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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup de nous avoir invités à comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Réal Couture et je suis le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Thérèse-De-Blainville.
Sur notre territoire, il y a plusieurs organisations, dont la Chambre de commerce de Bois-des-Filion / Lorraine. Malheureusement, M. Guy Barbe est absent, mais il est remplacé par M. Michel Limoges. M. Christian Fréchette, de l'Association des gens d'affaires de Blainville, nous accompagne également.
Les trois organisations ont décidé de faire un sondage. Nous comptons environ 800 membres et nous avons fait un sondage auquel 10 % des membres ont répondu. Cela veut dire que 80 membres ont répondu, ce que nous trouvons très bien comme taux de réponse. Nous avons leur posé quatre questions.
Premièrement, il fallait indiquer le niveau de satisfaction à l'égard des services de Postes Canada avant les modifications. Deuxièmement, il fallait indiquer le taux de satisfaction après les modifications. Troisièmement, il fallait indiquer comment on envisageait les services offerts par Postes Canada, ce qui était une question ouverte et, quatrièmement, les gens pouvaient formuler n'importe quel commentaire sur Postes Canada.
Après environ une semaine, nous avons reçu toute l'information requise. M. Fréchette va vous donner les conclusions à l'égard des quatre questions.
Je cède la parole à M. Fréchette.
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Merci beaucoup, monsieur Couture.
Si vous désirez avoir tous les détails sur ce sondage effectué en ligne, nous pourrons vous les faire parvenir par la suite.
Comme M. Couture l'a mentionné, notre intention était d'abord de parler aux gens des entreprises. M. Limoges vous parlera ensuite de l'aspect résidentiel.
Sur le plan des affaires, les gens ont subi peu d'impacts et quatre grandes raisons ont été évoquées à cet égard.
Premièrement, il existe déjà d'autres services pour la livraison des colis. C'est un milieu dans lequel Postes Canada est présent et où il y a de la concurrence. Les gens utilisent Postes Canada, mais ils font aussi appel à d'autres fournisseurs. Les gens qui font affaire en ligne sont généralement satisfaits des services, mais je suis convaincu que M. Alacchi vous en parlera davantage. Il y a une lacune sur le plan de la flexibilité. Il y a aussi la question de la complexité pour une entreprise de faire affaire avec Postes Canada.
Deuxièmement, la plupart des entreprises de notre région possèdent déjà une boîte postale. Pour elles, les changements qui ont été apportés n'en étaient donc pas vraiment parce qu'elles avaient déjà l'habitude d'opérer de cette façon.
Troisièmement, plusieurs entreprises dans la région ont recours à la publicité postale et font donc des envois et du marketing direct. Pour elles, le fait de se déplacer pour aller porter leurs envois aux différents bureaux de Postes Canada n'était pas un enjeu. Elles ont quand même étés confrontés à certains changements, mais cela n'a pas changé grand-chose à cet égard.
Quatrièmement, nous sommes à l'ère du Web 3.0 et, bientôt, à celle du Web 4.0. De plus en plus d'entreprises ont recours au courriel plutôt qu'à l'envoi de colis et elles sont passées à l'informatisation. L'envoi par courriel, quant à la facturation en particulier, est de plus en plus utilisé.
Je cède maintenant la parole à M. Limoges.
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Je vais vous parler du point de vue d'une cyberentreprise.
Chez L'Encrier, nous fabriquons et vendons des cartouches d'entre et des poudres d'encre destinées aux consommateurs, et nous le faisons entièrement en ligne. Environ 76 % de tout ce que nous vendons est exporté: 70 % aux États-Unis et 6 % ailleurs dans le monde. Nous sommes une véritable cyberentreprise. L'avenir de la vente au détail, comme vous le savez, repose de plus en plus sur le commerce électronique. Il s'agit d'un secteur en plein essor qui jouera un rôle important dans l'économie canadienne.
Postes Canada est le seul transporteur qui peut assurer une livraison à n'importe quelle adresse au Canada. Autrement dit, c'est le seul service postal qui livrera nos colis partout au pays. Postes Canada est donc une infrastructure vitale qui propulse l'industrie du commerce électronique.
Je ne sais pas si les membres du Comité sont au courant de l'accord international appelé l'Union postale universelle. Je n'en suis pas un spécialiste, mais je sais que, dès l'arrivée d'un colis dans un pays particulier, le service postal national doit le livrer à n'importe quelle adresse à l'intérieur du pays, et ce, à un même tarif fixe, qui est déterminé par l'accord et qui s'avère, au fond, très modique pour un pays riche comme le Canada.
Par conséquent, lorsque nos concurrents envoient des colis au pays, peu importe l'endroit où ces colis doivent être acheminés au Canada, le service postal doit les livrer à leur destination finale, que ce soit à Toronto ou au Nunavut, pour le même prix fixe modique, alors que les Canadiens qui vendent des produits en ligne doivent payer des prix très différents, selon l'endroit où les colis doivent être envoyés au pays.
La fluctuation des prix est très néfaste pour le commerce électronique parce que nous ne pouvons pas prévoir les coûts. Je ne sais pas si certains d'entre vous font des achats en ligne, mais personne ne veut payer des frais d'expédition. C'est la nouvelle donne. Nous sommes donc forcés d'inclure le coût d'expédition dans le prix de nos colis.
J'aimerais également parler des disparités par rapport à notre principal partenaire commercial, les États-Unis. Les Américains ont apporté des changements à leur service postal — un travail qui suit son cours — afin de favoriser le commerce électronique. Voici un exemple: il faut, en moyenne, deux à trois jours pour livrer un colis entre New York et la Californie, mais il en faut quatre à six pour livrer un produit comparable au Canada, entre Montréal et la Colombie-Britannique.
La fluctuation des prix aux États-Unis est beaucoup moins importante. On y trouve moins de zones. Les prix fluctuent moins d'une zone à l'autre, d'autant plus qu'on offre des boîtes à tarif fixe. La devise américaine, c'est « si ça rentre, ça part ». Le tout est livré pour un même prix modique, quelle que soit la destination finale au pays: Hawaii, Alaska, Guam, Californie, peu importe. Les Américains sont conscients que la fluctuation des prix n'a rien de bon, et c'est pourquoi ils ont uniformisé leur tarif national.
En général, un Américain peut envoyer un colis vers l'Europe pour environ la moitié du prix qu'un Canadien aura à payer. Lorsqu'un Canadien envoie un colis aux États-Unis par l'entremise de Postes Canada, il doit payer environ deux ou trois fois plus que les tarifs postaux internes. Je sais qu'on essaie de prendre des mesures pour améliorer la situation, mais cela coûte tout de même au moins 200 % de plus.
Les Américains qui veulent expédier des colis aux Canadiens payent, pour leur part, environ 30 à 40 % de plus que leurs tarifs postaux internes. Voilà donc un autre désavantage.
Comment pouvons-nous soutenir la concurrence? Comment se fait-il que mon entreprise soit toujours en activité? Pourquoi suis-je encore là? C'est parce que j'adopte les mêmes pratiques que celles des autres cyberentreprises. Heureusement que nous vivons près de la frontière, parce que nous pouvons ainsi placer tous nos colis à bord d'un camion et traverser la frontière chaque jour afin d'expédier le tout à l'étranger et à l'intérieur des États-Unis par l'entremise du service postal des États-Unis. Donc, 76 % de tout ce que nous faisons chez L'Encrier se retrouve entre les mains du service postal des États-Unis.
Or, cela ne résout que la moitié du problème. L'autre moitié concerne les habitudes d'achat des Canadiens. Si vous vivez dans une région éloignée, il vous en coûtera moins cher d'acheter un produit auprès d'une entreprise américaine qui offre une livraison gratuite partout au Canada ou même directement auprès d'une entreprise chinoise, plutôt que de l'acheter auprès d'une entreprise canadienne, parce que les entreprises étrangères ne feront pas face à la grande fluctuation des prix causée par l'Union postale universelle.
Nous sommes donc en présence d'un paradoxe, et c'est là mon dernier point parce que je sais que j'ai pris un peu plus de temps. Voici le paradoxe: d'une part, nous voulons que Postes Canada soit efficace et qu'elle offre tous les services dont nous avons besoin pour le commerce électronique, les envois poste-lettres, etc. et, d'autre part, nous voulons qu'elle soit rentable.
Comment une société peut-elle être rentable quand elle doit livrer une foule de colis en provenance de l'extérieur? D'ailleurs, ce chiffre ne fait qu'augmenter. D'après ce que j'ai entendu dire, jusqu'à 50 % des Canadiens achètent des produits de l'étranger plutôt qu'auprès d'entreprises canadiennes.
Si le commerce électronique prend de l'ampleur et que la tendance se maintient, il y aura de plus en plus de colis qui devront être livrés dans tout le pays à un très bas prix, contrairement aux colis de notre marché intérieur. Il est évident que, pour régler ce problème, Postes Canada doit hausser les prix ailleurs, peut-être du côté des envois internationaux ou même des envois nationaux, histoire de compenser les pertes subies. Après tout, Postes Canada doit équilibrer son budget à la fin de l'année.
Là où je veux en venir, c'est ceci: considérons-nous Postes Canada comme un service ou comme une composante de notre infrastructure? Si nous estimons que Postes Canada fait partie de l'infrastructure canadienne de commerce électronique, alors nous devons investir dans ce service, comme c'est le cas pour toute autre infrastructure, par exemple lorsqu'on finance la construction d'un pont ou d'un tunnel. Si le secteur privé pouvait s'en occuper, il le ferait, mais ce n'est pas le cas. Seule la Société canadienne des postes assure un service dans l'ensemble du pays.
En conclusion, les États-Unis subventionnent leurs bureaux de poste parce qu'ils offrent tous ces merveilleux services, mais ils le font en enregistrant un déficit important. J'ignore les chiffres exacts, mais je suis sûr qu'il s'agit de plusieurs milliards de dollars. Nous ne voulons pas créer de déficits au Canada sans aucune raison, mais nous devons faire quelque chose afin de normaliser la plateforme de commerce électronique avant que notre marché soit inondé d'importations étrangères. Tout compte fait, je crois que nous devons, nous aussi, investir dans notre infrastructure de commerce électronique.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de s'être déplacés et d'être ici parmi nous aujourd'hui pour cet exercice important quant à un partage mutuel d'informations.
Ma question est assez essentielle et vous l'avez quand même brièvement effleurée. Selon vous, est-ce que Postes Canada représente deux entreprises?
Aujourd'hui, vous représentez le côté commercial mais, en même temps, il y a un sondage où il est question du côté résidentiel. Le commerce ne se fait jamais sans toucher au secteur résidentiel, à moins que vous ne me disiez que vous ne faites affaire qu'avec d'autres entreprises. Il y a toujours des clients résidentiels qui achètent les produits d'autres entreprises.
J'aimerais entendre votre opinion sur le fait d'avoir deux entreprises à l'intérieur de Postes Canada. On entend parler de différences assez importantes lorsqu'on se déplace dans les grands centres urbains. Nous arrivons de Montréal où la réalité est évidemment tout autre que dans la Couronne Nord et et dans les autres banlieues. Je parle d'entreprises et du fait d'être près d'une frontière, mais aussi de nouveaux développements résidentiels où, d'emblée, les boîtes postales communautaires sont installées.
J'aimerais avoir votre perspective à ce sujet. J'ai abordé plusieurs points. Je ne sais pas qui veut commencer à formuler une réponse à ce sujet.
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Je vais répondre en premier.
Ce que nous avons vu dans les questionnaires, c'est que l'entreprise, les individus, les colis, leur business, la tarification, tout s'imbrique bien. Oui, parfois c'est un peu plus long, mais personne ne dit haïr Postes Canada et ne plus vouloir faire affaire avec cette société. Personne ne dit cela.
Quand un individu pense à ce qui se passe chez lui, cela devient un peu différent. Oui, ce sont deux entreprises pour le commun des mortels, mais pour l'entrepreneur, c'est une seule entreprise. Lorsqu'un entrepreneur revient chez lui et entend dire que sa belle-mère n'a plus ceci et cela et qu'elle a perdu tel ou tel service, cela va l'influencer. Mais comme entrepreneur, il voit Postes Canada comme étant deux entreprises distinctes.
Je suis comptable de formation. C'est comme si quelqu'un me demandait si un associé en fiscalité est différent d'un associé en comptabilité. La réponse est oui. C'est complètement différent.
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Oui, c'est le cas. Je ne dirais pas que c'est cependant l'un des seuls moyens qui existent.
Plus souvent qu'autrement— et cela est confirmé dans les sondages auprès de la population —, les gens ne reçoivent plus de factures à la maison. C'est mon cas. Nous les recevons par courriel et les imprimons nous-mêmes. Cela sauve un timbre. Par contre, cela coûte une feuille de papier, mais ce n'est pas grave. Il y a des factures que nous payons par la poste, mais nous le faisons de moins en moins.
Ce qui reste donc pour Postes Canada, ce sont les circulaires, les flyers, comme les appelle communément, les documents importants qu'il faut signer et des chèques. Toutefois, même les chèques ne sont plus livrés par courrier. Ils sont souvent déposés directement. Je suis associé au sein d'une grande firme de comptables et, avec Postes Canada, nous avons la preuve que le document a été livré. C'est cela, Postes Canada. Il faut que l'article soit livré assez rapidement, mais cela n'a pas besoin de se faire le même jour. Si nous voulons vraiment le faire livrer le même jour, au pis aller nous appellerons un taxi. Il demeure que Postes Canada fournit la preuve que le document a été livré.
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Il serait surtout important de réduire la grande fluctuation de coûts entre les colis locaux et ceux envoyés à l'extrémité de notre pays pour nous permettre de mieux concurrencer la livraison de colis qui viennent de l'extérieur. Je pense au modèle américain, à ce que les Américains ont fait avec leurs services postaux au cours des 15 dernières années et à toutes les étapes par lesquelles ils sont passés. Ils offrent des
flat-rate boxes et des services de toutes sortes qui s'adressent vraiment à des entreprises, tels que le e-commerce, et même une boîte spéciale pour les souliers.
J'aimerais aussi voir ce type d'adaptation se produire au Canada. J'aimerais qu'on puisse adapter le secteur des colis pour mieux représenter le secteur de la vente au détail du futur. C'est ce que j'aimerais qui se produise.
Pour ce qui est de savoir comment on pourra se payer un tel service, comme je l'ai dit, il y a certainement là un paradoxe. On peut aider l'économie en payant les coûts d'un projet à l'aide de subventions. Comme on le sait, dans le cas d'un pont, il faut payer pour qu'il soit construit.
[Traduction]
Nous payons de l'argent pour la construction d'une autoroute; par exemple, s'il n'y a pas d'autoroute, il n'y aura pas d'exploitation minière, parce qu'il faut transporter la marchandise. Dans le même ordre d'idées, si nous n'avons pas d'autoroute postale, il n'y aura pas de commerce électronique.
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Non, je n'ai jamais dit cela. C'est peut-être le témoin de ce matin qui l'a dit.
M. Kelly McCauley: D'accord.
M. Andréa Alacchi: Ce que j'ai dit, c'est qu'il coûte parfois moins cher aux étrangers qu'à nous de faire un envoi vers des régions éloignées du pays. Postes Canada offre effectivement un très bon service. Les seules fois où nous utilisons UPS ou d'autres transporteurs, c'est lorsqu'il s'agit de gros colis et lorsque nous avons besoin d'un suivi, parce que Postes Canada ne se débrouille pas bien dans ce domaine. Elle ne fait pas vraiment un bon suivi des colis. S'il s'agit d'un produit coûteux ou fragile et s'il faut l'assurer, nous préférons les autres transporteurs.
Je dirais que nous faisons affaire avec Postes Canada dans 99 % des cas. Ce n'est pas un mauvais service, bien au contraire. Si le service n'était pas bon, nous enverrions nos colis à partir des États-Unis, comme nous avions l'habitude de le faire. Si nous ne le faisons plus, c'est parce que le taux de change est favorable, mais il y a aussi l'image. Quelle serait votre réaction si vous achetiez quelque chose sur le site lencrier.ca, en français, seulement pour le recevoir à partir de New York? Cela donne une mauvaise impression. Nous encaissons le coup pour préserver l'image de l'entreprise. Même sur notre site Web canadien, inkpot.ca, nous ne voulons pas nuire à notre image. Nous sommes Canadiens. Nous expédions à partir du Canada.
Si jamais la situation empire comme c'était le cas à un moment donné, nous reverrons cette politique, mais pour l'instant, c'est ce qui est en vigueur.
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Merci, monsieur le président, et je vais enchaîner sur ce dernier point parce que j'aimerais, moi aussi, l'étoffer davantage.
Pour en revenir à l'Union postale universelle et aux taux différentiels, le Canada a accès au service postal des États-Unis en vertu du traité que nous avons conclu avec eux sous l'égide de l'UPU. Nous avons également accès à l'Europe.
Le service postal des États-Unis est subventionné à hauteur d'environ 18 milliards de dollars américains par année. Quand on envoie ses produits aux États-Unis, on profite de cette subvention. En contrepartie, le Canada pourrait augmenter ses tarifs pour les étrangers qui utilisent notre service, mais dans ce cas-là, nous n'aurions pas accès aux mêmes tarifs préférentiels si les étrangers devaient utiliser notre service au prix coûtant.
Pensez-vous que nous, les Canadiens, devrions augmenter les prix imposés aux étrangers qui utilisent notre service postal interne, même si cela signifie que nous ne pourrons plus accéder à leur service subventionné pour accéder aux consommateurs américains ou chinois? Ou estimez-vous plutôt que le Canada devrait subventionner son service postal, à raison d'environ 1,8 milliard de dollars américains par année, afin d'offrir le même niveau de service universel, si cela pouvait se faire?
J'aimerais entendre l'avis de tout le monde sur ce point parce que, si la capacité de vendre aux États-Unis est d'une si grande importance, alors cela revient à une question d'argent.
Quand on parle de subventions, d'un point de vue des affaires, cela signifie qu'on perd de l'argent et qu'on veut faire quelque chose. En analysant les chiffres et en écoutant les commentaires de nos membres, surtout ceux qui travaillent du côté résidentiel, force est de constater qu'ils sont très bien payés. Au Canada, un camionneur qui travaille pour UAP gagne un salaire moyen de 22 $ l'heure, soit 44 000 $ par année. Les facteurs en gagnent probablement plus. Dans le cas d'un camionneur d'UPS, le salaire est moins élevé.
Toutefois, ne nous leurrons pas. Je viens de Saint-Michel-des-Saints. C'est à deux heures d'ici. La route d'asphalte s'arrête là, et quand on envoie quelque chose par UPS, le camionneur va déposer le colis au village. Il ne va pas conduire cinq kilomètres de plus parce que ce n'est pas rentable. Il déposera donc le colis au village, sans plus. Tout cela pour dire que les gens doivent être d'avis qu'ils subventionnent une bonne structure de coûts. J'ignore ce que cela signifie, mais bref, il faut une bonne structure de coûts.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord saluer les membres du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
Nous tenons à remercier le gouvernement libéral de tenir un examen public sur Postes Canada afin de discuter de son avenir et des solutions à envisager. Au lieu de compressions inutiles, de déréglementation, voire de moyens déguisés de privatisation, comme ce que le rapport du comité de travail semble préconiser, nous croyons qu'il est grand temps de mettre en oeuvre un service postal du XXIe siècle qui réponde aux besoins de la population et qui soit prospère. Nous proposons pour ce faire la création de nouvelles sources de revenus comme la prestation de services bancaires et plusieurs autres avenues mentionnées dans le mémoire que nous avons présenté la semaine dernière.
La campagne Sauvons Postes Canada représente plus de 600 municipalités et MRC qui dénoncent le plan en cinq points de Postes Canada. Elle compte plus d'une centaine d'organismes canadiens et internationaux, incluant des Premières Nations, des fédérations de travail, des associations de retraités de divers milieux, des associations de gens à mobilité réduite, des partis politiques fédéraux et provinciaux, voire même des chambres de commerce, pour ne nommer que ceux-ci. Nous avons aussi recueilli des centaines de milliers de signatures de citoyennes et citoyens canadiens au moyen de pétitions qui dénoncent également ce même plan en cinq points et qui ont été déposées à la Chambre des communes à plusieurs reprises au cours des trois dernières années.
En outre, plus de 600 municipalités, partout au pays, ont adopté une autre résolution appuyant la mise sur pied d'une banque postale ainsi que l'ajout de nouveaux services à la population canadienne. Avant de céder la parole à ma consoeur Magali Giroux, j'aimerais prendre le temps de rectifier certaines données qui sont présentées dans le rapport du groupe de travail et qui, curieusement, sont aussi mentionnées par Postes Canada.
Ces données, qui concernent le pourcentage de Canadiens ayant droit à la livraison à domicile, indiquent que 26 % des gens reçoivent leur courrier dans le hall d'entrée de leur édifice à logements; que 4 % le reçoivent dans une boîte située au bord de la rue, sur leur propriété, et que 27 % le reçoivent à la maison. Le total de ces pourcentages est 57 %. Ce résultat tient compte des 800 000 ménages qui ont été convertis aux boîtes postales communautaires. C'est donc plus de la moitié de la population — et non un tiers de celle-ci, comme l'a mentionné le groupe de travail — qui reçoit son courrier à domicile. Lorsqu'on parle de recevoir son courrier sur sa propriété ou dans le hall d'entrée de son édifice à logements, il s'agit bel et bien selon nous de livraison à domicile.
Je vous remercie. Je vais maintenant céder la parole à Mme Giroux.
Comme j'ai très peu de temps, je vais aller droit au but et vous parler d'une piste de solution qui semble avoir été écartée par le groupe de travail, soit celle d'une banque postale.
Contrairement aux grandes banques, une banque postale a une vocation beaucoup plus sociale et peut réinvestir ses profits dans les collectivités. Le prétexte principal dont le groupe de travail s'est servi pour écarter le projet de banque postale est que le système bancaire canadien est en très bonne santé. Il est tellement en bonne santé que les six grandes banques ont enregistré des profits de 35 milliards de dollars l'an passé, en plus d'octroyer 12 milliards de dollars en bonis à leurs dirigeants.
Selon Radio-Canada et le journal Le Devoir, on annonçait la semaine dernière que trois grandes banques canadiennes — la RBC, la Banque Scotia et la CIBC — figurent à plusieurs endroits dans le registre des banques transigeant avec des sociétés dans les Bahamas. Est-ce ce qu'on appelle un système bancaire en bonne santé?
Si le portefeuille des PDG des grandes banques est en bonne santé, malheureusement, on ne peut pas en dire autant de la population et des collectivités. Les Canadiens sont parmi ceux qui paient le plus haut taux de frais bancaires sur la planète. Un million de Canadiens n'ont pas de compte de banque, plus de deux millions de Canadiens ont recours à des prêteurs sur salaire tels qu'Insta-Chèques, et plusieurs villes et villages n'ont pas accès à des services bancaires. En contrepartie, il y a un bureau de poste à peu près partout. Il y a 6 300 comptoirs postaux au pays. À titre d'exemple, c'est le double des Tim Hortons.
Une banque postale, qui est une banque beaucoup plus sociale et citoyenne, en plus de procurer une nouvelle source de revenus à Postes Canada, pourrait réinvestir une partie de ses profits dans les collectivités. En France, la banque postale réinvestit une part de ses profits dans la construction de logements sociaux. En Italie, la banque postale a choisi de réinvestir dans les infrastructures du pays et dans l'inclusion des régions. La banque postale au Canada pourrait soutenir les petites entreprises locales, en plus d'investir dans la transformation écoénergétique en octroyant des prêts ou des subventions.
Une telle banque pourrait se rapprocher du mandat initial des caisses populaires. Rappelons que les caisses populaires ont été fondées pour soutenir l'économie en région, les agriculteurs et la classe des travailleurs. Malheureusement, les caisses populaires au Québec se sont retirées de leur mandat initial et on les voit disparaître de plus en plus dans les régions.
Sur les 35 milliards de dollars de profits des grandes banques l'année dernière, j'aimerais savoir combien d'argent a été réinvesti dans les collectivités. Il y a un choix de société qui s'impose: soit on continue de protéger l'excellente santé financière de nos grandes banques et de leurs dirigeants au détriment des citoyens et des citoyennes, soit on commence à se préoccuper sérieusement de la santé financière de la population et de nos collectivités, qui devient de plus en plus précaire.
Je demande au comité parlementaire de rendre publique l'étude secrète qui a été menée par Postes Canada, dont 700 des 811 pages ont été caviardées, et de mener une étude sérieuse et réellement transparente sur la mise en place d'une banque postale au Canada par des personnes n'ayant aucun conflit d'intérêts.
Le gouvernement a demandé à Mme Bertrand d'étudier toutes les options viables pour Postes Canada. Mme Bertrand est présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec et elle siège au côté de plusieurs directeurs, directrices et vice-présidents de grandes banques. C'est la même chose en ce qui concerne M. Deepak Chopra, PDG de Postes Canada, qui siège au conseil d'administration du Conference Board au côté du chef de la direction de la RBC. J'y vois un réel conflit d'intérêts. Je ne crois pas que ces gens vont vouloir parler d'une banque postale.
À l'annonce du mandat de Postes Canada, il a été dit que tout serait étudié, sauf la privatisation. Selon ce qui est reflété dans le document de travail, on a tout exclu sauf la privatisation et la déréglementation.
La banque postale n'est qu'un des nombreux services qui pourrait être offert par Postes Canada. Les bureaux de poste pourraient devenir de réels centres de convergence et offrir des services de proximité. Postes Canada est un service public et universel. C'est dans cette optique que cette société d'État doit être étudiée, et non dans la perspective d'une compagnie privée.
Postes Canada est une fierté pour les Canadiennes et les Canadiens, et elle doit le demeurer.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de permettre à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec — la FTQ — de faire valoir ses arguments.
La FTQ est la centrale syndicale la plus importante du Québec. Nous représentons 600 000 travailleurs et travailleuses dans l'ensemble des secteurs d'activité économique et des régions québécoises. Son affilié, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, représente 10 500 personnes salariées chez Postes Canada. La FTQ appuie les efforts du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes pour le maintien et la bonification du service postal. Nous intervenons au nom de l'ensemble de nos membres, ainsi que pour les citoyens et les citoyennes qui ont à coeur le maintien de ce service public essentiel.
Bien que le gouvernement actuel ait clairement écarté la question de la privatisation de Postes Canada, nous constatons que les options examinées et retenues par le groupe de travail chargé de l'examen de cette société conduiraient, mises bout à bout, à une forme de déréglementation et de privatisation des services postaux. Contrairement à l'esprit général qui se dégage du document déposé par le groupe de travail, nous croyons fermement que la survie de Postes Canada dépend d'une expansion de ses services, comme cela s'est fait dans plusieurs dizaines d'autres pays.
C'est pourquoi, globalement, nous ne nous considérons pas satisfaits des conclusions du groupe de travail, qui propose ceci, entre autres choses: réduire la fréquence de la livraison du courrier; remplacer la livraison à domicile par des boîtes postales communautaires; facturer des frais aux gens qui désirent la livraison à domicile; facturer des frais selon le nombre de kilomètres à parcourir lors de l'envoi de lettres; modifier le moratoire sur la fermeture des bureaux de poste; transformer les bureaux de poste en franchises; passer en revue les coûts liés à la main-d'oeuvre et aux régimes de retraite. Cela ne fait pas partie des solutions qu'on désire étudier.
D'après une étude européenne, l'ouverture des administrations postales à la concurrence s'est avérée un désastre. Les partisans de la déréglementation ont fait miroiter une baisse des prix, une amélioration des services et de nouveaux emplois. Les réformes n'ont pas eu l'effet escompté. Pire encore, elles ont occasionné des pertes d'emplois, une détérioration des conditions de travail et une baisse de la rémunération des travailleurs et des travailleuses de ce secteur. La déréglementation du service postal n'est donc pas dans l'intérêt des citoyens et citoyennes, ainsi que des travailleurs et travailleuses.
Ne perdons pas de vue que, n'eût été des événements ponctuels du lockout en 2011 ou, encore, des modifications aux pratiques comptables appliquées en 2013, Postes Canada en serait à sa 22e année de rentabilité. Alors, pourquoi placer Postes Canada devant des choix radicaux et incertains?
Dans un contexte de réduction de l'envoi de lettres, le groupe de travail suggère de mettre fin à la livraison quotidienne. Nous pensons que cette option affaiblirait les services publics et rendrait Postes Canada moins compétitive. Ce serait ouvrir la porte, de manière indirecte, à la privatisation de Postes Canada. Nous demandons donc le maintien de la livraison complète et quotidienne.
En termes d'emplois, permettez-moi de souligner l'importance du service postal pour l'emploi. À l'échelle canadienne, ce sont des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses qui oeuvrent dans le secteur des services postaux. Dans la plateforme électorale du Parti libéral, lors de la dernière campagne électorale, on voulait favoriser la classe moyenne et des emplois de qualité. Il y a ici une classe moyenne de travailleurs et travailleuses qui oeuvrent pour la société d'État, et je pense qu'il faut en tenir compte. Ces emplois sont assortis de bonnes conditions de travail et sont bien rémunérés, et ce, dans toutes les régions du Canada.
Au Québec, comme je l'ai mentionné, il y a 10 500 personnes salariées chez Postes Canada. Au Canada, c'est plus de 60 000 personnes. Le plan de Postes Canada prévoyait d'abolir des postes, mais cela laissait présager beaucoup plus que ce qui était annoncé. À notre avis, toute révision du mandat de Postes Canada doit non seulement avoir pour objectif de protéger les emplois, mais aussi d'en créer davantage dans le cadre d'un élargissement de l'offre de services.
Mme Giroux a parlé des éléments qu'on pourrait mettre en avant, c'est-à-dire permettre à la Société canadienne des postes d'offrir des services bancaires. Cela existe dans 60 pays à travers le monde. Nous pensons que Postes Canada pourrait s'inspirer de ce qui s'est fait ailleurs. Ce n'est pas un secret: les services bancaires en région se ratatinent de plus en plus. Nous croyons que Postes Canada pourrait jouer un rôle éminemment important dans ce domaine.
En ce qui concerne l'économie verte, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et plusieurs autres groupes de la société civile ont élaboré une vision de ce que pourrait devenir Postes Canada dans un document intitulé « Vers des collectivités durables: Lancement d’une vision audacieuse d'écologisation du service postal ». Les solutions qui y sont proposées permettraient de répondre aux besoins des populations, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de favoriser le développement local et régional. Autrement dit, elles s'inscrivent dans un développement véritablement durable.
Ce document contient quelques mesures, dont les suivantes: élargir le service de livraison à domicile, ce qui réduirait les émissions de GES; confier à Postes Canada la dernière portion de la livraison des colis, ce qui viendrait encore réduire les émissions de GES; installer des bornes de recharge là où il y a des bureaux de poste; remplacer les véhicules de livraison par des véhicules électriques ou hybrides fabriqués au Canada; consentir des prêts aux particuliers, notamment pour des mesures comme la rénovation écoénergétique; réunir les consommateurs — Mme Giroux en a parlé — et les producteurs locaux, ce qui entraînerait une réduction des émissions de gaz à effet de serre et stimulerait l'économie des régions.
Voilà ce que nous voulions partager avec les membres du Comité au cours des quelques minutes qui nous sont allouées. Nous espérons pouvoir partager plus d'idées avec vous.
Si vous avez des questions, il nous fera plaisir d'y répondre.
[Traduction]
Sur ce dernier point, monsieur Boyer, je vais vous répéter ce que nous avons dit à tous les autres témoins qui ont comparu devant nous. Si vous souhaitez nous fournir des renseignements supplémentaires dont vous n'avez pas pu nous faire part et qui, selon vous, seraient utiles pour tous les membres du Comité, vous pourrez certes les communiquer directement à la greffière.
Réciproquement, si les membres du Comité ont d'autres questions à vous poser, nous permettriez-vous de vous les transmettre afin d'obtenir les réponses qui nous manquent, le cas échéant?
Je vois, d'après les hochements de tête, que vous êtes d'accord.
Nous allons maintenant passer aux interventions de sept minutes.
Monsieur Ayoub, sept minutes, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie les témoins de leur présence parmi nous.
Je suis une personne positive. Je trouve que les commentaires sont positifs et qu'on s'efforce de trouver des solutions. Vous êtes d'ailleurs en mode solution quand vous parlez d'une banque postale.
Cependant, j'aimerais revenir un peu en arrière. Postes Canada a publié un plan d’action en cinq points, et cela ne date pas d'hier. Si je me fie à l'ensemble des témoignages que l'on a entendus, je remarque une chose en ce qui a trait à la communication, la transparence et la façon de faire affaire entre les différents organismes, qu'il s'agisse des syndicats, des représentants des employés de Postes Canada ou de la haute direction, à savoir qu'il y a une absence de communication et un manque de confiance dans la transmission des informations relatives à la planification stratégique de Postes Canada.
Y a-t-il eu des communications depuis la publication de ce plan d'action? Les dirigeants de Postes Canada voyaient un avenir, mais peut-être pas le même que vous.
Madame Giroux, qu'en dites-vous?
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Au sujet de la compétence des employés des postes, je crois qu'il ne faut vraiment pas la mettre en doute.
En ce qui a trait à la possibilité d'élargir la gamme de services de Postes Canada, ce serait fantastique, et ce, pour la simple et bonne raison, comme on l'a mentionné, que les services bancaires sont de moins en moins accessibles en région. De plus, nous avons entendu ce matin à la radio que la Banque Laurentienne allait annoncer mercredi qu'il n'y aurait plus de comptoirs transactionnels.
Pour leur part, les caisses populaires ont d'abord diminué le nombre de comptoirs et, par la suite, le nombre de guichets automatiques. En région, il y a de moins en moins de services bancaires, alors que nous avons 6 300 comptoirs postaux au Canada qui pourraient rendre ce service à des communautés plus éloignées.
Si nous ne voulons plus de régions et que nous voulons tout concentrer dans les grands centres, c'est une chose, mais je pense que ce n'est pas ce que nous voulons, et ce, ni au Québec, ni au Canada. Nous souhaitons que nos régions se revitalisent. Nous voulons du développement local et régional. La Société canadienne des postes peut jouer un rôle important dans la prestation de services bancaires ainsi que pour bien d'autres services.
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Je vous dirais que les conséquences sont majeures, particulièrement dans les petits villages situés en région. Le bureau de poste est souvent plus qu'un endroit où les gens vont acheter un timbre ou poster une lettre.
Aujourd'hui, on se fie souvent au fait que tout le monde fait affaire sur Internet et que tout se fait par Internet.
Il y a environ deux semaines, je participais, à Coaticook, à une consultation publique organisée par la députée et ministre . Certaines personnes présentes disaient qu'elles n'avaient pas Internet dans leur village. Non seulement elles n'avaient pas Internet haute vitesse, mais le service Internet ne se rendait pas chez elles.
Pour ces gens, le bureau de poste devient primordial. C'est une espèce de moyen de communication qui est important et qui doit demeurer. Les gens s'identifient au bureau de poste. C'est pour cette raison que nous affirmions l'importance non seulement de protéger les bureaux de poste, mais d'offrir davantage de services.
Parmi les 6 300 comptoirs du pays, il y a des espaces non utilisés, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Pourquoi, dans les petites collectivités, les bureaux de poste ne pourraient-ils pas devenir des centres de convergence? Pourquoi les marchands locaux et les artisans ne pourraient-ils pas s'y installer et vendre leurs produits? En même temps, cela pourrait stimuler l'économie locale. Je pense que c'est important de conserver le moratoire sur les comptoirs postaux. Le besoin est là.
Au cours des dernières années, ce que Postes Canada a fait, c'est de la privatisation. On ferme le bureau de poste, on s'arrange pour qu'il ferme afin que les gens ne l'utilisent plus — on le voit surtout dans les grands centres — et on ouvre une franchise à la pharmacie, de l'autre côté de la rue. Tranquillement pas vite, on réduit les heures d'ouverture du bureau de poste, on dit qu'on n'en a plus besoin et on le ferme. Le fait d'avoir un service postal dans une pharmacie, on ne se le cachera pas, c'est de la privatisation. Ce sont des employés qui ne sont pas formés, qui ne sont pas syndiqués et qui sont payés au salaire minimum.
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Merci beaucoup à vous tous.
Nous avons eu droit à une discussion intéressante à Montréal, et c'est le cas ici aussi. En tant que comptable et consultante opérationnelle, dès que j'entends les mots « économies de coûts », « efficacité » et « rationalisation », je sais ce que cela signifie, tout comme vous. Nous en avons parlé avec les représentants de Postes Canada, ainsi qu'avec le groupe de travail.
Madame Giroux, vous avez abordé la question sous un tout autre angle. Vous avez présenté le point de vue du capital humain et vous avez proposé, pour ainsi dire, un programme de justice sociale. C'est là un aspect qui nous a échappé parce que nous avons examiné la question en fonction de l'état des profits et des pertes plutôt que de l'impact humain. La Société canadienne des postes et le groupe de travail ont, eux aussi, omis cet aspect. Donc, dans le cadre de l'étude en cours, nous essayons de réintégrer cet élément.
J'ai passé en revue les recommandations que le syndicat des postes et certains témoins nous ont formulées en ce qui concerne la voie à suivre. Vous nous avez proposé quelques idées intéressantes. Je me demande à quoi ces conversations ont abouti.
Le syndicat a-t-il tenu de telles discussions avec les sociétés? Vous avez parlé de services bancaires. Je me demande pourquoi au juste le groupe de travail est arrivé à la conclusion que cette option n'était pas faisable. Vous avez dit que les banques ont empoché 35 milliards de dollars.
Les banques craignent-elles que vous leur fassiez concurrence au même titre qu'une caisse populaire, une coopérative de crédit ou autre chose de ce genre?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à toutes et à tous.
Je m'appelle Michael Leduc. Je suis directeur-général de la FADOQ-Région Laurentides. Nous couvrons le territoire administratif des Laurentides, soit de la rivière des Mille-Îles jusqu'à Ferme-Neuve et un peu plus loin.
Un bureau de poste est un service essentiel pour plusieurs des membres de notre organisation. Toutefois, comme dans nombre de territoires au Québec, il est clair que la région des Laurentides est composée d'une partie urbaine et d'une partie rurale. Plusieurs des cinq points du plan d'action que Postes Canada veut mettre en avant ont déjà été mis en oeuvre du côté rural dans la région des Laurentides. Il y a même un début à cet égard dans les parties un peu plus urbaines.
En ce qui a trait au service postal assuré tous les jours à domicile, je pense que les citoyens ont évolué au regard de ce besoin. Personnellement, je vis à Mont-Tremblant depuis plus de 35 ans. Là où j'ai vécu, j'avais un casier postal. Il n'y a jamais eu de boîte aux lettres chez moi.
Je suis donc peut-être un peu partial en ce qui a trait au recours aux facteurs. Il faut que je retourne à mon enfance, alors que je demeurais à Saint-Bruno, où le facteur passait tous les jours. Certains arguments ont été avancés par rapport au facteur et à son aspect utilitaire et social, ne serait-ce que dans le cas du programme Aîné-Avisé. Cela permet de reconnaître si quelqu'un n'est pas là depuis un certain temps, ce qui est intéressant. Beaucoup de personnes, en plus du facteur, peuvent assumer cette responsabilité. Je pense quand même que le service est important.
En lisant les documents, on voit qu'il y a des points intéressants qui sont soulevés. Parfois, on lit un document qui alimente une certaine vision de la situation, puis on entend d'autres interventions et cette vision peut changer. En ce sens, le travail que vous faites actuellement doit être très intéressant.
Je crois que le coût de la masse salariale et du service semble très préoccupant pour la direction de Postes Canada, à un tel point qu'elle met peut-être beaucoup plus de temps à essayer de changer cette situation qu'à développer de nouvelles orientations.
Oui, c'est un fait, on envoie de moins en moins de lettres par la poste. Pour ma part, je n'envoie plus de cartes de Noël ni de cartes de fête. Je passe par les médias sociaux. Le prix d'une enveloppe fait en sorte que j'ai commencé à éviter d'en envoyer depuis les dernières augmentations.
Je suis d'avis que Postes Canada aurait avantage à se positionner à l'intérieur du monde numérique. Un nuage canadien serait peut-être intéressant pour Postes Canada. De plus en plus d'entreprises auront des besoins importants en matière de données externes au bureau. Par exemple, on utilise des nuages qui sont en Californie ou ailleurs dans le monde. Il serait donc peut-être intéressant que Postes Canada se développe à cet égard.
Par ailleurs, on pourrait profiter de l'expertise et des connaissances de Postes Canada quant aux endroits où se habitent les Canadiens pour plusieurs choses. Il y a sûrement des marchés à développer de ce côté, voire même avec le numérique.
Il me semble important qu'un développement soit fait au regard du service pour les gens à mobilité réduite comme les aînés, qui n'ont pas la facilité de se déplacer, pour faire en sorte que ces personnes ne perdent pas ces services. Je pense que cette vision est comprise par Postes Canada à cet égard.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
J'ai entendu les présentations faites précédemment. C'était très technique. La mienne ne sera pas technique et sera tout à fait basée sur les besoins des gens.
J'ai préparé un document que je vais vous lire. Je vais essayer d'être le plus clair possible.
À titre de président de l'Association de l'âge d'or de Bois-des-Filion, je comparais devant ce comité afin de vous communiquer l'opinion des membres de ladite association sur les services offerts par Postes Canada et sur les intentions de cette société, telles qu'elles ont été rapportées dans les différents médias — télévision, journaux et autres. Avant d'aller plus loin, je désire vous donner quelques précisions sur notre association.
L'Association de l'âge d'or de Bois-des-Filion est composée de 430 membres âgés entre 47 et 94 ans. C'est un vaste éventail d'âges, mais ce sont tous des aînés. Ceux-ci résident dans les villes suivantes: Bois-des-Filion, Lorraine, Terrebonne, Sainte-Thérèse, Rosemère, Laval, Montréal, Saint-Jérôme, Saint-Eustache et d'autres petites municipalités. Ces gens sont des aînés et rayonnent sur bon nombre de personnes, soit leur famille proche, leurs amis, les gens avec lesquels ils font affaire et ainsi de suite. Il s'agit là d'un groupe quand même significatif par rapport à la population locale.
Mardi dernier, le 20 septembre, je les ai consultés lors d'une réunion où une centaine de ces 430 membres étaient réunis. Je vais décrire les résultats de cette consultation.
La grande majorité des gens présents se sont dits fort satisfaits des services offerts ainsi que des tarifs imposés. Cela ne leur posait pas de problème. Le seul point qui achoppe est la livraison à domicile. Je pense que vous vous en doutiez un peu.
Postes Canada a l'intention d'installer partout des boîtes de livraison communautaire. De plus, elle propose d'imposer un frais supplémentaire de quelques centaines de dollars par année si les Canadiens, tels les aînés, désirent continuer à recevoir leur courrier à la maison. Cela cause un réel problème.
Tout d'abord, rappelons que le service postal est un service que le gouvernement fédéral doit assurer à la population canadienne selon ses besoins en telle matière. Ce n'est pas un service que l'on choisit; c'est plutôt un service essentiel comme les services de santé, l'entretien des routes, la Sécurité de la vieillesse et j'en passe.
Sûrement que le gouvernement fédéral a ses raisons d'avoir fait de l'ex-ministère des Postes une société qui est gérée comme une compagnie privée qui cherche par tous les moyens à rentabiliser ses activités. Toutefois, il ne faut surtout pas perdre de vue le fait que le service postal est un service essentiel pour la population canadienne. Chercher à faire du profit en appauvrissant le service, c'est aller un peu à contre-courant.
Parlons du besoin tel qu'il a été défini. Il ne faut pas perdre de vue les caractéristiques d'une bonne partie de la population canadienne, tels nos membres et l'ensemble des aînés. Avec l'âge viennent toutes sortes de problèmes. La mobilité se réduit à mesure que l'on vieillit. C'est ainsi. Les moyens financiers se fragilisent. Les gens ne peuvent plus travailler ou occuper des emplois lucratifs et reçoivent une petite pension de retraite. L'environnement social se rétrécit.
Ainsi, tous les gens consultés sont d'avis que de cesser de livrer le courrier à domicile est une très mauvaise décision pour les aînés. Bon nombre d'entre eux sont isolés ou confinés à domicile ou sont en perte de mobilité. La situation financière est plus difficile au fur et à mesure que l'on vieillit. Une bonne partie des aînés n'ont que leur chèque de la Sécurité de la vieillesse et, pour un certain nombre, leur chèque de la Régie des rentes du Québec. Facturer à ces gens un tarif de quelques centaines de dollars pour qu'ils continuent à recevoir leur courrier à domicile — ce qui est essentiel — est l'équivalent d'une surtaxe qui aurait un impact très difficile sur leur budget, qui est déjà maigre.
Nous n'avons pas de grandes solutions à suggérer. Par contre, nous demandons que le service de livraison du courrier à domicile soit assuré par Postes Canada pour toutes les personnes âgées de 65 ans et plus qui en feront la demande, et ce, sans leur demander de payer des frais supplémentaires.
Il faut bien comprendre ici que, sur 100 % des aînés, le nombre potentiel d'une telle demande ne serait pas aussi élevé que l'on pense, compte tenu que bon nombre d'entre eux vivent dans des résidences pour retraités. D'autres encore ont vendu leur maison pour acheter un condo ou une autre propriété et plusieurs autres vivent dans des maisons à logement. Dans ces endroits, il y a des boîtes aux lettres communautaires. Plusieurs personnes ne sont pas concernées par ce que l'on vous présente.
Ce que nous tentons de décrire, c'est que ce service est essentiel pour certains aînés et que le coût pour le leur offrir ne devrait pas être aussi élevé qu'il le semble. Toutes les personnes consultées m'ont affirmé, de façon unanime, qu'il n'était pas nécessaire de faire la livraison du courrier tous les jours, comme c'est le cas présentement.
La majorité du courrier qu'elles reçoivent est constituée de dépliants publicitaires. On suggère que le courrier qui serait livré à domicile ne le soit que deux fois par semaine. Sûrement que cela représenterait une économie réelle pour la Société canadienne des postes.
En résumé, je dois encore souligner que le service postal n'est pas qu'une business. C'est d'abord et avant tout un service essentiel. Pour bon nombre d'aînés, la livraison à domicile reste un service également essentiel.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je représente une association qui s'appelle le Club Lorr«Aînés», un nom qui a été établi à partir des mots « Lorraine » et « aînés ».
Notre club est affilié au Réseau FADOQ. Vous comprendrez que nous ne disposons pas de services de recherche technique très élaborés. Alors, le rapport que nous présentons sera passablement qualitatif.
Le Réseau FADOQ a très justement caractérisé le concept de qualité de vie adéquate des personnes aînées. La santé, la sécurité, le bien-être et l'appartenance en constituent les piliers fondamentaux. Le service de distribution du courrier à domicile nous apparaît tout naturellement comme étant un élément très important de la qualité de vie.
À une époque où l'État fait des efforts, encore insuffisants mais quand même réels, dans le domaine du maintien à domicile des personnes aînées qui le désirent, l'arrêt du service de livraison du courrier à domicile apparaît purement être à contre-courant.
En mai 2014, le Club Lorr«Aînés» a demandé à la Ville de Lorraine de faire pression sur Postes Canada afin de préserver ce service. En août de la même année, nous avons fait parvenir une lettre à la ministre fédérale responsable de Postes Canada, Mme Lisa Raitt, et au gouvernement du Canada, demandant d'annuler les changements au service annoncés et d'envisager de nouvelles sources de revenus. Nous savons que ces démarches ont été un échec.
Les boîtes communautaires ont alors peu à peu fait leur apparition, mais cette solution est loin d'être adéquate pour les personnes en perte d'autonomie, même légère. Nous constatons qu'en hiver, l'entretien de l'environnement des boîtes communautaires laisse grandement à désirer. N'oublions pas que des personnes jugées par ailleurs autonomes sont incapables de se relever seules après une chute.
À la suite de pressions d'organismes du milieu, quelques adoucissements furent consentis. Par exemple, une dame de 98 ans, qui est membre de notre club, a obtenu la livraison du courrier à son domicile une fois par semaine, sans avoir à se soumettre à un examen médical. C'est une bien mince consolation.
Que peut-on envisager pour l'avenir? Revenir à la livraison à domicile deux fois ou trois fois par semaine? Un minimum serait d'accorder la livraison à domicile deux fois par semaine à toutes les personnes jugées à risque et à toutes les personnes de 80 ans et plus qui en feraient la demande.
Je vais lire ici des extraits de l'avis présenté par le Réseau FADOQ en 2015, parce qu'on y retrouve certains éléments dont on a entendu parler tout à l'heure.
PARCE QUE Postes Canada souhaite encourager les Canadiens à utiliser les services en ligne, les aînés sont pénalisés par leur plus faible taux de branchement et de littératie numérique;
Selon l’Institut de statistiques du Québec, près 32 % des aînés de 65 ans [seulement 32 %!] et plus utilisent Internet. 44,5 % de ce même groupe d’âge l’utilisent pour des paiements de factures ou des transactions bancaires. Bien que les aînés tendent de plus en plus à utiliser Internet, les chiffres sont éloquents. Plus de la moitié d’entre eux n’utilisent pas les services en ligne des différentes institutions s’appuyant ainsi sur le courrier.
PARCE QUE nous défendons ardemment le droit des aînés de rester autonomes à domicile, et ce, aussi longtemps que possible;
Le Réseau FADOQ soutient depuis plusieurs années qu’il est fondamental pour les citoyens aînés ainsi que pour l’État, de favoriser un maintien à domicile et un prolongement de l’autonomie individuelle par le renforcement des services de proximité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les trois de vous joindre à nous pour une autre période de questions.
Monsieur Flanagan, les commentaires que vous avez formulés au sujet des services étaient très éloquents. C'est important de connaître l'opinion qui circule sur le terrain. J'ai vécu avec M. Boisclair — qui était aux premières loges — la perte de la livraison du courrier à domicile, particulièrement dans la ville de Lorraine.
De nombreux changements ont été demandés à une population qui n'a rien eu à dire. Plus nous en apprenons au sujet des consultations, plus nous recevons la confirmation qu'il n'y en a pas eu au préalable. Malgré tout, il y a une très grande bonne volonté. À vous entendre aujourd'hui, nous constatons que les opinions diffèrent en ce qui a trait aux solutions. Dans certains cas, on nous dit que le courrier devrait être livré à domicile dès que les citoyens atteignent l'âge de 65 ans. Dans d'autres cas, on parle de 80 ans. Selon les intervenants, il est question de la livraison du courrier deux ou trois jours par semaine. Vous suggérez des améliorations malgré une perte de services qui perdure.
J'aimerais avoir votre opinion quant à la situation qui prévalait avant la réduction du service et celle qui prévaut maintenant. Par le passé, un certain service était offert. À présent qu'il a été retiré dans notre région, qui fait partie des Basses-Laurentides, comment les gens s'en sortent-ils? Comment ont-ils réagi à cet égard? Évidemment, ils n'ont peut-être pas été heureux du changement, mais quels ont été les effets de ce retrait du service et comment les citoyens s'organisent-ils au quotidien?
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Excusez-moi, une fois par semaine.
Les boîtes postales sont placées stratégiquement pour que ce soit beau. Elles sont dans un petit sentier près d'un boisé avec une belle pente. L'hiver venu, au premier verglas, il peut se passer un, deux ou trois jours sans qu'on puisse aller à la boîte postale. Certaines journées, le verglas empêche l'ouverture des boîtes, mais ce n'est pas trop grave. On se dit qu'on y retournera le lendemain, qu'il y aura un petit redoux et qu'on réussira à l'ouvrir.
La critique que j'ai entendue souvent, c'est que le déneigement autour des boîtes n'est pas toujours fait adéquatement. Près de chez moi, à proximité d'une école, des gens se stationnent près de la boîte communautaire. Lorsque la déneigeuse passe, son conducteur ne sort évidemment pas du véhicule avec une pelle pour nettoyer autour. Il passe à l'endroit suivant. Cela veut dire que, durant une semaine ou deux, on est pris avec un amas de glace qui s'est déposé sur la neige qui était déjà au sol. Évidemment, cela fait pester les gens.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur franchise et de nous faire part de l'expérience de leurs membres. Je pense que c'est vraiment intéressant.
Monsieur Flanagan, je retiens votre idée des services pour les personnes âgées de 80 ans et plus. Déterminer un certain âge automatique serait peut-être moins compliqué que de demander à ceux qui ont 80 ans et plus et qui sont encore capables de se déplacer d'aller chercher un certificat. On sait que les gens qui sont en forme veulent marcher. Rendre cela plus automatique pour ceux qui ont des problèmes de mobilité représente une avenue que Postes Canada devrait explorer.
Il faut aussi bien déneiger l'hiver, trouver un mécanisme ou investir un peu plus d'argent et veiller à ce que les travaux de déneigement soient faits car cela aiderait beaucoup de gens. Même à 50 ans, marcher sur du verglas n'est pas sécuritaire. À cet égard, monsieur Boisclair, vous avez entièrement raison.
Tout compte fait, votre témoignage nous indique que ça ne va pas si mal que cela. En ce qui a trait à la livraison du courrier deux fois par semaine, je pense que la situation actuelle est tolérable. Il y a moins de lettres aujourd'hui et nous n'attendons pas nécessairement les factures tous les jours. Les recevoir le mardi et le jeudi ou le lundi et le mercredi ne changera pas grand-chose dans la vie des gens. De toute façon, avec l'ère numérique, de 70 à 80 % des messages arrivent par courrier électronique.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez dire à Postes Canada? Voulez-vous suggérer de faire attention à tel ou tel secteur? Avez-vous couvert l'ensemble du problème?
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Il est clair qu'il y a une une comparaison qui est faite. C'est une question de comptabilisation.
Je crois savoir que par rapport à nos membres, et le document le mentionne, les Canadiens en général trouvent que les services de Postes Canada sont bons. C'est clair qu'il ne faudrait pas retirer la livraison du courrier à domicile pour la partie de la clientèle qui en a besoin. Je crois que les gens sont capables de survivre avec la livraison du courrier une ou deux fois semaine. Les chèques de pension ne sont plus livrés par la poste, mais le sont plutôt par dépôt direct. Le service Médiaposte perd un peu d'argent, mais il semble en voie de devenir un produit vedette, et ce, au grand désarroi de nombreux d'aînés qui se disent que c'est de la cochonnerie qui sert à remplir les poubelles. Nous allons peut-être devenir un peu plus écoresponsables en allant vider notre casier postal deux fois par semaine plutôt que cinq fois par semaine.
Je pense que ça tombe bien que la dynamique urbaine et la dynamique rurale soient très différentes. Le document l'explique d'ailleurs bien. C'est évident que ce n'est pas une bonne idée que d'installer des super boîtes dans des artères à haut volume de circulation, et cela Postes Canada semble l'avoir bien compris.
On pourrait s'assurer que des bureaux de postes servent de points de chute pour les services de Service Canada. Il y a trois bureaux de Service Canada dans notre territoire, soit à Mont-Laurier, à Sainte-Adèle et à Saint-Jérôme. Je ne sais pas s'il y en a un dans les Basses-Laurentides. En fait, la population de différentes communautés pourrait se rendre dans les bureaux de poste pour aller chercher différents documents offerts par Service Canada.
Quant à la possibilité de transformer les bureaux de poste en commerce, l'espace n'est pas suffisant pour le faire. Déjà, il n'y a pas beaucoup de place pour le marketing avec les petites banques et les timbres. Je ne suis pas certain qu'il y ait un avenir pour faire de l'argent à ce niveau.
Pour terminer, je pense que Postes Canada, qui est rendue à l'ère du numérique, pourrait se tailler une bonne place avec un nuage numérique par bureau de poste. Sans faire compétition à la téléphonie actuelle, le service de WiFi pourrait partir de là. Il y a un marché à explorer de ce côté, surtout en milieu rural.
Merci beaucoup.
Ma prochaine question est la suivante: y a-t-il dans vos régions respectives des bureaux de services de Postes Canada où les gens peuvent se rendre? Je pose la question parce que je sais que Postes Canada avait l'intention de franchiser ces bureaux. Lorsque nous parlions des services externes et du développement des services, vous avez mentionné le fait que les transactions bancaires n'étaient pas possibles, mais que vous pouviez passer par le nuage. Or, il a aussi été dit que seulement 32 % de la population — de la population vieillissante — y avait accès.
Premièrement, avez-vous un bureau de services dans votre région, dans votre secteur?
Non.
Alors, vous ne vous êtes pas intéressés à cela, et vous ne seriez pas en mesure d'accéder à n'importe lequel de ces services. En région rurale, c'est ce que la société essaie de faire. Dans les centres urbains, nous n'en avons pas besoin parce que nous avons accès à des banques et à des services connexes.
Quelqu'un a-t-il déjà fait un transfert MoneyGram par l'intermédiaire de Postes Canada?
Non. D'accord.
J'essaie de voir quel serait le système que Postes Canada pourrait offrir — de la façon la plus réaliste possible —, parce que le portrait que le groupe de travail et Postes Canada nous ont brossé n'est certes pas reluisant. Or, nous tenons néanmoins à ce que le système reste.
Vous avez suggéré que Postes Canada pourrait rationaliser ses opérations ou créer de nouveaux services... Quelles sortes de services la société devrait-elle offrir?