par rapport à 2015. L'augmentation en Alberta était principalement attribuable à une hausse des entrées par effraction, des vols de 5 000 $ ou moins, et des vols de véhicules automobiles. Simplement pour vous mettre les choses en perspective, un rapport récent de la GRC a déterminé que les crimes contre les biens avaient augmenté de 41 % au cours des cinq dernières années seulement en Alberta rurale, alors que la population n'a augmenté que de 8 %. Ces types de crimes ont aussi contribué grandement à faire monter l'IGC au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Je sais que nombre d'entre vous qui siégez au Comité représentent des circonscriptions dans la région du Grand Toronto, qui est très peuplée, alors je veux vous donner une perspective rurale, tant anecdotique que fondée sur des faits.
C'est la GRC qui assure les services de police dans la plupart des régions rurales du Canada, sauf au Québec et en Ontario, qui ont une police provinciale. La GRC y fournit aussi des services de police fédérale précis, comme dans le reste du pays. Bien des grandes villes et de grands districts ont leur propre police municipale. Toutefois, plus de 150 municipalités, trois aéroports internationaux et 600 collectivités autochtones ont conclu un contrat avec la GRC pour la prestation de services locaux, et c'est la raison pour laquelle ma motion porte sur les multiples administrations concernées.
Dans les régions rurales, la GRC doit couvrir de grandes distances, mais elle dispose de ressources très limitées. Ses détachements manquent de personnel et sont aux prises avec des facteurs particuliers, comme des conditions routières dangereuses, des voies publiques qui sont sans éclairage sur de très longues distances, des réseaux Wi-Fi et cellulaires absents ou instables. Tous ces facteurs ont une incidence sur les délais d'intervention.
Les habitants mettent donc en place des réseaux de surveillance entre familles agricoles ou entre voisins et des patrouilles de citoyens pour se protéger mutuellement en raison des longs délais d'intervention. Un de mes concitoyens, Bob, m'a dit que les membres de sa collectivité ont dû se créer un groupe sur WhatsApp pour s'aviser et s'entraider si quelqu'un aperçoit un véhicule ou quelque chose qui semble louche, car la GRC ne peut intervenir.
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Je suis désolée. Les interprètes ont ce problème avec moi.
Merci, Pierre.
Candace, qui habite également dans ma circonscription, m'a raconté qu'ils ont une grande ferme qui constitue leur moyen de subsistance. Quelqu'un est entré par effraction dans leur atelier et a mis sens dessus dessous la cabine du camion semi-remorque. On leur a volé les enregistrements, des lunettes, des médicaments, des dossiers, etc. Il y avait des empreintes de pas bien visibles, mais la GRC s'est pointée une semaine plus tard.
Il faut aussi savoir que la famille s'est fait voler à plus d'une reprise au cours des deux dernières années, et un de leurs fils, qui habite un peu plus loin sur la même route, s'est fait voler son camion par trois criminels pendant que ses enfants jouaient dans la cour. En fait, si quoi que ce soit leur arrive, les agents de la GRC qui seront dépêchés sur les lieux se trouvent à 60 kilomètres de là.
Les agents de la GRC disent eux-mêmes, même si c'est difficile et délicat pour eux de le faire, qu'ils craignent pour leur sécurité et celles des collectivités qu'ils servent et protègent partout au Canada. Dans Lakeland, un détachement de la GRC n'a que quatre agents pour couvrir un territoire de 2 200 kilomètres carrés où vivent 8 500 Albertains. En fait, deux de ces agents sont rarement en service en même temps en raison d'une pénurie de personnel administratif. Pendant qu'un est sur la route, l'autre s'occupe habituellement de tâches administratives au bureau.
Les gouvernements de l'Alberta et de la Saskatchewan ont fait des annonces dernièrement et pris des engagements dans leur budget le printemps dernier pour mettre sur pied des équipes de réduction de la criminalité, accroître les ressources des procureurs et des tribunaux, et mettre en place conjointement d'autres initiatives d'application de la loi. En janvier, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il versera, au cours des cinq prochaines années, 291 millions de dollars pour les services de police dans les communautés inuites et des Premières Nations au Canada. C'est un début, et le Comité aura l'occasion en temps opportun d'évaluer et de mesurer les progrès, les réussites, les lacunes et les besoins futurs relatifs à ces diverses initiatives.
Même si c'est dans l'Ouest où le problème de la criminalité rurale est le plus grave, les taux sont également élevés dans les provinces de l'Est. À Terre-Neuve-et-Labrador, les membres du conseil municipal d'Indian Bay ont adopté à l'unanimité une motion prenant acte de l'augmentation croissante de la criminalité au cours des derniers mois. Lors des deux dernières semaines uniquement, il y a eu six cambriolages dans des maisons, un phénomène nouveau et très préoccupant à cet endroit. Ils ont dit qu'il s'agit d'un problème grandissant à Terre-Neuve-et-Labrador, comme ailleurs au Canada. Ils font ce qu'ils peuvent pour soutenir leur collectivité, leurs voisins et les collectivités environnantes, mais leurs ressources et leurs pouvoirs sont limités. Les élus de Kensington à l'Île-du-Prince-Édouard abondaient dans le même sens.
Dans toutes les provinces, de la Colombie-Britannique jusqu'à Île-du-Prince-Édouard, et dans le Nord, la criminalité rurale est un grave problème qui est lié notamment aux gangs et à la crise des opioïdes et qui fait du tort aux familles, aux entreprises et aux collectivités.
Les habitants de ma circonscription et d'autres régions rurales au pays me disent souvent qu'ils ont l'impression d'être des cibles faciles, et que s'ils sont allés vivre en campagne à l'origine, c'était pour se sentir plus en sécurité. La plupart des agents font de leur mieux avec les moyens qu'ils ont, mais ils sont frustrés et se sentent vulnérables. Si on habite au centre-ville de Toronto, par exemple, le service de police le plus près se trouve à Markham, et si on habite à Montréal, il se trouve à Terrebonne. Ce qui veut dire que si vous, ou un membre de votre famille, vous trouvez en danger, la police mettra au moins 40 minutes pour se rendre chez vous.
En résumé, c'est exactement la situation dans laquelle se trouvent les habitants de ma circonscription et des régions rurales partout au Canada. Je suis donc très heureuse de voir que le comité procédera à une évaluation officielle et approfondie de ce problème urgent au nom de tous habitants des régions rurales au pays. J'attends avec impatience les recommandations qui en découleront.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord vous remercier sincèrement d'avoir présenté cette motion. J'ai de la famille en Alberta, et en janvier dernier, je suis allée les visiter dans une ferme à Camrose. L'année précédente — les propriétaires ne sont pas toujours sur place — quelqu'un s'est rendu sur leur propriété dans une auto et y a mis le feu. Fort heureusement, les voisins les ont appelés et ils ont pu éteindre le feu avant qu'il n'atteigne la maison. Ils ont dû investir dans un système de sécurité, de même que dans l'achat d'une barrière à l'entrée. Ils habitent sur une route très peu passante, et le soir où je m'y trouvais, une auto passait et repassait sans cesse sur la route. Le frère du partenaire de mon cousin a suivi l'auto et est venu nous voir à 3 heures du matin pour vérifier si tout allait bien. Il n'a pas été facile pour lui de suivre seul une auto sur une route rurale peu passante.
Donc, même si je représente une circonscription du Grand Toronto, je vous tire mon chapeau d'avoir présenté cette motion, car j'ai été témoin personnellement des répercussions que cela peut avoir sur les familles. Je vous en remercie donc sincèrement.
Le a tenu un sommet sur les armes et les gangs en mars, et nous avons appris que les nouveaux marchés de la drogue ont poussé les gangs des centres urbains vers les collectivités rurales et autochtones. Je lisais dans un article de CBC qu'une conférencière, Kathleen Buddle, a parlé des activités auxquelles s'adonnent de nos jours les gangs, notamment la traite des personnes.
À titre de vice-présidente du Comité de la condition féminine, la traite des personnes est, bien sûr, un problème qui me préoccupe beaucoup. Je me demande simplement si vous seriez d'accord pour que, dans le cadre de notre étude sur la criminalité rurale, nous incluions ce sujet.